L'idée européenne Flashcards
Selon Jean-Claude Juncker
L’Union européenne est affectée par une polycrise, elle souffre de multiples tensions qui mettent sa cohésion à l’épreuve : crise grecque, menaces de la zone euro, Brexit, crise des migrants, ingérences russes, indépendantismes régionaux, montée des populismes.
Deux origines possibles au mot Europe
chacun peut lire, soit « celle qui voit au loin » (de Europè > celle qui a de grands yeux), soit « la région du déclin » (du terme phénicien Ereb > pays du soleil couchant), selon son degré d’adhésion à la construction européenne.
Terme d’Europe est indissociable d’une légende
rapt par Zeus de Europe (fille du roi Phénicie Agénor), suivi d’un viol et d’un abandon fait mauvais genre compte tenu des valeurs féministes et démocratiques affichées par l’UE. D’autant que Zeus utilise une ruse pour la séduire, il apparaît sous la forme d’un taureau blanc.
Il existe des sous-ensembles en Europe
mais surtout une vraie coupure entre l’est et l’ouest du continent. Czeslaw Milosz, prix Nobel de la littérature en 1980 parlait de « l’autre Europe » pour désigner l’Europe de l’Est.
Les moments historiques de l’Europe
L’empire romain couvrait 15 des États de l’UE actuelle. Ensuite, la chrétienté se forme autour de l’empire carolingien à la fin du 8e siècle. Charlemagne se veut le successeur de l’empire romain d’Occident et le « chef vénérable de l’Europe ». Napoléon aurait déclaré le jour de son sacre qu’il succèderait à Charlemagne. De 1814 à 1914, l’empire Ottoman est appelé « l’homme malade de l’Europe ». Au 20e siècle, les dernières tentatives impériales échouent en Europe, notamment la propagande Nazi qui prétendait construire « l’Europe nouvelle ».
Ni la langue, ni l’ethnie, ni la religion, ni la civilisation ne permettant de fonder véritablement l’identité européenne
Langue : Les 49 États européens de la grande Europe compte 35 langues officielles, enrichient de 225 langues secondaires.
Ethnie : Toutes les tentatives anthropologiques menées au 19e siècle pour définir ou reconstituer un type européen idéal ont échoué.
Religion : n’est plus en mesure d’unir les Européens. Si l’Europe s’est longtemps confondue avec la chrétienté, le continent compte désormais d’importantes populations musulmanes, notamment en raison de l’immigration. De plus, à partir de Lumières, les européens se sont largement détournés des Églises.
« Esprit européen » : difficile à identifier. L’Europe se définirait pas sa dimension prométhéenne, sa propension à dominer et transformer la nature. Les vagues de mondialisation lancées par l’Europe ont suscitées de nombreux rivaux. Or, ce serait aujourd’hui les EU et la Chine qui incarneraient le mieux le projet prométhéen dans ses dimensions techniques et capitalistes. Ainsi, l’Europe serait en retard, quelque peu sortie de l’histoire. L’Europe ne serait plus européenne ?
A l’époque moderne
un courant pacifiste se développe afin de mettre un terme aux conflits incessants qui déchiraient l’Europe. Kant propose dans son traité de paix perpétuelle d’instituer en Europe un arbitrage permanant et institutionnalisé sans remettre en cause la souveraineté des États (précurseurs du DIP). Cependant, personne ne songe à l’unification du continent car l’Europe est trop puissante encore, même divisés les États européens sont perçus comme puissants.
Au XXe siècle
Après la 1GM, l’Europe est en déclin. Aristide Briand, en 1929, propose « une sorte de lien fédéral entre les peuples d’Europe ». Cependant, il est reproché au projet français de : faire concurrence avec la SDN ainsi que de lui nuire, structure envisagée trop lourde, priorité du politique l’économique. Toutefois, le projet d’Aristide Briand va ressurgir après 1945 dans une Europe encore plus ruinée. L’unification du continent s’opère de façon très pragmatique à partir d’intérêts économiques communs, et non à partir d’un « esprit européen ». La démarche de Robert Schuman vise une intégration progressive par l’économie et le droit, portée par la réconciliation franco-allemande.
Bilan de la construction européenne
1) L’intégration européenne a permis la réconciliation des peuples. 2) La construction européenne a apporté la prospérité aux Européens. 3) Nombre de pays veulent la rejoindre pour des raisons peu avouables.
Les peuples tendent à se détourner de l’idéal proposé par l’UE
1) Tournant au début des années 2000 : abandon du projet de constitution européenne avec le référendum français de 2005 = recul du projet fédéraliste même si l’essentiel du texte a été reprise par la voie parlementaire (critiques sur le caractère antidémocratique de l’UE).
2) Les partis eurosceptiques ou europhobes ont le vent en poupe.
3) L’Europe est perçue comme une construction technocratique : son fonctionnement ne serait pas suffisamment démocratique. Les souverainistes lui reprochent de vouloir tuer les nations et déraciner les individus.
4) Certains crises ont paru menacer l’existence même de la construction européenne : L’euro a failli disparaitre lors de la crise grecque de 2015 par exemple.
5) De nombreux auteurs soulignent le fait que l’UE accroit les avantages comparatifs de ses membres : elle fonctionnerait en faveur de l’Allemagne dont les excédents commerciaux ne cessent d’augmenter, et au détriment des pays méditerranéens dont les industries ont considérablement régressé.
Marcel Gauchet, Comprendre le malheur français, 2016
Le projet voulu et porté par la France se serait retourné contre elle à partir du Traité de Maastricht. Tous les efforts français n’auraient abouti qu’à la constitution d’une Europe allemande, sur le plan économique mais aussi sur le plan du droit et des idées (le fédéralisme, la primauté des juges, le renoncement à la puissance l’auraient emporté).
Sur la scène mondiale, l’Europe n’est pas parvenue à s’imposer comme puissance :
La régulation de la mondialisation se fait au sein du G8.
Le dollar reste la monnaie de référence.
L’Europe militaire reste embryonnaire.
Dans les crises internationales, influence des EU : En 2003, une bonne partie des pays européens ont soutenu l’intervention américaine de l’Irak alors que la France et l’Allemagne y étaient opposés.
Les pays membres de l’UE n’ont pas toujours la même vision de la finalité de l’UE
Chacun défend ses propres intérêts : En 2015, l’Allemagne a décidé de son propre chef d’accueillir de nombreux migrants venus du Proche-Orient.
Les États européens continues d’être classés en comparant leur PIB.
Les négociations commerciales ne sont pas toujours satisfaisantes.
Crise sanitaire : fermeture des frontières, chacun réserve son propre matériel médical (mantra « l’union fait la force » peine à convaincre).
La Puissance et la Faiblesse. Les Etats-Unis et l’Europe dans le nouvel ordre mondial, Robert Kagan, 2003
Les américains vivent sur « Mars » et les européens sur « Vénus ». Les américains restent attachés à une « vision hobbesienne » de l’histoire, marquée par les conflits entre les nations. Tandis que les européens seraient dans un « paradis post-historique » où règnerait la paix perpétuelle pensée par Kant. L’Europe aurait abandonné le réalisme politique, responsable selon des conflits mondiaux, au profit d’une vision moraliste de la politique internationale. Cependant, c’est l’intervention militaire des EU c/ l’Allemagne Nazi, puis face aux soviétiques, qui a permis aux États européens de croire qu’ils vivaient dans un tel paradis post-historique.
Les citoyens européens n’ont pas développé l’affectio societatis
c’est-à-dire la volonté de s’associer. 1) Les nations n’ont pas disparues, elles demeurent un cadre d’identification. 2) Retour des symboles nationaux après les attentats de 2015. 3) Les tentatives de repères culturels n’ont pas fonctionnés (ode à la joie, 9 mai, passeport européen, etc.).