Le Malade Imaginaire Flashcards
LES PROCEDES COMIQUES
Comique visuel
Immédiatement perceptible lors d’une représentation, ce comique visuel doit être retranscrit en pensée lors d’une lecture. Hérité de la farce et de la commedia dell’arte -théâtre populaire dont les acteurs étaient souvent des gymnastes ou des acrobates-, il comprend le comique de gestes, les gags et les sketches ainsi que les déguisements.
Comique de gestes
= cavalcades (courses) ; algarades (querelle) ; bastonnade (coup de bâton).
- A deux reprises Argan se précipite aux toilettes (I,3 et III,1)
- En colère, il court après Toinette “autour de sa chaise, un bâton à la main” (I, 5)
- Une bataille d’oreillers s’engage entre eux, Toinette les mettant “rudement” sur la tête d’Argan, qui les lui rejette à la figure (I, 6)
- Argan menace du fouet Louison si elle ne lui dit pas toute la vérité (II, 8)
- Dans le premier intermède, Polichinelle donne à Toinette tourne à l’affrontement avec les Archers.
Gages et sketches
- Comme Argan demande à Toinette de parler plus bas afin de ne pas lui “ébranler le cerveau”, celle-ci recourt au mime et feint de parler (II, 2)
- Pour échapper au fouet, Louison “contrefait la morte” (II, 8)
- Pour tester les réactions de son épouse Béline et de sa fille Angélique, Argan fait de même (III, 11)
- Le second intermède est un numéro de foire où des danseurs habillés en Mores, font sauter des singes.
Déguisements
- Cléante devient maître de musique, si bien déguisé que Toinette ne le reconnait pas de prime abord (II, 1)
- Toinette endosse un habit de médecin, càd qu’elle porte une longue toge noir avec un rabat blanc et un chapeau plus ou moins pointu (III, 8-10)
- Ces 2 déguisements ont pour but de tromper Argan, qui tombe à chaque fois dans le panneau et qui suscité ainsi le rire du spectateur.
Jeux du langage
Dans une comédie, le langage est la source naturelle du comique : la fabrication des noms propres, l’utilisation de certains mots et des formules bien assénées en sont les diverses expressions.
Comique des noms propres
Molière affuble ses médecins de patronymes aussi ridicules qu’expressifs.
- Le grand prescripteur de lavement est le docteur Purgon, nom fabriqué sur le mot “purge”
- Chargé de les administrer, l’apothicaire s’appelle Fleurant, d’après le verbe “fleurer”, sentir.
- Diafoirus est construit sur le mot “foire”, synonyme de diarrhée.
- Quant à Béline, qui ne cesse d’appeler son mari “fils” ou son “petit ami”, nom dérive de “bélin”, un mouton, elle est celle qui bêle.
Le comique de mots
- Le galimatias scientifique et latin dont se servent les Diafoirus père et fils fait sourire, parce qu’il recouvre de mots savants leur incompétence et qu’il est donc une imposture. En voici des exemples : “parenchyme splénique” et “méats cholidoques” (II, 6)
- Toinette use du comique de répétition en attribuant toutes les maladies au poumon : “Le poumon, le poumon, vous dis-je” (III, 10)
- La stichomythie crée également un effet comique, comme dans la querelle entre Toinette et Argan (I, 5)
- Cacophonie produit le même résultat quand par exemple, Argan et Diafoirus parlent, s’interrompent et se reparlent en même temps (II, 5)
- Jeu de mots ou formule touche parfois au comique de l’absurde : “Combien est-ce qu’il faut mettre de grains de sel dans un oeuf ?” (II, 6)
Des formules ironiques, lestes et spirituelles
- Railleuse, Toinette use souvent de l’ironie “Vivent les collèges d’où l’on sort si habile homme!” (II,5), s’exclame-t-elle pour se moquer de Thomas Diafoirus, ou encore : “Il y en a qui donnent la comédie à leurs maîtres ; mais donner une dissection est quelque chose de plus galant.” (II, 5)
- Béralde sait lui aussi être ironique quand, par exemple, il lance l’apothicaire préposé au lavement : “On voit bien que vous n’avez pas accoutumés à parler à des visages” (III, 4)
- Certaines formules sot enfin plaisantes comme, par exemple, “vache à lait” (I, 2) ou “les grimaces d’amour ressemblent fort à la vérité ; et j’ ai vu de grands comédiens là-dessus” (I, 4)
La prédominance du ridicule
1- Le comique de situation
Comme son nom l’indique, celui-ci ne naît pas de ce que fait ou dit un personnage mais dans la situation dans laquelle il se trouve.
- C’est le cas du quiproquo, dont est victime Angélique. Son père lui vante les qualités de son futur mari en qui celle-ci croit reconnaître Cléante alors qu’il s’agit en réalité de Thomas Diafoirus (I, 5).
- Ce dernier n’est pas la victime mais l’auteur d’un autre quiproquo : il prend sa future femme pour sa belle-mère (II, 5).
- Leçon de musique que Cléante donne à Angélique est une déclaration d’amour déguisée faite au nez et à la barbe d’Argan qui met longtemps à réagir (II, 5)
- La scène de préparation de Thomas Diafoirus à Angélique parodie la scène de la première rencontre souvent décrite dans les romans (II, 5).
Comique de moeurs
Il réside essentiellement dans la satire des médecins. Les Diafoirus sont stupides et s’enorgueillissent d’être obstinément hostiles à toute idée de progrès.
- La consultation que Toinette, déguisée en médecin, donne à Argan, verse dans le burlesque qui rejaillit sur toutes les consultations :
“Voilà un bras que je me ferais couper tout à l’heure, si j’étais que de vous […]. Vous avez là aussi un oeil droit que je me ferais couper, si j’étais en votre place.”
- Attaqué par Argan, pour trop ridiculiser la médecine, et défendu par Béralde, Molière, qui jouait Argan, devient une sorte de personnage de sa propre pièce. (III, 3)
Comique de caractère
C’est la forme la plus élaborée du comique. Il procède d’un décalage constant entre la manie ou la folie d’un personnage et l’usage, la norme sociale habituellement admise. Argan est ainsi un personnage profondément comique, non parce qu’il serait malade mais parce qu’il ne l’est qu’en imagination. Il appartient à la catégorie des extravagants, comme on disait au XVIIe siècle. Aucun des personnages sensées qui l’entourent, Toinette et Béralde, ne le prend au sérieux.
- De son côté, Thomas Diafoirus se distingue de son père par un surcroit de bêtise. Comme le précise la didascalie qui en fait le portrait, c’est “un grand benêt, nouvellement sorti des Ecoles, et qui fait toutes choses de mauvaises grâces et à contretemps” (II, 5).