IV-17 Helminthoses intestinales et hépatiques : Hydatidose à Echinococcus granulosus Flashcards
Hydatidose = Echinococcose Hydatique ou Kyste Hydatique : définition
- Le Kyste hydatique résulte du développement tissulaire de la larve ou hydatide d’un tænia échinocoque (Echinococchus granulosus) parasite à l’état adulte de l’intestin grêle des canidés.
- Hôte définitif: canidés (chien)
- Homme = impasse parasitaire
→ C’est une anthropozoonose cosmopolite, sévissant en zone d’élevage (ovins, bovins, caprins, porcins, camélidés, équidés, …). L’échinococcose autochtone en France reste une réalité, les foyers du Sud-Est (Bouche du Rhône, Corse) et du Sud-Ouest demeurent toujours actifs. Il existe de rares cas en zone rural dans les autres régions d’élevage.
→ zoonose cosmopolite en zone d’élevage intensif du mouton
- Bassin méditerranée +++ , Australie, Nouvelle-Zélande, Chine, Pérou, Kenya ++++ (cadavres dévorés par les chiens : la plus forte concentration d’hydatidose)
Agent pathogène de l’échinococcose hydatique ?
Hydatidose = kyste hydatide
→ Parasite adulte
- Echinococcus granulosus est un petit taenia du chien (3 à 7 mm) ne comportant que 3 à 4 anneaux dont le dernier occupé par un utérus ramifié rempli d’oeufs (embryophore qui contient un embryon hexacanthe = oncosphère)
- L’anneau terminal se détache activement du corps du parasite puis est éliminé dans le milieu extérieur.
- Vers présents en grand nombre dans l’intestin de l’hôte définitif, les canidés.
→ Hydatide = forme larvaire contenant de nombreux protocolex, se forme à partir d’une oncosphère
- se forme dans divers organes par la vésiculisation suivie d’une croissance progressive d’un embryon hexancanthe de 25 μm à 30 μm.
- Au terme de son développement elle peut atteindre 10 cm à 15 cm de diamètre et de forme sphérique ou plus ou moins polylobée.
→ Le kyste (hydatide + fibrose périhydatique) est rempli d’un liquide hydatique contenant de nombreuses larves, appelées scolex de 150 à 200 μm.
-Les scolex donneront de futures têtes de tænia portant quatre ventouses et une double couronne de 30 à 40 crochets.
Les scolex sont contenus dans le liquide directement ou dans des vésicules filles flottant dans le liquide hydatique.
Structure du kyste :
- Adventice : membrane périkystique = parenchyme de l’organe-hôte (structure fibre-sclérese)
- Membrane anhiste = paroi externe du kyste, ne contient pas de cellule; élastique, s’oppose à la pénétration des bactéries = membrane de dialyse
Structure de l’hydatide
- Membrane proligère : membrane germinative, tapisse intérieurement la membrane anhiste
- vésicules proligères : prennent naissance sur la membrane proligère, contiennent 10 à 20 protoscolex
- vésicules proligères et protoscolex libres = débris de membrane = sable hydatique baignent dans le liquide hydatique
Cycle évolutif des Echinococcus granulosus?
Cycle hétéroxène
- Comme tous les téniidés, il se déroule entre l’hôte définitif (les canidés) et l’hôte intermédiaire (plusieurs mammifères dont le mouton et accidentellement l’homme. IMPASSE PARASITAIRE (homme = hôte accidentel)
→ L’hôte définitif canin se contamine par ingestion (carnivorisme) de kyste hydatide présent dans divers organes de l’hôte intermédiaire.
=> chaque protoscolex => protocoles dévaginé => 1 ténia adulte en 6 semaines
Le chien peut héberger plusieurs centaines ou milliers de vers.
Seul le chien contient des oeufs libérés dans ses déjections.
→ L’hôte intermédiaire s’est contaminé par ingestion d’oeufs embryonnés (embryophores)
=> perte de la coque sous l’action des sels biliaires + enzymes digestives = libération de l’embryon hexacanthe
=> traversée de la muqueuse intestinale
=> système vasculaire et lymphatique du système porte
=> foie ou poumon
=> embryon perd ses crochets et subit une transformation vésiculeuse en “kyste hydatique” qui est une larve du ténia échinocoque (peut renfermer 400 000 scolex)
=> kyste hydatique fertile après 12 à 18 mois
→ L’homme se contamine par l’ingestion d’embryophores (oeufs sans coque externe) recueillis sur le pelage du chien ou de façon indirecte à partir d’aliments souillés par des fèces du chien infesté (eau, fruits, légumes, vaisselles souillés)
Le tanniasis provoque chez le chien un prurit anal. Celui-ci se lèche, récolte les oeufs sur la langue, et transmet les oeufs en léchant l’homme (ou l’enfant).
→ Homme = impasse parasitaire
→ tropisme : foie (50 à 60%)
Physiopathologie de l’Ecchinococcose
- L’embryon hexacanthe libéré dans le tube digestif, traverse la paroi intestinale, gagne par le système porte, le foie, les poumons et les autres points de l’organisme. Il s’arrête dans le premier filtre hépatique dans 50% à 60% des cas, puis dans le deuxième filtre pulmonaire dans 30% à 40% des cas et dans le reste de l’organisme (os, cerveau, thyroïde,…) dans 10% des cas. Il s’y développe lentement et devient un kyste hydatique.
- Les manifestations pathologiques sont souvent très tardives et n’apparaissent que bien des années après l’infestation. Elles sont liées surtout aux complications dues à
↪ une fissuration
↪ une rupture
↪ une surinfection du kyste lui-même
↪ ou à une compression anatomique de voisinage du fait de sa masse importante.
→ Lors de la rupture spontanée ou provoquée d’un kyste hydatique, le déversement massif du liquide hydatique provoque dans l’immédiat
↪ un choc anaphylactique souvent mortel
↪ et la libération des scolex et des vésicules génère d’autres kystes hydatiques secondaires (échinococcose secondaire) posant un véritable problème thérapeutique.
En tout cas, chaque scolex de l’hydatide dévoré par un canidé, donnera naissance à un tænia échinocoque adulte dans son intestin grêle.
Clinique des hydatidioses ?
- Hydatidose hépatique
→ La latence clinique silencieuse est longue (latence de l’hydatique hépatique = 10, 15 ans ou plus)
→ Le syndrome tumoral parasitaire se traduit par une hépatomégalie isolée, indolore.
→ La compression biliaire ou vasculaire provoque un ictère ou une hypertension portale et diverses autres manifestations pathologiques.
→ La fissuration ou la rupture entraîne dans l’immédiat une réaction allergique simple ou un choc anaphylactique souvent mortel et/ou plus tardivement une échinococcose secondaire locale, loco-régionale ou générale à pronostic sombre.
→ Le kyste infecté évolue par ailleurs comme un abcès du foie.
OU INVOLUTION DU KYSTE = calcification (découverte en radiologie, fortuite!) - Hydatidiose pulmonaire
→ Primitive ou secondaire la latence clinique est moins longue.
→ Les cas simples se traduisent par une toux, dyspnée ou hémoptysie impliquant une radiographie pulmonaire qui fait le diagnostic.
→ Les complications de même ordre s’observent, en particulier une rupture dans une bronche entraînant la classique vomique hydatique contenant des vésicules filles en grains de chasselas sucés. - Autres localisations
→ Le syndrome tumoral se révèle précocement dans la localisation cérébrale ou oculaire.
→ Par contre l’absence réactionnelle de l’os laisse le plus souvent évoluer l’hydatide de façon envahissante provoquant des fractures pathologiques spontanées. Dans ces cas là , le kyste ne prend pas la forme classique d’un kyste sphérique liquidien et son aspect est pseudo-tumorale et racémeux.
Diagnostic biologique de l’Ecchinococcose hydatique ?
→ Signes biologiques non spécifiques
PAS D’HYPEREOSINOPHILIE
↪ découverte fortuite lors d’un examen d’imagerie.
- La phase d’invasion et d’installation de cette cestodose larvaire tissulaire provoque très certainement une hyperéosinophilie sanguine élevée. Cependant l’absence habituelle des manifestations pathologiques d’appel enlève toute sa valeur diagnostique.
- A la phase de kyste hydatique constitué, ce signe biologique passe à la normale comportant à la rigueur une fluctuation liée au degré de fissuration de la paroi kystique.
- Une compression des voies biliaires avec ictère se traduit par une augmentation du taux sanguin de la bilirubine (totale et conjuguée).
- Une infection bactérienne d’une hydatidose pulmonaire s’accompagne d’une leucocytose à polynucléaire neutrophile.
→ Diagnostic parasitologie direct ⚠ Réactions croisées avec autres vers
☞ il est absolument interdit de ponctionner un kyste suspect en vue d’établir un diagnostic parasitologique.
☞ Uniquement sur vomique hydatique, pièces opératoires
Sur liquide hydatique : sable hydatique : protoscolex invaginés, 100 à 200µ de diamètre, visualisation de leur couronne de crochet
(mise en évidence de scolex, protoscolex, crochets, ou membranes du kyste)
Sur pièce opératoire : membrane externe du kyste = membrane lamellaire + crochet libre
→ Diagnostic immunologique
- dépistage par ELISA ou IFI utilisant des antigènes de l’espèce E. granulosus croisant avec l’espèce E. multiloculaires.
- confirmation et diagnostic d’espèce par Western Blot
Toutefois, l’interprétation des résultats sérologiques doit restée prudente :
> Un résultat négatif ne permet jamais d’exclure une hydatidose.
> Un résultat positif n’est pas à l’abri des réactions croisées (autres cestodoses larvaires, autres parasitoses, hépatopathies associées…).
=> recommandé d’employer des techniques de confirmation comme l’immunoblot permettant de visualiser un profil spécifique à cette échinococcose (présence de bandes de 26-28KDa, 18 KDa, 16KDa et de 7 KDa).
Enfin signalons que la plupart de ces techniques sérologiques pourraient s’appliquer également à titrer les anticorps dans le L.C.R. en cas de localisation cérébral du K.H.
Associer 2 techniques pour une meilleure sensibilité et spécificité :
- Méthodes quantitatives : ELISA, IFI, hémagglutination
- Méthodes qualitatives (tests de confirmation) : Western blot,
immunoelectrosynérèse (Arc 5 spécifique)
Traitement des Ecchinococcoses hydatiques ?
→ Traitement
Traitement chirurgical en 1ere intention
Technique PAIR : Ponction Aspiration Injection Reaspiration
⇒ Ponction échoguidée du kyste avec aspiration du liquide hydatique puis injection de liquide scolicide (éthanol ou serum salé hypertonique) puis reaspiration.
+ Traitement par albendazole pour encadrer le geste (1 mois avant et après)
SI chirurgie CI ou refus du patient :
Albendazole seul pendant plusieurs mois ou cures de 28 jours espacées de 14 jours
- Un traitement à l’albendazole est nécessaire avec ou sans chirurgie (ESKAZOLE ® à 15mg/kg/j).
=> efficacité jugée après 9-18 mois
EI :
AugmentaNon des transaminases
Neutropénie
Douleurs abdominales et troubles digesNfs
Surveillance : NFS et bilan hépaNque réguliers
NB :
- L’albendazole : carbamate de benzimidazole. Il agit sur les nématodes, les cestodes et certains protozoaires.
L’albendazole agit sur le cytosquelette des helminthes en inhibant la polymérisation des tubulines et leur incorporation dans les microtubules, bloquant ainsi l’absorption du glucose par les parasites et provoquant leur mort.
- Praziquantel : contraction immédiate suivie d’une immobilisation du parasite dès qu’il entre en contact avec la solution du produit. Il se produit une vacuolisation intense du tégument du schistosome.
Prophylaxie / hydatidose
Individuelle :
- Hygiène des mains, lavage des crudités
- Diminuer la promiscuité avec les chiens (caresses, chiens intra domiciliaires)
- Dépistage des personnes à risques (bergers, agriculteurs)
- Ne pas nourrir les chiens avec des abats
Collective :
- Education sanitaire de la population
- Vermifugaton des chiens, lutte contre le réservoir animal (traitement = praziquantel)
- Lutte contre les chiens errants
- Destructions des viscères d’animaux, abolition des abattages sauvages ou rituels
- Contrôle vétérinaires réguliers des animaux (moutons)