7.2 - Politique commerciale Flashcards
Plan
1. La théorie classique n’explique qu’imparfaitement le commerce international
1.1. Le commerce est un jeu à somme positive et induit une spécialisation selon la productivité relative du travail
1.2. Les spécialisations dans le commerce international dépendent aussi de la disponibilité relative des différents facteurs de production
1.3. La théorie classique rend toutefois difficilement compte de certains paradoxes du commerce international
1.4. L’évolution du taux de change agit sur l’activité avec délai, dans certaines limites et de façon seulement temporaire
2. Les nouvelles théories du commerce international ont renouvelé la compréhension économique du phénomène
2.1. Une corrélation entre commerce, PIB et faible distance géographique
2.2. Les avantages compétitifs peuvent donc venir d’économies d’échelle et d’effets d’agglomération
2.3. Les économies d’échelle internes peuvent entraîner des imperfections de la concurrence
3. L’incitation à l’échange varie selon les États et selon les agents économiques, en raison des effets distributifs du libre-échange
3.1. Dans les économies avancées, les agents individuels sont gagnants à l’échange en tant que consommateurs et en tant que travailleurs s’ils sont qualifiés, mais perdants s’ils sont peu qualifiés
3.2. Les entreprises confrontées à l’ouverture de leur marché subissent un processus de sélection qui élève la productivité globale
3.3. Pour les pays, le gain de l’ouverture peut s’approcher par les termes de l’échange, qui opposent pays avancés et émergents
4. La protection commerciale constitue une perte de bien-être qui peut se justifier dans certaines situations
4.1. Les droits de douane et instruments assimilés ont des effets redistributifs et se traduisent au niveau agrégé par une perte de surplus
4.2. Des défaillances de marché peuvent cependant justifier des protections commerciales ciblées et temporaires
Quel est le principe du théorème “HO” ou “HOS” des spécialisations à l’échange ? Pourquoi la prédiction du modèle “HOS” sur l’égalisation des prix des facteurs ne se vérifie-t-elle pas toujours en réalité ?
- Le théorème “HO” ou “HOS”, développé par Heckscher, Ohlin et Samuelson, énonce que les pays dotés abondamment d’un facteur de production, et où ce facteur est donc relativement moins coûteux, ont un avantage à produire et exporter des biens qui utilisent intensivement ce facteur. Ils importent des produits nécessitant des facteurs rares et chers, maximisant ainsi l’efficacité économique par l’échange international.
- Dans la réalité, d’importantes différences de rémunération entre pays persistent en raison de grandes différences de dotation en facteurs, de la persistance de barrières aux échanges, et de différences de technologie entre les pays, limitant l’application du modèle “HOS” à expliquer entièrement les structures du commerce international.
Comment le commerce international affecte-t-il la distribution des revenus dans les pays avancés et émergents ?
Selon le théorème de Stolper-Samuelson, le commerce international bénéficie aux détenteurs du facteur de production abondant dans chaque pays au détriment des détenteurs du facteur rare. Dans les pays avancés, cela avantage les travailleurs qualifiés et le capital, au détriment des travailleurs peu qualifiés, menant à une augmentation des inégalités. Dans les pays émergents, les travailleurs peu qualifiés devraient théoriquement bénéficier de l’ouverture au commerce, bien que des augmentations des inégalités aient été observées (Piketty, Le capital au xxie siècle, 2013).
(théorème Stolper-Samuelson, Samuelson et Stolper, Protection and real wages, 1941).
Qu’apporte le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson-Jones au débat sur les effets du commerce international ?
Le modèle à facteurs spécifiques de Samuelson-Jones différencie les facteurs de production mobiles, comme le travail, des facteurs spécifiques, tels que le capital et la terre, qui ne peuvent être utilisés efficacement que dans certains secteurs. Ce modèle conclut que le commerce international bénéficie aux facteurs spécifiques des secteurs exportateurs mais détériore la position des facteurs spécifiques aux secteurs en concurrence avec les importations, avec des effets ambigus sur les facteurs mobiles.
(Samuelson, Ohlin Was Right, 1971 ; Jones, A Three-Factor Model in Theory, Trade and History, 1971)
Quelles sont les limites de la mobilité du travail dans le contexte du commerce international ?
Les limites à la mobilité du travail incluent les différences de compétences entre travailleurs, rendant difficile leur interchangeabilité entre secteurs, et les contraintes géographiques, telles que l’attachement à un lieu ou la possession d’un bien immobilier, qui peuvent restreindre la capacité des travailleurs à bénéficier pleinement des opportunités offertes par l’échange international.
Quel est le principe de l’ajustement par les prix dans le contexte du commerce international selon la théorie HOS ?
Dans la théorie HOS, l’ajustement par les prix signifie que la rémunération du facteur de production relativement abondant dans un pays augmente, tandis que celle du facteur relativement rare diminue. Cette dynamique suppose l’absence de mobilité internationale des facteurs de production, empêchant ainsi les facteurs dont la rémunération baisse de chercher un emploi dans un autre pays où leur rémunération serait plus élevée.
Pourquoi l’hypothèse d’absence de mobilité du capital est-elle remise en question dans la réalité ?
L’hypothèse d’absence de mobilité du capital est remise en question en raison de l’intégration des marchés financiers et des flux d’investissement direct étranger (IDE) vers les pays à bas coûts salariaux, ainsi que des délocalisations, ce qui indique que le capital est, en fait, mobile à l’international.
Qu’est-ce que le paradoxe de Leontief et que révèle-t-il sur le commerce international des États-Unis ?
Le paradoxe de Leontief révèle que contrairement aux prédictions de la théorie HOS, les États-Unis exportent des biens qui utilisent intensivement leur surplus de travail qualifié, plutôt que leur capital, suggérant que le capital humain est un facteur important non pris en compte dans le modèle HOS original.
(Leontief, Domestic Production and Foreign Trade; The American Capital Position Re Examined, 1953)
Comment le commerce intra-branche remet-il en question les prédictions de la théorie classique du commerce international ?
Le commerce intra-branche, où les pays échangent des produits similaires ou de qualité différente au sein de la même branche, remet en question les prédictions de la théorie classique qui s’attendrait à une spécialisation des pays dans des productions utilisant leurs facteurs de production abondants. L’essor du commerce intra-branche, notamment en Europe, montre plutôt une tendance à la similarité dans la production entre pays membres (Fontagné et Freudenberg, Trade patterns inside the Single market, 1997).
Quelle distinction peut être faite entre commerce intra-branche vertical et horizontal ?
Le commerce intra-branche vertical se réfère à l’échange de produits similaires mais de qualité différente entre pays, ce qui réintroduit un élément de spécialisation basé sur la qualité. En revanche, le commerce intra-branche horizontal implique l’échange de produits de même qualité et type, sans sous-entendre une spécialisation basée sur les facteurs de production abondants.
Qu’est-ce que le modèle de gravité en commerce international ? Comment le modèle de gravité explique-t-il l’efficacité des échanges commerciaux ? Quel est l’“effet frontière” selon le modèle de gravité ? Comment le commerce de l’UE est-il affecté par l’effet frontière ?
- Le modèle de gravité, appliqué au commerce international par Tinbergen en 1962, est une méthode empirique qui prédit les flux bilatéraux de commerce en fonction du PIB des deux économies concernées et de la distance qui les sépare, supposant que le flux commercial est proportionnel à la taille économique des pays et inversement proportionnel à la distance entre eux (Tinbergen, Shaping the World Economy; Suggestions for an International Economic Policy, 1962).
- Malgré sa simplicité, le modèle de gravité s’avère extrêmement efficace pour expliquer les flux de commerce, révélant les anomalies commerciales et montrant que la distance dans les échanges n’est pas uniquement géographique mais peut aussi être culturelle, incluant la langue partagée, l’histoire coloniale, etc.
- L’effet frontière, mis en évidence par le modèle de gravité, montre que les pays voisins, même en cas d’accord de libre-échange et de langue commune, ont des relations commerciales moins développées que les régions internes d’un même pays, illustrant l’obstacle que représente la distance géographique au développement des échanges (McCallumm, National Borders Matter: Canada-US Regional Trade Patterns, 1995).
- Malgré la diminution de l’effet frontière avec la construction européenne, l’intégration commerciale de l’UE reste inachevée. Les pays de l’UE commercent encore beaucoup plus avec eux-mêmes qu’avec leurs partenaires européens, ce qui reflète un “biais domestique” influencé par la diversité des produits, les différences de préférences des consommateurs, les héritages normatifs et l’organisation politique et économique (Pacchioli, Is the EU internal market suffering from an integration deficit? Estimating the home bias effect, 2011).
Quelle est la différence entre les modèles classiques de commerce international et la réalité des économies d’échelle ?
Contrairement aux modèles classiques qui supposent des rendements d’échelle constants, la réalité montre que de nombreux secteurs présentent des économies d’échelle, où la productivité augmente plus que proportionnellement à l’accroissement des quantités produites, expliquant ainsi les gains en efficacité dans le commerce de produits identiques.
Qu’est-ce que les économies d’échelle internes et externes ?
Les économies d’échelle internes se produisent lorsque le coût unitaire de production diminue avec l’augmentation de la taille de l’entreprise, tandis que les économies d’échelle externes surviennent lorsque ce coût diminue avec l’augmentation de la taille du secteur dans son ensemble.
Comment les économies d’échelle externes contribuent-elles à la formation de districts industriels ?
Selon Marshall, les économies d’échelle externes entraînent la formation de districts industriels grâce à la proximité de fournisseurs spécialisés, un bassin de main-d’œuvre important, et la possibilité de bénéficier d’externalités de connaissances, favorisant ainsi la coexistence de nombreuses PME spécialisées.
Comment les économies d’échelle influencent-elles les prix et la spécialisation géographique dans le commerce international ? Quel rôle joue le volontarisme politique dans le contexte des économies d’échelle ?
- Les économies d’échelle permettent de réduire le prix de vente à mesure que les quantités produites augmentent, ce qui explique la persistance de spécialisations géographiques parfois issues d’aléas historiques, rendant difficile l’entrée en concurrence avec des zones efficacement spécialisées (la spécialisation de la région toulousaine dans l’aéronautique doit beaucoup à la localisation de Latécoère à Toulouse pour produire des avions militaires de la Première Guerre mondiale).
- Le volontarisme politique, illustré par les pôles de compétitivité, joue un rôle important en soutenant et en favorisant la spécialisation et l’efficacité des secteurs économiques, reconnaissant ainsi l’importance des économies d’échelle et leur impact sur la compétitivité.