La guerre Flashcards
Les Caractères, Jean de La Bruyère, 1688
« La guerre a pour elle l’Antiquité ; elle a été de tous les siècles : on l’a toujours vue remplir le monde de veuves et d’orphelins ».
Gaston Bouthoul, l’Infanticide différé, 1970
Il constate que les guerres ont un seul point commun : détruire des vies humaines.
Dans l’Infanticide différé, 1970, il soutient que la fonction fondamentale des guerres est de résorber les excédents de population, notamment dans les périodes où les épidémies, le travail des enfants ou l’infanticide « classique » ne tuent pas assez.
La seule manière d’éviter la guerre serait la planification rigoureuse des naissances, impliquant, si nécessaire, des mesures de contrainte.
Freud
Il existe des conflits au sein même des individus. Il distingue ainsi le « moi », le « ça » et le « surmoi ». Cette partition intime dégénère parfois en névrose, voire en agressivité à l’égard des tiers. Anecdote : Pendant la 1GM, Freud s’efforce de soigner des soldats victimes de ce que nous appellerions aujourd’hui des symptômes de stress post-traumatique. Il en devient encore plus pessimiste. En 1920, il introduit dans sa pensée le couple Eros-Thanathos, autrement dit l’association de l’instinct de vie et de la pulsion de mort, qui n’iraient jamais l’un sans l’autre. Freud présente la guerre comme le défoulement de la violence innée que la civilisation réprimait auparavant. Il prêche donc une forme de répression sociale, seule susceptible de garantir la paix.
Gunnar Heinsohn
D’après ses calculs, quand le taux de fertilité d’un pays est supérieur à quatre enfants par femme, soit en moyenne plus de deux fils par femme, il existe de très fortes chances pour que surviennent des conflits internes ou externes 20 à 30 ans plus tard. En effet, le troisième et quatrième fils, qui ne trouvent aucune place valorisante dans la société extériorisent leur énergie hormonale dans la compétition politique ou religieuse. Les pays en pleine transition démographique seraient les plus agressifs. Ce fut le cas de la France lors des guerres de la Révolution et de l’Empire ou de l’Allemagne, dont la population avait crû d’un tiers au cours des 20 ans précédent la 1GM.
Paix et guerre entre les nations, Raymond Aron, 1962
Le système international est constitué d’ « unités politiques » indépendantes, dont chacune « aspire à survivre », ce qui la conduit le plus souvent à vouloir s’étendre au détriment des autres. En l’absence d’un arbitre transcendant, la guerre est inévitable, pour occuper des territoires et contrôler des populations, qui sont source de richesse, mais aussi pour imposer des idées, par exemple religieuse.
Principes de la philosophie du droit, Hegel, 1821
« La guerre préserve la santé morale des peuples ». De même que les vents animent la mer et lui évitent de devenir un lac ennuyeux, la guerre empêcheraient l’homme de sombrer dans la paresse.
Thucydide, La Guerre du Péloponnèse
En 416 avant notre ère, les Athéniens envoient une expédition contre la petite île de Mélos, une ancienne colonie de Sparte qui est restée neutre et qui refuse de rejoindre leur coalition. Reçus par les dirigeants de Mélos, les ambassadeurs athéniens reconnaissent qu’ils se livrent à une agression face à une citée neutre, mais ils se justifient par les lois de la nécessité, sinon par le droit du plus fort. Ils ajoutent que, s’ils respectaient la neutralité de Mélos, ils donneraient une preuve de faiblesse à leurs sujets. C’est l’expression de la dynamique de l’impérialisme, qui oblige les puissances autoritaires à toujours s’étendre pour ne pas s’effondrer. Ils concluent que les Méliens n’ont à choisir qu’entre la soumission et la destruction. Ils refusent de se soumettre au motif qu’ils seraient lâches de ne pas lutter pour leur liberté. Ils affirment que la fortune leur sourira, car les dieux favorisent ceux qui sont justes. Ils pensent que les spartiates les secourront, parce qu’ils sont leurs parents et qu’ils voudront défendre leur honneur. Les athéniens répliquent que « les dieux règnent là où ils en ont la possibilité ». Il existe déjà une forme d’agnosticisme, sinon d’athéisme, dans la Grèce classique – et que les Spartiates ne suivront que leur propre intérêt. Les Athéniens assiègent Mélos. Sparte n’envoie aucune aide. Les Athéniens « égorgèrent tous les hommes en âge de porter les armes, réduisirent les femmes et les enfants en esclavage et envoyèrent plus tard cinq cents de leurs colons pour occuper la place ». Ce récit et les arguments des ambassadeurs ont fait couler beaucoup d’encre.
La guerre du Péloponnèse : Thucydide écrit que « la cause véritable, mais non avouée, en fut (…) la puissance à laquelle les Athéniens étaient parvenus et la crainte qu’ils inspiraient aux Lacédémoniens ». Cette analyse a donné naissance à un concept en géopolitique : Le « piège de Thucydide », forgé par le politologue américain Graham T. Allison et appliqué aujourd’hui aux relations entre la Chine, puissance montante, et les Etats-Unis, puissance inquiète et en déclin relatif.
La Guerre, Otto Dix
triptyque qui exprime toute l’horreur de la Grande Guerre, à laquelle il a participé et dont il est revenu traumatisé.
Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n’aura pas lieu, 1935
Les efforts désespérés d’Hector et d’Ulysse pour maintenir la paix sont contrecarrés successivement par la malchance, par les instincts libidineux de de divers personnages et par la sottise des chefs du Sénat troyen.
Jean de La Fontaine « Le Cheval s’étant vengé du cerf »
Ayant « eu différend » avec « un cerf plein de vitesse », le cheval convainc l’homme de l’aider à se venger. Il est équipé d’une selle et, monté par son cavalier, il rattrape le cerf et provoque sa mort. C’est en quelque sorte l’invention de la chasse à courre. Le cheval veut alors retourner à l’état sauvage. Mais l’homme ne l’entend point ainsi :
o “Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
o C’est l’acheter trop cher que l’acheter d’un bien
o Sans qui les autres ne sont rien ».
De la Grande Guerre au totalitarisme, La Brutalisation des sociétés européennes, 1990, George Mosse
Il développe le concept de « brutalisation » des sociétés. Selon lui, la banalisation de la violence extrême et la sacralisation du mythe de la guerre, au cours de la 1GM, auraient rendu possible la violence totalitaire et, par prolongement, le génocide juif.
Théorie de la guerre juste
(Saint augustin et Saint Thomas d’Aquin)
Le jus ad bellum ou droit de la guerre : Le recours à la guerre peut être qualifié de juste quand il résulte de l’application de 6 préceptes :
o La guerre doit être faite pour une juste cause ;
o Seule l’autorité légitime c’est-à-dire dire l’Etat, peut décider de la guerre.
o La force doit être utilisée en dernier recours, après l’échec de toutes les autres tentatives.
o La guerre doit être menée avec de bonnes intentions.
o La guerre doit être engagée seulement s’il y a une chance raisonnable de succès.
o La guerre doit respecter un principe de proportionnalité : ses bienfaits attendus doivent être supérieurs aux maux qu’elle causera inévitablement.
Le jus in bello ou droit dans la guerre : Une fois que la guerre est décidée, il faut respecter deux principes essentiels :
o La discrimination : les soldats doivent distinguer entre combattants et non combattants.
o La proportionnalité : Les moyens militaires doivent être ajustés aux objectifs.
Projet de paix perpétuelle, Emmanuel Kant, 1795
Paru au moment des guerres de la Révolution française.
Première section ; est consacrée à une critique de Machiavel. Pour Kant, la paix passe par le droit et par la liberté des individus. Il propose donc de faire disparaitre les armées permanentes, soupçonnées de pousser à la guerre, d’interdire toute ingérence dans les affaires des États étrangers et de limiter les méthodes guerrières (recours aux assassins, empoisonneurs et traîtres, susceptibles de rendre impossible la confiance dans une paix future.
Deuxième section : Il place ses espoirs dans l’établissement, au sein des États, d’institutions démocratiques permettant aux citoyens, et non plus seulement aux principes, de décider de la guerre.
Au XIX -ème siècle, le droit international public encadre progressivement la guerre
- Un Souvenir de Soldérino, Henry Dunant : A la fin de l’ouvrage, il propose que chaque pays mette sur pied une société de secours aux blessés et réclame la réunion d’un congrès international sur ce thème. La première réunion a lieu en 1863, et la Convention pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans les armées de campagne est signée à Genève l’année suivante. Les sociétés de secours aux blessés commencent à voir le jour dans divers pays et, en 1880, le Comité prend le nom de Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
- Les conventions de la Haye de 1899 et de 1907, elles-mêmes complétées par les conventions de Genève de 1928 et 1949, font apparaître la notion de crimes de guerre.
- Après 1945 : Le travail du droit international public humanitaire se poursuit. Conventions sur l’interdiction des mines antipersonnel, des lasers aveuglants, des armes à sous-munitions. Aujourd’hui, les négociations portent sur les robots tueurs ou les systèmes d’armes létales autonomes (SALA), qui permettront, dans un futur proche, de sélectionner et d’éliminer des cibles sans aucune intervention humaine, grâce, si l’on peut dire, à l’intelligence artificielle.
- La justice pénale internationale connaît des développements spectaculaires depuis que le Statut de Rome, signé en 1998 et entré en vigueur en 2002, a institué la CPI de La Haye. En 2022, sur les 193 Etats membres des Nations unies, 123 acceptent la compétence de cette juridiction.
Les guerres asymétriques sont de plus en plus difficiles à gagner
Depuis la guerre du Viet Nam, toutes les grandes armées ont perdu les guerres asymétriques (c’est-à-dire menées par des forces régulières contre une troupe irrégulière) dans lesquelles elles s’étaient engagées.
Ex : A Falloudja, en 2004, les troupes américaines, pourtant équipées des armes les plus modernes, ont été défaites par les insurgés irakiens. Cette bataille est désormais enseignée dans les écoles de guerre.