8.1 - Politiques du travail et de l'emploi Flashcards
Plan
1. Le niveau de chômage dans les économies européennes est fortement lié à l’activité économique
1.1. En Europe, le haut niveau de chômage comprend une importante composante conjoncturelle
1.2. Suite à la crise de 2008, le retour au plein emploi a été contrarié par la prolongation du marasme conjoncturel dans certains pays et par des effets d’hystérèse
1.3. La réaction des États face à la crise sanitaire a favorisé la rapide résorption du chômage, qui atteint un point bas historique en 2023
2. Une composante du chômage est dite structurelle, c’est-à- dire indépendante de la conjoncture
2.1. Les protections de l’emploi, souvent qualifiées de rigidités, ont des effets nuancés sur le chômage
2.2. Les causes du chômage structurel dépassent la question des rigidités liées à la protection de l’emploi
2.3. Le chômage d’équilibre et la courbe de Beveridge permettent de mesurer les inefficacités du marché du travail
3. Les questions d’insertion professionnelle et la dégradation de la qualité de l’emploi sont accrues par la polarisation de l’emploi
3.1. Certaines difficultés spécifiques justifient une attention particulière
3.2. La dégradation de la qualité de l’emploi relève moins d’un dualisme français que d’une polarisation due notamment à la mondialisation
3.3. La robotisation et l’ubérisation sont des phénomènes ambivalents, plutôt porteurs d’une dégradation de la qualité du travail
Comment le chômage a-t-il évolué en Europe suite à la crise de 1974 ? Quel effet la croissance des années 2000 a-t-elle eu sur le chômage en Europe ? Quelles ont été les conséquences de la crise de 2008 sur le taux de chômage ?
- Après la crise de 1974, un chômage persistant s’installe en Europe, avec un taux qui augmente progressivement, dépassant 10 % dans les années 1990 dans plusieurs pays. Cette hausse rapide, bien que n’étant pas régulière, a une composante conjoncturelle importante.
- Durant les années 2000, le chômage recule grâce à une période de croissance soutenue, atteignant des taux relativement faibles dans de nombreux pays. Cependant, certains pays continuent de connaître un chômage élevé, comme la France, l’Allemagne et l’Espagne.
- La crise de 2008 a entraîné une hausse significative du chômage dans les économies avancées, avec des augmentations particulièrement fortes en Espagne et aux États-Unis, tandis que l’Allemagne a vu son taux de chômage légèrement reculer.
Quelle stratégie a été utilisée par l’Allemagne pour gérer le chômage durant la crise financière ?
L’Allemagne a privilégié la flexibilité interne, ajustant les salaires et les heures travaillées plutôt que de procéder à des licenciements massifs, en recourant largement au chômage partiel pour maintenir l’emploi.
Comment le chômage a-t-il évolué après la crise de 2008 jusqu’à 2019 ? Quelle est la situation du chômage en France juste avant la crise sanitaire ?
- Après la crise de 2008, la reprise économique a permis une baisse du chômage, bien que de manière hétérogène parmi les pays européens. Certains ont atteint le plein-emploi tandis que d’autres, comme l’Italie, ont continué à souffrir d’un taux de chômage élevé.
- Avant la crise sanitaire, la France a connu une lente décrue du taux de chômage, revenant aux niveaux de 2007 avec un taux au T4 2019 de 8,1 % de la population active, indiquant une reprise économique mais avec un taux de chômage de longue durée encore élevé.
Qu’est-ce que l’effet d’hystérèse dans le contexte du chômage ?
L’effet d’hystérèse du chômage désigne la persistance d’un taux de chômage élevé même après la fin d’un choc conjoncturel, due à la dégradation du capital humain des chômeurs de longue durée, qui nuit à leur employabilité et au potentiel de croissance de l’économie.
Quelles ont été les conséquences immédiates de la crise sanitaire sur l’emploi en France ? Comment le dispositif d’activité partielle a-t-il contribué à contenir la hausse du chômage durant la crise sanitaire ? Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur l’insertion des jeunes sur le marché du travail ?
- La crise sanitaire a entraîné une contraction significative de l’emploi salarié, avec plus de 700 000 emplois perdus au premier semestre 2020, principalement dans l’emploi intérimaire, tandis que le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi a augmenté de 500 000 personnes.
- Le dispositif d’activité partielle, qui indemnisait 70 % du salaire brut jusqu’à hauteur de 4,5 SMIC, a été massivement utilisé dès mars 2020, couvrant 14,6 millions de salariés et permettant de limiter la baisse des heures travaillées et de préserver les emplois à court terme.
- La crise sanitaire a significativement ralenti l’insertion des jeunes dans le marché du travail, avec une baisse de leur taux d’emploi de 2,9 points par rapport à fin 2019, atteignant un point bas de 26,6 % au premier semestre 2020.
En quoi les réactions des États face à la crise sanitaire ont-elles été uniformes en Europe ?
Face à la crise sanitaire, les États de la zone euro ont adopté une approche uniforme en recourant massivement à l’activité partielle pour réduire les impacts à long terme de la crise sur le chômage, avec des variations dans la générosité des dispositifs selon les pays.
Quelles sont les prévisions pour le taux de chômage en France pour les années 2024-2025 ?
Les prévisions macroéconomiques de la Banque de France anticipent une hausse du taux de chômage de 0,3 point de pourcentage en 2024 et de 0,2 point en 2025, amenant le taux de chômage à 7,6 %, avec des destructions nettes d’emploi prévues sur cette période.
Quel est l’effet d’un salaire minimum sur l’emploi selon les études menées en Allemagne ?
L’introduction d’un salaire minimum en Allemagne n’a pas pénalisé l’emploi ni favorisé l’inflation. Une étude de l’IAB montre que 18 mois après sa mise en place, seules 20 % des entreprises se sont senties affectées et seulement 5 % ont réduit leur personnel, tandis que 60 000 emplois supplémentaires ont été créés.
Comment l’assurance chômage influence-t-elle la recherche d’emploi en France ?
Une étude montre que l’effort de recherche d’emploi s’intensifie de 50 % dans le dernier trimestre d’indemnisation par rapport à un an auparavant. Les chômeurs diminueraient leur salaire horaire cible de 0,8 % dans l’année précédant la fin de leurs allocations.
(Marinescu et Skandalis, Unemployment Insurance and Job Search Behavior, 2021)
(Alternatives économiques, La fin des indemnités accélère la recherche d’emploi… précaire, 2019)
Quels sont les effets des protections du contrat de travail sur l’emploi ?
Les protections du contrat de travail peuvent limiter les augmentations du chômage durant une crise économique, mais elles entraînent aussi une sortie de crise plus lente et moins créatrice d’emploi. Ces protections sont vues comme des ressources pour l’action qui stabilisent les relations entre acteurs en réduisant l’incertitude.
Quelle est la relation entre les difficultés de recrutement et le taux de chômage ?
Les difficultés de recrutement sont principalement attribuées à l’inadéquation des compétences, la formation étant le facteur le plus décisif. Un tiers des cas de difficultés de recrutement sont dus à l’absence des compétences requises chez les demandeurs d’emploi.
Enquête de Pôle Emploi sur les besoins de main-d’œuvre en 2023
Quels sont les principaux facteurs contribuant aux difficultés de recrutement identifiés par la DARES ?
Outre l’inadéquation des compétences, les difficultés de recrutement sont exacerbées par le manque d’attractivité de certains secteurs, causé par des conditions de travail et des salaires peu compétitifs, notamment dans les métiers de l’aide à domicile, de l’industrie, des conducteurs routiers et des serveurs.
(DARES, Quelle relation entre difficultés de recrutement et taux de chômage ?, 2021)
Qu’est-ce que le taux de chômage d’équilibre et comment est-il influencé par les politiques économiques ?
Le taux de chômage d’équilibre (ou structurel) est un concept économique représentant le taux de chômage qui ne peut être réduit par des politiques de demande sans risquer d’augmenter l’inflation. Sa mesure influence les politiques à mener pour réduire le chômage : un chômage structurel élevé privilégie les politiques d’offre, tandis qu’un chômage conjoncturel dominant favorise les politiques de demande.
Quelle a été l’estimation du taux de chômage structurel en France par différentes institutions et ses implications ?
Le FMI estimait le taux de chômage structurel en France autour de 9 % depuis 2004, tandis que France Stratégie le situait entre 7,7 % et 9,4 % en 2017, et la Banque de France autour de 9,5 % en 2018. Ces estimations élevées n’ont cependant pas conduit à des effets inflationnistes, même lorsque le taux de chômage a atteint des niveaux inférieurs à 9 % en 2020.
(FMI, Revue de la France au titre de l’article IV, 2016)