L'argent Flashcards
Définition de l’argent
L’argent est ce qui permet de donner une valeur objective aux objets
L’adoration du veau d’or, Nicolas Poussin, 1633
Dans L’Exode, les Hébreux sont punis pour avoir, durant leur traversée du désert, érigé et adoré un veau d’or, qui symbolise à la fois la trahison de la parole donnée à Dieu, le retour au paganisme et le choix des jouissances matérielles.
Le peintre a représenté cet épisode qui se trouve au Louvre. Autour de l’animal placé sur un autel, une ronde de jeunes gens et de jeunes filles dansent, à moitié nus, car la débauche n’est jamais loin de l’avidité.
L’argent, totem ou tabou ?
Notre rapport à l’argent est ambivalent. En parler nous gêne et nous sommes une majorité à souhaiter que la « marchandisation » ne contamine pas toutes les dimensions de la vie sociale… Mais nous continuons à rechercher inlassablement des occasions de gagner de l’argent et d’en dépenser, et nous souffrons d’en manquer !
Karl Marx, Le Capital
Pour lui, l’argent n’était pas simplement un moyen d’échange neutre, mais plutôt un symbole du pouvoir économique et social inégal qui caractérise les relations capitalistes. Il croyait que l’argent était un moyen par lequel la classe capitaliste exploitait la classe ouvrière.
Georg Simmel, La Philosophie de l’argent, 1900
Cet auteur n’est pas hostile à l’argent, pour peu que ses pathologies — avarice, cupidité, prodigalité - soient évitées. Il voit en lui « le moteur bienfaisant qui fait progresser à la fois la liberté individuelle et l’interdépendance collective ». En effet, l’argent constitue selon Simmel un instrument puissant qui permet l’essor de la liberté des hommes à la fois face aux objets et face aux autres hommes. Il insiste sur le rôle que peut jouer l’argent pour tous ceux qui se trouvent « en dehors » de la société, volontairement ou involontairement, tels que les marginaux, les commerçants itinérants, les étrangers. En effet, l’argent est mobile et il peut être caché, ce qui convient parfaitement à la position instable de l’émigré. En outre, l’étranger, dépourvu de propriétés dans le pays d’accueil, ne pourra s’élever dans la société que par la possession d’argent. Il serait naïf de croire qu’un monde duquel l’argent aurait été entièrement éliminé serait plus tolérable.
Zola, L’argent, 1891
Dans le roman, Zola présente l’argent de façon ambivalente. Celui-ci est à la fois une puissance corruptrice et une source de progrès.
Marcel Mauss, L’Essai sur le don, 1925
Ce sont nos sociétés d’Occident qui ont, très récemment, fait de l’homme un « animal économique ». Mais nous ne sommes pas encore tous des êtres de ce genre. L’Homo economicus n’est pas derrière nous, il est devant nous.
Le mythe du Roi Midas
Ce mythe issu de la mythologie grecque, raconte l’histoire d’un roi qui obtient le pouvoir de transformer tout ce qu’il touche en or. Initialement enchanté par cette capacité, Midas réalise rapidement que son don se retourne contre lui, transformant même ses proches en métal précieux. Confronté aux conséquences désastreuses de son avidité, Midas implore Dionysos de lui retirer ce pouvoir. Heureusement, le dieu miséricordieux le délivre de son vœu, a condition qu il aille se purifier dans les eaux du Pactole, qui depuis charrient de l’or. Ce mythe met en lumière les dangers de l’obsession pour la richesse et l’importance de la modération dans la quête de l’argent, soulignant les désirs humains et les conséquences de l’avidité démesurée.
L’avare, Molière, présentée le 9 septembre 1668
Harpagon, un homme obsédé par l’argent au point de sacrifier le bonheur de sa famille et de lui-même. Harpagon est caractérisé par sa cupidité excessive et son refus de partager sa richesse, même avec ses proches. Cette comédie met en lumière les conséquences néfastes de l’avarice, démontrant comment cette obsession peut mener à l’isolement social et au malheur personnel. Molière critique ainsi la vanité de l’argent et souligne l’importance des valeurs humaines telles que la générosité et l’amour familial.
Balzac, Le Père Goriot, février 1835
La morale : « l’argent donne tout, même des filles » : le père prodigue meurt abandonné par ses filles, Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen, pour lesquelles il s’est ruiné et qui n’assistent même pas à son enterrement. Tout au long du roman, son amour paternel se heurte pathétiquement à la cupidité ingrate des deux femmes.
Timon d’Athènes, Shakespeare, 1607
Le protagoniste, Timon, est un homme généreux qui distribue sa richesse sans discernement. Cependant, lorsque ses fonds s’épuisent, il se retrouve abandonné par ceux-là mêmes qu’il avait aidés. Ce drame explore les thèmes de la générosité et de l’ingratitude, dépeignant la fragilité des relations humaines basées sur l’argent. Timon devient un ermite amer, rejetant la société pour se retirer dans la solitude. L’œuvre met en garde contre la superficialité des liens forgés par la richesse et souligne la valeur des relations fondées sur la sincérité et l’altruisme. L’image finale, particulièrement marquante, met en scène la disparition de l’humanité de l’homme et son retour à l’état animal.
Charles Péguy, L’argent 1913
« L’argent, c’est l’antéchrist ». Péguy reproche surtout à l’argent de supprimer l’éthique en faisant croire qu’il est une éthique : en prônant l’épargne et le travail, la morale bourgeoise produit une contrefaçon de la morale qui n’est fait que de vénalité, quand ce n’est pas d’avarice.
Pour Péguy, le triomphe du capitalisme entérine une triple mort : la mort de la morale, la mort du métier (on renonce à « faire œuvre », l’artisan devient indifférent à son métier et ne travaille plus que pour gagner de l’argent, indépendamment de la qualité des objets réalisés) ; enfin, la mort de l’attention au présent (les informations se succèdent indéfiniment, sans permettre une réflexion approfondie)
Sujet-plan : les français et l’argent
I- Si l’immense rôle social et symbolique de l’argent a suscité dans tous les pays des formes d’hostilité variées, la France semble se caractériser par une méfiance particulière
A) L’extraordinaire puissance de l’argent met en question la cohésion de toutes les sociétés
- L’argent est à la fois et indissociablement un instrument d’échange, un moyen de domination et un symbole relevant du sacré
- L’argent constitue aussi l’institution centrale de la modernité
B) La France semble toutefois se caractériser par une méfiance particulière envers l’argent et ses puissances
- L’hostilité à l’argent est commune à plusieurs des traditions qui sont au cœur de l’identité nationale française
- La méfiance envers l’argent s’enracine également dans des expériences nationales malheureuses
- D’où des discours fréquemment hostiles à l’argent en France
(Le régime le plus favorable au libéralisme est sans doute la Monarchie de juillet. Même si le grand inspirateur de ce régime, François Guizot (1787-1874) n’a jamais prononcé exactement la célèbre formule : « Enrichissez-vous, par le travail et par l’épargne », il l’a sans doute pensée, et elle résume bien sa doctrine. La période voit à la fois une profonde modernisation du pays.
Tous les courants politiques ont peu ou prou affirmé leur méfiance envers l’argent et ses prestiges. Quittant le pouvoir en 1969, Charles de Gaulle (1890-1970) déclare : « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a jamais cessé d’être l’argent ». )
II. Même si la période la plus récente a été caractérisée par une déculpabilisation progressive, les Français doivent toujours définir un rapport plus équilibré à l’argent
A. Une déculpabilisation progressive et incomplète
- De nouveaux discours sur l’argent
- Des obstacles culturels qui perdurent et qui gêneraient l’insertion de la France dans la mondialisation
B) La France doit donc encore trouver un juste rapport à l’argent
- La décrispation de la société française face à l’argent doit sans doute se poursuivre
- Un rapport dépassionné et intelligent à l’argent est possible
- La marchandisation du monde n’est pas une fatalité
Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, publiés en 1785, Emmanuel Kant (1724- 1804) a ainsi pensé la particularité de la personne humaine comme une fin en soi, placée au-dessus de tout prix. Il fait reposer la valeur absolue et incomparable de l’homme sur sa nature morale, c’est-à-dire sur sa capacité d’obéir à sa raison plutôt qu’à ses tendances spontanées. Or la liberté morale d’une personne est sans équivalent et sans prix. Elle ne peut s’acheter ni se vendre, et il en va de même de son corps, qui en est inséparable.