6.1 - Système monétaire international Flashcards

1
Q

Plan

A

1. Les évolutions successives du SMI reflètent les changements dans le poids relatif des économies et le degré de coopération entre États
1.1. Le SMI s’est reconfiguré au gré des chocs majeurs qui ont marqué la première partie du xxe siècle
1.2. L’après Bretton Woods donne à voir un « non-système monétaire international » caractérisé par une forte instabilité financière
1.3. Les déséquilibres qui ont structuré « Bretton Woods II » à compter de la fin des années 1990 auraient contribué au déclenchement de la crise financière

2. La crise financière de 2008 n’a pas entraîné de refondation du SMI malgré ses malfaçons
2.1. Les États-Unis continuent de disposer d’un « privilège exorbitant » lié à la suprématie du dollar
2.2. Les autres économies avancées dont la zone euro ont réussi à développer une politique monétaire autonome en laissant leurs devises fluctuer librement vis-à‑vis du dollar
2.3. Les malfaçons du SMI sont davantage déstabilisatrices pour les pays émergents
2.4. La Chine connaît une phase de transition de nature à modifier diamétralement son rôle dans le SMI

3. Les chocs successifs de la crise du Covid-19 et de la guerre en Ukraine posent de nouveaux défis pour le SMI
3.1. Les vulnérabilités financières des pays émergents et à faible revenu augmentent depuis la pandémie mondiale
3.2. L’accroissement des déséquilibres interroge la viabilité du SMI.

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Q

En quoi consiste l’étalon-or selon la Banque de France en 2010 ? Comment l’étalon-or a-t-il influencé l’organisation du Système Monétaire International (SMI) sans accord international spécifique ? Quel lien existe-t-il entre le déploiement de l’étalon-or et la première mondialisation ?

A
  • L’étalon-or est un système monétaire où l’unité de monnaie est définie par un poids fixe d’or. Dans ce système, chaque monnaie nationale peut être convertie librement en or.
  • L’adoption de l’étalon-or par les principales économies a créé une monnaie internationale de facto, structurant ainsi le SMI par son usage généralisé plutôt que par des accords formalisés.
  • Le déploiement de l’étalon-or et la première mondialisation (1870-1914) se sont mutuellement alimentés. L’étalon-or a favorisé la stabilité des taux de change et l’intégration des marchés financiers à l’international, tandis que la mondialisation a accéléré l’adoption de l’étalon-or, renforçant l’intégration économique globale.
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3
Q

Quels sont les avantages de l’adoption de l’étalon-or pour les politiques économiques nationales ? Comment le mécanisme des flux prix-espèces ajuste-t-il automatiquement les déséquilibres de la balance des paiements ? Quelle est la principale limitation de l’étalon-or liée à la création monétaire ?

A
  • L’adoption de l’étalon-or offre un gage de crédibilité aux politiques économiques en imposant une discipline sur les décisions gouvernementales. Les gouvernements doivent prioriser le maintien de la parité de leur monnaie avec l’or, limitant ainsi leur capacité à manipuler la monnaie pour d’autres objectifs économiques.
  • Le mécanisme des flux prix-espèces, tel qu’exposé par Hume et revisité par Eichengreen, permet un ajustement automatique des déséquilibres. Si un pays a un excédent de balance des paiements, il reçoit de l’or, ce qui augmente son offre monétaire, pousse les prix à la hausse, apprécie sa monnaie réellement, et rééquilibre sa balance commerciale en rendant ses exportations plus chères et ses importations relativement moins chères.
  • La création monétaire sous l’étalon-or est directement liée à la quantité d’or extraite, ce qui peut ne pas correspondre aux besoins réels de l’économie. Cette contrainte peut entraîner des déséquilibres des prix et des ajustements économiques douloureux si la vitesse d’extraction de l’or ne suit pas la croissance ou la contraction économique.
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4
Q

Quelle a été la conséquence directe de la Première Guerre mondiale sur le système monétaire international (SMI) ? Quels étaient les objectifs des accords de Gênes de 1922, et quel système monétaire en a résulté ? Quel a été l’impact de la crise de 1929 sur le SMI basé sur l’étalon-or ?

A
  • La Première Guerre mondiale a conduit à une forte inflation, car les pays belligérants ont déconnecté la quantité de monnaie en circulation de la quantité d’or détenue en réserve, rompant ainsi avec le principe fondamental de l’étalon-or.
  • Les accords de Gênes visaient à rétablir la fixité des taux de change. Ils ont abouti à un système monétaire à deux niveaux, avec la livre sterling et le dollar américain convertibles en or au cœur du système, et les autres devises pouvant s’arrimer à ces monnaies principales.
  • La crise de 1929 a marqué un arrêt dans la stabilisation d’un SMI basé sur l’étalon-or, entraînant l’abandon de la convertibilité-or de la livre sterling en 1931 et un enchaînement de dévaluations compétitives entre pays.
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5
Q

Comment le système de Bretton Woods a-t-il redéfini la convertibilité des monnaies après la Seconde Guerre mondiale ? Quelles étaient les faiblesses inhérentes au système de Bretton Woods qui ont conduit à sa disparition ? Comment s’est terminé le système de Bretton Woods, et quelles mesures ont été prises par les États-Unis en 1971 ?

A
  • Le système de Bretton Woods, établi en 1944, a assuré la convertibilité des monnaies à des taux fixes par rapport au dollar américain, lui-même convertible en or à 35 USD l’once. Il a instauré une coopération entre les banques centrales et créé des institutions comme le FMI et la BIRD pour soutenir la stabilité financière et la reconstruction économique.
  • Les faiblesses du système de Bretton Woods résidaient dans sa dépendance vis-à-vis de la politique monétaire des États-Unis, qui, en devenant plus accommodante à partir de 1965 pour financer des dépenses internes, a généré de l’inflation qui s’est répercutée à l’international, diminuant la confiance dans le dollar et érodant le stock d’or des États-Unis.
  • Le système de Bretton Woods s’est effondré lorsque le président Nixon a suspendu la convertibilité du dollar en or en 1971, imposant également une taxe de 10 % sur les importations pour pousser les pays partenaires à réévaluer leurs monnaies par rapport au dollar. Ces mesures ont été suivies de la négociation de l’accord du Smithsonian Institute, qui a acté la dévaluation du dollar et la fin définitive de sa convertibilité en or.
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6
Q

Quelle est la principale critique de M. Friedman envers le système de taux de change fixe ? Comment la fin du système de Bretton Woods a-t-elle transformé la gestion des parités de change ? Quelles ont été les conséquences de la conférence de la Jamaïque en 1976 ?

A
  • M. Friedman critique le système de taux de change fixe pour sa rigidité et ses effets secondaires économiques, suggérant plutôt de laisser le taux de change, un prix unique et flexible, ajuster les déséquilibres au lieu de recourir à des modifications multiples et contraignantes des prix internes.
  • La fin du système de Bretton Woods a consacré le passage à des taux de change flottants, où le rôle du taux de change en tant que stabilisateur automatique est renforcé, permettant aux marchés de déterminer les parités et d’ajuster les déséquilibres des comptes courants.
  • La conférence de la Jamaïque a entériné la fin du système de Bretton Woods et le passage au flottement des monnaies, tout en accordant une importance accrue aux Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, dans un contexte de stagflation américaine suite au choc pétrolier.
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7
Q

Quel effet la politique monétaire de P. Volcker a-t-elle eu sur l’économie mondiale ? Comment l’administration Reagan a-t-elle réagi à l’appréciation du dollar en 1985 ?

A
  • Sous P. Volcker, le resserrement de la politique monétaire américaine et la hausse des taux ont apprécié le dollar, entraînant une hausse des prix des biens importés dans les pays tiers et contribuant à une récession mondiale due à la synchronisation de la contraction monétaire aux États-Unis et en Europe.
  • Face à une appréciation significative du dollar et aux risques pour le commerce international, l’administration Reagan, abandonnant sa politique de “douce négligence”, a coordonné avec les pays du G5 une intervention sur les marchés des changes pour déprécier le dollar, ce qui a entraîné une baisse marquée de sa valeur.
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8
Q

Quelle était la spécificité du Système Monétaire Européen (SME) par rapport au dollar ? Quelles ont été les conséquences de la libéralisation des capitaux sur le SME dans les années 1990 ?

A
  • Le SME, succédant au serpent monétaire européen, a établi un système de taux de change fixe entre les monnaies européennes sans référence au dollar, avec des marges de fluctuation définies autour d’un cours central, se distinguant ainsi du régime de flottement généralisé.
  • La libéralisation complète des capitaux dans les années 1990 a rendu difficile le maintien de taux de change fixes au sein du SME, face aux divergences de politiques monétaires et commerciales entre les États membres, conduisant à une crise qui a vu le retrait du Royaume-Uni et de l’Italie et l’élargissement des marges de fluctuation à 15 %.
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9
Q

Quel est le mécanisme déclencheur des crises de première génération selon Krugman ? Quel exemple illustre une crise de première génération et quel en était le contexte ? Comment les anticipations des marchés jouent-elles un rôle dans les crises de deuxième génération selon Obstfeld ? Quel événement a été un déclencheur typique d’une crise de deuxième génération ? Quelle est la particularité des crises de troisième génération et leur impact sur le système bancaire ? Comment les crises de 1997 en Asie, et celles de la Russie et du Brésil en 1998, illustrent-elles les crises de troisième génération ?

A
  • Les crises de première génération se produisent lorsqu’un pays, pour maintenir son taux de change fixe, épuise ses réserves de change, menant à une crise quand le marché ajuste rationnellement le taux de change pour refléter des fondamentaux économiques, tels qu’une inflation relativement plus élevée par rapport au pays de référence (Krugman, Currencies and crisis, 1995).
  • La crise du Peso mexicain de 1994 illustre une crise de première génération, caractérisée par l’échec du Mexique à défendre sa parité fixe avec le dollar américain, en raison d’une inflation plus élevée et d’une épuisement de ses réserves de change, nécessitant un ajustement du taux de change.
  • Dans les crises de deuxième génération, les marchés anticipent une dévaluation monétaire au sein d’une zone, poussant le pays concerné à durcir sa politique monétaire. Cette action, souvent inadaptée à la situation économique nationale, déstabilise davantage l’économie, entraînant une crise qui justifie ensuite une dévaluation pour aligner le taux de change sur ses fondamentaux (Obstfeld, The logic of currencies crisis, 1994).
  • La crise du Système Monétaire Européen de 1992-1994 est un exemple de crise de deuxième génération, déclenchée par la réunification allemande, les tensions inflationnistes qui en résultèrent, et le durcissement conséquent de la politique monétaire de la Bundesbank, forçant les autres États membres à suivre malgré une récession et l’absence de tensions inflationnistes propres.
  • Les crises de troisième génération combinent crises bancaires et crises de change. Les banques, endettées en devises étrangères, risquent la faillite en cas de dévaluation. L’anticipation que la banque centrale injectera des liquidités pour les sauver provoque des anticipations d’inflation et de dévaluation, menant finalement à une dévaluation qui exacerbe les faillites bancaires, avec un coût macroéconomique significatif.
  • Ces crises illustrent les crises de troisième génération où les problèmes des banques endettées en devises étrangères, conjugués aux anticipations de dévaluation, ont conduit à des dévaluations qui ont exacerbé les problèmes bancaires, entraînant une contraction sévère du PIB et un coût macroéconomique élevé.
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10
Q

Comment le rôle du FMI a-t-il évolué avec l’adoption des changes flottants ? Quelle est la distinction entre la BIRD et l’AID au sein de la Banque mondiale ? Quels sont les composants du groupe Banque mondiale au-delà de la BIRD et de l’AID ? Quel organisme a finalement complété le pilier institutionnel des accords de Bretton Woods concernant le commerce international ?

A
  • Avec l’adoption des changes flottants, le FMI a dû se réinventer, passant du soutien en liquidité à court terme des économies avancées à la mise en place d’instruments concessionnels destinés aux pays en développement pour faire face aux crises d’endettement externe.
  • Au sein de la Banque mondiale, la BIRD se concentre sur le financement des pays à revenu intermédiaire tandis que l’AID soutient les pays les moins avancés, chacune visant des objectifs adaptés au niveau de revenu des pays bénéficiaires.
  • En plus de la BIRD et de l’AID, le groupe Banque mondiale inclut la Société financière internationale, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements, et l’Agence multilatérale de garantie des investissements, élargissant son mandat au financement du secteur privé, à la résolution des différends d’investissement, et à la garantie des investissements.
  • L’Organisation mondiale du commerce (OMC), créée en 1995, a complété le pilier institutionnel des accords de Bretton Woods en matière de commerce international, succédant aux cycles de négociation du GATT débutés en 1947.
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11
Q

Quelle a été la nature de l’intervention du FMI lors de la crise économique du Mexique en 1982 ? Comment la crise asiatique de 1997 a-t-elle affecté les économies du Sud-Est asiatique et quelle a été la réponse du FMI ? Quelle a été l’approche du FMI pour aider la Russie pendant sa crise financière en 1998 ? Comment le FMI a-t-il assisté l’Argentine face à sa crise économique en 2001 ?

A
  • Face à la crise économique de 1982, exacerbée par une chute des prix du pétrole et une dette extérieure massive, le Mexique a reçu une aide d’urgence de 8 milliards USD du FMI et de la BRI, sous condition de réformes.
  • La crise asiatique de 1997, déclenchée par la chute du yen et la perte de compétitivité des exportations asiatiques, a conduit à des attaques spéculatives contre leurs monnaies. Le FMI est intervenu avec des prêts totalisant 37 milliards USD à plusieurs pays touchés pour stabiliser leurs économies.
  • En réponse au ralentissement mondial et à la surévaluation du rouble, le FMI a accordé à la Russie un prêt de 22,6 milliards USD. Cependant, cela n’a pas empêché la Russie de déclarer un défaut sur sa dette domestique en août 1998.
  • L’Argentine, après avoir adopté un taux de change fixe avec le dollar américain pour lutter contre l’hyperinflation, a été durement touchée par la crise asiatique et la dévaluation du réal brésilien. En réaction, le FMI a fourni un prêt de 21,6 milliards USD pour aider le pays à surmonter sa crise.
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12
Q

Quelle est la thèse principale de Dooley, Folkerts-Landau et Garber concernant le système monétaire international (SMI) de la fin des années 1990 et du début des années 2000 ? Comment la politique fiscale et monétaire des États-Unis après l’éclatement de la bulle Internet a-t-elle influencé le déficit courant américain ? Quel rôle le régime de change fixe de la Chine a-t-il joué dans l’accumulation de ses excédents courants ? En quoi consiste le concept de ‘global saving glut’ et quels en sont les principaux contributeurs ?

A
  • Selon Dooley, Folkerts-Landau et Garber, le SMI de cette période, qu’ils nomment Bretton Woods II, constituait un « équilibre mutuellement bénéfique » avec un centre déficitaire (les États-Unis) et une périphérie excédentaire (Chine et les quatre dragons asiatiques), où les déséquilibres de la balance des paiements se débouclaient d’eux-mêmes, stimulant la croissance économique.
  • Après l’éclatement de la bulle Internet, le gouvernement américain a réduit les impôts et la Réserve fédérale a considérablement abaissé son taux directeur, injectant de la liquidité sur le marché monétaire. Ces mesures ont contribué à un gonflement du déficit courant des États-Unis, le portant à 6,5 % du PIB en 2007.
  • Le régime de change fixe et non coopératif de la Chine, durant cette période, lui a permis d’accumuler des excédents courants significatifs, grâce notamment à un taux de change réel contre USD sous-évalué d’environ 45 % en 2005, favorisant ainsi ses exportations.
  • Le concept de ‘global saving glut’ (excès d’épargne mondial) décrit une accumulation d’épargne, principalement en Asie, alimentée par les déficits jumeaux des États-Unis (budgétaire et commercial) et la politique monétaire accommodante de la Réserve fédérale. Cet excédent d’épargne a cherché des placements sûrs, comme les actifs américains, contribuant à d’importants déséquilibres globaux.
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13
Q

Quelle relation existe-t-il entre les déséquilibres globaux et la crise financière de 2007-2008 ? Quel a été l’impact de la demande d’actifs AAA sur les marchés financiers américains selon Cadac et Warnock ?

A
  • Les déséquilibres globaux, caractérisés par d’importants flux de capitaux vers les États-Unis et une demande accrue d’actifs notés AAA, ont contribué à maintenir des taux d’intérêt réels bas, favorisant la hausse des prix immobiliers et la formation d’une bulle spéculative aux États-Unis. Ces conditions ont indirectement facilité le déclenchement de la crise financière de 2007-2008.
  • La demande élevée pour des actifs notés AAA, en partie due à l’investissement des réserves de change des banques centrales dans un contexte de régimes de change fixes, a réduit les rendements sur les obligations d’État et incité à la création de titres financiers risqués (comme les MBS et CDO) basés sur des actifs hypothécaires, contribuant ainsi à l’excès d’endettement et à la crise financière (Cadac et Warnock, International capital flows and US interest rates, 2009).
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14
Q

Quels facteurs ont contribué à la réduction du déficit courant américain après la crise financière de 2008-2009 ? Comment les États-Unis ont-ils conservé leur « privilège exorbitant » malgré les crises financières ? Quelle est la part relative de l’économie américaine dans le PIB mondial de 1960 à 2021, et comment cela a-t-il affecté la dominance du dollar ? Quels sont les principaux déterminants de la domination du dollar dans le système monétaire international actuel ?

A
  • La diminution du déficit courant américain, de 6,5 % du PIB en 2006 à –2,5 % en 2016, a été influencée par un ralentissement de la demande intérieure, une contraction des importations, l’émergence du gaz de schiste et une réduction des coûts énergétiques.
  • Malgré la crise financière mondiale, les États-Unis ont maintenu leur « privilège exorbitant » grâce à la confiance des investisseurs internationaux dans la sécurité des obligations du Trésor américain et la capacité des États-Unis à financer leurs déficits à des taux bas, renforcée par la politique monétaire accommodante de la Réserve fédérale.
  • Malgré la réduction de la part du PIB des États-Unis de près de 40 % en 1960 à 23,5 % en 2021, le dollar a conservé son hégémonie dans le système monétaire international, comme en témoignent son rôle dominant dans les transactions de change, les facturations des exportations, et les réserves officielles des banques centrales.
  • La domination du dollar repose sur l’efficacité du système financier américain, en particulier son système de paiements interbancaires, le rôle de prêteur en dernier ressort de la Réserve fédérale, et la prévalence du dollar dans les transactions de matières premières et autres biens, même lorsque les États-Unis ne sont pas partie prenante dans les transactions.
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15
Q

Quelles ont été les conséquences des politiques monétaires divergentes entre la zone euro et les États-Unis sur le taux de change EUR/USD ? Quelle est la volatilité du taux de change EUR/USD par rapport à celle des marchés des actions et des obligations ? Comment les échanges quotidiens sur le marché des changes se comparent-ils au volume du commerce mondial ? Quelle est la cible de long terme de la parité EUR/USD selon le modèle de taux de change d’équilibre de l’OFCE ? Comment le taux de change effectif réel (TCER) de la zone euro a-t-il évolué durant la pandémie de Covid-19 ?

A
  • Les divergences de politique monétaire, avec des mesures monétaires non conventionnelles et accommodantes par la BCE et la normalisation de la politique monétaire par la Fed, ont conduit à une forte dépréciation de l’euro par rapport au dollar à partir du premier trimestre 2014. Cette évolution a stimulé la croissance économique en zone euro, contribuant à hauteur de 0,5 point de PIB.
  • Entre 1999 et 2006, la volatilité trimestrielle du taux EUR/USD, mesurée par des fluctuations de +/-20 % en rythme annuel, s’est révélée inférieure à celle du marché des actions mais supérieure à celle des obligations dans les deux zones.
  • Les échanges quotidiens sur le marché des changes représentent désormais 75 fois le volume du commerce mondial, ce qui indique que la logique commerciale traditionnelle via la balance courante joue un rôle résiduel dans la formation des prix sur le marché des changes.
  • Selon l’OFCE, la cible de long terme pour la parité EUR/USD est estimée à 1,35 dollar, indiquant une perspective de valorisation de l’euro par rapport à son niveau en septembre 2022.
  • L’appréciation du TCER de la zone euro de +8 % entre février et septembre 2020, en dépit de la récession dans la zone, suggère que le TCER évolue de manière pro-cyclique la plupart du temps, confirmant l’analyse selon laquelle la valeur de l’euro tend à s’apprécier dans des périodes de croissance économique (CAE, L’euro dans la guerre des monnaies, 2014).
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16
Q

Quels risques sont associés aux politiques monétaires accommodantes des économies avancées ?

A

Ces politiques augmentent les risques d’instabilité financière en favorisant les investissements dans des actifs risqués, tels que les obligations souveraines moins bien notées, les titres de dette d’entreprise, ou les actions des économies émergentes

17
Q

Quel a été le point de départ de la crise de la zone euro selon le CEPII ? Quelle a été l’évaluation du CEPII en 2012 concernant la surévaluation de l’euro en Grèce ? Quelle est l’importance de l’écart d’évaluation entre l’Allemagne et la France aujourd’hui, et comment peut-il être résolu ?

A
  • La crise de la zone euro a été déclenchée par un arrêt soudain (sudden stop) des flux de capitaux vers les pays périphériques, exacerbé par leur incapacité à dévaluer leur monnaie pour rectifier les déséquilibres, atteignant un point critique en 2008.
  • En 2012, le CEPII a conclu que l’euro était surévalué de 50 % en Grèce en 2008, une surévaluation qui s’est réduite à 35 % en 2011 principalement due à une forte contraction de la demande intérieure, ce qui posait toujours un problème de compétitivité.
  • L’écart significatif entre la sous-évaluation de 15 % de l’Allemagne et la surévaluation de 11 % de la France demeure un défi majeur qui ne peut être résolu qu’à long terme, par la mise en œuvre de politiques économiques coordonnées au sein de la zone euro.
18
Q

Quelle était la part de l’euro dans les réserves publiques mondiales au 3e trimestre 2009, et comment a-t-elle évolué jusqu’au T2 2022 ? En quoi l’euro n’a-t-il pas réussi à concurrencer le dollar comme monnaie de réserve internationale ? Quel a été l’impact de la création de l’euro sur la part des devises européennes dans les réserves internationales depuis 1995 ? Qui était le principal contributeur aux excédents de comptes courants mondiaux avant la guerre en Ukraine ? Selon P. Artus, quel est le nouveau modus vivendi du système monétaire international concernant la zone euro ?

A
  • En 2009, l’euro représentait 28 % des réserves publiques mondiales, mais cette proportion a diminué pour se stabiliser autour de 20 % depuis début 2015.
  • Malgré les attentes initiales, l’euro n’a pas concurrencé de manière significative le dollar comme monnaie de réserve internationale, laissant plutôt de l’espace à d’autres monnaies comme le dollar canadien, le dollar australien, le yen, la livre sterling, et le franc suisse, qui ensemble, représentent 17,6 % des réserves de change au T2 2022.
  • La part des réserves internationales détenues en devises européennes (devises allemande, française, néerlandaise et en ECU) était de 26 % en 1995, indiquant que l’introduction de l’euro n’a pas augmenté de manière significative cette part dans les réserves mondiales.
  • Avant l’éclatement de la guerre en Ukraine, la zone euro était le principal contributeur aux excédents de comptes courants mondiaux, surpassant la Chine avec un surplus courant représentant 2,4 % du PIB de la zone euro en 2021.
  • Selon P. Artus, un nouveau modus vivendi a émergé où la zone euro a pris la place que la Chine occupait jusqu’en 2013 dans le cadre de “Bretton Woods II”, finançant désormais les déficits américains.
19
Q

Pourquoi les économies émergentes entretiennent-elles une “peur du flottement” selon Calvo et Reinhart ? Quelle part des pays membres du FMI adopte des régimes de change fixe ou flottant, selon le rapport annuel de 2022 ? Comment les entrées de capitaux dans les économies émergentes ont-elles évolué entre 2002 et 2008, et quel a été l’impact de la crise financière de 2008 sur ces flux ? Quel rôle jouent les activités de portage ou “carry trade” dans les flux de capitaux vers les économies émergentes ? Comment la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine affecte-t-elle les économies émergentes ? Quelles conséquences les économies émergentes ont-elles subies lors de l’annonce du tapering par la Réserve fédérale en 2013 ?

A
  • Les économies émergentes entretiennent une “peur du flottement” à cause des potentiels impacts négatifs sur leur stabilité financière, préférant des régimes de change plus contrôlés pour éviter les conséquences d’une volatilité excessive des taux de change (Calvo et Reinhart, Fear of floating, 2002).
  • Selon le rapport de 2022, 60,7 % des pays membres du FMI adoptent des régimes de change fixe, tandis que 33,2 % des pays membres suivent des régimes flottants, illustrant la prévalence des régimes de change fixe dans le monde.
  • Entre 2002 et 2008, les entrées de capitaux dans les économies émergentes ont augmenté en raison d’une baisse perçue du risque. Après la crise financière de 2008, les flux de capitaux ont principalement été dominés par des entrées de capitaux à court terme, augmentant la vulnérabilité des économies émergentes.
  • Les activités de portage, ou “carry trade”, contribuent à l’accroissement des flux de capitaux de court terme vers les économies émergentes, permettant aux investisseurs de profiter des écarts de taux d’intérêt entre différentes zones monétaires, mais augmentant aussi les risques de volatilité et de bulles spéculatives.
  • Les faibles taux d’intérêt et les politiques de quantitative easing de la Réserve fédérale américaine ont attiré d’amples entrées de capitaux vers les économies émergentes. Cependant, l’annonce du tapering en 2013 a entraîné de brutales sorties de capitaux, démontrant l’impact significatif des décisions de politique monétaire américaine sur ces économies.
  • L’annonce du tapering a causé de brutales sorties de capitaux des économies émergentes, entraînant une forte dépréciation des devises émergentes, une augmentation de l’inflation importée, et une hausse des taux souverains, révélant les vulnérabilités spécifiques de certains pays.
20
Q

Quel a été l’impact de l’annonce des Quatre Modernisations de Deng Xiaoping sur la part de la Chine dans le PIB mondial ? Quelle est la position de la Chine dans le commerce mondial depuis son intégration à l’OMC en 2001 ? En quoi le rôle de la Chine dans le SMI est-il considéré comme limité malgré sa croissance économique ? Comment la transition du modèle de développement chinois a-t-elle influencé les déséquilibres globaux ? Quels ont été les effets des politiques de Donald Trump et de la normalisation de la politique de la Fed sur l’économie chinoise ? Comment la Chine gère-t-elle le transfert de ses entreprises opérant dans des secteurs à faible valeur ajoutée ?

A
  • Après l’annonce des Quatre Modernisations par Deng Xiaoping en 1978, la part de la Chine dans le PIB mondial est passée de 1,7 % à 18,2 % en 2021, marquant son ascension rapide comme puissance économique mondiale.
  • Depuis son intégration à l’OMC en 2001, la Chine est devenue en 2014 le premier exportateur mondial, démontrant l’ampleur et la rapidité de son intégration dans l’économie globale.
  • Malgré sa croissance, la Chine a un rôle limité dans le SMI, avec une capitalisation des marchés d’actions n’atteignant que 7,5 % des marchés mondiaux contre 40 % pour les États-Unis : une centaine d’entreprises chinoises (e.g. Alibaba, Petrochina) sont d’ailleurs cotées à la bourse de New York. La Chine reste aussi une économie en développement, récipiendaire de financements de la BIRD, dont le PIB par habitant en PPA ne représente que le cinquième du PIB par habitant américain. Le renminbi occupe quant à lui une place limitée sur le plan international et ne représente que 3 % des réserves officielles de change contre 60 % pour le dollar (COFER, T3 2022).
  • La transition du modèle de développement chinois, marquée par l’appréciation graduelle du renminbi et les réformes économiques internes, a contribué à la réduction de l’excédent courant de la Chine de 10,1 % à 1,7 % du PIB entre 2007 et 2020, aidant à résorber les déséquilibres globaux.
  • Sous l’effet des mesures protectionnistes de l’Administration Trump et de la normalisation de la politique de la Fed, la Chine a connu d’importantes sorties de capitaux et une pression à la baisse sur le renminbi, ce qui a entraîné une diminution de ses réserves de change depuis 2014.
  • La Chine transfère des entreprises opérant dans des secteurs à faible valeur ajoutée et confrontées à des surcapacités vers des pays à coûts moindres, notamment via la Belt and Road Initiative (BRI), dans le cadre de sa stratégie pour moderniser son industrie et réduire les déséquilibres internes.
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Q

Qu’est-ce que la “quatrième vague de dette” et quand a-t-elle commencé pour les pays en développement ? Quels ont été les impacts de la crise du Covid-19 sur la dette des économies émergentes et des pays à revenu intermédiaire ? Comment les politiques monétaires et budgétaires expansionnistes ont-elles aidé à limiter les effets de la crise du Covid-19 ?

A
  • La “quatrième vague de dette” désigne l’augmentation significative de la dette dans les pays en développement à partir de 2010, où la dette publique a augmenté de 12 points de pourcentage pour atteindre 50 % du PIB, et la dette du secteur privé de 8 points de pourcentage pour atteindre 57 % du PIB.
  • La crise du Covid-19 a exacerbé les vulnérabilités préexistantes, augmentant la dette publique des économies émergentes et des pays à revenu intermédiaire de 13 points de pourcentage par rapport à l’avant-pandémie, avec 60 % des pays à faible revenu à risque élevé ou déjà en situation de surendettement.
  • Les politiques monétaires et budgétaires expansionnistes, y compris les baisses de taux directeurs par 92 % des banques centrales des pays en développement et les programmes d’achats d’actifs par un tiers d’entre elles, ainsi que les mesures accommodantes de la Réserve fédérale américaine, ont aidé à limiter les effets à court terme de la crise.
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Q

Quelles sont les principales vulnérabilités financières pour les pays émergents, selon la DG Trésor ? Quel effet l’appréciation du dollar a-t-elle eu sur les économies émergentes récemment ? Comment les économies émergentes ont-elles réagi à l’appréciation du dollar pour maintenir la valeur de leurs devises ? Quelle a été la conséquence des sorties de capitaux des fonds obligataires dédiés aux économies émergentes en 2022 ?

A
  • Les principales vulnérabilités pour les pays émergents incluent l’intégration financière accrue, l’augmentation de l’endettement privé, et l’accroissement de la dette en devises, particulièrement noté en Turquie, en Afrique du Sud, et au Brésil (DG Trésor, Quelle évolution de la dette extérieure dans cinq grands pays émergents en cas de tensions financières ?, 2016).
  • L’appréciation du dollar, notamment due au resserrement de la politique monétaire américaine et à la vigueur de la reprise sous l’effet du plan Biden, a augmenté le coût de la dette émise en devises pour les économies émergentes, conduisant à une dépréciation de plusieurs devises émergentes par rapport au dollar.
  • Certains pays, comme le Mexique et le Brésil, ont réussi à anticiper l’appréciation du dollar et à maintenir la valeur de leurs devises grâce à une politique monétaire restrictive proactive.
  • En 2022, les fonds obligataires dédiés aux économies émergentes ont fait face à des sorties de capitaux de 60 milliards USD, représentant 10 % des actifs sous gestion, ce qui a exacerbé l’aversion au risque et élargi les spreads pour les pays émergents et à faible revenu.
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Q

Quelle tendance a été observée concernant les déséquilibres courants depuis la crise du Covid-19 ? Quel impact les mesures de relance post-crise ont-elles eu sur la balance courante des pays déficitaires ? Comment la guerre en Ukraine a-t-elle influencé la facture énergétique mondiale ? Quelle a été la conséquence de la crise énergétique sur la zone euro ? Quels facteurs pourraient affecter la trajectoire future des déséquilibres courants selon le FMI ?

A
  • Depuis la crise du Covid-19, les déséquilibres courants ont augmenté, notamment à cause de la hausse des importations de biens de première nécessité et de produits électroniques par les pays déjà déficitaires, ainsi que du ralentissement du tourisme.
  • Les mesures de relance adoptées par les pays déficitaires ont accru la consommation de biens et services importés, détériorant davantage leur déficit courant, comme illustré par le déficit courant américain qui s’est détérioré de 1,4 point de PIB entre 2019 et 2021.
  • La guerre en Ukraine a conduit à une augmentation significative de la facture énergétique, redistribuant les revenus entre pays importateurs et exportateurs d’énergie, comme en témoigne l’augmentation de l’excédent courant de l’Arabie saoudite.
  • La crise énergétique, exacerbée par la hausse des prix de l’énergie et la dépréciation de l’euro, a transformé l’excédent courant de longue date de la zone euro en déficit, atteignant 59 milliards d’euros (0,5 % du PIB) en octobre 2022.
  • Selon le FMI, bien que la tendance à long terme soit à la réduction des déséquilibres courants, plusieurs incertitudes, telles que l’évolution de la guerre en Ukraine, la diminution des perspectives de croissance dans certaines régions, la remise en cause de l’intégration commerciale et les politiques de transition énergétique, pourraient influencer cette trajectoire.
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Q

Quel est le paradoxe de Triffin, et quel problème fondamental a-t-il identifié pour le système de Bretton Woods en 1962 ? Comment Gourinchas, Rey et Sauzet perçoivent-ils l’actualité du paradoxe de Triffin dans le système monétaire international actuel ? Quelle est la principale conséquence de l’appréciation récente du dollar selon le FMI ? Quelle est la position extérieure nette (PEN) des États-Unis au T3 2022, et comment a-t-elle évolué depuis les années 1990 ? Selon les auteurs, quelle serait une conséquence d’une perte de confiance dans la dette américaine pour le reste du monde ?

A
  • Le paradoxe de Triffin souligne le dilemme selon lequel l’augmentation régulière des réserves des banques centrales finirait par surpasser le stock d’or détenu par la Réserve fédérale américaine, menant à un manque de confiance dans la capacité des dollars à être aussi fiables que l’or (Triffin, L’or et la crise du dollar, 1962).
  • Selon Gourinchas, Rey et Sauzet, le paradoxe de Triffin reste pertinent aujourd’hui en raison de la vulnérabilité du SMI à une perte de confiance dans la valeur de la dette américaine, soulignant la divergence entre l’augmentation de la dette américaine et la part décroissante de l’économie américaine dans l’économie mondiale (Gourinchas, Rey et Sauzet, The International Monetary and Financial System, 2019).
  • L’appréciation récente du dollar a contribué à l’augmentation du déficit courant américain en améliorant le pouvoir d’achat des États-Unis vis-à-vis du reste du monde, exacerbant ainsi les déséquilibres courants (WEO, octobre 2022).
  • La position extérieure nette des États-Unis s’est détériorée, reflétant un cumul des déficits courants depuis les années 1990, pour atteindre une PEN négative de 16 710 milliards USD au troisième trimestre de 2022.
  • Une perte de confiance dans la dette américaine pourrait entraîner une fuite potentiellement abrupte des actifs liquides en dollars détenus par le reste du monde vers une ou plusieurs monnaies alternatives.