Urologie Flashcards

1
Q

I. Cycle mictionnel normal

A

A Le bas appareil urinaire comprend schématiquement un réservoir (la vessie) et un conduit d’élimination (l’urètre) muni d’un système d’ouverture/fermeture : le sphincter (ou zone sphinctérienne qui comprend des fibres musculaires lisses involontaires et striées volontaires dont l’anatomie est différente chez l’homme et la femme).
Le rôle du bas appareil urinaire est binaire : stocker l’urine produite en permanence par les reins, sans reflux vers les reins et sans fuite, et éliminer l’urine de façon rapide, complète, volontaire (socialement adaptée) en quelques mictions (normalement moins de 8/24 heures).
Le cycle mictionnel est l’alternance permanente entre phase de stockage de l’urine et phase de vidange de l’urine (miction) (fig. 1.1).
On peut aussi diviser ce cycle en 3 phases en ajoutant une phase postmictionnelle.

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Q

II. Définitions des symptômes du bas appareil urinaire

A

A On classe les symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) selon la phase du cycle mictionnel durant laquelle ils surviennent.
Le terme de SBAU doit être préféré à « troubles urinaires fonctionnels » ou « troubles mictionnels ». Il englobe tous les symptômes induits par des dysfonctions du bas appareil urinaire. La terminologie des symptômes du bas appareil urinaire est précisée et fait l’objet de recommandation internationale par l’International Continence Society (ICS). Il est essentiel d’utiliser ces termes pour décrire les plaintes exprimées par les patients quant à leur façon d’uriner (traduire les mots du patient en termes précis standardisés). Bien souvent, un symptôme est prédominant mais on interroge systématiquement le patient à la recherche de tous les autres en suivant le déroulement du cycle mictionnel pour ne pas en oublier.

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3
Q

A. Symptômes de la phase de stockage

A

IU
Le tableau 1.1 décrit les neuf types d’incontinence urinaire définis par l’ICS en 2017. On retiendra incontinence d’effort (IUE) ; incontinence par urgenturie (IUU).
Énurésie : miction complète involontaire (elle peut être diurne – miction complète involontaire lors d’un paroxysme émotionnel, ou nocturne – miction complète involontaire durant le sommeil).
Pollakiurie : augmentation du nombre de mictions par 24 heures à diurèse constante (pour faire la même quantité totale on y va plus souvent pour de plus petits volumes) ; ≥ 8 en période d’éveil (pollakiurie diurne), la nuit ≥ 1 lever si gênant (pollakiurie nocturne cf. « Nycturie »).Nycturie : fait d’être réveillé par l’envie d’uriner. Considéré comme anormal dès 1 lever si celui-ci entraîne une gêne pour le patient (difficulté à se rendormir par exemple).
Deux origines à distinguer : * la polyurie : trop d’urine produite sur 24 heures ; et sa forme nocturne exclusive, la polyurie nocturne, trop d’urine produite seulement la nuit (normalement 25 à 33 % de la diurèse des 24 heures produite pendant le sommeil, augmente avec l’âge) ;
* OU la pollakiurie nocturne : perte de la capacité vésicale fonctionnelle à diurèse constante.
Parfois les deux mécanismes coexistent.
Urgenturie : désir soudain impérieux et irrépressible d’uriner. C’est un besoin pathologique différent d’une forte envie d’uriner en particulier par ce qu’il ne prévient pas (« le besoin dérange, l’urgenturie surprend »). À l’extrême, l’urgenturie est responsable d’une fuite involontaire d’urine, c’est l’incontinence urinaire par urgenturie.
Syndrome clinique d’hyperactivité vésicale : ce syndrome est centré sur la survenue d’urgenturie (suffit à elle seule) avec ou sans incontinence ± pollakiurie ± nycturie, en dehors d’une infection urinaire ou d’une pathologie locale évidente (infection, tumeur de vessie ou de voisinage, calcul, corps étranger).
Sensibilité vésicale, qui peut être : * normale : besoin d’uriner progressivement croissant jusqu’à l’obtention d’un besoin
pressant ;
* augmentée : besoin d’uriner très précoce et persistant ; * réduite : sensation de remplissage vésical mais pas de besoin d’uriner ; * absente : aucune sensation de remplissage ni de besoin.

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4
Q

B. Symptômes de la phase de vidange (ou phase mictionnelle)

A

La dysurie ou syndrome dysurique (un ou plusieurs des symptômes suivants) : retard au démarrage de la miction, nécessité de pousser pour initier la miction, jet faible et/ou en arrosoir, jet interrompu, miction en plusieurs temps.
Brûlures mictionnelles : brûlures ressenties dans l’urètre durant le passage de l’urine.

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5
Q

Symptômes de la phase postmictionnelle

A

Les gouttes retardataires et la sensation de vidange incomplète peuvent aussi s’intégrer au syndrome dysurique.

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6
Q
A

III. Diagnostic d’une incontinence urinaire
A Le diagnostic d’une IU est avant tout clinique ; il repose sur l’interrogatoire et l’examen clinique.
A. Interrogatoire centré sur les fuites
Des fuites d’urine ? Questionner avec des mots simples : « Vous vous faites pipi dessus ? », « Vous devez vous changer ? », « Ça sent l’urine ? », « Vous êtes obligé de porter une couche ? ». Les circonstances des fuites orientent vers un type d’IU ++ :
* IU d’effort : jet non précédé de besoin à l’effort (marche, toux, port de charge lourde)
arrêt au repos ou allongé ;
* IU par urgenturie : fuite de plus grande quantité précédée d’un besoin soudain et
irrépressible survenant n’importe quand (effort, repos, jour, nuit) ;
* IU permanente et insensible : aucune sensation de besoin, ni de passage d’urine dans
l’urètre, etc.
Les autres SBAU associés sont systématiquement recherchés (symptôme de la phase de stockage et de la phase de vidange).
B Il existe pour quantifier les principaux SBAU des questionnaires de symptômes que les patients remplissent seuls.
A En France, l’USP (urinary symptoms profile) quantifie l’incontinence d’effort, la dysurie et l’urgenturie. Il est validé et traduit dans plusieurs autres langues. Le score de Sandvik avec deux questions (fréquence et quantité de fuite) permet une évaluation semi-objective très fiable (tableau 1.2). Leur intérêt est de permettre une évaluation précise en recherche clinique, et une évaluation objective lors des discussions thérapeutiques (réunion de concertation) pour les cas complexes.B Les fuites urinaires peuvent être quantifiées : * à l’aide du calendrier mictionnel ++ on obtient un nombre d’épisodes par jour +++ ; * le nombre et le type de protections absorbantes portées par jour sont indicatifs ; * l’index de Sandvik est une façon simple de quantifier par l’interrogatoire ;
* la pesée des protections absorbantes (pad test) sur 24 heures en condition de vie normale ou 1 heure avec des épreuves spécifiques donne l’évaluation la plus objective. On interroge systématiquement sur les autres fonctions pelviennes : dysfonction sexuelle et/ou troubles anorectaux (incontinence fécale, dyschésie) concomitants à l’incontinence urinaire.
Le retentissement de l’incontinence urinaire : * questions simples directes sur une échelle de 0 à 10 : « à combien » estimez-vous votre
gêne ?
* questions simples indirectes : qu’aimeriez-vous faire et que vous ne pouvez pas faire à
cause des fuites ?
* il existe des questionnaires de qualité de vie liée aux problèmes urinaires (différents
des questionnaires de symptômes) plutôt utilisés pour la recherche clinique ;
* quelles sont les attentes du patient ou de la patiente : une simple amélioration lui suffit-il/elle ou attend-il/elle un résultat à 100 % ? Est-il/elle prêt(e) à subir des traitements invasifs/chirurgicaux ou non ?

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7
Q

B. Examen clinique

A

A Le but est de voir la fuite : le diagnostic d’incontinence urinaire est clinique. Examen vessie pleine reproduisant les circonstances des fuites :
* en position gynécologique puis debout (femme) ; * en décubitus dorsal puis debout (homme).
Test d’effort : fuite ? Mobilité cervico-urétrale réduite normale ou augmentée ? Corrections des fuites par soutènement urétral ?
Le test de remplissage de la vessie avec une sonde peut reproduire l’urgence. Test au bleu : en cas de suspicion de fistule vésicovaginale, remplissage vésical avec du sérum physiologique et du bleu de méthylène pour identifier l’orifice fistuleux.On complète l’examen clinique par : * examen périnéal :
– chez l’homme : palper l’urètre, voir le méat (sténose), pratiquer un toucher rectal (volume
et consistance de la prostate),
– chez la femme : recherche de prolapsus associé, touchers pelviens ; * examen neurologique adapté recherchant en particulier des déficits dans le territoire sacré
(homme et femme) ;
* examen des pieds (creux ou plat), de la démarche, du passage talon/pointe ; * examen du sillon fessier (déviation, touffe de poil, lipome) ;
* sensibilité périnéale au toucher (homme et femme) ; * réflexe des métamères sacrés S2-4 : réflexe bulboanal (homme), clitoridoanal (femme)*,Lorsqu’on pince le gland, on observe et on perçoit avec un doigt intra-anal une contraction réflexe du sphincter strié
anal (ce test confirme l’intégrité des arcs réflexes sacrés mais ce réflexe est absent chez 30 % des sujets normaux).
tonus anal.

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8
Q

C. Causes grave d’incontinence urinaire : signes d’alerte « les drapeaux rouges »

A

L’IU est le plus souvent le symptôme et la maladie à elle seule. Deux cas particuliers :
* la présence d’urgenturie doit toujours conduire à éliminer une infection urinaire, une tumeur de vessie ou de voisinage, un calcul vésical ou rétrovésical (dernière portion de l’uretère), voire un corps étranger intravésical ;
* la survenue brutale ou l’installation rapide d’une IU quel que soit le type chez un sujet jeune associée à une dysfonction sexuelle et anorectale bien que non spécifique est évocatrice d’une origine neurologique.

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9
Q

D. Bilan minimum d’une incontinence urinaire

A

Le calendrier mictionnel : indispensable pour tous les symptômes du bas appareil urinaire. Consiste à faire noter pendant 72 heures l’heure de chaque miction, le volume uriné, la survenue de fuite avec les circonstances de cette survenue.
L’ECBU : permet d’éliminer l’infection urinaire, de détecter l’hématurie microscopique. L’échographie : rénale, vésicale et pelvienne avec mesure de résidu postmictionnel. Permet de vérifier l’intégrité de la vessie des organes pelviens et des reins (tumeurs, calculs en présence d’urgenturie ++) et complète l’évaluation non invasive du cycle mictionnel (résidu postmictionnel : évaluation de la phase de vidange).
En deuxième intention selon le contexte : * le cytodiagnostic urinaire : si facteur de risque de tumeur de vessie et urgenturie ++ ; * la cystoscopie : complète l’échographie et le cytodiagnostic urinaire pour éliminer une tumeur de vessie ou un envahissement par une tumeur de voisinage en présence d’urgenturie ; * la cystographie (urétrocystographie rétrograde et mictionnelle [UCRM]) a peu de place, sauf en cas de suspicion de fistule urogénitale dont le diagnostic n’a pas été fait par le test au bleu ; * le bilan urodynamique : consiste à enregistrer les pressions dans l’urètre et la vessie pendant un remplissage de la vessie. C’est le seul examen à renseigner sur la contraction de la vessie ; il permet aussi de mesurer la force de contraction de l’urètre et de mesurer la capacité de la vessie à se laisser remplir à basse pression. On l’utilise souvent avant traitement chirurgical de l’IU ou dans les formes complexes mais il n’est pas systématique * l’imagerie du système nerveux central (SNC) – imagerie par résonance magnétique (IRM) médullaire et cérébrale : peut être utile en plus de l’avis d’un neurologue lorsqu’on suspecte une cause neurologique à l’incontinence ;
* l’imagerie pelvienne de seconde intention (IRM pelvienne) : peut être utile en cas d’urgenturie et de suspicion de tumeur pelvienne maligne ou bénigne (endométriose).;

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10
Q

IV. Fréquence et facteurs de risque de l’incontinence urinaire de la femme et de l’homme
A. Chez la femme

A

A. Chez la femme 1. Fréquence
B Entre 40 et 70 ans, l’incontinence urinaire touche 5 à 15 % des femmes (fuite quotidienne), > 15 % après 70 ans chez les femmes institutionnalisées).
L’IU d’effort prédomine jusqu’à 60 ans, suivent l’IU mixte et par urgenturie.
2. Facteurs de risque modifiables
L’obésité est le facteur de risque le plus important car modifiable ++. L’obésité (IMC > 30) est associée à tous les types d’incontinence urinaire (effort, urgenturie et mixte).
La perte de poids dès 5 % améliore l’incontinence urinaire avec jusqu’à 60 % de disparition de celle-ci lorsque le sujet corrige complètement son surpoids. En revanche, la chirurgie de l’incontinence urinaire d’effort est moins efficace chez le sujet obèse que chez le sujet normopondéral.
Carence hormonale : elle augmente le risque d’urgenturie et d’incontinence par urgenturie. Activité physique : absence d’exercice physique (âge moyen et avancé) ou sport intensif (jeune).
3. Facteurs de risque non modifiables
a. Facteurs de risque intrinsèques
* Âge (la fréquence de l’IU augmente avec l’âge). * Génétique : risque relatif (× 3 si mère ou soeur incontinente). * Ethnique : caucasienne, non hispanique > afro-américaine > asiatique (étude d’origine :
États-Unis).
b. Facteurs de risque gynéco-obstétricaux * Grossesse.
* Travail expulsif. * Accouchement par voie basse. * Chirurgie pelvienne, irradiation pelvienne.
c. Facteurs de risque généraux * Diabètes (amélioration si bien équilibrés). * Démence et trouble cognitifs.d. Maladies neurologiques (communes aux deux sexes ++) * Cérébrales : maladie de Parkinson, atrophie multisystématisée, démence, accident vasculaire
cérébral (AVC), tumeurs, sclérose en plaques (SEP).
* Médullaires : traumatisme, SEP, myélites, dysraphismes congénitaux (spina bifida), etc. * Périphériques : syndrome de queue-de-cheval, neuropathies périphériques, dénervation
après chirurgie pelvienne, etc.

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11
Q
A

B. Chez l’homme 1. Fréquence
L’épidémiologie de l’IU de l’homme est moins bien étudiée ; 2 à 10 fois moins fréquente que chez la femme, augmente avec l’âge.
IU urgenturie > IU mixte et IUE.
Connaissances
2. Facteurs de risque
Il existe moins de facteurs aggravants modifiables identifiés que chez la femme (encadré 1.1).
Encadré 1.1 Facteurs de risque d’IU de l’homme (moins bien étudiés) * B Âge.
* SBAU (symptômes du bas appareil) associés. * Infections urinaires.
* Démence et troubles cognitifs.
* Prostatectomie totale (et cystoprostatectomie), IU
dans 2 à 50 % des cas. Amélioration possible mais inconstante les 12 premiers mois postopératoires. * Irradiation pelvienne.
* Maladies neurologiques (communes aux deux
sexes : cf. supra ++).

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12
Q

Spécificité de l’incontinence urinaire du sujet âgé

A

À retenir dans cette tranche d’âge (75 ans et plus) : il existe des IU transitoires et réversibles liées à des facteurs modifiables qui sont résumés dans l’acronyme DIAPPERS – diapers veut dire « couche » en anglais (encadré 1.2). Dans ces cas, l’IU est fréquemment améliorable par des mesures d’adaptation à la fois urologiques mais aussi non urologiques et environnementales. On notera l’importance de la rétention chronique, qui doit être dépistée (échographie vésicale et mesure du résidu postmictionnel).
Il existe également chez le sujet âgé des incontinences urinaires par urgence, par effort ou mixte, qui ne sont pas réversibles ou transitoires et qui seront prises en charge comme chez des sujets jeunes (dans cette tranche d’âge, l’IU mixte ou par urgenturie est plus fréquente).

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13
Q
A

Facteur favorisant l’incontinence urinaire transitoire et/ou réversible du sujet âgé (« DIAPPERS »)
B Délire (Delirium) : délire et syndrome confusionnel dus à une rétention d’urine prenant le masque de l’incontinence urinaire (regorgement). Régressif au traitement de la rétention.
Infection urinaire (Infection) : l’infection, souvent paucisymptomatique, peut être responsable (rarement à elle seule) ou facteur aggravant (souvent) de l’IU.
Atrophie vaginale (Atrophic vaginitis) : la carence hormonale peut être cause et/ou facteur aggravant d’incontinence urinaire, surtout par urgenturie. Causes pharmacologiques (Pharmaceuticals). Polymédication : diurétiques, inhibiteurs de
l’enzyme de conversion (IEC), opiacés, sédatifs, anticholinergiques, etc.
dépression en particulier est souvent sous-éval:uée. Causes psychologiques (Psychologicals) la Excès de production d’urine ou endocrine (Excess urine output) : diabète, polyurie multifactorielle, diurétiques, excès d’apport, mobilisation, oedème. Réduction de mobilité (Rrestricted mobility) : majoration des conséquences de l’urgenturie. Selles (Stool impaction) : la constipation est responsable d’incontinence chez 10 % des patients âgés.
Source : Resnick NM. Urinary incontinence in the elderly. Med Grand Rounds 1984 ; 3 : 281-90.

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14
Q

V. Mécanismes physiopathologiques de l’incontinence urinaire d’effort ou de l’incontinence urinaire par urgenturie
A. Incontinence urinaire d’effort de la femme

A

Deux mécanismes sont associés pour expliquer les fuites (fig. 1.2 ; vidéo 1.1) * l’hypermobilité cervico-urétrale (HMCU) : le soutènement du col et de l’urètre est déficient du fait du vieillissement tissulaire, de la carence hormonale, des traumatismes obstétricaux. Une manoeuvre de soutènement du col et de l’urètre corrige la fuite lors de l’examen clinique ;
* l’insuffisance sphinctérienne (IS) : les moyens d’occlusion de la lumière de l’urètre que sont la muqueuse avec sa sous-muqueuse richement vascularisée, les fibres musculaires:lisses et le sphincter strié sont déficients. Ces structures peuvent être déficientes par atteinte directe (vieillissement, carence hormonale, traumatismes) mais aussi par dénervation au cours des atteintes périphériques somatiques (syndrome de queue-de-cheval, neuropathies périphériques, lésion des branches pudendales au cours d’une fracture du bassin, etc.). Une manoeuvre de soutènement du col et de l’urètre ne corrige pas la fuite lors de l’examen clinique.

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15
Q

Incontinence urinaire d’effort de l’homme

A

L’IU d’effort est liée à une forme d’IS. Elle est 10 fois moins fréquente que chez la femme et elle est essentiellement iatrogène après :
* une prostatectomie pour cancer : 2 à 15 % des patients auront une IU 12 mois après une
prostatectomie totale ;
* une chirurgie de désobstruction prostatique dans l’hypertrophie bénigne de prostate (0,5 à
2 %) ;
* une cystoprostatectomie + remplacement vésical intestinal ; * une irradiation pelvienne adjuvante à la prostatectomie aggrave le risque d’IU d’effort
sévère.

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16
Q

C. Incontinence urinaire par urgenturie et syndrome clinique d’hyperactivité vésicale

A

La dysfonction s’exprime au niveau de la vessie. Les mécanismes en jeu sont :
* un excès de message afférent (besoin) ; * une diminution des capacités à traiter le message afférent ; * une diminution de l’inhibition centrale sur le réflexe mictionnel ; * une hyperexcitabilité du muscle vésical.
Ces anomalies aboutissent à la survenue d’une fuite pour un faible niveau de remplissage d’un besoin urgent et irrépressible (urgenturie) qui aboutit à une contraction du détrusor non contrôlée responsable de la fuite.
Les étiologies d’incontinence urinaire par urgenturie et du syndrome clinique d’hyperactivité vésicale peuvent être classées en quatre groupes (fig. 1.3) :
* idiopathique ; * psychogène ;
* troubles neurologiques centraux ; * causes locales (dont l’obstruction sous-vésicale ++). Dans le cadre idiopathique, coexistent trois groupes d’anomalies (urothélium, nerfs, détrusor) sans qu’aucune pathologie avérée ne soit mise en évidence.
* Anomalie de l’urothélium (le sensor de la vessie, là où le besoin naît). * Anomalie des centres neurologiques supérieurs qui traitent l’information besoin (sans
pathologie neuro-identifiable).
* Anomalie de la voie efférente et du muscle vésical qui devient hyperexcitables. En résumé, voici les principales étiologies des IU selon le type d’incontinence et le mécanisme des fuites chez l’homme et chez la femme (fig. 1.4).

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17
Q

VII. Bilan étiologique et principe thérapeutique d’une nycturie

A

B Nycturie : c’est le fait d’être réveillé par l’envie d’uriner. Considéré comme anormal dès le 1 er lever si celui-ci entraîne une gêne pour le patient (difficulté à se rendormir par exemple). La nycturie est un motif fréquent de consultation d’autant plus qu’elle est intense (> 2 ou 3 levers par nuit). La nycturie est responsable de fatigue et d’inconfort mais aussi de complications graves, voire de décès, chez le sujet âgé en particulier du fait des chutes nocturnes lors des réveils (fracture de l’extrémité supérieure du fémur, traumatismes crâniens, hématomes sous-duraux, etc.). Deux origines à distinguer : la polyurie : – trop d’urine produite sur 24 heures, et sa forme nocturne exclusive – la polyurie nocturne, trop d’urine produite seulement la nuit (normalement 25 % de la diurèse des 24 heures est produite pendant le sommeil entre 20 et 30 ans ; cette proportion augmente lentement avec l’âge jusqu’ à 33–35 % après 65 ans) OU la pollakiurie nocturne – perte de la capacité vésicale fonctionnelle à diurèse constante (miction plus fréquente pour le même volume d’urine total produit parce que la vessie ne se laisse pas remplir. Parfois les deux mécanismes coexistent.
L’examen clef du bilan étiologique d’une nycturie est le calendrier mictionnel +++. Il permet de connaître la répartition de la diurèse sur les 24 heures et de savoir s’il y a une polyurie ou une pollakiurie.
Bilan d’une polyurie : * polyurie permanente (jour et nuit) : l’osmolalité urinaire basse (< 200–300 mOsm/kg) oriente vers un diabète insipide (natrémie haute), polydipsie/potomanie (natrémie basse). L’osmolalité haute > 200–300 mOsm/kg oriente vers une diurèse osmotique : diabète sucré ++ en premier lieu ;
* polyurie nocturne : elle peut être multifactorielle, liée à des habitudes de boissons le soir inadaptées, à la prise de diurétique le soir, à une insuffisance rénale débutante à la recirculation des oedèmes des membres inférieurs en cas d’insuffisance cardiaque ; une cause à rechercher car elle est facilement curable est le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS). L’association polyurie nocturne, ronflement, fatigue diurne, surpoids est très évocatrice.
Le bilan d’une pollakiurie isolée repose sur le calendrier mictionnel et la recherche d’un résidu postmictionnel important par échographie. Si la pollakiurie est associée à une urgenturie, on éliminera les pathologies vésicales (infection, tumeur, calcul), puis on fera le bilan d’un syndrome d’hyperactivité vésicale.

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18
Q

VIII. Diagnostic d’un trouble de la miction A. Déroulement de la miction normale (encadré 1.3)
Encadré 1.3 Miction = phénomène actif = 3 acteurs.

A

Encadré 1.3 Miction = phénomène actif = 3 acteurs.
Muscle vésical : moteur de la miction * Système parasympathique sacré (S2-4) : actif +. * Récepteurs muscariniques du détrusor activés par
l’acétylcholine.
Urètre et sphincters : filière sous-vésicale de sortie
La filière ouverte oppose une faible résistance à l’écoulement de l’urine.
* Système orthosympathique (T10-L1) : inactif–. – Récepteurs α-adrénergiques inactifs (pas de
noradrénaline).
* Système somatique (S2-S4) : relaxation volontaire
du sphincter strié urétral (SSU).
– Récepteurs nicotiniques activés par l’acétylcholine.

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19
Q

Commande neurologique étagée sur tout le névraxe

A
  • A Contrôle volontaire du déclenchement de la miction (centre corticaux sous-corticauxcortex frontal-insula-gyrus cingulaire, etc.).
  • Coordination activité du moteur/état de la filière de sortie (centre mictionnel pontique).
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20
Q

C. Physiopathologie des troubles de la miction

A

Mécanisme des troubles de la miction (dysurie)
Obstacle urètre : filière de sortie bouchée * Obstacles anatomiques :
– rétrécissement de la filière (pariétale) ; – « bouchon » coincé dans la filière (luminale). * Obstacles fonctionnels (les sphincters ne s’ouvrent
pas) :
– perte de coordination entre vessie et urètre ; – le ou les sphincters ne se relâchent pas.

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21
Q
A

D. Combinaison des deux groupes de causes 1. Diagnostic d’un trouble de la miction
a. Interrogatoire B Passer en revue tous les SBAU de la phase de vidange et de la phase de stockage car les troubles de la vidange sont rarement isolés :* lorsque la vidange est incomplète (résidu), la fréquence mictionnelle augmente (il faut un plus grand nombre de vidanges de petite quantité pour éliminer la même diurèse sur 24 heures). Les pollakiuries diurne et nocturne sont donc souvent associées ;
* l’obstruction sous-vésicale est une étiologie du syndrome clinique d’hyperactivité vésicale (l’obstacle modifie le travail vésical et la vessie modifie son comportement avec émergence d’urgenturie).
On recherche les antécédents : * neurologiques :
– lésion médullaire sous le centre pontique de la miction : dyssynergie
vésicosphinctérienne,
– lésion périphérique (queue-de-cheval ou neuropathie) : hypocontractilité ; * urologiques :
– chirurgie endoscopique urologique et sondage urétral : sténoses de l’urètre, – infections urinaires basses et urétrites : sténose de l’urètre ;
* chirurgicaux pelviens : – cancers pelviens (colorectaux, gynécologiques), endométriose pelvienne profonde.
Dénervation responsable d’hypocontractilité.
On précise toutes les prises médicamenteuses à la recherche de spécialités à effet opioïde, anticholinergique ou α-stimulant

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22
Q

b. Examen

A
  • Aspect du méat urétral, inspection de tout le périnée. * Palpation de l’urètre.
  • Touchers pelviens (taille et consistance de la prostate, autres tumeurs pelviennes,
    fécalome ++ chez le sujet âgé).
  • Examen de l’abdomen à la recherche d’un globe vésical. * Examen neurologique du périnée (en particulier sensibilité ++). Le calendrier mictionnel doit compléter impérativement l’interrogatoire et l’examen clinique.
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23
Q

c. Examens complémentaires

A
  • L’échographie vésicale, rénale, avec mesure du résidu postmictionnel :
    – résidu ou rétention si sujet obèse ;
    – épaisseur et aspect de la paroi vésicale (épaississement, aspect crénelé diverticules) ; – retentissement rénal (urétérohydronéphrose).
  • La débitmétrie et la mesure du résidu postmictionnel (échographie ou BladderScan® qui
    est un échographe automatisé).
  • L’urétrocystoscopie (endoscopie qui permet de voir les obstacles). * L’urétrocystographie rétrograde et mictionnelle permet de mesurer la longueur d’une sténose lorsque celle-ci n’est pas franchissable par l’endoscope. Elle permet de mesurer aussi le résidu postmictionnel et de diagnostiquer un reflux.
  • Le bilan urodynamique (surtout l’épreuve pression-débit) : seul examen à pouvoir renseigner sur la contractilité vésicale. Seul examen à permettre d’affirmer l’obstruction (notion différente de l’obstacle). L’obstruction est une perturbation de la relation pression/ débit (obstruction : travail augmenté du moteur vésical pour produire un débit normal [obstruction compensée] ou un débit abaissé [obstruction décompensée]). C’est aussi le seul examen à pouvoir différencier l’obstruction et l’hypocontractilité vésicale.
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24
Q
  1. Étiologies des troubles de la miction (encadré 1
A

Obstructions sous-vésicales
Causes anatomiques pariétales (plus fréquentes chez l’homme)
* Hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) (homme
>6 e décade) : volume prostatique augmenté, obstruction sous-vésicale (cf. item correspondant). * Sténose de l’urètre (homme de tout âge, femme
âgée) : antécédents de traumatisme de l’urètre ou du bassin, iatrogénie (manoeuvres endo-urétrales, sondage traumatique), urétrites (gonococciques). Sténose du méat par carence hormonale chez la femme âgée.
* Cancer de la prostate : rare, uniquement si
évolution locale importante, souvent à un stade avancé de la maladie.
Causes anatomiques endoluminales (plus fréquentes chez l’homme)
* Caillotage vésical : avant la rétention ; hématurie
macroscopique ; terrain : tumeur de la vessie.
* Calcul de l’urètre : calcul vésical ou du haut
appareil enclavé dans l’urètre.
Fonctionnelle (homme = femme) * Dyssynergie vésicosphinctérienne : au cours d’une
maladie neurologique (traumatisme médullaire supra-sacré et infrapontique), le sphincter se contracte en même temps que la vessie.
* Asynchronisme vésicosphinctérien lorsqu’il y a un
mauvais relâchement du sphincter et du périnée pendant la miction sans cause neurologique (ex. : syndrome de périnée fermé après abus sexuel).
* Les hypertonies iatrogènes médicamenteuses du
SSU et du col vésical par prise de médicament à effet d’α-stimulants (ex. : midodrine pour hypotension orthostatique, solution nasale en traitement symptomatique de la rhinorrhée contenant de la naphtazoline ou de l’éphédrine ; certains de ces médicaments sont en vente libre). Leur prise peut décompenser une situation jusque-là acceptable (dysurie par obstruction sous-vésicale qui se complique brutalement d’une rétention aiguë).

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25
Q
  1. Hypocontractilités vésicales
A

A Neurogène : les atteintes périphériques (radiculaires, tronculaires ou plus périphériques) qui altèrent l’innervation parasympathique du détrusor. Exemple : syndrome de queue-decheval post-traumatique, neuropathie diabétique.
Myogène : destruction progressive du muscle lisse par vieillissement, obstruction chronique, infiltration amyloïde.
Médicamenteuse : anticholinergiques et médicaments a effet anticholinergique accessoire (antidépresseur, antipsychotiques, etc.), opiacés.

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26
Q

Principes thérapeutiques des principaux troubles de la miction

A

B La complication aiguë du syndrome dysurique est la rétention aiguë d’urine (cf. chapitre 20). Son traitement immédiat repose sur le drainage vésical par cathéter sus-pubien ou sonde urétrale pour une durée aussi courte que possible.
Les complications infectieuses (infections urinaires fébriles) ou néphrologiques (insuffisances rénales aiguës ou chroniques) seront traitées spécifiquement et imposeront la recherche de la cause du syndrome dysurique et son traitement étiologique (cf. ci-dessous).

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27
Q
  1. Obstacles sous-vésicaux
A
  • Hypertrophie bénigne de la prostate (cf. chapitre 10) :
    – médicament : α-bloquants, inhibiteur de la 5α-réductase ;– désobstruction chirurgicale : résection transurétrale de la prostate (RTUP), vaporisation ou énucléation au laser, adénomectomie chirurgicale. Le choix de la technique lorsqu’il ne s’agit pas de laser dépend du volume de l’hypertrophie : RTUP si moins de 80 mL, adénomectomie si plus de 80 mL. Les techniques au laser ne sont pas limitées par le temps de travail (pas de glycocolle comme liquide d’irrigation). En vaporisation, les opérateurs entraînés vont jusqu’à 150 mL. L’énucléation n’a pas de limite de taille pour les opérateurs entraînés.
  • Sténoses de l’urètre : – urétrotomie endoscopique (incision de la sténose par voie endoscopique) ; – urétroplastie (chirurgie de reconstruction : résection/anastomose ou apport d’un greffon pour reconstruire et élargir la zone sténosée. On utilise la peau du prépuce ou du fourreau de la verge mais surtout la muqueuse buccale en lambeau libre) ; – dans les cancers de la prostate localement avancés avec obstruction de la lumière urétrale, il n’y a pas la plupart du temps d’indication à une prostatectomie totale (cancer avancé et non localisé). On réalise une résection transurétrale de désobstruction par voie endoscopique selon le même principe que la RTUP de l’hypertrophie bénigne de la prostate ;
    – lorsque la dyssynergie vésicosphinctérienne est « légère » le traitement par α-bloquants a montré une efficacité partielle. C’est ainsi qu’une indication est retenue chez la femme atteinte de SEP. Dès que la dyssynergie est sévère, il n’y a pas de traitement étiologique. La prise en charge repose sur les autosondages propres intermittents. Le patient utilise une sonde à usage unique et vide lui-même sa vessie à intervalles réguliers (toutes les quatre heures). Si les autosondages ne sont pas possibles (ex. : tétraplégie), une dérivation continente à l’ombilic peut les rendre plus faciles (opération de Mitrofanoff). Dans les cas les plus défavorables, une dérivation non continente de type Bricker peut être proposée pour éviter les complications des cathéters à demeure à long terme ;
    – causes médicamenteuses : arrêt du médicament incriminé et recherche d’une
    obstruction partielle associée qui pourrait faire l’objet d’un traitement dédié.
    – certains asynchronismes ou des situations rares de rétention « réflexe » et le syndrome de Fowler peuvent répondre à la stimulation électrique du nerf spinal S3 appelée « neuromodulation sacrée S3 » (utilisée par ailleurs dans le traitement du syndrome clinique d’hyperactivité vésicale).
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28
Q
  1. Hypocontractilités vésicales
A

Il n’y a pas à l’heure actuelle de traitement pharmacologique de l’hypoactivité du détrusor. Les tentatives d’usage de molécules cholinergique ont montré leur inefficacité et sont potentiellement dangereuses (risque cardiovasculaire).
Le traitement repose sur les autosondages propres intermittents. Lorsqu’ils ne sont pas possibles, le recours à la sphinctérotomie est inefficace car il n’y a pas de moteur vésical pour vider. La sonde urétrale à demeure ou le cathéter sus-pubien à demeure ne sont pas des solutions viables à long terme, même avec des changements fréquents. L’inconfort permanent, la destruction de l’urètre (fistules urétrales), les infections urinaires fébriles menaçant le pronostic rénal et parfois vital, le risque de cancérisation sur inflammation chronique à long terme sont les complications des cathéters de drainage (urétraux ou sus-pubiens) à demeure laissés à moyen et long terme.

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29
Q
A

Descriptif A Connaître les définitions et descriptions cliniques des SBAU des 3 phases du cycle mictionnel
(remplissage, vidange, postvidange)
Le bas appareil urinaire alterne 3 phases : stockage, vidange (miction), phase postmictionnelle. Normalement : stockage = pas de fuite, sensation progressive de remplissage puis de besoin d’uriner ; vidange = volontairement déclenchée rapide, indolore, complète ; postmiction = sensation de vidange complète
Les symptômes de la phase de stockage sont : * IU : fuite involontaire d’urine
* pollakiurie : augmentation du nombre de miction (≥ à 8 en éveil) * nycturie : réveil par l’envie d’uriner (≥ 1 fois si gênant)
* urgenturie : besoin d’uriner anormal car soudain, impérieux, irrépressible. * syndrome clinique d’hyperactivité vésicale : urgenturie (suffit à elle seule) ± incontinence ± pollakiurie ± nycturie si pas d’infection, de tumeur (vessie ou voisinage), de calcul ou d’autre pathologie locale
Les symptômes de la phase de vidange sont la dysurie ou syndrome dysurique : retard au démarrage de la miction, nécessité de pousser pour initier la miction, jet faible et/ou en arrosoir, jet interrompu, miction en plusieurs temps à l’extrême rétention chronique ou aiguë
Symptômes de la phase postmictionnelle : * les gouttes retardataires
* la sensation de vidange incomplète A Connaître la définition de l’IU
IU : toute fuite involontaire d’urine (quelles que soient les circonstances, la quantité, l’orifice de sortie)

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30
Q
A

Connaître les signes d’alerte devant faire chercher une cause grave d’IU :
* urgenturie : éliminer une infection urinaire, un calcul de vessie ou de l’uretère intramural (dernière portion qui traverse la paroi vésicale), une tumeur de vessie ou de voisinage
* IU ou rétention d’urine + incontinence fécale ou dyschésie (difficulté à faire sortir les selles du rectum) + dysfonction sexuelle (dysérection, hypo-/anorgasmie) : évocateur (mais non spécifique) d’une origine neurologique
* renforcée si symptômes ou signes cliniques neurologiques associés : baisse d’acuité visuelle, parésie,
paresthésie, etc.

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31
Q
A

Connaître le bilan de 1 re ligne d’une IU (après diagnostic positif)
Calendrier mictionnel, ECBU, échographie rénale, vésicale et pelvienne avant et après miction Drapeau rouge si IU par urgenturie (éliminer infection, tumeur vessie ou voisinage, calcul/corps étranger)

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32
Q
A

Connaître les principales étiologies de la dysurie de l’homme et de la femme :
* vidange : contraction de la vessie, résistances urétrales
* dysurie : contraction trop faible et/ou trop de résistances urétrales * résistances urétrales élevées : HBP, sténose de l’urètre (homme ++), iatrogène après traitement
d’incontinence (femme)
* hypocontractilité : dénervation vésicale périphérique, causes médicamenteuses, muscle vésical détruit

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33
Q

I. Généralités
A La pathologie génitoscrotale recouvre l’ensemble des atteintes acquises ou congénitales, et organiques ou fonctionnelles : du testicule, du scrotum, de la verge, et du prépuce. Plusieurs tableaux cliniques peuvent être distingués selon le site, le principal signe d’appel et la chronologie d’installation (tableau 17.1).
On apportera une attention particulière à la reconnaissance des pathologies d’installation brutale car elles impliquent une prise en charge urgente dans les premières heures.
Tableau 17.1. Présentation clinique et chronologique des principales pathologies génitoscrotales.
Site et signe Chronologie
Acquis Congénital
Brutal Rapide Progressif
Tuméfaction de la bourse
Traumatisme scrotal Orchiépididymite
Torsion vue
tardivement
Tumeur testiculaire Hydrocèle
Hernie simple Kyste du cordon Varicocèle
Vacuité de la bourse Ectopie testiculaire
Cryptorchidie
Douleur ou gêne scrotale
Torsion du cordon Fracture testiculaire Hernie étranglée
Torsion de l’hydatide sessile
Traumatisme scrotal
Orchiépididymite Fasciite nécrosante des OGE
Tumeur testiculaire compliquée
Varicocèle
Hernie par persistance du canal péritonéovaginal

A
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34
Q

Chronologie
Acquis Congénital
Brutal Rapide Progressif Pathologies péniennes Fracture des corps
caverneux
Pathologies préputiales
Pathologies urétrales Fracture de l’urètre Infections
sexuellement
transmissibles
Paraphimosis Rupture du frein
Pathologie génitoscrotale chez le garçon et chez l’homme 17
Sténose urétrale Sténose du méat Tumeurs urétrales
Balanoposthite Phimosis Phimosis
Brièveté du frein
Troubles de l’érection Priapisme Dysfonction érectile
Maladie de
Lapeyronie
OGE : organes génitaux externes.
Tumeur de la verge Micropénis
Ambiguïté sexuelle
Anomalie de la position du méat (hypospadias,
épispadias)

A
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35
Q

II. Pathologies testiculaires et des annexes A. Torsion du cordon spermatique
1. Généralités
A La torsion du cordon spermatique survient préférentiellement au moment des pics d’activité hormonale (nourrisson et adolescent entre 12 et 18 ans). Elle est rare après 40 ans. Toute bourse aiguë douloureuse est une torsion du cordon spermatique jusqu’à preuve du contraire et ce quel que soit l’âge. Chez l’adolescent et l’adulte, il s’agit le plus souvent d’une torsion du cordon spermatique dans sa portion intravaginale (torsion intravaginale) par défaut des moyens de fixation du testicule. Le cordon réalise alors un ou plusieurs tours de spire qui entraînent une ischémie artérielle du testicule, pouvant devenir irréversible au-delà de 6 heures. Chez le jeune enfant et le nouveau-né, la torsion du cordon est plus rare et est extravaginale. Il s’agit d’une urgence chirurgicale. Le risque est la mise en jeu du pronostic fonctionnel testiculaire avec ischémie et nécrose testiculaire. Ce risque est statistiquement corrélé à la durée de l’ischémie : plus la détorsion avec revascularisation est tardive, plus les fonctions endocrines et exocrines de la gonade sont mises en jeu.
Néanmoins, la torsion du cordon spermatique est une urgence thérapeutique quelle que soit la durée de l’ischémie.

A
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36
Q
  1. Diagnostic
    L’interrogatoire recherche notamment des facteurs de risque de torsion du cordon spermatique (traumatisme testiculaire, antécédent de torsion du cordon spermatique controlatérale). Il recherche également des circonstances déclenchantes comme la période du réveil. Le patient décrit une douleur aiguë, brutale (il peut souvent en donner l’heure du début), intense, continue, unilatérale, irradiant vers la région inguinale, sans position antalgique, gênant la marche, parfois accompagnée de nausées ou vomissements. Il peut exister des épisodes de torsiondétorsion dans les antécédents (épisodes douloureux scrotaux spontanément résolutifs). L’examen physique doit être bilatéral et comparatif.
    Les signes de la torsion sont unilatéraux mais le tableau est rarement complet : * bourse douloureuse ;
    * testicule ascensionné, rétracté à l’anneau inguinal, horizontalisé ;* abolition du réflexe crémastérien ; * parfois, palpation du tour de spire ; * oedème scrotal unilatéral (inconstant).
    Il n’existe pas de signe pouvant orienter vers un diagnostic différentiel : * il n’y a pas de fièvre, la bandelette urinaire (BU) est négative, il n’y a pas d’écoulement urétral, pas de douleur prostatique au toucher rectal (TR), la douleur n’est pas soulagée par la suspension (signe de Prehn négatif) ;
    * les orifices herniaires sont libres ; * l’abdomen est souple et non douloureux ; * le testicule controlatéral est normal.
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37
Q
  1. Examens complémentaires
    La chirurgie ne doit être retardée par aucune exploration complémentaire dès lors qu’une torsion spermatique est suspectée. En cas de doute, il faut effectuer une exploration chirurgicale. L’échographie-Doppler testiculaire peut être faussement rassurante (faible sensibilité et spécificité). Elle est principalement prescrite pour éliminer les diagnostics différentiels en cas de douleur scrotale évoluant depuis plus de 24 heures. En urgence, elle ne doit jamais retarder la prise en charge thérapeutique.
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38
Q

Traitement
Il s’agit d’une urgence chirurgicale. Il faut donner une information sur la chirurgie, prévenir du risque d’orchidectomie en cas de testicule nécrosé et du risque ultérieur d’atrophie testiculaire et d’hypofertilité.
B La détorsion par manoeuvre externe ne doit pas être utilisée seule. Elle est tentée en salle d’examen afin de réduire le temps d’ischémie du testicule. Même en cas de soulagement par manoeuvre de détorsion externe, l’intervention urgente est obligatoire.
La chirurgie débute par une incision scrotale puis les principaux temps opératoires sont : * l’ouverture de la vaginale testiculaire ;
* les prélèvements bactériologiques en cas d’hydrocèle réactionnelle ; * l’extériorisation du testicule (fig. 17.1) ;* le bilan lésionnel : recherche et quantification des tours de spire, appréciation des lésions
ischémiques testiculaires ;
* la détorsion du cordon ; * l’appréciation de la recoloration et de la viabilité du testicule : – si le testicule est viable : orchidopexie (fixation du testicule à la vaginale à l’aide de trois points de suture non résorbables). L’anomalie responsable de la torsion étant bilatérale, il est recommandé de fixer systématiquement le testicule controlatéral, dans le même temps ou lors d’une seconde intervention ultérieure,
– si le testicule n’est pas viable : orchidectomie (envoi de la pièce en anatomopathologie). Pas de pose de prothèse testiculaire dans le même temps en raison du risque infectieux : celleci pourra être proposée dans un second temps.

A
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39
Q

Diagnostics différentiels
a. Orchiépididymite aiguë
Connaissances
A Si les signes infectieux locaux, urinaires ou généraux et l’apparition moins brutale de la douleur sont évocateurs, l’orchiépididymite est parfois difficile à écarter, notamment parce qu’une torsion du cordon vue tardivement a pu évoluer vers la nécrose puis la surinfection. En cas de doute, il faut explorer chirurgicalement.
b. Hernie inguinoscrotale étranglée Des signes digestifs sont généralement associés (syndrome occlusif) et doivent faire évoquer ce diagnostic.
c. Torsion de l’hydatide sessile de Morgagni L’hydatide sessile est un reliquat embryonnaire situé au pôle supérieur du testicule. Sa torsion provoque une douleur scrotale brutale, bien que généralement moins vive qu’en cas de torsion du cordon. Un nodule douloureux au pôle supérieur du testicule peut être palpé ou mis en évidence par transillumination scrotale. Le réflexe crémastérien est en général conservé. Cliniquement, le diagnostic différentiel avec une torsion du cordon reste impossible. La scrototomie exploratrice permettra de faire le diagnostic.
d. Complication locale d’une tumeur testiculaire Exceptionnellement, une tumeur testiculaire peut être révélée par une complication locale brutalement douloureuse, telle une nécrose ou une hémorragie intratumorale. En cas de doute clinique sur une tumeur testiculaire à la palpation, une échographie-Doppler est demandée.
e. Colique néphrétique En cas de douleur irradiant vers le testicule, avec un examen testiculaire normal et une hématurie micro- ou macroscopique, il faut savoir évoquer un calcul du bas uretère pouvant se révéler par les seules irradiations douloureuses. Cela reste cependant un diagnostic d’élimination.
f. Traumatisme testiculaire En général, le contexte (choc testiculaire direct) est d’emblée évocateur.

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40
Q
  1. Formes atypiques
    a. Torsion vue tardivement ou négligée Une fois la nécrose installée, les douleurs testiculaires diminuent. Les signes inflammatoires locaux sont parfois au premier plan (grosse bourse inflammatoire douloureuse, hydrocèleréactionnelle) rendant difficile le diagnostic différentiel avec une orchiépididymite simple. Une fébricule est possible. L’évolution se fait ensuite soit vers la nécrose aseptique avec atrophie progressive du testicule, soit vers la fonte purulente du testicule. L’échographie scrotale est indiquée.
    b. Épisodes de torsion-détorsion récidivants Il faut les évoquer en cas de douleurs testiculaires unilatérales, spontanément résolutives et récidivantes. Un testicule indolore et un examen clinique normal en dehors des crises, mais avec un testicule hypermobile, doivent faire penser au diagnostic. Il existe un risque de torsion vraie du cordon spermatique. L’orchidopexie préventive est proposée.
    c. Torsion du cordon spermatique sur testicule cryptorchide Véritable piège diagnostique, le tableau clinique est dominé par des douleurs inguinales ou abdominales pouvant faire évoquer une appendicite aiguë. La bourse homolatérale est vide.
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41
Q

B. Orchiépididymite 1. Généralités
L’orchiépididymite est une inflammation du testicule et de l’épididyme, le plus souvent d’origine infectieuse. La voie de contamination habituelle est rétrograde déférentielle et l’origine peut être :
* sexuelle (germes des infections sexuellement transmissibles [IST]) : chez l’homme ayant des
pratiques sexuelles à risque (souvent plutôt jeune) ;
* urinaire (bacilles Gram négatif) : chez l’homme ayant des symptômes du bas appareil urinaire (souvent plutôt âgé).
L’orchite isolée est rare, qu’il s’agisse d’une contamination par voie sanguine (orchite ourlienne, tuberculeuse) ou d’une orchite inflammatoire sur purpura rhumatoïde (à évoquer en présence d’un purpura cutané chez l’enfant).
Les risques évolutifs de l’orchiépididymite infectieuse sont l’abcédation, la fonte purulente du testicule, l’atrophie testiculaire, l’hypofertilité et les douleurs scrotales chroniques résiduelles.

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42
Q
  1. Examen clinique
    Il existe une grosse bourse douloureuse inflammatoire (oedémateuse, luisante, chaude), d’apparition rapide mais non brutale (en quelques heures ou dizaines d’heures). Un épididyme inflammatoire et douloureux est perçu à la palpation. Une infiltration douloureuse du cordon (funiculite) peut être palpée. Épididyme et testicule peuvent se confondre en une masse volumineuse, faisant disparaître le sillon épididymotesticulaire (signe de Chevassu négatif). Une hydrocèle réactionnelle peut gêner l’examen clinique. Typiquement, soulever le testicule soulage la douleur (signe de Prehn positif).
    Des signes infectieux généraux (fièvre), urinaires (brûlures, pollakiurie, urines troubles, BU positive), urétraux (écoulement, urétrite), prostatiques (douleur de prostatite au TR) sont souvent associés. Ils peuvent cependant être minimes ou faire défaut dans des cas atypiques. Il faut rechercher les facteurs favorisants :
    * sexuels : rapport à risque, antécédents d’IST ; * urinaires : obstacle sous-vésical, manoeuvres endo-urétrales (sondage, cystoscopie). Un testicule cryptorchide peut aussi s’infecter et être le siège d’une orchiépididymite. L’examen des bourses chez un homme avec un tableau abdominal infectieux doit être systématique.
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43
Q
  1. Examens complémentaires
    Le diagnostic est avant tout clinique. Il existe le plus souvent un syndrome inflammatoire biologique. L’échographie-Doppler du testicule peut aider lorsque l’examen clinique est non contributif ou lorsque l’on pense à une complication (abcès).
    En cas de doute avec une torsion du cordon, une exploration chirurgicale est réalisée. Un bilan bactériologique est demandé à visée étiologique : examen cytobactériologique des urines (ECBU) du premier et du second jet urinaire (examen direct, mise en culture et PCR à la recherche de Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae). Un bilan d’IST (cas index et partenaires) est à faire le cas échéant.
    En cas de doute diagnostique avec une torsion du cordon spermatique ancienne (> 24 h), une échographie-Doppler sera réalisée.4. Prise en charge
    Le traitement antibiotique, initialement probabiliste, est celui d’une IST ou d’une infection urinaire masculine. Ce choix se base donc principalement sur l’anamnèse et le contexte. En cas de suspicion d’IST, plusieurs schémas sont possibles :
    * ceftriaxone 500 mg en 1 injection intramusculaire suivie par doxycycline 200 mg/j pendant
    10 jours ;
    * ou ofloxacine 200 mg × 2/j pendant 10 jours. Dans les formes à point de départ urinaire, les fluoroquinolones sont volontiers de première intention. Le relais se fait en fonction de l’antibiogramme et pour une durée de 14 jours. Les mesures associées sont : le port d’un suspensoir ou d’un slip serré à visée antalgique, le repos, l’abstinence sexuelle ou des rapports protégés par préservatif, la recherche d’autres IST chez le patient et le dépistage de ses partenaires.
    L’hospitalisation peut être envisagée en cas de signes généraux ou locaux sévères. Rarement, un geste chirurgical peut être nécessaire pour une forme compliquée (abcès, fonte purulente, nécrose).
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Q

C. Testicule non descendu
1. Définition
Une cryptorchidie est une anomalie de migration embryologique du testicule. Elle correspond à un arrêt de migration sur le trajet normal, entre l’aire lombaire et le scrotum. Le plus souvent unilatérale, elle peut être bilatérale. Elle est à distinguer de l’ectopie testiculaire (testicule en dehors du trajet physiologique de migration).
C’est un état congénital, le plus souvent pris en charge par les chirurgiens pédiatriques après dépistage néonatal mais il arrive d’y être confronté chez un adulte. La localisation la plus fréquente du testicule cryptorchide est à l’orifice inguinal superficiel.

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  1. Signes cliniques
    Le signe d’appel est la vacuité de la bourse à la palpation. Le testicule est souvent palpable (80 % des cas) à l’orifice inguinal mais ne peut être réintégré dans la bourse. S’il est palpable, il faut en évaluer le volume (recherche d’atrophie) et rechercher une hypertrophie controlatérale compensatrice.
    En cas de cryptorchidie bilatérale non palpable, une exploration avec caryotype et bilan endocrinien recherchera un trouble de différenciation sexuelle, une anorchidie.Chez l’enfant le diagnostic différentiel est le testicule oscillant, c’est-à-dire pouvant remonter en dehors de la bourse mais pouvant descendre spontanément ou manuellement et sans tension dans le scrotum. Il s’agit dans ce cas d’une hyperactivité du muscle crémaster.
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47
Q
  1. Complications
    B Les deux grandes complications sont celles de la dysgénésie gonadique associée à la cryptorchidie et persistent donc même après abaissement chirurgical :
    * cancer du testicule : l’abaissement permet cependant le dépistage par autopalpation ; * hypofertilité : le risque n’est réel qu’en cas de cryptorchidie bilatérale et d’autant plus élevé
    que les testicules sont abaissés tardivement.
    Les pathologies testiculaires classiques (torsion du cordon, orchiépididymite, traumatisme testiculaire) peuvent aussi survenir sur testicule cryptorchide, ce qui en complexifie le diagnostic. D’une manière générale, tout médecin doit savoir examiner les bourses d’un homme ayant un syndrome abdominal.
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Q
  1. Examens complémentaires
    Le diagnostic est clinique, les examens complémentaires servent à localiser le testicule lorsqu’il n’est pas palpable. On réalisera une échographie, une tomodensitométrie abdominopelvienne (TDM AP) ou une imagerie par résonance magnétique (IRM). En cas de négativité, une laparoscopie abdominale exploratrice est parfois indiquée.
  2. Prise en charge
    Le traitement chirurgical de la cryptorchidie ne s’envisage pas avant 1 an. En cas de cryptorchidie non traitée pendant l’enfance, l’indication d’abaissement testiculaire reste de mise. Le traitement de référence est chirurgical et plusieurs situations sont possibles :
    * soit le testicule cryptorchide est palpable et on réalise alors un abaissement testiculaire par
    voie inguinale avec fixation par voie scrotale ;
    * soit le testicule cryptorchide n’est pas palpable et on débute alors l’intervention par une laparoscopie exploratrice à la recherche du testicule. S’il s’avère que le testicule est retrouvé très atrophique, on peut discuter une orchidectomie. Si le testicule est de taille satisfaisante et bas situé, il est abaissé en un temps. Si le testicule est très haut situé, l’abaissement se déroule en deux temps : ligature première des vaisseaux spermatiques puis abaissement secondaire par voie inguinale.
    Il faut informer des risques de récidive, de lésion du conduit déférent et d’atrophie testiculaire. Il faut aussi informer que même après l’abaissement, il existe un risque de cancer du testicule. Le dépistage par autopalpation s’en trouve cependant facilité.
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49
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III. Pathologies scrotales A. Hydrocèle vaginale
1. Définition
A Il s’agit d’un épanchement liquidien dans la cavité séreuse qu’est la vaginale testiculaire. Cette cavité est une émanation de la cavité péritonéale, emportée lors de la migration testiculaire à travers le canal inguinal.Chez l’enfant, l’hydrocèle est due à la persistance d’un canal péritonéovaginal et on parle alors d’hydrocèle communicante.
Chez l’adulte, ce canal est obturé et l’hydrocèle, non communicante, est le plus souvent idiopathique, par défaut de résorption liquidienne par la vaginale. Elle peut également être réactionnelle à d’autres pathologies comme une orchiépididymite, une torsion du cordon spermatique, un traumatisme testiculaire ou un cancer du testicule.

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50
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Examen clinique
Elle correspond à une augmentation indolore, unilatérale et permanente du volume de la bourse (fig. 17.2), mais avec une gêne à type de pesanteur et qui est transilluminable (fig. 17.3). Le volume peut varier au cours de la journée.L’hydrocèle peut être très abondante et c’est généralement la gêne esthétique ou la pesanteur qui amène le patient à consulter. À l’examen, le testicule est souvent impalpable en raison du volume de liquide qui l’entoure. Le cordon spermatique est normal et libre. Les orifices herniaires inguinaux sont libres.
Chez l’enfant et le nouveau-né, l’hydrocèle communicante par persistance du canal péritonéovaginal est intermittente, de volume variable, réductible et souvent associée à une hernie, à l’inverse de chez l’adulte.En cas de transillumination négative (fig. 17.4), il faut évoquer un diagnostic différentiel (tumeur testiculaire, hernie inguinoscrotale, varicocèle, hématocèle, etc.).

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51
Q
  1. Examens complémentaires
    L’échographie scrotale est l’examen de référence en cas de doute diagnostique ou en cas d’hydrocèle dite aiguë (hydrocèle volumineuse et sous tension) pour éliminer un diagnostic différentiel de hernie inguinoscrotale étranglée, notamment chez l’enfant, ou de torsion du cordon spermatique ou tumeur.
    Elle met en évidence une collection liquidienne anéchogène autour du testicule. Elle confirme que les testicules sont normaux et recherche une pathologie sous-jacente en cas d’hydrocèle réactionnelle.
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52
Q

B. Varicocèle
1. Définition
Une varicocèle est une dilatation variqueuse des veines spermatiques (plexus pampiniforme). Elle survient à gauche dans 90 % des cas, par une insuffisance valvulaire à l’abouchement de la veine spermatique gauche dans la veine rénale gauche, générant un reflux veineux, vers ou après la puberté. À droite, la veine se draine dans la veine cave inférieure. La varicocèle a une incidence de 20 à 40 % dans la population hypofertile (hyperthermie testiculaire par stase veineuse).
2. Examen clinique
L’interrogatoire recherche des douleurs à type de pesanteur, surtout vespérale, une hypotrophie testiculaire, une infertilité.
L’examen physique est effectué en position debout puis couchée. Cet examen peut mettre en évidence une dilatation variqueuse du cordon parfois visible sous la peau. Il retrouve une tuméfaction molle située au-dessus et en arrière du testicule. Cette tuméfaction s’atténue en position couchée et augmente après à l’épreuve de Valsalva (expiration forcée à glotte fermée augmentant la pression intra-abdominale).
Attention : toute varicocèle d’apparition rapide doit faire éliminer un obstacle sur la veine spermatique (adénopathie, thrombus), notamment, à gauche, un cancer du rein gauche avec thrombus veineux.

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53
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C. Fasciite nécrosante des organes génitaux externes dite gangrène gazeuse, ou de Fournier
1. Généralités
La gangrène de Fournier est une cellulite nécrosante des organes génitaux externes et du périnée. Les germes responsables sont : anaérobies, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et streptocoques. La gangrène est le plus souvent secondaire à une affection locale (fistule anale, abcès périnéal, lésion cutanée, etc.) mais qui n’est pas toujours identifiée. Elle survient souvent sur terrain fragilisé (diabète, éthylisme chronique, immunodépression, etc.). Le retard de la prise en charge initiale et/ou la prise d’anti-inflammatoires sont des facteurs aggravants. C’est une infection grave avec un taux de mortalité de 10–50 %.
Connaissances
2. Diagnostic
Le diagnostic est clinique. L’évolution est brutale et vive avec une gêne scrotale et une fébricule, un oedème et une inflammation du périnée (première phase : inflammatoire), puis des crépitements sous-cutanés apparaissent (en cas de germes anaérobies) (deuxième phase : gazeuse). C’est enfin l’apparition et l’extension de zones de nécrose (troisième phase : nécrotique), de la fièvre, des frissons et du choc septique.

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54
Q
  1. Prise en charge
    Il s’agit d’une urgence médicochirurgicale avec une prise en charge réanimatoire. Des examens complémentaires sont indispensables : numération formule sanguine (NFS), créatinine, hémostase, groupe/Rhésus/recherche d’anticorps irréguliers (RAI), gaz du sang, lactates, bilan bactériologique (hémocultures, ECBU, prélèvements locaux).
    Il faut mettre en place une triple antibiothérapie parentérale, active sur les germes anaérobies : pénicilline/C3G, métronidazole antibiotique anti-anaérobie, aminoside.
    Par ailleurs, un traitement chirurgical sous anesthésie générale est requis avec une excision/ parage de tous les tissus nécrotiques, à renouveler tant que les lésions progressent. Si nécessaire, une colostomie de décharge est confectionnée en cas de lésions proches de l’anus. Les testicules sont parfois protégés temporairement par enfouissement au niveau inguinal ou sur la face interne des cuisses. Des pansements doivent ensuite être réalisés très régulièrement (toutes les 48 à 72 heures), nécessitant souvent des anesthésies générales itératives. À distance, une reconstruction en chirurgie plastique avec lambeaux peut être envisagée. Un traitement par oxygène hyperbare est parfois entrepris, au plus tôt. Le pronostic est mauvais avec un taux de mortalité de 10–50 %.
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55
Q

VI. Pathologies préputiales
A. Phimosis
Connaissances
1. Définition
Un phimosis est une sténose de l’anneau préputial. Le décalottage devient alors difficile, douloureux, voire impossible. Le diagnostic est porté devant un aspect rétréci de l’orifice préputial et un prépuce ne pouvant être retroussé en arrière du gland.
Il est physiologique chez le nourrisson et l’enfant jusqu’à 5 ans, expliqué par l’existence d’adhérences préputiales. Celles-ci se libèrent généralement spontanément et les décalottages forcés sont à proscrire chez l’enfant.
Le phimosis peut apparaître à l’âge adulte entraînant une difficulté au décalottage (douleurs, fissures), voire une impossibilité de décalotter. Un phimosis acquis peut apparaître chez les patients diabétiques (diabète non diagnostiqué ou mal équilibré) ainsi que chez les sujets âgés par insuffisance de décalottage. Il peut être également secondaire à une lésion précancéreuse (lichen scléroatrophique) ou à un cancer du pénis.

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56
Q

Complications
Un phimosis peut provoquer : * des troubles mictionnels (dysurie, fuites d’urine, jet dévié) ; * des infections urinaires récidivantes, lorsqu’il est serré ; * à l’extrême, une rétention vésicale (globe) ;
* une poche préputiale se gonflant d’urine lors des mictions, et pouvant se surinfecter ; * un paraphimosis, notamment en cas d’oubli de recalottage après sondage vésical ; * une inflammation chronique du gland (balanoposthite) par défaut de décalottage et accumulation de smegma.
À long terme, via la macération et l’inflammation chroniques ou le lichen scléroatrophique qu’il entretient, un phimosis est facteur de risque de cancer de la verge. Il peut le révéler (phimosis réactionnel) mais il peut aussi le masquer un certain temps.

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57
Q

Traitement
B Chez l’enfant, il n’y a pas de traitement avant 2–3 ans. La libération des adhérences préputiales peut également se faire sous anesthésie locale (crème EMLA ® ) ou par application de dermocorticoïdes. À partir de 5-6 ans, et en cas d’échec des traitements locaux, un traitement chirurgical est à envisager, notamment en cas de complication (infection, dysurie, poche préputiale). Il peut s’agir d’une plastie de prépuce ou d’une résection du prépuce, dite posthectomie. Chez l’adulte, le traitement est d’emblée chirurgical. La chirurgie est indiquée en cas d’infections à répétition ou de gêne importante. Le traitement peut être conservateur (plastie duprépuce) ou non (posthectomie). Une lésion précancéreuse ou un cancer de la verge doivent être recherchés par examen anatomopathologique.

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58
Q

B. Paraphimosis 1. Définition
A Un paraphimosis est une striction de la base du gland par l’anneau préputial, au niveau du sillon balanopréputial. Le gland est donc décalotté et le recalottage est impossible. Il se forme rapidement un oedème du prépuce, qui entoure le gland telle une bouée (fig. 17.5 et 17.6). Il s’agit une complication du phimosis, secondaire à un décalottage prolongé : le gland est en ischémie, douloureux, avec un risque de nécrose.
Le mécanisme est généralement : * chez le petit enfant : un décalottage forcé sur phimosis ; * chez le jeune adulte : un oubli de recalottage notamment après un premier rapport sexuel ; * chez le sujet âgé : un oubli de recalottage après pose de sonde vésicale à demeure
(iatrogène).

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59
Q

Traitement
B Il faut mettre en oeuvre le traitement en urgence, dès que le diagnostic est posé. Le premier geste, en cas de paraphimosis iatrogène, consiste à retirer la sonde vésicale. Ensuite, une réduction manuelle est effectuée consistant à :
* chasser l’oedème balanopréputial par compression (progressive mais lente, à pleine paume) du gland et du prépuce, voire par application d’un liquide hyperosmolaire (compresse imbibée de mannitol ou de G30) ;
* faire pression sur le gland avec les deux pouces ; * tout en basculant de l’anneau préputial vers l’avant pour recouvrir le gland avec les index et majeurs (mouvement du piston de la seringue en utilisant les deux mains).
En cas d’échec, il faut envisager une section de l’anneau préputial ou une posthectomie en urgence.

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60
Q

Brièveté et rupture du frein
A Le frein court est congénital mais c’est le plus souvent le jeune adulte qui consulte. La gêne est en effet ressentie à l’érection (mise en tension du frein, douleur, voire angulation du gland à l’érection).
L’événement amenant à consulter en urgence est la rupture du frein lors des premiers rapports ou masturbations. La rupture provoque un saignement qu’il faut contrôler par compression bidigitale.
B En cas de frein court gênant ou s’étant rompu, le traitement est une plastie du frein, sans urgence. Elle est faisable sous anesthésie locale et consiste à inciser le frein transversalement puis à fermer l’incision longitudinalement, ce qui efface le relief du frein.

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61
Q

D. Infections préputiales
A Un défaut de décalottage peut provoquer une accumulation de smegma puis une inflammation du gland et du prépuce : il s’agit d’une balanoposthite. Le traitement est local, par bains de verge antiseptiques.

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62
Q

Résumé
Pathologies testiculaires ❯ A Torsion : la torsion du cordon spermatique est une urgence chirurgicale. Le diagnostic est clinique. Aucun examen complémentaire ne doit retarder la prise en charge. En cas de doute diagnostique, l’exploration chirurgicale s’impose. ❯ Orchiépididymite : pour le traitement antibiotique d’une orchiépididymite, il faut
cibler :
* les germes des IST chez le sujet ayant des pratiques sexuelles à risque ; * les bacilles à Gram négatif (BGN) chez l’homme ayant des symptômes du bas
appareil urinaire.
❯ Cryptorchidie : après abaissement testiculaire, il faut éduquer le patient pour dépistage à vie du cancer testiculaire par autopalpation.
Pathologies scrotales ❯ Hydrocèle : l’hydrocèle est bénigne ; son traitement est la résection/plicature chirurgicale de la vaginale testiculaire et l’indication est fonctionnelle.
❯ Varicocèle : toute varicocèle d’apparition rapide doit faire éliminer un obstacle sur la veine spermatique (adénopathie, thrombus), notamment, à gauche, un cancer du rein gauche avec thrombus veineux.
Pathologies préputiales ❯ Phimosis : le phimosis peut favoriser, révéler mais aussi masquer un cancer de l’extrémité de la verge.
❯ Paraphimosis : en cas de paraphimosis iatrogène, le premier geste avant réduction
manuelle est de retirer la sonde vésicale.

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63
Q

I. Pour comprendre
A. Définitions
A L’hématurie est définie par la présence de plus de 10 hématies/mm 3 ou 10 000 hématies/ mL émises dans les urines lors d’une miction. Chez la femme, la recherche d’une hématurie doit être réalisée en dehors d’une période menstruelle.
On en distingue deux types : microscopique (fig. 4.1) et macroscopique (fig. 4.2). L’hématurie microscopique est non visible à l’oeil nu, il s’agit d’une définition biologique. L’hématurie macroscopique correspond à la coloration rosée, rouge ou brunâtre (vieux sang) des urines (voir contenu multimédia).

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64
Q

B. Physiopathologie
Les hématuries micro- et macroscopiques peuvent intervenir dans deux cadres nosologiques : * urologique : la présence des hématies dans les urines est liée à une lésion du parenchyme ou de l’arbre urinaire. Celle-ci conduit à l’effraction (micro- ou macroscopique) de vaisseaux sanguins, dont le contenu va se retrouver en contact avec la lumière de la voie excrétrice urinaire → saignement d’origine vasculaire ;
* néphrologique : l’hématurie est liée au passage des hématies à travers la membrane basale glomérulaire altérée. Les hématuries macroscopiques d’origine néphrologique se présentent sans caillots en raison de l’action fibrinolytique de l’urokinase tubulaire, sans brûlures mictionnelles et sans douleurs → saignement d’origine parenchymateuse le plus souvent glomérulaire.

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65
Q

C. Diagnostics positifs et différentiels de l’hématurie
Le diagnostic positif d’hématurie repose sur un examen cytologique quantitatif des urines lors d’un examen cytobactériologique des urines (ECBU) : ≥ 10 hématies/mm 3 . Il existe 4 catégories de diagnostics différentiels (fausse hématurie) :
* hémorragies de voisinage ; * coloration d’origine alimentaire ; * colorations liées à une prise médicamenteuse ; * origine métabolique.
Diagnostics différentiels de l’hématurie
Hémorragie de voisinage * Urétrorragie (persistance d’un saignement en dehors des mictions). * Génitale (menstruations, métrorragies), hémospermie.
Coloration d’origine alimentaire * Betteraves ++.Coloration liée à une prise médicamenteuse * Antibiotiques: rifampicine, érythromycine, métronidazole. * Anti-inflammatoires : acide aminosalicylique, salazopyrine, ibuprofène. * Vitamine : B12.
* Laxatifs contenant de la phénolphtaléine. * Contact avec un antiseptique : povidone iodée, eau de Javel. Origine métabolique
* Hémoglobinurie par hémolyse. * Myoglobinurie par rhabdomyolyse. * Urobilinurie, porphyrie.
* Intoxication : plomb, mercure.
À retenir
Le diagnostic d’hématurie doit toujours être confirmé par un examen cytologique urinaire quantitatif. Il n’existe pas de corrélation entre le type d’hématurie et la gravité de la maladie causale. La démarche diagnostique est identique pour une hématurie macro- et/ou microscopique persistante.

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66
Q

Examens complémentaires
Ils sont de quatre ordres : biologique, morphologique, endoscopique et anatomopathologique. La pertinence de leur choix sera définie par l’orientation établie à l’issue de la phase clinique. Les examens complémentaires à réaliser en première intention pour explorer une hématurie sont :
* l’ECBU avec analyse quantitative et qualitative ; * la créatininémie ;
* la protéinurie des 24 heures ; * l’échographie rénovésicale ou réno-vésico-prostatique (homme). Tous les autres examens (urologiques ou néphrologiques) seront réalisés de manière orientée en fonction des résultats du bilan de première intention et non de manière systématique.

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67
Q

Biologiques
À visée diagnostique.
1. Examen cytobactériologique des urines
L’ECBU doit comporter :
* une analyse cytologique quantitative (confirme le diagnostic d’hématurie microscopique) et qualitative à la recherche de cylindres hématiques et d’hématies déformées orientant vers une néphropathie glomérulaire ;
* l’analyse bactériologique permettant d’éliminer une infection urinaire.2. Protéinurie des 24 heures
L’existence d’une protéinurie est possiblement liée à la présence de sang en grande quantité dans les urines. Elle doit donc être recherchée en dehors d’un épisode d’hématurie macroscopique. Son taux est évocateur d’une atteinte glomérulaire au-delà de 0,5 g/24 h.
3. Créatininémie
Elle permet la mesure du débit de filtration glomérulaire (DFG). Une altération du DFG oriente vers une origine néphrologique, en l’absence de globe vésical, de caillotage de la voie excrétrice ou d’un autre obstacle bilatéral de la voie excrétrice qui peuvent être responsables d’une insuffisance rénale aiguë obstructive.
4. Numération-formule sanguine
Numération-formule sanguine (NFS) en cas d’hématurie macroscopique abondante ou prolongée pour apprécier son retentissement éventuel.

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68
Q

B. Morphologiques 1. Échographie rénovésicale ou réno-vésico-prostatique
C’est l’examen de référence à réaliser en première intention pour rechercher une cause urologique à l’hématurie. Elle permet une exploration morphologique de l’appareil urinaire et une étude vasculaire rénale (écho-Doppler).
2. Uroscanner
L’échographie est de par son innocuité et son accessibilité l’examen morphologique de première intention. Cependant, sa négativité ne dispense pas d’une imagerie plus sensible.
L’uroscanner est un scanner abdominopelvien sans puis avec injection de produit de contraste iodé, couplé à une acquisition au temps excréteur (aussi appelé tardif). Sa sensibilité pour la détection des tumeurs et calculs de petite taille est supérieure à celle de l’échographie. L’acquisition en phase artérielle peut également renseigner sur une anomalie des vaisseaux rénaux (notamment en cas de traumatisme). L’uroscanner est un examen de deuxième intention sauf dans le cas particulier du traumatisme ou il peut être réalisé d’emblée. Il sera proposé :
* en cas de négativité de l’échographie si on ne suspecte pas une origine néphrologique ; * en complément de l’échographie pour préciser une pathologie du haut appareil urinaire
(tumeur rénale ou des voies excrétrices supérieures, calculs, etc.).
En cas de contre-indication, il sera remplacé par une uro-IRM.
3. Autres examens
* L’abdomen sans préparation n’a de place dans le bilan d’hématurie que couplé à
l’échographie pour la recherche d’un calcul lors d’une colique néphrétique.
* L’artériographie ne sera réalisée qu’en cas de forte suspicion d’atteinte vasculaire, notamment lors d’un traumatisme rénal. Elle aura alors essentiellement pour but d’objectiver un saignement actif afin de l’assécher par une embolisation.

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69
Q

C. Endoscopique 1. Urétrocystoscopie
L’urétrocystoscopie est réalisée en consultation, à l’aide d’un cystoscope souple, après instillation d’un gel anesthésique local intra-urétral. Elle permet l’exploration de l’urètre, de la paroi vésicale et des méats urétéraux.
La cystoscopie est un examen important du bilan d’hématurie. Elle est réalisée : * en cas de suspicion de tumeur vésicale à l’échographie ou au scanner ;
* en cas d’hématurie isolée avec facteurs de risque : patient de plus de 50 ans, tabac,
exposition professionnelle, origine ethnique évocatrice de bilharziose.
2. Urétérorénoscopie
Examen de troisième intention réalisé sous anesthésie permettant d’explorer le haut appareil urinaire (uretère et cavités rénales).

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70
Q

D. Anatomopathologiques 1. Cytologie urinaire
Elle est réalisée idéalement sur les urines du matin ou lors d’un examen endoscopique. C’est un examen anatomopathologique dont l’objectif est de rechercher des cellules atypiques desquamées par l’urothélium. Cet examen est proposé dans les mêmes conditions que la cystoscopie, selon les résultats du bilan étiologique de première intention.
Une cytologie urinaire négative ne dispense pas d’un bilan endoscopique.
2. Ponction-biopsie rénale
La biopsie rénale a sa place dans le bilan d’une hématurie en cas de suspicion de néphropathie glomérulaire (hématurie microscopique associée à une protéinurie et/ou une insuffisance rénale et une hypertension artérielle [HTA]), d’altération récente et rapide de la fonction rénale ou de suspicion de maladie de Berger. Elle permet d’obtenir la confirmation diagnostique et la caractérisation histologique de la néphropathie. Elle sera guidée par l’échographie après vérification du bilan d’hémostase et anesthésie locale.

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71
Q

III. Étiologies
L’hématurie micro- ou macroscopique est un symptôme fréquent qui nécessite toujours une enquête étiologique.
Elle peut survenir de manière isolée ou associée à des symptômes qui ont valeur d’orientation étiologique :
* associée à des troubles mictionnels, des douleurs lombaires ou de la fièvre évoquant une
pathologie urologique (néoplasiques, infectieuses, lithiasiques) ;
* associée à une HTA ou des oedèmes évoquant une pathologie néphrologique. La démarche diagnostique doit rechercher en première intention les causes les plus fréquentes ou présentant un caractère de gravité :
* tumeurs urothéliales +++ (vessie, voie excrétrice supérieure), rénales ;* infections urinaires ++, lithiases ; * néphropathies glomérulaires.
Lors d’une hématurie macroscopique isolée, le bilan doit éliminer une origine urologique avant de s’orienter vers une cause néphrologique.
Un traitement anticoagulant peut favoriser une hématurie mais n’est jamais à considérer comme responsable de première intention. Il ne doit pas dispenser d’un bilan exhaustif.

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72
Q

A. Urologiques 1. Infections urinaires
* Cause la plus fréquente, elle sera accompagnée d’un tableau clinique évocateur (brûlures
mictionnelles, pollakiurie, douleurs lombaires, etc.).
* Diagnostic confirmé par la réalisation d’un ECBU. * Toute atteinte infectieuse de l’appareil urinaire peut entraîner une hématurie : cystite +++,
pyélonéphrite, prostatite ++.
Hématurie 4
Connaissances
2. Tumeurs de l’appareil urinaire
* Éliminer en première intention une tumeur vésicale ++ (fig. 4.3) et une tumeur rénale
(fig. 4.4).
* Facteurs de risque fréquemment associés : âge ≥ 50 ans, sexe masculin, tabac, exposition
professionnelle (amines aromatiques, etc.).
* Mais toute tumeur de l’appareil urinaire peut causer une hématurie (vessie, rein, voies
excrétrices urinaires supérieures, prostate avancée, urètre).
* Bilan : cystoscopie, cytologie urinaire et uroscanner.3. Lithiases urinaires (fig. 4.5)
* Concernent 5 à 15 % de la population des pays industrialisés. * Peuvent être paucisymptomatiques, révélées par un épisode de colique néphrétique ou par
des troubles mictionnels en cas de calcul de l’uretère pelvien.
* Intérêt du scanner abdominopelvien sans injection (ou du couple ASP + échographie) lors
d’un épisode douloureux ou de l’uroscanner en dehors d’une phase aiguë.4. Traumatiques
* Contexte évident.
* L’hématurie peut être liée à une fracture du parenchyme rénal, une atteinte du pédicule
vasculaire ou encore une plaie vésicale.
* La stabilité hémodynamique orientera le choix de l’examen : uroscanner ± artériographie
en cas d’atteinte du pédicule rénal, échographie si patient instable.
5. Prostatiques
* Hématurie macroscopique initiale ou totale en cas de saignement abondant. * Signe rarement révélateur de cancer de la prostate, elle est plus souvent associée à une
prostatite ou une hypertrophie et reste un diagnostic d’élimination.

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73
Q

B. Néphrologiques 1. Néphropathies glomérulaires
Le syndrome glomérulaire associe une protéinurie et/ou une hématurie ± HTA, oedèmes et insuffisance rénale aiguë ou chronique. L’ECBU met en évidence des hématies déformées et des cylindres hématiques.
Les principales causes d’hématurie d’origine glomérulaire sont les suivantes : * glomérulonéphrite à dépôts mésangiaux d’IgA (maladie de Berger) :
– cause la plus fréquente des hématuries macroscopiques glomérulaires récidivantes,
préférentiellement chez les hommes jeunes,
– la biopsie confirme le diagnostic en mettant en évidence la présence de dépôts
mésangiaux granuleux d’IgA et une prolifération endocapillaire,
– diagnostic différentiel : syndrome d’Alport. Pathologie héréditaire associant hématurie macroscopique récidivante, surdité bilatérale et atteinte ophtalmologique ; * glomérulonéphrite rapidement progressive (GNRP) :
– marquée par une dégradation de la fonction rénale en quelques semaines, – associée à une maladie systémique (syndrome de Goodpasture, lupus, maladie de
Wegener, etc.),
– diagnostic par ponction-biopsie rénale ++ ; * glomérulonéphrite aiguë postinfectieuse :
– secondaire à une infection oto-rhino-laryngologique (ORL) – le plus souvent – à
streptocoque,
– le tableau clinique révélateur est bruyant, sous la forme d’un syndrome néphritique.Néphropathie interstitielle aiguë médicamenteuse
* Son mécanisme est immunoallergique.
* Elle peut être associée à d’autres signes allergiques (rash cutané, cytolyse hépatique, etc.). * Lors d’une prise médicamenteuse : sulfamides, pénicillines, etc.

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C. Hématurie microscopique isolée
Il s’agit d’une situation fréquente où l’interrogatoire et le bilan étiologique de première intention ne permettent pas d’orienter vers une cause (absence de symptomatologie associée urologique ou néphrologique, absence de protéinurie ou d’insuffisance rénale, échographie de l’appareil urinaire normale).
Dans cette situation, le bilan doit systématiquement être complété par les investigations urologiques suivantes, à la recherche en particulier d’une tumeur de l’appareil urinaire : * cytologie urinaire ;
* uroscanner ; * cystoscopie.
En cas de négativité, une surveillance simple uronéphrologique est discutée dont le rythme et les principes ne sont pas clairement définis dans les recommandations. La surveillance sera d’autant plus recommandée qu’il existe des facteurs de risque de tumeur urothéliale.

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IV. Situations d’urgence A. Déglobulisation aiguë
Comme dans toute situation de saignement actif, il est indispensable de rechercher des signes d’anémie aiguë ou chronique (pâleur cutanéomuqueuse et manifestations fonctionnelles anoxiques type asthénie, dyspnée, etc.) et d’évaluer le retentissement hémodynamique éventuel (tachycardie, hypotension artérielle, marbrures, etc.).
Une NFS doit systématiquement être réalisée devant une hématurie macroscopique prolongée ou abondante.
B. Caillotage 1. Diagnostic
Le caillotage vésical ou de la voie excrétrice est une urgence thérapeutique en raison du risque de rétention aiguë d’urine et d’insuffisance rénale aiguë obstructive (blocage par les caillots qui s’accumulent).
En conséquence, la présence de caillots doit systématiquement être recherchée à l’interrogatoire et l’examen clinique :
* visualisation directe des caillots par le patient ou le soignant (demander au patient de
garder ses urines) ;
* sensation de blocage lors du passage des urines ; * recherche d’un globe vésical (les urines sont « bloquées » par l’accumulation des caillots
dans la vessie) ;
* douleurs lombaires pouvant orienter vers un caillotage de la voie excrétrice supérieure.
2. Prise en charge
B En cas d’hématurie macroscopique importante avec caillotage vésical et/ou rétention aiguë d’urine :
* mise en place d’une sonde vésicale double courant ; * réalisation d’un ECBU lors de la pose de la sonde ;* décaillotage manuel à la seringue ; * pose d’une irrigation vésicale en continu dont le débit sera adapté à la couleur des urines ; * surveillance des volumes d’entrée/sortie.
L’hématurie macroscopique caillotante est une contre-indication au cathéter suspubien en raison de la possible tumeur de vessie sous-jacente et de son inefficacité pour réaliser des lavages efficaces compte tenu de son faible diamètre.
En cas d’hématurie d’origine urologique du haut appareil urinaire (tumeurs du rein et de la voie excrétrice supérieure +++), un caillotage de la voie excrétrice peut survenir entraînant une dilatation des cavités rénales et des douleurs lombaires. Un drainage des cavités rénales par sonde JJ ou sonde urétérale peut être proposé.

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Q

Résumé
Rang Descriptif A Connaître la définition d’une hématurie : présence de plus de 10 hématies/mm3 ou 10 000 hématies/
mL émises dans les urines lors d’une miction
A Connaître les principaux mécanismes des hématuries :
* urologique : lésion du parenchyme rénal ou de l’arbre urinaire → saignement d’origine vasculaire * néphrologique : passage des hématies à travers la membrane basale glomérulaire altérée → saignement d’origine parenchymateuse le plus souvent glomérulaire
A Diagnostiquer une hématurie microscopique et une hématurie macroscopique
Microscopique : définition biologique
Macroscopique : visible à l’oeil nu (coloration rosée, rouge ou brunâtre) À confirmer par examen cytologique quantitatif ++ après avoir éliminé les diagnostics différentiels (hémorragie de voisinage, coloration alimentaire ou médicamenteuse, causes métaboliques) A Connaître la valeur localisatrice d’une hématurie macroscopique :
* initiale : urétroprostatique * terminale : vésicale
* totale : toujours le cas si d’origine rénale ; pas de valeur localisatrice en cas d’hématurie abondante A Connaître les principaux examens complémentaires à prescrire devant une hématurie :
* 1 re intention : ECBU, créatinine, protéinurie des 24 h (si microscopique) et échographie de l’appareil
urinaire ; NFS si macroscopique
* en 2 e intention et selon signes d’appels : uroscanner, endoscopie de l’appareil urinaire, cytologie
urinaire et ponction-biopsie rénale
A Connaître les indications d’examen d’imagerie devant une hématurie chez l’adulte et l’enfant
Première intention : échographie de l’appareil urinaire
Uroscanner en cas de négativité de l’échographie et en l’absence d’orientation vers une origine néphrologique ou en complément de l’échographie selon la pathologie urologique retrouvée ASP couplé à l’échographie seulement en cas d’orientation vers une origine lithiasique A Principales étiologies des hématuries néphrologiques chez l’adulte et l’enfant :
* néphropathies glomérulaires +++ : maladie de Berger, glomérulonéphrite aigüe postinfectieuse,
GNRP, syndrome d’Alport
* néphropathie interstitielle aigüe médicamenteuse A Principales étiologies des hématuries urologiques chez l’adulte et l’enfant :
* infections urinaires +++
* tumorale : urothéliale ++ mais tous les cancers de l’appareil urinaire peuvent entraîner une hématurie
(rein, uretère, vessie, prostate, urètre)
* calcul : un calcul peut faire saigner où qu’il soit dans l’appareil urinaire et n’entraîne pas forcément
d’autres symptômes
* HBP (diagnostic d’élimination) * traumatique (contexte évident)
A Savoir identifier une hématurie macroscopique caillotante et ses signes de gravité
À suspecter devant une sensation de blocage transitoire à la miction ou devant association hématurie + rétention (les caillots bloquent l’évacuation des urines). Devant un caillotage, évaluer retentissement hémodynamique, faire NFS en urgence et rechercher globe vésical. Attention au caillotage de la voie excrétrice supérieure sur une lésion du haut appareil → douleur lombaire unilatérale du côté de la lésionConnaître les éléments de prise en charge d’une hématurie caillotante :
* voie veineuse périphérique
* sondage vésical * décaillotage à la seringue puis mise en place d’une irrigation vésicale * surveillance bilan « entrées-sorties »
Contre-indication : cathéter sus-pubien ++

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Q

I. Définition
bilan d’extension : scanner TAP et les 3 marqueurs sériques : AFP, hCG totales et LDH
B Diagnostic positif Tumeurs testiculaires bénignes,
tumeurs extratesticulaires
B Suivi et/ou
pronostic
Connaître l’examen de première intention: échographie scrotale
Diagnostic différentiel : savoir identifier une tuméfaction scrotale extratesticulaire, une tumeur kystique, une tumeur potentiellement bénigne afin d’éviter une orchidectomie totale indue
Prise en charge andrologique Appréhender l’importance d’une prise en charge
andrologique concomitante ; en particulier, par
l’orientation vers un centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (CECOS ; volet
médicolégal)
I. Définition II. Prévalence, épidémiologie III. Éléments physiopathologiques IV. Diagnostic positif
V. Androgénisme et fertilité
Échographie scrotale
A Les tumeurs germinales testiculaires sont des tumeurs malignes issues de la transformation des cellules primitives de la spermatogenèse, situées au contact de la membrane basale des tubes séminifères.
On en distingue deux types : * tumeurs germinales séminomateuses ; * tumeurs germinales non séminomateuses (TGNS), assemblage mosaïque de différents sous types histologiques en proportion variable (tératome, choriocarcinome, tumeur vitelline et carcinome embryonnaire). À noter que la présence de séminome au sein d’une tumeur mosaïque comportant des contingents non séminomateux fait classer la tumeur : non séminomateuse.
Les tumeurs germinales représentent 95 % de l’ensemble des tumeurs primitives du testicule. B Les autres types sont représentés par :
* les tumeurs du stroma gonadique : tumeur à cellule de Leydig (bénignes dans 90 % des
cas) et tumeurs à cellules de Sertoli ;
* le gonadoblastome (tumeur bénigne) ; * l’adénocarcinome du rete testis.
Enfin, le testicule peut être le siège de localisations secondaires : de tumeurs solides (prostate, poumon, mélanome, rein) ou de lymphome.

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II. Prévalence, épidémiologie
A Les tumeurs germinales du testicule sont rares. Leur incidence, en augmentation, B est d’environ 8,7 nouveaux cas/100 000 hommes/an en France A soit un peu plus de 2 700 cas. B Elles représentent 1,5 % des tumeurs solides de l’homme et se situent au 4 e rang des tumeurs urologiques (après la prostate, la vessie/voies excrétrices supérieures, le rein). A Le pic d’incidence se situe entre 30 et 34 ans. Le séminome se déclare plus tardivement, B vers 39 ans en moyenne.

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III. Éléments physiopathologiques A. Histoire naturelle des tumeurs germinales testiculaires
A Les tumeurs germinales testiculaires ont une extension métastatique :
* lymphophile, principalement aux ganglions rétropéritonéaux axiaux (péricave et périaortique), moins fréquemment aux ganglions pelviens iliaques, médiastinaux ou susclaviculaire gauche ;
* hématogène, principalement aux poumons, plus rarement au foie, au cerveau.
B. Facteurs de risque des tumeurs germinales du testicule
Les facteurs de risque reconnus sont :
* un antécédent personnel (controlatéral) ou familial du premier degré de tumeur germinale ; * une cryptorchidie ou ectopie testiculaire ;
* une atrophie testiculaire ; * l’infertilité.
B Plusieurs facteurs de risque d’exposition environnementale (pesticides, perturbateurs endocriniens, cannabis) sont en cours d’investigation.
Situation rare, les tumeurs germinales s’intègrent parfois dans une affection syndromique (Down, Klinefelter).

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Q

IV. Diagnostic positif A. Circonstances cliniques de découverte
A Les circonstances cliniques de découverte sont dans la grande majorité des cas la palpation d’une masse intrascrotale (autopalpation, partenaire, examen systématique), dure, indolore, unilatérale.
Plus rarement, une symptomatologie subaiguë, mimant les conséquences d’un traumatisme, une orchite ou une torsion du cordon, est à l’origine du diagnostic.
B Exceptionnellement, un syndrome de détresse respiratoire aigu peut être à l’origine du diagnostic de l’extension métastatique pulmonaire.

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81
Q

B. Examen clinique
A L’examen clinique local est bilatéral et comparatif. La palpation retrouve du côté pathologique une masse pierreuse, circonscrite, sensible plus que douloureuse. Le sillon épididyme-testiculaire est conservé, ce qui signe l’origine testiculaire de la tumeur (signe de Chevassu).
L’examen général, dédié au bilan clinique de l’extension métastatique s’attache à : * la palpation abdominale profonde, à la recherche de volumineuses adénopathies
rétropéritonéales ;
* la palpation de l’aire ganglionnaire sus-claviculaire gauche, à la recherche d’un ganglion
métastatique de Troisier ;
* la palpation des glandes mammaires à la recherche d’une gynécomastie ; * l’auscultation pulmonaire.

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82
Q

C. Démarche diagnostique
Une fois le diagnostic suspecté à partir des éléments cliniques sus-cités, la démarche diagnostique vise à confirmer le diagnostic, réaliser le bilan d’extension de la maladie, obtenir le diagnostic de certitude histologique obtenu par l’orchidectomie.
D. Échographie scrotale
L’échographie scrotale est l’examen systématique de première intention du bilan. Il possède une sensibilité diagnostique approchant 95 % couplé à la clinique. Il explore les deux testicules, affirme le caractère intratesticulaire de la masse palpée. Les tumeurs séminomateuses se présentent le plus souvent comme des masses intratesticulaires lobulées, hypoéchogènes, assez homogènes. Les TGNS sont habituellement plus hétérogènes polycycliques (fig. 8.1). Les tumeurs germinales sont vascularisées au Doppler couleur.

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83
Q

E. Scanner thoraco-abdomino-pelvien
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est la pierre angulaire du bilan d’extension. Cet examen est le plus sensible pour la détection des métastases pulmonaires ou des ganglions médiastinaux au niveau du thorax, ainsi que la détection des adénopathies rétropéritonéales (fig. 8.2), pelviennes au niveau abdominal, ou des métastases viscérales telles que les localisations hépatiques.B La tomographie par émission de positons (TEP) au 18FDG n’est pas recommandée dans le bilan d’extension. Les imageries par résonance magnétique (IRM) encéphalique, hépatique, peuvent trouver un intérêt en seconde intention en cas de signes d’appel cliniques. A Le bilan de la maladie comprend systématiquement le dosage sérique de trois marqueurs : * AFP : α-foetoprotéine, B produite par la tumeur vitelline et le carcinome embryonnaire ; * hCG totales : hormone chorionique gonadotrope humaine, B produite par le
choriocarcinome et 20 % des séminomes ;
* LDH : lactate déshydrogénase, B non spécifique, reflet de la masse tumorale. A Ces marqueurs ont un intérêt d’orientation pour le diagnostic positif et un intérêt pronostique dans les formes métastatiques.

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Q

F. Diagnostic positif histologique
La confirmation histologique est obtenue par l’orchidectomie totale. Le principe en est l’exérèse du testicule, du cordon spermatique par voie inguinale, avec ligature première du cordon (fig. 8.3). Il s’agit du dernier geste diagnostique et du premier geste thérapeutique. Les biopsies transscrotales sont absolument proscrites. L’orchidectomie est réalisée à l’issue du bilan clinique et du bilan d’extension.

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Q

G. Diagnostics différentiels
B La présence d’une tuméfaction scrotale chez un jeune patient doit faire évoquer de principe une tumeur germinale. Pour autant, un examen clinique attentif et l’échographie scrotale systématique peuvent redresser ce diagnostic.
L’hydrocèle se manifeste par l’augmentation progressive du volume scrotal. La palpation et la transillumination font le diagnostic clinique, alors que l’échographie confirme dans ce cas l’épanchement liquidien de la vaginale testiculaire et l’absence de toute anomalie morphologique du testicule.
Les tuméfactions épididymaires sont indépendantes du testicule à la palpation. L’échographie affirme le caractère épididymaire de la tuméfaction et précise sa nature : kystique dans l’immense majorité des cas ou tissulaire (granulome inflammatoire ou exceptionnelle tumeur de l’épididyme).
Enfin, toutes les tumeurs intratesticulaires ne sont pas des tumeurs germinales. L’échographie permet d’évoquer l’aspect typique du kyste épidermoïde (fig. 8.4) ou certaines tumeurs bénignes comme les tumeurs à cellules de Leydig. L’évocation de ces diagnostics en échographie doit être suivie d’une confirmation histologique par exérèse de la lésion, selon un mode de conservation d’organe (orchidectomie partielle par voie inguinale). Il s’agit d’une situation rare.

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Q

V. Androgénisme et fertilité
La dimension andrologique de prise en charge des tumeurs germinales est essentielle chez ces jeunes patients, qui présentent fréquemment une altération intrinsèque de la fertilité intégrée dans un syndrome de dysgénésie gonadique. Les traitements chirurgicaux, cytotoxiques ou physiques de la tumeur germinale contribuent à altérer encore la spermatogenèse des patients. Aussi, la conservation de gamètes auprès d’un centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains (CECOS) doit être systématiquement proposée avant traitement. Le traçage de cette information est une obligation médicolégale.
Cette conservation a pour but d’évaluer la capacité procréative initiale du patient avant traitement et de la préserver pour une paternité ultérieure.

A
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Q

Résumé
Tumeurs du testicule 8
Connaissances
Rang Descriptif B Définition :
* les tumeurs germinales du testicule comportent 2 sous-types : séminomateux et non séminomateux * les TGNS intègrent plusieurs contingents : tératome, tumeur vitelline, choriocarcinome et carcinome
embryonnaire, en proportion variables
B Épidémiologie :
* rares (2 700 cas/an, 8,7/100 000 h/an, 1,5 % des tumeurs solides) * pic d’incidence entre 30 et 34 ans. Plus tardif pour les séminomateuses A Histoire naturelle :
* extension lymphophile principalement aux ganglions rétropéritonéaux * extension hématogène surtout aux poumons, plus rarement foie, cerveau A Facteurs de risque :
* antécédent personnel (controlatéral) ou familial du premier degré, cryptorchidie, atrophie testiculaire,
infertilité
* facteurs d’exposition environnementale (perturbateurs endocriniens) en cours d’exploration A Présentations cliniques :
* autopalpation d’une tuméfaction intrascrotale peu symptomatique progressivement croissante * certaines formes subaiguës mimant un phénomène inflammatoire ou traumatique A Examen clinique local :
* bilatéral et comparatif, du côté pathologique : tuméfaction pierreuse, peu douloureuse, solidaire du
testicule (signe de Chevassu), non transilluminable
* général : auscultation pulmonaire, palpation abdominale profonde pour exploration des aires ganglionnaire rétropéritonéales, recherche ganglion sus-claviculaire gauche
A Démarche diagnostique :
* suspicion (anamnèse et clinique)
* confirmation par échographie scrotale en première intention * bilan d’extension par scanner thoraco-abdomino-pelvien et marqueurs sériques * confirmation histologique sur pièce d’orchidectomie totale
A Échographie scrotale (examen de première intention, systématique) :
* affirme le caractère intratesticulaire, tissulaire, vascularisé du processus
* formation hypoéchogène, plus ou moins hétérogène et polycyclique en fonction du sous-type histologique * élimine d’emblée certains diagnostics différentiels : ce qui n’est pas tumoral, ce qui est intrascrotal mais extratesticulaire, certaines tumeurs testiculaires dont l’aspect typique doit faire évoquer une tumeur bénigne et surseoir à l’orchidectomie totale
A Aspect typique échographique de tumeur germinale : lésion tissulaire, globalement hypoéchogène,
hétérogène, polycyclique, aux contours festonnés et vascularisée en écho-Doppler (fig. 8.2)Rang Descriptif B Principes du bilan d’extension :
* explorer les territoires de drainage ganglionnaires profonds (rétropéritonéaux, pelviens, médiastinaux) et
superficiels (sus-claviculaires)
* explorer les sites d’extension métastatiques pulmonaires, hépatique et, en cas de point d’appel clinique,
cérébral et osseux
* explorer la production de molécules par les cellules tumorales dans le sérum à visée d’orientation
diagnostique et d’évaluation pronostique
A Savoir demander le bilan d’extension :
* scanner thoraco-abdomino-pelvien systématique
* dosage sérique systématique de 3 marqueurs sériques : AFP, hCG totales, LDH * TDM encéphalique en cas de signe d’appel clinique ou de maladie de mauvais pronostic B Diagnostics différentiels :
* tuméfactions extratesticulaires : kyste de l’épididyme, granulome épididymaire, exceptionnelle tumeur
épididymaire
* tumeurs testiculaires bénignes : tumeur à cellules de Leydig, kyste épidermoïde * l’échographie scrotale est l’examen discriminant de ces différentes entités
B Aspect typique échographique de kyste épidermoïde : lésion hypoéchogène, ovalaire, bien limitée
habitée de structures concentriques dites en pelures d’oignon (fig. 8.4)
B Fertilité :
* facteurs d’infertilité intrinsèques des patients porteurs d’une tumeur germinale, aggravés par les traitements chirurgicaux, systémiques ou physiques ultérieurs
* impérative nécessité d’une conservation de gamètes en CECOS * obligation médicolégale

A
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Q

I. Pour comprendre
A L’HBP, aussi appelée « hyperplasie bénigne de la prostate », est une affection fréquente de l’homme vieillissant. Les mécanismes à l’origine du développement et de la progression de la maladie sont multifactoriels et imparfaitement élucidés mais mettent en jeux des facteurs génétiques et environnementaux. Les conséquences cliniques de l’HBP peuvent être liées d’une part à l’obstruction sous-vésicale provoquée par l’hypertrophie des lobes prostatiques (fig. 3.1) et, d’autre part, à un syndrome d’hyperactivité vésicale réactionnel. Les symptômes du bas appareil urinaire (SBAU) liés à l’HBP peuvent entraîner une altération de la qualité de vie et être à l’origine de complications potentiellement graves.
Cependant, il n’existe pas de parallélisme entre le volume d’une HBP et la gravité des SBAU.

A
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Q

II. Physiopathologie
L’HBP est une affection : * le plus souvent latente et asymptomatique : la majorité des hommes de plus de 50 ans ont
une HBP histologique sans aucune répercussion fonctionnelle ;
* bénigne : il n’existe pas de lien démontré entre HBP et cancer de la prostate, en dehors d’une association épidémiologique liée vraisemblablement à l’âge et à un dépistage plus fréquent chez les patients suivis pour HBP ;
* parfois symptomatique : environ 30 % des hommes de plus de 65 ans se plaignent de
SBAU liés à une HBP ;
* liée au vieillissement.

A
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Q

A. Obstruction sous-vésicale
Hypertrophie bénigne de la prostate 3
Connaissances
L’obstruction sous-vésicale est liée à une protrusion des lobes latéraux de la prostate dans l’urètre prostatique et parfois à une protrusion intravésicale, le plus souvent médiane (du troisième lobe dit « lobe médian » et entraînant un effet de clapet lors de la miction). L’obstruction sous-vésicale chronique peut entraîner un retentissement sur : * le bas appareil urinaire : vessie de lutte ;
* le haut appareil urinaire : insuffisance rénale chronique obstructive. B La vessie de lutte est caractérisée par une hypertrophie détrusorienne (épaississement de la paroi vésicale) puis l’apparition de trabéculations et de diverticules vésicaux. Au stade ultime, la vessie est distendue et non fonctionnelle. Il existe alors une rétention chronique indolore entraînant des fuites par regorgement. Une insuffisance rénale chronique obstructive liée au reflux et à la dilatation bilatérale des cavités pyélocalicielles peut alors apparaître. A Parfois, l’obstruction sous-vésicale peut entraîner une rétention aiguë d’urine (cf. IV.A.1, « Rétention aiguë d’urine »). Ce risque globalement faible a été évalué à 2 % à 2 ans chez les patients ayant des SBAU liés à une HBP. La rétention peut survenir spontanément ou lors d’un événement intercurrent : fécalome, prise de médicaments à effet anticholinergique, anesthésie générale ou locorégionale, etc.

A
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Q

B. Syndrome d’hyperactivité vésicale
Les nodules d’HBP peuvent aussi entraîner un syndrome d’hyperactivité vésicale, par plusieurs mécanismes hypothétiques :
* soit directement en cas de protrusion intravésicale importante ; * soit du fait de l’inflammation chronique prostatique très souvent associée ; * soit en raison de la lutte vésicale contre l’obstruction chronique.
La diminution de la capacité fonctionnelle de la vessie, liée à un défaut de vidange et à la persistance d’un résidu postmictionnel, peut mimer un syndrome d’hyperactivité vésicale en entraînant pollakiurie et nycturie.

A
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Q

III. Démarche diagnostique A. Diagnostic clinique
Le diagnostic clinique de l’HBP n’est pas univoque. L’« HBP clinique » correspond à l’intrication de plusieurs composantes : une obstruction sous-vésicale, une augmentation de volume de la prostate et des SBAU. La relation entre ces trois composantes est complexe. Certains patients peuvent avoir une augmentation du volume de la prostate sans SBAU ni obstruction sousvésicale, de même que tous les SBAU ne sont pas liés à une HBP. L’obstruction sous-vésicale liée à l’HBP peut être asymptomatique. L’obstruction sous-vésicale peut avoir d’autres causes que l’HBP. Tous les SBAU ne sont pas gênants pour le patient. Enfin, une des conséquences de l’obstruction sous-vésicale est la survenue d’une hyperactivité vésicale, pouvant elle-même persister après la levée de l’obstruction.
On parle d’« HBP clinique » chez les hommes ayant des SBAU gênants et chez lesquels il existe des arguments cliniques et paracliniques permettant de les relier à une HBP. La démarche diagnostique consiste d’une part à rechercher des éléments en faveur d’une HBP (homme de plus de 50 ans, augmentation du volume prostatique, signes fonctionnels évocateurs d’HBP), et d’autre part à éliminer les diagnostics différentiels ou associés.
Les SBAU sont la principale manifestation clinique de l’HBP. Ils peuvent être stratifiés en SBAU de la phase de remplissage, de la phase mictionnelle et de la phase postmictionnelle (tableA Terminologie des troubles mictionnels dans l’HBP.
Phase de remplissage Phase mictionnelle Phase postmictionnelle Pollakiurie diurne et nocturne,
urgenturie, nycturie, incontinence urinaire
HBP : hypertrophie bénigne de la prostate.
Retard à l’initiation de la miction, dysurie, jet faible, interruption de la miction, jet haché, miction par poussée abdominale
Gouttes retardataires, sensation de vidange vésicale incomplète
L’HBP peut être responsable de l’ensemble des SBAU, mais les SBAU de la phase mictionnelle sont plus spécifiques de l’HBP. Si elle est disponible (chez l’urologue), la débitmétrie facilite le diagnostic en objectivant la dysurie.

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B. Diagnostics différentiels
Les SBAU sont des symptômes aspécifiques et peuvent être également présents au cours de nombreuses pathologies urologiques. Les diagnostics différentiels ou associés sont nombreux et doivent être évoqués en fonction de l’âge, des antécédents et comorbidités et du type de SBAU.
* En cas de nycturie prédominante ou isolée, il conviendra d’éliminer les autres causes potentielles de nycturie. L’HBP n’est en effet à l’origine de la nycturie que dans moins de 50 % des cas. Ces diagnostics différentiels sont représentés par la polyurie nocturne (prise de diurétique, inversion physiologique du rythme nycthéméral liée au vieillissement, syndrome d’apnées du sommeil, syndromes oedémateux), la polyurie des 24 heures (diabète sucré, diabète insipide, potomanie), et les troubles du sommeil. La réalisation d’un calendrier mictionnel pendant 3 jours consécutifs est donc recommandée pour distinguer ces 3 grands groupes de diagnostics différentiels.
* En cas de prédominance de symptômes de la phase de remplissage, il conviendra
d’éliminer les autres étiologies du syndrome d’hyperactivité vésicale :
– tumeur de vessie (rechercher une hématurie, proposer une cytologie urinaire, une échographie vésicale, une fibroscopie vésicale) ;
– vessie neurologique centrale (ex. : maladie de Parkinson, sclérose en plaques, accident
vasculaire cérébral [AVC]) ;
– prostatite (faire un examen cytobactériologique des urines [ECBU]) ; – calcul ou corps étranger de vessie (proposer une échographie vésicale, une fibroscopie
vésicale).
* En cas de prédominance de symptômes de la phase mictionnelle ou postmictionnelle, il
conviendra d’éliminer :
– les autres causes d’obstruction sous-vésicale : – sténose de l’urètre d’origine infectieuse, traumatique ou iatrogène (sondage, endoscopie), à évoquer en particulier chez les patients jeunes et en cas de petit volume prostatique. On proposera alors une fibroscopie urétrovésicale,
– maladie du col vésical, à évoquer en cas de petit volume prostatique, chez un patient
jeune ;
– une hypotonie détrusorienne (ou hypoactivité vésicale) : celle-ci peut être liée au vieillissement vésical, à l’obstruction sous-vésicale chronique (stade ultime de la « vessie de lutte »), mais aussi à une vessie neurologique. Elle doit être évoquée chez les patients âgés (> 80 ans) ou en cas de résidu postmictionnel important (> 300 mL).

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IV. Évolution naturelle
Hypertrophie bénigne de la prostate 3
A. Complications aiguës 1. Rétention aiguë d’urine (RAU)
Il existe un globe vésical aigu douloureux, d’apparition brutale, caractérisé par une envie impérieuse d’uriner associée à une voussure sus-pubienne mate et convexe vers le haut. Le traitement est le drainage vésical des urines en urgence par la mise en place d’une sonde vésicale ou d’un cathéter sus-pubien.
2. Infections urinaires
L’HBP favorise la survenue d’infections urogénitales telles que la prostatite et l’orchiépididymite.
Connaissances
3. Hématurie
Il s’agit habituellement d’une hématurie macroscopique initiale (liée à la rupture de petites varices prostatiques). L’HBP ne peut être considérée comme responsable d’une hématurie qu’après avoir éliminé les autres étiologies d’hématurie macroscopique (tumeur du rein ou de la vessie, calculs urinaires, infections, etc.).
4. Insuffisance rénale aiguë obstructive
L’insuffisance rénale aiguë secondaire à une rétention aiguë d’urine est assez rare car la douleur vésicale conduit généralement à une consultation en urgence.
Après drainage vésical, un syndrome de levée d’obstacle peut survenir et la fonction rénale s’améliore rapidement.

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B. Complications chroniques 1. Rétention vésicale chronique
B Il existe un globe vésical qui est le plus souvent indolore, sans aucune sensation de besoin d’uriner, responsable d’une incontinence urinaire par regorgement (« trop plein d’urine »). À l’examen physique, la pression sur l’hypogastre entraîne l’émission d’urine par le méat urétral.
2. Lithiase vésicale de stase
La stase chronique des urines dans la vessie peut entraîner la constitution de calculs vésicaux responsables d’épisodes d’hématurie ou d’infections urinaires à répétition. L’abdomen sans préparation (ASP) et l’échographie montrent des images calciques intravésicales de taille variable (fig. 3.2A et B). La lithiase vésicale est le plus souvent le signe d’une mauvaise vidange de la vessie par opposition aux lithiases rénales qui sont le plus souvent témoins d’un désordre métabolique.
3. Insuffisance rénale chronique obstructive
L’insuffisance rénale est la conséquence d’une dilatation bilatérale des cavités pyélocalicielles qui fait suite à la rétention vésicale chronique. Elle est indolore et d’installation progressive. L’urétéro-hydro-néphrose est responsable d’un amincissement du parenchyme rénal et d’une insuffisance rénale chronique obstructive. Après drainage vésical, la récupération de la fonction rénale n’est pas systématique et dépend de l’ancienneté de l’obstruction.4. Hernie de l’aine
Une hernie de l’aine peut être la conséquence d’efforts de poussée chroniques liés à une dysurie par HBP.
Les complications aiguës et chroniques de l’HBP sont résumées dans le tableau 3.2.

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Tableau 3.2. A B Complications aiguës et chroniques de l’HBP.
Complications aiguës Complications chroniques Bas appareil urinaire Rétention aiguë d’urine
Hématurie macroscopique Infection
Rétention vésicale chronique Lithiase vésicale de stase
Haut appareil urinaire Insuffisance rénale aiguë obstructive Insuffisance rénale chronique
obstructive
Autre Hernie de l’aine
HBP : hypertrophie bénigne de la prostate.

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V. Bilan initial et examens paracliniques ( tableau 3.3 ) A. Bilan clinique
1. Évaluation symptomatique
A Indispensable lors du bilan initial, à la fois dans la démarche diagnostique et pour le retentissement fonctionnel. Le score IPSS (international prostate symptom score) (annexe 3.1) permet l’évaluation fonctionnelle avec sept questions, et la huitième question du score IPSS permet une évaluation de la gêne globale provoquée par les SBAU. Son intérêt est double : * d’une part, pour évoquer des diagnostics différentiels ou associés éventuels (cf. § III.B.
« Diagnostics différentiels ») ;
* d’autre part, pour évaluer la sévérité des symptômes : ils seront considérés comme légers
(IPSS 1-7), modérés (IPSS 8-18) ou sévères (IPSS 19-35).2. Évaluation de la sexualité
B L’association de SBAU à une dysfonction sexuelle est fréquente. Il peut s’agir de troubles de la libido, d’une dysfonction érectile ou éjaculatoire (douleurs, inconfort à l’émission dusperme, diminution du volume de sperme). Par conséquent, l’évaluation de la fonction sexuelle, notamment par un questionnaire, est recommandée dans le bilan initial de l’HBP.

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  1. Toucher rectal
    A Le toucher rectal (fig. 3.3) permet de rechercher une augmentation du volume prostatique et de dépister un éventuel cancer de la prostate associé au sein de la même glande. En cas d’HBP, la glande augmente de volume (> 20 g), elle est souple, indolore, lisse et régulière. L’augmentation de volume entraîne une disparition du sillon médian et un évasement des bords latéraux. Un toucher rectal évocateur d’un volume prostatique augmenté signe le diagnostic positif d’HBP sans pour autant permettre d’affirmer que les SBAU sont imputables à l’HBP.
    Un toucher rectal évocateur d’un cancer de la prostate (perception d’un nodule) ne remet pas en cause l’imputation des SBAU à l’HBP car le cancer de la prostate est asymptomatique en l’absence d’envahissement important. C’est néanmoins une indication à réaliser des biopsies prostatiques avec examen anatomopathologique quel que soit le taux de PSA.4. Calendrier mictionnel
    Le calendrier mictionnel permet d’évaluer la diurèse (nocturne et des 24 heures), le volume mictionnel moyen et maximal, ainsi que la fréquence des mictions. Cet examen est recommandé pour la démarche diagnostique en cas de nycturie et plus généralement en cas de symptômes de la phase de remplissage.
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B. Bilan paraclinique 1. Examen cytobactériologique des urines
B L’ECBU est à la fois nécessaire pour la démarche diagnostique et le bilan du retentissement. Il permet en effet d’éliminer une infection urinaire responsable de SBAU identiques à ceux de l’HBP. Cet examen est recommandé. Une bandelette urinaire peut être pratiquée en consultation, même si sa valeur prédictive négative n’a jamais été évaluée dans ce contexte.
2. Débitmétrie urinaire
La débitmétrie permet d’objectiver et quantifier la dysurie. Pour pouvoir interpréter une débitmétrie, un volume uriné supérieur à 150 mL est nécessaire. Les paramètres étudiés sont : le volume uriné, le débit maximal, le débit moyen, et le temps mictionnel.
Une courbe normale présente une forme en cloche avec un débit maximal entre 20 et 30 mL/s alors qu’un débit maximal inférieur à 15 mL/s associé à une courbe aplatie est caractéristique de l’obstruction liée à l’HBP (fig. 3.4) même si pour autant elle ne permet pas de l’affirmer. En effet, d’autres causes d’obstruction sous-vésicale peuvent être parfois évoquées (cf. § III.B. « Diagnostics différentiels »). De même, une hypotonie détrusorienne sans obstacle peut être évoquée chez les patients âgés ou en cas de résidu postmictionnel élevé.

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  1. PSA total sérique
    Le dosage du taux de PSA total permet de dépister un cancer de la prostate. L’HBP entraîne aussi une élévation du taux de PSA sérique, de l’ordre de 0,1 ng/mL par gramme d’HBP. À titre d’exemple, un patient ayant une prostate de 50 g peut avoir un taux de PSA supérieur à 4 ng/mL sans pour autant que l’on y accorde une inquiétude particulière quant au risque de cancer de la prostate. La mesure de la densité de PSA ainsi que l’évaluation de la cinétique sont donc essentielles dans la démarche du dépistage. Par ailleurs, le dépistage doit être individuel et non systématique. Le dosage du PSA total est donc recommandé de manière optionnelle et adaptée au contexte clinique (âge, comorbidités, espérance de vie, antécédents familiaux au premier degré, choix du patient, etc.).
  2. Créatininémie
    Le dosage de la créatininémie permet d’évaluer le haut appareil urinaire et de dépister une insuffisance rénale chronique. Il est indiqué de manière optionnelle, selon le contexte clinique. En effet, en l’absence de retentissement vésical de l’HBP, le risque d’insuffisance rénale chronique obstructive est nul.
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  1. Échographie réno-vésico-prostatique
    L’échographie rénale évalue le retentissement sur le haut appareil urinaire. Elle recherche une dilatation bilatérale des cavités pyélocalicielles, un amincissement du parenchyme rénal et une dédifférenciation corticomédullaire. Elle n’est pas systématique en l’absence de retentissement vésical de l’HBP.
    L’échographie vésicale évalue le retentissement sur le bas appareil urinaire. Elle est optionnelle. Elle recherche une hypertrophie détrusorienne, des diverticules vésicaux (fig. 3.5), une lithiase vésicale et un résidu postmictionnel significatif. Elle est réalisée par voie suspubienne. La mesure isolée du résidu postmictionnel peut être réalisée à l’aide d’un échographe dédié portable (BladderScan ® ).
    L’échographie prostatique est réalisée par voie abdominale, ou transrectale, cette dernière voie étant plus invasive mais permettant une meilleure visualisation de la prostate. Elle permet d’évaluer le volume prostatique et de rechercher un lobe médian. Elle est recommandée de manière optionnelle (évaluation du volume difficile au toucher rectal, recherche d’un lobe médian avant certains traitements chirurgicaux).
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  1. Autres examens complémentaires
    D’autres examens complémentaires peuvent être réalisés dans certaines indications particulières. * Une fibroscopie urétrale sera nécessaire en cas de suspicion de sténose urétrale.Une fibroscopie vésicale sera systématiquement réalisée en consultation si le patient présente des antécédents d’hématurie afin d’éliminer une tumeur vésicale.
    * Un bilan urodynamique avec réalisation d’une courbe débit-pression est indiqué en cas de suspicion d’hypotonie détrusorienne. Cette situation doit être évoquée lorsque le résidu postmictionnel est élevé (> 300 mL), en cas d’âge élevé (80 ans) ou au contraire lorsque le patient est jeune (< 50 ans). La courbe débit-pression permettra de distinguer une obstruction sous-vésicale d’une hypotonie détrusorienne (hypoactivité vésicale).
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VI. Traitements
Les différentes options médicochirurgicales doivent être clairement expliquées au patient et la décision thérapeutique adaptée à l’importance des SBAU, à la survenue de complications, et aux souhaits du patient.
A. Abstention-surveillance
Recommandations AFU 2015/EAU 2017
B Les indications de l’abstention-surveillance sont : – HBP non compliquée ;
– SBAU minimes/modérés sans altération de la qualité de vie. Le patient doit être informé et rassuré sur le risque d’évolution de l’HBP et son caractère bénin. Certaines règles hygiénodiététiques peuvent être instaurées, notamment : la réduction des apports hydriques après 18 heures, la diminution de la consommation de caféine et d’alcool, le traitement d’une constipation associée et, enfin, l’arrêt des traitements favorisant la dysurie (anticholinergiques, neuroleptiques, etc.).

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B. Traitement pharmacologique
Recommandations AFU 2015/EAU 2017
Hypertrophie bénigne de la prostate 3
B Les indications du traitement pharmacologique sont : – HBP non compliquée et SBAU modérés/sévères avec altération de la qualité de vie. L’objectif principal est d’améliorer la qualité de vie des patients. Il existe cinq classes thérapeutiques disponibles : α-bloquants, inhibiteurs de la 5α-réductase, inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5, phytothérapie et anticholinergiques.

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  1. Alphabloquants
    B Les α-bloquants ont un effet uniquement symptomatique, en diminuant les SBAU et en améliorant le débit urinaire par relaxation des fibres musculaires lisses de la prostate et du col de la vessie. La prise d’α-bloquants au long cours ne modifie pas l’évolution naturelle de l’HBP et le risque de complication. L’efficacité des α-bloquants sur les SBAU est rapide (quelques heures), significative et stable sur une période de plusieurs années. Chez les patients ayant présenté une rétention aiguë d’urine, ils permettent d’améliorer les chances de sevrage de la sonde. Les α-bloquants ne permettent pas de diminuer le risque de récidive d’une rétention urinaire sur le long terme. Aucune étude de niveau de preuve suffisante ne permet de recommander un α-bloquant plutôt qu’un autre. Le risque d’hypotension orthostatique est plus important avec les α-bloquants de première génération (alfuzosine, doxazosine), en association à un traitement hypotenseur et chez les sujets âgés. La dysfonction éjaculatoire provoquée par les α-bloquants est une diminution du volume de sperme émis, voire une anéjaculation. Elle est plus fréquente après la prise d’α-bloquants de dernière génération (silodosine). Les α-bloquants doivent être interrompus avant une chirurgie oculaire en raison du risque de syndrome de l’iris flasque.
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  1. Inhibiteurs de la 5α-réductase
    Les inhibiteurs de 5α-réductase (I5AR) agissent en diminuant le volume de la prostate (d’environ 20 %) en bloquant la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT) qui est le métabolite actif sur la croissance prostatique. Les I5AR doivent être prescrits préférentiellement chez les patients ayant un volume prostatique > 40 mL. Ils agissent en plusieurs mois. Ils diminuent le taux de PSA de 50 %. En cas de dépistage du cancer de la prostate chez les patients traités par I5AR, il faudra donc considérer que le taux « réel » de PSA est deux fois supérieur. Cette classe pharmacologique, prescrite au long cours, en plus de son effet symptomatique et urodynamique, est la seule à diminuer le risque de rétention aiguë d’urine.
    Elle peut avoir des effets indésirables sexuels fréquents (baisse de libido, trouble de l’érection et de l’éjaculation, gynécomastie).
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  1. Inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5
    Les différents inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5) ont tous fait l’objet d’études randomisées pour le traitement des SBAU a priori en rapport avec une HBP. Leur efficacité sur les SBAU est supérieure au placebo. Le tadalafil 5 mg est le seul IPDE5 à avoir une autorisation de mise sur le marché dans le traitement de l’HBP, en une prise quotidienne. Il n’est pas remboursé par l’assurance maladie. La prise occasionnelle d’un IPDE5 pour traiter une dysfonction érectile en association à un traitement de l’HBP par une autre classe thérapeutique n’est pas contre-indiquée. Ils sont contre-indiqués en association avec un dérivé nitré et en cas de cardiopathie sévère non stabilisée.
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  1. Phytothérapie
    Les dérivés de plantes (phytothérapies), principalement Serenoa repens et Pygeum africanum, sont couramment prescrits dans le traitement symptomatique de l’HBP, bien que leur efficacité ne soit pas démontrée avec un niveau de preuve élevé (en particulier par rapport au placebo). Ils ont néanmoins l’avantage d’être bien tolérés, en particulier sur le plan sexuel. Le niveau de recommandation est inférieur par rapport aux autres classes pharmacologiques.
  2. Anticholinergiques
    Les traitements anticholinergiques étaient contre-indiqués en cas d’HBP il y a quelques années, du fait du risque théorique de rétention d’urine lié à la relaxation détrusorienne. Néanmoins, les études récentes ont confirmé leur excellent profil de tolérance en l’absence de résidu postmictionnel important (>150 mL). Ils constituent donc une option thérapeutique dans l’HBP, en association avec un α-bloquant en cas de persistance de symptômes de la phase de remplissage sous α-bloquant. Une attention particulière au débit urinaire et au résidu postmictionnel sera accordée en début de traitement. Les antimuscariniques sont contre-indiqués en cas d’antécédent de glaucome aigu par fermeture de l’angle non traité. Les effets indésirables les plus fréquents sont un syndrome sec, incluant sécheresse buccale et oculaire (attention aux lentilles de contact) et la constipation.
  3. Traitements combinés α-bloquant et inhibiteur de la 5α-réductase
    L’association entre un α-bloquant et un I5AR a été largement évaluée. Cependant, les effets indésirables de ses deux classes thérapeutiques se cumulent. Cette bithérapie a une efficacité supérieure à chacune des deux classes pharmacologiques seule. Elle est recommandée en cas d’inefficacité de la monothérapie.
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C. Traitements chirurgicaux
Recommandations AFU 2015/EAU 2017
B Les indications du traitement chirurgical sont : – HBP compliquée (RAU sans sevrage de sonde possible, calcul vésical, IRC obstructive, hématurie ou
infections récidivantes liées à l’HBP) ;
– ou SBAU modérés/sévères résistant au traitement médical (ou traitement mal toléré).
Le principe du traitement chirurgical est la levée de l’obstruction sous-vésicale provoquée par l’HBP. La majorité des traitements chirurgicaux de l’HBP sont des traitements ablatifs, consistant en l’exérèse du tissu prostatique adénomateux péri-urétral. Plus récemment ont été développées des options non ablatives afin de diminuer la morbidité globale de la chirurgie. Un traitement chirurgical peut être proposé en seconde intention aux patients ayant des SBAU liés à une HBP gênants et pour lesquels le traitement médical bien conduit est soit insuffisamment efficace, soit mal toléré. L’information et l’acceptation du patient sont un préalable à la décision. La chirurgie est préconisée d’emblée en cas de SBAU liés à une HBP responsable d’une insuffisance rénale obstructive, d’une rétention aiguë d’urine avec échec de sevrage de drainage vésical, d’une lithiase vésicale ou d’une incontinence urinaire par regorgement. Un premier épisode de rétention aiguë d’urine avec sevrage de sonde, d’hématurie ou d’infection urinaire en lien avec l’HBP ne constitue pas une indication chirurgicale formelle. Des signes morphologiques de vessie de lutte ou la présence d’un résidu postmictionnel non compliqué ne constituent pas à eux seuls des indications chirurgicales.
Un ECBU doit être réalisé avant tout traitement chirurgical. Une bactériurie asymptomatique doit être recherchée et traitée le cas échéant dans les jours précédant l’intervention.Les complications les plus classiques du traitement chirurgical sont les suivantes : * rétention aiguë d’urine postopératoire ;
* hématurie pouvant nécessiter un décaillotage à la seringue voire endoscopique au bloc opératoire. Une hématurie peut survenir le premier mois postopératoire par un phénomène de chute d’escarre, notamment chez les patients traités par antithrombotiques ; * infection urinaire postopératoire ;
* complications thromboemboliques ; * sténose de l’urètre ou du col (imposant une dilatation endoscopique voire une réintervention) ; * persistance de l’obstruction par résection incomplète ;
* troubles irritatifs persistants (brûlures, pollakiurie, urgenturies) ; * syndrome de réabsorption du glycocolle : la RTUP monopolaire nécessite l’utilisation de glycocolle, liquide isolant permettant la transmission de l’électricité vers le tissu prostatique. Ce liquide hyperosmolaire peut néanmoins entraîner un « syndrome de réabsorption du liquide d’irrigation » (TURP syndrome, pour transurethral resection of the prostate syndrome). Ce syndrome peut être observé précocement, au cours même de l’intervention en cas de rachianesthésie : troubles visuels (mouches volantes), céphalées, hypotension, bradycardie et douleurs thoraciques sont autant de signes évocateurs. Ils sont en rapport avec une surcharge volémique et une hyponatrémie de dilution. Les facteurs de risque sont un saignement peropératoire abondant et une durée opératoire supérieure à 60 minutes.

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Traitements ablatifs traditionnels
Il existait il y a quelques années principalement deux techniques chirurgicales (fig. 3.6), la RTUP et l’adénomectomie par voie haute (AVH), auxquelles on peut ajouter l’incision cervicoprostatique (ICP) développée ci-après. La RTUP est pratiquée par voie endoscopique.2. Traitements ablatifs modernes
Ces techniques ont été développées pour diminuer la morbidité immédiate du geste chirurgical, en particulier le risque hémorragique. Elles sont toutes recommandées (EAU 2017) et considérées comme ayant une efficacité non inférieure aux deux techniques traditionnelles. Leur développement a permis d’élargir les indications de la chirurgie aux patients fragiles, très âgés, et à risque hémorragique important (prise d’anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire). Elles permettent aussi dans certains cas sélectionnés une prise en charge en ambulatoire. Leur morbidité tardive (anéjaculation, sténose du col vésicale ou de l’urètre) est équivalente aux techniques traditionnelles.
a. Résection transurétrale de prostate bipolaire Elle se distingue de la traditionnelle RTUP monopolaire par l’utilisation d’une double électrode permettant un retour de l’électricité vers le générateur et donc l’utilisation de sérum physiologique à la place du glycocolle. Le risque de TURP syndrome est nul.
b. Vaporisation endoscopique de la prostate au laser Cette technique permet une vaporisation du tissu prostatique de proche en proche. Le risque hémorragique peropératoire et postopératoire immédiat est diminué de manière significative.
c. Énucléation endoscopique de la prostate au laser L’énucléation de l’adénome est réalisée par décollement et coagulation laser, puis l’adénome est refoulé dans la vessie. Un morcellateur permet d’évacuer le tissu énucléé. Le risque hémorragique est diminué de manière significative et la désobstruction est complète.

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  1. Traitements non ablatifs
    Il existe à ce jour deux traitements endoscopiques non ablatifs recommandés avec un niveau de preuve élevé : l’incision cervicoprostatique et la pose d’implants UroLift ® .
    a. Incision cervicoprostatique Cette technique consiste à inciser sans réséquer le col vésical par voie endoscopique, ce qui permet de lever l’obstruction lorsque celle-ci est principalement localisée au niveau du col. Pour être éligibles à ce type de traitement, les patients doivent avoir un petit volume prostatique (< 30 mL), sans lobe médian, ce qui limite les indications potentielles de ce traitement dans la chirurgie de l’HBP. Le risque d’anéjaculation est diminué par rapport aux traitements ablatifs, ce qui en fait un traitement de choix chez les patients jeunes.
    b. Pose d’implants UroLift ® Cette technique fait partie des soins courant depuis 2013 mais n’est pas remboursée à ce jour par l’assurance maladie. Son principe est de comprimer les lobes prostatiques latéraux avec des implants composés de deux parties solides fixes, l’une posée sur la capsule prostatique, l’autre posée dans l’urètre, et reliées par un fil en tension (fig. 3.7). La morbidité est significativement plus faible que pour les traitements ablatifs, avec surtout une absence totale d’effet secondaire sexuel rapporté à ce jour. Pour être éligibles, les patients ne doivent pas avoir un lobe médian prostatique.
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D. Traitement palliatif
Le recours à ce type de traitement a diminué du fait de la diminution globale de la morbidité chirurgicale. Les patients présentant une contre-indication opératoire peuvent être traités soit par la pose d’une sonde vésicale ou d’un cathéter sus-pubien à demeure, soit par les autosondages intermittents.

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VII. Surveillance
A Le suivi d’un patient présentant une HBP est avant tout clinique. Il repose sur un interrogatoire centré sur les symptômes urinaires et sexuels, et sur la recherche d’effets indésirables des traitements. D’autres explorations sont optionnelles (cf. tableau 3.3).
Après l’introduction des α-bloquants ou des inhibiteurs de la 5α-réductase, les patients doivent être revus précocement pour évaluer l’efficacité du traitement médical.
Après traitement chirurgical, les patients sont revus à 6 semaines pour vérifier l’absence de complications. L’efficacité du traitement ne peut être évaluée qu’à partir de 3 mois. Enfin, pour les patients suivis en médecine générale, l’Association française d’urologie (AFU) a défini des situations justifiant un avis spécialisé (encadré 3.1).
Encadré 3.1 Situations justifiant un avis spécialisé selon l’AFU * SBAU a priori non liés à une HBP : urgenturies
isolées, nycturie isolée, incontinence urinaire, contexte particulier (maladie neurologique, sténose de l’urètre connue, etc.).
* Anomalie à l’examen clinique : globe palpable,
nodule ou induration au toucher rectal (ou toucher rectal non réalisable), phimosis serré.
* ECBU anormal (bactériurie ou leucocyturie ou
hématurie).
* Traitement médical inefficace (un avis spécialisé est conseillé avant mise en route d’un traitement anticholinergique).
* Augmentation du PSA chez les patients traités par I5AR.
* Obstruction sévère ou survenue d’une complication (symptômes sévères, rétention aiguë d’urine, insuffisance rénale obstructive, prostatite aiguë, calcul ou diverticule de vessie, résidu postmictionnel > 100 mL).

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Résumé
Rang Descriptif A Définition clinique : hyperplasie bénigne de la zone centrale de la prostate à l’origine d’une augmentation
du volume de la glande
A Histoire naturelle : maladie liée à l’âge, fréquente, peut évoluer de manière asymptomatique, mais aussi
entraîner une gêne mictionnelle, voire des complications
A Diagnostic positif : diagnostic le plus souvent clinique devant l’association de SBAU et d’un toucher rectal
évocateurs, et l’absence d’un diagnostic différentiel éventuel suspecté
A Évaluation de la sexualité : les troubles de la libido, la dysfonction érectile et/ou éjaculatoire sont souvent
associés aux SBAU et doivent être recherchés à l’interrogatoire
A Bilan initial : évaluation symptomatique (intérêt du score IPSS), toucher rectal, palpation sus-pubienne,
examen des organes génitaux externes, évaluation de la sexualité, ECBU
B Examens complémentaires de première intention : seul l’ECBU est indiqué de façon systématique en
première intention. Le débitmètre et la mesure du résidu postmictionnel sont réalisés par l’urologue pour évaluer la dysurie
B Examens complémentaires optionnels : connaître les explorations paracliniques à faire selon le contexte
(PSA, créatininémie, échographie de l’appareil urinaire, fibroscopie urétrovésicale et bilan urodynamique) A Identifier une urgence : savoir reconnaître les 4 urgences liées à l’HBP (la rétention aiguë d’urine,
l’infection urinaire, l’hématurie et l’insuffisance rénale aiguë)
B Complications chroniques évolutives : connaître les complications chroniques possibles de l’HBP et savoir
les identifier (la rétention chronique d’urine, la lithiase vésicale de stase, l’insuffisance rénale obstructive et la hernie de l’aine)
A Situations nécessitant un avis spécialisé :
* lorsque les SBAU ne semblent pas liés à une HBP, en particulier en cas d’urgenturie ou de nycturie
isolée, ou en cas d’aggravation des symptômes
* lorsque l’examen clinique physique suggère un globe urinaire, un phimosis serré, ou un nodule suspect
au toucher rectal
* lorsque le bilan paraclinique fait suspecter une complication de la maladie * lorsque les traitements pharmacologiques sont inefficaces
* enfin, en cas d’augmentation du PSA total B Connaître les principes du traitement :
* l’abstention-surveillance est adaptée en l’absence de gêne liée aux SBAU * le traitement pharmacologique est à proposer en première intention en cas de symptômes gênant * le traitement chirurgical de désobstruction est proposé en cas de complication de l’HBP ou d’échec du
traitement pharmacologique

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I. Généralités
L’hématurie macroscopique : c’est le signe révélateur le plus fréquent (80 %). Toute hématurie microscopique ou macroscopique doit faire
rechercher une tumeur de la vessie (mais aussi d’un rein ou d’un uretère). Les signes irritatifs vésicaux (pollakiurie, urgenturie, brûlures mictionnelles) moins fréquents (20 %), doivent faire évoquer le diagnostic s’ils sont d’apparition récente et persistent après avoir éliminé une infection urinaire (examen cytobactériologique des urines [ECBU]). Toucher rectal à la recherche d’un envahissement pelvien (blindage) ; palpation abdominale et lombaire. Recherche d’une masse hypogastrique palpable correspondant à une tumeur volumineuse, recherche de douleurs lombaires en rapport
avec une obstruction urétérale. Adénopathies (sus-claviculaires) ; signes cliniques d’anémie, de dénutrition ; palpation des zones douloureuses osseuses précisant leur localisation précise ; auscultation pulmonaire
Diagnostic positif anatomopathologique ; pronostic distingue tumeur de la vessie n’infiltrant pas le muscle (TVNIM) et tumeur de la vessie infiltrant le muscle (TVIM) ; thérapeutique en cas de TVNIM
Sa normalité n’exclut pas le diagnostic de carcinome urothélial et ne dispense pas des contrôles
endoscopiques itératifs. Sa positivité alerte sur la très probable présence d’une tumeur urothéliale qu’il convient de confirmer et de localiser dans la voie excrétrice urinaire
B Le cancer de la vessie est le 5 e cancer en fréquence en France (12 000 cas/an). A Dans plus de 95 % des cas, il s’agit d’une tumeur urothéliale (cellules transitionnelles). Les tumeurs urothéliales peuvent être multifocales et être localisées à la voie excrétrice supérieure (TVES), à la vessie (TV), à l’urètre. Les tumeurs urothéliales sont favorisées par des carcinogènes urothéliaux (tabac) auxquels l’exposition doit cesser. Le bilan urothélial puis la surveillance urothéliale associent cytologie urinaire, urétrocystoscopie et uroscanner.
La prise en charge d’une TV dépend de l’éventuelle infiltration du muscle vésical sur les copeaux de résection transurétrale de la tumeur vésicale (RTUV).

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II. Physiopathologie
A. Urothélium
L’urothélium (ou épithélium transitionnel) est l’épithélium de revêtement de l’arbre urinaire. Il recouvre tout l’appareil urinaire (haut et bas appareils excréteurs). La maladie de l’urothélium peut donc toucher de manière synchrone ou métachrone : calices, pyélons, uretères, vessie et urètre. La vessie est touchée préférentiellement en raison de la surface importante de l’urothélium et du temps de contact prolongé avec les carcinogènes urinaires.
Attention !
Devant une TV, il faut systématiquement rechercher une seconde localisation urothéliale (TVES).

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B. Facteurs de risque
* B Tabac : l’intoxication tabagique est le principal facteur de risque, elle multiplie par trois
le risque de TV.
* Carcinogènes industriels : la découverte d’une TV doit faire évoquer systématiquement
une exposition professionnelle :
– les hydrocarbures aromatiques polycycliques (tableau 16bis du régime général de la
Sécurité sociale) :
– goudrons, huiles et brais de houille ; – suie de combustion du charbon ; – métallurgie ;
– les amines aromatiques et N-nitroso-dibutylamine (tableau 15ter du régime général de
la Sécurité sociale) :
– colorants (teinture), – industrie du caoutchouc (pneu de voiture), – plastinurgie (fabrication de plastiques), – industrie pharmaceutique (laboratoires). * Inflammation/irritation vésicale :
– bilharziose, sondage vésical chronique, irradiation pelvienne, exposition à certaines
chimiothérapies (cyclophosphamide).
* Antécédents à risque : – antécédent de tumeur du bas (vessie) ou du haut (uretère, pyélon, calice) appareil
urinaire ;
– syndrome de Lynch.

A
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Q

III. Circonstances de découverte
A Le diagnostic est presque toujours fait sur des points d’appel cliniques et la découverte fortuite sur des examens d’imagerie est rare (échographie, scanner ou imagerie par résonance magnétique [IRM]).A. Signes cliniques locaux (communs à toutes les tumeurs)
Le diagnostic est rarement fortuit, deux symptômes sont évocateurs :
* l’hématurie macroscopique : – c’est le signe révélateur le plus fréquent (80 %). Toute hématurie microscopique ou
macroscopique doit faire rechercher une TV (mais aussi d’un rein ou d’un uretère) ; * les signes irritatifs vésicaux (pollakiurie, urgenturie, brûlures mictionnelles) : – moins fréquents (20 %), doivent faire évoquer le diagnostic s’ils sont d’apparition récente et persistent après avoir éliminé une infection urinaire (examen cytobactériologique des urines [ECBU]).

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B. Signes cliniques évocateurs d’extension locorégionale ou à distance
Ces signes sont liés à l’extension tumorale au-delà des limites de la vessie : * extension locorégionale (pelvis et rétropéritoine) :
– douleurs pelviennes, – douleurs lombaires en rapport avec une dilatation des cavités pyélocalicielles secondaire
à une obstruction mécanique :
– du méat urétéral par la tumeur, – de l’uretère par une adénopathie iliaque ou lomboaortique ; * extension métastatique à distance :
– altération de l’état général, amaigrissement, asthénie, anémie, – signes pulmonaires liés à des métastases pulmonaires,
– douleurs osseuses liées à des métastases osseuses.

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Q

IV. Bilan initial
A. Interrogatoire – Facteurs de risque
* Recherche des facteurs de risque.
* Recherche de symptômes évocateurs d’envahissement locorégional ou à distance et date
de début des symptômes.
* Score G8 si âgé de plus de 70 ans.
B. Examen physique urologique et général
* Recherche de signes en faveur d’un envahissement locorégional :
– toucher rectal à la recherche d’un envahissement pelvien (blindage) ; – palpation abdominale et lombaire à la recherche :
– d’une masse hypogastrique palpable, – de douleurs lombaires en rapport avec une obstruction urétérale. * Recherche de signes en faveur d’un envahissement métastatique à distance :
– adénopathies (sus-claviculaires) ;
– signes cliniques d’anémie, de dénutrition ;– palpation des zones douloureuses osseuses précisant leur localisation ; – auscultation pulmonaire.

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C. Examens complémentaires à visée diagnostique
B Le bilan diagnostique initial repose sur deux examens essentiels : cytologie urinaire et cystoscopie.
A Le dosage de la créatininémie permet de dépister un éventuel retentissement rénal. C’est aussi un préalable avant la prescription d’une uro-tomodensitométrie (uro-TDM) pour éliminer la présence d’une tumeur synchrone du haut appareil urinaire lorsque le diagnostic de tumeur vésicale est confirmé.
Tumeurs vésicales 9
Connaissances
1. Cytologie urinaire
* B Examen au microscope d’un échantillon urinaire, à la recherche de cellules urothéliales
tumorales (fig. 9.1) ;
* Sa normalité n’exclut pas le diagnostic de carcinome urothélial et ne dispense pas des
contrôles endoscopiques itératifs ;
* Sa positivité alerte sur la très probable présence d’une tumeur urothéliale qu’il convient de
confirmer et de localiser dans la voie excrétrice urinaire ;
* En cas d’atypies cellulaires ou de matériel insuffisant, une nouvelle cytologie peut être demandée.

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Q
  1. Cystoscopie, fibroscopie
    En cas de signe d’alerte, l’examen endoscopique fait référence. Il est réalisé sous anesthésie locale en consultation après vérification de la stérilité des urines (ECBU). Il est réalisé avec un fibroscope souple idéalement, sinon avec une cystoscopie rigide. Il permet de visualiser et de décrire les lésions. Les résultats sont notés sur un schéma de cartographie vésicale et précisent : * le nombre et la taille de la ou des tumeurs ;
    * la localisation (notamment en cas de tumeur au trigone, proche des méats urétéraux ou du
    col vésical) ;
    * l’aspect tumoral (sessile ou pédiculée, papillaire ou solide) (fig. 9.2) ; * l’aspect de la muqueuse vésicale avoisinante (recherche de zones érythémateuses
    évocatrices de carcinome in situ).
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V. Résection transurétrale de tumeurs vésicales (vidéo 9.1)
En cas de tumeur diagnostiquée par endoscopie ou par radiologie, une résection endovésicale, transurétrale, est programmée au bloc opératoire sous anesthésie générale ou locorégionale, après arrêt (ou relais) des anticoagulants et vérification de la stérilité des urines. Les copeaux (ou la pièce monobloc) de résection sont analysés en anatomopathologie.
La résection doit : * être complète (ce n’est donc pas une biopsie) ; * être suffisamment profonde pour avoir une analyse du muscle vésical (le détrusor), sans
perforer la vessie ;
* respecter les méats urétéraux s’ils ne sont pas envahis. A La résection est un geste indispensable qui a un rôle :
* B diagnostique : permet le diagnostic anatomopathologique A de certitude des
lésions et leur type histologique ;
* B pronostique :
– A définit le stade et le grade tumoral, – B distingue TV n’infiltrant pas (TVNIM) et infiltrant le muscle (TVIM) selon l’envahissement
ou non du muscle,
– A évalue le risque de récidive ou de progression en cas de TVNIM ; * B thérapeutique : A en cas de TVNIM, c’est souvent le seul geste chirurgical nécessaire et qui permet de déterminer les examens et traitements complémentaires nécessaires. La résection est un geste parfois incomplet et nécessite d’être réalisée une seconde fois 4 à 6 semaines après, ce qui permet de préciser le diagnostic et d’améliorer l’efficacité thérapeutique (résection dite de second look) :
* lorsqu’elle a probablement été incomplète (tumeur volumineuse) ; * lorsqu’il existe un risque de méconnaître une TVIM :– tumeur affleurant le muscle (stade T1), – résection insuffisamment profonde (muscle non visualisé sur les copeaux de résection).

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VI. Résultats anatomopathologiques A. Type histologique
* Carcinomes urothéliaux (95 % des cas) : tumeurs développées à partir de l’urothélium vésical qui est l’épithélium de revêtement des voies excrétrices urinaires (haut et bas appareil). Elles peuvent comporter une différentiation épidermoïde ou adénocarcinomateuse. * Formes rares (5 %) :
– carcinomes épidermoïdes dont la prise en charge se rapproche de celle des cancers du
poumon de même type ;
– adénocarcinomes dont la prise en charge se rapproche de celle des cancers digestifs de
même type.
* Formes exceptionnelles (< 1 %) :
– carcinomes neuroendocrines ;
– sarcomes.

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B. Stade tumoral T
– tumeur affleurant le muscle (stade T1), – résection insuffisamment profonde (muscle non visualisé sur les copeaux de résection).
Connaissances
VI. Résultats anatomopathologiques A. Type histologique
* Carcinomes urothéliaux (95 % des cas) : tumeurs développées à partir de l’urothélium vésical qui est l’épithélium de revêtement des voies excrétrices urinaires (haut et bas appareil). Elles peuvent comporter une différentiation épidermoïde ou adénocarcinomateuse. * Formes rares (5 %) :
– carcinomes épidermoïdes dont la prise en charge se rapproche de celle des cancers du
poumon de même type ;
– adénocarcinomes dont la prise en charge se rapproche de celle des cancers digestifs de
même type.
* Formes exceptionnelles (< 1 %) :
– carcinomes neuroendocrines ;
– sarcomes.
Il précise la profondeur de l’envahissement vésical : * jusqu’à T1, on parle de TVNIM ;
* à partir de T2, on parle de TVIM.

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VII. Bilan d’extension (tableau 9.1)
Tableau 9.1. B Bilan d’extension des tumeurs vésicales.
Bilan urothélial Bilan locorégional Bilan à distance TVNIM Uro-TDM (selon
créatininémie)
TVIM Uro-TDM (selon
créatininémie)
Non Non
TDM AP TDM thoracique
Si négative : STOP
Si positive (ou point d’appel clinique) : TDM cérébrale, scintigraphie osseuse
TDM : tomodensitométrie ; TDM AP : tomodensitométrie abdominopelvienne.A. Tumeur de la vessie n’infiltrant pas le muscle
B Aucun bilan d’extension n’est nécessaire pour la tumeur vésicale elle-même. Cependant une uro-TDM (avec un temps tardif urinaire ou excrétoire) doit être réalisée, après vérification de la fonction rénale (créatininémie), afin de rechercher une localisation tumorale synchrone dans le haut appareil urinaire.B. Tumeur de la vessie infiltrant le muscle
Une TDM TAP (thoraco-abdomino-pelvienne) avec injection de produit de contraste et réalisation d’un temps tardif urinaire (ou excrétoire) est indispensable après vérification de la fonction rénale (créatininémie) et permet :
* l’évaluation d’un éventuel retentissement sur le haut appareil urinaire (obstruction urétérale
par la tumeur) ;
* la recherche d’une seconde localisation urothéliale (tumeur concomitante du haut
appareil) ;
* l’évaluation de l’extension locorégionale et à distance de la tumeur :
– envahissement de la graisse périvésicale ou des organes de voisinage, – recherche d’adénopathies pelviennes ou lomboaortiques,
– recherche de métastases à distance. Les examens optionnels sont :
* la scintigraphie osseuse en cas :
– de douleurs osseuses évocatrices à l’examen clinique, – d’une anomalie osseuse au scanner,
– de la présence de métastases pulmonaires ; * le scanner cérébral en cas de troubles neurologiques.

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Pour comprendre
La contraception se définit comme l’ensemble des moyens visant à éviter une grossesse. Elle peut être réversible ou permanente.

Toute personne a le droit d’être informée sur l’ensemble des méthodes de contraception disponibles et d’en choisir une librement (articles L5134-1 et R4127 du Code de santé publique). Idéalement le conseil contraceptif doit aborder l’ensemble des moyens contraceptifs (masculins, féminins, couples).

En France, 88 % des moyens contraceptifs utilisés sont dits « féminins ».

Cependant, des moyens dits « masculins » existent, se développent, et se diffusent de plus en plus; notamment de par leurs apports en termes d’équité, d’équilibre de la charge contraceptive, et de maîtrise par les hommes de leur propre fertilité.

Une méthode contraceptive doit répondre à plusieurs exigences :

*efficacité;
*réversibilité;
*sécurité;
*acceptabilité et facilité d’utilisation;
*faible coût;
*rapidité d’action.
L’efficacité est évaluée par l’indice de Pearl (IP) qui correspond au nombre de grossesses non planifiées pour 100 couples sur 12 mois.

Il est calculé selon la formule : IP = [(nombre de grossesses non planifiées/nombre de mois d’utilisation d’une méthode contraceptive) × 1 200]/100.

Ainsi, plus l’IP est faible et plus la méthode contraceptive est efficace.

Cependant, l’IP est calculé dans des conditions optimales d’utilisation. L’efficacité réelle peut être beaucoup plus mauvaise, notamment en cas de mésusage.

Certains modes contraceptifs réversibles nécessitent la réalisation de spermogrammes de contrôle, pour le suivi de l’efficacité. Le seuil contraceptif généralement admis est une concentration en spermatozoïdes inférieure à 1 million par millilitre.

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Préservatif masculin
Le préservatif masculin est une contraception barrière. Il couvre le pénis d’une fine membrane (en latex ou polyuréthane) afin d’empêcher le contact du sperme avec les voies génitales féminines.

C’est une méthode mécanique et temporaire, qui permet la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). C’est la méthode contraceptive la plus connue et la plus utilisée. L’IP du préservatif masculin est de 2 mais le taux d’échec en condition d’utilisation réelle peut aller jusqu’à 15 %.

La diffusion d’une information complète sur l’utilisation correcte et les différentes fonctions du préservatif masculin améliore son efficacité.

*Précautions : vérifier la date de péremption, éviter les objets tranchants/perçants lors des manipulations (bagues…).
*Pour la prévention des IST : éviter le contact avec le pénis avant la mise en place du préservatif.
*En cas de dysfonctionnement, rupture (exceptionnelle) : il faut prendre en compte le risque de grossesse, et l’exposition aux agents infectieux.
En France, les préservatifs masculins peuvent être pris en charge à 100 % (sans prescription pour les moins de 26 ans, sur prescription pour les plus de 26 ans) en pharmacie.

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Retrait (Coitus interruptus)
Le retrait, ou coitus interruptus, consiste à retirer le pénis du vagin avant l’éjaculation. Les avantages de cette méthode contraceptive sont sa simplicité, son coût inexistant et l’absence de contre-indication.

L’IP du retrait est de 4, mais le taux d’échec en condition d’utilisation réelle peut aller jusqu’à 27 %. Cette faible efficacité est le principal inconvénient de cette méthode.

Les échecs s’expliquent par la présence de spermatozoïdes dans le liquide pré-éjaculatoire, et la difficulté à contrôler les éjaculations.

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Contraception hormonale masculine
La testostérone à doses supraphysiologiques provoque un arrêt de production des gonadotrophines, induisant une inhibition de la spermatogenèse. Ce mécanisme peut ainsi être utilisé en contraception.

Il s’agit essentiellement de protocoles de recherche, actuellement hors AMM, et non validés par la HAS. L’OMS propose l’énanthate de testostérone ou l’undécanoate de testostérone pour une durée de maximum 18 mois.

La testostérone ayant une mauvaise biodisponibilité orale, l’administration se fait essentiellement par voie transdermique (injection, gel).

À fortes doses, elle est pourvoyeuse d’effets secondaires (modification de la libido ou du comportement, troubles de la fonction hépatique, prise de poids, acné, élévation de l’hématocrite), et est contre-indiquée en cas d’antécédent de cancer du sein/de la prostate, d’hématocrite élevé ou de trouble de la fonction hépatique.

Ces effets peuvent être limités, et l’efficacité augmentée par l’adjonction de progestérone. Il s’agit d’un traitement réversible (3-4 mois après l’arrêt du traitement) avec une bonne efficacité (IP = 0,8).

Le seuil contraceptif est atteint en 3 à 6 mois, et doit régulièrement être contrôlé par la réalisation de spermogrammes.

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Contraception masculine thermique
La température testiculaire est généralement de 33-34 °C, et donc inférieure à la température centrale. L’augmentation de celle-ci, en la rapprochant de la température centrale, induit une inhibition de la spermatogenèse, sans atteinte de la fonction endocrine.

La contraception masculine thermique consiste à augmenter la température testiculaire de quelques degrés, notamment par des dispositifs de remontée testiculaire (slip, anneau en silicone), qui sont utilisés, à raison de 15 heures par jour.

Un spermogramme et un examen clinique (recherche de contre-indication, pathologies scrotales) doivent être réalisés avant l’utilisation d’un dispositif.

Il s’agit d’un mode contraceptif en cours d’évaluation.

Les limites actuelles sont le manque de dispositifs validés et certifiés, facilement accessibles au grand public, et le manque de recul sur la réversibilité et les risques éventuels.

Il s’agit d’un traitement réversible, à l’arrêt du dispositif.

Il est conseillé de relayer la contraception dans les 6 mois suivant l’arrêt.

Le seuil contraceptif est atteint en 3 à 6 mois, et doit régulièrement être contrôlé par la réalisation de spermogrammes.

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Vasectomie
A Principes

La vasectomie est une des méthodes de contraception permanente (« stérilisation »).

Il s’agit d’une intervention chirurgicale qui consiste à sectionner les canaux déférents au niveau scrotal pour empêcher les spermatozoïdes de se mélanger au liquide spermatique (fig. 1.1).

Elle connaît une forte augmentation (multiplié par 15 au cours des 12 dernières années). La vasectomie n’a pas de conséquence négative sur la sexualité, mais ne protège pas des IST.

B Complications postopératoires
Bien que rapide et simple, l’intervention peut occasionner certaines complications postopératoires, dépendant de la technique chirurgicale :

*hématome/ecchymose : 2 %;
*infection : 1-2 %;
*douleurs péri-opératoires : 7-24 %;
*syndrome douloureux post-vasectomie : 3-8 %.
Le syndrome douloureux post-vasectomie se définit par des douleurs testiculaires uni- ou bilatérales, intermittentes ou constantes, de 3 mois ou plus, interférant de manière significative avec les activités quotidiennes du patient, voire la qualité de vie dans 1-2 % des cas.

C Efficacité
L’efficacité de la vasectomie n’est pas immédiate, du fait de la persistance de spermatozoïdes dans les voies éjaculatoires.

Il est donc conseillé de maintenir un autre moyen de contraception après l’intervention, et ce jusqu’à la confirmation de l’efficacité par la réalisation d’un spermogramme à 3 mois.

Dans l’intervalle, un nombre régulier d’éjaculations est recommandé (> 30).

L’efficacité est définie sur le spermogramme de contrôle par une :

*azoospermie;
*concentration de spermatozoïdes < 100 000/ml, non mobiles.
En cas de concentration > 100 000/ml ou de spermatozoïdes mobiles, un nouveau spermogramme doit être réalisé.

L’IP de la vasectomie est de 0,1. Il s’agit de la méthode contraceptive la plus efficace.

Les principales causes d’échec sont :

*des rapports sexuels non protégés avant stérilisation du liquide spermatique;
*une difficulté chirurgicale (non-section d’un déférent, particularité anatomique…);
*une reperméabilisation spontanée d’un déférent.
Comparativement à la ligature des trompes : la vasectomie est plus efficace, plus rapide, et 20 fois moins morbide.

A
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Indications, aspects légaux et éthiques
La vasectomie est recommandée pour les patients désirant une contraception permanente et non réversible.

Depuis la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, la vasectomie peut être pratiquée sur une personne :

*majeure;
*exprimant une volonté libre, motivée et délibérée;
*ayant reçu une information claire et complète sur les conséquences du geste et les risques encourus;
*pour les personnes sous tutelle/curatelle, la décision est soumise au juge des tutelles.
Au cours de la première consultation, le médecin doit informer le patient de :

*l’obligation de respecter un délai de réflexion de 4 mois entre la première consultation et la réalisation de la vasectomie;
*l’ensemble des méthodes contraceptives disponibles;
*le caractère permanent de la contraception, difficilement réversible;
*la possibilité de réaliser une cryoconservation du sperme avant la vasectomie dans un centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (CECOS);
*l’effet contraceptif non immédiat, et la nécessité d’utiliser une autre méthode contraceptive jusqu’à la réalisation du spermogramme de contrôle;
*le risque d’échec et de complications postopératoires de la vasectomie.
Le consentement écrit du patient doit être recueilli (fig. 1.2).

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Q

Une méthode contraceptive « masculine » doit répondre à plusieurs critères : efficacité, sécurité, acceptabilité et facilité d’utilisation, faible coût. La plupart sont réversibles.

Les principales méthodes contraceptives masculines actuellement utilisées sont : le préservatif masculin, le retrait et la vasectomie.

D’autres méthodes contraceptives se développent et se diffusent comme la contraception hormonale ou thermique.

Leurs différentes caractéristiques sont résumées dans le tableau 1.1.

Tableau 1.1

Caractéristiques des principales méthodes de contraction masculine.

Validation HAS	Réversibilité	Protection IST	Délai efficacité	Surveillance efficacité	Efficacité théorique Préservatif masculin	+	+	+	Immédiat	−	 \++ IP : 2 Retrait	+	+	−	Immédiat	−	 \+ IP : 4 Contraception hormonale masculine	−	+	−	3-6 mois	Spermogrammes/3-6 mois	 \+++ IP : 0,8-2 Contraception masculine thermique	−	+	−	3-6 mois	Spermogrammes/3-6 mois	 \+++ IP : 0,5 Vasectomie	+	−	−	3 mois	Spermogramme à 3 mois	 \++++ IP : 0,1  Le préservatif masculin et le retrait sont des méthodes simples, mais avec une efficacité limitée, notamment en condition d’utilisation réelle. Le préservatif a l’avantage de permettre la prévention des IST.

La vasectomie est une méthode contraceptive masculine définitive, et qui présente la meilleure efficacité.

> Elle doit être pratiquée dans le respect de la loi du 4 juillet 2001 qui prévoit un délai de 4 mois de réflexion, sur une personne majeure, exprimant une volonté libre, et ayant reçu une information claire et complète.
Un consentement écrit doit être signé.
Avant l’intervention chirurgicale, le patient peut réaliser une cryoconservation du sperme (CECOS).
Après l’intervention, une autre méthode contraceptive doit être utilisée, jusqu’à la confirmation de l’efficacité via la réalisation d’un spermogramme de contrôle à 3 mois.

A
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Q

our comprendre
A Définitions

La fertilité est la capacité de procréer. La fécondité est l’état d’avoir eu un ou plusieurs événements reproductifs, notamment naissance(s) d’enfant(s). La fécondabilité est la probabilité de concevoir lors d’un cycle d’exposition à la grossesse.

Par opposition, l’infertilité est la perte de la capacité de procréer (concept d’aptitude). L’infécondité est l’incapacité d’un couple sexuellement actif sans contraception d’obtenir une grossesse en un an (concept de résultat). L’infécondité peut être primaire (jamais de grossesse préalable) ou secondaire (déjà une ou plusieurs grossesses antérieures à la consultation). Enfin, la stérilité est l’impossibilité définitive de procréer.

A

pidémiologie
Pour un couple fertile âgé de 25 ans, la probabilité mensuelle d’obtenir naturellement une grossesse (fécondabilité) est de 25 %. De ce fait, le délai nécessaire pour concevoir qui correspond à 1 de fécondabilité est de 4 mois dans cette population. Après un an de tentatives sans contraception, 20 % des couples restent sans enfant.

La fertilité baisse avec l’âge :

*chez la femme : le risque de ne pas parvenir à avoir un enfant (sans aide médicale) augmente au fur et à mesure de l’avancée en âge. À 25 ans, il est de l’ordre de 5 %. Il atteint 10 % à 30 ans, 20 % à 35 ans et 50 % à 40 ans;
*l’âge paternel est également associé à une diminution de la fertilité spontanée, mais il n’y a pas cependant de seuil précis concernant l’âge du père.
Environ 15 % des couples rencontrent des difficultés liées à l’infécondité (soit environ 60 000 nouveaux cas/an).

On estime que 20 % des infécondités de couple sont d’origine masculine stricte, 20 % d’origine féminine stricte et 40 % d’origine mixte. Par conséquent, chacun des partenaires du couple présentant une infécondité doit être exploré cliniquement (avec interrogatoire complet et examen clinique) et bénéficier d’un bilan complémentaire. D’une manière générale, l’évaluation du partenaire masculin est indispensable dans la démarche étiologique et thérapeutique du couple ayant une infécondité et chez l’homme ayant un facteur de risque d’hypofertilité. Elle doit suivre une démarche systématique et structurée dont nous allons rappeler les étapes initiales (bilan initial de l’homme infertile).

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Q

I Exploration clinique de l’homme infertile
A Interrogatoire

1 Histoire reproductive et sexuelle

*Fécondité antérieure du couple et des deux partenaires (infertilité primaire/secondaire), durée de l’infécondité et caractère primaire ou secondaire de l’infécondité.
*Histoire sexuelle, incluant les infections sexuellement transmises, fréquence des coïts et leur calendrier.
2 Antécédents personnels

*Cryptorchidie et autres pathologies du développement.
*Pathologies chroniques, pathologies de système (diabète, obésité, pathologies génétiques…).
*Chirurgies inguinales ou scrotales (cryptorchidie, orchidectomie, hydrocèle, biopsie testiculaire, orchidopexie pour torsion du cordon spermatique, hernie inguinale).
*Traumatisme sévère du bassin, des organes génitaux externes ou du périnée.
*Infections urogénitales (orchiépididymites dans un contexte d’infection sexuellement transmissible [IST], orchite ourlienne, urétrite, prostatite, infections urinaires, tuberculose génitale).
*Taille, poids, IMC, périmètre abdominal.
*Âge des deux partenaires.
3 Habitudes de vie et facteurs de risque professionnels

*Consommation tabagique et de cannabis : ces deux substances entraînent une diminution de la concentration, de la mobilité, et de la vitalité des spermatozoïdes, du pourcentage de formes normales, de la capacité de fécondation du spermatozoïde et une diminution significative des chances de succès en aide médicale à la procréation (AMP); autres substances stupéfiantes.
*Consommation de boissons alcoolisées : en quantifiant la consommation (nombre de verres par jour) et en précisant son mode (occasionnel ou régulier).
*Exposition (professionnelle ou non) à des facteurs potentiellement délétères pour la spermatogenèse (chaleur, exposition aux perturbateurs endocriniens, consommation de stéroïdes anabolisants, radiations ionisantes, stress).
4 Antécédents familiaux

*Enquête familiale avec constitution éventuellement de l’arbre généalogique.
*Recherche chez les apparentés :
–d’hypofertilité;
–de cryptorchidie et d’un cancer du testicule;
–de pathologies génétiques (mucoviscidose);
–de consanguinité.
5 Traitements
Il faut rechercher les traitements pouvant avoir potentiellement un impact direct ou indirect sur la spermatogenèse ou perturber l’axe gonadotrope ou interférer avec les réactions sexuelles. Devant tout traitement, il convient de vérifier les résumés des caractéristiques des produits, et se référer au site du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT; www.lecrat.fr) :

*chimiothérapie et radiothérapie;
*psychotropes et anticonvulsivants;
*stéroïdes;
*α-bloquants, inhibiteurs de la 5α-réductase.
6 Recherche de symptômes
On recherchera systématiquement les symptômes présents ou passés suivants :

*douleurs au niveau de l’appareil urogénital orientant le plus souvent vers une origine infectieuse ou une varicocèle;
*signes digestifs ou respiratoires pouvant orienter vers une mucoviscidose;
*dysfonctions sexuelles (troubles du désir, de l’érection, de l’éjaculation, e

A
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Examen physique
Tout homme infertile ou ayant un facteur de risque d’infertilité masculine doit faire l’objet d’un examen clinique avant toute décision thérapeutique (médicament, chirurgie, AMP). L’examen clinique doit comporter :

*un examen général avec évaluation des caractères sexuels secondaires (morphotype, pilosité, taille, distribution des graisses, indice de masse corporelle);
*un examen mammaire à la recherche d’une gynécomastie;
*un examen du pénis, avec localisation du méat urétral (hypospadias);
*un examen bilatéral et comparatif des testicules, épididymes et déférents :
–la palpation des testicules : mensuration, estimation de la consistance et recherche systématique d’un nodule testiculaire,
–la présence et la consistance des déférents et épididymes (recherche des signes obstructifs de la voie génitale). Le diagnostic d’absence bilatérale des canaux déférents (ABCD) est suspecté par l’examen physique et établi par l’échographie scrotale et pelvienne,
–la recherche d’une varicocèle clinique réalisée en position debout, et en manœuvre de Valsalva. Il est important de donner le grade de la varicocèle de chaque côté (classification en grade des varicocèles, tableau 2.1);
Tableau 2.1

Grades cliniques de la varicocèle spermatique.

Grade Critères
1 Palpable seulement en manœuvre de Valsalva
2 Palpable au repos, mais non visible
3 Visible et palpable au repos
*le toucher rectal n’est pas systématique. Il est recommandé en cas d’antécédent infectieux, d’hypospermie, d’anomalie du plasma séminal, de suspicion de déficit androgénique, ou si l’âge du patient justifie la recherche d’un cancer de la prostate.

A
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Q

Spermogramme
La réalisation d’un spermogramme est systématique chez tout homme ayant un questionnement vis-à-vis de sa fertilité. Le recueil a lieu par masturbation au laboratoire (et non au domicile), après 2 à 7 jours d’abstinence sexuelle.

Les paramètres spermatiques évalués sont :

*des paramètres macroscopiques du plasma séminal : volume, pH, viscosité;
*des paramètres microscopiques : concentration et numération totale des spermatozoïdes dans l’éjaculat, mobilité, vitalité et morphologie des spermatozoïdes. Si tous les paramètres du spermogramme sont dans les limites de la normale, un seul spermogramme est suffisant. En cas d’anomalie au premier spermogramme, il est nécessaire de contrôler les conditions d’examen et de réaliser un deuxième spermogramme (au mieux à 3 mois d’intervalle).
La 6e édition du manuel de laboratoire pour l’examen du sperme humain de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS, 2021) a publié de nouvelles valeurs de référence des paramètres du spermogramme (tableau 2.2) et la nomenclature des anomalies du spermogramme (tableau 2.3).

Tableau 2.2

Normes OMS (2021) et anomalies.

Paramètres spermatiques Valeurs seuils
Délai d’abstinence 3-5 j
Volume éjaculé > 1,4 ml
Concentration spermatique > 16 millions/ml
Numération par éjaculat > 39 millions/éjaculat
Mobilité progressive des spermatozoïdes > 30 %
Mobilité totale des spermatozoïdes > 42 %
Vitalité > 54 %
Pourcentage de formes normales
Critères stricts
Classification de David
> 4 %
> 23 %
Concentration en leucocytes < 1 million

A
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Q

Nomenclature des anomalies du spermogramme.

Aspermie Absence de sperme
Hypospermie Volume de sperme < 1,4 ml
Azoospermie Absence de spermatozoïdes à l’état frais et dans le culot après centrifugation
Cryptospermie Absence de spermatozoïdes à l’état frais mais présence de spermatozoïdes dans le culot après centrifugation
Oligospermie < 16 millions/ml ou (< 39 millions/éjaculat)
Asthenospermie Mobilité progressive < 30 %
Nécrospermie Vitalité < 54 %
Tératospermie
Classification des critères stricts (Krüger)
Classification de David modifiée
< 4 % de formes normales
< 23 % de formes normales
Leucospermie > 1 million de leucocytes/ml

Retenir

L’évaluation minimale complète de chaque homme infertile doit inclure un interrogatoire systématisé et un examen physique, et au moins deux spermogrammes en cas d’anomalies. Les résultats de ce premier bilan étant connus, le praticien pourra avoir recours à un complément d’examens à visée diagnostique, pronostique et/ou d’orientation thérapeutique.

A
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Q

Autres tests de l’évaluation de l’homme infertile
A Échographie scrotale

*Permet de :
–rechercher un nodule testiculaire (cancer du testicule);
–préciser le volume de chaque testicule (hypotrophie < 15 ml; atrophie < 6 ml);
–rechercher une pathologie obstructive ou une varicocèle.
B Bilan hormonal
L’évaluation minimale de l’homme infertile comporte un dosage sérique de l’hormone folliculostimulante (FSH; exploration du testicule exocrine) et de la testostérone totale (exploration du testicule endocrine). Une élévation de la FSH témoigne d’une altération de la spermatogenèse, mais inversement le fait que la FSH soit dans les limites de la normale n’exclut pas une spermatogenèse altérée.

C Autres examens
Trois examens génétiques sont de pratique courante chez l’homme infertile :

*le caryotype;
*la recherche des microdélétions du chromosome Y;
*l’analyse des mutations du gène CFTR.
1 Caryotype
Les anomalies chromosomiques sont présentes chez 7 % des hommes infertiles. Le syndrome de Klinefelter (XXY) représente environ deux tiers des anomalies chromosomiques observées chez l’homme infertile (surtout en cas d’azoospermie).

Les indications de prescription d’un caryotype dans le cadre de l’exploration de l’homme infertile sont :

*une azoospermie non obstructive (17 % d’anomalies du caryotype);
*une oligospermie inférieure à 10 millions de spz/ml (incidence 10 fois plus élevée que la population générale, soit 10 % si la numération de spermatozoïdes est < 5 millions/ml, et 4 % entre 5-10 millions/ml);
*en cas d’histoire familiale d’avortement à répétition, de malformations, de retards mentaux, un caryotype devrait être réalisé quelle que soit la concentration de spermatozoïdes, voire en cas d’infertilité inexpliquée.
2 Microdélétions du chromosome Y
Les microdélétions du chromosome Y sont retrouvées chez environ 2 % des hommes avec une azoospermie.

Elles doivent être recherchées en cas d’azoospermie sécrétoire et d’oligospermie sévère (< 1 M/ml).

3 Mutations du gène CFTR (ou ABCC7)
La recherche de mutations du gène CFTR doit être proposée chez les hommes ayant une absence bilatérale des canaux déférents (ABCD), que l’on pourra mettre en évidence par une échographie endorectale, et/ou des symptômes de mucoviscidose. Si une mutation est découverte chez l’homme, la recherche doit également être demandée chez la partenaire.

Un conseil génétique doit être proposé chaque fois qu’une anomalie génétique est détectée ou suspectée chez l’homme ou sa partenaire.

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Q

Principaux tableaux clinicobiologiques d’infertilité masculine
A Azoospermies obstructives (excrétoires)

L’azoospermie obstructive est la conséquence d’un obstacle bilatéral chez un homme ayant par ailleurs une spermatogenèse normale.

La présentation clinique associe : des volumes testiculaires normaux, un taux de FSH normal, souvent une dilatation épididymaire bilatérale, des anomalies (absence, nodule, dilatation) au niveau des voies séminales. L’examen clinique et l’échographie précisent le site de l’obstruction. Les principales étiologies sont :

*l’absence bilatérale des canaux déférents et des vésicules séminales : elle doit faire rechercher systématiquement une mutation du gène CFTR ;
*l’obstruction bilatérale des voies séminales (épididymes, canaux déférents ou canaux éjaculateurs) : les causes peuvent être infectieuses, chirurgicales ou (rarement) traumatiques.
B Azoospermies non obstructives (sécrétoires)
Elles sont définies par une atteinte de la production de spermatozoïdes par les testicules. La suite des investigations dépend du taux de FSH :

*si le taux de FSH est effondré, il faut suspecter un hypogonadisme hypogonadotrope (lié à une atteinte hypothalamique ou hypophysaire) avec azoospermie sécrétoire d’origine centrale. Il s’agit d’une pathologie rare. Les signes cliniques d’hypogonadisme sont au premier plan et les patients consultent plus souvent pour un retard de puberté ou des dysfonctions sexuelles que pour infertilité. Les principales étiologies sont le syndrome de Kallmann-de Morsier ou les tumeurs hypophysaires;
*si le taux de FSH est élevé, il faut suspecter une origine testiculaire (azoospermie sécrétoire périphérique). Il s’agit d’une pathologie fréquente (environ 60 % des cas d’azoospermie). Il est fondamental de rechercher tous les antécédents du patient (notamment de cryptorchidie, d’orchite, de cancer). L’examen doit rechercher une tumeur testiculaire, une atrophie testiculaire, et une varicocèle. Un caryotype à la recherche notamment d’un syndrome de Klinefelter (47, XXY) et une recherche des microdélétions du chromosome Y doivent être réalisés.
C Oligo-asthéno-térato-spermies
Ce groupe est de loin le plus fréquemment rencontré chez l’homme consultant pour infécondité de couple. Il s’agit d’un groupe assez hétérogène associant des anomalies quantitatives et qualitatives (diminution de la mobilité et/ou de la vitalité et/ou du pourcentage de formes normales des spermatozoïdes).

Les principales étiologies à rechercher en cas d’oligo-asthéno-térato-spermie (OATS) ou d’azoospermie sécrétoire sont :

*varicocèle;
*infectieuses;
*cryptorchidie;
*mode de vie (tabac, cannabis);
*profession (contact avec les pesticides, toxiques);
*génétiques (anomalies du caryotype ou microdélétion du chromosome Y [AZFc]);
*idiopathiques (aucune cause n’est retrouvée dans environ 40 % des cas).

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Q

L’infécondité est définie par l’incapacité pour un couple d’obtenir une grossesse au terme d’un an de rapports sexuels réguliers sans moyen contraceptif.

Au cours de la première consultation, l’évaluation de la fertilité masculine nécessite :

> un interrogatoire avec recherche des facteurs de risque d’infertilité masculine;
un examen physique avec évaluation de l’imprégnation androgénique et examen des organes génitaux externes.
L’examen complémentaire de première intention est le spermogramme :

> si le 1er spermogramme est normal, il n’est pas nécessaire d’en demander un 2e;
en cas d’anomalie, toujours prescrire un 2e spermogramme, si possible à 3 mois d’intervalle (durée d’un cycle de spermatogenèse : 74 jours).
Deux autres examens sont recommandés dans le bilan de base de l’homme infertile :

> l‘échographie scrotale ;
le bilan hormonal comportant au minimum : la FSH et la testostérone.
Deux examens génétiques sont prescrits avant de débuter l’aide médicale à la procréation (AMP) chez les hommes ayant une azoospermie ou une oligo-asthéno-térato-spermie (OATS) d’origine sécrétoire :

> le caryotype;
la recherche des microdélétions du chromosome Y.
Les principaux tableaux observés chez les hommes consultant pour une infécondité sont :

> l’azoospermie obstructive (excrétoire);
l’azoospermie non obstructive (sécrétoire), qui peut être (rarement) d’origine centrale, ou (le plus souvent) périphérique;
l’OATS.

Rang Descriptif
Définition de fertilité : capacité de procréer
Définition de fécondité : état d’avoir eu un ou plusieurs événements reproductifs, notamment naissance(s) d’enfant(s)
Définition de fécondabilité : probabilité de concevoir lors d’un cycle d’exposition à la grossesse
Définition d’infertilité : perte de la capacité de procréer
Définition d’infécondité : incapacité d’un couple sexuellement actif sans contraception d’obtenir une grossesse en un an
Définition d’infécondité primaire et secondaire : l’infécondité est qualifiée de primaire lorsqu’il n’y a jamais eu de grossesse préalable et de secondaire s’il y a déjà eu une ou plusieurs grossesses antérieures à la consultation
Définition de stérilité : impossibilité définitive de procréer
Fécondabilité pour un couple fertile âgé de 25 ans : 25 %
Proportion des couples ayant recours à la procréation médicalement assistée (PMA) pour concevoir : 10 % des couples
Impact de l’âge maternel sur la fécondité du couple : la proportion de couples ne parvenant pas à concevoir sans PMA est de 20 % si la femme a 35 ans et 50 % si elle a 40 ans

Éléments concernant l’histoire reproductive et sexuelle à rechercher dans le cadre de l’exploration d’une infertilité masculine :
–fécondité antérieure : durée de l’infécondité et caractère primaire ou secondaire
–histoire sexuelle : fréquence des coïts

Éléments concernant les antécédents personnels de l’homme à rechercher dans le cadre de l’exploration d’une infertilité masculine :
–cryptorchidie et autres pathologies du développement
–pathologies chroniques
–chirurgies inguinales ou scrotales
–traumatismes sévères du bassin, des organes génitaux externes ou du périnée
–infections urogénitales

Éléments concernant les habitudes de vie et facteurs professionnels à rechercher dans le cadre de l’exploration d’une infertilité masculine :
–consommation tabagique, de cannabis et autres substances stupéfiantes
–consommation de boissons alcoolisées
–exposition (professionnelle ou non) à des facteurs potentiellement délétères pour la spermatogenèse (chaleur, perturbateurs endocriniens, consommation de stéroïdes anabolisants, radiations ionisantes, stress)

Éléments concernant les antécédents familiaux à rechercher dans le cadre de l’exploration d’une infertilité masculine :
–hypofertilité
–cryptorchidie et cancer du testicule
–pathologies génétiques (mucoviscidose)
–consanguinité
Traitements à rechercher dans le cadre de l’exploration d’une infertilité masculine :
–chimiothérapie et radiothérapie
–psychotropes et anticonvulsivants
–stéroïdes
–α-bloquants, inhibiteurs de la 5α-réductase
Examen clinique à réaliser pour exploration d’une infertilité masculine :
–caractères sexuels secondaires
–examen mammaire
–examen du pénis et du méat urétral
–examen bilatéral et comparatif des testicules, épididymes et déférents avec mensuration testiculaire, recherche de nodule, recherche de signes obstructifs, recherche d’une varicocèle
–le toucher rectal n’est pas systématique
Grades de la varicocèle clinique :
–palpable seulement en manœuvre de Valsalva
–palpable au repos, mais non visible
–visible et palpable au repos
Définition de l’azoospermie : absence totale de spermatozoïdes dans le sperme sur deux examens successifs
Définition de l’oligospermie : nombre de spermatozoïdes < 16 millions/ml ou < 39 millions par éjaculat
Définition de l’asthénospermie : < 30 % de spermatozoïdes mobiles progressifs
Définition de la nécrospermie : < 54 % de spermatozoïdes vivants
Définition de la tératospermie : < 4 % de spermatozoïdes de morphologie normale
Définition de l’hypospermie : volume éjaculé < 1,4 ml
Définition de la leucospermie : nombre de polynucléaires neutrophiles (PNN) > 1 million/ml
Informations fournies par l’échographie scrotale dans l’évaluation de l’homme infertile :
–recherche d’un nodule testiculaire (cancer du testicule)
–volume de chaque testicule (hypotrophie < 15 ml ; atrophie < 6 ml)
–recherche d’une pathologie obstructive ou d’une varicocèle
Bilan hormonal minimum à réaliser dans l’évaluation de l’homme infertile :
–hormone folliculostimulante (FSH)
–testostérone totale
Indications de prescription d’un caryotype dans le cadre de l’exploration de l’homme infertile :
–azoospermie non obstructive (17 % d’anomalies du caryotype)
–oligospermie < 10 millions de spz/ml
–histoire familiale d’avortement à répétition, de malformations et de retards mentaux
Indications de prescription de la recherche des microdélétions du chromosome Y dans le cadre de l’exploration de l’homme infertile :
–azoospermie non obstructive (2 % de microdélétions)
–oligospermie < 1 million de spz/ml
Indications de prescription de la recherche de mutation du gène CFTR dans le cadre de l’exploration de l’homme infertile :
–mucoviscidose
–azoospermie obstructive par absence bilatérale des canaux déférents et des vésicules séminales
–conjointe d’un homme ayant une mutation du gène CFTR
Tableau d’une azoospermie obstructive :
–volumes testiculaires normaux
–FSH normale
–dilatation épididymaire bilatérale
–anomalies (absence, nodule, dilatation) au niveau des voies séminales
Principales étiologies des azoospermies obstructives :
–l’absence bilatérale des canaux déférents et des vésicules séminales : elle doit faire rechercher systématiquement une mutation du gène CFTR
–l’obstruction bilatérale des voies séminales (épididymes, canaux déférents ou canaux éjaculateurs) : les causes peuvent être infectieuses, chirurgicales ou (rarement) traumatiques
Tableau d’une azoospermie non obstructive :
–volumes testiculaires souvent diminués
–FSH souvent augmentée (mais peut être très basse en cas d’hypogonadisme hypogonadotrope, et parfois normale)
–à l’échographie : parfois nodule testiculaire ou varicocèle
–rechercher : anomalies du caryotype (syndrome de Klinefelter) ou microdélétion du chromosome Y
Principales étiologies à rechercher en cas d’azoospermie non obstructive ou d’oligo-asthéno-tératospermie (OATS) :
–varicocele
–infections urogénitales
–cryptorchidie
–tabac, cannabis, alcool, substances stupéfiantes
–antécédents de traitements potentiellement stérilisants
–anomalies du caryotype
–microdélétion du chromosome Y
–aucune cause n’est retrouvée dans environ 40 % des cas (idiopathiques)

A
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Q

Introduction et définition
Le syndrome de la douleur vésicale (SDV) fait partie des syndromes douloureux pelviens de la femme au même titre que le syndrome de la douleur urétrale, de la douleur vulvaire (ancienne vulvodynie), de la douleur vestibulaire (ancienne vestibulodynie). Le terme ancien de « cystite interstitielle » n’a plus lieu d’être utilisé.

Sa définition consensuelle actuelle est :

*une douleur pelvienne, une pression ou un inconfort;
*perçus comme étant en relation avec la vessie;
*accompagnés par au moins un des symptômes urinaires tels que la pollakiurie ou une envie mictionnelle permanente;
*évoluant depuis plus de 6 mois (chronique);
*en l’absence d’infection urinaire ou d’autre cause identifiable.
Cette définition ne prend pas en compte le degré d’altération de la qualité de vie : il s’agit d’une pathologie bénigne mais très invalidante.

A
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Q

Pathogénie
Malgré de très nombreuses publications scientifiques sur le sujet, l’étiologie reste imprécise principalement du fait de l’absence d’un bon modèle d’étude animal (l’animal utilise sa fonction urinaire le plus souvent comme marqueur de son territoire et ne s’exprime pas sur ce qu’il ressent).

Plusieurs théories coexistent sans s’éliminer :

*la théorie épithéliale reste prédominante : un déficit épithélial et notamment des glycosaminoglycanes (protéines de surface) expliquerait une perméabilité anormale de la paroi aux substances contenues dans l’urine, qui seraient source d’inflammation chronique de cette paroi; et une dysfonction de l’adaptation pariétale aux variations de volume intravésical (douleur au remplissage);
*la théorie mastocytaire : pour des raisons encore non clairement démontrées les cellules mastocytaires de la paroi vésicale seraient activées;
*la dérégulation sensitive associant une sensibilisation spinale centrale et/ou une hyperinnervation sensorielle;
*un syndrome fonctionnel somatique.

A
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Q

Diagnostic
Un certain nombre de caractéristiques cliniques permettent de faire aisément le diagnostic :

*il s’agit d’un diagnostic d’élimination;
*il s’agit le plus souvent de femmes (10 femmes pour 1 homme);
*le besoin mictionnel est permanent expliquant la pollakiurie, il peut y avoir ou non une notion d’urgenturie;
*localisation : les douleurs sont sus-pubiennes mais elles peuvent être vaginales ou urétrales. Dans des cas plus rares, la douleur est remplacée par une sensation de pression, d’inconfort ou de gêne. Ces douleurs n’ont pas un caractère mécanique;
*la miction soulage la douleur, l’inconfort ou la gêne mais souvent très temporairement. C’est le signe majeur pour différencier le syndrome de la douleur vésicale de la cystite bactérienne aiguë qui provoque le plus souvent des brûlures mictionnelles;
* un facteur déclenchant est souvent retrouvé : épisode unique ou multiple de cystite bactérienne, intervention chirurgicale pelvienne, traumatisme pelvien mais aussi traumatisme psychologique;
*l’examen clinique est le plus souvent normal en dehors d’une allodynie cutanée ou muqueuse, notamment au niveau de la paroi vaginale antérieure expliquant la dyspareunie fréquente associée;
*des facteurs alimentaires déclenchant ou aggravant les symptômes sont décrits par un tiers des patients. Les aliments acides sont à écarter;
* l’inefficacité des traitements classiques à visée vésicale, antibiotiques, anti-inflammatoires, antalgiques et anticholinergiques.
La méconnaissance, le désintérêt, voire le déni, de cette pathologie par la quasi-totalité du corps médical, les urologues ne faisant pas exception, expliquent une errance diagnostique et une longue durée d’évolution des symptômes.

Dans 30 % des cas, on retrouve en association une autre pathologie douloureuse (autres syndromes douloureux évoqués en introduction, endométriose, fibromyalgie, douleurs myofasciales, syndrome du côlon irritable, sensibilisation pelvienne) ou maladies chroniques (syndrome de Gougerot-Sjögren, polyarthrite rhumatoïde, syndrome d’apnées du sommeil, dépression, syndrome de fatigue chronique, etc.).

A
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Q

Outils d’aide au diagnostic

  • Le catalogue mictionnel est indispensable pour apprécier la pollakiurie, le volume mictionnel (constant ou variable).
  • Des scores de symptômes à l’aide de questionnaires spécifiques du syndrome de la douleur vésicale : ICSI, ICPI établis par O’Leary et Sant; WICI et PUF.
    *Système UPOINT (établi par Nickel) pour classer les patients selon leur phénotype clinique.
    *Score de convergence PP pour évaluer la sensibilisation pelvienne.
    B Explorations complémentaires
    1 ECBU

L’examen cytobactériologique des urines (ECBU) est indispensable pour éliminer une cystite bactérienne : stérile mais il est courant d’avoir une leucocyturie augmentée, voire une hématurie microscopique.

Il n’y a pas d’examens complémentaires biologiques qui permettent d’affirmer le diagnostic.

2 Autres examens complémentaires

*La cystoscopie sous anesthésie locale :
–montre une muqueuse vésicale normale le plus souvent, ou la présence de signes d’inflammation non spécifiques, sauf ulcérations spécifiques appelées ulcères de Hunner (décrits en 1915), qui doivent être réséqués;
–met en évidence une hypersensibilité vésicale au remplissage reproduisant les symptômes désagréables à l’origine de la pollakiurie;
–élimine d’autres pathologies vésicales (tumeurs, calculs, etc.);
–permet la cytologie urinaire qu’il est important de réaliser de façon systématique.
* La cystoscopie sous anesthésie générale ou rachianesthésie permet de :
–vérifier l’absence des lésions de Hunner pour lesquelles doit être faite une résection ou une fulguration,
–mesurer la capacité vésicale anatomique;
–éliminer un carcinome in situ : biopsie;
–et, en cas d’échec de la 1re ligne thérapeutique :
–réaliser un test thérapeutique d’hydrodistension vésicale. La vessie est remplie à capacité à 60-80 cm d’eau puis maintenue remplie de 2 à 5 minutes. La capacité vésicale sous anesthésie peut ou non être réduite (volume inférieur est à 400 ml). Après vidange de la vessie, on peut observer des glomérulations ou pétéchies caractéristiques. Cette hydrodistension vésicale apporte chez certaines patientes un soulagement temporaire.
*Le bilan urodynamique, utile pour le bilan d’évaluation et pour le diagnostic, mais parfois non réalisable/interprétable à cause de la douleur :
–met en évidence :
–un volume diminué de remplissage vésical déclenchant les besoins mictionnels = hypersensibilité vésicale,
–une capacité cystométrique maximale réduite;
–écarte une hyperactivité détrusorienne.
Plusieurs études ont montré des corrélations entre les paramètres urodynamiques et la sévérité des symptômes, la présence d’ulcères de Hunner, l’intensité des glomérulations, la capacité vésicale sous anesthésie.

  • L’imagerie : échographie, scanner ou IRM :
    –ne permet pas de poser le diagnostic du SDV;
    –mais permet d’écarter d’autres pathologies abdominopelviennes susceptibles de provoquer des douleurs accompagnées de signes vésicaux (endométriose, tumeurs abdominales ou pelviennes diverses).
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Q

7Diagnostics différentiels
Le bilan réalisé ci-dessus doit permettre d’écarter :

*la cystite bactérienne où l’ECBU sera positif;
*les douleurs pelviennes à type de névralgies de caractère mécanique et non rythmées par le cycle remplissage-vidange de la vessie;
*l’endométriose (IRM ou cœlioscopie);
*les douleurs projetées d’origine rachidienne par dérangement intervertébral mineur de la charnière thoracolombaire (syndrome de Maigne);
*le syndrome d’hyperactivité vésicale, qui associe pollakiurie, urgenturie et souvent fuites urinaires. Le bilan urodynamique révélera souvent les contractions involontaires du détrusor. Les traitements anticholinergiques, lorsqu’ils sont tolérés, soulagent au moins en partie les symptômes;
* le syndrome de la douleur urétrale avec une douleur exclusivement urétrale sans forcément de pollakiurie. Sa prise en charge s’apparente à celle du SDV quand des douleurs vésicales rythmées par les mictions lui sont associées;
*les vulvodynies et les vestibulodynies. Les douleurs sont vulvaires ou vestibulaires et non rythmées par le cycle vésical (remplissage-miction).

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Définition du syndrome de la douleur vésicale : douleur pelvienne, pression, ou inconfort chronique (évoluant depuis plus de 6 mois) perçus comme étant en relation avec la vessie et accompagnés par au moins un des symptômes urinaires tels que la pollakiurie ou une envie mictionnelle permanente. C’est un diagnostic d’exclusion
Physiopathologie : perméabilité urothéliale anormale par déficit en glycosaminoglycanes ; activation des cellules mastocytaires ; dérégulation sensitive ; syndrome fonctionnel somatique
Aucun examen biologique ne permet d’affirmer le diagnostic
Diagnostic positif : connaître les éléments cliniques positifs qui permettent de poser le diagnostic
Diagnostic positif : aucun examen d’imagerie pour diagnostic mais elle permet d’éliminer les diagnostics différentiels : apport de l’IRM
Diagnostic positif : connaître les facteurs déclenchants
Diagnostic positif : connaître l’errance diagnostique
Diagnostic positif : connaître les autres pathologies douloureuses souvent associées
Diagnostic positif : connaître l’aide apportée par le catalogue mictionnel
Diagnostic positif : connaître l’aide apportée par les questionnaires spécifiques
Examens complémentaires essentiels : ECBU, cystoscopie sous AG avec hydrodistension vésicale, bilan urodynamique
Diagnostics différentiels essentiels : cystite bactérienne, névralgie pelvienne, hyperactivité vésicale, syndrome de Maigne
Diagnostics différentiels : syndrome de la douleur urétrale, vulvaire ou vestibulaire
Traitement : savoir que les traitements ne sont que symptomatiques et qu’il n’y a pas de critères de guérison

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Tuméfactions pelviennes chez la femme
A Étiologies

Les deux tuméfactions pelviennes les plus fréquentes chez la femme sont le fibrome utérin et le kyste de l’ovaire, sans oublier la grossesse à laquelle il faut toujours penser chez une femme en période d’activité génitale.

Il faudra donc en premier lieu éliminer une grossesse par l’examen clinique et l’interrogatoire, puis par un dosage des hCG systématique, et enfin par une échographie pelvienne.

B Diagnostics différentiels
Les autres étiologies de tuméfaction pelvienne chez la femme peuvent être tubaires (hydrosalpinx, bloc adhérentiel post-infectieux, kyste vestigial ou du mésosalpinx), péritonéales (endométriose du cul-de-sac de Douglas), digestives (cancer du côlon ou du sigmoïde, sigmoïdite).

1 Autres causes de tuméfaction pelvienne d’origine utérine
Elles sont rarement à l’origine d’une tumeur pelvienne (en dehors de la grossesse) :

*le cancer de l’endomètre (cf. Item 300 – Tumeurs du col utérin, tumeur du corps utérin) : il s’agit d’une cause très rare, correspondant alors le plus souvent à une tumeur endocavitaire avec sténose du col et rétention intra-utérine entraînant la palpation d’une masse pelvienne par hématométrie et parfois pyométrie;
*l’adénomyose, rarement car l’utérus ne dépasse pas le double de sa taille habituelle et est rarement palpable;
*la grossesse.
2 Autres causes de tuméfaction pelvienne d’origine ovarienne
Le cancer de l’ovaire (cf. Item 306 – Tumeurs de l’ovaire). Il est rare avant la ménopause mais possible. Il se révèle parfois par une masse pelvienne ou par des signes digestifs de carcinose ou de compression.

L’endométriose accompagnant un endométriome qui est le révélateur de la maladie sous-jacente.

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Fibrome utérin
1 Épidémiologie

C’est la plus fréquente des tumeurs de l’utérus; 20 à 30 % des femmes de plus de 35 ans en sont atteintes.

Lorsqu’il est palpable, il est le plus souvent sous-séreux (types 5, 6 et 7 classification FIGO, fig. 4.1) ou interstitiel (types 3, 4).Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Dans 50 % des cas, ces fibromes sont découverts de façon fortuite (examen clinique, échographie, etc.). Présentation clinique
Le fibrome utérin se manifeste le plus souvent par des ménorragies (règles augmentées en durée et abondance) qui sont le signe révélateur et le plus pathognomonique. Ces hémorragies sont parfois directement en rapport avec le fibrome s’il est sous-muqueux, mais résultent aussi des modifications de la cavité utérine qui est agrandie par les myomes interstitiels altérant la contractilité du myomètre. Parfois, l’hyperplasie endométriale est associée dans un contexte d’insuffisance lutéale et majore les saignements.

Des métrorragies peuvent être associées, on parle alors de ménométrorragies.

Des dysménorrhées peuvent également exister. Elles peuvent être liées à un fibrome du col ou de l’isthme gênant l’évacuation du flux menstruel.

La patiente peut percevoir une pesanteur pelvienne, avec parfois des symptômes en relation avec une compression des organes de voisinage (syndrome d’hyperactivité vésicale, constipation), une perception d’une masse abdominale d’apparition progressive et parfois des douleurs pelviennes liées à des complications ou troubles vasculaires associés.

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Complications
Le fibrome utérin peut être le siège de complications :

*hémorragiques : un fibrome sous-muqueux peut être responsable d’une hémorragie plus importante, notamment en présence d’un dispositif intra-utérin, pouvant entraîner une anémie microcytaire hyposidérémique. Les autres types de fibromes (sous-séreux ou interstitiels) sont moins pourvoyeurs de saignements hémorragiques;
*douloureuses : la nécrobiose aseptique est la principale cause de douleurs en cas de fibrome et est secondaire à une ischémie de celui-ci. Elle se caractérise par des douleurs pelviennes intenses, une fièvre entre 38 et 39 °C, parfois des métrorragies de sang noirâtre. L’examen clinique peut retrouver une augmentation du fibrome, avec une douleur à la palpation. L’échographie retrouve classiquement une image en cocarde avec une hyperéchogénicité centrale. Plus rarement, il peut s’agit d’un fibrome sous-séreux pédiculé ou de l’accouchement par le col d’un fibrome pédiculé sous-muqueux avec des coliques expulsives;
*mécaniques. Il s’agit essentiellement de complications à type de compression :
–vésicale (rétention d’urines),
–rectale (« faux besoins »),
–veineuse pelvienne, pouvant entraîner thrombose ou œdèmes des membres inférieurs, plus rarement des phlébites,
–nerveuse responsable de sciatalgie, à la face postérieure de la cuisse, ou névralgie obturatrice, à la face interne de la cuisse,
–urétérale : responsable d’une urétéro-hydro-néphrose, voire de coliques néphrétiques ou de pyélonéphrites;
*malignes (transformations). Le lien myome-sarcome est incertain et aucune filiation à ce jour n’a été démontrée;
*gravidiques. Les complications sont multiples pendant la grossesse, souvent peu importantes et à faible retentissement une fois la grossesse installée. Ce sont :
–la stérilité et les avortements spontanés à répétition, notamment en cas de fibrome sous-muqueux,
–la nécrobiose, avec menace d’accouchement prématuré et risque de prématurité,
–la localisation prœvia gênant un accouchement par voie basse,
–la présentation dystocique en cas de fibrome volumineux (interstitiel),
–la dystocie dynamique ou l’hémorragie de la délivrance liée à une mauvaise rétraction utérine.

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Kyste ovarien
1 Épidémiologie

Les kystes fonctionnels de l’ovaire constituent la plus fréquente des tuméfactions pelviennes de la femme en période d’activité génitale. Ils correspondent à des kystes folliculaires ou à des kystes lutéiniques (du corps jaune) dont la régression est le plus souvent spontanée. Les kystes organiques sont le plus souvent bénins.

Vingt pour cent des tumeurs ovariennes sont malignes ou borderline et le risque de cancer augmente avec l’âge.

2 Présentation clinique
Il n’existe pas de symptomatologie spécifique des kystes de l’ovaire.

Les signes d’appel principaux sont :

*des douleurs pelviennes unilatérales modérées, généralement à type de pesanteur;
*des métrorragies;
*une pollakiurie ou des troubles digestifs par compression. Selon l’étiologie, il est possible de retrouver certains symptômes évocateurs comme l’association à des dysménorrhées et dyspareunies pour l’endométriome.
Mais dans plus de 50 % des cas, le kyste de l’ovaire est latent et est découvert lors d’un examen clinique ou d’une échographie réalisée pour une autre raison. Parfois, le kyste de l’ovaire est découvert à l’occasion d’une complication.

3 Complications des kystes ovariens
Torsion
Elle survient surtout pour les kystes lourds (dermoïdes, mucineux), ou les kystes munis d’un pédicule très fin (kyste du paraovaire).

Le tableau clinique est caractéristique :

*une douleur pelvienne aiguë : il s’agit d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. La douleur abdominopelvienne débute brutalement d’une seconde à l’autre et ne cède pas, allant en s’amplifiant. Elle est associée à des vomissements et à des nausées. Souvent, des épisodes de subtorsion ont précédé l’accident aigu;
*l’examen abdominal retrouve un tableau de défense abdominopelvienne généralisée;
*l’examen gynécologique note un cul-de-sac extrêmement douloureux. Il n’y a pas de signe infectieux, ni de signe pouvant faire évoquer une occlusion;
*l’échographie montre une image latéro-utérine. Le Doppler peut montrer l’arrêt de la vascularisation au niveau des pédicules utéro-ovariens et infundibulopelviens mais c’est un signe inconstant;
*une intervention est nécessaire en urgence pour détordre l’ovaire ou l’annexe et retirer le kyste.
Hémorragie intrakystique
Elle survient souvent dans des kystes fonctionnels.

Elle se caractérise par :

*l’apparition d’un syndrome douloureux pelvien à début rapide;
*l’examen clinique trouve une défense dans l’une des deux fosses iliaques. L’un des culsde-sac est comblé et douloureux;
*l’échographie met en évidence un kyste à contenu très finement échogène si l’examen est réalisé tôt après l’accident ou hétérogène si l’examen est réalisé plus tard. Il est fréquent d’observer un épanchement péritonéal associé.
Ici encore, le traitement chirurgical peut s’imposer soit afin de confirmer le diagnostic et d’éliminer une torsion, soit afin d’arrêter l’hémorragie et de traiter le kyste.

Souvent, si l’hémorragie est intrakystique, elle est modeste et une simple surveillance suffit.

Rupture du kyste de l’ovaire
Elle complique souvent l’hémorragie et/ou la torsion. Le tableau est globalement superposable à celui de l’hémorragie.

L’échographie peut orienter le diagnostic en montrant un épanchement péritonéal peu abondant si c’est juste le kyste qui est rompu, ou plus abondant s’il y a un hémopéritoine associé. L’intervention est souvent évitable devant une amélioration progressive sans déglobulisation; elle nécessite parfois une surveillance de 24 heures; en cas de doute sur un hémopéritoine, la cœlioscopie confirme le diagnostic et permet le traitement.

Infection génitale haute compliquée (abcès ovarien)Elle est soit secondaire à un tableau de pelvipéritonite d’origine génitale, soit secondaire à une ponction ovarienne échoguidée pour traitement d’un kyste ou prélèvement ovocytaire.

Son tableau est caractéristique avec : hyperthermie, contractures pelviennes voire douleurs abdominales diffuses, hyperleucocytose. Ici encore, l’intervention s’impose afin de confirmer le diagnostic, de réaliser la toilette péritonéale et le drainage de l’abcès. L’abcès ovarien contrairement à l’abcès tubaire est très rare.

Compression d’organes pelviens
Les compressions d’organes pelviens (vésicale, rectale, veineuse, urétérale) sont rares.

Complications obstétricales
Un gros kyste enclavé dans le cul-de-sac de Douglas peut être responsable d’un obstacle prœvia gênant la descente de la tête fœtale. Dans ce cas, on peut être amené à réaliser une césarienne.

Au début de la grossesse, on peut mettre en évidence un kyste ovarien; les complications sont plus fréquentes pendant la grossesse. La conduite à tenir est spécifique pendant la grossesse (abstention jusqu’à 16 SA pour éliminer les kystes fonctionnels les plus fréquents; le plus souvent, surveillance mais parfois exploration chirurgicale cœlioscopique au début du 2e trimestre en cas de persistance de tumeur de grande taille, de suspicion de tumeur maligne ou de symptômes).

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Q

Diagnostic d’une tuméfaction pelvienne chez la femme
1 Interrogatoire

L’interrogatoire précise :

*les antécédents :
–salpingite, leucorrhées fréquentes,
–contraception par stérilet qui oriente vers une étiologie infectieuse,
–endométriose,
–régularité des cycles et date des dernières règles;
*la nature des douleurs pelviennes associées :
–uni- ou bilatérales,
–cycliques (place dans le cycle) ou non cycliques (permanentes ou intermittentes),
–intensité;
*les hémorragies génitales :
–ménorragies,
–métrorragies;
*les troubles digestifs :
–troubles du transit,
–rectorragies;
*les troubles urinaires.
2 Examen clinique
Toucher vaginal
Le toucher vaginal est le temps essentiel de l’examen clinique car il permet d’orienter le diagnostic même s’il est souvent peu contributif en raison de la douleur. Le toucher est bimanuel avec la main abdominale pour voir la mobilisation de la masse. Son but est d’objectiver la masse et de déterminer si elle est dépendante ou non de l’utérus.

Utérus globalement augmenté de volume
Un utérus globalement augmenté de volume correspond le plus souvent à un ou à des fibromes interstitiels ou sous-séreux (dimensions en centimètres, régularité des contours ou existence de voussures qui déforment ses contours).

Il faut cependant savoir reconnaître un utérus gravide augmenté de volume et mou dans un contexte de retard de règles.

De même, il ne faut pas se laisser abuser par un globe vésical et toujours examiner les patientes après les avoir fait uriner.

Masse latéro-utérine
Elle peut être dépendante ou non de l’utérus.

Elle est dépendante de l’utérus (ex. : fibrome utérin) :

*car elle est en continuité avec lui, non séparée de lui par un sillon et elle transmet ainsi à la main abdominale les mouvements imprimés au col utérin par les doigts vaginaux et vice versa;
*le toucher vaginal précise sa taille approximative et la régularité de ses contours si la patiente est mince;
*elle correspond le plus souvent à un fibrome sous-séreux sessile dont les contours sont réguliers (mais il peut s’agir d’une autre pathologie adhérente à l’utérus, cancer de l’ovaire, endométriose, bloc adhérentiel infectieux; dans ce cas, cette masse est plus volontiers irrégulière).
Elle est indépendante de l’utérus (ex. : kyste de l’ovaire) :

*car elle est séparée de lui par un sillon et qu’elle ne transmet pas à la main abdominale les mouvements imprimés au col utérin par les doigts vaginaux et vice versa;
*le toucher vaginal précise là encore sa taille et ses caractéristiques :
–soit régulière et mobile orientant vers un kyste de l’ovaire ou un fibrome pédiculé,
–soit irrégulière et fixée orientant vers un cancer de l’ovaire, une endométriose ou une infection.
Masse du cul-de-sac de Douglas
Elle est :

*soit fixée et aux contours mal limités orientant vers un cancer de l’ovaire, une endométriose, voire un cancer digestif;
*soit régulière, plus ou moins mobile, correspondant à une lésion bénigne prolabée dans le cul-de-sac; là encore, il ne faut pas la confondre avec un fécalome, un caecum dilaté ou un rectosigmoïde plein et, au moindre doute, il faut réexaminer la patiente après un lavement.
Examen abdominal
L’examen abdominal :

*palpe parfois le pôle supérieur de la tuméfaction quand elle est de grande taille et en précise alors la régularité des contours;
*recherche une ascite;
*recherche une hépatomégalie.
Ascite et hépatomégalie, associées à une tuméfaction irrégulière, orientent vers un cancer de l’ovaire.

Toucher rectal
En cas de rectorragies et de tumeur fixée dans le cul-de-sac de Douglas, le toucher rectal recherche une tumeur rectale.

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Examens complémentaires
L’échographie pelvienne par voie transpariétale et par voie transvaginale est l’examen complémentaire à demander en premier. Elle permet de préciser la structure de la tumeur, solide, liquide ou hétérogène, de la mesurer et de la localiser.

Tumeurs utérines
Tuméfactions solides
Les tuméfactions solides correspondent le plus souvent à des fibromes utérins et l’échographie en précise la taille, le nombre et la localisation par rapport à l’utérus, établissant une cartographie de l’utérus et permettant de donner la classification FIGO (cf. fig. 4.1). L’IRM est l’examen de seconde intention lorsque l’échographie est insuffisante, ou devant toute masse de plus de 10 cm ou tous fibromes en nombre supérieur à 5 et devant toutes masses complexes ou indéterminées par échographie.

Tuméfactions hétérogènes, mixtes ou multiloculaires solides
Une masse utérine évoquera parfois une dégénérescence du myome après nécrose ou après traitement, c’est souvent la nécrobiose; une partie du myome se liquéfie et devient kystique. Il peut aussi s’agir d’un sarcome, plus rarement d’un adénomyome – forme localisée d’une endométriose utérine.

Tuméfactions ovariennes
Tuméfactions solides
Les tumeurs solides de l’ovaire sont par définition suspectes. Mais ce ne sont pas toujours des tumeurs malignes. Elles justifient une imagerie par résonance magnétique (IRM). Ce sont les fibromes ovariens et les fibrothécomes. Ils sont néanmoins rarement très volumineux. Certaines tumeurs malignes sont solides à l’échographie, c’est souvent le cas des métastases. Certaines tumeurs séreuses sont aussi solides.

Tuméfactions hétérogènes, mixtes ou multiloculaires solides
Les tumeurs mi-solides mi-liquides à l’échographie sont souvent suspectes. La zone solide est souvent signe de tumeur maligne. Quelques tumeurs bénignes peuvent néanmoins avoir cette forme. Le kyste dermoide de l’ovaire donne fréquemment un aspect hétérogène à l’échographie avec des zones internes hyperéchogènes de forme arrondie.

L’IRM permettra de faire le différentiel; elle est recommandée après l’échographie.

Tuméfactions liquidiennes
Les tuméfactions liquidiennes entraînent moins de difficultés diagnostiques. Elles sont uniloculaires ou multiloculaires liquides. L’échographie permet le diagnostic différentiel avec :

*le kyste sous-tubaire ou vestigial : image liquidienne distincte de l’ovaire, mobilisable indépendamment de lui;
*l’hydrosalpinx : image liquidienne allongée à paroi épaisse avec souvent des cloisons tronquées distinctes de l’ovaire.
Ce sont les kystes fonctionnels persistants ou des tumeurs bénignes de l’ovaire, cystadénome séreux ou mucineux et endométriome.

En cas d’image anéchogène sphérique ou de kyste uniloculaire liquide siégeant dans un ovaire, l’échographie recherche des critères de bénignité :

*image uniloculaire;
*ou image pluriloculaire mais avec une cloison très fine (< 3 mm);
*absence d’écho interne (végétations);
*bords bien définis;
*vascularisation périphérique, régulière, avec index de résistance > 0,50;
*kyste de moins de 7 cm;
*absence d’ascite.
Si tous les critères de bénignité sont réunis, il faut :

*contrôler par une nouvelle échographie à trois mois qu’il ne s’agit pas d’un kyste fonctionnel. Dans ce cadre, il n’y a aucune indication à un blocage ovarien;
*si au bout de 3 mois le kyste n’a pas disparu, c’est qu’il est probablement organique et mérite surveillance ou ablation percœlioscopique.
Si tous les critères de bénignité ne sont pas réunis, il faut pratiquer une IRM ou une cœlioscopie.

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Prolapsus génitaux de la femme
A Définitions et diagnostics différentiels

1 Définitions des éléments du pelvis et du périnée

Le pelvis est un compartiment de la cavité abdominale situé entre le détroit supérieur (ligne entre le bord supérieur du pubis et le promontoire) et le plancher pelvien musculaire principalement représenté par le muscle levator ani (fig. 4.2).Le périnée est situé au-dessous du pelvis (sous le plan du muscle levator ani). Il contient l’orifice vulvaire, l’orifice anal et les fosses ischiorectales.

Chez la femme, le pelvis contient d’avant en arrière le bas appareil urinaire (urètre, vessie, portion terminale des uretères), l’appareil génital (ovaires, trompes, utérus et vagin) et une partie de l’appareil digestif (rectum, canal anal; il n’est pas rare que la boucle sigmoïdienne descende dans le pelvis de même que le caecum et l’appendice).

Le plancher pelvien est défini comme l’ensemble des structures musculo-aponévrotiques fermant en bas le petit bassin (ou pelvis).

Les troubles de la statique pelvienne et le prolapsus apparaissent lorsque l’équilibre anatomique et mécanique entre pression abdominale et force de résistance périnéale est rompu. Cette diminution de résistance du plancher pelvien résulte d’une altération du tissu de soutien conjonctif et musculaire, des lésions de dénervation liées à l’âge, aux grossesses, aux accouchements et à des facteurs génétiques.

2 Définition du prolapsus
Le prolapsus génital de la femme est une protrusion d’un ou plusieurs organes pelviens dans la cavité vaginale, voire extériorisés par l’orifice vulvaire, apparaissant ou s’accentuant à la poussée abdominale.

Cette protrusion se fait dans une hernie de la paroi vaginale (colpocèle) qui peut intéresser sa face antérieure, sa face postérieure ou son apex.

Les organes intéressés par le prolapsus génital de la femme en fonction du niveau de la colpocèle sont (fig. 4.3) :

olpocèle antérieure : la vessie, constituant ainsi une cystocèle (1);
*colpocèle apicale : l’utérus, constituant une hystéroptose ou hystérocèle, ou lorsque l’utérus est absent, le fond vaginal et le contenu abdominal sus-jacent (2);
*colpocèle postérieure :
–le rectum, constituant une rectocèle (4),
–le contenu abdominal par l’intermédiaire du cul-de-sac de Douglas : l’élytrocèle (il peut s’agir des anses intestinales [entérocèle] grêles ou coliques [sigmoide], de l’épiploon, etc.) (3).

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Diagnostics différentiels

*Il doit être différencié du prolapsus rectal qui est une protrusion du conduit digestif dans le canal anal qui s’extériorise par l’anus (fig. 4.4), qui peut cependant être associé au prolapsus génital.Les tumeurs de la paroi vaginale antérieure : kystes, fibromes, rares tumeurs malignes, diverticules de l’urètre, fibromes du col utérin, etc. Le toucher vaginal perçoit une masse qui n’existe pas dans le prolapsus.
*L’allongement hypertrophique du col utérin, qui se présente comme une hystérocèle, mais le corps de l’utérus est en place alors que le col utérin affleure la vulve en raison d’un allongement de l’isthme.
*Une caroncule urétrale qui est une lésion exophytique du méat urétral qui s’observe surtout chez la femme ménopausée.

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Épidémiologie des prolapsus génitaux de la femme
Le symptôme le plus corrélé à la présence d’un prolapsus génital (pelvic organ prolapse [POP]) est la « vision » ou la « sensation » d’une boule vaginale. En langage courant, les patientes parlent de « descente d’organe ».

Les prolapsus des organes pelviens sont fréquents. Leur prévalence est de 2,9 à 11,4 % lorsqu’on utilise un questionnaire pour le dépistage. Les questionnaires ne permettent de dépister que les prolapsus symptomatiques tandis que l’examen clinique est descriptif de l’anatomie et évalue la prévalence des prolapsus de 31 à 97 %. Cela souligne qu’il existe un nombre important de POP non symptomatiques. Cette prévalence augmente avec l’âge jusqu’à 50 ans. À partir de 50 ans, la prévalence stagne et c’est le grade du prolapsus qui augmente alors avec l’âge. Les facteurs de risque modifiables d’un POP sont :

*toux chronique;
*facteurs de risque gastroentérologiques : troubles chroniques de l’exonération (constipation terminale ou dyschésie) et, en règle générale, toutes les poussées abdominales chroniques;
*poussée abdominale lors de la miction;
*port de charges lourdes;
*obésité;
*sédentarité.
Les facteurs de risques non modifiables d’un POP sont :

*âge physiologique;
*facteurs de risque gynécologiques : ménopause, hypoestrogénie;
*facteurs de risque obstétricaux : la grossesse, l’accouchement par voie basse (poids du fœtus > 4 kg, manœuvres instrumentales), la multiparité;
*facteur de risque chirurgical : hystérectomie;
*antécédents familiaux de prolapsus (prédisposition génétique);
*origines : les Caucasiennes et Hispaniques auraient plus de prolapsus que les Afro-Américaines;
*maladies du collagène (ex. : maladie d’Ehler-Danlos);
*atteintes neurologiques du plancher pelvien avec dénervations (spina bifida, syndrome de la queue-de-cheval…).

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Diagnostic des prolapsus génitaux de la femme
Le diagnostic est avant tout clinique +++.

1 Interrogatoire
Le symptôme central du prolapsus est une sensation de « boule intravaginale » majorée en position debout et en fin de journée pouvant être associée à une pesanteur pelvienne. Attention : le prolapsus n’est pas douloureux. La conjonction d’une douleur pelvienne et d’un prolapsus n’implique pas que le prolapsus est responsable de la douleur; gêne et pesanteur sont bien distinctes d’une douleur. À des stades avancés, le POP se présente sous la forme d’une boule vaginale extériorisée en permanence, qui peut être le siège de lésions inflammatoires ou ulcérées.

Les symptômes pelviens associés et pouvant amener à découvrir un prolapsus sont :

*des symptômes urinaires :
–un syndrome d’hyperactivité vésicale avec urgenturie voire incontinence urinaire par urgenturie peut être associé au prolapsus génital. Le lien physiopathologique n’est pas clairement élucidé et la relation causale entre le prolapsus et ces symptômes n’est pas systématique,
–aux stades plus avancés, c’est la mauvaise vidange vésicale qui domine : dysurie et résidus post-mictionnels, infections urinaires récidivantes, à l’extrême rétention urinaire et mictions par regorgement. Des manœuvres digitales de réintégration du prolapsus peuvent être nécessaires pour permettre la miction. Ces symptômes sont liés à la plicature ou la compression de l’urètre lors de l’extériorisation du prolapsus, avec un effet « pelote » qui équivaut à un obstacle sous-vésical,
–un cas particulier rare et classique doit être cité : l’insuffisance rénale obstructive par plicature urétérale bilatérale en cas de grand prolapsus vésical;
*des symptômes digestifs dans la rectocèle : constipation terminale appelée dyschésie qui peut conduire à la nécessité de manœuvres digitales de réintégration du prolapsus pour permettre l’exonération, faux besoins pouvant conduire à des épisodes d’incontinence fécale surtout en présence d’un fécalome associé à une fausse diarrhée du constipé;
*des symptômes génitosexuels : dyspareunie, sensation de béance vulvaire conduisant à un arrêt de l’activité sexuelle.
Ces symptômes peuvent être retrouvés en présence d’un prolapsus mais ne sont pas spécifiques de celui-ci. Seule la sensation de boule intravaginale est spécifique du prolapsus.

Il convient de rechercher la chronologie des événements en cas de dysurie et de dyschésie, car une poussée abdominale chronique liée à une dyschésie ou à une dysurie préexistante peut être responsable de l’apparition secondaire d’un prolapsus et peut favoriser sa récidive. Par ailleurs, il convient d’évaluer le handicap induit et le retentissement sur la qualité de vie avec des questionnaires validés tels que le PFDI-20 (Pelvic Floor Distress Inventory) (annexe 4.1).

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Examen clinique d’un prolapsus
Il a deux objectifs.

*Le principal est d’affirmer le prolapsus et d’analyser le ou les compartiments prolabés. Il repose sur l’examen au spéculum avec une seule valve refoulant à tour de rôle la paroi vaginale antérieure puis postérieure, puis les deux pour visualiser le col utérin et en demandant à la patiente de pousser. L’examen sera réalisé en position gynécologique puis debout si besoin. On explore ainsi :
–le compartiment antérieur : vésical;
–le compartiment moyen : utérin ou dôme vaginal si antécédent d’hystérectomie;
–le compartiment postérieur : anorectal;
–le compartiment postérosupérieur (cul-de-sac postérieur), péritonéal (cul-de-sac de Douglas) accompagné parfois d’anses grêles;
–la trophicité vaginale, la présence ou non d’une béance vulvaire et la qualité fonctionnelle des muscles du plancher pelvien.
*Le deuxième est de rechercher des signes fonctionnels urinaires associés, notamment une incontinence urinaire à l’effort masquée par le prolapsus. (On réalisera un test d’effort de poussée abdominale et de toux vessie pleine et prolapsus réduit.) Il n’y a pas de lien direct entre POP et incontinence urinaire d’effort mais des facteurs de risque communs expliquent la possible association des deux pathologies. La plicature de l’urètre (fig. 4.5), ou l’effet pelote, qui peut être responsable de dysurie peut également masquer une faiblesse de l’appareil sphinctérien urétral ou une mobilité excessive de l’urètre. Si on ne reconnaît pas cette situation, le traitement du prolapsus peut provoquer l’apparition d’incontinence urinaire d’effort qui peut être vécue comme une comEnfin, il faut réaliser un toucher vaginal et un toucher rectal pour éliminer toute autre pathologie gynécologique ou digestive et s’assurer des résultats des derniers frottis cervicovaginaux.

Il est important de noter que les signes fonctionnels urinaires associés ne sont pas forcément liés au prolapsus et ne sont pas spécifiques du prolapsus. Il faudra par ailleurs bien expliquer à la patiente que le traitement du prolapsus (notamment chirurgical) corrigera la sensation de boule vaginale mais ne corrige pas toujours les signes fonctionnels urinaires associés, qui peuvent être indépendants.

Au terme de l’examen clinique (et parfois radiologique), on identifie le ou les prolapsus (cf. fig. 4.2) :

*prolapsus de l’étage antérieur, se présentant à l’examen clinique comme un bombement de la paroi antérieure du vagin (c’est une colpocèle antérieure) qui contient la vessie : c’est une cystocèle (1) (fig. 4.6);plication et un échec thérapeutique par la patiente.prolapsus de l’étage moyen avec descente du col utérin voire éversion complète de l’utérus : c’est une hystérocèle (2) prolapsus de l’étage postérieur, se présentant à l’examen clinique comme un bombement de la paroi postérieure du vagin (colpocèle postérieure) qui peut contenir le rectum : rectocèle (4) (fig. 4.8).

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Résumé

Rang Descriptif
Connaître les deux étiologies les plus fréquentes de tuméfaction pelvienne : les deux tuméfactions pelviennes les plus fréquentes chez la femme sont le fibrome utérin et le kyste de l’ovaire, sans oublier la grossesse à laquelle il faut toujours penser chez une femme en période d’activité génitale
Connaître les autres causes de tuméfaction pelvienne :
–origine tubaire (hydrosalpinx, bloc adhérentiel post-infectieux, kyste vestigial ou du mésosalpinx), péritoneale (endométriose du cul-de-sac de Douglas), digestive (cancer du côlon ou du sigmoide, sigmoïdite)
–origine utérine : cancer de l’endomètre, adénomyose et grossesse
–origine ovarienne : cancer de l’ovaire, endométriose
Connaître la fréquence des fibromes : c’est la plus fréquente des tumeurs de l’utérus ; 20 à 30 % des femmes de plus de 35 ans en sont atteintes
Connaître les symptômes liés aux fibromes :
–le fibrome utérin se manifeste le plus souvent par des ménorragies, qui sont le signe révélateur et le plus pathognomonique
–il peut aussi se manifester par des métrorragies, une dysménorrhée, une pesanteur pelvienne, ou des symptômes en relation avec une compression des organes de voisinage, une perception d’une masse abdominale d’apparition progressive et parfois des douleurs pelviennes liées à des complications ou troubles vasculaires associés
Connaître les complications possibles des fibromes :
–le fibrome peut être le siège de complications hémorragiques douloureuses (nécrobiose aseptique en particulier), et mécaniques, essentiellement par compression des organes de voisinage
–on peut également observer des complications gravidiques : stérilité, nécrobiose aseptique avec risque d’accouchement prématuré, et des complications au cours de l’accouchement
Connaître la fréquence des kystes ovariens :
–les kystes fonctionnels de l’ovaire constituent la plus fréquente des tuméfactions pelviennes de la femme en période d’activité génitale. Les kystes organiques sont le plus souvent bénins
–20 % des tumeurs ovariennes sont malignes ou borderline, et le risque de cancer augmente avec l’âge
Connaître les symptômes liés aux kystes ovariens : il n’existe pas de symptomatologie spécifique des kystes de l’ovaire. Mais dans plus de 50 % des cas, le kyste de l’ovaire est latent, et est découvert lors d’un examen clinique ou d’une échographie réalisée pour une autre raison. Parfois, le kyste de l’ovaire est découvert à l’occasion d’une complication
Connaître les complications possibles des kystes ovariens :
–les principales complications sont la torsion, qui se manifeste par une douleur pelvienne aiguë, avec défense abdominale et qui nécessite une intervention chirurgicale en urgence
–les autres complications sont l’hémorragie intrakystique, la rupture de kyste, l’infection et rarement la compression des organes pelviens adjacents. On peut également observer des complications obstétricales
Le toucher vaginal est le temps essentiel de l’examen clinique en cas de tuméfaction pelvienne chez la femme
Connaître les éléments cliniques liés aux fibromes :
–un utérus globalement augmenté de volume correspond le plus souvent à un ou à des fibromes interstitiels ou sous-séreux (dimensions en centimètres, régularité des contours ou existence de voussures qui déforment ses contours)
–une masse latéro-utérine dépendante de l’utérus et aux contours réguliers correspond le plus souvent à un fibrome sous-séreux sessile
Connaître les éléments cliniques liés aux kystes ovariens : une masse latéro-utérine
Connaître les deux principaux examens radiologiques complémentaires à réaliser en cas de tuméfaction pelvienne et leur hiérarchisation (1re-2e intention) :
–l’échographie pelvienne par voie transpariétale et par voie transvaginale est l’examen complémentaire à demander en premier. Elle permet de préciser la structure de la tumeur, solide, liquide ou hétérogène, de la mesurer et de la localiser
–l’IRM est l’examen de seconde intention lorsque l’échographie est insuffisante, ou devant toute masse utérine de plus de 10 cm ou tous fibromes en nombre supérieur à 5, et devant toutes masses complexes ou indéterminées par échographie
–l’IRM est également justifiée en seconde intention devant toute tumeur solide de l’ovaire, qui est par définition suspecte, et devant toute tumeur mi-solide, mi-liquide de l’ovaire
–en cas de tuméfaction ovarienne liquide. Si tous les critères de bénignité ne sont pas réunis, il faut pratiquer une IRM ou une cœlioscopie
Description des éléments du pelvis et du périnée :
–le pelvis est un compartiment de la cavité abdominale situé entre le détroit supérieur (ligne entre le bord supérieur du pubis et le promontoire) et le plancher pelvien musculaire principalement représenté par le muscle levator ani. Il contient chez la femme le bas appareil urinaire, l’appareil génital et l’appareil digestif
–le périnée est situé au-dessous du pelvis (sous le plan du muscle levator ani). Il contient l’orifice vulvaire, l’orifice anal et les fosses ischiorectales
–le plancher pelvien est défini comme l’ensemble des structures musculo-aponévrotiques fermant en bas le petit bassin (ou pelvis)
Définir le prolapsus génital de la femme : le prolapsus génital de la femme est une protrusion d’un ou plusieurs organes pelviens dans la cavité vaginale, voire extériorisés par l’orifice vulvaire, apparaissant ou s’accentuant à la poussée abdominale. Cette protrusion se fait dans une hernie de la paroi vaginale (colpocèle) qui peut intéresser sa face antérieure, sa face postérieure ou son apex
Définir les compartiments du prolapsus :
–selon le compartiment incriminé, on peut observer : une cystocèle (prolapsus de l’étage antérieur, se présentant à l’examen clinique comme un bombement de la paroi antérieure du vagin), une hystérocèle ou prolapsus utérin (prolapsus de l’étage moyen avec descente du col utérin voire éversion complète de l’utérus), ou une rectocèle (prolapsus de l’étage postérieur, se présentant à l’examen clinique comme un bombement de la paroi postérieure du vagin)
–l’élytrocèle est une protrusion du contenu abdominal par l’intermédiaire du cul-de-sac de Douglas
Citer les diagnostics différentiels du prolapsus génital de la femme : les principaux diagnostics différentiels sont : le prolapsus rectal, les tumeurs de la paroi antérieure du vagin, l’allongement hypertrophique du col utérin, et une caroncule urétrale
Avoir une idée de la fréquence du prolapsus clinique et anatomique : les prolapsus des organes pelviens sont fréquents. Leur prévalence est de 2,9 à 11,4 % lorsqu’on utilise un questionnaire pour le dépistage. Les questionnaires ne permettent de dépister que les prolapsus symptomatiques tandis que l’examen clinique est descriptif de l’anatomie et évalue la prévalence des prolapsus de 31 à 97 %
Connaître les signes cliniques du prolapsus :
–le prolapsus est souvent non symptomatique
–la gêne la plus typique est une boule vaginale, voire une pesanteur, mais non douloureuse
–des signes urinaires, anorectaux, sexuels peuvent l’accompagner, mais ne sont pas spécifiques du prolapsus

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Définitions
A Sexe, genre, sexualité

Le terme « sexe » peut désigner plusieurs concepts dont les définitions varient selon les contextes : sexe légal (l’état civil), sexe psychique (l’identité sexuelle), sexe libidinal (l’orientation sexuelle) ou sexe biologique. Le sexe biologique recouvre – là encore – un ensemble de composantes : sexe chromosomique, sexe gonadique, sexe périnéal, sexe hormonal, sexe somatique.

À ce sexe biologique, la socialisation et l’éducation des individus associent un rôle, un comportement sexuel, une expression, des attributs. Cette représentation sociale du sexe est désignée sous le terme de « genre ».

Enfin la sexualité désigne communément le fait d’« avoir » ou de « faire » du sexe. Elle englobe le sexe, les identités et les rôles liés au genre, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction. Elle est influencée par l’interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels.

B Médicalisation de la sexualité et enjeux de reconnaissance
La sexologie prend son essor au XXe siècle, sous l’impulsion notamment des travaux de Masters et Johnson (1966). Ces derniers ont contribué à l’autonomisation d’une fonction sexuelle en séparant la sexualité du domaine de la reproduction, et lui donnant comme finalité nouvelle de sa définition l’obtention du plaisir.

En 1975, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé sexuelle comme un « état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité ». Le statut culturel de la sexualité se modifie dans cette deuxième moitié du XXe siècle et devient une composante à part entière de la santé, déplaçant également ses critères de normativité.

La médicalisation de la sexualité pose la question de l’influence des normes et des valeurs des médecins dans leur approche de la sexualité, et interroge l’éthique médicale fondée sur la notion de consentement.

La reconnaissance médicale d’une dysfonction sexuelle correspond à la distinction du normal et du pathologique dans le champ de la sexualité. Cette distinction doit viser à obtenir la meilleure santé sexuelle possible pour « un(e) individu(e) », par « une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence » (OMS, 2006).

Une sexualité est considérée « normale » non pas en fonction des activités dont elle est constituée, mais lorsque la réponse sexuelle satisfait celui ou celle qui la vit, sans porter préjudice aux partenaires, à l’entourage ou à la société.

Il n’y a ainsi pas lieu de médicaliser un dysfonctionnement de la réponse sexuelle ou un trouble du comportement sexuel lorsque l’individu(e) qui le vit s’en satisfait.

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Physiologie
Un modèle de la réponse physiologique à une stimulation sexuelle a été théorisé et proposé par Masters et Johnson selon un modèle linéaire comprenant quatre phaseExcitation : pouvant survenir à la suite d’un stimulus mental ou physique, cette phase se caractérise physiologiquement par un mécanisme vasculaire, résultant en une augmentation du rythme cardiaque, de la fréquence respiratoire et de la pression artérielle.
–Chez l’homme, le pénis passe classiquement d’un état flaccide à un état de tumescence ou d’érection.
–Chez la femme, le clitoris et la vulve se gonflent et le vagin produit un liquide lubrifiant.
*Plateau : phase d’excitation précédant l’orgasme, cette phase se caractérise par un maintien et un renforcement des mécanismes de l’excitation par la poursuite des stimulations corticales (psychologiques) et médullaires (physique).
*Orgasme : l’orgasme correspond à une sensation de plaisir intense survenant à la fin de la phase de plateau. Il s’accompagne de cycles rapides de contractions des muscles périnéaux.
–Chez l’homme, il peut être pénien ou prostatique. L’orgasme pénien est souvent accompagné d’une éjaculation, mais ces deux mécanismes sont distincts et peuvent survenir respectivement l’un sans l’autre. L’éjaculation correspond à l’expulsion de sperme par le méat urétral selon une phase d’émission (sécrétion du liquide séminal, fermeture du col vésical), puis une phase d’expulsion (contraction rythmique des muscles péri-urétraux et périnéaux).
–Chez la femme, l’orgasme clitoridien s’accompagne de contractions utérines et vaginales, possiblement d’éjaculation, et peut être multiple.
*Résolution : la phase de résolution survient après l’orgasme et s’accompagne notamment d’un relâchement musculaire, d’une baisse de la pression artérielle, d’une détumescence du pénis/du clitoris. Elle est suivie d’une période réfractaire au cours de laquelle un nouveau cycle de réponse sexuelle ne peut être débuté.
Ce modèle linéaire en quatre phases présente des limites, notamment la séparation difficile des entités « désir » et « excitation », l’accent sur la notion d’excitabilité, et la non-prise en compte des paramètres psychologiques. Un modèle circulaire de la réponse sexuelle féminine a ainsi été proposé par Basson (2001) pour mieux rendre compte de la physiopathologie des dysfonctions sexuelles féminines (fig. 6.2).

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Dysfonctions sexuelles
A Recherche d’une dysfonction sexuelle à l’interrogatoire

La mise en œuvre d’une santé sexuelle doit disposer d’une compréhension globale de la sexualité, qui doit être explorée lors de l’interrogatoire. Le/la praticien(ne) doit ainsi s’intéresser à quatre grandes composantes de la sexualité.

1 Les relations sexuelles – Le couple
Le lieu d’expression de la sexualité, qu’il soit au sein d’un couple ou exprimé dans d’autres types de relations, peut être sujet à de nombreux dysfonctionnements (conjugopathies, perte de sécurité affective) pouvant limiter l’épanouissement de la sexualité.

2 L’intégrité physiologique
Certaines altérations anatomiques ou fonctionnelles peuvent restreindre la séquence d’événements physiologiques à l’origine de la réponse sexuelle, et doivent être recherchées à l’interrogatoire (cf. Causes organiques de dysfonctions sexuelles, tableau 6.1).

Tableau 6.1

Étiologies des dysfonctions sexuelles.

Type de dysfonction sexuelle Causes organiques Autres étiologies
Troubles de l’éjaculation Anéjaculation ou ejaculation retardée
Causes neurologiques centrales (sclérose en plaques [SEP], lésion médullaire) et périphériques (diabète) Hypogonadisme
Intoxication éthylique/stupéfiants
latrogénie médicamenteuse (psychotropes, tramadol, antihypertenseurs d’action centrale, inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine [ISRS]) Iatrogénie chirurgicale (prostatectomie totale, traitement chirurgical d’un adénome prostatique)
Dépression
Contexte relationnel défavorable
Peur de l’engagement
Éjaculation rétrograde
Causes neurologiques centrales (SEP, lésion médullaire) et périphériques (diabète)
Hypothyroïdie
latrogénie médicamenteuse (alpha-bloquants)
latrogénie chirurgicale (interventions rétropéritonéales : curage lomboaortique, traitement de l’adénome prostatique)

Éjaculation prématurée	 Hyperthyroïdie Causes neurologiques : lésion du cône terminal Trouble anxiété sociale Difficulté à la communication émotionnelle Dépression
Hypospermie	 Dysfonctionnement des vésicules séminales Mutation gène CFTR Éjaculations fréquentes Troubles du désir	 Dysthyroïdie Syndrome métabolique Andropause, ménopause Troubles vésicosphinctériens Troubles anorectaux latrogénie médicamenteuse (psychotropes, hormonothérapie [antiandrogènes, anti-aromatases]) Maladies chroniques (cancer, douleurs) Troubles génitosexuels associés (dysfonction érectile) Stress ; anxiété Dépression Altération de l’image de soi Modification du schéma corporel Expérience sexuelle traumatisante Faible niveau d’éducation sexuelle Troubles de l’excitation	 Causes neurologiques (SEP, lésion médullaire) et périphériques (diabète) Facteurs de risque cardiovasculaire Iatrogénie médicamenteuse (psychotropes) Iatrogénie chirurgicale (chirurgie pelvienne) Autres iatrogénies (radiothérapie pelvienne) Maladies chroniques (cancer, douleur) Stress ; anxiété Dépression Expérience sexuelle traumatisante Maltraitance dans l’enfance Contexte relationnel défavorable Faible niveau d’éducation sexuelle Troubles de l’orgasme	 Anorgasmie ou hypo-orgasmie Causes neurologiques centrales (SEP, lésion médullaire) et périphériques (diabète) Facteurs de risque cardiovasculaire : –iatrogénie médicamenteuse (psychotropes) –iatrogénie chirurgicale (chirurgie pelvienne) –autres iatrogénies (radiothérapie pelvienne) –maladies chroniques (cancer, douleur, suites d’interventions chirurgicales lourdes…) Stress ; anxiété Dépression Précarité affective Sentiment de culpabilité Peur de l’engagement Altération de l’image de soi Faible niveau d’éducation sexuelle Dysorgasmie	 Troubles vésicosphinctériens Troubles anorectaux Chirurgie pelvienne Dysfonctions sexuelles avec douleurs	 Infections (herpès, mycose, condylome, etc.) Sécheresse vaginale (hypoestrogénie liée à l’âge ou iatrogène [anti-aromatases], antécédent de radiothérapie ou de curiethérapie) Traumatisme obstétrical
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L’intégrité psychologique
De même, une séquence d’événements psychologiques et émotionnels est nécessaire au déroulement d’une réponse sexuelle satisfaisante. Les atteintes psychologiques pouvant altérer la réponse sexuelle sont multiples (traumatisme, abus sexuel, non-respect du consentement, difficultés liées à un projet de procréation, image de soi, stress professionnel, etc.) et doivent également être recherchées.

4 L’environnement
La sexualité s’inscrit dans un environnement qui peut être influencé par des facteurs sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels. Des normes ou des contraintes en lien avec cet environnement peuvent exercer une influence importante sur la sexualité. L’interrogatoire doit ainsi permettre de bien comprendre l’environnement dans lequel s’exerce la sexualité.

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Étiologies d’une dysfonction sexuelle (tableau 6.1)
C. Sémiologie des principales dysfonctions sexuelles

1 Troubles du désir (hommes et femmes)
Expression d’une plainte associée à la diminution ou une absence, persistante ou répétée, de désir, de pensées sexuelles/érotiques ou de fantasmes. Les motivations pour atteindre une excitation sexuelle sont rares ou absentes. Le manque d’intérêt sexuel est présent au-delà d’une diminution normale au cours de la vie ou des relations.

Il existe plusieurs limites au diagnostic de trouble du désir, notamment sociales (pathologisation d’un faible désir sexuel ou de l’asexualité), scientifiques (définition imprécise des critères diagnostiques de souffrance associée ou de durée du trouble), et relationnelles (la baisse du désir est un diagnostic individuel d’un trouble relationnel, le désir étant toujours diminué par rapport à celui du/de la ou des partenaires.

2 Troubles de l’excitation (hommes et femmes)
Expression d’une plainte associée à l’incapacité, persistante ou répété, à atteindre ou maintenir jusqu’à l’acte sexuel une réponse sexuelle adéquate. Le trouble de l’excitation peut être psychique, physique, ou combiné :

*trouble subjectif de l’excitation (excitation psychique) : absence ou diminution marquée du sentiment d’excitation sexuelle, à la suite de tout type de stimulation sexuelle. Il n’est pas forcément associé à un trouble de l’excitation physique (une réponse physique de type érection ou lubrification vaginale peut survenir);
*trouble génital de l’excitation (excitation physique) : absence ou altération de l’excitation sexuelle génitale. Une réponse sexuelle psychique peut néanmoins survenir à partir de stimulations sexuelles non génitales.
–Chez la femme, il se caractérise par une faible tumescence de la vulve et du clitoris et par un défaut de lubrification vaginale.
–Chez l’homme, il se caractérise par une insuffisance érectile (cf. Item 126, chapitre 9).
3 Troubles de l’orgasme (hommes et femmes)
Expression d’une plainte associée à l’absence, la survenue retardée, ou la diminution marquée de l’orgasme ou des sensations orgasmiques, malgré une excitation sexuelle élevée et ce quel que soit le type de stimulation.

Cette définition souligne le critère diagnostique d’excitation sexuelle adéquate, pour différencier un trouble de l’orgasme avec un trouble du désir.

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Troubles de l’éjaculation (hommes)

*Éjaculation retardée : elle est définie par l’absence, la survenue retardée, ou la diminution marquée de la fréquence de l’éjaculation, éprouvées dans toutes ou presque toutes les occasions d’activité sexuelle.
*Éjaculation prématurée (EP), définie par :
–une perception subjective persistante et récurrente de perte de contrôle du mécanisme d’éjaculation en présence de stimuli érotiques appropriés;
–une détresse subjective, liée à l’EP, induite chez le patient et une insatisfaction sexuelle ou une anorgasmie liée à l’EP chez la/le partenaire;
–un temps de latence éjaculatoire court, qu’il soit perçu subjectivement par le patient et la/le partenaire, ou objectivement mesuré comme étant inférieur à 180 secondes (généralement).
*Éjaculation rétrograde ou anéjaculation : caractérisée par l’absence d’éjaculation avec orgasme conservé. L’origine est souvent organique (cf. tableau 6.1) mais peut être psychogène.
*Hypospermie : définie par un volume de sperme < 1,5 ml à l’éjaculation.
*Éjaculation douloureuse : caractérisée par la survenue de douleur lors de l’éjaculation, elle peut être la conséquence d’une prostatite aiguë ou chronique.
*Hémospermie : symptôme le plus souvent bénin, il faut toutefois éliminer un cancer de la prostate chez l’homme vieillissant. Elle est fréquemment observée dans les suites de biopsies de la prostate à visée diagnostique.
5 Troubles sexuels douloureux (femmes)

*Dyspareunie : douleurs persistantes ou récurrentes lors d’une tentative de pénétration vaginale ou d’un rapport sexuel vaginal avec un pénis. Les dyspareunies peuvent se présenter comme des douleurs vaginales et/ou pelviennes superficielles ou profondes.
*Vaginisme : difficultés persistantes ou récurrentes à permettre l’entrée vaginale d’un pénis, d’un doigt et/ou de tout objet, malgré le souhait exprimé par la femme. Il y a souvent un évitement (phobique), une contraction involontaire des muscles pelviens et une anticipation/peur/expérience de la douleur.
*Vulvodynie : inconfort vulvaire chronique, souvent décrit par des sensations de brûlures douloureuses, sans lésions objectives ou atteinte neurologique associées

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Prise en charge
La prise en charge d’une dysfonction sexuelle est globale, en s’intégrant notamment dans un modèle biopsychosocial.

L’évaluation clinique initiale doit se faire en un lieu et temps dédiés, selon une attitude d’écoute, positive, sans jugement. Elle doit permettre :

*d’appréhender les différentes composantes et influences de la sexualité;
*de déterminer si la dysfonction sexuelle est primaire (de tout temps) ou secondaire (acquise), généralisée ou situationnelle (survenant alors selon certains types de stimulations, de situations, de partenaires) et de déterminer sa sévérité, selon l’intensité de la souffrance associée;
*de réaliser un examen clinique ciblé du patient;
*de définir le plus précisément possible la dysfonction sexuelle et un objectif thérapeutique en lien avec la demande de l’individu(e) ou du couple.
La prise en charge est ensuite adaptée spécifiquement aux dysfonctions sexuelles et objectifs thérapeutiques identifiés. Ses modalités vont faire appel à :

*un travail d’autonomisation de la personne sur sa sexualité, soutenu par une information et une éducation sexuelle (éducation sur l’anatomie, enseignement de techniques appropriées de stimulation/masturbation);
*la prise en charge des causes organiques en lien avec les professionnels concernés (urologue, gynécologue, psychologue, endocrinologue, andrologue, sexologue, kinésithérapeutes, etc.) et dans le cadre d’une approche multidisciplinaire;
*la recherche et la prise en charge des éventuels troubles associés (troubles mictionnels par exemple);
*une approche psychosexologique pouvant mettre en jeu :
–psychothérapie de soutien,
–approche cognitivocomportementale (prise de conscience comportementale, sensorielle et émotionnelle),
–prise en charge relationnelle (thérapie de couple);
*un apport médicamenteux ou chirurgical si besoin;
*la mise en place d’un suivi pouvant inclure le/la partenaire.

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Résumé

Rang Intitulé Descriptif
Connaître les définitions : genres, sexualités et société. Enjeux de reconnaissance et médicalisation
Le sexe biologique recouvre un ensemble de composantes : chromosomique, gonadique, perineale, hormonale, somatique
La représentation sociale (un rôle, des comportements) associée au sexe biologique constitue le genre
La sexualité désigne communément le fait d’« avoir » ou « faire » du sexe.
Elle englobe le sexe, les identités et les rôles liés au genre, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction. Elle est influencée par l’interaction de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, juridiques, historiques, religieux et spirituels
Une sexualité est considérée « normale » non pas en fonction des activités dont elle est constituée, mais lorsque la réponse sexuelle satisfait celui ou celle qui la vit, sans porter préjudice aux partenaires, à l’entourage ou à la société
Connaître les quatre phases du rapport sexuel Modèle linéaire de Masters et Johnson théorise le cycle sexuel en quatre phases :
–désir/excitation
–plateau
–orgasme
–résolution
Ce modèle est théorique (donc avec certaines limites) et ne prend pas en compte les paramètres psychologiques
Connaître la sémiologie des principales dysfonctions sexuelles masculines et féminines
Troubles du désir (hommes et femmes)
Persistance d’une diminution ou absence de désir, de pensées sexuelles/érotiques ou de fantasmes. Les motivations pour atteindre une excitation sexuelle sont rares ou absentes
Troubles de l’excitation (hommes et femmes)
*Trouble subjectif de l’excitation (excitation psychique) : persistance d’une absence ou diminution marquée du sentiment d’excitation sexuelle, à la suite de tout type de stimulation sexuelle
*Trouble génital de l’excitation (excitation physique) : persistance d’une absence ou altération de l’excitation sexuelle génitale
–Chez la femme : faible tumescence de la vulve et du clitoris et un défaut de lubrification vaginale
–Chez l’homme : insuffisance érectile (cf. Item 126, chapitre 9)
Troubles de l’orgasme (hommes et femmes)
Persistance d’une absence, survenue retardée, ou diminution de l’orgasme ou des sensations orgasmiques, malgré une excitation sexuelle élevée et ce quel que soit le type de stimulation
Troubles de l’éjaculation (hommes)
*Éjaculation retardée : absence, survenue retardée, ou diminution marquée de la fréquence de l’éjaculation, éprouvées dans toutes ou presque toutes les occasions d’activité sexuelle
*Éjaculation prématurée (EP), définie par :
–une perte de contrôle du mécanisme d’éjaculation en présence de stimuli érotiques appropriés
–une détresse subjective
–un temps de latence éjaculatoire court
*Éjaculation rétrograde ou anéjaculation : absence d’éjaculation avec orgasme conservé

*Hypospermie : volume de sperme < 1,5 ml à l’éjaculation
*Éjaculation douloureuse : survenue de douleurs lors de l’éjaculation, elle peut être la conséquence d’une prostatite aiguë ou chronique
*Hémospermie : symptôme le plus souvent bénin, il faut toutefois éliminer un cancer de la prostate chez l’homme vieillissant
Troubles sexuels douloureux (femmes)
*Dyspareunie : douleur persistante lors d’une tentative de pénétration vaginale
*Vaginisme : difficultés persistantes à permettre l’entrée vaginale d’un pénis, d’un doigt et/ou de tout objet, malgré le souhait exprimé par la femme. Il y a souvent un évitement, une contraction involontaire des muscles pelviens et une anticipation/peur/expérience de la douleur
*Vulvodynie : inconfort vulvaire chronique, souvent décrit par des sensations de brûlures douloureuses, sans lésions objectives ou atteinte neurologique associées
Connaître les éléments de l’interrogatoire permettant d’identifier les troubles de la sexualité
L’interrogatoire va explorer les quatre grandes composantes de la sexualité :
– les relations sexuelles/le couple
Le lieu d’expression de la sexualité, qu’il soit au sein d’un couple ou exprimé dans d’autres types de relations, peut être sujet à de nombreux dysfonctionnements (conjugopathies, perte de sécurité affective) pouvant limiter l’épanouissement de la sexualité
Connaître les quatre composantes impliquées dans la sexualité
– l’intégrité physiologique
Recherche des causes organiques de dysfonctions sexuelles (cf. tableau 6.1)
– l’intégrité psychologique
Recherche d’atteintes psychologiques pouvant altérer la réponse sexuelle (traumatisme, abus sexuel, non-respect du consentement, difficultés liées à un projet de procréation, image de soi, stress professionnel, etc.)
– l’environnement
Des normes ou des contraintes en lien avec l’environnement (social, économique, politique, culturel, juridique, historique, religieux et spirituel) peuvent exercer une influence importante sur la sexualité
Connaître les causes organiques des dysfonctions sexuelles masculines et féminines
Causes neurologiques : centrales (sclérose en plaques [SEP], lésion médullaire) et périphériques (diabète)
Causes hormonales : hypogonadisme, dysthyroïdie, andropause, ménopause
Causes cardiovasculaires : syndrome métabolique
Causes fonctionnelles : troubles vésicosphinctériens ; troubles anorectaux
Maladie chronique : cancer, antécédent de chirurgie lourde
Iatrogénie médicamenteuse : psychotropes, tramadol, antihypertenseurs d’action centrale, inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS), alpha-bloquants, hormonothérapie (antiandrogènes, anti-aromatases)
Iatrogénie chirurgicale/ionisante : prostatectomie totale, traitement chirurgical d’un adénome prostatique, interventions rétropéritonéales, radiothérapie pelvienne
Intoxication : éthylique, stupéfiants
Connaître les autres étiologies des principales dysfonctions sexuelles
Causes liées au soi : dépression, trouble de l’anxiété sociale, stress, altération de l’image de soi
Causes relationnelles : contexte relationnel défavorable, difficultés de communication, précarité affective
Autres : faible niveau d’éducation sexuelle, expérience sexuelle traumatisante
Savoir orienter la prise en charge d’un couple présentant des troubles de la sexualité
Prise en charge globale, modèle biopsychosocial
Évaluation clinique initiale permet :
–d’appréhender les différentes composantes et influences de la sexualité
–de réaliser un examen clinique ciblé du patient
–de définir le plus précisément possible la dysfonction sexuelle et un objectif thérapeutique en lien avec la demande de l’individu(e) ou du couple
Modalités de la prise en charge :
–information et éducation sexuelle
–recherche et prise en charge des causes organiques
–recherche et prise en charge de troubles associés (troubles mictionnels par exemple)
–approche psychosexologique (psychothérapie de soutien, approche cognitivocomportementale)
–apport médicamenteux ou chirurgical si besoin
–suivi

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Pour comprendre
Les androgènes jouent un rôle crucial dans le développement et le maintien des fonctions sexuelles et reproductives masculines, de la composition corporelle, de l’érythropoïèse, de la santé musculaire et osseuse et des fonctions cognitives.

A Physiologie de l’axe gonadotrope

*La double fonction des testicules est importante :
–la fonction exocrine assure la spermatogenèse à partir des cellules germinales, dans la paroi des tubes séminifères;
–la fonction endocrine assure la sécrétion de la testostérone par les cellules de Leydig.
*La sécrétion par l’hypophyse des gonadostimulines (fig. 7.1)–hormone lutéinisante (LH), qui stimule la sécrétion de la testostérone par les cellules de Leydig;
–hormone folliculostimulante (FSH), qui active indirectement la spermatogenèse en stimulant les cellules de Sertoli.
* L’hypophyse est sous le contrôle de l’hypothalamus :
–sécrétion pulsatile de GnRH;
–rétrocontrôle négatif de la testostérone sur la LH et de l’inhibine B sur la FSH et de la GnRH.
*L’avancée en âge est responsable d’une diminution de la capacité de stéroïdogenèse des testicules (diminution du nombre de cellules de Leydig), d’une altération du fonctionnement de l’hypothalamus (réduction de l’amplitude des pulses de GnRH) et d’une baisse de la concentration des récepteurs des androgènes.

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ifférentes fractions de la testostérone
Il existe trois types de testostérone :

*une partie de la testostérone est fixée à la SHBG, protéine de transport dédiée qui représente les deux tiers de la testostérone totale;
*une autre partie de la testostérone est liée à l’albumine et représente 38 % de la testostérone totale. Il s’agit de la fraction biologiquement inactive mais plus facilement mobilisable que celle liée à la SHBG;
*la testostérone libre (soit 2 % de la testostérone totale) qui est en réalité la forme véritablement active.
Concernant les dosages biologiques :

la testostérone totale : elle correspond au dosage le plus accessible en pratique courante. Elle va doser en réalité les trois fractions de la testostérone. Elle ne reflète pas la fraction réellement active. La valeur du dosage dépend des variations de la SHBG et la norme est établie entre 3,5 et 10 ng/ml (12-35 nmol/l);

*la testostérone libre : elle correspond à la fraction biologiquement active de la testostérone.
Son calcul permet d’évaluer au mieux l’imprégnation androgénique de l’individu car la méthode de dosage est inutilisable en routine;

  • la testostérone biodisponible : elle permet d’apprécier l’androgénicité du sujet.
    Elle échappe aux fluctuations de la SHBG;

*l’index de testostérone libre : il est obtenu en divisant la testostérone totale par la SHBG. Testostérone biodisponible = testostérone libre + testostérone liée à l’albumine.

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I Définition et physiopathologie
A Définition

Le terme d’andropause est inadéquat car il n’insiste pas sur le caractère progressif et aléatoire. Il faut lui préférer celui de syndrome de déficit en testostérone lié à l’âge (SDT).

Il y a peu de similitude avec la ménopause. En effet, le SDT est inconstant et d’apparition progressive. Son incidence est d’environ 12 nouveaux cas/10 000/an, sa prévalence de 6 % entre 30 et 80 ans et augmente avec l’âge (5 % à 50 ans, 10 % à 60 ans, 15 % à 70 ans, 26 % à 80 ans).

La définition 2002 de l’International Society for the Study of the Aging Male (ISSAM) est :

*syndrome biochimique;
*associé à l’avancée en âge;
*caractérisé par une diminution des androgènes dans le sérum avec ou sans diminution de la sensibilité aux androgènes;
*altération de la qualité de vie et impact sur la fonction de plusieurs organes.
B Physiopathologie du déficit en testostérone lié à l’âge
L’avancée en âge est responsable d’une diminution de la capacité de stéroïdogenèse des testicules (diminution du nombre de cellules de Leydig), d’une altération du fonctionnement de l’hypothalamus (réduction de l’amplitude des pulses de GnRH), de l’augmentation de la SHBG (et donc de la diminution de la forme libre de la testostérone) et d’une baisse de la concentration en récepteurs des androgènes. Une diminution du taux de testostérone est permanente avec l’avancée en âge, elle est d’environ 1 % par an. La diminution, au-dessous des seuils normaux, de la testostéronémie peut entraîner une réduction de la fertilité masculine, des dysfonctionnements sexuels, une diminution de la formation musculaire et une déminéralisation osseuse, des troubles du métabolisme des graisses et des troubles cognitifs.

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Symptômes et signes cliniques
A Symptômes

1 Troubles de la sexualité

La diminution des érections nocturnes ou matinales est un signe d’appel essentiel et précoce. Au cours du SDT, la dysfonction érectile est d’origine organique. L’érection est généralement plus longue à obtenir malgré des stimuli toujours plus importants. La détumescence est également plus rapide et la phase réfractaire s’allonge. Une baisse de la libido doit être recherchée à l’interrogatoire, ainsi qu’une réduction de la fréquence des rapports sexuels. Une altération de la qualité de l’orgasme est parfois associée à ces troubles. Enfin, le patient peut signaler une réduction du volume et une faiblesse de l’expulsion du sperme.

2 Troubles vasomoteurs
Ils sont caractérisés par des bouffées de chaleur, une sudation excessive, des troubles du sommeil et une fatigabilité secondaire.

3 Troubles neuropsychologiques
Ce sont des troubles à évoquer en présence de : perte de mémoire, troubles de l’attention, diminution manifeste des capacités d’orientation dans l’espace, irritabilité, asthénie, anorexie, baisse de l’élan vital ou humeur dépressive. Tous ces symptômes sont aspécifiques, de développement insidieux et doivent retenir l’attention du clinicien.

4 Score ADAM
L’évaluation objective des symptômes se fait à l’aide du score ADAM (tableau 7.1). Un autre questionnaire est validé : le score AMS (Ageing Males’Symptoms).

Tableau 7.1

Questionnaire ADAM (androgen deficiency in aging male).

1 Éprouvez-vous une baisse du désir sexuel ?
2 Éprouvez-vous une baisse d’énergie ?
3 Éprouvez-vous une diminution de force et/ou d’endurance ?
4 Votre taille a-t-elle diminué ?
5 Avez-vous noté une diminution de votre joie de vivre ?
6 Êtes-vous triste et/ou maussade ?
7 Vos érections sont-elles moins fortes ?
8 Avez-vous noté une altération récente de vos capacités ?
9 Vous endormez-vous après le dîner ?
10 Votre rendement professionnel s’est-il réduit ?
RÉSULTATS :
*une réponse positive aux questions 1 et/ou 7 équivaut à un déficit en testostérone
*ou bien une réponse positive à au moins 3 questions

A
175
Q

ymptômes du déficit en testotérone lié à l’âge.

Symptômes/signes cliniques Fréquence
Faible libido Très fréquente
Manque d’énergie Très fréquente
Dysfonction érectile Très fréquente
Somnolence postprandiale Très fréquente
Détérioration de la mémoire Très fréquente
Perte de poils pubiens Très fréquente
Tristesse et irritabilité Fréquentes
Endurance diminuée Fréquente
Perte de poils du visage Fréquente
Problèmes au travail Fréquents
B Signes cliniques
Ils sont non spécifiques du SDT.

La diminution de la masse musculaire correspond à la sarcopénie et peut être sévère (jusqu’à 40 %) et s’accompagne d’une faiblesse musculaire. Les autres signes à rechercher sont : une obésité abdominale (associée à une augmentation de la graisse viscérale), une diminution de la pilosité (diminution de la fréquence des rasages), une atrophie cutanée, une gynécomastie, une diminution de la densité minérale osseuse, une ostéopénie, une ostéoporose, une atrophie testiculaire, un syndrome métabolique (obésité abdominale, hypertension artérielle, dyslipidémie) (fig. 7.2).

A
176
Q

Examens complémentaires
A En première intention

Il est recommandé de réaliser un dosage de la testostérone totale et biodisponible entre 8 et 11 heures du matin (cycle nycthéméral).

Le diagnostic de déficit biochimique en testostérone peut être posé devant :

*une testostérone totale < 2,3 ng/ml (8 nmol/l);
*ou une testostérone totale entre 2,3 et 3,5 ng/ml (8-12 nmol/l) et :
–une testostérone biodisponible < 0,7 ng/ml,
–une testostérone libre calculée < 0,07 ng/ml.
B En seconde intention
Un nouveau dosage de la testostérone biodisponible 2 à 4 semaines après le premier est recommandé. Les autres dosages hormonaux utiles sont :

*testostérone totale, SHBG, albumine afin de calculer la testostérone libre;
*FSH et LH.
Interprétation :

*testostéronémie basse et LH/FSH élevé : hypogonadisme testiculaire;
*testostéronémie basse et LH/FSH normal bas : hypogonadisme hypogonadotrope. Les autres examens complémentaires à demander sont :
*prolactinémie (un adénome hypophysaire à prolactine peut être responsable d’une baisse de la testostérone);
*TSHus;
*bilan préthérapeutique (cf. infra).
En cas de déficit biochimique avéré, une ostéodensitométrie peut être réalisée afin d’objectiver l’ostéopénie.

Au terme de cette évaluation, le diagnostic de déficit en testostérone lié à l’âge peut être posé devant l’association d’un déficit biochimique et d’un syndrome clinique associant des symptômes spécifiques (dysfonction érectile, baisse du désir sexuel, ostéopénie, sarcopénie, bouffées de chaleur) et des symptômes non spécifiques (asthénie, humeur dépressive, perte d’énergie et de motivation, troubles du sommeil, diminution des performances physiques, perte de mémoire et des capacités de concentration, augmentation de l’indice de masse corporelle [IMC] et de la masse grasse et anémie).

A
177
Q

Diagnostics différentiels
Il faut savoir éliminer les diagnostics suivants avant de conclure à un SDT :

*vieillissement physiologique;
*hypothyroïdie;
*hypogonadismes centraux :
–un adénome hypophysaire à prolactine,
–hypogonadisme secondaire à une maladie chronique ou à un traitement médicamenteux.

A
178
Q

Connaître la définition des différents types de dysfonction érectile et leurs étiologies
A Définition

La dysfonction érectile (DE) est définie par l’incapacité d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante pendant au moins 3 mois.

B Épidémiologie
Un homme sur trois a des troubles de l’érection après 40 ans. L’âge est un facteur de risque indépendant de DE. On estime que 70 % des couples ont une sexualité active à 70 ans. La DE est un symptôme sentinelle des maladies cardiovasculaires et notamment de coronaropathie. En effet, en cas de facteurs de risque cardiovasculaire multiples, l’athérosclérose touche l’ensemble des artères, mais les artères caverneuses sont généralement obstruées avant les coronaires. Une majorité de patients ayant eu un infarctus du myocarde avait préalablement des troubles érectiles. La prévalence de la DE augmente en cas d’HTA, de diabète, de dyslipidémie ou d’obésité.

C Types de dysfonction érectile
Deux grandes orientations étiologiques se dégagent généralement de l’interrogatoire : une origine organique ou une origine psychogène (tableau 9.1).

Tableau 9.1

Orientation étiologique vers une cause organique ou psychogène de la DE.

Origine organique prédominante Origine psychogène prédominante
Début progressif
Disparition des érections nocturnes
Conservation de la libido (sauf si hypogonadisme)
Éjaculation verge molle
Partenaire stable
Absence de facteur déclenchant
Étiologie organique évidente
Examen clinique anormal
Personnalité stable et humeur normale
Examens complémentaires anormaux
Apparition brutale
Conservation des érections nocturnes
Diminution de la libido (secondaire)
Absence d’éjaculation
Conflits conjugaux
Facteur déclenchant
Dépression
Examen clinique normal
Anxiété, troubles de l’humeur
Examens complémentaires normaux
L’origine psychogène, qui désigne les causes psychiatriques, psychologiques, socioaffectives et réactionnelles (événements de vie positifs ou négatifs) ou situationnelles (anxiété de performance).

L’origine organique concerne l’atteinte d’organes ou de tissus impliqués dans l’érection. Elle regroupe les causes neurologiques, vasculaires, hormonales, caverneuses, iatrogènes. Elle affecte en général les érections nocturnes. Une origine hormonale associe une baisse de la libido à la dysfonction érectile.

Un tableau mixte est fréquent et nécessite d’exclure toute cause organique traitable ainsi que de prendre en compte les facteurs psychologiques et situationnels associés.

Il faut aussi faire préciser au patient :

*le caractère primaire (c’est-à-dire depuis le début de la vie sexuelle) ou secondaire (c’està-dire après une période d’érections normales);
*le caractère inaugural ou réactionnel à un autre trouble sexuel;
*le caractère brutal (facteur déclenchant ?) ou progressif de la DE;
*le caractère permanent ou situationnel (en fonction du partenaire ?).
Il faut demander au patient si persistent des érections nocturnes et/ou matinales spontanées.

A
179
Q

Recherche de pathologies ou facteurs aggravant la dysfonction érectile
Les causes les plus fréquemment identifiées sont le diabète et l’athérosclérose :

*en cas de diabète, il faut vérifier l’équilibre glycémique, rechercher des complications diabétiques et explorer les autres facteurs de risque cardiovasculaire;
en cas de pathologie athéromateuse, on recherchera : une artériopathie des membres inférieurs, une cardiopathie ischémique, un anévrisme de l’aorte abdominale ou un antécédent d’accident vasculaire cérébral.
Les nombreux autres états, antécédents, facteurs favorisants ou pathologies à rechercher sont (fig. 9.1) :
abdominopelviens : antécédents chirurgicaux, irradiation, traumatisme;
*neurologiques : neurodégénératifs, vasculaires, épileptiques, médullaires;
*endocrinologiques : déficit androgénique lié à l’âge, dysthyroïdie, maladie d’Addison;
*hématologiques : drépanocytose, thalassémie, hémochromatose;
*troubles du sommeil : syndrome d’apnées du sommeil, insomnie;
*médicamenteux : antidépresseurs, neuroleptiques, β-bloquants non sélectifs, antialdostérone, thiazidiques, inhibiteurs de la 5α-réductase, antiandrogènes;
*addictifs : alcool, drogues;
*psychiatriques : dépression, psychoses.
Il faut aussi être capable d’identifier une anxiété de performance sexuelle et tracer des événements de vie négatifs (chômage, décès, infertilité, divorce) ou positifs (naissance, promotion, nouvelle rencontre) dans les 6 mois avant l’apparition des troubles.

A
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Q

Connaître les structures anatomiques et les mécanismes de l’érection
A Anatomie de l’érection

1 Corps érectiles (fig. 9.2)

L’érection désigne l’état de rigidité des corps caverneux du pénis. Les corps caverneux sont deux structures cylindriques adjacentes et séparées par un septum perméable. Telles des « éponges vasculaires actives », ils sont organisés en travées conjonctives et élastiques soutenant des cellules musculaires lisses. Ces travées délimitent des alvéoles tapissées par des cellules endothéliales : les espaces sinusoïdes.

Vascularisation
Les artères caverneuses sont des branches des artères pudendales internes provenant de l’artère iliaque interne. Le drainage veineux est assuré par un réseau profond qui draine les espaces sinusoïdes et qui conflue vers la veine dorsale profonde puis vers le plexus veineux de Santorini et les veines pudendales qui se terminent dans les veines iliaques internes.

3 Voies nerveuses
Les nerfs caverneux sont des rameaux terminaux du plexus hypogastrique inférieur. Ils cheminent sur les côtés du rectum et de la prostate, sous la symphyse pubienne et gagnent le hile du pénis.

À l’état flaccide, l’influx sympathique provenant de la moelle thoracolombaire maintient le muscle lisse contracté, ce qui limite l’ouverture des espaces sinusoïdes. À l’état rigide, l’influx parasympathique provenant de la moelle sacrée aboutit à une libération de monoxyde d’azote et permet la relaxation musculaire lisse et l’ouverture des espaces sinusoïdes.

Le système somatique assure la transmission de la sensibilité du gland et de la peau par le nerf dorsal du pénis puis le nerf pudendal, permettant le déclenchement d’érections dites « réflexes ». Il assure également la motricité de muscles périnéaux.

L’érection résulte donc d’une balance entre deux influx autonomes antagonistes (rigidité/ flaccidité) ainsi que d’une composante somatique. L’ensemble est également sous contrôle supramédullaire puisque l’hypothalamus module ces équilibres et que le cortex limbique (associé au plaisir) intègre les stimulations cérébrales en fonction de l’état psychologique.

4 Muscles périnéaux
La contraction volontaire des muscles ischiocaverneux permet d’accroître la pression dans les corps caverneux. Les contractions rythmées du muscle bulbospongieux sont impliquées dans l’expulsion du sperme lors de l’éjaculation.

A
181
Q

Physiologie de l’érection
La relaxation musculaire lisse permet l’ouverture des espaces sinusoïdes (fig. 9.3).Le mécanisme veino-occlusif est représenté par la compression des veines sous-albuginéales.

On distingue trois types d’érections :

*réflexe, survenant suite à une stimulation locale, sensitive génitale;
*psychogène, en réponse à une stimulation cérébrale : visuelle, auditive, fantasmatique, etc.;
*nocturne, accompagnant les phases de sommeil paradoxal.
Les mécanismes aboutissant aux érections sont communs quel que soit le type d’érection. Les nerfs caverneux, branches du plexus pelvien libèrent du monoxyde d’azote (NO) à leur terminaison. Le NO entraîne alors une complexe cascade moléculaire impliquant notamment la phosphodiestérase de type 5 (PDE5) et aboutissant à la relaxation des cellules musculaires lisses des corps caverneux. Cette relaxation ouvre les espaces sinusoïdes qui se gorgent de sang artériel, ce qui comprime les veines sous-albuginéales et s’oppose au retour veineux par un mécanisme veino-occlusif passif. Les cellules endothéliales qui tapissent la surface des espaces sinusoïdes sont étirées par ce remplissage et secrètent du NO qui participe au maintien de l’érection. En cas de dysfonction endothéliale (diabète, hypertension artérielle [HTA], dyslipidémie, tabac), c’est le NO endothélial qui fait défaut et altère la qualité de l’érection.

Le nerf dorsal du pénis transmet vers la moelle sacrée (S2, S3, S4) les informations sensitives issues du pénis. Les érections réflexes disparaîtront en cas de lésions bilatérales de ces nerfs, lors d’une fracture complexe du bassin par exemple.

A
182
Q

Conséquences sur la prise en charge
Des précédentes connaissances anatomophysiologiques découlent de grands principes de prise en charge. En 1re intention :

*information : explications physiopathologiques personnalisées, déculpabilisation;
*soutien psychologique : écoute, réassurance et lutte contre l’anxiété de performance;
*hygiène de vie : sevrage tabagique, lutte contre la sédentarité, le surpoids et les addictions;
*avis cardiovasculaire : dépistage de l’athérosclérose et d’une coronaropathie;
*traitements oraux : inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5, contre-indiqués si prise de dérivés nitrés).
En 2e intention, l’administration locale de prostaglandines permet la relaxation des cellules musculaires lisses : par injections intra-urétrales (IIU), ou intracaverneuses (IIC).

A
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Q

avoir faire le bilan clinique d’une dysfonction érectile
A Diagnostic positif

Le diagnostic se pose à l’interrogatoire. Il faut poser des questions simples comme : « Avez-vous un problème d’érection (ou manque de rigidité) pendant les rapports ? »

Les patients abordent rarement le sujet spontanément mais sont prêts à répondre aux questions du médecin.

La question doit être posée par le médecin généraliste car il s’agit d’un facteur de gravité chez les patients ayant des maladies cardiovasculaires. Le risque de mourir d’un événement cardiovasculaire est deux fois supérieur chez un diabétique ou un hypertendu souffrant de DE par exemple.

La DE est également parfois un symptôme sentinelle; la présence d’une DE isolée peut être la première expression d’une maladie cardiovasculaire sous-jacente. Étant donné le diamètre des artères coronaires, la vascularisation myocardique serait atteinte secondairement par rapport à la vascularisation pénienne (fig. 9.4).

A
184
Q

Diagnostics différentiels des autres troubles sexuels
Il faut évoquer les diagnostics différentiels systématiquement à l’interrogatoire avec des questions simples portant sur :

*des troubles du désir, de la libido;
*des troubles de l’éjaculation; notamment, l’éjaculation précoce. Une ejaculation précoce secondaire peut apparaître suite aux troubles érectiles liés à l’anxiété de performance, mais une éjaculation précoce primaire peut également amener les patients à consulter uniquement lors de la survenue d’une dysfonction érectile;
*des troubles de l’orgasme;
*des douleurs lors des rapports;
*un dysfonctionnement dans le couple.
Des anomalies morphologiques, telles qu’une courbure de la verge gênant la pénétration (maladie de Lapeyronie), doivent être recherchées. Parfois, le patient peut avoir l’impression que la taille de sa verge est insuffisante.

Il existe une association fréquente entre la DE et d’autres troubles sexuels. La complexité de la prise en charge peut nécessiter un avis spécialisé.

C Caractérisation de la dysfonction érectile
Cf. § I.C. Types de dysfonction érectile.

D Sévérité de la dysfonction érectile
Le délai entre l’apparition des troubles et la consultation doit être précisé. Plus la durée est longue, plus la prise en charge sera difficile.

La capacité érectile résiduelle qui correspond à une tumescence sans rigidité suffisante pour une pénétration doit être mentionnée. La capacité érectile résiduelle est un facteur de bon pronostic.

Une évaluation simple peut se faire par le score d’érection (erection hardness score) allant de 0 à 4; ce score permet d’évaluer la rigidité de l’érection.

*Absence d’érection.
*Votre pénis est plus gros mais mou.
*Votre pénis durcit, mais pas assez pour permettre une pénétration.
*Votre pénis est dur pour la pénétration mais pas complètement dur.
Votre pénis est complètement dur.
Une évaluation par l’auto-questionnaire IIEF (International Index of Erectile Function) (fig. 9.5), version courte, qui permet de classer la DE en fonction du score obtenu, est recommandée. Elle permet de faire une évaluation simplifiée en grades de sévérité.
DE sévère : score de 5 à 10.
*DE modérée : score de 11 à 15.
*DE modérée à légère : score de 16 à 21.
*DE légère : score de 22 à 25.
*DE normale : score de 26 à 30.
Il faut aussi évoquer la possibilité d’érections provoquées (masturbation) et s’enquérir de la persistance des érections nocturnes et/ou matinales spontanée

A
185
Q

Évaluation du retentissement de la dysfonction érectile
L’impact sur la qualité de vie n’est pas obligatoirement proportionnel à la sévérité de la DE.

Il faut comprendre les raisons qui ont poussé le patient à consulter : une rencontre récente ?

Une demande de la partenaire ?

Il faut évaluer le contexte affectif actuel du patient et du couple.

Il faut se faire une idée du retentissement sur vie familiale ou professionnelle.

F État relationnel
Il faut apprécier les difficultés de couple ou l’éventuelle absence de partenaire, voire l’existence de relations extraconjugales.

Il faut obtenir des renseignements sur la/le partenaire : son âge, sa motivation sexuelle, l’existence de troubles de la sexualité, le statut hormonal (ménopause), les antécédents gynécologiques, les antécédents chirurgicaux abdominopelviens ou sénologiques et le mode de contraception utilisé.

G Recherche de pathologies ou facteurs influençant ou aggravant la dysfonction érectile
Cf. § I.D. Recherche de pathologies ou facteurs aggravant la dysfonction érectile.

H Examen clinique
1 Examen urogénital

L’examen des organes génitaux externes est un préalable indispensable en appréciant la taille et la consistance des testicules et en examinant le pénis (plaques de maladie de Lapeyronie, courbure congénitale, épispadias, hypospadias, fibrose du corps caverneux [séquelle de priapisme], pénis enfoui).

Le toucher rectal à la recherche d’une hypertrophie prostatique ou d’un cancer de la prostate est effectué après 50 ans, ou à partir de 45 ans en cas d’antécédents familiaux.

D’un point de vue général, il faut rechercher une gynécomastie et apprécier la pilosité du patient.

2 Examen cardiovasculaire
Il est indispensable avec la prise de la tension artérielle, des pouls périphériques, une auscultation cardiaque à la recherche d’un souffle et la mesure du périmètre abdominal.

3 Examen neurologique
Il comporte un examen des réflexes ostéotendineux et cutanéoplantaires, une exploration de la sensibilité des membres inférieurs et la recherche d’une anesthésie en selle.

A
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Q

V Savoir diagnostiquer une maladie de Lapeyronie
Maladie décrite par Lapeyronie, chirurgien de Louis XV (induratio penis plastica), c’est une affection bénigne observée chez 3 à 9 % des hommes. La prévalence est plus élevée chez les diabétiques (10 %) et après prostatectomie radicale (15 %) mais l’étiologie reste inconnue.

Elle concerne principalement les hommes âgés de plus de 50 ans.

Elle correspond à une fibrose localisée de l’albuginée formant une plaque.

Elle est à l’origine d’une courbure de la verge en érection (fig. 9.6). Le diagnostic est clinique et repose sur l’interrogatoire, la palpation des plaques fibreuses et la mesure de l’angle sur des photographies en érection.

Deux phases se succèdent au cours de l’histoire naturelle de la maladie :

*phase inflammatoire (plaque de novo et douleurs);
*phase cicatricielle (stabilisation de la déformation, disparition des douleurs).
Le retentissement fonctionnel sur la vie sexuelle (dysfonction érectile, gêne ou douleur à la pénétration) et le retentissement psychologique doivent être évalués.

A
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Q

Savoir identifier un priapisme
A Définition

Érection prolongée, involontaire, de plus de 4 heures, en général douloureuse, en dehors d’une stimulation sexuelle.

C’est une urgence thérapeutique car le pronostic fonctionnel est engagé. L’objectif est de préserver la fonction érectile masculine.

Sur le plan physiopathologique, on distingue le priapisme :

*ischémique, ou à bas débit, veino-occlusif : c’est le plus fréquent et urgent. Que ce soit par dysfonction musculaire lisse caverneuse ou par hyperviscosité sanguine, une stase veineuse fait obstacle au flux artériel et induit une hypoxie caverneuse. Typiquement, les corps caverneux sont rigides et douloureux, tandis que le corps spongieux (donc le gland) est flaccide;
*non ischémique, ou à haut débit, artériel : rare, en général consécutif à un traumatisme direct (chute à califourchon) responsable d’une fistule artériocaverneuse. Typiquement l’érection est incomplète, molle mais non douloureuse car non hypoxiante : l’urgence est relative;
*récidivant ou intermittent : il s’agit en fait d’épisodes d’érection prolongée de moins de 3 heures qui peuvent parfois évoluer vers un priapisme ischémique, typiquement chez le drépanocytaire. Après 4 heures de priapisme ischémique apparaissent une hypoxie, une acidose, une glucopénie, puis une nécrose des cellules musculaires lisses des corps caverneux (fig. 9.7). Cette nécrose évolue vers une fibrose qui induit dysfonction érectile et perte de longueur. L’irréversibilité des lésions dépend de la durée du priapisme, de son étiologie mais également de la fonction érectile préexistante.

A
188
Q

Chez le patient drépanocytaire, il s’agit d’un équivalent de crise drépanocytaire à considérer comme une urgence hématologique.

B Diagnostic
Il s’agit en priorité de différencier le mécanisme (ischémique ou non ischémique), puis d’identifier des causes et d’évaluer la fonction érectile préalable.

  1. Examen clinique

*Tumescence douloureuse.
*Durée de l’érection.
*Évaluation de la fonction érectile préexistante.
*Antécédent de priapisme.
*Utilisation de thérapies érectogènes (IIC, IPDE5, etc.).
*Antécédents d’hémoglobinopathies.
*Rechercher un traumatisme.
2 Gaz du sang caverneux
L’analyse des gaz du sang caverneux permet de faire la distinction entre priapisme ischémique et non ischémique (tableau 9.2). Elle révèle l’apparition d’une hypoxie et d’une acidose dès 6 heures.

Tableau 9.2

Interprétation des gaz du sang des corps caverneux.

pO2	pCO2	pH Ischémique	< 30 mmHg	> 60 mmHg	< 7,25 Non ischémique	> 50 mmHg	< 40 mmHg	> 7,35 pCO2 : pression partielle en dioxyde de carbone ; pO2 : pression partielle d’oxygène ; pH : potentiel hydrogène.

C Connaître les causes du priapisme
Les causes peuvent être :

*iatrogènes : injections intracaverneuses (IIC) +++, psychotropes, anesthésiques;
*hématologiques : drépanocytose (probabilité d’avoir un priapisme en cas de drépanocytose : 30 à 40 %), leucémie myéloïde chronique, trouble de la coagulation;
*tumorales : tumeur caverneuse (primitive ou métastatique), compression extrinsèque (tumeurs pelviennes);
*neurologiques : lésions médullaires, tumeurs cérébrales, épilepsie;
*traumatiques : sur le pénis ou le périnée;
*toxiques : cocaïne, intoxication alcoolique aiguë;
*idiopathique.

A
189
Q

Connaître le bilan de première intention d’une dysfonction érectile
En première intention devant toute dysfonction érectile, il faut effectuer :

*une glycémie à jeun et une hémoglobine glyquée en cas de patient diabétique connu;
*un bilan lipidique : cholestérol total, HDL, triglycérides;
*une testostéronémie totale et biodisponible chez les hommes de plus de 50 ans en cas de symptômes évocateurs de déficit en testostérone (asthénie, baisse de la libido, atrophie testiculaire, sueurs anormales, gynécomastie);
*en l’absence de bilan biologique récent, dans les cinq dernières années, demander : NFS, créatininémie, ionogramme et un bilan hépatique;
*le PSA total est dosé en fonction des symptômes et de l’examen prostatique et dès lors qu’une androgénothérapie est envisagée (contre-indication en cas de cancer de la prostate).
Un bilan minimum initial est recommandé avec interrogatoire et examen physique et dosage d’une glycémie à jeun et un bilan lipidique.

En cas de déficit androgénique, un dosage des gonadotrophines doit être réalisé, ainsi qu’un dosage de prolactine en cas de déficit hypophysaire.

Un dosage de la TSH sérique peut être prescrit s’il existe des signes évocateurs (hypo- ou hyperthyroïdie).

L’apparition récente d’une dysfonction érectile chez un patient ayant des comorbidités et facteurs de risque cardiovasculaire nécessite un avis cardiologique.

L’importance de la composante psychologique doit être évaluée (anxiété de performance).

A
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Q

ng Descriptif
Définition :
–incapacité d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante pendant au moins 3 mois
–on distingue : DE psychogène, DE organique ou DE mixte. La DE d’origine organique inclut les causes artérielles, neurogéniques, hormonales et iatrogènes médicamenteuses. La plupart du temps
le mécanisme est mixte ; il est en effet assez rare de ne pas avoir de répercussions psychologiques en cas de DE organique, c’est ce qu’on appelle « l’anxiété de performance » et qui aggrave le trouble

Épidémiologie :
–un homme sur trois après 40 ans
–symptôme sentinelle des maladies cardiovasculaires (coronaropathie)

Savoir faire le bilan clinique d’une dysfonction érectile
Caractérisation de la dysfonction érectile
Il faut faire préciser au patient :
–le caractère primaire (c’est-à-dire depuis le début de la vie sexuelle) ou secondaire (c’est-à-dire après une période d’érections normales)
–le caractère inaugural ou réactionnel à un trouble sexuel
–le caractère brutal (facteur déclenchant ?) ou progressif de la DE
–le caractère permanent ou situationnel (en fonction du/de la partenaire ?)
–différencier une DE d’origine organique d’une DE d’origine psychogène
–évaluation de la sévérité (autoquestionnaire IIEF, délai d’apparition, capacité érectile résiduelle, impact sur la qualité de vie)
–rechercher des causes (multifactoriel : diabète, athérome, psychologique, endocrinologique, etc.) Examen physique : urogénital, cardiovasculaire, neurologique
Connaître le bilan de première intention d’une dysfonction érectile :
–une glycémie à jeun et une hémoglobine glyquée en cas de patient diabétique connu
–un bilan lipidique : cholestérol total, HDL, triglycérides
–une testostéronémie totale et biodisponible chez les hommes de plus de 50 ans en cas de symptômes évocateurs de déficit en testostérone
–en l’absence de bilan biologique récent, dans les 5 dernières années, demander : NFS, créatininémie, ionogramme et un bilan hépatique

Savoir diagnostiquer une maladie de Lapeyronie
C’est une affection bénigne observée chez 3 à 9 % des hommes. La prévalence est plus élevée
chez les diabétiques (10 %) et après prostatectomie radicale (15 %) mais l’étiologie reste inconnue.
Elle correspond à une fibrose localisée de l’albuginée formant une plaque. Elle est à l’origine d’une courbure de la verge en érection
Mesure de l’angle de courbure de la verge en érection
Deux phases se succèdent au cours de l’histoire naturelle de la maladie :
–phase inflammatoire (plaque de novo et douleurs)
–phase cicatricielle (stabilisation)

Savoir identifier un priapisme
Urgence thérapeutique car le pronostic fonctionnel est engagé
L’objectif est de préserver la fonction érectile masculine
Érection prolongée, involontaire, de plus de 4 heures, en général douloureuse, en dehors d’une stimulation sexuelle

Connaître les causes du priapisme
Sur le plan physiopathologique, on distingue le priapisme :
–ischémique, ou à bas débit, veino-occlusif : c’est le plus fréquent et douloureux. La situation comparable à un syndrome des loges avec dans un premier temps un blocage du retour veineux par impossibilité du muscle lisse caverneux de se contracter puis, secondairement, du flux artériel. C’est une urgence thérapeutique
–non ischémique, ou à haut débit, artériel : rare, en général consécutif à un traumatisme direct (chute à califourchon) responsable d’une fistule artériocaverneuse, typiquement non douloureux, partiel (gland mou), sans hypoxie, donc l’urgence est relative
–récidivant ou intermittent : il s’agit en fait d’épisodes d’érections prolongées de moins de 3 heures qui peuvent parfois évoluer vers un priapisme ischémique, typiquement chez le drépanocytaire

A
191
Q

Item 161 Infections urinaires de l’adulte et de l’enfant1

A
192
Q

Définitions
Dans le cadre de cet item, la cystite (CB), qui est une infection urinaire (IU) basse, désigne une infection affectant le réservoir et la muqueuse vésicale d’origine bactérienne ou mycosique, caractérisée par l’absence de fièvre. La pyélonéphrite, quant à elle, représente une infection urinaire haute touchant le bassinet et le parenchyme rénal, également d’origine bactérienne ou mycosique. Les infections urinaires simples concernent des patientes n’ayant pas d’anomalie anatomique ou fonctionnelle de l’appareil urinaire, sans pathologie générale sous-jacente; le diabète étant un facteur de risque mais non considéré comme un facteur de risque de complication. L’infection urinaire masculine regroupe à la fois la prostatite aiguë mais également la cystite (symptômes du bas appareil urinaire faisant évoquer une infection mais sans fièvre). Les infections graves incluent les cas avec sepsis, choc septique, ou nécessitant un drainage des voies urinaires (qu’il y ait ou non des critères de gravité objectifs). Enfin, les cystites récidivantes sont définies par au moins quatre épisodes de cystite par an. On distingue :*les infections urinaires simples, survenant chez des patients sans facteur de risque de complication;
*les infections urinaires à risque de complication présentant au moins un des facteurs de risque suivants :
–anomalies organiques ou fonctionnelles de l’arbre urinaire, quelles qu’elles soient (résidu vésical, reflux, lithiase, tumeur, acte récent, etc.),
–sexe masculin, du fait de la fréquence des anomalies anatomiques ou fonctionnelles sous-jacentes,
–grossesse,
–sujet âgé : patient de plus de 75 ans ou de plus de 65 ans avec ≥ 3 critères de fragilité (critères de Fried : perte de poids involontaire au cours de la dernière année, vitesse de marche lente, faible endurance, faiblesse/fatigue, activité physique réduite),
–immunodépression grave,
–insuffisance rénale chronique sévère (clairance < 30 ml/min).
Important : le diabète, même insulinorequérant, n’est plus considéré comme un facteur de risque de complication;

*les infections urinaires graves sont les pyélonéphrites aiguës (PNA) et les infections urinaires masculines associées à :
–un sepsis avec qSOFA ≥ 2,
–un choc septique,
–une indication de drainage chirurgical ou interventionnel (risque d’aggravation du sepsis en péri-opératoire).

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Étiologies
Pour comprendre

L’arbre urinaire a longtemps été considéré comme stérile. Depuis 2013, des nouvelles techniques de séquençage génétique ont permis de mettre en évidence un microbiote urinaire. L’arbre urinaire, ou au moins la vessie, est donc naturellement colonisé par des espèces bactériennes non cultivables en milieu usuel (gélose chromogène).

Les infections urinaires communautaires sont principalement des infections par voie ascendante. Plus rarement, les pyélonéphrites peuvent être d’origine hématogène, dans le cadre d’une bactériémie (notamment à staphylocoque ou à Candida).

Elles peuvent également être d’origine vénérienne dans le cadre des infections sexuellement transmissibles chez l’homme ou iatrogène après biopsies de la prostate.

Quel que soit l’organe atteint ou la gravité de l’infection, il est important de retenir que les IU ne sont qu’une conséquence d’un dysfonctionnement anatomique ou fonctionnel de l’arbre urinaire. Dès lors, il ne faut pas considérer comme étant « normal » de faire une IU et cela doit toujours amener à se poser la question d’un bilan étiologique minimal sous peine de voir immanquablement récidiver les infections. Les conséquences peuvent être des hospitalisations itératives avec un risque vital ou organique (insuffisance rénale secondaire à des PNA répétées) mais également en termes de qualité de vie.

Escherichia coli est la bactérie la plus fréquemment isolée dans les infections urinaires communautaires, représentant environ 70 à 90 % des cas identifiés. Staphylococcus saprophyticus est aussi couramment rencontré, en particulier chez les jeunes femmes durant la période estivale; cette bactérie à coloration de Gram positive est notable pour son absence de nitrate réductase, ce qui explique pourquoi les nitrites peuvent ne pas apparaître lors des tests de bandelette urinaire alors même qu’il existe une authentique CB. Les facteurs de risque pour la colonisation/ infection par des bactéries productrices de bêtalactamases à spectre étendu (BLSE) ou pour les résistances aux fluoroquinolones comprennent :

*antécédent d’infection ou de colonisation à entérobactérie productrice d’une BLSE (EBLSE) dans les 6 mois précédents;
*antibiothérapie par l’une de ces molécules dans les 6 mois précédents : amoxicilline-acide clavulanique, C2G, C3G, fluoroquinolones;
*voyage en zone d’endémie d’EBLSE;
*hospitalisation de moins de 3 mois;
*vie en institution de long séjour.
Les principaux mécanismes de résistance rencontrés chez les entérobactéries sont résumés dans les tableaux 11.1 et 11.2.

*Le tableau 11.1 résume les mécanismes de résistance chromosomique, c’est-à-dire systématiquement présents à l’état sauvage :
Tableau 11.1

Mécanismes de résistance chromosomique des trois principaux groupes d’entérobactéries.

Antibiotiques Groupe d’entérobactéries
1 (E. coli, P. mirabilis) 2 (Klebsiella…) 3 (Enterobacter, Morganella…)
Aminopénicilline (amoxicilline) S R R
Aminopénicilline + inhibiteur â-lactamase S S R
Carboxypénicilline (ticarcilline) S R S
Uréidopénicilline (pipéracilline) S R S
C1G (céfalotine) S S R
C2G (céfoxitine) S S S
C3G (ceftriaxone) S S S
–le groupe 2 sécrète naturellement une pénicillinase de bas niveau;
–le groupe 3 sécrète naturellement une céphalosporinase.
*Le tableau 11.2 résume les mécanismes de résistance acquis soit par hyperexpression de leur enzyme chromosomique soit par acquisition d’une enzyme plasmidique.
Tableau 11.2

Principaux mécanismes de résistances rencontrés chez les entérobactéries.

Antibiotiques Mécanismes de résistances
Pénicillinase de bas niveau Pénicillinase de haut niveau Céphalosporinase hyperproduite BLSE
Aminopénicilline (amoxicilline) R R R R
Aminopénicilline + inhibiteur â-lactamase S R R R
Carboxypénicilline (ticarcilline) R R R R
Uréidopénicilline (pipéracilline) R R R R
C1G (céfalotine) S R R R
C2G (céfoxitine) S S R S
C3G (ceftriaxone) S S R R
Il est important de connaître ces différentes notions afin de bien appréhender les difficultés de traitement propres à chaque espèce bactérienne. Ces problématiques d’antibiorésistance sont désormais très suivies par les instances gouvernementales et a fortiori en France. En effet, l’antibiorésistance est responsable de plusieurs millions de morts par an dans le monde et est la conséquence directe, entre autres nombreux phénomènes, de la consommation antibiotique. À l’heure actuelle, en France, le taux d’EBLSE est stable et correspond à 6 à 9 % des cas d’IU. La résistance aux fluoroquinolones est encore plus préoccupante avec des taux de résistance atteignant parfois 40 % dans certaines populations.

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Diagnostic d’une infection urinaire
Le diagnostic d’une infection urinaire est avant tout clinique. Ce n’est pas toujours un diagnostic simple et notamment concernant le diagnostic de CB trop souvent porté à tort notamment dans le cadre des CB récidivantes (CBR). Souvenez-vous également que 10 à 15 % de l’ensemble des IU présentent un ECBU dit « stérile » alors même que la clinique est évocatrice.

A Diagnostic clinique et topographique
Avant d’aborder chaque pathologie en détail, il est important de bien rappeler que la sémantique doit être rigoureuse et adaptée afin de ne pas porter un diagnostic erroné, notamment dans le cadre de la CB. Le terme « signe fonctionnel urinaire » doit absolument être banni et l’usage du terme « trouble/symptôme du bas appareil urinaire » (SBAU) doit être préféré. Les SBAU sont ensuite séparés en trois phases : phase mictionnelle, post-mictionnelle ou de remplissage.

De même, le terme « brûlure urinaire » doit disparaître et être remplacé par le terme « brûlure urétrale permictionnelle » bien plus adapté pour définir le symptôme présent lors d’une CB.

B Diagnostic bactériologique
1 Bandelette urinaire (BU)

La valeur statistique de la BU a été largement dévoyée tant son utilisation est simple. Néanmoins, elle présente de trop nombreuses failles pour être utilisée comme un outil indispensable à toute prise en charge d’infection urinaire. Elle a par ailleurs la même valeur diagnostique quel que soit le sexe. Voici comment en comprendre son utilisation dans le cadre des infections urinaires :

*excellente valeur prédictive positive (VPP) mais mauvaise valeur prédictive négative (VPN) en cas de SBAU faisant évoquer une infection (en d’autres termes, elle ne fait que confirmer une impression clinique déjà forte);
*excellente VPN mais mauvaise VPP en l’absence de SBAU (là encore, elle ne fait donc que confirmer ce que l’on sait déjà);
*la présence de nitrites nécessite :
–une bactérie présente dans les urines porteuses d’une nitrate réductase permettant la réduction de nitrates en nitrites,
–la présence de nitrates dépendants des apports alimentaires,
–de vérifier les autres facteurs confondants : consommation de vitamine C, pH urinaire, densité urinaire, exposition de la bandelette à l’air…;
*la présence de matériel endo-urinaire (sonde double J, sonde vésicale, etc.) est systématiquement responsable d’une leucocyturie empêchant l’interprétation de la BU expliquant qu’elle ne soit plus recommandée dans cette indication d’IU associées aux soins.
L’ensemble de ces écueils doit absolument être pris en compte. Le message simple à retenir est que la clinique prime toujours sur les examens complémentaires. Une BU négative en cas de clinique typique d’infection urinaire ne doit pas faire écarter le diagnostic. A contrario, une bandelette positive en l’absence de tout symptôme d’IU ne doit pas conduire à rechercher une colonisation urinaire par la prescription d’un ECBU et encore moins à la mise en place d’un traitement antibiotique.

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Examen cytobactériologique des urines (ECBU)
L’ECBU doit être réalisé dans des conditions parfaites de recueil (toilette antiseptique) et l’analyse au laboratoire doit être idéalement immédiate (sinon conservation possible 12 heures à 4 °C). L’ECBU comprend un examen direct, une mise en culture et un antibiogramme le cas échéant.

La signification des seuils de leucocyturie est évaluée en dehors des conditions susceptibles de fausser les résultats, telles que des interventions récentes sur les voies urinaires, la présence de dispositifs endo-urinaires ou de corps étrangers. Un seuil de leucocyturie ≥ 104/ml est considéré comme significatif. Chez l’homme, un seuil de bactériurie significative (tableau 11.3) est de 103 UFC/ml, tandis que chez la femme, il est généralement de 104 UFC/ml, sauf pour E. coli et S. saprophyticus où le seuil est de 103 UFC/ml. La clinique prévaut sur ces seuils, et une IU ne doit pas être exclue face à une clinique évidente, même en cas de leucocyturie négative, notamment chez les patients immunodéprimés. Une bactériurie avec leucocyturie sans symptômes suggère une colonisation plutôt qu’une infection à traiter. L’ECBU, bien qu’utile, n’est pas infaillible, avec 10 à 15 % de résultats faussement négatifs dus à divers facteurs, y compris une antibiothérapie préalable ou un prélèvement inapproprié.

Tableau 11.3

Seuil de significativité en fonction du type de bactérie.

Espèces bactériennes Seuil de significativité Sexe
E. coli, S. saprophyticus 103 UFC/ml Homme ou femme
Entérobactéries autres qu’E. coli, entérocoque, Corynebacterium urealyticum, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus 103 UFC/ml Homme
104 UFC/ml Femme
UFC : unité formant colonie.

En cas de leucocyturie sans germe, il faut évoquer :

*une infection urinaire décapitée par une antibiothérapie préalable;
*une urétrite;
*une vaginite;
*un syndrome de la vessie douloureuse (cystite interstitielle);
*une tuberculose urogénitale;
*une période périmenstruelle (hématurie associée);
*un corps étranger dans l’appareil urinaire (calcul, endoprothèse, etc.).

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Stratégie thérapeutique
Elle est conditionnée par l’histoire naturelle et les risques évolutifs de chaque situation. Le choix de l’antibiothérapie repose sur l’efficacité, la tolérance, mais aussi sur le risque écologique individuel et collectif. Ce risque de résistance varie d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre : il est donc indispensable de connaître l’épidémiologie de la résistance de la zone dans laquelle nous exerçons.

La colonisation bactérienne (bactériurie asymptomatique) correspond à la présence d’un micro-organisme dans les urines sans manifestation clinique associée. Il n’y a pas de seuil de bactériurie, sauf chez la femme enceinte où un seuil de bactériurie à 105 UFC/ml est classiquement retenu. La leucocyturie n’intervient pas dans la définition. Les deux seules situations consensuelles pour le dépistage et le traitement des colonisations urinaires sont :

*avant une intervention avec effraction de la muqueuse urinaire;
*pendant la grossesse à partir du 4e mois.
Important : un patient porteur d’une sonde urinaire ou de matériel endo-urinaire ne doit jamais avoir d’ECBU systématique en dehors de situations particulières (apparition de troubles urinaires, apparition d’une grosse bourse inflammatoire, fièvre inexpliquée, syndrome confusionnel, etc.).

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Cystite bactérienne aiguë
A Cystite bactérienne aiguë simple

Il s’agit d’une maladie fréquente avec un inconfort variable. Il faut s’assurer cliniquement de l’absence de facteurs de risque de complication ou de pyélonéphrite aiguë paucisymptomatique (fébricule, lombalgie sourde). Un ECBU n’est pas nécessaire, la BU est le seul examen paraclinique suggéré, orientant le diagnostic mais non indispensable. Aucune imagerie n’est requise. L’évolution spontanément favorable est la norme après simple cure de diurèse (87 % de guérison à 10 jours). Attention, l’évolution naturelle de la CB n’est pas la PNA mais bien la guérison. L’évolution de la CB en PNA ne correspond qu’à 0,15 à 2,6 % des cas dans la littérature et l’absence d’antibiothérapie ne semble pas augmenter ce risque.

Le diagnostic sera porté devant la présence de SBAU de la phase de remplissage notamment. L’apparition relativement aiguë des symptômes est également un élément fondamental. Attention donc dès lors que la symptomatologie évolue depuis plusieurs semaines, elle n’est quasiment jamais d’origine infectieuse. Les brûlures urétrales permictionnelles ne sont pas pathognomoniques mais exceptionnellement absentes en cas de CB car présentes dans 96 % des cas. Le diagnostic sera porté lorsque ce symptôme est associé de manière hétérogène aux symptômes suivants : pollakiurie (78 %), urgenturies (63 %), nycturie (57 %), douleurs sus-pubiennes notamment en fin de miction avec ténesmes vésicaux (47 %), pyurie (28 %) et hématurie (16 %).

L’antibiothérapie de première intention et de choix sera : l’association fosfomycine-trométamol (Monuril®) en dose unique, qui présente les avantages d’une observance idéale (traitement monodose), d’une résistance très rare (98 % de sensibilité d’E. coli) et qui est peu pourvoyeur d’antibiorésistance.

L’antibiothérapie de deuxième intention sera le pivmecillinam (Selexid® 200 mg × 3/j) pendant 5 jours.

Le traitement de troisième intention, en dernier recours, sera : nitrofurantoïne 5 jours (Furadantine® 100 mg × 3/j) (toxicité hépatique et pulmonaire rare mais grave, à éviter donc sur le long cours).

Il est recommandé de ne pas prévoir de consultation, de BU ou d’ECBU de contrôle. L’ECBU ne sera fait qu’en cas d’évolution défavorable (persistance des signes cliniques après 3 jours) ou de récidive précoce dans les 2 semaines.

Attention, les fluoroquinolones ne doivent jamais être utilisées dans cette indication.

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Cystite aiguë à risque de complication
Il s’agit des cystites aiguës avec présence d’au moins un facteur de risque de complication. Un ECBU doit être systématiquement réalisé.

Le principe fondamental est de différer chaque fois que possible l’antibiothérapie pour prescrire un traitement d’emblée adapté à l’antibiogramme et avec la pression de sélection la plus faible possible. Sinon, l’antibiothérapie sera probabiliste avec, en première intention, la nitrofurantoïne. Une adaptation à l’antibiogramme est systématique. La durée totale du traitement est de 7 jours, sauf pour les fluoroquinolones où il est de 5 jours.

Il est recommandé de ne pas prévoir de consultation, de BU ou d’ECBU de contrôle mais des conseils peuvent être donnés à la patiente quant à l’évolution naturelle de cette infection et au moyen d’éviter des récidives.

C Cystite bactérienne aiguë récidivante
Les cystites bactériennes récidivantes (CBR) sont considérées ainsi dès lors qu’il existe au moins quatre épisodes pendant une période de 12 mois.

1 Facteur de risque
Les facteurs de risque identifiés dans la littérature sont : fréquence des rapports, 1re cystite avant 15 ans, nouveau partenaire, défaut d’hydratation et spermicide. D’autres sont moins clairement démontrés mais semblent assez logiques comme les troubles acquis de la miction (hyposensibilité vésicale = sensation de besoin d’uriner non ou peu perçu; ou défaut de relaxation du sphincter strié urétral ou des muscles du plancher pelvien). Enfin, certaines attitudes souvent évoquées aux patientes n’ont jamais démontré un quelconque intérêt dans la littérature notamment : port de sous-vêtements en coton, s’essuyer d’avant en arrière, etc.

2 Diagnostic
Dans tous les cas, il faut retenir, dès lors que ce diagnostic rare est porté, qu’il existe, plus que jamais, une anomalie anatomique ou fonctionnelle (dans la majorité des cas) de l’arbre urinaire qui doit absolument être recherchée.

Il est crucial de porter avec prudence le diagnostic de CBR chez les femmes présentant des SBAU de la phase de remplissage associés à une bactériurie. La bactérie est le coupable idéal mais ne doit pas toujours être incriminée. Il est important de distinguer dans la prise en charge les jeunes femmes débutant leur vie sexuelle, des femmes ménopausées puisque les mécanismes et problématiques sous-jacents sont parfois très différents. L’ECBU est peu utile ici sauf en cas de négativité répétée où il permet de manière certaine d’écarter la cause infectieuse.

Le triptyque : débitmétrie, résidu post-mictionnel et catalogue mictionnel sont les seuls examens paracliniques de première intention à réaliser.

Le catalogue mictionnel, outil indispensable dans la prise en charge étiologique des IU, permet de dépister des troubles acquis de la miction et de proposer une reprogrammation mictionnelle dans le cadre d’un défaut de diurèse ou d’une hyposensibilité vésicale. Il permet par ailleurs d’écarter les diagnostics différentiels fréquents comme l’hyperactivité vésicale idiopathique. Une attention particulière est nécessaire pour les patientes post-ménopausées, fumeuses, présentant des SBAU et parfois une hématurie, devant amener à rechercher une tumeur de la vessie. Aucun examen paraclinique du haut appareil (TDM ou échographie) n’est nécessaire ici. La cystoscopie dans certains cas peut se discuter mais n’est pas recommandée.

3 Prise en charge
La prise en charge par antibiotiques au long cours doit rester exceptionnelle et n’est nécessaire que pour des cas bien particuliers

La mise en place d’un tel traitement doit inciter à demander l’avis d’un spécialiste.

Le traitement est largement orienté par l’interrogatoire qui permet bien souvent d’identifier des facteurs de risque spécifiques à chaque patiente.

Les mesures hygiénodiététiques classiquement recommandées doivent être proposées de manière judicieuse et sont orientées par le catalogue mictionnel. En effet, il faut à tout prix éviter de proposer des mesures parfois contre-productives comme l’augmentation de l’hydratation orale qui peut devenir délétère dans le cadre d’une hyposensibilité vésicale notamment.

Les traitements non antibiotiques qui ont fait la preuve de leur efficacité sont :

*la canneberge (cranberry), mais avec un faible niveau de preuve. Seules les supplémentations orales avec un dosage minimum de 36 mg/j de proanthocyanidine de type A semblent efficaces (pas d’intérêt du jus de cranberry ou des dérivés);
*la prophylaxie immunoactive = vaccin (non disponible en France) qui a fait la preuve de son efficacité dans des études de haut niveau de preuve.
En cas d’échec de ces mesures et de plus d’un épisode par mois, l’antibioprophylaxie au long cours peut être proposée selon les modalités suivantes :

*réévaluation semestrielle du bien-fondé d’une telle attitude;
*triméthoprime en continu;
*ou fosfomycine-trométamol, un sachet par semaine;
*ou prise uniquement en période péricoïtale lorsque les rapports sexuels sont le facteur déclenchant (sans dépasser les doses usuelles = pas de prise à chaque rapport si activité sexuelle importante).
Quoi qu’il en soit, la prescription d’une antibioprophylaxie ne doit pas être considérée comme étant la norme, mais bien au contraire.

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Pyélonéphrite aiguë (voir tableau 11.4)
Il s’agit d’une infection potentiellement grave, de bon pronostic si le traitement est bien conduit, mais avec un risque de suppuration locale (abcès rénal, phlegmon périnéphrétique, pyonéphrose) ou de généralisation de l’infection (sepsis grave). Le bilan clinique doit rechercher un facteur de risque de complication, une complication avérée ou un sepsis. L’homme immunocompétent n’est que rarement concerné par la pyélonéphrite aiguë non obstructive sauf dans le cadre du reflux vésico-urétéro-rénal. L’ECBU est systématique. Les autres examens complémentaires et l’antibiothérapie sont à adapter selon la forme clinique.

Tableau 11.4

Pyélonéphrite aiguë ou infection urinaire masculine communautaires : antibiothérapie probabiliste.

Infection sans signe de gravité Infection avec signes de gravitéa ou geste de drainage de l’appareil urinaire (hors sondage vésical simple)
Infection simple Infection à risque de complicationb Pas de choc septique Choc septique
Ciprofloxacine ou lévofloxacinec(sauf si FQ < 6 mois) ou céfotaxime (de préférence) ou ceftriaxone
Céfotaxime (de préférence) ou ceftriaxone ou ciprofloxacine ou lévofloxacine (sauf si FQ < 6 mois)
Céfotaxime (de préférence) ou ceftriaxone + amikacine Si allergie : aztréonam + amikacine
Sauf si ATCD d’IU/colonisation urinaire à EBLSE < 3 mois :
–choix selon la documentation microbiologique antérieure : pipéracilline-tazobactam
+ amkacine si souche sensible
–à défaut carbapénème (imipénème ou méropénème)
Céfotaxime (de préférence) ou ceftriaxone + amikacine
Si allergie : aztréonam + amikacine
Sauf si ATCD d’IU/colonisation urinaire à EBLSE < 3 mois, ou amoxi-clav/C2G-C3G/FQ < 3 mois, ou voyage en zone d’endémie < 3 mois : carbapénème (imipénème ou méropénème) + amikacine
Si contre-indication : aminoside (amikacine, gentamicine ou tobramycine) ou aztréonam
amoxi-clav : amoxicilline-acide clavulanique ; C2G : Cephalosporine de 2e génération ; C3G : Cephalosporine de 3e génération ; FQ : fluoroquinolone.

aChoc septique ou infection avec dysfonction d’organe menaçant le pronostic vital.

bToute anomalie de l’arbre urinaire (résidu vésical, reflux, lithiase, tumeur, acte urologique récent, etc.), grossesse, sujet âgé fragile, clairance créatinine < 30 ml/min, immunodépression grave. L’attention est attirée sur les conditions d’utilisation des antibiotiques prévues par l’AMM notamment chez la femme enceinte et le patient présentant une insuffisance rénale.

cUne actualisation du profil de risque et du cadre d’utilisation de ces antibiotiques a été effectuée selon des travaux menés en 2018 au niveau de l’Agence européenne du médicament (voir le site de l’ANSM : www.ansm.sante.fr).

Source : HAS. Recommandation de bonne pratique. Antibiothérapie des infections à entérobactéries et à Pseudomonas aeruginosa chez l’adulte : place des carbapénèmes et de leurs alternatives. Mai 2019. Disponible sur : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-06/recommandations_infections_enterobacteries.pdf.

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Pyélonéphrite aiguë simple
La PNA est de survenue rapidement progressive avec apparition dans les 24 à 48 heures d’une douleur en fosse lombaire d’intensité croissante devenant importante, sans irradiation, peu calmée par les antalgiques usuels type paracétamol, sans position aggravante ou antalgique. Elle est systématiquement accompagnée de signes généraux plus ou moins marqués (fièvre, asthénie, tachycardie) et fréquemment de signes digestifs liés à un iléus réflexe : nausées et vomissements notamment. À cette douleur peuvent s’associer des SBAU de la phase de remplissage mais cela n’est pas la norme (les souches E. coli responsables des CB diffèrent de celles responsables des PNA).

1 ECBU
Le diagnostic doit être confirmé par un ECBU avec antibiogramme :

*leucocyturie > 104/ml;
*avec bactériurie > 103 UFC/ml pour E. coli et > 104 UFC/ml pour les autres entérobactéries.
2 Hémocultures
Il n’est pas nécessaire de réaliser des hémocultures pour une PNA simple dont la présentation est typique, mais seulement en cas de doute diagnostique.

3 Examens biologiques
Il est recommandé de ne pas demander systématiquement d’autres examens biologiques (NFS, CRP, créatinine) dans le bilan initial.

4 Imagerie
Une échographie rénale précoce est indiquée dans les 24 heures en cas de PNA hyperalgique. Dans les autres situations, l’échographie n’est pas recommandée systématiquement lors d’un premier épisode de PNA simple sans signe de gravité avec évolution favorable. En

cas d’évolution défavorable à 72 heures d’antibiothérapie, il est recommandé d’effectuer un uroscanner. Néanmoins, la morbidité potentielle d’un obstacle entraînant le plus souvent une dilatation des cavités pyélocalicielles, implique qu’un examen d’imagerie soit réalisé le plus rapidement possible au moindre doute clinique d’obstruction.

5 Traitement
Le traitement antibiotique de première intention repose sur les fluoroquinolones pour une durée de 7 jours (sauf dans le cas d’une prise d’antibiotiques de cette classe dans les 6 mois). En cas de PNA simple traitée en milieu hospitalier, un traitement par C3G IV doit être préféré et sera adapté secondairement à l’ECBU. Les indications d’hospitalisation sont :

*PNA hyperalgique;
*doute diagnostique;
*vomissements rendant impossible un traitement par voie orale;
*conditions socioéconomiques défavorables;
*doutes concernant l’observance du traitement;
*traitement par antibiotiques à prescription hospitalière (rares situations de polyallergie). Un traitement antibiotique probabiliste doit être débuté immédiatement après la réalisation de l’ECBU.
Il doit être adapté à 48 heures en fonction des données de l’antibiogramme, en choisissant un antibiotique du spectre le plus étroit possible, à bonne diffusion rénale.

La durée du traitement est de 7 jours en cas de traitement par fluoroquinolone ou β-lactamine parentérale, 10 jours dans les autres cas.

6 Suivi
En cas d’évolution clinique favorable, il est recommandé de ne pas effectuer d’ECBU de contrôle.

Une évolution défavorable sous traitement (fièvre après 72 heures) fait poser l’indication :

*d’un ECBU de contrôle avec antibiogramme;
*d’une exploration radiologique par uroscanner (sauf contre-indication).
Ce qui est nouveau :

*l’absence d’échographie systématique dans la PNA simple non hyperalgique;
l’antibiothérapie de 7 jours en cas de traitement complet par β-lactamine parentérale;l’absence d’ECBU de contrôle systématiqu

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Pyélonéphrite aiguë à risque de complication
1 Biologie

Outre l’ECBU avec antibiogramme, un bilan biologique sanguin est recommandé : CRP, urée, créatinine.

2 Imagerie
Un uroscanner est indiqué, le plus souvent en urgence, et au plus tard dans les 24 heures. En cas de contre-indication, ou si la suspicion de complication est faible, l’alternative est une échographie rénale.

3 Traitement
Les critères d’hospitalisation ainsi que le traitement probabiliste sont les mêmes que dans la PNA simple, sans signe de gravité.

La durée de traitement d’une PNA à risque de complication, sans signe de gravité, est de 10 jours.

4 Suivi
Le suivi est essentiellement clinique : une réévaluation à 72 heures est indispensable.

En cas d’évolution favorable, il est recommandé de ne pas prévoir d’ECBU de contrôle sous et après traitement.

En cas d’évolution défavorable sous traitement (fièvre après 72 heures) :

*ECBU avec antibiogramme;
*uroscanner (sauf contre-indication).

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yélonéphrite aiguë grave
Dans le cadre des formes graves, la pyélonéphrite aiguë obstructive ou colique néphrétique fébrile est de loin la forme la plus fréquente et la plus mortelle. Elle se présente comme une douleur brutale, horaire, en coup de poignard et d’emblée maximale :

*localisée en fosse lombaire avec irradiation dans le flanc, en hémi-ceinture jusqu’aux organes génitaux;
*sans position antalgique avec un patient « frénétique »;
*non calmée par les antalgiques usuels type paracétamol;
*les signes généraux sont en général marqués avec un retentissement systémique fréquent : fièvre (voire dans les formes graves une hypothermie), asthénie, hypotension artérielle, tachycardie, troubles respiratoires;
*signes digestifs par iléus réflexe : nausées, vomissements.
Néanmoins, la présentation clinique est souvent atypique notamment chez les patients âgés ou la symptomatologie confusionnelle ou digestive est souvent au premier plan.

1 Biologie
Outre l’ECBU avec antibiogramme, un bilan biologique sanguin est recommandé : NFS, CRP, urée, créatinine. Les hémocultures sont systématiques et positives dans seulement 25 % des cas.

2 Imagerie
Un uroscanner est indiqué en urgence. L’alternative est une échographie rénale.

L’exploration du parenchyme rénal est indispensable à la recherche :

*d’un obstacle avec dilatation des cavités pyélocalicielles;
*d’un foyer de néphrite : hypodensité triangulaire à base externe au temps sécrétoire, pathognomonique de la PNA;
*d’un abcès rénal : collection infectieuse intraparenchymateuse;
*d’un phlegmon périnéphrétique : infection contenue dans le fascia périrénal.
3 Traitement
L’hospitalisation est systématique. Le traitement comporte une antibiothérapie, initialement probabiliste et un drainage chirurgical des urines en urgence en cas d’obstacle.

Les C3G restent indiquées en traitement probabiliste, excepté lorsqu’une infection à BLSE est suspectée (colonisation urinaire ou infection à EBLSE < 6 mois, antibiothérapie par pénicilline + inhibiteur de bêtalactamase, C2G, C3G ou fluoroquinolones < 6 mois, voyage récent en zone d’endémie de BLSE, hospitalisation < 3 mois, vie en long séjour).

L’antibiothérapie probabiliste des PNA graves repose donc sur l’association C3G parentérale (céfotaxime ou ceftriaxone) + amikacine (aminoside recommandé dans les IU car moins de résistance sur les BGN que la gentamicine) à forte dose, sauf dans les cas suivants :

*en cas d’allergie : aztréonam + amikacine;
*suspicion d’infection à EBLSE : carbapénème (imipénème ou méropénème) + amikacine.
La PNA obstructive est une véritable urgence médicochirurgicale. Il existe une indication formelle à un drainage chirurgical des voies urinaires du haut appareil en urgence, soit par cathétérisme urétéral rétrograde (sonde urétérale ou sonde JJ), soit par néphrostomie percutanée échoguidée, en fonction des conditions anatomiques. Ce drainage chirurgical sera associé à une biantibiothérapie d’emblée qui ne doit pas être retardée et doit être mise en place dès le diagnostic posé. La cause de l’obstruction (lithiase, compression extrinsèque, tumeur de l’uretère, etc.) sera toujours traitée secondairement.

Le traitement de relais après résultat de l’antibiogramme fait appel aux mêmes molécules que pour les PNA sans signe de gravité.

La durée du traitement d’une PNA grave est de 10 jours.

4 Suivi
Le suivi est essentiellement clinique. Il est recommandé de ne pas prévoir d’ECBU de contrôle sous et après traitement.

En cas d’évolution défavorable sous traitement (fièvre après 72 heures) :

*ECBU avec antibiogramme;
*uroscanner (sauf contre-indication).
N.B. : pour les PNA : les données de la littérature orientent vers un traitement systématique de 7 jours de toutes les formes de PNA, quelle que soit leur gravité initiale. Les recommandations françaises ne sont pas à jour sur ce sujet et le traitement actuellement recommandé reste de 10 jours (sauf pour les formes simples traitées par fluoroquinolones ou C3G IV dont la durée peut être abaissée à 7 jours). Il est néanmoins à noter que les durées de traitement de 14 jours et de 21 jours sont désormais à proscrire sauf très rares cas (abcès, pyonéphrose, etc.).

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Q

Infections urinaires masculines (voir tableau 11.4)
A Diagnostic

Les infections urinaires masculines sont très hétérogènes, des formes peu symptomatiques sans fièvre jusqu’au choc septique. Cette diversité justifie de moduler la prise en charge initiale en fonction des signes cliniques. Cependant, aucun test diagnostique non invasif ne permet d’écarter une infection prostatique, qui doit donc être prise en compte dans la prise en charge ultérieure (choix des antibiotiques, durée du traitement, bilan urologique).

Les principales complications des infections urinaires masculines sont :

*la rétention d’urine (parfois révélatrice);
*l’épididymite aiguë associée, par infection ascendante par voie déférentielle, voire l’abcès scrotal;
*l’abcès prostatique à suspecter devant des signes infectieux persistant malgré 48 heures d’antibiothérapie efficace et l’existence au toucher rectal d’une zone fluctuante très douloureuse;
*le sepsis, voire le choc septique, mettant en jeu le pronostic vital.
B Biologie
L’ECBU, prélevé avant toute antibiothérapie, doit systématiquement être réalisé. Le seuil de bactériurie dans les infections urinaires masculines est fixé à 103 UFC/ml.

La réalisation d’hémocultures, prélevées avant toute antibiothérapie, n’est recommandée qu’en cas de fièvre. Mais compte tenu de la possibilité d’ECBU stérile, l’hémoculture peut parfois permettre de connaître le micro-organisme en cause et ses résistances. Il ne faut pas doser l’antigène spécifique de prostate (PSA) qui sera systématiquement anormalement élevé dans cette situation sans qu’aucune valeur diagnostique ou pronostic ne puisse lui être donnée.

C Imagerie initiale
Une échographie des voies urinaires par voie sus-pubienne est recommandée en urgence (< 24 h) à la recherche d’un résidu post-mictionnel. Il est encore plus nécessaire de faire une échographie de l’appareil urinaire en cas de douleur lombaire, lorsqu’une rétention d’urine est suspectée ou dans des contextes particuliers (antécédent de calcul urinaire, sepsis). L’échographie par voie endorectale est contre-indiquée à la phase aiguë en raison de son caractère très douloureux.

D Traitement
Hospitalisation ou traitement ambulatoire ?

Une prise en charge hospitalière est recommandée en cas :

*de signe de gravité (sepsis avec qSOFA ≥ 2 ou choc septique);
*de rétention aiguë d’urine;
*d’immunodépression grave.
Elle peut parfois être indiquée au cas par cas s’il existe des facteurs de risque de complication surajoutés :

*âge avancé;
*uropathie sous-jacente;
*déficit immunitaire non grave;
*insuffisance rénale avec clairance < 30 ml/min.
Comme pour les PNA, certaines situations requièrent également une hospitalisation :

*forme hyperalgique;
*doute diagnostique;
*vomissements rendant impossible un traitement par voie orale;
*conditions socioéconomiques défavorables;
*doutes concernant l’observance du traitement;
*traitement par antibiotiques à prescription hospitalière (rares situations de polyallergie).
Dans les autres situations, une prise en charge ambulatoire est possible.

1 Traitement antibiotique
S’agissant d’une infection urinaire à risque de complication avec des taux de résistance accrus, il est proposé dans les formes paucisymptomatiques d’attendre le résultat de l’ECBU pour débuter l’antibiothérapie, afin de traiter une infection documentée d’emblée.

Dans les autres situations, une antibiothérapie probabiliste doit être réalisée dès les prélèvements bactériologiques réalisés.

L’antibiothérapie probabiliste recommandée est similaire à celle des PNA à risque de complication dans la majorité des cas, ou identique aux PNA graves en cas de signe de gravité.

Le traitement des infections urinaires masculines documentées privilégie les fluoroquinolones en cas de bactérie sensible, même lorsque d’autres antibiotiques à spectre plus étroit sont disponibles, en raison de l’importance de la diffusion prostatique.

Le TMP-SMX est une alternative aux fluoroquinolones car sa diffusion prostatique est très bonne, mais il n’est pas indiqué en traitement probabiliste compte tenu des résistances atteintes en France actuellement.

Le céfixime, l’amoxicilline-acide clavulanique et la nitrofurantoïne n’ont pas de place dans le traitement des infections urinaires masculines en relais ou en traitement probabiliste, en raison d’une diffusion prostatique insuffisante.

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