M3S5 Insuffisance cardiaque Flashcards
Savoir adapter l’alimentation en cas d’insuffisance cardiaque compensée Savoir adapter l’alimentation en cas de décompensation cardiaque
Qu’est ce que l’insuffisance cardiaque ?
L’insuffisance cardiaque est un état pathologique indiquant que la pompe cardiaque n’est plus capable d’assurer un débit sanguin suffisant pour satisfaire les besoins de l’organisme (Fédération française de cardiologie).
Elle peut résulter de situations qui diminuent la capacité du cœur à pomper le sang : diminution de la contractilité du myocarde, altération des valves cardiaques, augmentation de la pression péricardique, déficit en vitamine B1, etc.
Les signes cliniques sont marqués par des malaises passagers.
Comment sera compensé l’insuffisance cardiaque ?
La compensation se fera par une rétention hydrosodée au niveau rénal avec deux effets :
- augmentation de la volémie et donc du retour veineux, ce qui entraîne une augmentation du flux cardiaque.
- dilatation des veines, ce qui diminue la résistance vasculaire et donc le travail cardiaque.
Comment évolue l’insuffisance cardiaque ?
L’insuffisance cardiaque (IC) évolue vers deux stades :
- l’IC compensée : la fonction cardiaque est suffisante pour une activité normale, mais la « réserve cardiaque » (capacité d’adaptation à l’effort) est diminuée. On considère que l’IC est compensée par la diminution de cette réserve cardiaque.
- l’IC décompensée : ni le mécanisme nerveux, ni le mécanisme rénal ne suffisent pour maintenir le débit cardiaque. Dans ce cas, la rétention hydrosodée va continuer, car c’est le métabolisme logique d’adaptation, mais sans résultat autre que l’accumulation de liquide dans les tissus et donc l’apparition d’oedèmes
Quels sont les objectifs diététiques ?
- Favoriser l’équilibre staturo‑pondéral en cas de surcharge pondérale pour soulager le travail du cœur
- Contrôler la consommation de sel afin de diminuer la volémie et, par conséquent, le travail du cœur
- Augmenter la consommation en fruits et légumes riches en antioxydants, fibres, potassium, calcium, vitamines
- Limiter et équilibrer l’apport en lipides de l’alimentation de façon à corriger les dyslipidémies, si elles existent.
Quel est l’apport énergétique recommandé ?
L’excès de poids entraîne un supplément de travail pour le myocarde.
De plus, les lipides se déposent dans les fibres contractiles myocardiques, ce qui entraîne une diminution de la force de leur contraction.
L’obésité, en favorisant l’hypercholestérolémie, entraîne la formation d’athéromes, ce qui diminue l’apport sanguin au niveau du myocarde.
Enfin, l’accumulation de lipides dans la paroi abdominale gène le diaphragme et le travail normal du cœur.
L’objectif sera donc de prévenir ou de limiter une prise de poids de manière à soulager le travail du myocarde.
L’objectif de perte de poids n’est pas prioritaire et sera mis en œuvre dans le cadre d’une prescription médicale et des recommandations de la HAS relatives à la prise en charge de l’obésité.
Quel est l’apport énergétique recommandé ?
La dénutrition est nocive pour le cœur, surtout en cas d’hypo‑protidémie et de carence en vitamine B1, qui pourraient entraîner une atrophie du cœur.
Il est important, dans le cas de cardiopathie avec dénutrition débutante, de veiller à ce que le taux de protéines plasmatiques soit normal.
Il faudra, malgré tout, éviter un excès de protéines car elles ont une action stimulante sur le métabolisme : elles augmentent la vitesse circulatoire et entraînent une augmentation de travail pour le myocarde.
L’apport sera normoprotéique à 10 - 20 %, 15 % minimum chez le sujet âgé.
Quel est l’apport quantitatif en lipide recommandé ?
L’apport en lipides sera équilibré et on veillera à limiter l’apport en graisses saturées et cholestérol.
Il représentera ainsi 35‑40 % de l’AET, avec un équilibre entre les acides gras indispensables et non indispensables (recommandations de l’ANSES 2011 et 2016).
Quel est l’apport qualitatif en lipide recommandé ?
Acides gras indispensables
- Acide linoléique : 5 % de l’AET
- Acide linolénique : 1 % de l’AET
- DHA + EPA : 500 à 750 mg
Acides gras non indispensables
- AGS ≤ à 12 % de l’AET avec 8 % maximum d’acides laurique, palmitique et myristique
- Acide oléique ≤ à 20 %
On veillera également à ne pas surcharger l’alimentation en cholestérol : maximum 300 mg par jour.
Quel est l’apport en glucide recommandé ?
Les glucides représentent le complément énergétique de la ration.
Ils sont source d’énergie pour les organes gluco‑dépendants, permettent d’éviter les sensations de faim et donc d’éviter le risque de grignotages.
Les apports en glucides complexes seront à favoriser (céréales, légumes secs, pain en quantité contrôlée compte tenu de sa teneur en sel.
Les apports en glucides simples (hors lactose et galactose) seront normalisés à 100 g/jour maximum.
Quelle est l’apport en sel recommandé ?
Chez les patients insuffisants cardiaques, la HAS recommande de contrôler l’apport en sodium à 6 g de sel par jour, soit 2 400 mg de sodium.
Une consommation excessive de sel chez ces patients peut entraîner une décompensation cardiaque.
En effet, la rétention hydrique secondaire à l’absorption de sel va contribuer à faire augmenter la volémie et le cœur aura des difficultés à assurer cette surcharge
Qu’est il judicieux d’apprendre aux patients souffrant d’insuffisance cardiaque ?
Il est donc indispensable que vous puissiez apprendre à votre patient à reconnaître les aliments riches en sel.
Et donc à calculer des équivalences.
Mais aussi à lui donner des astuces pour rehausser le goût des plats à l’aide d’épices, d’aromates et de techniques culinaires adaptées.
Quels sont aliments riche en sel à limiter ?
- charcuteries,
- plats cuisinés du commerce,
- conserves,
- fromages,
- pain etc.
et certains médicaments (formes effervescentes, etc.).
A quoi faudra t-il veiller lors d’une restriction en sodium ? Pourquoi ?
La majorité des patients en insuffisance cardiaque sont des personnes âgées et il faudra veiller à ce que l’alimentation contrôlée en sodium n’entraîne pas de perte d’appétit et de dénutrition.
Cette dénutrition est d’autant plus fréquente que ces patients sont souvent hospitalisés, alités et polymédicamentés.
Ils ont généralement peu d’activité physique et une masse musculaire réduite.
Il faudra donc analyser les bénéfices comparés aux risques d’une restriction sodée chez la personne âgée.
Il sera également nécessaire d’évaluer sa consommation initiale avant de proposer une restriction.
Dans tous les cas,
la restriction sodée stricte est à éviter chez le sujet âgé (HAS 2014).
Il faudra alors insister sur la variété des aliments à consommer et le maintien d’un apport calorique suffisant en tenant compte de leurs goûts et de leurs envies.
Quel est l’apport en fibres recommandé ?
L’apport en fibres devra être modéré afin de ne pas surcharger l’intestin et augmenter le travail du cœur.
De plus, les fibres alimentaires végétales ont un rôle protecteur sur le système cardio-vasculaire.
Il devra représenter 30 g par jour.
L’alimentation sera de type standard (« normal léger ») ou confort digestif.
Quel est l’apport hydrique recommandé ?
L’apport hydrique devra être fractionné afin de ne pas entraîner une surcharge de travail pour le cœur, liée à son élimination rénale.
Cependant, il devra représenter 35 mL/kg de poids/jour dont 1,5 L minimum apporté par l’eau de boisson, le reste étant couvert par l’eau des aliments et l’eau métabolique.