1.1 - Politique de croissance Flashcards
Plan
1. La croissance économique constitue un phénomène historiquement récent, qui procède de manière cyclique et par phases de rattrapages relatifs des économies leaders
1.1. Les évolutions de la croissance mondiale et de la croissance des pays industrialisés montrent que le phénomène de croissance est un phénomène à la fois récent et heurté dans le temps et dans l’espace
1.2. Le rattrapage des États-Unis par les pays européens s’est progressivement interrompu entre 1970 et 1990
1.3. L’essor des pays émergents, notamment asiatiques, s’effectue par vagues, au prix de régulières réorientations de leurs modèles de développement
2. Le ralentissement de la croissance potentielle observé depuis les années 1980 s’est couplé à une « Grande modération du cycle économique »
2.1. La croissance de la PGF ralentit dans les pays développés depuis les années 1980
2.2. La diminution de la croissance potentielle relève de facteurs spécifiques à certains pays
2.3. La réduction de l’amplitude du cycle économique à partir des années 1980 s’accompagne de risques pour la croissance
3. Le ralentissement structurel de la croissance s’est accentué depuis la crise de 2008
3.1. Les causes conjoncturelles de la crise sont multiples
3.2. La Grande Récession a eu un impact durable sur la croissance potentielle
3.3. La stagnation séculaire, hypothèse aux causes complexes, est évoquée s’agissant de la croissance potentielle de moyen à long terme
4. La pandémie mondiale et la guerre en Ukraine affectent à court, moyen et long termes la croissance
4.1. Les plans d’urgence et de relance ont atténué l’impact de la crise sanitaire dans les économies avancées
4.2. Les tensions géopolitiques participent à un climat d’incertitude néfaste à la croissance
Comment la croissance économique s’est-elle développée historiquement?
La croissance économique, un accroissement du revenu mondial et par habitant, est un phénomène historiquement récent qui a évolué de manière cyclique. Avant la Révolution industrielle, le revenu moyen mondial stagnait autour de 100 USD par an et par habitant. Il a ensuite connu une augmentation significative, dépassant 1 000 USD par an et par habitant entre la Révolution industrielle et la Seconde Guerre mondiale, et atteignant environ 6 500 USD par an et par habitant entre 1930 et 2000.
Comment les économies européennes ont-elles rattrapé les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale?
Après la Seconde Guerre mondiale, les économies européennes ont connu des taux de croissance élevés, permettant un rattrapage progressif du niveau de vie américain. Ce rattrapage a été soutenu par des investissements massifs, comme le plan Marshall, et un essor considérable du progrès technique. Ainsi, entre 1950 et 1973, la France a connu une croissance annuelle moyenne de 5,1 %, contre 5,9 % en Allemagne, 3 % au Royaume-Uni et 3,7 % aux États-Unis selon des données de la Banque mondiale.
Pourquoi la croissance en Europe a-t-elle ralenti par rapport aux États-Unis après 1970?
- À partir des années 1970, la croissance européenne a ralenti à cause des chocs pétroliers, tandis que les États-Unis ont bénéficié d’un boom de productivité dans les années 1990. Cette divergence s’explique par une focalisation américaine sur l’innovation et le progrès technique, ainsi qu’une valorisation des compétences et des investissements en recherche et développement (R & D). Ainsi, la croissance annuelle moyenne française s’élève à 1,8 % durant les années 1990, contre 3,2 % aux États-Unis. L’Allemagne et le Royaume-Uni connaissent une croissance à 2,3 % tandis que l’Italie fait moins bien que la France avec 1,4 %.
- L’écart entre les États-Unis et l’Europe s’explique également selon Blanchard (NBER, Blanchard, The economic future of Europe, 2004) par des différences de préférences collectives et notamment une préférence pour le loisir des Européens. En 2005, la population de la zone euro était supérieure de 5 % à celle des États-Unis mais le nombre d’heures travaillées y était de 17 % inférieur.
Quel a été le modèle de développement des pays émergents asiatiques?
Les premiers pays émergents asiatiques, comme le Japon, la Corée du Sud, et plus tard la Chine, ont adopté un modèle de développement axé sur l’exportation de produits à faible valeur ajoutée, en profitant de leur main-d’œuvre bon marché. Ces économies ont progressivement monté en gamme et se sont ouvertes au commerce international sous la direction de l’État, qui a également investi dans la formation et la recherche.
Quelles sont les conséquences de la réorientation de la croissance vers la demande intérieure en Chine?
La Chine, en réorientant sa croissance vers la demande intérieure, fait face à une déflation industrielle caractérisée par une augmentation des coûts salariaux unitaires et une baisse des prix. Cette transition entraîne une baisse de productivité et une désindustrialisation, menaçant le processus de transformation économique du pays.
Pourquoi la croissance de la productivité globale des facteurs (PGF) a-t-elle ralenti dans les pays développés depuis les années 1980?
Depuis les années 1980, la croissance de la PGF dans les pays développés a ralenti en raison de la diminution de la dynamique de rattrapage technologique, de la modernisation moins rapide de l’économie, et de l’épuisement des gains de productivité faciles après la période de forte croissance d’après-guerre. Ce phénomène ne se limite pas à l’Europe mais concerne également les États-Unis, où la croissance moyenne de la PGF est passée de 1,9 % dans les années 1951-1969 à 0,8 % dans les années 1980-2019.
Qu’est-ce qui a provoqué un léger regain de la PGF aux États-Unis entre 1996 et 2004?
Un léger regain de la PGF aux États-Unis entre 1996 et 2004 est attribué au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), notamment l’expansion d’Internet, la diffusion du e-commerce, et les moteurs de recherche, qui ont contribué à une amélioration temporaire de la productivité.
Comment le PIB par habitant de la France a-t-il évolué par rapport aux autres pays de l’OCDE depuis 1975?
Depuis 1975, le PIB par habitant de la France a progressé moins vite que la moyenne des pays de l’OCDE, notamment les États-Unis, l’Allemagne et les pays d’Europe du Nord. En 2012, le PIB par habitant français est passé en dessous de la plupart des grands pays développés, à l’exception de l’Italie et de l’Espagne, principalement en raison d’une productivité du travail inférieure et de taux d’activité moins élevés.
Quels sont les principaux facteurs du ralentissement de la croissance de la PGF en France?
En France, le ralentissement de la croissance de la PGF est dû à des tendances lourdes et durables, telles que l’affaiblissement des gains de productivité à travers les différents secteurs, en particulier dans l’industrie, une diminution de l’emploi industriel, et une réduction de la croissance de la productivité horaire. D’autres facteurs incluent un investissement productif insuffisant, un retard dans les investissements de modernisation et en robotique, et un niveau de formation moyenne inférieur comparé à d’autres pays de la zone euro.
Pourquoi la Grande modération du cycle économique peut-elle représenter un risque pour la croissance?
La Grande modération, caractérisée par une amplitude moins forte et une durée plus longue des cycles économiques depuis les années 1980, laisse émerger des vulnérabilités comme une plus grande volatilité du prix des actifs et une prise de risque accrue. Ces vulnérabilités, couplées à une innovation financière croissante et à un endettement accru du secteur privé, ont amplifié l’instabilité des cycles économiques, particulièrement en fin de période, menaçant la stabilité de la croissance économique.
Quelles ont été les principales causes conjoncturelles de la crise qui a heurté la zone euro avant 2008?
La zone euro a été affectée par un contexte conjoncturel complexe avant la crise financière de 2007-2008, incluant :
- un marché des changes défavorable avec une forte appréciation de l’euro,
- une hausse erratique du prix du pétrole,
- et une compétitivité-prix réduite des entreprises due à l’appréciation de l’euro,
ce qui a pesé sur la croissance européenne.
Quel a été l’impact cumulé de la crise financière sur l’activité économique en 2008-2009?
L’impact cumulé de la crise financière en 2008-2009, en absence de crise financière, choc pétrolier, et choc de change, a été estimé à –7,4 % pour la zone euro, –7,6 % pour les États-Unis, et –9,5 % pour le Japon, mettant en évidence l’effet significatif de ces chocs sur l’activité économique (Insee, De la crise financière à la crise économique : l’impact des perturbations financières de 2007-2008 sur la croissance de sept pays industrialisés, 2011).
Comment la Grande Récession a-t-elle affecté les facteurs de production et le potentiel de croissance de la zone euro?
La Grande Récession a réduit la croissance potentielle en zone euro principalement en raison de la baisse de la PGF, du faible apport du capital au potentiel de croissance et de l’impact négatif du chômage élevé sur le facteur travail, particulièrement dans les économies du sud de l’Europe.
Quelles différences conjoncturelles ont été observées entre les États-Unis et la zone euro en sortie de crise?
En sortie de crise, les États-Unis et la zone euro ont connu une décorrélation de leurs cycles économiques, avec les États-Unis rebondissant plus rapidement grâce à une politique monétaire plus réactive et une consolidation budgétaire échelonnée, tandis que la zone euro a connu un marasme prolongé, exacerbé par la crise des dettes souveraines.