M1S4 Troubles du comportement Flashcards
• Distinguer les troubles du comportement alimentaire
A quel besoins physiologique répond la consommation alimentaire ?
Le but est de compenser les pertes énergétiques de l’organisme (développement, entretien…) par l’apport de nutriments indispensables.
Un équilibre doit se faire entre apports et consommation énergétique : le fait de trop manger ou de mal manger entraîne surpoids et obésité.
La privation entraîne la mort.
C’est donc un comportement indispensable à la vie qui doit être géré dans un équilibre constant, bien que naturellement spontané.
Comment la consommation alimentaire est elle régulée ?
Comme pour la thermorégulation, l’organisme envoie des signaux de manque ou de « trop » et l’homme va agir pour compenser l’élimination par l’alimentation.
C’est ce fonctionnement qui pousse à se procurer des aliments gras ou sucrés lorsqu’on a faim.
Comment la société influence t-elle notre consommation alimentaire ?
Sur le plan social, le culte du corps prescrit aujourd’hui des silhouettes toujours plus élancées, plus minces, voire maigres.
L’impact de l’image sur les individus et l’impression que tout est possible à la condition d’en avoir la volonté nourrissent une culpabilité et une mésestime de soi chez les personnes qui ne répondent pas à la norme du moment.
Pour compenser la sédentarité, liée aux progrès techniques de ces dernières années, les médias et les politiques de santé prescrivent l’activité physique en réponse à l’abondance alimentaire.
Les messages associés au culte du corps peuvent déclencher des abus dans le contrôle alimentaire (régimes drastiques) ou dans l’activité physique (hyperactivité), entraînant des frustrations face à des attentes inaccessibles.
Les choix alimentaires sont orientés également par des préoccupations sociétales : image du produit, soucis d’environnement, envie de se démarquer, de faire plaisir ou de ressembler à…
Pourquoi sommes nous si préoccupés par la qualité de notre alimentation aujourd’hui ?
La peur liée à l’empoisonnement à la nourriture est toujours présente : tout doit être aseptisé et à la fois « hypernaturel », sous peine de courir le risque de développer des intolérances, allergies et cancers.
Notre espérance de vie est passée de 45 à presque 84 ans, et pourtant nous avons toujours peur de mourir prématurément à cause de notre alimentation.
Pourquoi manger peut il être synonyme d’apaisement ?
Sur le plan psychique, la nourriture est source de plaisir, l’excitation sensorielle qu’elle provoque (de la salivation au dégoût) stimule le circuit neuronal de la récompense.
De plus, la mémoire sensorielle associe fréquemment souvenirs affectifs et alimentation (plat familial, goûter de l’enfance…).
La sensation de satiété et la dépense énergétique de la digestion amènent un état de plénitude souvent favorable à l’assoupissement.
Manger peut ainsi devenir synonyme d’apaisement.
Quels sont les 3 facteurs de la vulnérabilité de l’addiction ?
La vulnérabilité individuelle, le produit et l’environnement.
Les déséquilibres vont de l’abus à l’addiction, et les troubles du comportement peuvent être alimentaires.
Comment sont pris en charge les TCA ?
Désormais, les troubles des conduites ou comportements alimentaires sont pris en charge comme les addictions, à la différence près que le sevrage complet n’est pas envisageable, il faut donc en comprendre les mécanismes pour agir sur les multiples facteurs
Quels sont les arguments qui soutiennent une conception addictive des TCA ?
Les effets psychobiologiques du jeûne, souvent combinés aux effets d’une hyperactivité physique associée provoque la stimulation des systèmes opioïdes cérébraux, et plus largement de ce que l’on appelle le « circuit de récompense » ; combinaison qui représente donc une véritable toxicomanie endogène auto induite.
Enfin, à un niveau plus psychopathologique, ces comportements, avec ou sans consommation de substances psychoactives, peuvent correspondre chez ces jeunes à une tentative de contenir, à travers le recours au corps et aux sensations, ce qui leur échappe et les angoisse à de nombreux niveaux, notamment relationnel.
Définition du TCA ?
Un trouble du comportement visant à contrôler son poids et altérant de façon significative la santé physique comme l’adaptation psychosociale, sans être secondaire à une affection médicale ou à un autre trouble psychiatrique.
Les critères diagnostiques font l’objet de nombreuses discussions concernant en particulier la place des formes mineures et l’association de plusieurs troubles du comportement alimentaire.
Epidémiologie des TCA :
Il est difficile d’obtenir des statistiques sur les TCA.
Nous pouvons tout de même nous reporter à l’étude Santé et styles de vie des adolescents âgés de 16 à 20 ans en Suisse en 2002 ainsi qu’à l’étude Hospitalisations à l’adolescence de l’Office fédéral de la statistique.
On y trouve tout d’abord la proportion des adolescents qui se « sentent trop gros » : une fille sur deux et un garçon sur cinq.
Parmi eux, certains y pensent sans arrêt et voudraient maigrir (20 % des filles et 3,5 % des garçons).
En même temps, 16 % des filles et 9 % des garçons déclarent avoir des crises de compulsion alimentaire, soit en moyenne plus d’un adolescent sur 10.
De plus 2,7 % des filles et 0,7 % des garçons admettent se faire vomir au moins une fois par semaine.
Ces pensées (préoccupation du poids) et comportements mettent en évidence une problématique d’image corporelle qui peut avoir un lourd impact sur le comportement alimentaire.
Quelle est la place des troubles du comportement alimentaire (TCA) dans les hospitalisations psychiatriques ? Quels constats en tire t-on ?
On y apprend également que les TCA sont la quatrième cause d’hospitalisation en psychiatrie en Suisse pour les jeunes filles.
Premier constat : les troubles du comportement alimentaire peuvent requérir une hospitalisation.
Second constat : après un bilan somatique indispensable, l’accompagnement de ces jeunes demande un regard psychologique.
L’adolescence est une période d’instabilité psychique pouvant aboutir à des pathologies psychiatriques, souvent sous forme de crise ; cette crise restera isolée ou s’installera sous forme de pathologie à long terme.
Epidémiologie anorexie :
- une prédominance féminine (en moyenne 6 à 10 filles pour 1 garçon)
- que l’âge de survenue des troubles connaît deux pics : un à 12‑14 ans et un à 18‑20 ans
- une prévalence en moyenne de 1 % pour les adolescents
- une incidence de 1/200 pour les jeunes filles et de 1/100 000 dans la population en général
- un taux plus élevé que pour la population générale chez les apparentés au premier degré (parents et enfants) ainsi que chez les jumeaux homozygotes.
Comment à évoluer l’image de la maigreur ?
La société moderne se caractérise par l’abondance.
Auparavant, la maigreur était synonyme de famine et de maladie.
Avoir de l’embonpoint prouvait que l’on avait l’aisance financière de s’alimenter sans souci et que l’on était en bonne santé…
Aujourd’hui, la peur de la famine s’est éloignée et l’embonpoint signifie l’inconscience face à une alimentation trop riche ; la maladie guette et la vieillesse arrondit en réponse à la perte d’activité.
Il est impératif de rester jeune et de modeler son corps.
La société hypermoderne envoie des messages forts : l’élite est élancée, jeune, active et en mouvement ; l’inactivité, c’est la mort.
Comment le diktat du corps parfait influence-t-il notre rapport à l’été et aux vacances ?
L’été, le diktat du maillot de bain devient l’examen d’une année de contrôle sur son corps, les magazines du printemps proposent même un « rattrapage » de dernière minute avant les vacances pour perdre les derniers kilos en trop…
C’est la chasse à la graisse superflue, il faut être svelte.
Quel est le regard porté sur les personnes embonpoint ?
Le regard sur les personnes en embonpoint est sévère :
” c’est un mangeur inactif qui se laisse aller, une sorte d’animal non domestiqué qui ne prend pas soin de lui, personne ne veut lui ressembler. “
Chez qui les formes peuvent être tolérées ?
À la rigueur, les formes peuvent être tolérées chez les personnes plus âgées ; après avoir longtemps travaillé ou avoir eu plusieurs enfants (surtout pour la femme), les grands‑parents ont le droit d’être « enrobés », ils ont alors, dans l’imaginaire collectif, une silhouette plus propice aux câlins et marques d’affection.
Que masque la maigreur ?
La maigreur masque les formes sexuelles, pas de seins, pas de fesses, le corps redevient asexué comme au temps de l’enfance ou de la prépuberté, période qu’il est difficile de quitter face aux difficultés du quotidien de l’âge adulte.
Pourquoi les corps maigres sont ils synonyme de réussite sociale ?
Les médias mettent en valeur ce corps filiforme (maigre et allongé), les agents des mannequins vont recruter des égéries au profil particulier pour mettre sous les projecteurs des silhouettes toujours plus menues et allongées qui mettront en valeur les vêtements coupés sur mesure pour les défilés et les premières pages des magazines.
Synonymes de réussite sociale, ces corps de sylphides habillés de prêt‑à‑porter haut de gamme deviennent le modèle à atteindre pour marquer sa supériorité sociale.
Il semblerait qu’aujourd’hui même les mannequins masculins suivent ces prescriptions sociétales.
Pourquoi les adolescents sont ils particulièrement vulnérables à ces messages de “normalité” ?
Les adolescents, en recherche d’identité et de modèle, sont particulièrement vulnérables à ces messages de « normalité » sociétale.
Dans un désir de plaire, ils vont chercher à se conformer aux images (souvent retouchées) des magazines et des émissions populaires qui prescrivent l’hyper contrôle du corps. Ils y sont d’autant plus sensibles que leur silhouette se transforme et se « sexualise ».
La tentation est forte de contrôler ce corps, à défaut d’avoir prise sur l’environnement extérieur qui fait peur.
Comment débute généralement l’anorexie ?
À l’occasion d’un régime de printemps, l’adolescent va découvrir qu’il (ou elle) peut « gérer » sa prise de poids.
Certains aliments significatifs de « graisse » vont être écartés, parfois même, dans un souci d’ascétisme, les aliments « plaisir » vont être bannis pour mieux modeler le corps.
L’exercice physique peut devenir un refuge à double intérêt : vider la tête et perdre du poids.
Puis une sorte de cycle infernal s’installe, pour donner l’impression d’une aisance naturelle dans ce corps contraint, le jeune adulte va cacher son mode d’alimentation, fuyant les repas conviviaux, trop riches par définition, il va s’isoler et fuir les invitations.
Il peut se retrouver avec d’autres jeunes ayant les mêmes affinités, le plus souvent dans des réseaux virtuels (où on maîtrise l’image) ; ils s’y échangent des conseils pour obtenir les résultats espérés.
Comment la famille participe à l’installation de TCA ?
Dans la famille, nous l’avons vu, le moment du repas et l’alimentation sont porteurs de symboles et de messages.
Il n’est pas rare qu’un parent, se sentant en échec sur le contrôle de son poids, transmette des injonctions sévères à son enfant.
Le parent, inconsciemment, veut réaliser, à travers son enfant, son propre désir de perfection, et tant que cet enfant est à la maison, le parent a l’impression qu’il a tous les pouvoirs sur cet être en formation, sous sa responsabilité.
Les remarques sont subtiles (ou non) pour prescrire un contrôle sur ce qui est acceptable ou ne l’est pas.
Il n’y a qu’à regarder comment, dès leur plus jeune âge, les parents transforment les petites filles en poupées attirantes et les garçons en play‑boy de magazines, pour les concours de « mini‑miss » ou pour les grandes réunions familiales, leur interdisant alors de jouer sous peine de se salir et de ruiner tous les efforts de transformation.
Plus tard, l’adolescent ou le jeune va chercher à retrouver ce regard admiratif de ses aînés, puis de ses pairs, sur sa silhouette modelée et transformée.
Comment l’adolescent va essayer d’influencer sont entourage
Le jeune va aussi essayer d’influencer la gestion des repas familiaux pour obtenir l’orientation culinaire qui convient à son projet.
Il va réclamer plus de légumes et de produits light et repousser tout ce qui est calorique.
Il se sert alors des allégations de santé pour faire basculer son entourage dans son système de pensée.
Lorsque la famille s’inquiète, le jeune va s’évertuer (toujours inconsciemment) à amener ses proches à le considérer comme quelqu’un de particulier dont il faut s’occuper différemment, s’autorisant alors le régime spécifique qui lui est indispensable.
Comment s’effectue généralement la prise de conscience qu’il pourrait s’agir d’un TCA ?
Souvent, la famille met du temps à prendre conscience que ce qu’ils prennent pour une « tocade » de l’adolescence se transforme en maigreur.
Fréquemment, il faut un œil extérieur ou un événement (évanouissement, alerte du médecin…) pour réaliser le danger de basculement dans un comportement à risque.
Insidieusement, la famille peut devenir « codépendante » du comportement alimentaire.
Quel comportement l’adolescent aura vis à vis de l’eau ?
Progressivement, la nourriture devient symbole de prise de poids, comme une forme d’intoxication du corps.
L’eau va prendre une valeur purificatrice : elle remplit l’estomac, draine les éléments nutritifs vers l’extérieur et ainsi purifie l’organisme.
Le geste du verre ou de la bouteille d’eau portée à la bouche devient un « soin » nécessaire à la bonne santé.
La montée en force actuelle des « détoxifiants » vient renforcer le message inquiétant, toujours présent, d’un empoisonnement par la nourriture.
Quel signification aura le vomissement chez le patient souffrant d’anorexie ?
Rapidement aussi, le jeune va utiliser le vomissement comme régulateur de poids ; lorsqu’il n’a pas pu contrôler sa prise alimentaire (par faim ou par contrainte extérieure), il va se faire vomir, éliminant ainsi ce qui fait grossir.
Ce vomissement devient par la même occasion une autopunition pour avoir mangé plus que prévu.
À défaut de contrôler la faim et la nécessité de prise alimentaire, la gestion du flux alimentaire va être gérée dans son accélération pour éviter que les calories ingérées ne s’installent dans le corps.
La personne va ensuite commencer à jouer avec les diurétiques et laxatifs pour se « vider », en utilisant d’abord des aliments connus pour ces propriétés, puis des médicaments détournés de leur fonction thérapeutique.
Quelles sont les conséquences physiques et médicales des troubles du comportement alimentaire (TCA) lorsqu’ils atteignent un stade avancé ?
Les conséquences sur la santé deviennent préoccupantes et il n’est pas rare de voir des personnes très amaigries présentant des défaillances généralisées liées à la dénutrition et aux carences vitaminiques.
L’aménorrhée consécutive à la perte de poids est un des facteurs de gravité devant alerter l’entourage.
L’utilisation de diurétiques et de laxatifs va générer un désordre électrolytique pouvant entrainer des atteintes osseuses et hormonales.
Les vomissements réitérés seront à l’origine d’une usure prématurée de l’émail de la face interne des dents et d’ulcérations du tube digestif.
Qu’est ce que le CIM et le DSM ?
La classification internationale des maladies (CIM)
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM)
Sur quoi repose le diagnostique de l’anorexie mentale selon le CIM 10 ?
- Perte de poids > 15 % (ou jamais atteint ou un IMC < 17,5) prise de poids inférieure à celle qui est attendu pendant la croissance.
- La perte de poids est provoquée par le sujet par le biais d’un évitement des aliments “ qui font grossir”, fréquemment associé à au moins une des manifestations suivantes : vomissement provoqués, l’utilisation de laxatifs, une pratique excessive d’exercices physique, l’utilisation de “coupe faim” ou de diurétiques.
- Une Psychopathologie spécifique consistant en une perturbation de l’image du corps associée à l’intrusion d’une idée surinvestie : la peur de grossir. Le sujet s’impose une limite de poids inférieure à la normale, à ne pas dépasser.
- Présence d’un trouble endocrinien diffus de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique avec aménorrhée chez la femme, perte d’intérêt sexuel et impuissance chez l’homme. Le trouble peut s’accompagner d’un taux élevé d’hormone de croissance ou de cortisol, de modification du métabolisme périphérique de l’hormone thyroïdienne et d’anomalies de la sécrétion d’insuline.
- Quand le trouble débute avant la puberté, les manifestations de cette dernière sont retardées ou stoppées (arrêt de croissance ; chez les filles, absences de développement des seins et aménorrhée primaire ; chez les garçons, absence de développement des organes génitaux). Après guérison, la puberté se déroule souvent normalement; les règles n’apparaissent toute fois que tardivement.
Diagnostique différentiel de l’anorexie mentale :
Le trouble peut s’accompagner de symptômes dépressifs ou obsessionnels, ainsi que de traits de personnalité faisant évoquer un trouble de la personnalité ; dans ce cas, il est parfois difficile de décider s’il convient de porter un ou plusieurs diagnostics.
On doit exclure toutes les maladies somatiques pouvant être à l’origine d’une perte de poids chez le sujet jeune, en particulier une maladie de Crohn et les symptômes de malabsorption.