Les anémies par défaut de maturation Flashcards

1
Q

Comment peut-on classer les anémies par défaut de maturation?

A
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Q

À quoi ressembleront les indicateurs biologiques dans une anémie par défaut de maturation?

A

Dans ce groupe d’anémies à caractère non régénératif, la réticulocytose corrigée est généralement égale ou inférieure à 2% ou, en valeurs absolues, à 100 x 109/l, signifiant une réponse inadéquate de la moelle osseuse à l’anémie.

La morphologie érythrocytaire fournit par contre des renseignements très utiles. Lorsqu’il s’agit d’un défaut de la maturation du cytoplasme des érythroblastes, l’anémie prend un caractère microcytaire et hypochrome, tandis que dans les défauts de maturation du noyau, l’anémie est de type macrocytaire.

Dans ces anémies, la moelle osseuse montre un degré de cellularité normal ou même souvent augmenté, puisque la maturation défectueuse conduit à une accumulation exagérée de cellules dont une partie finit par être détruite sur place (érythropoïèse inefficace).

Dans les cas de défaut de maturation nucléaire, les érythroblastes prennent un aspect morphologique caractéristique que l’on décrit comme mégaloblastique. La destruction intramédullaire de ces mégaloblastes s’accompagne généralement d’une élévation importante de la LDH du sérum. Elle peut aussi se manifester par une légère augmentation du taux de la bilirubine indirecte résultant de la libération et de la dégradation d’une certaine quantité d’hémoglobine dans la moelle osseuse.

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3
Q

Comment fonctionne brièvement le métabolisme du fer?

A

Le fer de l’organisme est distribué entre deux principaux compartiments. Le premier est l’érythron, où le fer est massivement utilisé dans la synthèse de l’hème; l’autre est celui des réserves, localisées dans les macrophages du système réticulo-endothélial, où le fer est stocké sous forme de ferritine et d’hémosidérine.

Ces deux compartiments sont reliés par un couloir de transport représenté par la transferrine, une protéine plasmatique à laquelle le fer se lie spécifiquement. C’est la transferrine qui véhicule le fer des réserves jusqu’aux récepteurs spécifiques localisés à la surface des érythroblastes d’où il est incorporé pour la synthèse de l’hémoglobine.

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4
Q

Comment se procure-t-on notre fer?

A

L’apport alimentaire chez l’adulte nord-américain moyen varie entre 10 et 15 mg de fer par jour (environ 6 mg/1000 calories d’une diète équilibrée), avec un taux d’absorption qui ne dépasse pas normalement 10% de la quantité ingérée. Ce maigre 1 à 1,5 mg de fer suffit à assurer les besoins de l’érythropoïèse dans la mesure où les pertes quotidiennes de fer demeurent relativement fixes (desquamation physiologique des épithéliums de la peau et de l’intestin = 1 mg).

En cas de besoin accru (ex : grossesse = 300 mg, ou menstruations = 30-50 mg/mois), c’est le pourcentage d’absorption qui augmente jusqu’à un maximum de 20% de la quantité ingérée. Comme la quantité maximale de fer absorbée chaque jour demeure relativement limitée, ce sont les réserves qui servent de tampon advenant une demande subite ou excessive, comme à la suite d’une hémorragie ou d’une intervention chirurgicale par exemple.

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5
Q

Quelles sont les différentes étapes d’apparition d’une carence en fer?

A

Advenant une balance négative du fer (pertes > apports), l’organisme ira tout d’abord puiser ses besoins quotidiens dans le compartiment des réserves jusqu’à l’épuisement complet de celles-ci.

Une fois les réserves épuisées, la quantité de fer plasmatique liée à la transferrine commence à son tour à diminuer. Ce phénomène est immédiatement perçu par la CFU-E dont la sensibilité à l’érythropoïétine se voit réduite.

Il en résulte progressivement une anémie légère à modérée de type normocytaire et normochrome dûe à un défaut de prolifération de l’érythropoïèse. Ceci constitue le premier stade de l’anémie ferriprive (voir chapitre précédent).

Au fur et à mesure que la saturation de la transferrine diminue et que l’anémie progresse, s’installe alors un véritable défaut de maturation du cytoplasme des érythroblastes parce qu’il n’y a plus assez de fer pour assurer la synthèse de l’hémoglobine. L’anémie s’aggrave et devient alors microcytaire et hypochrome. C’est le deuxième stade de l’anémie ferriprive, correspondant à la description classique.

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6
Q

Quel est le lien entre le fer et l’inflammation?

A

Les cytokines médiatrices de l’inflammation de même qu’une molécule d’origine hépatique appelée hepcidine, ont pour effet de ralentir considérablement le relarguage du fer par les macrophages, ce que certains auteurs ont qualifié de «syndrome de la constipation des macrophages».

Lors de la phagocytose physiologique des érythrocytes âgés, dans la rate en particulier, l’hémoglobine est normalement catabolisée en ses diverses composantes. Le fer ainsi libéré est éventuellement retourné au plasma par l’entremise de la transferrine afin d’être réutilisé pour l’érythropoïèse.

Le transit du fer hémoglobinique à travers les macrophages peut normalement emprunter deux voies :

  • l’une est rapide (30 minutes environ) et permet la remise quasi immédiate du fer en circulation;
  • l’autre est beaucoup plus lente puisqu’elle oriente le fer vers la ferritine et l’hémosidérine des réserves avant de le relarguer au plasma six ou sept jours plus tard, selon les besoins de l’érythron.

À l’état normal, la répartition quantitative du fer entre ces deux voies de transit est à peu près équivalente (50%-50%). En présence de médiateurs inflammatoires (IL-1,6 et TNF), ou suite à une stimulation importante de la synthèse de l’hepcidine, cette répartition est subitement modifiée en faveur de la voie lente (80%-20%). Il en résulte une diminution rapide du taux de fer mesurable dans le plasma (jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre se rétablisse une semaine plus tard), mimant ainsi les caractères d’une anémie ferriprive.

Les réserves sont néanmoins normales ou augmentées, ce qui est incompatible avec l’existence d’une véritable carence… d’où la notion de « constipation ».

Dans ces conditions, la quantité totale de fer dans l’organisme n’est pas modifiée, mais simplement redistribuée. C’est ce qui explique que l’inflammation chronique s’accompagne presque toujours d’une anémie légère à modérée (90-110 g/L) qui ressemble à s’y méprendre à celle d’une carence en fer au premier stade de son développement.

Si l’inflammation est plus intense ou si elle se prolonge, elle peut parfois s’accompagner d’une anémie plus sévère, légèrement microcytaire et hypochrome, comme au second stade de l’anémie ferriprive. Dans la plupart des cas, la documentation de réserves adéquates ou augmentées de fer dans l’organisme permet d’effectuer la distinction entre ces deux causes d’anémie.

Il va sans dire que l’administration d’un supplément de fer dans les cas d’anémie inflammatoire s’avère inutile, contrairement au cas de l’anémie ferriprive qui se corrige, elle, très rapidement avec ce traitement.

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7
Q

À quoi ressemble le transit du fer dans les macrophages à l’état normal?

A
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8
Q

À quoi ressemble le transit du fer dans les macrophages dans un état inflammatoire?

A
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9
Q

Quels sont les indicateurs spécifiques de l’anémie ferriprive?

A

L’existence d’une carence en fer ou d’une anémie secondaire à un état inflammatoire est généralement suggérée par un contexte clinique particulier ainsi que par les caractères morphologiques des globules rouges sur le frottis sanguin.

Cependant, il existe des épreuves spécifiques de laboratoire qui permettent au clinicien d’examiner directement l’état du métabolisme du fer dans l’organisme:

  • Le dosage du fer sérique
  • La capacité totale de fixation
  • Le dosage de la ferritine sérique
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10
Q

Qu’est-ce que le dosage du fer sérique?

A

Cette mesure doit être obtenue autant que possible le matin à jeûn. Sa valeur normale se situe entre 10 et 35 micromol/L de sang total.

Pour être interprétable de façon correcte, le fer sérique doit toujours être accompagné d’une mesure de la capacité totale de fixation et de ferritine.

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11
Q

Qu’est-ce que la capacité totale de fixation?

A

Cette mesure équivaut à un dosage fonctionnel de la transferrine circulante. Sa valeur normale se situe entre 41 et 75 micromol/L environ.

On peut alors établir à partir de ces deux mesures (capacité de fixation et fer sérique) le pourcentage de saturation de la transferrine (fer sérique ÷ capacité de fixation x 100 = 20% à 50%) qui donne un meilleur aperçu de la quantité de fer immédiatement disponible pour l’érythropoïèse.

Certains laboratoires mesurent directement la transferrine du plasma, dont la concentration est exprimée en g/L (N = 1,7 à 3,7). Dans ces cas, on peut obtenir le pourcentage de saturation en effectuant le calcul suivant : fer sérique (μmol/L) ÷ [transferrine (g/L) x 23] x 100 = 20 à 50 (%)

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12
Q

Qu’est-ce que le dosage de la ferritine sérique?

A

Cette mesure permet d’apprécier quantitativement les réserves de fer chez le malade, car les minimes concentrations de ferritine présentes dans le plasma (N = 10 à 300 μg/L) reflètent presque toujours la ferritine des réserves.

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13
Q

De quels éléments doit-on tenir compte lorsqu’on interprète la ferritine d’un patient?

A
  1. Une ferritine plasmatique inférieure à 10 microg/L correspond tjrs à un épuisement des réserves de fer et constitue une étape préalable et obligatoire au développement d’une anémie ferriprive. Cette condition peut toutefois exister sans anémie associée, si les apports quotidiens suffisent malgré tout à assurer une érythropoïèse normale.
  2. Une ferritine plasmatique élevée peut s’observer dans :
    • les maladies hépatiques (ex : cirrhose)
    • les états inflammatoires (cf. ci-haut)
    • l’hémochromatose (surcharge en fer) congénitale ou acquise.
  3. Un véritable état ferriprive peut parfois coexister avec une maladie inflammatoire chronique (anémie mixte). Dans ce cas, le dosage de la ferritine sérique peut quand même être normal, mais il ne dépasse généralement pas une valeur de 100 microg/L.
    • En cas de doute, on peut évaluer de façon indépendante les réserves de fer au moyen d’une coloration au Bleu de Prusse sur un échantillon de moelle osseuse.
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14
Q

Quelles sont les principales manifestations cliniques de l’anémie ferriprive?

A

Les principales manifestations cliniques de l’anémie ferriprive ne se distinguent pas de celles de toute autre anémie. Elles dépendent entre autres de sa durée et de sa sévérité ainsi que de l’état général du malade.

Les textes classiques font état:

  • d’une oesophagite particulière (Plummer-Vinson),
  • d’une chéilite (perlèche),
  • d’une déformation concave des ongles (koïlonychie)
  • Tout ça dans les cas d’anémie ferriprive sévère

Toutefois, de telles manifestations sont devenues extrêmement rares de nos jours. Ce qui importe peut-être le plus du point de vue clinique est de pouvoir identifier la cause d’un état ferriprive afin d’être en mesure d’y apporter plus tard une correction adéquate.

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15
Q

Peut-on faire une anémie ferriprive par insuffisance d’apport alimentaire?

A

Chez l’adulte nord-américain moyen, sauf dans des circonstances exceptionnelles, une insuffisance d’apport alimentaire ne peut raisonnablement être mise en cause dans l’apparition d’une carence en fer. Au contraire, il faut présumer d’emblée de l’existence d’une perte de fer sous forme de saignement chronique.

  • Chez l’homme, le tube digestif est le site le plus fréquent d’un saignement occulte, d’où l’importance de l’histoire clinique et d’un examen endoscopique et radiologique complet dans le but d’identifier une lésion possible.
  • Chez la femme, l’histoire gynécologique et obstétricale prend une importance très grande car c’est généralement de ce côté qu’origine le plus souvent une perte chronique de fer. Bien entendu, la possibilité d’un saignement digestif occulte doit aussi être envisagée.

Chez le nourisson, au contraire, l’insuffisance d’apport constitue la cause la plus fréquente d’anémie ferriprive, surtout si l’enfant est né prématurément ou si son alimentation ne contient aucun supplément en fer. Il faut se souvenir qu’à cette période de la vie, la croissance de la masse érythrocytaire s’effectue à un rythme très rapide, nécessitant un apport supplémentaire de fer.

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16
Q

Quels sont les critères du diagnostic d’une anémie ferriprive?

A

Dans le cas d’une véritable carence en fer, on doit être en mesure de documenter l’ensemble des éléments suivants :

  1. Une anémie de degré variable, normocytaire au début puis devenant microcytaire et hypochrome.
  2. Un fer sérique abaissé (généralement inférieur à 10 micromol/L) et une capacité de fixation qui tend à s’élever (41 à 90 μmol/L).
    • Le pourcentage calculé de saturation de la transferrine est très souvent égal ou inférieur à 10%.
  3. Une ferritine sérique inférieure à 10 microg/L, traduisant un épuisement total des réserves de fer dans l’organisme.

Lorsque l’anémie est due à l’existence d’une condition inflammatoire, les éléments de distinction sont :

  • Une anémie d’intensité plutôt modérée (rarement moins de 90 ou 110 g/L d’hémoglobine), de morphologie normocytaire ou tout au plus légèrement microcytaire (VGM entre 75 et 85 fL);
  • Un fer sérique abaissé, mais s’accompagnant aussi d’un abaissement, à moins de 50 μmol/L, de la capacité de fixation du fer. Le pourcentage de saturation de la transferrine demeure donc la plupart du temps entre 10 et 15%;
  • Une ferritine sérique supérieure à 75 μg/L, dépassant même parfois la limite supérieure de la normale et indiquant que les réserves de fer ne sont PAS épuisées.
  • L’observation, dans le contexte décrit ci-dessus, d’une ferritine sérique entre 10 et 75 ng/mL suggère l’existence possible d’une anémie de type mixte, c’est-à-dire à la fois inflammatoire et ferriprive.
17
Q

Quel est le tx de l’anémie ferriprive?

A

Il importe en premier lieu de déterminer et de corriger si possible la cause de la carence en fer.

Le remplacement s’effectue au moyen de sulfate ou de gluconate ferreux (en comprimés ou en solution) administré par voie orale à raison de l’équivalent de 60-100 mg de fer élémentaire (300 mg de sulfate ou de fumarate), une à trois fois par jour selon la tolérance. Selon des données publiées récemment (2017), la même dose administrée une fois tous les deux jours serait plus efficace et possiblement associée à moins d’effets secondaires, notamment sur le plan digestif (constipation, irritation gastrique).

Comme le fer est principalement absorbé à la partie proximale de l’intestin grêle, il faut éviter en général les comprimés “retard” ou à enrobage entérique dont une partie importante du contenu risque de ne pas être absorbée du tout.

L’administration de fer par voie intraveineuse (fer-sucrose) n’augmente en rien la vitesse de correction de l’anémie chez les individus ayant une absorption intestinale normale. Ces préparations parentérales doivent donc être réservées pour les cas (peu fréquents) où le malade n’absorbe pas le fer (ex: gastrectomie subtotale) ou s’avère incapable de tolérer la prise de fer par voie orale.

Il est extrêmement important de vérifier après quelque temps si le malade manifeste une réponse adéquate au traitement.

  • Après 7 à 10 jours, surtout si l’anémie était sévère, on peut déjà documenter un pic de réticulocytose qui traduit la reprise de l’érythropoïèse normale.
  • Après 3 semaines de traitement, l’hémoglobine doit avoir augmenté d’un minimum de 20g/L.
  • Une correction complète de l’anémie et du VGM doit enfin pouvoir être documentée après un maximum de 6 à 8 semaines.
  • À défaut de pouvoir documenter une telle réponse au traitement, on doit se poser un certain nombre de questions :
    • Le diagnostic était-il le bon ?
    • Le malade a-t-il pris fidèlement sa médication ?
    • Persiste-t-il une source de saignement occulte ?
    • Existe-t-il un problème d’absorption ?
    • Y aurait-il une cause additionnelle d’anémie?

Une fois l’anémie corrigée, il faut toujours poursuivre si possible l’administration de fer pour une période de deux à trois mois additionnels afin de reconstituer les réserves. L’atteinte de ce dernier objectif peut alors être vérifiée par un nouveau dosage de la ferritine.

18
Q

Une déficience en B12 peut aussi causer un défaut de maturation, mais cette fois-ci du noyau. Quels sont les rôles de la vitamine B12?

A

La cyanocobalamine ou vitamine B12 joue un rôle de cofacteur essentiel à deux étapes enzymatiques importantes impliquées dans la régénération de la forme active des folates intracellulaires. Ces derniers sont eux-mêmes indispensables à la synthèse de la thymidine et de l’ADN, donc à la multiplication cellulaire.

En cas de déficience en vitamine B12, la phase S (synthèse) du cycle cellulaire normal ne peut se poursuivre et le noyau de la cellule conserve un aspect immature que l’on décrit comme mégaloblastique. Ces changements surviennent dans tous les systèmes cellulaires soumis à un taux de renouvellement élevé, tels le tissu hématopoïétique et l’épithélium des muqueuses digestive, respiratoire et génitale.

19
Q

D’où provient la vitamine B12?

A

Comme ses congénères, la vitamine B12 n’est pas synthétisée par l’organisme humain qui dépend, pour son approvisionnement, d’un apport extérieur régulier. La principale source alimentaire de cette vitamine réside dans les viandes (surtout le foie) et dans les produits laitiers.

Pour être absorbée, la vitamine doit d’abord être libérée par le pH acide de l’estomac puis être couplée au facteur intrinsèque, une substance secrétée par les cellules pariétales de la muqueuse. Le complexe ainsi formé est alors absorbé à la portion distale de l’iléon. Le transport de la vitamine B12 dans le plasma se fait par liaison spécifique avec une protéine appelée transcobalamine-II, tandis que le site principal des réserves est localisé au foie.

En l’absence totale d’apport, ces réserves suffisent à assurer l’hématopoïèse normale pendant au moins 5 ans parfois jusqu’à 10 ans.

20
Q

Quels sont les principaux mécanismes qui peuvent mener à une carence en B12?

A

Sauf chez les végétariens stricts, on peut d’emblée éliminer l’insuffisance d’apport alimentaire, aussi bien que les pertes ou consommations excessives de vitamine B12.

Le facteur qui est presque toujours en cause dans les cas de déficience est la malabsorption de la vitamine. Les principales raisons qui peuvent conduire à une malabsorption sont énumérées dans l’image ci-dessous.

21
Q

Quelles sont les manifestations cliniques d’une déficience en B12?

A
  1. Système hématopoïétique
    • Symptômes d’une anémie sévère, mais d’installation chronique;
    • Pâleur des téguments;
    • Parfois ictère discret des conjonctives;
    • Splénomégalie légère possible (10 à 20% des cas seulement)
    • Tendance hémorragique (purpura et ecchymoses surtout).
  2. Appareil digestif
    • Glossite (langue dépapillée et douloureuse);
    • Diarrhée, ou disparition d’une constipation habituelle;
    • Malaises digestifs vagues (pyrosis, perte d’appétit, etc.);
    • Achlorhydrie gastrique, même après stimulation à l’histamine.
  3. Système nerveux
    • Atteinte des cordons postérieurs:
      • ataxie,
      • signe de Romberg positif,
      • abolition de la perception des vibrations;
    • Atteinte des cordons pyramidaux latéraux:
      • faiblesse musculaire,
      • spasticité,
      • hyperréflexie,
      • signe de Babinski;
    • Neuropathie périphérique démyélinisante manifestée sous forme de paresthésies aux extrémités et d’hyporéflexie ;
    • Atteinte des fonctions cérébrales supérieures sous forme de troubles de la mémoire et du comportement pouvant parfois aller jusqu’à la démence ou la psychose.
  4. Système immunitaire (spécifique à la maladie de Biermer)
    • Présence dans le sérum de divers auto-anticorps dont ceux dirigés spécifiquement contre le facteur intrinsèque ou les cellules pariétales de l’estomac. Les anticorps antithyroïdiens sont fréquemment associés. Ces manifestations d’auto-immunité sont spécifiques à la maladie de Biermer et ne se retrouvent pas en association avec les autres causes de déficience en vitamine B12.
  5. Anomalies du sang et de la moelle osseuse
    • Anémie parfois très prononcée (hémoglobine de 40 à 50 g/L);
    • VGM de 110 fL ou plus avec macro-ovalocytes sur le frottis;
    • Pancytopénie fréquente (leucopénie et thrombopénie associées);
    • Observation de polynucléaires hypersegmentés sur le frottis;
    • Hyperplasie marquée de la lignée érythroblastique dans la moelle osseuse avec mégaloblastose caractéristique des érythroblastes;
    • Élévation très marquée de la LDH du sérum;
    • Parfois, élévation légère à modérée de la bilirubine indirecte du sérum.
22
Q

Quels sont les critères du dx de la mx de Biermer?

A
  1. Anémie macrocytaire non-régénérative ± pancytopénie;
  2. Présence d’une mégaloblastose à la ponction de moelle;
  3. Vitamine B12 sérique inférieure à 150 pmol/L en présence de folates sériques normaux;
  4. Recherche positive d’anticorps anti-facteur intrinsèque humain dans le sérum (elle est spécifique, mais peu sensible, se retrouvant positive dans 50% des cas seulement);
  5. Taux sériques augmentés d’acide méthylmalonique et d’homocystéine totale dans le sérum lorsque recherchés (optionnel);
  6. La présence de symptômes et signes neurologiques peut être observée, mais n’est pas obligatoire.
23
Q

Parmi les indicateurs utilisés pour dépister une carence en B12, on compte la concentration sérique de la vitamine B12 et la concentration sérique de l’acide méthylmalonique et de l’homocystéine.

En quoi consiste la concentration sérique en B12?

A

La concentration sérique de la vitamine B12 est dosée par une méthode dont la spécificité laisse malheureusement à désirer. La valeur normale du taux des cobalamines sériques est établie entre 150 et 750 pmol/L.

Une valeur inférieure à 150 pmol/L en présence des critères énumérés ci-dessus suggère l’existence d’une carence en vitamine B12.

On doit toujours tenir compte du fait que des valeurs faussement abaissées puissent aussi s’observer, par exemple, durant la grossesse ou la prise d’anovulants et chez les malades dont le sérum contient une paraprotéine (dans les cas de myélome multiple, par exemple).

24
Q

En quoi consiste la concentration sérique de l’acide méthylmalonique et de l’homocystéine?

A

Les cobalamines (dont la vitamine B12) servent de cofacteur essentiel au fonctionnement de deux enzymes :

  1. la méthionine synthétase
  2. la L-méthylmalonyl coenzyme-A (CoA) mutase.

Lors d’une carence en B12, le blocage métabolique engendré à ces deux étapes conduit normalement à l’accumulation en amont d’homocystéine dans le premier cas, et d’acide méthylmalonique dans le second. La mesure de la concentration de ces deux métabolites dans le sérum peut donc indirectement servir à confirmer ou à infirmer l’existence d’une carence en vitamine B12 lorsque la mesure des cobalamines sériques ne permet pas de conclure.

Les valeurs de référence habituellement citées sont :

  • pour l’acide méthylmalonique (sérum): 70 – 270 nmol/L
  • pour l’homocystéine totale (plasma) : 5 – 15 micromol/L

La valeur mesurée de ces deux métabolites est généralement élevée dans les cas documentés de carence en vitamine B12, contrairement aux cas de carence en folates où seule la concentration d’homocystéine est élevée.

25
Q

En quoi consiste le tx d’une anémie causée par une carence en vitamine B12?

A
  1. Éliminer si possible la cause de la malabsorption en traitant adéquatement toute maladie sous-jacente
    • ​​par exemple, antibiotiques dans le cas d’une anse intestinale borgne, antihelminthiques dans le cas d’une parasitose au Diphyllobotrium Latum (apparemment en recrudescence chez les amateurs de sushi) et corticostéroïdes dans le cas d’une entérite régionale.
    • Dans la maladie de Biermer, il n’existe actuellement aucun traitement capable de rétablir la sécrétion de facteur intrinsèque par l’estomac.
  2. Administrer la vitamine B12 de remplacement par voie intramusculaire ou souscutanée
    • à raison de 100 microgrammes par jour pour les premiers 10 jours (dose de charge), puis de 1000 microgrammes par mois par la suite tant que dure la malabsorption (à vie dans le cas d’une maladie de Biermer).
    • Une vérification de la réponse au traitement doit être effectuée après sept à dix jours (pic de réticulocytose) et après six semaines, durée normalement suffisante pour observer une correction complète de l’anémie et des autres cytopénies.
    • Le traitement peut aussi être réalisé par voie orale à condition d’administrer quotidiennement des doses importantes de vitamine B12 (1000 microg BID). En effet, il a été clairement démontré qu’une portion suffisante d’une telle dose peut être absorbée même en l’absence de transporteur spécifique (facteur intrinsèque). Cette approche thérapeutique, est possiblement plus coûteuse et nécessite une compliance sans faille du malade.
26
Q

Une anémie par défaut de maturation du noyau peut aussi être causée par une carence en acide folique. Quel est le rôle de l’acide folique?

A

La principale source alimentaire d’acide folique (ou ptéroyl-glutamique) se trouve dans les légumes verts et dans les levures, sous forme de polyglutamates. Ces derniers doivent d’abord être scindés en monoglutamates par les enzymes intestinaux avant d’être absorbés au jéjunum.

L’acide folique est ensuite transporté au foie qui lui sert d’organe de réserve (durée: 2 à 3 mois seulement). La forme active de la molécule est obtenue par biotransformation en deux étapes: la réduction et la méthylation. Cette dernière nécessite la présence de vitamine B12 comme cofacteur.

Le N-méthyl-tétrahydrofolate ainsi produit représente la forme active des folates intracellulaires et sert à la synthèse de la thymidine et de l’ADN. C’est pourquoi une déficience en folates, comme en vitamine B12, peut donner lieu à un défaut de maturation nucléaire sous forme de mégaloblastose dans la moelle osseuse et autres les systèmes cellulaires soumis à un taux de renouvellement élevé.

27
Q

Quels sont les mécanismes pouvant conduire à une carence en folates?

A

L‘insuffisance d’apport, contrairement au cas de la vitamine B12, constitue une cause fréquente d’anémie par déficience en folates. Elle se rencontre particulièrement chez les gens qui se nourrissent mal, comme les itinérants ou alcooliques, les grands malades hospitalisés ou certains vieillards habitant seuls. Un apport insuffisant peut également survenir chez les personnes dont les besoins quotidiens sont augmentés par certaines circonstances comme la grossesse ou une anémie hémolytique chronique associée à un taux de renouvellement érythrocytaire extrêmement élevé.

La malabsorption est une autre cause possible de déficience en folates, particulièrement dans le contexte des maladies de l’intestin grêle, comme la maladie coeliaque ou la maladie de Crohn.

Certains médicaments peuvent aussi interférer avec l’absorption ou la biotransformation des folates, aboutissant aux mêmes effets qu’une carence. Les mieux connus sont les anti-métabolites utilisés en chimiothérapie du cancer, certains anticonvulsivants comme le Dilantin, et parfois même les anovulants.

Les pertes excessives ne constituent habituellement pas une cause de carence en acide folique sauf, peut-être, chez les hémodialysés chroniques où la vitamine ingérée et absorbée franchit la membrane dialysante.

28
Q

Quelles sont les manifestations cliniques de la déficience en acide folique?

A

Les manifestations cliniques et hématologiques d’une carence en folates peuvent être exactement les mêmes que celles déjà décrites au sujet de la carence en B12.

Cependant, les manifestations neurologiques parfois observées lors d’une carence en vitamine B12 ne se retrouvent jamais chez les individus déficients en acide folique seulement.

La plupart du temps, les symptômes sont essentiellement ceux dus à l’anémie ou à la pancytopénie et se retrouvent dans un contexte de malnutrition prolongée, d’alcoolisme, de maladie intestinale chronique ou de prise de médicaments spécifiques.

29
Q

Les indicateurs spécifiques d’une carence en folates comprennent la concentration sérique des folates et la concentration sérique de l’acide méthylmalonique et de l’homocystéine. Qu’est-ce que la concentration sérique des folates?

A

La concentration sérique des folates peut être dosée de façon très fiable par méthode radio-immunométrique ou enzymo-immunométrique (ELISA).

Sa valeur normale se situe entre 4 et 22 nmol/L et toute valeur inférieure à la normale évoque l’existence probable d’une carence. Par contre, chez un individu qui vient de manger normalement après une longue période de jeûne ou de carence (ex: alcoolique récemment admis à l’hôpital), on peut observer un taux des folates sériques normal malgré la persistance d’une érythropoïèse déficiente.

30
Q

Comment sera la concentration sérique de l’acide méthylmalonique et de l’homocystéine dans un déficit en folates?

A

Seule la concentration sérique de l’homocystéine augmente (>15 micromol/L) dans les carences en folates puisque ces derniers ne sont pas impliqués dans la conversion de l’acide méthylmalonique en succinyl-CoA.

La mesure simultanée des deux métabolites mentionnée ci-dessus peut donc s’avérer d’une grande utilité lorsque les autres mesures (vitamine B12 et folates sériques) ne permettent pas de distinguer clairement entre l’une ou l’autre des deux carences (ex : abaissement simultané du taux des folates et de la vitamine B12 sériques).

31
Q

Quels sont les critères du diagnostic d’une carence en folates?

A
  1. Anémie macrocytaire non-régénérative ± pancytopénie;
  2. Présence d’une mégaloblastose à la ponction de moelle;
  3. Folates sériques habituellement inférieurs à 4 nmol/L ;
    • Retenir que le taux des folates sériques peut être normal si le patient vient de s’alimenter ;
  4. Taux sérique d’homocystéine totale >15 nmol/L en présence d’un taux sérique normal d’acide méthylmalonique.
32
Q

En quoi consiste le tx d’une carence en folates?

A

La cause de la carence doit d’abord être éliminée lorsque possible, soit :

  • par le retour à une diète normale,
  • par l’arrêt du médicament offensant,
  • par le traitement d’une entéropathie chronique.

Lorsque nécessaire, la supplémentation en acide folique se fait habituellement par voie orale avec des doses pharmacologiques de 5 mg par jour en comprimés. La réponse au traitement doit être vérifiée de la même manière que dans le cas de la vitamine B12.

33
Q

Un état ferriprive peut-il donner une anémie qui n’est pas microcytaire ?

A

Oui. C’est le stade I de l’anémie ferriprive.

34
Q

Les anémies microcytaires hypochromes sont-elles toutes dues à un état ferriprive?

A

Non. Il peut s’agir bien sûr d’un état ferriprive (fréquent), mais aussi d’une maladie inflammatoire chronique (assez fréquente), d’une thalassémie mineure (rare), ou d’une anémie sidéroblastique également appelée anémie sidéro-achrestique (rare).

35
Q

Où sont situées les réserves principales de l’organisme pour la vitamine B12 et pour l’acide folique ?

Pour ces deux vitamines, quelle est la durée normale de ces réserves ?

A

Le foie est le principal organe de stockage.

Les réserves de vitamine B12 durent 2 à 5 ans, et celles de l’acide folique 2 à 3 mois environ.