Anxiété chez l'enfant Flashcards
Vous êtes le psychiatre de garde à l’urgence d’un hôpital de région. L’urgentologue vous demande de voir Samuel. Samuel est un jeune de 13 ans qui refuse d’aller à l’école. L’école a averti les parents qu’ils feraient un signalement à la DPJ si Samuel s’absentait une journée de plus. C’est ce qui les ont amenés à consulter aujourd’hui. Ses parents s’inquiètent car Samuel s’isole de plus en plus et est devenu particulièrement susceptible et nerveux. Ils veulent comprendre pourquoi Samuel refuse d’aller à l’école.
- Quelles sont vos hypothèses diagnostiques à ce stade-ci qui pourraient expliquer le tableau d’absentéisme et ses symptômes (irritable, s’isole…) nommez-en 5?
- anxiété généralisée
- phobie sociale avec anxiété de performance
- trouble panique
- anxiété de séparation
- trouble dépressif caractérisé
- trouble d’adaptation
- trouble d’opposition avec provocation
- trouble lié à l’utilisation de substance
- condition médicale générale
- trouble psychotique ou bipolaire
- trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle
Vous apprenez à l’histoire qu’il présente de l’irritabilité depuis l’entrée des classes il y a 6 mois. Il a tendance à se faire régulièrement des scénarios où il anticipe le pire. Il est extrêmement soufrant et n’arrive plus à fonctionner à l’école car il n’arrive plus à se concentrer. Il est constamment tendu. Il s’inquiète du réchauffement climatique, de la fin du monde, de ce qu’il fera demain, de s’il pourra se trouver un emploi ou avoir des enfants plus tard. Il admet avoir la phobie de l’incertitude qui crée chez lui une grande angoisse. Il y a 1 mois, il lui ait arrivé d’avoir des idées suicidaires, mais il ne se sent pas triste en général et il continue à avoir du plaisir dans plusieurs activités. Il n’a jamais fait de tentative de suicide. Il ne consomme pas et n’a pas de problème de santé physique. Sa mère est décrite comme anxieuse et son père a déjà fait une dépression.
- À ce stade-ci, qu’est serait votre hypothèse diagnostique la plus probable?
Anxiété généralisée
- Est-ce que les symptômes requis pour poser le diagnostic d’anxiété généralisée sont les mêmes chez l’enfant que chez l’adulte, selon le DSM 5?
Oui, mais le nombre minimal de symptômes associés à l’anxiété est de 1 comparé à l’adulte, qui nécessite au moins 3 symptômes sur 6 (parmi : l’agitation, la fatigabilité, la diminution de la concentration, l’irritabilité, les tensions musculaires et la perturbation du sommeil).
- Quelles sont les investigations que vous pourriez suggérer au médecin de l’urgence?
- Faire au minimum un bilan sanguin, incluant
-une formule sanguine complète
-des électrolytes
-une glycémie
-un bilan lipidique
-une TSH
-un bilan hépatique - S’assurer qu’il ait un examen médical complet et vérifier ses signes vitaux
- Faire un dépistage de drogues urinaires s’il le juge pertinent
- Un ECG pourrait être utile
- L’urgence étant plutôt tranquille aujourd’hui, vous décidez d’élaborer un rapport complet pour le médecin de famille à qui vous décider de référer Samuel. Donnez les recommandations que vous suggéreriez à son médecin pour soigner Samuel.
-Au niveau administratif, le consentement des parents de Samuel est nécessaire étant donné qu’il est âgé de moins de 14 ans. Un signalement à la DPJ peut être indiqué lors d’absentéisme scolaire prolongé, tel qu’envisagé par le milieu scolaire.
-Au niveau biologique, s’assurer qu’un bilan de base est fait pour exclure une cause organique. Favoriser de saines habitudes de vie. Envisager une médication dans certaines circonstances.
-Au niveau psychosocial : De la psychoéducation est nécessaire auprès des parents et de l’enfant à propos du trouble anxieux **Inclure les parents surtout si les parents sont eux-mêmes anxieux
Faire le lien avec le personnel de l’école (accommodations scolaires qui favorisent l’intégration et le maintien scolaire sans préconiser l’évitement scolaire)
Psychothérapie. Pour les enfants et les adolescents, la thérapie est généralement préférée par rapport à la médication. Les méta-analyses supportent l’efficacité de la TCC. 70 % des jeunes ne rencontrent plus les critères pour un trouble anxieux après une thérapie de type TCC (comparé à 13 % des jeunes sur la liste d’attente : méta-analyse de 24 études)
- Les parents sont très inquiets des propos suicidaires de Samuel et aimeraient que vous lui prescriviez un médicament pour son anxiété. Quelles pourraient être les indications d’anti-dépresseurs de type ISRS chez les enfants et les adolescents avec un trouble anxieux? Nommez-en 3.
Les anti-dépresseurs de type ISRS ne sont généralement pas indiqué chez les enfants en bas de 18 ans au Canada.
Certains anti-dépresseurs sont approuvés par la FDA et utilisés en clinique (en particulier fluoxétine, fluvoxamine et sertraline) si :
-la sévérité est modérée à sévère, en combinaison avec la psychothérapie
- s’il y a une réponse partielle à la psychothérapie
-s’il y a un potentiel de meilleur pronostic avec le traitement combiné
-s’il y a présence d’une comorbidité nécessitant un traitement pharmacologique
-si l’impact des symptômes rend la participation à une psychothérapie difficile
- Expliquez à Samuel les autres conseils au niveau des habitudes de vie que vous pourriez lui donner pour diminuer son anxiété (Jeu de rôle)
-exercice physique régulier, d’une certaine intensité
-relaxation/ méditation
-hygiène du sommeil (horaire stable, éviter stimulant/ écran, se lever du lit si ne s’endort pas après 20 minutes, utiliser la chambre seulement pour dormir et les activités sexuelles, éviter l’exercice physique intense en soirée, pièce calme pas trop chaude…)
-éviter consommation de drogue
-éviter les stimulants comme le café, le cola, les boissons énergisantes
-limiter les écrans pour le loisir à 2 heures par jour
Étant donné la sévérité des symptômes, vous acceptez de débuter un ISRS, de prescrire de la psychothérapie et vous convenez avec le médecin de famille qu’il reverra rapidement Samuel la semaine prochaine pour poursuivre le suivi.
La veille de son rendez-vous avec son médecin de famille, il avait terminé les quelques comprimés de Sertraline 25 mg et débutait pour un mois, Sertraline 50 mg, tel que prescrit. Il revient à l’urgence avec un état de conscience altéré, de la diaphorèse, de la tachycardie, de l’hyperthermie, de l’hypertension, des vomissements, des tremblements, des myoclonies et de l’hyperréflexie.
- Que croyez-vous qui a bien pu se passer? (Au moins 2 hypothèses)
- Intoxication volontaire (ou non) aux anti-dépresseurs
- Syndrome sérotoninergique
- Intoxication à une substance
- Existe-t-il un antidote au syndrome sérotoninergique?
Oui, la Cyproheptadine, lorsque le traitement de support n’est pas suffisant pour corriger les signes vitaux.
Les parents ont rapporté à l’urgentologue avoir trouvé une lettre d’adieu près de son lit, soit à l’endroit où il a été retrouvé inconscient. L’urgentologue conclue à une intoxication volontaire. Malgré la réanimation, et l’administration de cyproheptadine, Samuel ne survit malheureusement pas. À la demande de l’établissement et avec l’accord des parents, on vous autorise à répondre aux questions des journalistes pour qu’une telle situation dramatique ne se reproduise plus.
Jeu de rôle avec les journalistes
10. Comment expliquez-vous qu’un jeune comme Samuel, seulement « stressé » puisse commettre un tel geste? Est-ce à cause des pilules que vous lui avez prescrites?
Un risque accru de suicide complété a été rapporté pour les patients atteints de trouble panique et d’anxiété généralisée.
Les anti-dépresseurs sont associés à une augmentation de la suicidalité chez les adolescents déprimés. Il y aurait davantage d’idées suicidaires et de tentatives chez ceux qui prennent des anti-dépresseurs contre une dépression.
Jeu de rôle avec les journalistes
11. De nos jours, il semble que tous les jeunes sont stressés! Pouvez-vous nous expliquer la différence entre l’anxiété « normale » et le trouble anxieux?
L’anxiété devient un problème, c’est-à-dire un trouble anxieux, dans les cas suivants :
* Son intensité et sa duré sont plus importantes qu’à la normale, compte tenu des circonstances où elle commence à se manifester (contexte familial et sociétal, comportement culturel et attentes)
* Elle entraîne une incapacité ou devient invalidante dans le fonctionnement professionnel, social ou interpersonnel
* Les activités quotidiennes sont perturbées par l’évitement de certaines situations ou objets dans le but de réduire l’anxiété
* Elle comprend des symptômes physiques significatifs sur le plan clinique
- Quelle est la fréquence des troubles anxieux chez les adolescents?
Le trouble anxieux et ses conditions associées sont les troubles psychiatriques les plus fréquents chez les adolescents de 13-18 ans. La prévalence à vie est de 31,9% et la prévalence à 12 mois est de 24,9%, respectivement.
- Quels sont les facteurs de risque pour développer un trouble anxieux en général, à tout âge?
- Antécédents familiaux d’anxiété (ou autres troubles mentaux)
- Antécédents personnels d’anxiété dans l’enfance ou l’adolescence, y compris la timidité marquée
- Événements de vie stressants ou traumatisants, incluant les mauvais traitements
- Le fait d’être une femme
- Trouble psychiatrique concomitant (notamment la dépression)
- Est-ce que le trouble anxieux de Samuel aurait pu le prédisposer à d’autres troubles psychiatriques à l’âge adulte? Si oui, lesquels?
Trouble dépressif, autres troubles anxieux, TLU
Tempérament : harm avoidance, nevrotisme, sensib anx, inhib compt.