Mes References Flashcards

1
Q

Frédéric Rouvillois, le gouvernement des juges (2023)

A

Il explore la notion de «gouvernement des juges», qui désigne la montée en puissance du pouvoir Judiciaire dans le champ politique et notamment à travers le contrôle de constitutionnalité des lois. L’auteur retrace l’origine de ce concept aux États-Unis avec l’arrêt Marbury versus Madison (1803), qui a institué le « judicial review».

Rouvillois mets en parallèle la situation française, ou l’idée d’un gouvernement des juges a été rejetée au nom de la souveraineté parlementaire, avant que le conseil constitutionnel ne s’affirme comme acteur politique depuis la décision liberté d’association du 16 juillet 1971.
Mythe mobilisateur, reflet les tensions entre l’État de Droit et la souveraineté populaire .

Actualité : Plusieurs dirigeants politiques l’utilisent aujourd’hui, après le réquisitoire demandant cinq ans d’inéligibilité à l’encontre de Marine Le Pen dans le procès des assistants FN au parlement européen. Pour l’essayiste américain Fareed Zakaria, cette conception minimaliste de la démocratie a un nom : l’illibéralisme

Invoquée lorsque des magistrats condamnent des responsables politiques, l’expression « gouvernement des juges » vient de fêter ses 100 ans. Elle apparaît pour la première fois en 1921, dans le titre d’un ouvrage d’Edouard Lambert (1866-1947) consacré au rôle déterminant joué, aux Etats-Unis, par la Cour suprême.

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2
Q

Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli

A

Il défend plus qu’un devoir de mémoire, un «travail d’histoire» visant à promouvoir une approche plus objective de la commémoration du passé, orienter vers le dépassement des différents passés par la rationalisation, dans le cadre d’un processus évolutif de deuil et tourné vers la restauration de la cohésion sociale.

La finalité = fédérer les citoyens autour de projet commun.

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3
Q

Henry Rousso, Face au passé

A

La frénésie commémorative empêche la poursuite du processus de deuil, nécessaire au dépassement des tensions et différentes du passé.
= multiplication des lois mémorielles et des journées commémoratives

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4
Q

Sébastien Ledoux, Le devoir de mémoire

A

La consécration du devoir de mémoire peut, en cas de surexploitation, être à l’origine de deux dérives, détournant les politiques mémorielles de leurs objectifs :

  • l’approche morale du passé, orienter vers la commémoration des victimes peut conduire à la revendication d’identité collective nuisant à la construction d’une conscience collective
  • l’investissement excessif de l’État dans les politiques mémorielles pourrait empêcher de dépasser les différents du passé
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5
Q

Citation d’Ernest Renan, Qu’est ce qu’une Nation?

A

«la nation est un résultat historique»

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6
Q

Max Weber, Économie et société (concernant l’autorité politique)

A

“L’autorité, c’est la capacité de faire accepter à autrui une décision, même contre sa volonté.”

Max Weber analyse l’autorité politique à travers trois types principaux de légitimité :
- L’autorité traditionnelle, fondée sur les coutumes et les pratiques ancestrales ;
- L’autorité charismatique, qui repose sur la dévotion envers un leader exceptionnel ;
- L’autorité rationnelle-légale, caractéristique des sociétés modernes et des bureaucraties, où la légitimité de l’autorité repose sur des normes juridiques et des règles établies.

Weber soutient que l’État moderne est principalement fondé sur cette dernière forme d’autorité, où les individus obéissent non pas à un individu ou une tradition, mais à des règles impersonnelles et légales. Cette analyse permet de comprendre comment l’autorité politique s’exerce et devient légitime dans différentes configurations sociales et historiques.

Le fondement traditionnel de l’autorité politique est à l’origine de la légitimité du pouvoir royal sous l’ancien régime, à l’image des dynastie capétiennes et des bourbon. La commémoration du passé s’inscrivait alors dans un impératif de légitimation du pouvoir royal, en rappelant ses origines glorieuses.

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7
Q

Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, 1995

A

Le renforcement des mécanismes de démocratie directe comme le référendum et le débat public ou les budgets participatifs est à même d’améliorer le sentiment d’implication des citoyens.

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8
Q

Gérald Bronner, La démocratie des crédules 2015

A

La vision que l’on a de l’opinion publique est faussée par le fait que les réseaux sociaux, l’algorithme, est tel que l’avis du spécialiste vaut autant que celui du profane, ce qui incite le premier à quitter cette espace.
Par conséquent, des robots qui publie une opinion avec des centaines de comptes peuvent laisser croire que l’opinion publique penche de telles ou telles côté, sans que cela ne soit le cas.

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9
Q

Gilles Lipovetsky, l’ère du vide 1983

A

Avec l’avènement de la société contemporaine, hypermoderne, émerge une nouvelle morale, qu’il qualifie “d’égoïste et indolore” en ce qu’elle conduit l’individu à refuser tout sacrifice au profit de son épanouissement personnel. En témoigne la Déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet 1776 qui consacre le droit à la poursuite du bonheur en tant que DF de l’individu.

L’individualisme démocratique contre lequel Tocqueville mettait la démocratie libérale en garde, à atteint des niveaux qui rendent extrêmement difficile l’émergence de passions communes.

Propre au caractère humain, l’égoïsme s’est développé dans la société moderne en raison de l’individualisme et de l’affirmation selon laquelle la primauté du bonheur et de l’intérêt
personnels l’emporte sur le bien commun comme l’ont montré différents sociologues

En effet, toute passion individuelle est désormais légitime à être portée sur la place publique comme l’explique Gilles Lipovetsky dans l’ère du vide. Or, ces opinions sont extrêmement revendicatives et remettent en cause la légitimité de l’État dans sa mission de réaliser l’intérêt général.

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10
Q

Abraham Lincoln, 16 eme President des États Unis, lors de son discours à Gettysburg le 19 novembre 1863

A

«gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple» repris par la constitution du 4 octobre 1958, la démocratie ne peut être pensée sans l’opinion publique et populaire. Cependant celle-ci a été rationalisée par l’instauration de mandat représentatif et des processus de délégation à des institutions indépendantes.

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11
Q

Sieyès, mandat impératif, et Rousseau (Le contrat social 1762)

A

À la suite des travaux de siéyès, la, DDHC 1789 et l’article 27 de la constitution de 1958, déclarent que tout mandat impératif est nul alors même que certains philosophes des lumières, comme Rousseau, dans le contrat social de 1762, considéraient qu’il s’agissait d’une condition impérative à tout système démocratique. Cependant, le mandat représentatif s’est imposé car il permet de stabiliser les choix réalisés par le peuple.

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12
Q

Platon, La république, concernant l’opinion publique

A

Platon insiste sur le danger de l’opinion publique, en rappelant la condamnation à mort injuste de Socrate

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13
Q

Victor Hugo, actes et paroles

A

«l’égoïsme social est un commencement de sépulcre»

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14
Q

La loi Hirsch de 2010

A

Cette loi a créé le service civique qui est un exemple de politique publique s’attachant à encourager l’épanouissement individuel dans le service de l’intérêt général.

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15
Q

Marcel gauchet, comprendre le malheur français, 2016

A

Il déplore l’oubli contemporain des obligations du citoyen au profit des seuls, droits de l’homme.

Selon lui, la société moderne s’est progressivement centrée sur les droits individuels, notamment les droits de l’Homme, en mettant de côté les responsabilités et obligations collectives. Il considère que cette évolution a affaibli le lien social et la cohésion communautaire, en privilégiant une vision atomisée de l’individu plutôt qu’une conception plus collective et solidaire de la citoyenneté. Pour Gauchet, cette déséquilibre conduit à une perte de repères et à un affaiblissement de la démocratie, qui repose sur des obligations réciproques entre les citoyens et la société.

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16
Q

Dominique Schnapper, l’Esprit démocratique des lois, 2014

A

Le renforcement des préoccupations individuelles favorise la multiplication des revendications personnelles. Cette «révolution» est un symptôme de l’évolution de nos démocraties contemporaines, qui courent le risque de l’égalité extrême.
Ainsi, la multiplication des revendications du droit au bonheur individuel et patente, et il appartient à l’état d’y satisfaire, notamment par l’octroi de nouveaux droits aux citoyens

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17
Q

Pierre Rosanvallon, l’Etat en France de 1789 à nos jours, 1990

A

Il analyse la mutation de l’État français depuis la révolution française, en insistant sur son rôle structurant dans la société. Il montre comment, après la révolution française, l’État devient «instituteur du social» en assurant la mission de structurer et encadrer les liens sociaux.

Progressivement avec les crises économiques et sociales du XXe siècle, cette fonction évolue vers celle d’un État-providence, garant de la redistribution des richesses et de la protection sociale des citoyens, ce qui illustre le passage d’un état organisateur à un état protecteur, marquant une nouvelle étape dans le contrat social entre gouvernants et gouvernés.

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18
Q

Le Léviathan, Hobbes, avril 1651

A

“La crainte de la punition est la base de l’autorité.”

L’état de nature, s’il est une vue de l’esprit, exprime l’incapacité des êtres humains à s’entendre en l’absence de tiers, dont le rôle est de mettre un terme à la guerre de tout contre tous.
La puissance publique est cette force surplombante, sans laquelle la coexistence Pacifique des intérêts privés serait impossible. En pratique, l’État est donc souvent conduit à méconnaître le bonheur des citoyens au nom de l’intérêt général.

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19
Q

Hannah Arendt, Condition de l’Homme moderne, 1958

A

Elle rappelle que la politique doit être action, et que vivre dans une polis signifie que «toute décision se prend par la parole et la persuasion» et non par la violence et la force.

Elle décrit la modernité comme correspondant à la société de masse, de consommation. En ce sens, elle critique l’essor du social et de l’économique et dénonce la disparition de la sphère publique au profil de la sphère privée.

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20
Q

Vanessa Springora, Le consentement, 2020

A

«Pour prendre le chasseur à son propre piège, il faut l’enfermer dans un livre»

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21
Q

Karl Marx, Le capital 1867

A

Il réfute l’existence d’un consentement des salariés et ouvriers dans le capital, arguant au contraire, d’un rapport de domination de la classe bourgeoise, qui détient les moyens de production, et corrélativement, la soumission de la classe ouvrière dont le consentement se verrait, contraint par des nécessités alimentaires.

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22
Q

Roman de Nicolas Mathieu, leurs enfants après eux, 2018

A

Il montre la difficulté de la solidarité entre génération dans une société marquée par le déclin économique. Les parents, souvent désillusionnés , soutiennent leurs enfants, tout en peinant à comprendre leurs aspirations. Ce roman explore les tensions et incompréhensions familiales, tout en révélant le poids des héritages sociaux sur les trajectoires individuelles.

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23
Q

Simone Veil, une vie, 2007

A

Elle témoigne des répercussions antisémites en France avec sa désertion, dès 1941, les juifs sont éloignés de l’enseignement alors que l’école est le vecteur privilégié de diffusion de valeur et de maintien du lien social.

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24
Q

Marcel Plagnol, l’eau des collines, 1962
Composé de «Jean de florette» tome 1 + «Manon des sources» tome 2

A

Il met en exergue le rôle des hussards noir dans la promotion des valeurs universelles. En effet, il esquisse le passage de l’église à l’école par la transmission de telles valeurs. Ainsi, ce n’est plus le curé, mais l’instituteur qui vient en aide à Manon, après que les villageois aient tari la source d’eau du domaine de son père, la conduisant à la mort. Finalement, l’État est capable de mettre en place des mécanismes visant à protéger les valeurs universelles.

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25
Victor Hugo, le dernier jour d’un condamné, Fevrier, 1829
Hugo se livre à un véritable plaidoyer contre la peine de mort. François Mitterrand fera allusion à cet œuvre à l’occasion de son discours sur l’abolition de la peine de mort en 1981. Les valeurs universelles enracinées dans la république traversent ainsi les siècles.
26
Hubert Beuve Mery, fondateur du journal Le Monde
« La radio annonce, la télévision montre, la presse l’explique »
27
Tableau d’Edouard Hooper, Les oiseaux de nuit
Dans un cadrage presque cinématographique, il est possible d’observer, sous les néons d’un dinner tristement éclairé, un individu à table, mais seul. Édouard Hooper représente l’individualisme qui caractérise la société américaine.
28
De la démocratie en Amérique, Alexis De Tocqueville, 1835 (2 idées)
« la presse met à la disposition des mêmes hommes, une multitude d’idées, elle leur apprend ce que font les autres, les met en état de se prêter un appui mutuel, elle est force enfin à marcher de concert » tome 2, chapitre 6. La presse est un vecteur de cohésion sociale et politique, permettant de dépasser l’individualisme en reliant les citoyens à une communauté plus large. La démocratie isole l’individu de ses contemporains, lui cache ses aïeux, l’éloigne de ses descendants, car elle repose sur la primauté de l’individu, ce qui peut affaiblir les liens collectifs. + Pour Tocqueville, l’individualisme dans les démocraties modernes est à la fois une bénédiction (car il permet l'autonomie et la liberté) et une malédiction (car il peut isoler les individus et affaiblir la société civile). Il met en garde contre le risque que l'individualisme mène à un repli sur soi et à une centralisation de l'État, et plaide pour un équilibre entre la liberté individuelle et l’engagement civique, favorisé par les associations, l'église, la famille (= organisations intermédiaires). + "Pour combattre les maux que l'égalité peut produire, il n'y a qu'un remède efficace, c'est la liberté politique" en permettant aux individus de préserver leur autonomie et leur capacité à participer activement à la vie politique.
29
Jaime Semprun, L’abîme se repeuple, 1997
Les siècles passés ont tous été traversés par des questions fondamentales : au XVIIIe siècle, l’enjeu était de trouver le meilleur mode de gouvernement, au XIXe siècle, il s’agissait de réintégrer les ouvriers issus de la révolution industrielle ; tendit qu’au XXe siècle, ce sont les questions nationales qui ont ensanglanté l’Europe. Aujourd’hui, nombreux sont ceux soutenant que l’enjeu de notre siècle est celui que pose la question écologique. Néanmoins, comme le relève, Jaime Semprun dans son ouvrage, l’abîme se repeuple, la question écologique n’est pas l’unique défi de notre temps…
30
Montesquieu dans ses lettres persanes, à propos de la mondialisation
La mondialisation consiste en l’extension, des échanges et des biens, de services et des personnes entre des régions, pays ou continent. Elle peut venir du désir de découverte d’autres cultures pour les individus, par le Voyage, comme le rappelle Montesquieu dans ses lettres persanes. "Le commerce guérit les préjugés destructeurs : et c'est presque une règle générale que partout où il y a des moeurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces" = les écahnges économiques ne se limitent pas aux biens matériels, mais favorisent la diffusion des idées.
31
Max Weber, Savant et politique
« Des faits inconfortables » c’est-à-dire des faits désagréable à l’opinion personnelle d’un individu. Max Weber distingue deux éthiques de l’action politique : l’éthique de conviction, fondée sur la fidélité aux principes personnels, et l’éthique de responsabilité, qui implique d’assumer les conséquences de ses actes. En situation de crise, une hiérarchie des valeurs et un système démocratique solide sont indispensables pour éviter que la peur et la démagogie ne prennent le pas sur des décisions réfléchies et responsables.
32
Klaus Welle, ancien secrétaire, général du parlement européen, « la grande inquiétude des intellectuels » le 26 avril 2024, dans le monde :
Les parties extrémistes essaient de détruire le système établi après 1945, basé sur l’intégration européenne, la coopération transatlantique et la démocratie pluraliste et parlementaire
33
Zaki Laïdi, La norme sans la force
L’Europe ne sera jamais une grande puissance car il lui manque deux éléments : le démos (un véritable peuple européen) et un pouvoir de coercition militaire.
34
Gauchet, le désenchantement du monde, 1985
Le christianisme et la religion de la sortie de la religion, car celui-ci a donné des armes aux hommes pour penser contre la religion. La religion ne remplit plus son rôle normatif d’origine dans l’organisation de la société.
35
Foucault, développe son concept de biopouvoir dans plusieurs cours du collèges de France et notamment :
- "Il faut défendre la société" (1976) : Ce cours marque une introduction au concept de biopouvoir, où Foucault explore la manière dont le pouvoir s'exerce sur les populations à travers des mécanismes qui visent à réguler la vie biologique, comme les politiques de santé, la natalité ou la gestion des corps. - "Histoire de la sexualité, Tome 1 : La volonté de savoir" (1976) : Foucault y élabore une synthèse du biopouvoir en lien avec la sexualité, montrant comment les discours sur le sexe et les politiques de reproduction sont des outils clés de gestion des populations. Le biopouvoir, selon Michel Foucault, est une forme de pouvoir qui s'exerce sur la vie, en particulier sur les populations. Contrairement au pouvoir classique des souverains, qui se concentrait sur le droit de donner la mort ou de punir, le biopouvoir se concentre sur la gestion et le contrôle de la vie. Le biopouvoir se situe à l'intersection de la politique, de la médecine et de la société, marquant une transition du pouvoir centré sur la souveraineté à une gestion diffuse de la vie humaine
36
"Être ou ne pas être ?"
1ère scène de l'acte III de la pièce de Shakespeare de 1603, Hamlet se montre d'une inquiétante indécision.
37
L'étude "fracture française" de 2023, IPSO, Cepivof
Sentiment de déclin de la France pour 82 %. La nostalgie est forte, c'était mieux avant. L'étude mais ainsi a mal l'idée de trois frances qui coexistent : celle de la peur, de la colère et de l'optimisme, l'image de la tripartition de la vie politique.
38
Conférence de Yalta en février 1945
A réuni les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni, et de l'union soviétique pour discuter de l'avenir de l'Europe après la défaite imminente de l'Allemagne nazie. L'un des principaux résultats : le partage de l'Europe en sphère d'influence. L'union soviétique a obtenu la permission d'établir son contrôle sur les pays d'Europe de lest, y compris la Pologne, ce qui a conduit à la la perte de souveraineté pour eux.
39
L'otium du peuple, Jean Miguel Pire, janvier 2024
Inspiré de l'otium romain Le temps libre pour réfléchir, ce n'est pas du loisir, ni du du temps perdu, mais au contraire, constitutif pour l'ensemble. Aujourd'hui, tout s'accélère et nous agrippe dans un rythme devenu fou. Le temps de la réflexion et le grand sacrifié de ce nouveau chaos. Juger avec les critères de la productivité, il passe pour un luxe inutile. Le moment semble venu de nous réapproprier cette usage émancipateur et responsable du temps libre. En réhabilitation l'otium, Pire envisage une société ou le bien-être et la qualité de vie prime sur la seule logique économique.
40
Le cylindre de Cyrus
Actuellement, détenu par le British Museum, est considéré comme la plus ancienne déclaration des droits de l'homme au monde. Elle a été écrite après la conquête de Babylone en 539 av. J.-C..
41
Frédéric Rouvillois, l'invention du progrès, 2010
Le progrès technique (de Progressus, la marche en avant) est une fin en soi, il ne connaît aucune limite. Il est fondé sur l'idée que "le passé est par essence inférieur au présent, comme celui-ci l'est à l'avenir"
42
Fragments
Pièce de théâtre, qui érige la culture et la faculté de réflexion au rang de besoins naturels et fondamentaux
43
Hannah Arendt, La crise de la culture (pour la notion de culture mais aussi la notion d'autorité)
La culture est devenue un bien de consommation comme un autre. L'homme de masse ne recherche pas la culture, mais les loisirs. En tant que citoyen, le savant peut s'inquiéter du développement scientifique, mais il est impuissant à le freiner. Le recours à la bombe d'Hiroshima, en constitue une illustration effrayante. Si, à chaque époque, correspond à un type d'autorité, c'est que la notion d'autorité est historique et vouée au déclin. Selon Arendt, l'autorité et la capacité de se faire obéir, sans recourir à la force, mais par la force des arguments, la remise en cause de l'autorité s'est faite au nom d'une conception moderne de la liberté.
44
Heidegger, la question de la technique, 1953
L'homme disparaît en tant qu'humain et devient un outil au service des machines. Un outil de plus en plus performant mais dont on maîtrise de moins en moins le fonctionnement. L'homme se trompe quand il pense que la technique est bonne ou mauvaise en fonction de l'usage que l'on en fait. L'homme au service de la technique. La technique n'est donc pas un progrès qui libère l'homme mais l'aliène.
45
Du contrat social, Rousseau, 1762
Rousseau formule le principe fondamental de la légitimité politique : « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers » (Livre I, Chapitre 1). Il expose que la liberté individuelle ne peut se réaliser pleinement que par l’adhésion à un contrat social où chacun accepte de subordonner ses volontés particulières à la volonté générale, celle du peuple souverain. Le contrat social, selon Rousseau, transforme la liberté naturelle en liberté civile, en créant des lois qui sont l'expression de l'intérêt commun. Par cet ouvrage, Rousseau ouvre la voie à une réflexion sur la démocratie directe et la légitimité du pouvoir.
46
François Guilluy, fracture française, 2013
Le citoyen français est également exclu exclu de la vie civique en raison de son éloignement géographique des lieux d'échange. L'auteur révèle qu'une partie de la population, en raison de la pression foncière, a été contraint de s'éloigner des centre-ville pour s'installer dans ce qu'il nomme les territoires périphériques. Cela induit un sentiment d'exclusion qui conduit nécessairement au déclin de la citoyenneté.
47
Tableau peint par Jacques-Louis David , en 1792, le serment du jeu de paume
La volonté des révolutionnaires de 1789, et celle d'une égalité et d'une démocratie dans laquelle ils pourraient effectivement participer à la vie politique et civique. Le 20 juin 1789, le tiers-État et le clergé font le serment de ne pas se séparer avant d'avoir voté une constitution. Dans ce tableau, se dégage l'unanimité qui unissait les membres de l'assemblée qui est d'une volonté de devenir citoyen français. Ce sera parachevé le 26 août 1789 par l'adoption de la DDHC qu aujourd'hui fait partie du bloc de constitutionnalité depuis la décision du conseil constitutionnel, liberté d'association du 16 juillet 1971.
48
Athènes, berceau de la démocratie au Ve siècle avant Jésus-Christ
Athènes, c'est le citoyen athénien qui était au cœur de la vie politique et civique. Les réformes successives de Clisthène et Solon ont conduit à instaurer une démocratie directe. C'est à l'Ecclesia que les citoyens prenaient part à la décision. La démocratie athénienne reposait sur trois fondements : - l'isonomie = égalité des citoyens devant la loi - l'iségorie = possibilité de prendre la parole devant l'assemblée - la stochocratie = tirage au sort des magistrats Le citoyen prenait donc pleinement par à la prise de décision et la participation de tous.
49
Pierre Cahuc et Yann Algan, la société de défiance, Comment le modèle social français s’autodétruit, 2007
Ils avancent l'idée selon laquelle les citoyens n'ont plus confiance dans leurs représentants, en raison, notamment des différentes polémiques qui ont pu émerger à leur encontre. Les questions de confiance prennent une place importante dans l’analyse des rapports sociaux et sur la manière dont les citoyens jugent leurs représentants et les institutions. Comme le disait Georg Simmel, « celui qui sait tout n’a pas besoin de faire confiance. Celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance » (Sociologie. Études sur les formes de socialisation, 1908). L’éducation est donc importante pour transmettre certaines valeurs.
50
Pierre, Rosanvallon, la démocratie inachevée, histoire de la souveraineté du peuple en France, 2000
La démocratie devient illibérale niant les libertés publiques sous prétexte de paralyser l'expression libre et immédiate de la volonté générale. Il souligne la nécessité d'adapter constamment la démocratie aux réalités changeantes de la société
51
Pierre Rosanvallon, le parlement des invisibles
La société française est aujourd'hui désenchantée. Elle a le sentiment de ne pas être écoutée et comprise par le politique.
52
Mireille Delmas Marty, résister, responsabiliser, et anticiper, 2013
Elle plaide pour une globalisation régulée qui prend en compte à la fois les défis éthiques et juridiques du monde contemporain. Elle insiste sur la nécessité de résister aux dérives de la mondialisation, de responsabiliser les acteurs économiques et politiques, et d'anticiper les conséquences des transformations sociales et économiques. L’auteur propose une vision de la globalisation fondée sur le respect des droits fondamentaux et sur un système juridique international coopératif, capable de répondre aux crises actuelles tout en préservant les équilibres mondiaux. Mireille Delmas Marty souligne les contradictions de la mondialisation. La logique libérale, marquée par la compétition et la performance prédomine sur la logique humaniste, marquée par le partage et la solidarité. Elle appelle à une résistance contre les dérives de la globalisation sauvage qui exacerbe les inégalités et injustice. Responsabilisation collective pour un développement durable et équitable. Droit global = capable de concilier efficacité, économique et respect, respect des droits humains
53
Charles Baudelaire, le peintre de la vie moderne
Il considère que le monde est en constante évolution, parce que le concept de modernité n'a pas de limite. Baudelaire met en lumière l’importance de la sensation immédiate et de la vitesse du changement, deux caractéristiques de la modernité, qu’il oppose aux idéaux classiques de l’art intemporel. Ce texte propose une réflexion sur la tension entre l’éternel et le passager dans l’art et la société modernes.
54
Le conseil national de la productivité a publié son quatrième rapport en octobre 2023
Il présente les causes ayant un impact négatif sur la productivité française. Que ce soit sur la délocalisation ou le taux d'emploi, il s'agit d'évaluer une performance française. Aujourd'hui, de nombreux indicateurs permettent d'interroger les effets de la portée d'un culte de la performance (= Alain Ehrenberg) Il met en lumière une stagnation de la productivité du travail depuis plus de dix ans, avec une croissance annuelle moyenne de seulement 0,6 % entre 2010 et 2019. Le rapport note également une importante disparité sectorielle, avec des secteurs comme l'industrie et les services marchands affichant des performances divergentes. Une enquête menée dans le rapport révèle que 55 % des entreprises jugent les crises économiques comme un frein à l'investissement en productivité. Par ailleurs, la transition climatique apparaît comme un enjeu majeur : près de 72 % des dirigeants estiment que l'efficacité énergétique est essentielle pour améliorer la compétitivité tout en réduisant la dépendance aux matières premières.
55
Penser la loi, sur le législateur des temps modernes, Denis Baranger
Une crise de légitimité affecte les auteurs de normes, elle vise les élites. Cette remise en cause de l'aptitude et de la légitimité du parlement à édicter des lois, touche profondément, la loi elle-même puisqu'elle conduit à remettre en cause son autorité. Il ne paraît plus aussi essentielle de lui obéir. Parallèle avec : Jean-Claude Farcy, histoire de la France : 1789, à nos jours : crise de la représentation = mouvement général générale de défiance de la population française à l'égard des élites.
56
Kafka, le procès, 1925
Kafka souligne les dangers de normes multiples, incohérentes, inintelligibles pour les libertés (bureaucratie kafkaïenne)
57
Michel Foucault, surveiller et punir, 1975 (3 idées distinctes)
Foucault avait montré que la discipline est un art de multiplier les normes, afin de contrôler le moindre geste du sujet. Il débusque dans l'injonction à la transparence, une aspiration à la surveillance. Le modèle du panoptique pénitentiaire vanté par Jérémy Bentham pour optimiser la gestion carcéral s'est généralisé à l'ensemble de la société = société de surveillance. + Savoir et pouvoir sont intrinsèquement liés. A partir du XIX ème siècle, les institutions (écoles, prisons, hôpitaux) utilisent des savoirs spécialisés pour observer, classifier et normaliser les individus. Le pouvoir ne repose pas seulement sur la contrainte, mais sur des dispositifs qui façonnent les comportements. Le savoir n'est jamais neutre, il est instrument du pouvoir disciplinaire. À partir du XIXe siècle, ce qui détiennent le savoir, détiennent aussi le pouvoir (autorité et libertés) + Face au risque d’épidémie, Michel Foucault montre dans Surveiller et punir que le pouvoir doit évoluer pour mieux contrôler les comportements individuels et collectifs. Le risque n’est plus seulement une menace immédiate : il devient un enjeu d’organisation sociale. Afin d’empêcher la contagion, les autorités mettent en place des mesures de confinement, de surveillance systématique et de contrôle des déplacements. Cette réponse n'est pas ponctuelle ; elle structure durablement les institutions. Foucault souligne que l’épidémie agit comme un révélateur du fonctionnement du pouvoir moderne : face au risque, le pouvoir doit anticiper, surveiller, corriger. Cela aboutit à une nouvelle manière d’exercer l’autorité : moins spectaculaire que les châtiments publics, mais beaucoup plus diffuse et omniprésente. Le risque devient ainsi un levier pour justifier l’organisation d’une société disciplinée, où la protection collective impose des contraintes individuelles permanentes. Autrement dit, pour Foucault, la gestion du risque est au cœur de la naissance du pouvoir disciplinaire : elle transforme la manière dont l’État exerce son autorité, en mettant en œuvre des techniques de surveillance, de normalisation et de régulation sociale.
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Thomas Piketty, le capital au XXIe siècle 2013
Les inégalités ne cessaient d'augmenter et que cette augmentation prenait quasiment une allure exponentielle, y compris en France, alors que les normes de régulation et de redistribution sont nombreuses. Or, le « nouvel âge des inégalités », pour reprendre le titre éponyme d’un essai de Jean-Paul Fitoussi et Pierre Rosanvallon (1995), traduit une plus grande sensibilité aux injustices. Ces différentes fractures donnent naissance à un sentiment de mépris (Pierre Rosanvallon, Les épreuves de la vie. Comprendre autrement les Français, 2021) et d’inutilité. Le mouvement des gilets jaunes en constitue un singulier exemple.
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Métaphysique des sexes, Sylviane Agacinski, 2005
Elle a démontré que la pensée occidentale a été profondément marquée par une construction grecque et chrétienne présupposant une supériorité de l'homme sur la femme.
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Le décalogue
C'est un code éthique, délivré par Dieu à Moïse (révélation divine). Code formé par les 10 commandements (tu ne tueras point, un seul dieu, tu adoreras et aimeras parfaitement)
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Podcast, Qu'est ce que l'écologie profonde ? Kosmos sur la peur
Hans Jonas, Le principe responsabilité, publié en 1979. Ce livre comprend un chapitre intitulé Eurystique de la peur : pour que les gens comprennent les dangers qui pèsent sur l'environnement, il faut leur faire peur. Sinon, ils ne comprennent pas. La peur a donc une vocation pédagogique. L'enjeu du catastrophisme, c'est la critique de la modernité sous 2 aspects fondamentaux : le libéralisme économique et politique. En clair, il faut donc avoir peur des conséquences de notre modèle économique c'est-à-dire le marché, la libre production et la libre consommation. Ensuite, il faut avoir peur de notre modèle politique, c'est-à-dire cette fois de la démocratie, laquelle implique l'égalité entre les citoyens, et donc le même droit pour chacun de consommer de la même manière. ce qui pose forcément un problème dans un monde où vivent plusieurs milliards d'individus. Par "écologie profonde" on entend alors une rupture radicale avec tout ce qui fait la modernité, à commencer par la notion de croissance économique. Cette tendance plaide pour un net retour à la nature, la décroissance et une redéfinition des besoins de chacun. La priorité n'est pas dans le bien-être humain, mais dans celui de la nature, considérée comme une personne : nom mythologique de Gaïa, la terre, qui est aussi la mère nature. Face à eux : les "écologistes réformistes" pour qui la société de marché doit être conservée et aménager, afin de concilier les exigences actuelles de la croissance et dans le même temps, les besoins des générations futures = développement durable c'est-à-dire à la fois le développement et la préservation des ressources dans le temps. leur priorité = l'homme qu'il faut sauver. La q° est de savoir si le monde est meilleur avec ou sans l'humanité. Avec le discours écologique, la nature prime sur l'homme, quitte à remettre en cause tous les acquis de l'humanisme. Pour Hans Jonas, imposer des décisions impopulaires, pour faire respecter les droits des générations futures, passe nécessairement par ce qu'il appelle une tyrannie bienveillante c'est-à-dire que le droit des individus serait le prix à payer pour faire respecter celui de l'humanité elle-même. Avons-nous le droit d'être inhumain pour que des humains restent sur terre ? Entre la démocratie et la survie de l'humanité, c'est la 1ère qu'il faudrait sacrifier selon lui.
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René Girard, dans La violence et le sacré (1972)
Il explore la notion de désir mimétique, qui est à l’origine des conflits violents dans les sociétés humaines. Selon lui, les individus imitent les désirs des autres, créant ainsi des rivalités et des tensions qui se concentrent sur les mêmes objets ou objectifs. Ce désir convergent mène inévitablement à des conflits, qui peuvent dégénérer en violence. Girard affirme que, face à cette menace de désintégration sociale, les communautés résolvent le chaos par le biais d’un bouc émissaire, une victime expiatoire sur laquelle toutes les violences sont projetées. Ce mécanisme permet d’instaurer une catharsis, en évacuant les pulsions violentes et en rétablissant, temporairement, l’ordre social. Le châtiment judiciaire arrête le cycle de la violence : au terme d'un procès dont les règles sont déterminées par avance, la justice apaise la société en désignant un coupable au lieu de sacrifier un innocent.
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Les Origines du totalitarisme (1951), 3ème tome = Le système totalitaire, Hannah Arendt
Elle analyse les mécanismes de domination propres aux régimes totalitaires et souligne que dans ces systèmes, chaque individu devient une victime potentielle. Elle explique que le simple fait d’exister, sans exprimer de résistance active, peut suffire à être perçu comme une menace ou une opposition. Dans ce contexte, la violence devient un moyen de contrôle systématique, où l’arbitraire et la peur d’être désigné comme ennemi du régime rendent chaque citoyen vulnérable. Arendt nous met en garde contre l’effacement de la distinction entre pouvoir et violence, une dynamique qui fragilise la liberté et l’individualité.
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François Azouvi, Du héros à la victime, la métamorphose du sacré (2024)
François Azouvi analyse la transformation du rôle du héros dans nos sociétés contemporaines, en mettant en lumière la montée en puissance de la figure de la victime. Selon lui, cette évolution reflète un changement dans les valeurs sociales, où la victime est désormais perçue comme un modèle de dignité et de rédemption, au détriment de la figure héroïque qui représentait autrefois la force et l’action. Azouvi explore ainsi la "métamorphose contemporaine du sacré", où la victimisation devient un moyen de légitimation sociale et politique, modifiant profondément notre rapport à la justice, à la souffrance et à l’identité collective. + le retrait du religieux dans sa forme institutionnelle. La victime a pu ainsi être sacralisée au point d’incarner, dans nos sociétés sécularisées, le Vrai et le Bien. Son règne marque la métamorphose du religieux en sacré. Plaque commémorative d'Arnaud Beltrame inaugurée à Paris en 2020 le mentionne comme "victime de son héroïsme".
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La Concurrence des victimes (2002), Michel Chaumont
Il analyse la manière dont les victimes, particulièrement celles de violences et d'injustices, occupent une position privilégiée dans l'espace public. Chaumont remarque un phénomène de "concurrence des victimes", où différentes catégories de victimes, qu'elles soient sociales, politiques ou individuelles, revendiquent une reconnaissance légitime de leur souffrance et de leurs droits. Cette concurrence s'accompagne d'une compétition pour obtenir un statut symbolique et une réparation. En ce sens, la victimisation devient un moyen d'accéder à des ressources sociales, politiques ou juridiques, souvent au détriment d'autres catégories de victimes ou de personnes moins visibles. Un autre point clé dans l'ouvrage est la manière dont la victimisation, dans ce contexte, est instrumentalisée, parfois perçue comme une forme de capital social ou de pouvoir. Cela conduit à une nouvelle hiérarchie des victimes, où certaines souffrances ou injustices sont considérées comme plus légitimes ou plus urgentes que d'autres. En résumé, Chaumont démontre que la place de la victime dans la société contemporaine est complexe et ambivalente, où la victime devient à la fois un acteur privilégié et un acteur parfois exploité dans une compétition pour la reconnaissance et la réparation
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Marcel Gauchet, La Démocratie contre elle-même : La politique en décomposition, 2007
La victimisation, devenue une figure centrale dans l'espace public conduit à une dépolitisation des enjeux sociaux. Selon lui, l'accent mis sur la reconnaissance des souffrances individuelles et des droits de la victime, renforce une logique d'individualisation, déviant ainsi les objectifs collectifs de de justice et de réconciliation. Fragmentation de la société, affaiblis, l'idée de solidarité et compromis. L'idéal démocratique de responsabilité partagée.
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Karl Polanyi, La Grande Transformation (1944)
- le desencastrement de la sphère marchande qui s’autonomise du politique et du social, promeut l’individu et son intérêt. Karl Polanyi montre que le capitalisme, loin d’être une nécessité naturelle, est une construction historique résultant du désencastrement progressif de l’économie des autres sphères sociales. Il remonte jusqu’au XVe siècle pour démontrer que l’émergence du marché comme entité autonome est liée à des interventions humaines, notamment étatiques, visant à organiser et stabiliser ce système. Polanyi souligne que ce n’est pas le marché mais ces interventions qui sont spontanées, l’économie de marché étant une invention spécifique à l’Occident. En analysant les effets destructeurs du marché sur les rapports sociaux et les ressources naturelles, il fournit une critique essentielle au capitalisme moderne. L’exemple des zadistes, qui défendent des modes d’organisation planifiés et solidaires, illustre cette idée que d’autres systèmes, où l’économie est réintégrée aux relations humaines et écologiques, sont possibles et existent encore.
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Vilfredo Pareto, de l’école italienne de sociologie des élites
Toute organisation humaine suppose une hiérarchie : il n’existe pas de pouvoir sans élite. Vilfredo Pareto, sociologue et économiste italien, développe dans sa théorie des élites l’idée selon laquelle aucune élite ne peut conserver indéfiniment le pouvoir. Il parle ainsi de la « circulation des élites », un renouvellement inévitable qui empêche toute aristocratie de perdurer éternellement. « L’histoire humaine est un cimetière d’aristocraties », écrit-il, soulignant que chaque élite finit par décliner et laisser place à une nouvelle. Pareto adopte une philosophie de l’équilibre : une élite doit être suffisamment fermée pour maintenir son autorité, mais assez souple pour comprendre les évolutions de la société et intégrer de nouveaux membres. Sans cette capacité d’adaptation, elle sombre dans la décadence. En ce sens, l’élite repose sur la logique de la distinction : elle se définit par sa compétence et sa légitimité à occuper une place d’exception.
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Un président ne devrait pas dire ça… Livre de Fabrice Lhomme et Gérard Davet, 2016
"La justice française, institution de lâcheté" Ce livre met en lumière les ambiguïtés du pouvoir en révélant les confidences de François Hollande, alors président de la République. Ce livre illustre les tensions inhérentes à l’exercice du pouvoir : la nécessité de la transparence face à l’exigence de secret, l’écart entre la parole publique et la parole privée, ainsi que la difficulté pour un dirigeant de concilier autorité et proximité. À travers cette plongée dans l’intimité du pouvoir, l’ouvrage souligne aussi la solitude du chef, confronté à la complexité du réel et aux contradictions de son propre discours. Cette fragilité du pouvoir politique, exposée par Hollande lui-même, témoigne des limites d’une fonction soumise à la fois à l’épreuve du temps, aux attentes de la société et aux jeux d’influence des élites. L’ouvrage montre aussi comment l’exercice du pouvoir est miné par la nécessité de composer avec les élites administratives, médiatiques et économiques, tout en cherchant à incarner une figure d’autorité légitime. Paradoxalement, en se livrant ainsi, Hollande dévoile la fragilité du pouvoir politique contemporain, tiraillé entre la volonté d’incarner une autorité forte et l’impératif démocratique d’ouverture et de communication.
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Technopolitique (2024), Asma Mhalla
Dans Technopolitique (2024), Asma Mhalla explore les conséquences démocratiques des transformations induites par les technologies numériques. Elle met en lumière l’émergence d’un "capitalisme de surveillance", où les grandes plateformes collectent et exploitent des données personnelles à des fins économiques et politiques. Par exemple, elle analyse l’influence de ces géants technologiques sur les élections démocratiques, citant le scandale Cambridge Analytica comme une illustration frappante de l’exploitation des données pour manipuler les opinions publiques. L’ouvrage insiste sur l’urgence de repenser la régulation des plateformes numériques pour préserver les libertés individuelles et contrer les dérives autoritaires liées à l’hégémonie technologique.
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Benjamin Constant, en 1819, dans De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
La liberté des modernes réside dans la « jouissance paisible de l’indépendance privée », selon la formule de Benjamin Constant, en 1819, dans De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
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Le Chasseur dans la forêt, tableau peint par Caspar David Friedrich en 1814. (Il mesure 65,7 cm de haut sur 46,7 cm de large. Il est conservé dans une collection privée à Bielefeld).
Ce tableau illustre la sacralisation de la nature au XIXᵉ siècle. Dans cette toile, un chasseur solitaire, figure humaine réduite à l’impuissance, s’engouffre dans une forêt sombre et enneigée. La nature y apparaît comme une force sublime et absolue, suscitant à la fois admiration et effroi. Cette vision romantique, qui exalte la nature comme un refuge spirituel et un idéal supérieur à l’homme, a nourri des conceptions idéologiques plus tardives.
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Dans Walden (1854), ouvrage nourri de son expérience d'indépendance de la société quand il vit dans une cabane de 1845 à 1847, Thoreau
Thoreau critique l'accumulation de biens inutiles et appelle à une vie de simplicité : "Un Homme est riche de tout ce dont il peut se passer"
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Rosanvallon, Le siècle du populisme, 2020
Rosanvallon analyse le populisme comme une réponse aux dysfonctionnements de la démocratie représentative. Le populisme émerge quand les citoyens se sentent dépossédés de leur pouvoir par les élites perçues comme éloignées des préoccupations du peuple. Cette crise se traduit par une défiance envers les institutions traditionnelles et appelle à une démocratie plus directe et incarnée.
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Quinn Slobodian, dans Le Capitalisme de l’apocalypse (2022)
Il remet en cause l’idée d’une complémentarité entre capitalisme et démocratie. Cependant, Slobodian remet cette idée en cause en s'intéressant à une forme radicale du capitalisme qui cherche à se distancer des institutions démocratiques traditionnelles. Il analyse le crack-up capitalism, courant libertarien radical qui prône un monde post-national fondé sur des charter states, villes privées gouvernées comme des entreprises. Ces zones privées sont autonomes, basées sur des règles économiques de marché, et leurs dirigeants sont plus des PDG que des représentants élus. Cette vision, défendue de Hayek à Peter Thiel, s’oppose au récit dominant de l’après-Guerre froide, marqué par le triomphe du multilatéralisme et de la démocratie. Ce modèle s'oppose directement à la vision dominante qui a émergé après la Guerre froide, une époque marquée par le triomphe du multilatéralisme, de la démocratie libérale et de la mondialisation, où les nations et les institutions démocratiques ont joué un rôle central dans la gestion des relations économiques internationales et politiques. Le récit dominant de l'après-Guerre froide mettait en avant la prospérité et la paix mondiale permises par la coopération entre États démocratiques. Slobodian, en revanche, dénonce cette vision en montrant qu'un certain nombre de penseurs et de praticiens du capitalisme, à la fois intellectuels et acteurs économiques, cherchent à s'affranchir de l'État et des régulations démocratiques pour créer des systèmes où l'intérêt privé prime.
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Céline Spector, No demos, Souveraineté et démocratie à l'épreuve de l'Europe (2021)
La souveraineté peut être partagée entre le niveau communautaire et les Etats au sein d'une véritable République fédérative européenne. Elle soutient la nécessité d'accroitre les pouvoirs du Parlement, de rendre la Commission responsable devant le peuple = Véritable projet commun
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Pierre Manent, La loi naturelle et les droits de l’homme (2018)
Il souligne que l’érosion de l’autorité ne mène pas au chaos, mais accompagne l’extension des mécanismes démocratiques. Il montre que les sociétés modernes ne se fondent plus sur une autorité transcendante, mais sur une régulation par des normes abstraites. Une nouvelle figure symbolique émerge alors : celle des droits de l’Homme, qui devient la référence ultime légitimant les décisions politiques et juridiques, au détriment d’une véritable délibération collective sur le bien commun. La délibération politique sur le bien commun est ainsi remplacée par l’application automatique de principes universels d’égalité et de liberté. Manent critique cette évolution : selon lui, la politique n’est plus vraiment un exercice de délibération collective, mais devient l’application automatique de principes abstraits censés s’imposer à tous. La démocratie n'est donc plus guidée par une recherche active du bien commun, mais par la protection individualiste de droits déjà définis.
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Pièce de théâtre, Et pendant ce temps Simone veille, Comédie bastille,
Et pendant ce temps, Simone veille ! retrace avec humour et pédagogie l’évolution des droits des femmes en France, de la domination patriarcale aux conquêtes féministes. À travers le regard de plusieurs générations, la pièce met en lumière les résistances aux avancées législatives et les stéréotypes persistants. Elle souligne que le progrès juridique ne suffit pas à garantir une égalité réelle, celle-ci étant sans cesse remise en question par les mentalités et les structures sociales. Par son ton léger mais engagé, la pièce rappelle que les droits des femmes sont le fruit d’un combat continu, loin d’être achevé.
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Pièce de théâtre, Les Téméraires
Les Téméraires explore deux grands combats pour la justice et les droits fondamentaux à travers les figures de Victor Hugo et de l’affaire Dreyfus. La pièce met en lumière le courage de ceux qui, au nom de la vérité et de la justice, osent défier l’ordre établi. En croisant ces deux luttes emblématiques, elle souligne la permanence des engagements contre l’arbitraire et l’injustice. Elle rappelle ainsi que la défense des droits n’est jamais acquise et qu’elle repose sur la ténacité de figures prêtes à affronter l’opinion dominante.
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Fragments, De Hannah Arendt, mise en scène Charles Berling
« L’essentiel pour moi, c’est de comprendre : je dois comprendre », dit Hannah Arendt. Fragments (Hannah Arendt) interroge la formation du citoyen et le rôle de l’éducation dans l’émancipation individuelle et collective. À travers la pensée d’Arendt, la pièce met en lumière l’idée que la citoyenneté ne se décrète pas, mais se construit par la réflexion et l’engagement. Elle questionne la manière dont les sociétés forment – ou entravent – l’esprit critique, soulignant que la démocratie repose sur des individus capables de juger par eux-mêmes. En confrontant pensée et action, Fragments rappelle que devenir citoyen, c’est apprendre à penser librement et à assumer ses responsabilités dans l’espace public.
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Pièce de théâtre, Big mother au théâtre des béliers parisiens
Big Mother explore les dérives de la surveillance numérique et le pouvoir grandissant des algorithmes dans nos sociétés contemporaines. À travers une mise en scène haletante, la pièce questionne la frontière entre sécurité et contrôle, et met en garde contre une société où l’intelligence artificielle devance les décisions humaines. Inspirée des enjeux du monde moderne, elle interroge notre rapport à la liberté et à la responsabilité individuelle face à un système qui anticipe nos choix. Big Mother nous confronte ainsi à une inquiétante réalité : jusqu’où sommes-nous prêts à accepter d’être observés pour notre propre bien ?
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La pièce Hépatik Girl au théâtre des béliers parisiens
La pièce Hépatik Girl, écrite et interprétée par Marie-Claire Neveu, ne se contente pas d’aborder la maladie et la résilience individuelle : elle met aussi en lumière l’impact de l’environnement sur la santé. À travers son récit autobiographique, l’autrice évoque les effets délétères de la pollution et des perturbateurs endocriniens sur le corps humain, suggérant ainsi que certaines pathologies trouvent leur origine dans la dégradation de notre écosystème. Ce spectacle illustre donc une problématique contemporaine majeure : la manière dont la crise environnementale devient aussi une crise sanitaire (Hépatik Girl, mise en scène de Tatiana Gousseff, Théâtre des Béliers Parisiens, 2025).
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The Loop,
The Loop plonge le spectateur dans un monde où l’individu est enfermé dans une boucle technologique et psychologique, interrogeant notre rapport au temps et à l’aliénation numérique. À travers une mise en scène immersive, la pièce explore les conséquences d’un monde ultra-connecté où la répétition et le contrôle remplacent le libre arbitre. Elle questionne ainsi la place de l’humain face aux machines et aux systèmes prédictifs, soulignant le risque d’une existence dépossédée de sa spontanéité. The Loop offre une réflexion percutante sur la modernité et l’illusion du progrès technologique.
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Jean Paul Sartre, dans l'article "Qu'est ce qu'un collaborateur?" paru en 1945 dans la revue La République française
"jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande" provoque JP Sartre L'oppression subie pendant l'Occupation a incité, les français et les norvégiens notamment dans le film Numéro 24 réalisé par John Andréas Andersen, à s'interroger sur le prix de la liberté et de ses limites.
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Weber, l'éthique protestante et esprit du capitalisme
La rationalisation de la production qu'il définit comme la rehcerche d'un maximum de profit corrélée à la fourniture d'un effort minimal. L’éthique protestante, en particulier le calvinisme, valorisait le travail comme une vocation, une mission divine. Cette conception a contribué à instaurer une discipline du travail et une attitude de rationalisation dans les sociétés occidentales. Le capitalisme, selon Weber, s’est nourri de cette éthique, valorisant l’effort, l’efficacité et la maximisation des profits comme des fins légitimes, indépendamment des plaisirs personnels. (le calvinisme = est une doctrine théologique et une approche de la vie chrétienne reposant sur le principe de la souveraineté de Dieu en toutes choses).
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Contre la fin du travail, Dominique Schnapper (1997)
Elle s'interroge sur la place du travail dans les sociétés contemporaines, notamment face aux transformations induites par la mondialisation et les nouvelles technologies. Elle critique l'idée selon laquelle le travail pourrait devenir obsolète, soulignant que le travail reste une source essentielle d’intégration sociale et d'émancipation individuelle. Schnapper plaide pour une révision de notre rapport au travail, qui ne doit pas être réduit à une simple activité économique, mais reconnaître sa dimension sociale et culturelle, essentielle pour l'équilibre de la société
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Conditions de l'éducation, Marcel Gauchet, 2008
Dans La Condition de l'éducation, Marcel Gauchet analyse l'évolution de l'école et son rôle dans la société moderne. Il soutient que l'école, en tant qu'institution, est un lieu fondamental de transmission des valeurs collectives, mais qu'elle a aussi été confrontée à la tension entre l'autonomisation de l'individu et la nécessité de former des citoyens engagés. Selon Gauchet, l'école moderne, tout en étant un lieu d’émancipation, porte en elle la difficulté de concilier l'idéal d'égalité avec l'exigence d'excellence, et elle se trouve face à une crise de sens dans un contexte de pluralisme culturel et de remise en question des autorités traditionnelles. "L'école n'est plus en mesure d'assurer son rôle du fait de l'évolution des sociétés" Echec à l'école serait celui des familles : prône des valeurs d'individus responsables Déjà Ernest Renan : "l'instruction se donne en classe, l'éducation se reçoit à la maison"
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Christian Baudelot et Roger Establet, L'élitisme républicain (2009)
"Forme d'aristocratisme scolaire inavoué" France = paradis scolaire de la prédestination sociale (dichotomie entre grandes écoles et universités)
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Pierre Buhler, ancien diplomate : « L’axiome de la stabilité, sur lequel les Européens se sont reposés, s’est progressivement délité », Le monde le 3 mars 2025
Marquée par l’horreur de deux conflits mondiaux, l’Europe s’est bâtie sur le principe du « plus jamais ça », mis en œuvre par le respect du droit international incarné par la Charte des Nations unies. (La Charte a été signée à San Francisco le 26 juin 1945, à la fin de la Conférence des Nations Unies pour l'Organisation internationale. Le Statut de la Cour internationale de Justice fait partie intégrante de la Charte). Depuis la déclaration Schuman de 1950, sa trajectoire se résume en un mot : « stabilité », assurée par la protection des États-Unis au sein d’un « monde libre » occidental Selon John Mearsheimer (politologue) un retour à la situation d’avant 1939 aurait pu raviver les conflits en Europe après la guerre froide – hormis en ex-Yougoslavie – si les nations libérées du joug soviétique n’avaient pas été intégrées à l’OTAN et à l’UE. Pourtant, l’axiome de stabilité s’est érodé avec la dégradation du système de sécurité collective, marqué par les violations des règles fondamentales de non-recours à la force, violations perpétrées par des acteurs majeurs tels que les États-Unis et la Russie. Paradoxalement, alors que les États-Unis dénonçaient jadis le révisionnisme de la Russie et de la Chine, l’administration Trump revendique aujourd’hui ces mêmes principes pour légitimer ses interventions.
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Définition du concept d’économie verte selon Christian Perthuis, prof émérite d’économie à Paris Dauphine
C’est une économie qui respecte à la fois les plafonds (les limites planétaires) et donc ne dégrade pas les grands cycles de régulation naturelle, permettant la reproduction des ressources et de la vie, et les planchers, autant sociaux (accès à un certain niveau de richesse, au logement, à la santé, à l’éducation, respect de l’égalité et des principes démocratiques), qu’ écologiques (accès du plus grand nombre aux ressources naturelles, lutte contre les pollutions locales)
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Marcel Gauchet, Sous l'amour de la nature, la haine des Hommes
Toute forme de protection de la nature n'est pas souhaitable si elle s’accompagne d’une vision idéologique qui instrumentalise la nature au service d’un projet politique ou social, potentiellement dangereux : Dans l'idéologie nazie, la nature n'est pas seulement un cadre esthétique ou économique, mais un modèle absolu d'organisation sociale et biologique. Le camp "Birkenau" = "le pré des bouleaux" = nature paisible en contraste absolu avec la réalité du camp. + Film Into the wild, Sean Penn : basé sur la vraie histoire de Christopher McCandless, illustre une autre vision de la nature. McCandless, en s’échappant de la société pour vivre seul dans la nature sauvage de l'Alaska, cherche à se libérer des contraintes et des structures sociales qu'il perçoit comme oppressives. Le film montre une recherche intense de liberté et de vérité dans la nature, mais aussi la confrontation avec ses propres limites humaines. La nature, dans ce film, est un lieu de révélation personnelle, mais aussi d’isolement et de danger. Contrairement à l'idéologie nazie, la nature n’est pas vue comme un cadre à imposer, mais comme un espace de découverte de soi, où l'individu est confronté à sa propre vulnérabilité et à la brutalité de l’environnement naturel.
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Distinction entre mondialisation et globalisation + Montesquieu, dans ses lettres persanes à propos de la mondialisation
La mondialisation désigne l'intégration croissante des économies, cultures et sociétés à l’échelle mondiale, notamment à travers les échanges commerciaux, financiers et technologiques. Elle met l’accent sur l’interdépendance entre les nations. La globalisation, quant à elle, englobe un phénomène plus large, incluant non seulement l’économie mais aussi les réseaux de communication, les technologies et les mouvements sociaux transnationaux. Alors que la mondialisation se concentre sur les marchés économiques, la globalisation prend en compte l'impact de l'internet, des infrastructures numériques et de la diffusion de la culture. En pratique, les deux termes sont souvent utilisés de façon interchangeable, mais leurs champs d’application diffèrent légèrement. Montesquieu dans ses lettres persanes : La mondialisation consiste en l’extension, des échanges et des biens, de services et des personnes entre des régions, pays ou continent. Elle peut venir du désir de découverte d’autres cultures pour les individus, par le Voyage, comme le rappelle Montesquieu dans ses lettres persanes. "Le commerce guérit les préjugés destructeurs : et c'est presque une règle générale que partout où il y a des moeurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces" = les échanges économiques ne se limitent pas aux biens matériels, mais favorisent la diffusion des idées.
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Almodóvar, P. (2024). La Chambre d'à côté + dialogue avec un essai féministe célèbre : Virginia Woolf, une chambre à soi, 1929 : collection de conférences faites à Cambridge. Elle nous dit : « il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une oeuvre de fiction ». Il est important qu’une femme, pour être pleinement un individu, bénéfice à la fois d’un capital économique et un lieu, espace pour se retrancher, de réfléchir, de faire le point sur elle même et de faire carrière. L’espace domestique de la femme de maison est un lieu de la création. Elle nous dit que le modèle dont les H ont bénéficié, les F doivent en bénéficier aussi. Les femmes ont le droit d’avoir un endroit de l’individualité.
Dans La Chambre d'à côté, Pedro Almodóvar nous livre l’histoire poignante d’Ingrid, une femme confrontée à la mort imminente dans un monde au bord du gouffre écologique. Comme il le souligne lui-même, ce film est « l'histoire d'une femme qui va mourir dans un monde qui va mourir ». Dans un pays où le suicide assisté n’est pas autorisé, ce que demande Martha à Ingrid est un acte illégal, qui exige une preuve d’amitié inouïe. Malgré sa peur maladive de la mort, Ingrid va pourtant s’y plier, devenant presque le pantin de Martha. People in the Sun d’Edward Hopper symbolise la solitude et la fragilité des personnages. La scène où Ingrid admire cette peinture reflète leur confrontation à la finitude et à l’isolement. Comme les personnages de Hopper, Ingrid et ses proches sont figés dans un moment de réflexion face à l’inévitable. À travers les dialogues entre Ingrid et l’Homme, Almodóvar aborde la tension entre les désirs personnels et les préoccupations écologiques, notamment lorsque l’Homme évoque la difficulté d’informer ses patientes sur les choix médicaux en raison de leur impact environnemental. Au-delà de la mort et de la crise, le film est aussi une ode à l'amitié, à l'art, à la nature et à la liberté, comme le montre la relation d’Ingrid avec ses proches et la manière dont elle cherche à se reconnecter avec la beauté de la nature malgré sa souffrance. Ce film se veut aussi un espace de réconciliation intérieure, entre acceptation de la finitude et quête de liberté personnelle. La Chambre d'à côté est un film à la fois bouleversant et apaisant, où l'intensité des émotions humaines se mêle à une réflexion sur notre rapport au monde et à l'autre.
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La Commission européenne a publié un projet de simplification des textes européens (législation "omnibus") liés au pacte vert pour l'Europe, le 26 février 2025
La Commission européenne a publié le 26 février 2025 une législation "omnibus" visant à simplifier les textes du pacte vert pour l'Europe. L'objectif est d'alléger les contraintes pesant sur les entreprises tout en maintenant l’ambition de neutralité climatique d’ici 2050. Parmi les mesures clés, la directive sur le devoir de vigilance des entreprises (CSDDD) est restreinte aux partenaires commerciaux directs, et la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD) exclut 80 % des entreprises initialement concernées. Cette réforme, bien qu’axée sur la compétitivité, suscite des inquiétudes, notamment de la CNCDH, qui craint un affaiblissement des normes environnementales. Elle illustre le défi d’équilibre entre croissance économique et exigences écologiques au sein de l’UE.
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« La guerre au nom de l'humanité : tuer ou laisser mourir » de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, 2012
Il s'interroge sur la légitimité de l'usage de la force au nom des droits de l'homme. Face à des massacres en cours ou imminents, il examine le dilemme moral : vaut-il mieux intervenir militairement, au risque de causer des victimes civiles, ou s'abstenir et laisser perdurer les atrocités ? Il élabore une théorie réaliste de l'intervention en revisitant cinq critères issus de la doctrine de la guerre juste : - Cause juste : La légitimité de l'intervention repose sur l'existence d'une cause moralement défendable, comme la prévention d'un génocide ou de crimes contre l'humanité. - Autorité légitime : L'intervention doit être menée par une entité reconnue et ayant la compétence pour agir, généralement un État ou une coalition d'États sous l'égide d'organisations internationales comme l'ONU. - Bonne intention : Les motivations derrière l'intervention doivent être principalement humanitaires, visant à protéger les populations civiles et non à servir des intérêts politiques ou économiques cachés. - Dernier recours : Toutes les autres options non violentes, telles que les sanctions diplomatiques ou économiques, doivent avoir été épuisées avant de recourir à la force militaire. - Proportionnalité : Les moyens utilisés lors de l'intervention doivent être proportionnés à l'objectif humanitaire recherché, minimisant autant que possible les dommages collatéraux et les souffrances infligées aux civils. Il considère que la guerre est une notion complexe, aux contours flous, et préfère en analyser les différentes formes et finalités plutôt que d'en donner une définition stricte : vaut mieux s'abstenir de définir la guerre.
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La Guerre du Péloponnèse Livre de Thucydide, écrit à la fin du Vème siècle avant JC
Le « piège de Thucydide » est un concept développé par l’historien américain Graham Allison, qui s’inspire des écrits de Thucydide sur la guerre du Péloponnèse. Il désigne la tendance quasi inévitable à la guerre lorsqu’une puissance émergente menace de supplanter une puissance dominante. Thucydide expliquait que la guerre entre Athènes et Sparte était devenue inévitable parce que la montée en puissance d'Athènes avait suscité la peur chez Sparte, poussant cette dernière à prendre des mesures préventives qui ont conduit au conflit. Graham Allison applique ce raisonnement aux relations internationales modernes, notamment à la rivalité entre les États-Unis (puissance dominante) et la Chine (puissance émergente). - La guerre du Péloponnèse (Sparte vs. Athènes) - La Première Guerre mondiale (Allemagne en ascension face au Royaume-Uni) - Les tensions actuelles entre les États-Unis et la Chine Allison propose plusieurs pistes : diplomatie renforcée, coopération économique, gestion des conflits par des institutions internationales, mais il souligne que l’Histoire montre que ce type de rivalité aboutit souvent à la guerre.
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De la Grande Guerre au totalitarisme, La Brutalisation des sociétés européennes, 1990, George Mosse
Il développe le concept de « brutalisation » des sociétés. Selon lui, la banalisation de la violence extrême et la sacralisation du mythe de la guerre, au cours de la 1GM, auraient rendu possible la violence totalitaire et, par prolongement, le génocide juif.
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Fukuyama, La fin de l'histoire 1992
Le mur de Berlin, construit en 1961 pour empêcher les Allemands de l'Est de fuir vers l'Ouest, est devenu un symbole de la division entre le bloc de l'Est communiste et le bloc de l'Ouest capitaliste. Sa chute le 9 novembre 1989 a été un événement spectaculaire qui a montré la fin de l'isolement de l'Est et a précipité la réunification de l'Allemagne et la disparition du régime communiste en Allemagne de l'Est. En 1989, le communisme soviétique s’effondre, illustré par la chute du Mur de Berlin et les réformes en URSS (Glasnost et Perestroïka). Selon Fukuyama, cette défaite idéologique marque la fin des grands affrontements entre systèmes politiques. Ni le fascisme, ni le communisme, ni d’autres modèles politiques ne semblent capables de concurrencer la démocratie libérale. Il soutient que la chute du communisme marquée à la fin des idéologies et la démocratie libérale de marché devenait la seule option rationnelle pour l'avenir. Il affirme que dans des pays comme la France, l'économie de marché renforce les inégalités. Il considère la démocratie de marché comme un idéal. La démocratie libérale serait le seul système capable de répondre aux aspirations humaines à la liberté et à la prospérité. CEPENDANT, la montée du nationalisme, du populisme et des régimes autoritaires (Chine, Russie, Hongrie, etc.) remet en cause l’idée d’une victoire définitive de la démocratie libérale. Contrairement aux prédictions de Fukuyama, la Chine, avec son modèle autoritaire et capitaliste, est devenue une puissance mondiale sans adopter la démocratie. Si Fukuyama voyait en 1989 la démocratie libérale comme le modèle définitif de l’humanité, les événements des décennies suivantes ont montré que l’histoire ne s’est pas arrêtée. Les tensions géopolitiques, la montée des régimes autoritaires et le rejet du libéralisme économique par certains montrent que l’idée d’une fin de l’histoire était trop optimiste
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Création en 2022 du secrétariat général à la planification écologique (SGPE) et rattaché au cabinet du premier ministre :
La création du SGPE a permis de définir un cadre d'action commun et partager avec une volonté forte : entraîner le monde économique dans une dynamique de décarbonation, de sobriété et de questionnement des modèles existants. L'objectif est clair : atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif stratégique, définie par l'accord de Paris, de 2015. En 2030, nous devrons avoir réduit de 50 % de nos émissions de CO2 par rapport à 1990, avec un objectif de baisse annuel oscillant entre 4 et 5 %. En 2023, la France a atteint ses objectifs avec 5,8 % de réduction en un an.
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COP21 (changements climatiques), le 12 décembre 2015
Des dirigeants du monde entier, réunis à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) adopte l'accord de Paris. Ce dernier fixe pour objectif de limiter à 2 °C, le réchauffement planétaire et d'atteindre la neutralité carbone à l'échelle planétaire. + en avril 2023. Un règlement européen, interdit la vente de véhicules à moteur thermique neuf à partir de 2035. + en janvier 2020, le gouvernement lance le dispositif MaPrimeRénov' permettant grâce à des aides de financer les travaux d'isolation de chauffage ou encore de ventilation d'un logement
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La Fatigue d’être soi, Alain Ehrenberg, 1998
traite de la multiplication des cas de dépressions. Pour rester au niveau et surmonter le stress, les individus ont recours au dopage, qui concerne non pas le seul sport, mais toute la société, comme le montre l’abondante consommation de drogues, d’anxiolytiques, d’antidépresseurs dans la France contemporaine. Il développe la vision inquiétante d’une « société sous perfusion ». Depuis le 1er janvier 2025, 14 tensions d’approvisionnement et ruptures de stock en médicaments psychotropes ont été publiées par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM).
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La mutation de la société s'est accompagné d'une révolution des mœurs que Yannick Lemel et Olivier Galland dans "valeur et culture en Europe" ont caractérisé en deux mots :
Permissivité et individualisme = de nombreux tabou sexuels ont disparu, rapport homme, femmes, modifié
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René Rémond, politologue (sur l'autorité)
Selon lui, il convient de restaurer l'autorité républicaine en réaffirme les valeurs d'universalisme, du savoir et d'égalité qui ont caractérisé la république comme la transmission du savoir universel, l'égalité des chances, et la lutte contre les discriminations. redéfinition de l’autorité républicaine dans un contexte de mondialisation et de montée des individualismes, cherchant à renforcer les bases de la République tout en garantissant la cohésion sociale. Un des moyens de renforcer l’autorité républicaine, selon Rémond, serait de renforcer l’enseignement de la laïcité et des valeurs républicaines dès le plus jeune âge, notamment à travers l'école. Cela pourrait passer par des programmes d'éducation civique plus ambitieux et réguliers, pour souligner l’importance de la citoyenneté, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
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La Contre-Démocratie : La politique à l'âge de la défiance (2006), Rosanvallon (souveraineté + autorité)
Il critique l'idée d'une démocratie d'autorisation, où les citoyens se contentent de choisir leurs représentants lors des élections sans être véritablement impliqués dans le processus politique au quotidien. Il ne reste plus que les droits de l'homme pour fonder une souveraineté légitime. Ce bouleversement affecte le fonctionnement de l'État et la perception qui peuvent en avoir les citoyens qui réclame une démocratie d'exercice plutôt qu'une démocratie d'autorisation.
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Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, 2002.
Dupuy développe l’heuristique de la peur, un mode de raisonnement selon lequel l’anticipation rationnelle d’un scénario catastrophique permet d’éviter sa réalisation. Appliquée au travail, cette approche éclaire les discours alarmistes sur l’automatisation et la précarisation (ex. : crainte d’un chômage de masse dû à l’IA ou à l’ubérisation). Elle justifie certaines réformes (flexibilisation, formation aux métiers de demain) en réponse à une menace parfois exagérée mais mobilisatrice.
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MOURIR DANS LA DIGNITÉ, plaidoyer pour la dernière des libertés, de Jonathan DENIS,
La grande majorité de nos concitoyens est favorable à une évolution de la législation, la France rencontre des difficultés à statuer sur la question de la fin de vie assistée. Le retard français sur ce sujet sociétal met en lumière le rôle central de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) qui, depuis de nombreuses années, mène le combat pour légaliser l'euthanasie et le suicide assisté, tout en assurant un accès universel aux soins palliatifs. Jonathan Denis, président de l'ADMD, signe un livre choral qui donne la parole à de nombreuses personnalités : médecins experts, soignants, bénévoles accompagnants, penseurs, juristes, acteurs associatifs à l'étranger, politiques et adhérents engagés. Il constate la lenteur de mise en place des lois successives concernant la fin de vie, comme par exemple celle de 1999 visant à garantir l’accès universel aux soins palliatifs. 25 ans plus tard où en sommes-nous ? Jonathan a organisé son livre autour des trois thèmes majeurs que représente la devise de notre République : Liberté, Égalité et Fraternité. Il y a ajouté la Laïcité qui garantit la liberté de conscience. Qu’entendons-nous par Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité concernant la fin de vie ? Chaque chapitre développe le sens des mots dans ce qu’il devrait être et par contraste sa réalité concrète aujourd’hui lorsqu’il s’agit d’accompagner un être au terme de sa vie qui demande à mourir. Jonathan parle de la fin de vie de son père, de sa complicité avec cet homme qu’il aimait par-dessus tout, qui souhaitait cesser de souffrir et qu’il a aidé à mourir selon ses souhaits, au dehors de la loi française. Je pourrais aussi vous parler de la fin de vie de ma mère qui s’est organisée de la même façon, en toute clandestinité, en cachette, en silence. + convention citoyenne sur la fin de vie 2022/2023 a considéré que l'accès à l’aide active à mourir doit être ouvert.
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Jaime Semprun, L'âbime se repeuple, 1997 (citation)
"Quand le citoyen écologiste (...) prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : quel monde allons nous laisser à nos enfants ?, il évite de poser cette autre question , réellement inquiétante : "A quels enfants allons-nous laisser le monde?"
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"Ceci tuera cela" de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris (1831) : Livre V, chapitre 2, intitulé "Ceci tuera cela".
L'imprimerie (les livres) va remplacer l'architecture (les cathédrales) comme principal moyen de transmission des idées. Cette même phrase pourrait être appliquée au (...) qui remplace progressivement le livre. Si le déclin de l'ordre ancien susicte l'émotion chez Victor Hugo, à l'ère contemporaine l'avènement du (...) présente de nouveaux avantages.
109
Le Monde, le 16 octobre 2024 "En vendant la citoyenneté de l'Union, Malte dégrade le statut de tous les citoyens européens"
La nationalité = composante fondamentale de la dignité. Selon Arendt, elle est l'instrument juridique qui permet à chacun, par l'appartenance à un Etat, de garantir une personnalité juridique, condition sur laquelle repose toute protection. Durant la 2GM, privation massive de la nationalité par l'Etat nazi.
110
La Commission de Venise (Commission européenne pour la démocratie et le droit)
La commission de Venise a réfléchi à la définition de l'État de droit et en a conclu qu'il s'agissait d'une notion indéfinissable. Donc elle a établi une liste de cinq critères fondamentaux de l'État de droit : Principe de légalité Sécurité juridique Prévention de l'abus de pouvoir Égalité devant la loi et non discrimination Accès à la Justice
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Le chef de l'État du chantier de Notre-Dame de Paris, bouclé dans les temps "une métaphore de la vie de la nation"
"Le brasier de Notre-Dame de Paris était une blessure nationale et vous avez été son remède, par la volonté, par le travail et par l'engagement"
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Syrie, "comment raconter une histoire à un enfant qui, de sa prison, ne sait pas ce que sont le ciel, ni les oiseaux?" Suite à la chute du régime d'al-Assad le 12 décembre 2024
"La Syrie est à tous les syriens et la religion est à Dieu" Ce slogan incarne l'idée que la religion doit rester du domaine privé et que le pays à appartient à tous, quelque soit sa confession. Il est devenu un acte fondateur de la république syrienne, indépendance en 1946.
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Cécile Dufflot, DG d'Oxfam France "La milliardocratie, menace ultime contre la démocratie"
Elle dénonce la concentration extrême des richesses comme un péril pour l'égalité politique. Elle montre comment une élite économique capte le pouvoir influençant les décisions politiques. En limitant la capacité d'action des états en creusant les inégalités, elle menace la cohésion sociale et le contrat démocratique.
114
Dans son discours d'adieu, joe Biden, le 15 janvier 2025
"aujourd'hui, une oligarchie prend forme en Amérique, avec une richesse, un pouvoir et une influence extrêmes, qui menacent littéralement notre démocratie." Depuis la victoire de Donald Trump, le concept d'oligarchie devient la "broligarchie", idéal pour qualifier le club de milliardaires qui gravite autour de la Maison-Blanche.
115
Dominique Simonnot, CGLPL, le 11 février 2025
"Pour les enfants délaissés, l'État est comme un autre parent défaillant"
116
Comme le disait le théoricien politique italien Antonio Gramsci (1891-1937) :
le pessimisme de la raison doit se conjuguer avec l’optimisme de la volonté. Des signes laissent à penser que le pire n’est pas inéluctable.
117
Citation Protagoras (philosophe grec du Vème siècle avant notre ère)
"L'Homme devient ainsi la mesure de toute chose" Elle signifie que tout dépend du point de vue de l’homme. Autrement dit, il n’existe pas de vérité absolue, tout est relatif à celui qui perçoit.
118
Inventeur Internet, officiellement né en mars 1989
Tim Berners Lee
119
Dominique Cardon, 2008, Les réseaux sociaux de l'internet
Affirme que les RS sont des "formidables laboratoires d'alternatives à la démocratie représentative" en ce qu'ils permettent l'expression directe des voix minoritaires.
120
Rosanvallon, La crise de l'Etat providence, 1991
Le numérique a également des vertus au plan politique qui peuvent permettre d'endiguer la "crise de légitimité" dont souffre l'Etat en raison de ce qu'il appelle le "miroir brisé de la représentation". En effet, le numérique permet une transparence qui pourrait rétablir la confiance dans les institutions politiques.
121
Marshall McLuhan, dans "The medium is the massage" 1967
Pour qualifier les effets de la mondialisation, des médias et des technologies, il utilise le terme de "village global" = le monde que le numérique a rendu interconnecté, hyperconnecté et immédiat.
122
Amartya Sen
Sociologue indien, il affirme que la pauvreté ne peut pas se résumer à des questions économiques, il s'agit également du fait de "se sentir exclu des décisions qui concernent sa propre vie". Or la fermeture des guichets physiques touche près de 30% de la population.
123
Gilles Lipovetsky, De la légèreté, 2015.
Il parle de "djihadisme 2.0" dans lequel les jeunes avaient la kalachnkov dans une main et le smartphone dans l'autre. Il fait référence à la manière dont les réseaux sociaux, les outils numériques et les codes de la culture de masse sont utilisés par les groupes terroristes pour séduire et recruter des jeunes, en particulier en Occident. Lipovetsky y analyse cette forme de radicalisation comme un phénomène qui emprunte aux logiques de la société de consommation, de l’image et de l’individualisme.
124
La décision CJUE, Google Spain (13 mai 2014)
Cette décision a posé les bases du "droit à l’oubli" numérique dans l’Union européenne. La Cour a jugé que Google, en tant que moteur de recherche, est responsable du traitement des données personnelles figurant dans les résultats de recherche. Un individu peut donc demander la suppression de liens menant à des pages contenant des informations le concernant, si celles-ci sont inadéquates, non pertinentes ou excessives. Ce droit s’exerce même si la publication d’origine est licite. Cette décision a marqué un tournant dans la protection des données en ligne.
125
Le sémiologue François Jost, dans "L'opinion qui ne dit pas son nom. Du pluralisme des médias en démocratie"
calcule en 2024 que 78% des invités sur le plateau des émissions de Pascal Praud appartiennent à la droite et à l’extrême droite, contre 10% à la gauche. Un déséquilibre qui n’avait pourtant pas attiré les foudres de l’ARCOM puisqu’elle ne décompte les déclarations politiques que des élus, dotés d’un mandat
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Dans un arrêt du 13 février 2024 du Conseil d’État
le Conseil d’État a déploré une interprétation erronée de la loi de 1986 et appelé à ce que les chaînes tiennent désormais compte « des interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». Le chroniqueur d’infodivertissement Cyril Hanouna y voit « une dictature de la pensée », alors que l’ARCOM est contrainte de vérifier dans les six mois que CNews, qui réunit chaque jour deux millions de téléspectateurs simultanés, respecte les nouvelles règles. En 2025, quinze autorisations décennales de diffusion sur la TNT arrivent à échéance. L’ARCOM a notamment décidé de ne pas renouveler les fréquences de C8, qui a cessé d’émettre le 28 février 2025 à minuit, sanctionnée pour ne pas avoir respecté les règles déontologiques du traitement de l’information, entre autres lors de la diffusion de l’émission quotidienne Touche pas à mon poste !
127
Selon le rapport en 2022 de la Fondation Jean Jaurès, Les Français et la fatigue informationnelle :
+ 77% des Français disent désormais refuser de consulter l’actualité pour se ménager Résulterait du nouveau régime médiatique une sensation surabondance pour les consommateurs, « hyperconnectés épuisés » vers lesquels convergent un flux incessant, ni classé ni hiérarchisé, d’images et d’articles. En 1981 déjà, en réaction à la politique mitterrandienne de privatisation et de l’audiovisuel, le philosophe Edgar Morin écrivait dans son livre Pour sortir du XXe siècle que « l’excès étouffe l’information quand nous sommes soumis au déferlement ininterrompu d’évènements […]. Nous sommes comme aveuglés par un nuage informationnel ». Saturés d’éléments répétitifs et contradictoires, englués dans les notifications perpétuelles, 53% des Français de plus de 15 ans qui, pour 87% d’entre eux, possèdent un smartphone, seraient fatigués de subir ce flux générateur de stress et de confusion.
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Rapport des états généraux de l'information - Protéger et développer, le droit à l'information : une urgence démocratique, septembre 2024
« L’information est un bien public et un bien commun, essentiel au bon fonctionnement de l’espace public démocratique. Face à la polarisation, à la désinformation et à la paupérisation des médias, les États généraux de l’information appellent à une politique ambitieuse pour sauvegarder le droit à l’information. Car sans information fiable, pas de citoyenneté éclairée, et sans espace public fondé sur une réalité partagée, pas de démocratie » (États généraux de l’information, Rapport 2024, synthèse, p. 6-8) En France, les conclusions des états généraux de l’information présentent une alternative. Soit, d’ici 2050, les pouvoirs publics parviennent à sortir l’écosystème médiatique de la zone d’influence du marché et ainsi assurent un « âge d’or de l’information » dans un monde pacifié et dominé par les démocraties. Soit les grandes firmes du numériques, appuyées sur l’Intelligence artificielle générative, font proliférer la désinformation. Le scénario de « la mort de l’information » ruine les démocraties. Pour parer les périls, le rapport préconise quinze initiatives, dans l’esprit de la ligne défendue par le Conseil d’État en matière de pluralisme. Une meilleure protection du secret des sources journalistiques est ainsi préconisée alors que s’engage une réflexion sur la gouvernance des médias d’information. La création en 1951 d’une première société de journalistes du quotidien Le Monde a permis de défendre l’indépendance de la rédaction à l’égard du propriétaire du journal. La Société des rédacteurs du Monde a ainsi rédigé une charte d’éthique et de déontologie interdisant aux actionnaires d’influencer la ligne éditoriale. Ce modèle pourrait, selon le rapport des états généraux de l’information, se généraliser.
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La sportokratura sous Vladimir Poutine, Une géopolitique du sport russe, 2021de Lukas Aubin
Il distingue deux modèles de pouvoir liés au sport : - La sportocratie, où le sport est un outil démocratique servant la cohésion sociale et le soft power dans un cadre libéral (comme aux États-Unis ou en Europe occidentale) - Et la sportokratura, qui désigne un régime autoritaire utilisant le sport comme instrument de domination politique, de propagande et de contrôle. Le cas russe incarne cette sportokratura : depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, le Kremlin a fait du sport une vitrine de la puissance nationale, en organisant de grands événements (Jeux olympiques de Sotchi 2014, Coupe du monde 2018) et en renforçant l’emprise étatique sur les institutions sportives. Le sport devient alors un outil stratégique au service d’un pouvoir verticalisé, cherchant à affirmer son influence autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
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Alexander von Humboldt, dans son Essai sur la géographie des plantes (1807)
Cette prise de conscience de l’impact humain sur la nature n’est pas nouvelle puisque dès le début du XIXe siècle, Alexander von Humboldt, dans son Essai sur la géographie des plantes (1807), mettait en évidence les liens entre activités humaines, climat et écosystèmes, alertant déjà sur les conséquences de la déforestation ou de l’agriculture intensive. Sa vision interconnectée du vivant fait de lui un précurseur de l’écologie moderne, démontrant que la durabilité suppose une compréhension globale des équilibres naturels.
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Le Contrat naturel (1990), Michel Serres + Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique (1992).
M.Serres appelle à repenser en profondeur notre rapport à la nature. À l’image du contrat social qui régit les relations entre les humains, il propose d’instaurer un "contrat naturel" qui intégrerait la Terre comme un véritable partenaire, sujet de droits et non plus simple objet d’exploitation. Selon lui, l’environnement doit être reconnu comme un acteur à part entière, capable de « répondre » à nos actions par des catastrophes écologiques. Cette approche philosophique invite à une responsabilité collective à l’échelle planétaire, fondée sur la réciprocité, et préfigure les grands principes du développement durable et de la justice environnementale contemporaine. Cette pensée, qui prône une écologie radicale et une remise en question de la domination humaine sur le monde vivant, a suscité une réponse de Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique (1992). Ferry critique l’approche de Serres et l’humanisme écologique, qu’il juge excessif. Selon lui, accorder une valeur égale à la nature sous toutes ses formes serait irrationnel, et il défend une vision plus modérée, rappelant l’importance de l’humanisme classique dans la réflexion écologique.
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Le rapport Brundtland, 1987
Le rapport définit le développement durable comme un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. - Dimension : économique, sociale et environnementale. - Objectif : Conciliation entre croissance économique, justice sociale et préservation de la planète. - Exemples : Transition énergétique, lutte contre la pauvreté, urbanisme durable. TANDIS QUE l'Économie verte est un modèle économique visant à réduire les impacts environnementaux tout en créant de la croissance et de l'emploi. - Logique marchande : intégrer les coûts environnementaux dans l’économie (écotaxes, investissements verts, marchés du carbone). - Objectif : Réconcilier écologie et croissance économique. - Exemples : Energies renouvelables, mobilité douce, éco-innovation Si l’écologie inspire la conscience des limites, le développement durable propose une voie de compromis, tandis que l’économie verte cherche à en faire un levier de croissance
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Ulrich Beck, (1986). La société du risque : Sur la voie d'une autre modernité
Ulrich Beck analyse comment la modernité a donné naissance à une nouvelle forme de société, caractérisée par l'extension et la multiplication des risques globaux. Remettant radicalement en cause ce qu’il appelle « la religion moderne du progrès » et partant de l'idée que, dans toutes les sociétés industrielles, les promesses de la modernité n’ont pas été tenues (la misère n’est pas vaincue, les inégalités croissent, les catastrophes écologiques se multiplient, le développement des technologies fait craindre l'apparition de nouvelles formes de contrôle social...), Selon Beck, les sociétés industrielles, qui étaient auparavant définies par leur capacité à produire des biens, sont désormais devenues des "manufactures du risque", c'est-à-dire des sociétés capables de produire des dangers à une échelle mondiale, tels que des catastrophes écologiques, des crises économiques ou des pandémies. Ces risques, qui échappent aux frontières nationales, affectent l'ensemble de l'humanité et remettent en question les certitudes de la modernité. Beck insiste sur le fait que ces dangers peuvent mener à la destruction de notre environnement et à la disparition de nos sociétés si elles ne prennent pas conscience de leur responsabilité collective. L’ouvrage met donc en lumière une nouvelle dynamique de risques et appelle à repenser les modèles de gestion de ces dangers à l’échelle globale.
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La Domination masculine (1998), Pierre Bourdieu
Dans La Domination masculine (1998), Pierre Bourdieu analyse les mécanismes sociaux et culturels qui perpétuent la subordination des femmes dans les sociétés patriarcales. À travers une approche sociologique, il montre que cette domination ne se réduit pas à une simple relation de pouvoir, mais s’enracine profondément dans les structures sociales, économiques et symboliques. Bourdieu souligne le rôle des habitus, ces schémas de pensée et de comportement intégrés dès l’enfance, qui reproduisent les inégalités entre les sexes. Selon lui, les pratiques, les représentations et les institutions (éducation, famille, travail) participent tous à l'instauration d'une « domination symbolique » qui invisibilise et légitime la supériorité des hommes. Cette analyse met en lumière l’importance de déconstruire ces normes sociales pour véritablement atteindre l’égalité entre les sexes.
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Citation du général de Gaulle, en novembre 1959, faisant référence au débat qui l’opposait au président américain Eisenhower (1890-1969).
"Qui peut dire si, dans l’avenir (… ), les deux puissances qui auraient le monopole des armes nucléaires ne s’entendraient pas pour partager le monde ?"
136
L'alerte de hauts magistrats français, Le 7 mars 2025 :
« Il ne faudrait pas découvrir la valeur de l’Etat de droit une fois perdu »  Le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau souligne la gravité de l’époque : « Nous sommes dans un moment historique où il y a une tension entre deux formes d’Etat : l’Etat de droit, où être élu par le peuple ne suffit pas ; l’Etat brutal, comme on le voit avec Trump, où l’élection est censée donner tous les droits. » Le droit contre la souveraineté populaire, les juges contre l’opinion, les conventions et traités européens contre la liberté de chaque Etat… Le ministre de l’intérieur n’est pas seul : du fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, proclamant : « La République, c’est moi », lors d’une perquisition, au ministre de la justice, Gérald Darmanin, s’opposant à une éventuelle peine d’inéligibilité de la leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, en passant par la droite et l’extrême droite, qui fustigent le « coup d’Etat de droit » du Conseil constitutionnel lors de la censure partielle de la dernière loi « immigration », en janvier 2024…
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Légitimité d'un parlementaire et d'un juge, selon Christophe Soulard : à la question "Les tribunaux, lieux d’apaisement social ?" Le 7 mars 2025
"La légitimité d’un parlementaire se fonde sur son élection ; la légitimité du juge, elle, est toujours remise en cause, en tout cas, elle ne va jamais de soi. Je pense qu’il ne faut pas y voir une faiblesse, plutôt une force. Cela oblige le juge à appuyer sa légitimité sur la qualité des débats qui conduisent aux décisions prononcées et sur la prudence qui marque ces dernières. Quand il n’y a pas d’Etat de droit, on règle nos différends par la force, et c’est le plus fort ou le plus violent qui l’emporte. Dans un Etat de droit, on règle les conflits par le droit, et c’est le juge qui est chargé de résoudre les différends en appliquant la loi. Il garantit ainsi une forme d’apaisement. Dans une période de grands bouleversements, de défis sécuritaires ou climatiques, c’est le moment où les institutions doivent être solides. Plus les vents soufflent, plus il faut que les institutions soient stables."
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Le discours à Munich du vice-président américain, J. D. Vance, lors du sommet sur la sécurité :
Il est venu nous donner des leçons de liberté d’expression, alors qu’il défend les intérêts commerciaux des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] dans un pays où le président des Etats-Unis choisit désormais les journalistes qui sont autorisés à l’interroger
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« Qu’est-ce qu’être français ? » : François Bayrou, le 27 février 2025 :
Il lance des conventions citoyennes décentralisées sur l’identité française, pour débattre de la question : « Qu’est-ce qu’être français ? » : Aux « trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité », qui fondent la « nation », le chef du gouvernement suggère, dans Le Figaro, d’« ajouter la laïcité et le contrat social » lors de ce débat. « La laïcité philosophique et religieuse est une immense conquête, terriblement contestée sur la planète. Elle est notre force. Je crois qu’elle doit être complétée par une laïcité politique : ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec moi que je veux l’écraser », détaille le premier ministre. « Quant au contrat social, il fait que le principe de notre vie en commun n’est pas le “chacun pour soi”, mais le “tous pour un. Ces questions sont des composantes de ce que nous sommes comme peuple », ajoute-t-il. « Etre français, ça ne peut pas être le hasard de la naissance. Etre français, c’est une volonté », a soutenu le ministre de la justice, Gérald Darmanin, favorable à un retour au régime en vigueur entre 1993 et 1998, sous la loi Méhaignerie, qui imposait une manifestation de volonté aux enfants d’étrangers nés en France pour qu’ils acquièrent la nationalité à leur majorité. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a, le 12 février sur France Inter, rappelé que lors des débats au Sénat sur la loi « immigration », fin 2023, « pour ne pas devenir français par hasard », il avait fait voter une restriction du droit du sol en ce sens (finalement censurée par le Conseil constitutionnel). Après avoir détonné en accréditant le sentiment de « submersion » migratoire, le premier ministre, François Bayrou, dit vouloir un débat « plus large » sur la question « Qu’est-ce que c’est qu’être français ? ». Comment en vient-on à remettre en question les règles entourant l’acquisition de la nationalité à partir de prises de position portant sur l’immigration ? « Cette prédominance du jus soli [droit du sol], non exclusive de l’application du jus sanguinis [droit du sang], concorde avec la conception révolutionnaire de la Nation et de la solidarité nationale, écrit la juriste Danièle Lochak dans Etrangers : de quel droit ? Dans cette optique, l’élément déterminant n’est pas la filiation mais la naissance et surtout la résidence sur le territoire français, dans la mesure où celle-ci est l’expression en actes de la volonté de vivre selon les lois que s’est données la Nation française. »
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Antiféminismes et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, 2019, l’historienne Christine Bard : spécialiste des féminismes, introduit une réflexion sur la manière dont diverses formes de haine – sexisme, racisme, antisémitisme, xénophobie et homophobie – se croisent et s’entrelacent dans certains discours idéologiques.
Lors d'un colloque franco-québécois sur l’antiféminisme à l'université d’Angers en 2017, elle utilise l'expression pour décrire la convergence de ces haines dans les contenus de l'hebdomadaire d’extrême droite Minute, entre 1990 et 2015. Bard explique que ces formes de haine peuvent être juxtaposées, mais parfois également croisées, notamment lorsque des personnalités politiques ou médiatiques sont ciblées en raison de leur sexe, de leur origine ethnique, ou de leur religion – à l'instar des attaques spécifiques contre des femmes juives, musulmanes ou d'origine africaine dans ce contexte. L’analyse de Bard permet de mettre en lumière la manière dont les discours antiféministes et nationalistes se nourrissent souvent de la même matrice idéologique, combinant des ressorts de haine contre les femmes et contre les minorités. Cette approche fait écho à l’idéologie de l’Action française, mouvement nationaliste et royaliste d’extrême droite sous la IIIe République. Dirigé par Charles Maurras, l’Action française prônait une vision de la société française reposant sur des valeurs chrétiennes et traditionnelles. Dans cette optique, Maurras et ses partisans imaginaient une réaction virile et purificatrice contre ce qu’ils percevaient comme des dangers civilisationnels : le péril franc-maçon, juif, protestant, métèque (étranger), et bien sûr, féministe. Bard souligne donc l’importance de comprendre la convergence des idéologies qui, sous couvert de défendre une société « idéale » et « pure », nourrissent des discours discriminants et exclusifs qui, loin de se limiter à un seul type de haine, les combinent pour formuler une opposition globale à des catégories sociales perçues comme déviantes ou menaçant l’ordre traditionnel.
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La convention d’Aarhus, 25 juin 1998, sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement
En signant la convention d’Aarhus, la France s’est engagée à publier tous les cinq ans un panorama complet de l’état de l’environnement, engagement respecté par tous les gouvernements depuis 1994. Grâce aux évolutions technologiques et au durcissement des normes dans les transports ou l’industrie, la qualité de l’air s’améliore. Depuis 2000, la baisse du dioxyde d’azote a été de 53 % et celle du dioxyde de soufre de 87 %. Autre indicateur plutôt favorable : la surpêche touche moins de populations de poissons (de 53 % à 41 % entre 2000 et 2021) alors que ce taux est en nette augmentation dans le monde (de 27 % à 38 %)
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La fenêtre d'Overton, développée par Joseph P. Overton :
Désigne l'éventail des idées considérées comme politiquement acceptables dans une société donnée à un moment précis. Selon ce concept, les idées se situent à l'intérieur de cette fenêtre si elles sont jugées légitimes, et à l'extérieur si elles sont perçues comme extrêmes ou inapplicables. Ce cadre peut évoluer au fil du temps, notamment par le biais de changements dans l'opinion publique, les actions des mouvements sociaux ou l'influence des médias. En modifiant cette fenêtre, les acteurs politiques peuvent faire accepter des idées autrefois marginales, contribuant ainsi à redéfinir les normes sociales et politiques. La fenêtre d'Overton est un outil utile pour comprendre l'évolution du discours public et les stratégies de communication dans les sociétés contemporaines.
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Leitmotiv de Trump, "Make America Great Again" MAGA
Depuis son élection, Donald Trump utilise régulièrement le slogan "Make America Great Again" (MAGA) pour mobiliser ses partisans et affirmer son rejet des élites politiques. Il associe ce slogan à ses promesses de relancer l'économie, de réduire l'immigration et de protéger les valeurs traditionnelles américaines. MAGA est devenu un symbole fort de son programme nationaliste et de son opposition à la mondialisation. Il permet à Trump de maintenir une base fidèle et de continuer à influencer le débat public.
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Le pape, apôtre de la paix + apport du Pape François avec : corpus théologique catholique avec l’encyclique Laudato si’ (2015)
Le pape, en tant que chef de l'Église catholique, est souvent perçu comme un apôtre de la paix, incarnant un message de réconciliation, de dialogue et de solidarité. À travers ses discours et ses actions, il appelle à la paix mondiale, encourage le respect des droits de l'homme et milite pour la justice sociale. Le pape utilise également son influence pour résoudre des conflits internationaux, favoriser le dialogue interreligieux et promouvoir une culture de paix, en soulignant l'importance de la charité et de la compréhension mutuelle. Son rôle spirituel et moral lui confère une position unique pour œuvrer en faveur de la paix, dans un monde souvent marqué par les tensions et les violences. + En introduisant l’écologie dans le corpus théologique catholique avec l’encyclique Laudato si’ (2015), il aura accompli un pas comparable à celui de son prédécesseur Léon XIII qui, en 1891, y avait intégré la question sociale. Ayant pour sous-titre « sur la sauvegarde de la maison commune », elle est consacrée aux questions environnementales et sociales, à l'écologie intégrale, et de façon générale à la sauvegarde de la Création. François, dans Laudato si’, ne se contente pas d’appeler à la protection de l’environnement. Il élabore une véritable écologie intégrale, qui lie les questions environnementales, économiques, sociales et spirituelles. Il affirme que « tout est lié », soulignant l’interconnexion entre la pauvreté, la dégradation de la planète, et l’oubli de Dieu. En ces temps de nationalisme et de xénophobie, il aura porté haut et fort la cause des immigrés et des réfugiés, en dénonçant « la mondialisation de l’indifférence » à leur égard.
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La guerre mondiale n’aura pas lieu. Les raisons géopolitiques d’espérer, Frédéric Encel, 2025
Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi que d’autres conflits, ont engendré un discours empreint de peur : l’humanité, professent les pessimistes, serait à l’aube d’un nouveau conflit planétaire. Le spécialiste de géopolitique Frédéric Encel explique que le risque d’un conflit généralisé est très faible, malgré les tensions internationales actuelles. la dissuasion nucléaire change radicalement la donne : la menace d’anéantissement limite le risque de conflit ouvert entre les puissances dotées de l’arme atomique (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël). Le « piège de Thucydide », une théorie du politiste américain Graham Allison selon laquelle les deux puissances dominantes, à savoir aujourd’hui les Etats-Unis et la Chine, sont poussées à entrer en conflit, a donc peu de chance de se refermer. La boussole isolationniste et mercantiliste de Donald Trump le pousse à rejeter la guerre : elle coûte trop cher et rapporte trop peu.
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Pierre Rosanvallon, Les Institutions invisibles, 2024
Il analyse les trois « institutions invisibles » que sont l’autorité, la confiance et la légitimité. Selon lui, ces éléments, bien que non codifiés, structurent en profondeur le lien entre gouvernants et gouvernés. Leur érosion nourrit le désenchantement démocratique contemporain. Comme l’a récemment souligné Pierre Rosanvallon dans Les Institutions invisibles (2024), l’efficacité d’un ordre démocratique ne dépend pas uniquement de ses institutions formelles, mais aussi de la qualité du lien invisible qui unit les citoyens à celles-ci. Quand on dit que les magistrats rendent la justice au nom du peuple français, ce n’est pas simplement parce qu’ils le « représentent », mais parce qu’ils sont les gardiens d’une souveraineté populaire définie par les valeurs fondatrices du contrat social. Les juges incarnent, tout autant que les élus, le principe démocratique de la souveraineté du peuple. En invoquant « le » peuple à tort et à travers, les défenseurs de Marine Le Pen s’inscrivent dans la lignée des dirigeants populistes : ils exaltent la figure d’un « peuple-un » opprimé par les élites dont ils prétendent être les représentants authentiques.
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Rapport Draghi, remis le 9 septembre 2024 à Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne
Le 9 septembre 2024, Mario Draghi remet à Ursula von der Leyen un rapport de près de 400 pages sur la compétitivité européenne. Il alerte sur le décrochage économique de l’UE, dont le PIB accuse un retard de 30 % par rapport aux États-Unis, en grande partie dû à un sous-investissement dans les technologies. Il plaide pour une intégration plus poussée du marché intérieur, une stratégie industrielle ambitieuse et une meilleure coordination énergétique. Il souligne l'importance de lier transition écologique et croissance, et de renforcer la sécurité économique face aux dépendances stratégiques. Sans refonte profonde du modèle économique et politique de l’Union, il estime que l’Europe risque un déclin irréversible.
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Bien juger (2016), Antoine Garapon
Antoine Garapon montre que la justice européenne, notamment française, reste profondément marquée par son héritage religieux. Le juge y incarne une figure d’autorité quasi sacrée, héritée du modèle chrétien du jugement, où la vérité doit être révélée, et non simplement débattue. Contrairement au modèle anglo-saxon accusatoire, fondé sur la confrontation entre les parties, le modèle inquisitoire continental met le juge au centre, garant d’un ordre moral et d’une quête de vérité absolue. Cet héritage explique encore aujourd’hui certaines spécificités du fonctionnement judiciaire en France.
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Juger sous Vichy, juger Vichy (préface de R. Badinter), Jean-Paul Jean, 2018
L'ouvrage met en lumière la responsabilité de la magistrature sous le régime de Vichy. Dès octobre 1940, les magistrats prêtent serment de fidélité au maréchal Pétain – tous, sauf un, Paul Didier. Ce serment symbolise une allégeance personnelle au chef de l’État, rompant avec la tradition républicaine de neutralité. La majorité de la magistrature applique sans résistance les lois d’exception, notamment les textes antisémites qui excluent les Juifs de la fonction publique ou les placent en marge du droit commun, les transformant en citoyens de second ordre. Cette collaboration juridique a durablement affecté la légitimité morale de la justice française, en montrant son incapacité à s’opposer à des lois injustes.
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Rapport de l’OCDE de décembre 2021 = Mise en œuvre de la Convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption : France
Rapidement devenu un acteur central de la justice pénale économique, le PNF a pourtant été l’objet de nombreuses critiques de la part d’élus mis en cause, qui l’accusent d’acharnement ou de partialité politique. Cette remise en cause de sa légitimité institutionnelle atteint un point critique lorsqu’elle provient de responsables au sommet de l’État, comme lors de l’affaire Fillon en 2017. Pourtant, un rapport de l’OCDE publié en décembre 2021 affirme au contraire la légitimité de l’existence du PNF, tout en recommandant un renforcement de ses moyens pour mieux remplir ses missions. Ce contraste entre reconnaissance internationale et soupçons nationaux illustre à quel point la relation entre justice et politique peut se tendre lorsque des institutions judiciaires spécialisées s’attaquent à la délinquance en col blanc. La méfiance des politiques envers une justice qu’ils perçoivent comme une menace pour leur pouvoir fragilise alors la séparation des pouvoirs et nourrit un climat de suspicion généralisée.
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Le rapport d’information sénatoriale de 2022 sur la judiciarisation de la vie publique
Il invite ainsi à dépasser le face-à-face conflictuel en privilégiant « le dialogue plutôt qu’un duel ». Il souligne le double malaise : côté politique, un sentiment de mise en accusation systématique ; côté judiciaire, la crainte d’un discrédit du rôle de la justice. Parmi les pistes évoquées, la possibilité pour le Parlement d’intervenir à titre de tierce partie devant la Cour européenne des droits de l’homme dans des affaires de grande importance incarne cette volonté de renouer un lien institutionnel.
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La société comme verdict, Didier Eribon, 2013
Didier Eribon explore la honte liée aux différences sociales et à l'ascension sociale. À travers son expérience personnelle, il montre comment la société impose des rôles et comment, malgré la réussite, il se sent toujours honteux de ses origines ouvrières dans les milieux intellectuels, et de son homosexualité dans son village d’origine. Il souligne que, même en accédant à un milieu social plus élevé, l’individu reste marqué par son passé et éprouve une forme de rejet de la part de ses deux mondes. Cette réflexion met en lumière le poids des attentes sociales et la difficulté d’être pleinement accepté, tant dans son milieu d’origine que dans son nouveau milieu.
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Daniel Pennac « tribalisation de l’échec », dans Comme un roman (1992)
La "tribalisation de l’échec", c’est quand les élèves en difficulté se retrouvent tous ensemble dans les mêmes classes, les mêmes filières, les mêmes quartiers… et finissent par croire qu’ils sont faits pour l’échec. phénomène préoccupant du système scolaire : lorsque des élèves en difficulté sont regroupés dans les mêmes classes, les mêmes filières ou établissements, cela crée une forme de communauté de l’échec. Ces élèves, souvent issus de milieux défavorisés, finissent par intérioriser leur position comme étant « normale », voire « naturelle ». L’échec cesse d’être une expérience individuelle surmontable pour devenir une identité collective subie. Ce phénomène est d’autant plus problématique qu’il est renforcé par certaines pratiques scolaires : orientation précoce, filiarisation hiérarchisée (voie générale vs. voie professionnelle), ou encore ségrégation urbaine et scolaire. Plutôt que de corriger les inégalités, l’école peut donc parfois les figer et les renforcer, en créant des espaces où l’échec est surreprésenté — et donc auto-entretenu. La « tribu » dont parle Pennac ne se définit pas par la culture, mais par un sentiment d’exclusion partagé, une sorte de fatalisme collectif face à l’institution scolaire. En ce sens, il critique une école qui reproduit les inégalités sociales au lieu de les combattre, rejoignant ainsi les constats de sociologues comme Bourdieu ou Baudelot et Establet.
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Le risque et le principe de précaution
En 1992, dans le principe 15 de la Déclaration de Rio : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement ». En France, la loi Barnier de 1995, codifiée dans le code de l'environnement, précise dans une seconde formulation, que « l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable ». La Charte de l’environnement de 2004 a modifié pour la troisième fois cette formulation. Elle a été intégrée dans la Constitution en 2005. Les autorités publiques sont ainsi tenues d'appliquer le principe de précaution, qui est devenu un principe d'action et non d'inaction : face à l'incertitude, il faut développer des programmes de recherche pour lever le doute
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Quatrevingt-treize de Victor Hugo (1874)
Pendant la Révolution française, Quatrevingt-treize raconte l'affrontement entre les royalistes et les républicains en Bretagne. Trois personnages — Lantenac, Gauvain et Cimourdain — incarnent les choix déchirants entre fidélité politique, justice et humanité. Victor Hugo montre la violence tragique de la guerre civile, mais aussi la persistance de la compassion dans un monde déchiré. « La Révolution a été la vision humaine du salut universel. » Elle résume bien l'idée que, malgré toute la violence, Victor Hugo voit dans la Révolution une tentative de libérer l'humanité. Le roman suit trois personnages principaux : Lantenac, un noble royaliste qui dirige la révolte contre la République. Gauvain, son petit-neveu, jeune officier républicain idéaliste. Cimourdain, un ancien prêtre devenu révolutionnaire fanatique, qui a élevé Gauvain et incarne la Révolution la plus dure. L’histoire raconte : Lantenac débarque en Bretagne pour rallumer la guerre contre la République. Gauvain, chargé de l'arrêter, est partagé entre son amour pour la liberté et son affection pour sa famille. Cimourdain, lui, représente la froide rigueur révolutionnaire : il pense que toute pitié est une trahison de la Révolution. Le conflit entre ces personnages montre la complexité morale de la période : aucun camp n’est présenté comme entièrement bon ou mauvais.
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Essai d'Emmanuel Todd, La Défaite de l'Occident, 2024
Il présente une analyse du déclin des sociétés occidentales. Todd y avance l'idée que l'Occident traverse une phase de décadence, marquée par des crises économiques, sociales et politiques profondes. Selon lui, la mondialisation et les inégalités croissantes affaiblissent les sociétés occidentales, qui ne parviennent plus à maintenir leur leadership mondial. L'ouvrage suscite de nombreuses contestations. Certains refusent l'idée de déclin, arguant que l'Occident reste une puissance majeure, capable d'adaptation et de renouvellement. D'autres considèrent que Todd, en se concentrant sur certains aspects négatifs, exagère les signes de déclin et ne prend pas assez en compte les évolutions positives. En résumé, La Défaite de l'Occident soulève un débat sur l'avenir de l'Occident : déclin inexorable ou simple période de transition ?
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Phrases pour la division de l'espace public qui n'est pas nouvelle
Jacobins contre Girondins pendant la Révolution, libéraux contre ultra-conservateurs sous la Restauration, défenseurs du communisme contre ceux du modèle néo-libéral pendant la guerre froide illustrent des visions opposées. Encore faut-il que le débat public permettre d’avancer dans cette confrontation sans basculer dans d’autres formes conflictuelles. Les exemples précités témoignent du risque de dégradation : la Terreur, le risque d’un retour « bonapartiste » ou la répression violente comme celle de 1947 contre les ouvriers en grève. La société n’est pas toujours en mesure d’assumer ces débats. Cela dépend de plusieurs éléments. Une maturité démocratique, des leaders responsables, des tiers de confiance écoutés et respectés sont autant d’éléments indispensables
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Émile Durkheim, dans son ouvrage Le Suicide (1897)
Il analyse le suicide sous l'angle sociologique en identifiant plusieurs causes sociales et en soulignant l'importance de l'intégration sociale pour maintenir un équilibre personnel et collectif. L'anomie (un terme qu'il a introduit) désigne une situation où les individus se retrouvent privés de repères sociaux stables et de régulation. Ce phénomène apparaît principalement lorsque les normes, valeurs et règles sociales qui guidant les comportements des individus sont affaiblies ou se trouvent dans une phase de crise. Lorsque ces repères se désagrègent, les individus peuvent éprouver un sentiment d'aliénation (c'est-à-dire un détachement, un éloignement de la société et de ses objectifs) et d'irrésolution (c'est-à-dire un manque de direction claire et de sens dans leur vie). Dans un tel contexte, la société ne parvient plus à réguler le comportement de ses membres de manière efficace. Les individus, privés des normes et des règles qui assuraient autrefois leur orientation, se retrouvent dans un état d'insatisfaction et de peur de l'incertitude, ce qui peut mener à des comportements extrêmes comme le suicide. Durkheim lie ainsi l'anomie à une dérégulation sociale, un manque de contrôle sur les désirs individuels et les actions, créant un vide normatif qui laisse les individus vulnérables à l'effondrement psychologique. Pour Durkheim, l'éducation joue un rôle clé dans la prévention de l'anomie. Elle sert à transmettre des valeurs collectives, à rétablir des repères et à renforcer l'intégration des individus dans la société, en leur offrant des normes et des objectifs communs. Toutefois, l'éducation n'est pas le seul moyen de lutter contre l'anomie, mais elle en constitue un élément fondamental pour rétablir l'ordre et la cohésion sociale. En résumé, l'anomie dans la pensée de Durkheim est un phénomène de désintégration sociale où l'absence de régulation sociale sur les individus peut conduire à une perte de sens et de direction, ce qui, dans les cas extrêmes, peut mener au suicide.
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Le rapport d'activité 2022-2024 de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)
Le rapport dresse un constat préoccupant de l'évolution des phénomènes d’emprise mentale en France. Si la liberté de croyance est protégée, l'État lutte contre les dérives sectaires, qui consistent en l’instrumentalisation de croyances à des fins de manipulation et de sujétion psychologique ou financière des individus. Le rapport souligne que ces dérives, autrefois cantonnées aux sphères religieuses, se sont étendues à de nombreux domaines contemporains comme la santé, le bien-être, le coaching, l'éducation et les réseaux sociaux. Elles exploitent souvent des aspirations spirituelles ou existentielles, particulièrement dans un contexte de crise sanitaire, climatique ou sociale, et touchent de plus en plus les personnes vulnérables, notamment les mineurs. Face à la hausse des signalements (+111 % entre 2015 et 2024), l'État a renforcé son arsenal juridique avec la loi du 10 mai 2024, créant notamment un délit de sujétion psychologique. Une Stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires 2024-2027 a été adoptée, visant à prévenir les risques, accompagner les victimes et mieux coordonner l’action publique. Le rapport insiste enfin sur la nécessaire vigilance collective et sur la place du principe de fraternité républicaine pour protéger chacun sans remettre en cause la liberté de croire ou de ne pas croire. Il convient de distinguer les croyances religieuses, protégées par la liberté de culte, des dérives sectaires, qui consistent en l’instrumentalisation de croyances pour placer des individus sous emprise psychologique, financière ou physique.
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Problématiques
Dans quelle mesure être citoyenne et citoyen aujourd’hui, demeure un idéal commun qu’il apparaît nécessaire de renouveler ? Si le numérique est considéré comme un progrès technique qui libère l’homme moderne, dans quelle mesure doit-il être considéré comme un péril sourde d’aliénation ? Aussi convient-il de se demander si le numérique ne représente pas un péril pour nos sociétés démocratiques, individualistes, et de surcroît, en proie à une crise de la démocratie représentative ? Dans quelle mesure le numérique initialement synonyme de progrès est-il aujourd’hui porteur de menaces ? Comment faire face à ce nouveau péril numérique? Dans quelle mesure les médias sont-ils un pilier indispensable de la démocratie tout en mettant en péril son bon fonctionnement ?
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Nietzsche, ainsi parlait Zarathoustra (1883)
Le concept de libre arbitre n’est qu’une illusion, une construction morale, utilisée par les faibles pour se donner une illusion de pouvoir sur leur destin qui cherche à se donner une justification morale pour leur faiblesse. « le ressentiment des faibles » L’homme peut être tenté de fuir sa responsabilité en se soumettant à des autorités comme la religion, la société.