Le numérique Flashcards
Thomas S Kuhn,
La structure des révolutions scientifiques (1967)
L’essor de cette technologie s’apparente à une révolution épistémologique, analogue à la Révolution copernicienne qui a provoqué un « changement de paradigme »,
c’est-à-dire comme un bouleversement radical de la méthode d’acquisition et d’exploitation de l’ensemble des connaissances possibles.
Dominique Cardon, Les réseaux sociaux de l’Internet (2011)
le cyberespace est un formidable « laboratoire, à l’échelle planétaire, des alternatives à la démocratie représentative ». En instaurant une égalité de principe entre tous les internautes, le Web permet à tous ceux qui n’avaient pas accès à la parole publique de s’adresser potentiellement à des millions de personnes et de mobiliser les foules. Dans les sociétés autoritaires, le masque numérique permet d’échapper à la censure et aux pouvoirs de coercition des gouvernements. Internet a bouleversé l’économie du savoir en permettant son accès à l’échelle planétaire.
Digital Public Library of America, créée au début des années 2010
Cette bibliothèque virtuelle totalise déjà près de sept millions d’objets mis à la disposition du public américain et international.
Serge Tisseron,
Virtuel mon amour : penser, aimer et souffrir à l’heure d’Internet, 2011
Ces outils ont changé les habitudes.
Il qui met au jour la diversité des expériences nouvelles, comme l’accompagnement constant à distance, que le réseau Internet permet d’assurer
La machine a toujours fait peur.
Notre imaginaire est saturé depuis le 19ème siècle de machines qui deviennent plus puissantes que les humains et finissent par prendre le pas sur eux. Il s’agit en fait d’un vieux thème romantique depuis le Frankenstein de Mary Shelley (1818) et qui a continué de vivre jusque dans l’imaginaire des films comme 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de S. Kubrick. Il n’est donc pas surprenant que la question numérique produise le même effet.
Le Pass Numérique
Constatant que 17 % de la population ne maîtrisent pas convenablement les outils et services numériques, les pouvoirs publics lancent fin 2019 le Pass Numérique.
. L’INSEE considère en effet que l’illectronisme (ou illetrisme numérique) touche 17 % de la population : une personne sur six n’utilise pas Internet, une personne sur quatre ne sait pas s’informer via Internet et une personne sur cinq est incapable de communiquer sur ce réseau.
Antonio Casilli, Les Liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (2010)
L’émergence d’une sorte de « cyberautisme ».
Certains individus
se coupent du monde extérieur pour se consacrer entièrement à leur passion » en l’occurrence les jeux vidéo et la communication en ligne.
Evgueni Morozov, The Net Delusion, 2011
critique sévèrement l’optimisme aveugle que nous avons placé dans ce réseau et ses applications. Les rôles de Twitter, devenu X, et du réseau Facebook dans les révolutions arabes relèvent, tout au plus, de l’anecdote. Toutes les révolutions ont utilisé les outils technologiques mis à leur disposition pour s’organiser. Comme la révolution bolchevique de 1917 utilisa le télégraphe, l’occupation en 2011 de la place Tahrir nécessita l’aide de Twitter.
Les médias sociaux ont permis de créer une sorte de panoptique numérique qui contrecarrait la révolution
les gouvernements ont, avec Internet à la fois « gagné et perdu du pouvoir ». Ils en ont certes perdu parce que des médias tels que Wikileaks leur imposaient une transparence dans leurs actions, ou parce que les photos qui pouvaient témoigner de la répression policière font le tour du monde en quelques secondes. Mais ils en ont gagné par la surveillance qu’ils peuvent exercer sur les citoyens.
Le cyber espace ne saurait fournir la solution pour « réenchanter la démocratie ».
Il ne faut certes pas limiter l’apport d’Internet à des outils. Les structures politiques traditionnelles, les partis en tête utilisent Internet, de manière plus ou moins sophistiquée, plus ou moins interactive. Mais cet investissement ne renouvelle pas en lui-même la démocratie.
Le défi numérique soulève des questions de droit et de régulation.
En décembre 2023, le Conseil et le Parlement européens (UE) sont parvenus à un accord sur des règles harmonisées en matière d’intelligence artificielle (IA), donnant lieu à une forme de législation sur l’intelligence artificielle. Le projet de règlement a pour objectif de veiller à ce que les systèmes d’IA mis sur le marché européen et utilisés dans l’UE soient sûrs et à ce qu’ils respectent les droits fondamentaux et les valeurs de l’UE.
L’étude du Conseil d’Etat, « Intelligence artificielle et action publique : construire la confiance, servir la performance », rendu publique en 2022 témoigne de ces enjeux et d’une certaine forme d’ambivalence. Cette perception de l’IA, partagée entre besoin de protection et nécessité de progrès, se retrouve plus largement avec la société numérique.
La souveraineté numérique
Pour y répondre, ils mettent en place, selon des degrés divers, des outils de contrôle, de filtrage ou encore d’identification des internautes, au risque de porter atteinte à des principes fondamentaux.
Les difficultés
d’une part, les outils servant à traquer les criminels pourraient aussi aider des dictatures à débusquer les dissidents ; d’autre part, les sociétés démocratiques sont loin d’être protégées contre les dérives de l’utilisation de l’Internet : espionnage hors du cadre juridique, ingérence de puissances étrangères, manipulation de l’opinion en ligne, censure arbitraire. Les scandales se sont multipliés, en France, en Angleterre ou aux États-Unis, nourrissant la méfiance d’une partie des internautes à l’égard d’une régulation d’État.