Le mérite Flashcards
Définition du mérite
Cette notion repose souvent sur l’idée que certaines actions ou caractéristiques sont dignes d’admiration ou de récompense en raison de leur conformité à des normes morales, sociales ou personnelles.
Le terme a deux acceptions : un sens neutre: synonyme de «valoir la peine» et un sens moral, religieux: avoir fait volontairement quelque chose qui vaut une récompense ou un châtiment.
Le mérite se fonde sur des talents et des vertus et suppose un minimum d’effort personnel, ou du moins de résistance ou de résilience face aux difficultés. Combinaison de talents et de travail qui suscite honneurs, rémunération et estime des autres.
LA LIBERTÉ GUIDANT LE PEUPLE (28 JUILLET 1830).
Cette œuvre emblématique représente une allégorie de la liberté, symbolisée par une figure féminine allégorique brandissant un drapeau tricolore français, guidant le peuple français lors de la révolution de juillet 1830. La figure allégorique de la Liberté incarne les idéaux républicains de mérite et de justice sociale, symbolisant le leadership et l’engagement du peuple dans la lutte pour la liberté et la démocratie. Cette œuvre souligne ainsi l’importance du mérite collectif dans la promotion du progrès social et politique, illustrant comment la reconnaissance du mérite individuel peut être intrinsèquement liée à la quête de liberté et de justice pour tous les membres de la société.
Slogan sur le mérité
«Parce que je le vaux bien»,
Slogan d’une entreprise bien connue de cosmétique atteste de la résonance du thème de la valeur individuelle. Cette formule est le signe d’une individualisation de nos sociétés. Tout le monde vaut quelque chose.
Dispositions constitutionnelles
Article 6 DDHC :
«Tous les citoyens étant égaux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents».
Actualités
Le mérite est partout dans l’actualité:
1) Salaire au mérite dans la fonction publique pour promouvoir une culture du résultat.
2) Éducation nationale: certains veulent recréer des cérémonies de distribution de prix.
3) Débat sur les rémunérations très élevées des sportifs de haut niveau, des dirigeants d’entreprises.
Yves Michaud. Qu’est-ce que le mérite ? 2009
Il remet en question les critères traditionnels de mérite, mettant en lumière les facteurs de chance et de privilège souvent sous-estimés. Michaud souligne l’importance de reconnaître les mérites individuels tout en prenant en compte les contextes sociaux et économiques dans lesquels ils s’inscrivent. Il insiste sur la notion d’estime – de soi et de celle que les autres ont de nous. Exemple des infirmières: faibles rémunérations en dépit d’importants efforts durant la crise du covid-19. Elles ont surtout l’estime de ceux auprès de qui elles travaillent. Il consiste aussi sur le concept de vertu, qui ne se confond pas avec celui de mérite. Faire preuve de vertu, c’est bien agir simplement parce que c’est ce qu’il faut faire, sans attendre de récompense, en ayant le souci du travail bien fait. Exemple: ne pas instrumentaliser l’école en lui faisant servir d’autres objectifs que sa fin première, à savoir instruire.
Philippe Van Parijs, Qu’est-ce qu’une société juste ?, 1991.
Van Parijs plaide en faveur d’une justice sociale qui garantit à chacun un niveau de ressources de base, indépendamment du mérite individuel, tout en laissant la possibilité d’accumuler des récompenses supplémentaires par le mérite. Son travail invite à repenser le lien entre mérite et justice dans la conception d’une société plus équitable.
Marie Duru-Bellat, Le Mérite contre la justice, Presses de Sciences Po, 2009
L’auteure explore les tensions entre le mérite et la justice dans les systèmes éducatifs contemporains. Elle met en évidence les défis posés par la promotion du mérite comme critère de sélection dans un contexte où les opportunités ne sont pas équitablement réparties. Duru-Bellat argue que la focalisation excessive sur le mérite peut conduire à des injustices sociales, notamment en renforçant les inégalités existantes. Elle plaide en faveur de politiques éducatives plus inclusives et équitables, où le mérite est évalué dans un cadre plus large prenant en compte les contextes socio-économiques des individus. Son travail invite à repenser les politiques éducatives pour promouvoir une véritable égalité des chances.
Gwénaëlle Calvez, La Discrimination positive, 2004
L’auteure examine les implications et les enjeux de la politique de discrimination positive. Elle analyse comment cette approche vise à corriger les inégalités socio-économiques en favorisant l’accès des groupes défavorisés à certaines opportunités, notamment dans l’éducation et l’emploi. Calvez explore les débats entourant la légitimité et l’efficacité de cette politique, en mettant en lumière les critiques qui soulignent les risques de stigmatisation et de perpétuation des préjugés. Elle souligne également les défis de mise en œuvre et les alternatives possibles pour atteindre des objectifs d’égalité réelle. Son travail offre une réflexion approfondie sur les dilemmes éthiques et pratiques liés à la discrimination positive dans la quête d’une société plus juste et inclusive.
Aristote, l’Ethique à Nicomaque
L’équité c’est la prise en compte de la diversité des situations particulières, l’égalité c’est l’application d’une règle uniforme. L’équité est plus juste que l’égalité.
Le culte de la performance, Alain Erhenberg (1991)
Diffusion des valeurs du sport et de la compétition dans toute la société. Cela se traduit dans les entreprises par les objectifs à atteindre et les indicateurs à suivre. Cela se traduit par des effets parfois pervers comme «l’obligation de faire du chiffre» dans la police et la gendarmerie nationale. On retrouve aussi l’idée des primes au mérite dans la fonction publique selon les résultats atteints.
La Tyrannie du mérite, Michael Sandel, 2020
Il affirme que le culte du diplôme, caractéristique de nos sociétés, constitue une nouvelle forme de discrimination, en limitant la mobilité sociale et le bien-être de tous ceux qui n’ont pas réussi dans leurs études. Il propose donc de «démanteler la machine à trier»., notamment en tirant au sort, après une vérification minimale des compétences, les jeunes admis dans les universités les plus prestigieuses.
Sujet-plan : Le mérite doit-il régir nos sociétés ?
I. La prise en compte des mérites individuels est essentielle mais cette méritocratie peut être un obstacle à une justice sociale
A) Le mérite comme principe régulateur des sociétés contemporaines
B) Le mérite fait l’objet de critiques variées qui accusent l’égalité des chances de perpétuer les inégalités concrètes
II. L’égalité des chances demeure le principe le plus juste, à condition que la diversité des mérites soit correctement appréciée et que ceux-ci contribuent à renforcer le vivre ensemble.
A) Il est difficile, voire dangereux de se passer de l’idéal de l’égalité des chances
B) Le principe du mérite doit néanmoins être mis en œuvre de façon solidaire, plurielle et pondérée.
