Le progrès Flashcards
Définition du progrès
Le mot progrès désigne le processus évolutif orienté vers un achèvement : l’idéal.
Etymologie : du latin progressus, action d’avancer.
Le progrès est l’action d’aller vers l’avant, de s’accroître, d’être meilleur.
Pour une société ou pour l’humanité, le progrès est l’évolution dans le sens d’une amélioration, sa transformation progressive vers plus de connaissance et de bonheur.
Problématiques autour du progrès
L’idéologie du progrès s’est construite du 19ème jusqu’à l’époque contemporaine. Le progrès doit être questionné et les progrès sont bien sur louables. On ne peut plus être bêtement progressiste, on ne peut plus ne plus se questionner sur le bien-fondé de ces grands acquis qui ont structuré la modernité : le règne de la raison, l’acquis de la nature, et en même temps est ce que c’est pas risquer tout de même de se déclarer anti progressiste ? Y a t-il une 3ème voie entre les conservateurs et les progressistes ?
Comment sauver le progrès de ses propres fantômes ? Le progrès est un récit unitaire qui propose un projet commun aux Hommes. Si on n’y renonce, il n’ y a plus de projets commun mais uniquement une dispersion des individus guidés par le plébiscite de tous les jours selon Ernest Renan. Comment être lucide sans pour autant renoncer au projet d’une histoire commune ?
Cicéron (106-43 av. J.-C.) concernant le progrès
Le terme est d’abord synonyme d’une marche en avant, comme chez Cicéron, qui le fait cependant basculer vers le sens plus métaphorique d’une amélioration, d’un acheminement dans la connaissance et la vertu.
Nicolas de Condorcet (1743-1794) concernant le progrès
Selon lui, l’homme est perfectible, et «les progrès de cette perfectibilité […] n’ont d’autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés». Il s’agit donc d’une histoire sans fin.
Anonyme, Musée d’Orsay (Tour Eiffel)
Majestueuse, elle trône à plus de 300 mètres dans le ciel de Paris depuis plus de 130 ans. Symbole du progrès et de la démesurela Dame de fer attire chaque année près de 6 millions de visiteurs.
Les Misérables en 1862, Victor Hugo
Hugo définit le progrès : « La marche du mal au bien, de l’injuste au juste, du faux au vrai (…) du néant à Dieu ». Le progrès serait un processus d’accumulation infini. Fondamentalement c’est un processus optimiste : l’idée du progrès puisque chaque ajout entraine une plus grande dignité pour l’Homme, une plus grande émancipation et lui permet d’accéder au bonheur.
Frédéric Rouvillois, L’invention du progrès (2010)
Le progrès technique est une fin en soi, et ne connait aucune limite. Il est fondé sur l’idée que « le passé est par essence inférieur au présent, comme celui-ci l’est à l’avenir »
D’une certaine manière, on reste convaincu que ça va mieux aujourd’hui que ça n’allait hier. C’est ce qu’on appelle une histoire vectorielle. Et c’est le christianisme qui invente l’histoire vectorielle : l’histoire est vue comme une succession de cycles. Ca commence mal : la genèse, la chute. L’Homme nait dans l’histoire et puis ensuite toute son avancée l’amène à se libérer : il apprend à dominer le monde et à la fin des temps, Jésus revient parmi les siens. Il redescend sur terre, les gentils sont ressuscités, les méchants vont en enfer et c’est la justice restaurée. Cet optimisme chrétien est ce qui structure l’idéologie du progrès.
Jean Jacques Rousseau, L’Emile de 1762
Emile ne doit surtout pas aller dans les villes avant la 15ème année car la ville est le lieu du progrès et de la technique. Or les sciences et les arts corrompent les âmes, abaissant la morale. C’est seulement à la campagne, loin des villes et du progrès que l’Homme peut être pleinement lui même et peut résister à la séduction de l’artifice.
Alain Finkielkraut, Nous autres modernes
L’Homme moderne se laisse dépasser par le monde qui l’entoure tant la technique prend place. Pour lui être moderne ce n’est pas un constat mais un combat.
La modernité est le triomphe du capitalisme. Le capitalisme est fondé sur le fait que la croissance est illimitée. Cette économie capitaliste est rendue possible par les évolutions scientifiques qui vont bouleversé la façon dont l’Homme a sa place dans la nature.
Le philosophe américain Christopher Lasch
Le progrès comme idéologie est moderne et a repris des motifs chrétiens et notamment l’idée de la projection dans un univers illimité. Le christianisme promet le paradis donc l’abondance, alors que le progrès entretient une perpétuelle frustration. De même que le progrès économique est sans fin, le progrès matériel l’est tout autant : on n’est jamais comblé du progrès matériel. Toute notre société consumériste qui soit disant nous émancipe, est en réalité très largement une société idylliste. Je suis appelé à constamment consommé. Voila pourquoi le progressiste est un consumériste selon Lasch. À peine est-il acquis, qu’il est dépassé.
Martin Heidegger, La question de la Technique
L’Homme disparait en tant qu’humain et devient un outil au service des machines. Un outil de plus en plus performant mais dont on maitrise de moins en moins le fonctionnement. L’Homme se trompe quand il pense que la technique est bonne ou mauvaise en fonction de l’usage que l’on en fait. La technique n’est donc pas un progrès qui libère l’Homme, mais l’aliène.
Hannah Arendt, La crise de la culture
La culture est devenue un bien de consommation comme un autre. l’Homme de masse ne recherche pas la culture mais les loisirs. En tant que citoyen, le savant peut s’inquiéter du développement scientifique mais il est impuissant à le freiner. Le recours à la bombe d’Hiroshima en constitue une illustration effrayante. Arendt doute que la formidable expansion d’une science qui a mis de coté les considérations humanistes ait des conséquences positives sur la dimension de l’humain.
Films sur le progrès
La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer : un monde dominé par les machines : ronronnement maléfique des fours crématoires, des hurlements. C’est un monstre qu’on ne voit réellement jamais : machines destructrices.
Avatar La voie de l’eau, James Cameron : la destruction de l’environnement par un progrès technologique immaîtrisé.
Terminator, James Cameron : le progrès est monstrueux comme l’humanité mais on peut s’en vacciner en la poussant à un point de non retour. On peut mettre en garde les humains de l’artifice de l’environnement par un film qui lui même est un pur artifice. On a besoin de la philosophie du progrès pour le tenir à bonne distance.
Christine, John Carpenter : un jeune homme tombe amoureux d’une voiture. Union de l’H et de la machine.