4.1 - Politiques de l'Union économique et monétaire Flashcards
Plan
1. La convergence nominale liée à l’introduction de la monnaie unique n’a pas résorbé les déséquilibres réels entre les économies des États membres (EM) de la zone euro
1.1. La phase de qualification pour l’euro a été marquée par l’expansion de la libre circulation des capitaux et la convergence des taux d’intérêt, au prix de nouveaux déséquilibres dans certaines économies
1.2. La convergence nominale ne provoque pas une convergence réelle entre les différents États membres de la zone euro
2. La crise qui frappe spécifiquement la zone euro à partir du printemps 2010 a révélé les vulnérabilités de certains États membres
2.1. Frappée une première fois en 2008, la zone euro entre à nouveau en crise en 2012 et 2013 sur le modèle d’une récession à double creux
2.2. La crise a mis au jour les hétérogénéités structurelles de la zone euro et les fragilités idiosyncratiques de certains États membres
3. Le rééquilibrage post-crise a durablement pesé sur la trajectoire de croissance de long terme
3.1. Le lent rééquilibrage post-crise s’explique par la nature des ajustements réalisés
3.2. L’absence de mécanismes stabilisateurs et la non-optimalité de la zone élèvent les coûts d’ajustement à un choc asymétrique
3.3. La faiblesse de la demande menace le potentiel de croissance de moyen terme de l’UEM
4. La crise du Covid-19 puis la crise énergétique mettent à l’épreuve la cohésion de l’Union économique et monétaire
4.1. L’ampleur sans précédent des crises sanitaire et économique menace la zone euro d’une nouvelle divergence
4.2. La réaction des autorités européennes a permis de limiter les effets immédiats de la crise
4.3. La crise énergétique et le retour de la politique industrielle américaine constituent de nouveaux enjeux pour l’UEM
Quels étaient les cinq critères de convergence établis par le Traité de Maastricht pour l’adoption de l’euro par les États membres? Quelles mesures économiques spécifiques ont été nécessaires pour atteindre la convergence vers l’euro?
Les cinq critères de convergence établis par le Traité de Maastricht pour l’adoption de l’euro comprennent :
- Un taux d’inflation ne dépassant pas de plus de 1,5 point celui des trois États membres les plus stables en termes de prix.
- Un déficit public annuel n’excédant pas 3 % du PIB de l’année précédente.
- Un ratio dette sur PIB ne dépassant pas 60 % du PIB de l’année précédente.
- La participation au mécanisme de taux de change du système monétaire européen sans dévaluation de la monnaie nationale.
- Un taux d’intérêt de long terme ne devant pas excéder de plus de 2 % celui des trois États membres les plus performants en matière de stabilité des prix.
Pour atteindre la convergence vers l’euro, les États membres ont dû mettre en œuvre des politiques économiques spécifiques, telles que l’augmentation des taux d’intérêt par les banques centrales nationales pour contenir l’inflation et éviter la dépréciation de leurs devises face au Deutsche Mark, ainsi que d’importants ajustements budgétaires, comme la réduction du déficit budgétaire (par exemple, le déficit espagnol passant de -7 % du PIB en 1995 à -1,3 % en 1999) et des augmentations de TVA (comme en France).
Quelles stratégies ont été adoptées par les États membres pour atteindre la convergence nominale avant l’introduction de l’euro? Quel impact le contexte macroéconomique des années 1990 a-t-il eu sur le processus de convergence vers l’euro? Comment ont évolué les déficits et les taux souverains des États membres de l’UE entre 1993 et 1997? Quelles ont été les conséquences de la qualification « en tendance » pour l’euro en 1998?
- Les États membres ont adopté des politiques de désinflation compétitive, notamment à partir de 1983 en France, pour suivre l’évolution de la devise allemande dans le cadre du Système Monétaire Européen (SME) et avant le Traité de Maastricht. Ces politiques visaient à restaurer la compétitivité des futurs États membres de l’euro par le canal de la modération salariale, malgré un contexte macroéconomique défavorable marqué par la hausse des taux d’intérêt de la Bundesbank suite à la réunification allemande et aux crises monétaires puis obligataires de 1992-1995.
- Le contexte macroéconomique des années 1990, caractérisé par la hausse des taux d’intérêt de la Bundesbank et les crises monétaires puis obligataires de 1992-1995, a pesé sur la demande mais a aussi contribué à restaurer partiellement la compétitivité des futurs États membres de l’euro. Cet environnement difficile a néanmoins facilité la mise en œuvre des politiques de désinflation compétitive et de consolidation budgétaire, contribuant à la convergence économique nécessaire pour l’adoption de l’euro.
- Entre 1993 et 1997, l’Union Européenne a réduit ses déficits de 3,5 points de PIB, tandis que les taux souverains ont lentement convergé. Les écarts de taux (spreads) entre les taux italiens et espagnols contre le Bund allemand se sont significativement resserrés, respectivement de plus de 600 et 500 points de base entre 1995 et 1999. Cette convergence des taux souverains a été un élément clé dans le processus permettant à onze États membres de se qualifier pour l’euro.
- La qualification « en tendance » pour l’euro en 1998 signifie que certains États membres ne respectaient pas encore tous les critères de convergence au moment de leur adhésion à la monnaie unique, notamment en ce qui concerne le ratio dette/PIB. Par exemple, la Belgique et l’Italie présentaient un ratio dette/PIB supérieur à 100 %, mais ont tout de même pu rejoindre l’euro grâce à une dynamique favorable de réduction de leur dette. Ce processus de qualification a permis une transition plus souple vers la monnaie unique pour certains pays, en reconnaissant leurs efforts de convergence nominale.
Quels déséquilibres ont été induits dans les économies du sud de l’Europe suite à leur adhésion à l’UEM et à l’achèvement du marché unique?
L’adhésion à l’Union Économique et Monétaire (UEM) et l’achèvement du marché unique ont provoqué une série de déséquilibres dans les économies du sud de l’Europe, notamment une dégradation de la compétitivité-prix due à l’impossibilité de dévaluer leur monnaie avec l’introduction de l’euro. Cette situation a été exacerbée par l’afflux de capitaux vers les secteurs non exposés à la concurrence internationale, comme le secteur de la construction en Espagne, entraînant une augmentation des salaires supérieure à celle de la productivité et, par conséquent, une hausse des coûts salariaux unitaires qui a davantage dégradé la compétitivité de ces économies.
Comment l’adhésion à l’UEM a-t-elle affecté le financement des déficits courants et publics dans les économies périphériques? Quelle en a été la conséquence sur les bilans bancaire de la zone euro ? Quelle vunérabilité en a découlé ? Quelle a été l’exposition bancaire totale de la France et de l’Allemagne vis-à-vis des risques grec, portugais, irlandais et espagnol en 2010?
- L’adhésion à l’UEM a facilité le financement des déficits courants et publics dans les économies périphériques en permettant un accès plus aisé aux capitaux.
- Cela a contribué à une croissance du crédit qui a, à son tour, gonflé les bilans bancaires, avec une augmentation moyenne de 197 % à 268 % du PIB dans la zone euro entre 2002 et 2009.
- Cette dynamique a créé une vulnérabilité à un retournement brutal des flux de capitaux privés et à des effets de boucle entre les bilans bancaires et la solvabilité des États.
- Selon la Banque des règlements internationaux (BRI) dans son rapport annuel de 2011, l’exposition bancaire totale de la France et de l’Allemagne vis-à-vis des risques grec, portugais, irlandais et espagnol représentait 15 % de leur PIB en 2010. Cette exposition importante met en évidence les risques financiers liés aux déséquilibres dans les économies périphériques pour les principales économies de la zone euro.
Quels ont été les effets réels de l’UEM sur la convergence économique et la mobilité des facteurs de production selon le FMI? Quelle a été l’impact de l’UEM sur le rythme des réformes structurelles dans les États membres?
- Selon une étude du FMI publiée en 2018, les effets de l’UEM sur la convergence économique, la mobilité du facteur travail, la productivité, et les flux financiers transfrontaliers ont été relativement décevants. Le FMI a observé une diminution du commerce intra-zone en proportion du commerce total de la zone euro, ainsi qu’une augmentation moins significative des flux d’investissements allemands au sein de la zone euro comparée aux flux vers les nouveaux États membres. Cette situation a mené à une convergence initiale sur le plan nominal mais à une divergence réelle due à des écarts croissants de compétitivité intra-zone.
- La mise en œuvre de l’UEM a coïncidé avec une réduction du momentum des réformes structurelles au sein des États membres, contrairement aux attentes initiales qui prévoyaient une accélération de ces réformes grâce à l’impossibilité de dévaluer et au cadre disciplinaire du Pacte de Stabilité et de Croissance. Cette tendance a été mise en évidence par le FMI, qui note que, suite à la période de convergence nominale liée au respect des critères de Maastricht, il y a eu une diminution de l’engagement dans des réformes structurelles visant à améliorer la compétitivité et l’intégration économique au sein de la zone euro.
(FMI, Economic convergence in the Euro-area: Coming together or drifting apart?, 2018)
Quelles catégories d’États membres (EM) sont distinguées en fonction de leurs bilans courants au sein de l’UEM?
Au sein de l’Union Économique et Monétaire (UEM), les États membres sont généralement classés en quatre catégories selon leurs bilans courants :
- Les pays en léger excédent (entre 1 et 3 points de PIB), comme l’Autriche ou la Finlande.
- Les pays en léger déficit (entre 1 et 3 points de PIB), comme l’Italie ou la France.
- Les pays avec des excédents importants (entre 4 et 10 points de PIB), comme l’Allemagne ou les Pays-Bas.
- Les pays avec des déficits importants (entre 10 et 15 points de PIB), comme la Grèce, le Portugal, et l’Espagne.
Comment les déséquilibres financiers sont-ils mesurés au sein de l’Eurosystème?
Les déséquilibres financiers au sein de l’Eurosystème sont mesurés via les expositions des banques centrales nationales à la Banque Centrale Européenne (BCE) dans le système Target II, qui est chargé de compenser les flux financiers au sein de l’Eurosystème. Ce système permet de tracer et d’équilibrer les transactions transfrontalières, reflétant les déséquilibres financiers entre les États membres.
Quelle a été l’impact de l’UEM sur les taux de change effectifs réels (TCER) dans la zone euro selon le CEPII?
Selon le CEPII, l’Union Économique et Monétaire (UEM) a entraîné un désajustement des taux de change effectifs réels (TCER) au sein de la zone euro, avec des monnaies surévaluées pour certains pays par rapport à leur taux de change d’équilibre réel. Par exemple, en 2011, le niveau de l’euro était structurellement trop élevé de 35 % pour la Grèce, de 10 % pour la France, et de 27 % pour le Portugal, rendant ces économies non compétitives sans une réduction de leurs coûts, notamment salariaux.
Quelle est la critique principale de Stiglitz concernant l’UEM?
Stiglitz critique l’UEM en soulignant que le dysfonctionnement structurel réside dans l’application d’un taux de change et d’inflation uniques à 19 pays différents, ce qui empêche la création d’une zone monétaire optimale. Il argumente que les différences démographiques, économiques et sociales entre les pays rendent difficile l’application de politiques monétaires et budgétaires uniques qui conviendraient à tous, exacerbant les déséquilibres commerciaux et économiques au sein de la zone euro.
Comment la croissance de la zone euro se compare-t-elle à celle des pays avancés entre 2001 et 2015?
Entre 2001 et 2015, la zone euro a connu une croissance moyenne annuelle de son PIB de 1,1 %, comparée à 1,7 % pour le Royaume-Uni et 1,8 % pour les États-Unis. Avant la crise, de 2001 à 2007, les taux de croissance annuels moyens étaient respectivement de 2,1 % pour la zone euro, 2,4 % pour le Royaume-Uni, et 2,7 % pour les États-Unis, indiquant que la zone euro a tendance à croître moins rapidement que d’autres pays avancés.
Quelles sont les raisons du découplage de la croissance entre la zone euro et l’économie américaine selon la DG Trésor?
Selon une étude de la Direction générale du Trésor, le découplage de la croissance entre la zone euro et l’économie américaine peut s’expliquer principalement par des différences dans le policy-mix contra-cyclique. Alors que les États-Unis ont adopté un ajustement plus progressif dans un contexte de reprise de l’activité, la zone euro a procédé à une consolidation plus brutale et a réagi plus tardivement avec sa politique monétaire (DG Trésor, Comment expliquer le découplage entre les croissances du PIB aux États-Unis et en zone euro ?, 2013).
Quand la zone euro est-elle officiellement entrée en récession à la suite de la crise financière de 2008, et quel a été le pic de cette récession? Comment ont réagi les économies de la zone euro après la récession de 2008-2009? Quelles ont été les conséquences de la transmission de la crise financière à la crise souveraine en zone euro?
- La zone euro est officiellement entrée en récession au troisième trimestre 2008, le pic de la récession étant atteint au premier trimestre 2009 avec une perte de croissance de –2,4 % du PIB en glissement trimestriel. L’année 2009 a vu le taux de croissance de la zone euro baisser de –4,1 %, principalement affecté par une chute significative de l’investissement productif et des exportations.
- Après la très forte contraction de l’activité en zone euro en 2008-2009, l’économie a connu un rebond limité avec une croissance de +1,7 % en 2010 et de +1,5 % en 2011. Ce rebond a été soutenu par l’efficacité des stabilisateurs automatiques européens, notamment les systèmes de protection sociale et d’assurance chômage, les différents plans de relance, et la réponse des autorités monétaires.
- La situation économique en zone euro s’est fortement dégradée à partir de 2012 et 2013, suite à la transmission retardée de la crise financière à la crise souveraine à partir du printemps 2010. La croissance en zone euro a diminué de –0,6 % en 2012 et de –0,4 % en 2013, reflétant l’impact négatif de cette transmission sur l’économie de la zone.
Quand les spreads souverains ont-ils atteint un pic en zone euro, et quelles en ont été les conséquences sur la fragmentation financière? Quelle était la différence des taux d’intérêt pour les PME entre l’Italie, l’Espagne, la France, et l’Allemagne durant la crise? Quels ont été les taux de croissance en France et en Allemagne en 2013, et quel impact la crise a-t-elle eu sur le chômage?
- Les spreads souverains en zone euro ont atteint un pic au premier semestre de l’année 2012. Cette situation a exacerbé la fragmentation financière de la zone, avec des divergences marquées dans les taux d’intérêt servis aux sociétés non financières et aux PME selon les pays, renforçant ainsi la divergence de conjoncture intra-zone.
- Durant la crise, les PME italiennes et espagnoles se voyaient offrir un taux d’intérêt supérieur à 5,5 % à 5 ans par le système bancaire, tandis que les PME françaises et allemandes bénéficiaient d’un taux inférieur à 3,5 %, illustrant l’ampleur de la fragmentation financière en zone euro.
- En 2013, la France et l’Allemagne ont connu des taux de croissance limités de +0,2 %, tandis que le taux de chômage en zone euro a augmenté massivement pour atteindre 11,9 %. En Grèce, le taux de chômage a grimpé à 27,5 %, en Espagne à 26,1 %, et en France à 10,3 %, mettant en évidence l’impact sévère de la crise sur l’emploi.
Quel événement en 2009 a exacerbé la crise de la dette publique en Grèce? Comment a évolué le spread de taux d’intérêt à 10 ans de la Grèce par rapport à l’Allemagne en février 2012, et quel en a été l’impact? Quels programmes d’ajustement et de soutien financier ont été mis en place pour la Grèce, et quels étaient leurs objectifs principaux? Quelles mesures ont été prises pour alléger la dette grecque en juin 2018?
- La révélation de la sous-estimation des déficits publics en 2009, où le déficit a été révélé être de 15,1 %, a exacerbé la crise de la dette publique en Grèce. Cette annonce a conduit à une dégradation de la notation souveraine du pays.
- En février 2012, le spread de taux d’intérêt à 10 ans de la Grèce par rapport à l’Allemagne s’est massivement écarté, franchissant les 2 800 points de base (bps), avec un taux atteignant 30,5 %. Cet écartement a souligné la gravité de la crise financière en Grèce et a entraîné la mise en place de programmes d’ajustement et de soutien financier.
Plusieurs programmes d’ajustement et de soutien financier ont été mis en place pour la Grèce :
- En mai 2010, la Greek Loan Facility de 80 milliards d’euros, complétée par 30 milliards du FMI, pour accompagner la consolidation budgétaire.
- En mars 2012, un second programme d’aide de 180 milliards d’euros, incluant une restructuration de la dette.
- En juillet 2015, un troisième programme proche de 90 milliards d’euros conditionné à des réformes précises.
- Ces programmes visaient à restaurer la crédibilité de la dette publique grecque et à soutenir l’économie du pays face à la crise.
En juin 2018, des mesures d’allégement de la dette grecque ont été convenues, comprenant l’extension de 10 ans des prêts de 100 milliards d’euros du Fonds européen de stabilité financière (FESF), le retour des profits de l’Eurosystème sur la dette grecque au gouvernement grec (5 milliards d’euros), et la constitution d’un matelas de trésorerie de 24 milliards d’euros. Ces mesures étaient en échange du maintien d’engagements exigeants en termes de déficit primaire et du suivi de l’implémentation des réformes prévues dans le cadre du troisième Memorandum of Understanding (MoU).