Thrombocytopénie et déficit fonctionnel de plaquettes Flashcards

1
Q

Quels sont les trois grands mécanismes qui peuvent provoquer une thrombocytopénie?

A
  1. une diminution de la production plaquettaire,
  2. une augmentation du taux de destruction plaquettaire, et
  3. une augmentation de la séquestration splénique.

À ces trois mécanismes, s’ajoute la dilution qui survient dans les hémorragies graves avec transfusion massive de culots érythrocytaires. Les culots érythrocytaires ne contiennent pratiquement pas de plaquettes viables de sorte qu’après une hémorragie massive correspondant à au moins un volume plasmatique il peut y avoir une thrombopénie si les plaquettes ne sont pas remplacées.

En pratique, ce type de thrombopénie est relativement rare parce que de plus de plus de milieux ont des protocoles de transfusion massive qui incorporent dans leur algorithmes des transfusions systématiques de plaquettes après un certain nombre de culots érythrocytaires et/ou un suivi sérié de la formule sanguine. L’hémorragie seule n’est pas un mécanisme de thrombopénie.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
2
Q

La diminution de la production plaquettaire peut résulter soit d’une diminution du nombre des mégacaryocytes de la moelle (hypoplasie mégacaryocytaire), soit d’une thrombocytopoïèse inefficace malgré un nombre normal de mégacaryocytes.

Quelles sont les caractéristiques d’une hypoplasie mégacaryocytaire?

A

La moelle hématopoïétique peut subir une destruction par des radiations ionisantes, des substances chimiques ou des médicaments. L’hypoplasie mégacaryocytaire peut également être secondaire à une maladie propre au tissu hématopoïétique (leucémie, aplasie médullaire…).

Elle peut être causée aussi par le remplacement de la moelle hématopoïétique par des cellules néoplasiques (métastases d’un carcinome, fibrose, myélome multiple…).

Dans la majorité des cas, l’atteinte n’est pas isolée à la lignée mégacaryocytaire avec comme conséquence une pancytopénie plutôt qu’une thrombopénie isolée.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
3
Q

La diminution de la production plaquettaire peut résulter soit d’une diminution du nombre des mégacaryocytes de la moelle (hypoplasie mégacaryocytaire), soit d’une thrombocytopoïèse inefficace malgré un nombre normal de mégacaryocytes.

Quelles sont les caractéristiques d’une thrombocytopoïèse inefficace?

A

On la rencontre dans les anémies mégaloblastiques, où elle accompagne l’érythropoïèse inefficace. La myélodysplasie cause également une thrombopoïèse inefficace. Elle est caractérisée par une diminution marquée de la production plaquettaire par unité de masse cytoplasmique mégacaryocytaire.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
4
Q

Il existe deux grands mécanismes de destruction pathologique des plaquettes dans le sang circulant :

  1. mécanismes immunitaires,
  2. consommation des plaquettes.

Quelle est la pathophysiologie de la destruction plaquettaire par des mécanismes immunitaires?

A

Ces thrombopénies sont dues à l’action d’auto-anticorps, le plus souvent de type IgG, qui agissent sur les plaquettes de diverses façons :

  1. par activité anticorps dirigée contre un antigène de la membrane plaquettaire;
  2. par activité anticorps dirigée contre un haptène fixé à la plaquette (un médicament par exemple);
  3. par la formation de complexes immuns solubles où l’antigène peut être un médicament, une particule virale, ou autre.

Par l’un ou l’autre de ces mécanismes, les anticorps s’accolent sur les plaquettes. Lorsque qu’il y a des anticorps fixés sur des plaquettes, ces dernières sont détruites principalement dans la rate. Celle-ci est particulièrement efficace en raison des particularités de la microcirculation dans les sinusoïdes spléniques.

Dans de très rares cas, la thrombopénie peut être secondaire à un allo-anticorps lorsque suite à une grossesse ou à une transfusion, il y a exposition à des antigènes plaquettaires étrangers.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
5
Q

Quels sont les 3 types de thrombocytopénies auto-immunitaires?

A
  1. la forme idiopathique (PTI),
  2. la forme secondaire à une autre pathologie et,
  3. celle causée par un médicament.
How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
6
Q

Qu’est-ce que la thrombocytopénie immunitaire idiopathique (PTI) chronique?

A

Le PTI (purpura thrombopénique idiopathique) chronique se rencontre le plus souvent chez les jeunes adultes et on observe une fréquence trois fois plus grande chez les femmes que chez les hommes.

Elle se manifeste par une thrombocytopénie isolée sans splénomégalie à l’examen physique. Il s’agit d’un diagnostic d’exclusion.

Par contre, si un doute diagnostique persiste après l’évaluation clinique, la biopsie de moelle peut être envisagée. La moelle démontre un nombre de mégacaryocytes normaux ou augmentés. La recherche d’anticorps antiplaquettaires dans le sérum ou à la surface des plaquettes est une technique peu sensible et peu spécifique, de sorte qu’elle n’est plus recommandée ni utilisée pour confirmer un diagnostic de PTI.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
7
Q

En quoi consiste le tx de la thrombocytopénie immunitaire idiopathique (PTI) chronique?

A

Les objectifs du traitement du PTI chroniques sont :

  1. de diminuer le taux de destruction des plaquettes sensibilisées
  2. de diminuer le taux de production des anticorps antiplaquettaires.

Les corticostéroïdes, (prednisone, 1 mg/kg/jour), et/ou les immunoglobulines intraveineuses sont utilisés en première ligne car tous deux peuvent affecter directement le taux de phagocytose des plaquettes recouvertes d’anticorps et corriger rapidement la thrombopénie. On peut espérer une augmentation des plaquettes en 3 à 7 jours.

Lorsqu’il y a échec de cette première ligne de traitement ou récidive de la thrombopénie, la splénectomie est fréquemment efficace: l’ablation de la rate corrige la thrombopénie parce qu’on enlève le principal lieu de destruction des plaquettes sensibilisées, de même qu’un organe qui fabrique une quantité importante des anticorps anti-plaquettes.

D’autres traitements sont disponibles en cas d’échec à la splénectomie ou en deuxième ligne s’il y a contrindication à la chirurgie (patient âgé par exemple) ou selon la préférence du patient ou du médecin. Ces traitements qui ont des efficacités variables et des profils d’effets secondaires différents incluent, entre autre, le Rituximab (RituxanRx) un anticorps monoclonal qui diminue la production d’anticorps, différents immunosuppresseurs et les agents mimant la thrombopoïétine comme l’Eltrombopag (RemoladeRx) ou le Romiplostin (NplateRx).

Bien qu’idéalement, l’objectif du traitement du PTI chronique soit de normaliser les plaquettes, il est très fréquent que cette cible soit impossible à atteindre. Ainsi, on choisira de garder les plaquettes à un nombre suffisant pour empêcher un saignement spontané (supérieur à 25-30 X 109/L) plutôt que de soumettre un patient à la toxicité à long terme d’un traitement (ex : corticothérapie prolongée). En cas d’urgence ou de chirurgie, il sera toujours possible d’augmenter temporairement les plaquettes pour éviter un saignement.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
8
Q

Quelles sont les caractéristiques du PTI aigu?

A

Le PTI aigu se rencontre principalement chez les enfants. Le mécanisme de la thrombocytopénie est moins bien connu. Toutefois la maladie est précédée d’une infection dans environ 75 % des cas suggérant qu’il s’agit d’une réaction immunitaire secondaire à l’infection.

Souvent, la maladie guérit spontanément. Lorsque les plaquettes sont très diminuées, on peut craindre un saignement spontané. Dans cette éventualité, un traitement de courte durée s’avère nécessaire.

Les corticostéroïdes et/ou les immunoglobulines intraveineuses sont généralement utilisées tout comme dans le PTI chronique.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
9
Q

Quelles sont les caractéristiques des thrombocytopénies immunitaires secondaires?

A

On peut voir des thrombopénies immunitaires en association avec les maladies auto-immunes comme le lupus érythémateux disséminé. Certains cancers hématologiques dont la leucémie lymphoïde chronique et les lymphomes peuvent donner une thrombopénie auto-immune soit au moment du diagnostic ou pendant l’évolution de la maladie.

Les infections virales peuvent se compliquer d’une thrombopénie transitoire. Dans le cas des infections à VIH, il peut arriver que la thrombopénie soit la première manifestation de l’infection. Par conséquent, ce diagnostic doit être éliminé chez les individus à risque présentant une thrombopénie.

Le traitement des thrombopénies immunitaires secondaires inclus, entre autre, le traitement de la maladie sous-jacente.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
10
Q

Quelles sont les caractéristiques des thrombocytopénies immunitaires provoquées par un médicament?

A

Les thrombopénies immunitaires médicamenteuses se traduisent fréquemment par un effondrement rapide du taux des plaquettes circulantes. Les médicaments les plus fréquemment incriminés sont:

  • l’héparine,
  • les inhibiteurs des glycoprotéines IIb/IIIa,
  • la quinidine,
  • la quinine,
  • l’acide valproïque.

Plusieurs autres ont été mis en cause. Dans la plupart des cas, aucun traitement n’est nécessaire puisque les plaquettes remontent rapidement une fois l’agent en cause cessé. Dans certains cas très sévères, il peut être nécessaire d’administrer temporairement des transfusions plaquettaires. Ceci ne s’applique pas à la thrombopénie immunitaire induite par l’héparine qui est une entité différente.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
11
Q

Quelles sont les caractéristiques de la thrombopénie immunitaire causée par l’héparine?

A

L’héparine standard (non fractionnée) peut provoquer une thrombopénie chez 1 à 3 % des individus qui en reçoivent. Toutefois, cette complication est beaucoup plus rare avec les héparines de bas poids moléculaire.

La thrombopénie survient 4 à 15 jours après le début de l’exposition à l’héparine (délai dû à la réaction d’immunisation primaire) chez un individu qui n’a pas reçu d’héparine récemment. Par contre, chez un sujet exposé à l’héparine dans les derniers 3 mois, il peut y avoir persistance des anticorps et apparition de la thrombopénie dès les premiers jours d’exposition.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
12
Q

Quelle est la pathophysiologie de la thrombopénie immunitaire induite par l’héparine?

A

La molécule d’héparine forme un complexe circulant avec le facteur plaquettaire 4 (FP4). Des anticorps sont formés contre ce complexe. Les complexes anticorps + [héparine + FP4] se constituent et s’accumulent sur la surface des plaquettes, déclenchant leur activation et leur destruction.

La destruction entraîne une thrombopénie rarement sévère, avec peu de manifestations hémorragiques. Par contre, l’activation plaquettaire entraîne une agrégation plaquettaire qui se manifeste par des thromboses graves qui peuvent être artérielles ou veineuses et sont responsables d’un taux de mortalité et de morbidité élevé.

C’est le paradoxe de la thrombopénie à l’héparine : malgré une thrombopénie, la manifestation clinique principale est thrombotique.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
13
Q

Comment pose-t-on le dx de la thrombopénie à l’héparine?

A

Le diagnostic clinique peut être difficile puisqu’il peut y avoir plusieurs autres causes pour expliquer une thrombopénie chez un patient. Pour aider au diagnostic clinique, on a développé la règle des « 4T »

  1. Thrombopénie : >50 % de baisse des plaquettes
  2. Thrombose nouvelle ou progressive
  3. Timing : thrombopénie 5 à 10 jours après le début de l’héparine
  4. Tout autre cause pouvant expliquer la thrombopénie.

Lorsque la présomption clinique est forte, il faut confirmer le diagnostic au moyen d’un test qui recherche la présence des anticorps dirigés contre le complexe héparine et PF4 (anticorps anti-héparine).

Puisque la confirmation du diagnostic conduit généralement à bannir définitivement l’héparine, il est important de ne pas se contenter d’un diagnostic présomptif.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
14
Q

En quoi consistent la prévention et le tx de la thrombopénie à l’héparine?

A
  1. Numération plaquettaire à tous les deux à trois jours chez les patients recevant de l’héparine.
  2. Cesser l’héparine et investiguer dès que le taux de plaquettes a chuté sous les 100 X 109/L ou de 50 % ou plus.
  3. Ne pas transfuser de plaquettes (pourrait augmenter le risque de thrombose).
  4. Remplacer l’héparine par un autre anticoagulant approprié. Les héparines de bas poids moléculaire ne sont pas un bon choix en raison du taux de réaction croisée trop élevé. On utilise plutôt la lépirudine (Refludantm) ou l’argatroban (Novastantm) deux anticoagulants avec une activité contre le facteur IIa. Près de la moitié des patients avec thrombopénie à l’héparine auront une thrombose dans le mois suivant l’épisode. C’est pourquoi il est recommandé d’anticoaguler ces patients avec un des anticoagulants ci-haut mentionnés même si la condition de base ne le justifie pas.
  5. Attendre la normalisation des plaquettes avant de débuter les anticoagulants oraux.
How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
15
Q

La deuxième grande cause d’augmentation du taux de destruction des plaquettes est leur consommation dans des maladies engendrant des thromboses intravasculaires diffuses. Quelle est la pathophysiologie de cette consommation de plaquettes?

A

Les réactions plaquettaires d’agrégation peuvent être activées de diverses façons dans la circulation sanguine. Ce peut être :

  1. une atteinte endothéliale diffuse, par infection, inflammation, réaction immunitaire ou autre;
  2. la présence dans le sang de thrombine, de virus, de bactéries, ou d’une endotoxinémie: tous ces agents sont capables d’activer directement les plaquettes sanguines. Une fois agrégées, les plaquettes seront séquestrées dans les artérioles et les capillaires, ce qui provoque d’une part une thrombopénie et d’autre part des thrombi multiples dans la microcirculation.
How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
16
Q

On peut distinguer deux grands types de consommation excessive des plaquettes. Que sont-ils?

A
  1. Associée à une coagulation intravasculaire disséminée
  2. Sélective
    Dans cette situation la coagulation intravasculaire est de faible intensité ou nulle. Elle se rencontre
    • dans les microangiopathies thrombotiques.
    • chez les porteurs de prothèses valvulaires cardiaques ou de prothèses vasculaires;
      • Cette entité comprend des maladies rares mais souvent très graves: le syndrome hémolytique urémique (SHU) et le purpura thrombocytopénique thrombotique (PTT). Ces deux maladies sont caractérisées par un purpura thrombocytopénique sévère, une anémie hémolytique par fragmentation des érythrocytes lors de leur passage dans les vaisseaux pathologiques de la microcirculation (schistocytes) et par l’atteinte fonctionnelle de divers organes.
      • La plasmaphérèse avec remplacement par du plasma a considérablement

amélioré la survie et le pronostic des microangiopathies thrombotiques. Il est donc impératif de faire le diagnostic tôt pour permettre que le traitement débute rapidement.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
17
Q

Quelles sont les caractéristiques du syndrome hémolytique urémique?

A

Le syndrome hémolytique urémique (SHU) est plus fréquent chez l’enfant. Il peut être causé, entre autre, par une infection à Escherichia coli 0157 :H7. Il peut être précédé d’une infection gastro-intestinale et atteint surtout le rein.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
18
Q

Quelles sont les caractéristiques du purpura thrombocytopénique thrombotique?

A

Le purpura thrombocytopénique thrombotique (PTT) est plus fréquent chez l’adulte. Il est souvent idiopathique et parfois causé par des médicaments (cyclosporine par exemple).

Il donne moins d’atteinte rénale et plus de symptômes neurologiques que le SHU. Classiquement, il y a 5 symptômes typiques du PTT (pentade) soit:

  1. la température,
  2. l’insuffisance rénale,
  3. la thrombopénie,
  4. l’anémie hémolytique microangiopathique,
  5. les symptômes neurologiques fluctuants.
How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
19
Q

L’hypersplénisme est la troisième grande cause de thrombocytopénie. Comment cause-t-elle la thrombocytopénie?

A

Lorsqu’il existe une splénomégalie importante, la proportion des plaquettes retenues dans le compartiment vasculaire intrasplénique augmente considérablement. Elle peut atteindre 90% de l’ensemble des plaquettes présentes alors qu’elle n’est que de 30% de façon physiologique.

Il en résultera une thrombopénie modérée, rarement inférieure à 40 x 109 plaquettes/L de sang.

20
Q

Les déficits fonctionnels des plaquettes sanguines sont héréditaires ou acquis. Dans les maladies héréditaires, il convient de faire une distinction entre les anomalies fonctionnelles des plaquettes dues à un facteur extrinsèque aux plaquettes, et celles dues à un facteur intrinsèque (anomalies intrinsèques).

Quelle est la pathophysiologie de la dysfonction plaquettaire?

A

La dysfonction plaquettaire peut se situer à plusieurs niveaux :

  1. anomalie de l’adhésion des plaquettes au collagène de la paroi vasculaire;
  2. déficit de la sécrétion plaquettaire;
  3. agrégation plaquettaire anormale.

Dans bien des cas, il y a plus d’un mécanisme impliqué.

21
Q

Le diagnostic d’un purpura secondaire à une dysfonction plaquettaire doit être envisagé en présence de quels signes?

A
  1. d’un purpura cutanéo-muqueux;
  2. d’un temps de saignement allongé, et
  3. d’un décompte plaquettaire normal.

D’un point de vue académique, il peut être intéressant d’identifier à quel niveau se situe la dysfonction plaquettaire (adhésion, agrégation ou sécrétion). En pratique, en plus du temps de saignement, le seul test courant qui permet d’évaluer la fonction plaquettaire est le test d’agrégation plaquettaire. Ce test, contrairement à ce que son nom indique, évalue en plus de l’agrégation, la sécrétion plaquettaire. Pour se faire, les plaquettes sont mises en contact avec des substances agrégantes (agonistes : ADP, collagène, adrénaline). On évalue la capacité des plaquettes à s’agréger au contact de ces substances puis dans un deuxième temps à sécréter le contenu de leurs granules.

Il n’y a pas de test courant qui évalue l’adhésion plaquettaire. Dans certains laboratoires spécialisés, il est également possible d’évaluer des aspects fonctionnels spécifiques de la plaquette (granules denses et alpha par exemple) mais ces tests ne sont pas couramment disponibles.

22
Q

Parmi les maladies acquises qui peuvent donner un déficit fonctionnel de plaquette, on compte:

  • Une diminution de l’adhésion plaquettaire
  • Une diminution de la sécrétion plaquettaire : aspirine et médicaments apparentés
  • Une diminution de l’agrégation

Quelles sont les caractéristiques d’une diminution de l’adhésion plaquettaire?

A

Celle-ci s’observe dans les hypergammaglobulinémies, en particulier dans la macroglobulinémie de Waldenström. Les gammaglobulines:

  1. interfèrent avec l’adhésion des plaquettes au collagène,
  2. inhibent la sécrétion plaquettaire qui en résulte normalement.

L’adhésion est également diminuée dans certains syndromes myéloprolifératifs.

23
Q

Quelles sont les caractéristiques d’une diminution de la sécrétion plaquettaire (aspirine et médicaments apparentés)?

A

Une dose unique de 300 mg d’aspirine provoque une inhibition assez importante de la sécrétion plaquettaire.

L’acide acétylsalicylique inhibe une enzyme, la cyclo- oxygénase, qui conduit à la synthèse des prostaglandines plaquettaires. Il en résulte une inhibition de la libération d’ADP lorsque les plaquettes sont stimulées par l’adrénaline ou le collagène.

Plusieurs autres médicaments inhibent la sécrétion plaquettaire, dont les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens COX-1).

L’aspirine produit une inhibition irréversible de la plaquette, contrairement aux autres anti-inflammatoires non stéroïdiens.

24
Q

Quelles sont les caractéristiques d’une diminution de l’agrégation plaquettaire?

A

L’agrégation à l’ADP est diminuée dans l’insuffisance rénale, à cause de l’accumulation dans le sang d’acide guanidinosuccinique, et de certains acides phénoliques.

L’agrégation plaquettaire est également diminuée dans les hypergammaglobulinémies, et dans certains syndromes myéloprolifératifs, particulièrement la thrombocytémie essentielle et la polycythémie de Vaquez.

Plusieurs médicaments, par exemple la Ticlopidine (TiclidRx), le clopidogrel (PlavixRx), les inhibiteurs des récepteurs GP IIb/IIIa et des antibiotiques de la famille des pénicillines, inhibent également l’agrégation.

25
Q

Parmi les maladies héréditaires qui peuvent donner un déficit fonctionnel de plaquette, on compte:

  1. Dues à un facteur intrinsèque
    • Déficit de l’adhésion
    • Déficit de la sécrétion
    • Déficit de l’agrégation
  2. Dues à un facteur extrinsèque
    • La maladie de von Willebrand

Quelles sont les caractéristiques d’une mx héréditaire donnant une déficit de l’adhésion plaquettaire?

A

Maladie de Bernard-Soulier : Condition très rare causée par un déficit du récepteur pour le facteur von Willebrand, le GP Ib, à la surface plaquettaire. Ces patients ont par conséquent une diminution importante de l’adhésion plaquettaire et des manifestations hémorragiques significatives.

26
Q

Quelles sont les caractéristiques d’une mx héréditaire donnant une déficit de la sécrétion plaquettaire?

A

Plusieurs entités causant un déficit de sécrétion des différents types de granules plaquettaires ont été décrites. Elles ont en commun une sécrétion réduite ou nulle d’ADP ou d’autres substances agrégantes.

Cette anomalie fonctionnelle peut être détectée par le test de l’agrégation plaquettaire. Ces entités sont relativement fréquentes mais le syndrome hémorragique est le plus souvent bénin.

Toutefois, les anomalies rencontrées aux tests de l’agrégation plaquettaire sont semblables aux déficits fonctionnels acquis secondaires à des médicaments comme l’aspirine.

27
Q

Quelles sont les caractéristiques d’une mx héréditaire donnant une déficit de l’agrégation plaquettaire?

A

Il s’agit d’une maladie rare, mais grave, appelée la thrombasthénie de Glanzmann. Elle est causée par un déficit du récepteur pour le fibrinogène à la surface plaquettaire, le GP IIb/IIIa.

28
Q

L’adhésion et l’agrégation plaquettaires nécessitent certains cofacteurs plasmatiques (extrinsèques à la plaquette). Quels sont les 2 principaux cofacteurs?

A
  1. le fibrinogène
  2. le facteur von Willebrand.

On observe fréquemment un temps de saignement allongé dans l’afibrinogénémie congénitale et dans la maladie de von Willebrand, qui est caractérisée par le déficit d’un facteur plasmatique, le facteur von Willebrand.

29
Q

Qu’est-ce que la maladie de von Willebrand?

A

Le facteur von Willebrand (VWF dans la nomenclature internationale) est une très grosse glycoprotéine plasmatique qui circule dans le sang à état de multimères de tailles très variables. Il est synthétisé par les mégacaryocytes et par les cellules endothéliales. Ce facteur assure deux fonctions importantes dans les mécanismes de l’hémostase :

  1. accélérer grandement l’adhésion plaquettaire dans les très petits vaisseaux en liant le récepteur Ib de la plaquette au collagène du sous-endothélium;
  2. former un complexe plasmatique avec le facteur VIII coagulant : il le transporte dans le sang et le protège contre la destruction. Sans le VWF, le facteur VIII est incapable de demeurer en circulation. C’est ce qui explique que, dans la maladie de Willebrand, l’activité coagulante du facteur VIII est réduite parallèlement à celle du VWF.

On observe donc dans la maladie de von Willebrand un double déficit soit un déficit du VWF et un déficit du facteur VIII généralement proportionnel à la diminution du VWF.

30
Q

Quels types de déficits voit-on dans la maladie de von Willebrand?

A

Il s’agit d’un déficit de synthèse du VWF par les cellules endothéliales. L’anomalie génétique peut donner un déficit quantitatif ou qualitatif du facteur que l’on divise en trois types.

  1. Le type I est caractérisé par un déficit quantitatif du facteur VWF.
  2. Les types II comprennent 4 déficits qualitatifs du facteur VWF (II A, B, N et M).
  3. Le type III se caractérise par une absence (déficit quantitatif complet) de facteur VWF.
31
Q

Quelles sont les caractéristiques biologiques de la mx de von Willebrand?

A

La maladie se traduit par :

  1. un déficit de l’adhésion des plaquettes, par manque d’un des cofacteurs, le VWF ce qui peut allonger le temps de saignement.
  2. un taux diminué de l’activité biologique du VWF mesuré généralement par le test du cofacteur de la ristocétine (VWF:RCo) et de son antigène (VWF:Ag).
  3. un taux diminué de l’activité biologique du facteur VIII qui peut si le taux est inférieur à 30 à 40 % allonger le temps de céphaline activé.
32
Q

Comment pose-t-on le dx de la mx de von Willebrand?

A

Le diagnostic est confirmé par les 3 tests spécifiques qui varient en fonction du type de maladie de von Willebrand :

  1. le taux d’antigène du facteur VWF,
  2. son activité biologique,
  3. le taux de facteur VIII.

Le diagnostic d’une maladie de von Willebrand peut être compliqué par le fait que les taux de facteur VWF fluctuent en fonction de nombreux facteurs comme le stress, la grossesse et les groupes sanguins. Par exemple, les sujets de groupe sanguin 0 ont de façon physiologique un taux de facteur VWF qui est de 25% plus bas que les aux sujets de groupe sanguin non 0.

33
Q

Quelle est la prévalence de la mx de von Willebrand?

A

Cette maladie héréditaire est transmise par mode autosome dominant. Elle est plus fréquente que l’hémophilie classique, on estime qu’un individu sur 1000 en est atteint. Contrairement à l’hémophilie, il n’existe pas de critères pour la classifier en légère, modérée ou sévère.

34
Q

Quelles sont les manifestations hémorragiques de la mx de von Willebrand?

A

La maladie de Willebrand comporte une anomalie de l’hémostase primaire et une anomalie de la voie intrinsèque de la coagulation. Pour la majorité des patients qui ont un type I ou II, les manifestations hémorragiques sont en grande partie celles d’un déficit de l’hémostase primaire. La sévérité des manifestations hémorragiques dépend du taux de facteur VWF.

Les saignements surviennent surtout au niveau de la peau et des muqueuses (épistaxis, ecchymoses, ménorragies…) et après des chirurgies impliquant les muqueuses (extractions dentaires, amygdalectomie…). Les ménorragies sont particulièrement fréquentes, pouvant toucher jusqu’à 80 % des femmes atteintes. Elles débutent généralement à l’adolescence et peuvent conduire à un état ferriprive.

Dans le type III, où le taux de facteur VIII est très bas, on verra également des manifestations typiques des problèmes de coagulation (hématomes profonds et hémarthroses).

35
Q

Quels sont les principes de tx de la maladie de von Willebrand?

A

Le traitement vise deux objectifs :

  1. augmenter le taux de l’activité coagulante du facteur VIII
  2. augmenter le taux de l’activité du VWF.

Le DDAVP (desmopressine), un analogue de la vasopressine, libère les réserves de VWF contenues dans les cellules endothéliales. Après l’injection de DDAVP, les taux plasmatiques de VWF peuvent augmenter de deux à trois fois mais la réponse est variable d’un patient à l’autre. Une fois libéré, le VWF des cellules endothéliales doit se régénérer de sorte que les traitements répétés de DDAVP sont souvent moins efficaces.

Il existe également des concentrés de facteur von Willebrand. On les réserve aux cas sévères de maladie de von Willebrand qui ne répondent pas au DDAVP ou lorsque le maintien de l’une hémostase est nécessaire pendant plusieurs jours (post opératoire par exemple). La durée de vie plasmatique du VWF injecté est de quelques heures. Conséquemment, les concentrés doivent être injectés fréquemment (généralement à toutes les 12-24 heures).

36
Q

Donc en revue, quelles sont les principales pathologies pouvant donner une thrombocytopénie ou un déficit fonctionnel des plaquettes?

A
37
Q

Comment peut-on classer les déficits plaquettaires fonctionnels selon s’ils sont héréditaires-acquis et la fonction qu’ils affectent (adhésion, sécrétion, agrégation)?

A
38
Q

Quels sont les trois grands mécanismes de thrombocytopénie ?

A
  1. Production diminuée;
  2. Destruction (ou consommation) augmentée;
  3. Séquestration splénique excessive;
39
Q

Quels sont les mécanismes qui peuvent conduire à un raccourcissement de la durée de vie des plaquettes ?

A
  1. Mécanismes immunitaires;
  2. Consommation excessive des plaquettes.
40
Q

Un malade souffre d’un purpura thrombocytopénique chronique idiopathique (PTI). Quelle est la pathogénie de cette maladie?

A
  • Anticorps fixés aux plaquettes;
  • Destruction principalement par la rate, puis par le foie.
41
Q

Lesquelles des pathologies suivantes ne peuvent pas donner de thrombocytopénie inférieure à 10 x 109 plaquettes/litre ?

  1. Purpura dû à la quinidine
  2. Hypersplénisme
  3. Pertes sanguines massives
  4. Thrombopénie associée au lupus érythémateux disséminé
A
  • Transfusion sanguine massive (≥ 1 volume sanguin en < 24 hres) = dilution ;
  • Hypersplénisme.
42
Q

Comment une alimentation déficiente peut-elle causer

  1. un purpura non thrombopénique?
  2. un purpura thrombopénique?
A
  1. Le scorbut;
  2. Une carence en acide folique.
43
Q

Quelles sont les anomalies fonctionnelles acquises des plaquettes qui sont les plus fréquentes ?

A
  1. Celles dues à l’aspirine;
  2. Celles dues à d’autres médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens);
  3. Celles associées aux syndromes myéloprolifératifs.
44
Q

Quels sont le mode et la durée d’action de l’aspirine sur les plaquettes ?

A
  • L’aspirine inhibe irréversiblement la cyclooxygénase nécessaire à la formation de la thromboxane A2;
  • Durée de l’action : 7 à 10 jours.
45
Q

Comment définissez-vous la maladie de von Willebrand du point de vue biologique ?

A

Double atteinte du complexe facteur VIII - von Willebrand, avec classiquement un déficit de l’adhésion plaquettaire et un déficit de la voie intrinsèque de la coagulation.