Cardiologie Flashcards

1
Q

Définition de l’insuffisance cardiaque

A

Syndrome caractérisé par :
* des symptômes (ex : dyspnée, oedème des chevilles, fatigue) ;
* parfois associés à des signes cliniques (ex : tachycardie, crépitants, turgescence jugulaire) ;
* causés par une anomalie de structure et/ou de fonction du coeur entraînant un DC insuffisant et/ou des pressions intracardiaques augmentées à l’effort ou au repos.

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2
Q

Formule débit cardiaque

A

DC = VES × FC.

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3
Q
  • Le VES dépend
A

-de la précharge (degré de remplissage du VG et d’étirement des fibres en fin de diastole),
-de la postcharge (ensemble des forces s’opposant à l’éjection)
-de la contractilité du coeur (inotropie).
->VES= VTD-VTS

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4
Q
  • La fraction d’éjection (FE) ou FEVG est
A

la fraction de sang éjectée à chaque systole en pourcentage du VTD : FE = VES/VTD = (VTD – VTS)/VTD.
-> caractérise la fonction systolique.
valeurs normales > 50-60 %

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5
Q

Un dysfonctionnement de la pompe cardiaque peut avoir deux conséquences principales :

A

– une baisse du DC ou son incapacité à augmenter à l’effort pour perfuser les organes
– une augmentation des pressions de remplissage (diastolique) intraventriculaires qui se transmettent en amont.
– > VG, l’augmentation de la pression TD se transmet à OG -> veines pulmonaires -> capillaires pulmonaires ->a. pulmonaire coeur D
– VD, l’augmentation des pressions TD se transmet à OD -> veines systémique = gêne au retour veineux -> stase hépatique et jugulaire.

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6
Q

OAP et oedème pulmonaire lésionnel

A
  • L’augmentation de la pression capillaire pulmonaire > 25 mmHg entraîne le passage de liquide (transsudat) des capillaires vers les alvéoles pulmonaires -> OAP cardiogénique.
  • L’oedème pulmonaire lésionnel non cardiogénique est du à des lésions de la membrane alvéolo-capillaire avec une accumulation de liquide dans les alvéoles ->exsudat.
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7
Q

Rémodelage cardiaque et mécanisme d’adaptation du coeur face aux cardiopathies

A

– la dilatation ventriculaire. En cas d’altération de FE (IDM), le volume TS est augmenté. Lors de la diastole suivante, la pression TD a tendance à augmenter, d’où une majoration de la contrainte sur les parois, qui contribue progressivement à accroître le VTD.
– l’hypertrophie des parois pour faire face à une augmentation de pression systolique (HTA) qui normaliser la contrainte de la paroi ventriculaire selon la loi de Laplace: Contrainte = P développée × Rayon de la cavité/Épaisseur de la paroi.
L’effet délétère est la rigidité des parois -> d’après la loi de Starling augmentation de l’inotropie du ventricule jusqu’à limite de dilatation.
* La tachycardie (système sympathique) contribue également à maintenir le DC = VES × FC

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8
Q

Mécanismes extra-cardiaques de l’IC

A
  • La vasoconstriction (système sympathique SRA), maintien une pression de perfusion. Elle est inhomogène.
  • La rétention hydrosodée, liée à la baisse de la perfusion rénale et à la diminution de l’excrétion sodée (SRAA), contribue à augmenter le volume circulant et à augmenter la précharge (Starling)= signes congestifs cliniques (oedèmes, épanchements, etc.).
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9
Q

deux mécanismes principaux d’IC :

A
  • IC à fraction d’éjection diminuée due à un défaut de contraction et donc d’éjection du VG. Le volume de sang éjecté à chaque systole est diminué et le VG a tendance à se dilater. FE ≤ 40 % ;
  • IC à fraction d’éjection préservée due à un problème de remplissage ; le coeur se vide bien, mais ne se remplit pas bien. VG n’est pas dilatée et les parois sont souvent épaissies avec fibrose : toute augmentation de volume entraîne une augmentation de la pression diastolique. FE ≥ 50 % (le sujet âgé et chez la femme, HTA, obésité ++)
    Si FE est entre 41 et 49 % = IC à FE légèrement diminuée
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10
Q

Symptômes respiratoires de l’IC

A
  • dyspnée d’effort NYHA +++
  • orthopnée
  • La dyspnée paroxystique nocturne (début d’oedème pulmonaire).
    Signes respiratoires plus trompeurs:
  • l’asthme cardiaque est une bradypnée expiratoire avec respiration sifflante
  • la toux à l’effort ou au décubitus,
  • les hémoptysies HTP
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11
Q

OAP de l’IC aigue

A

dyspnée avec polypnée aiguë de repos avec crise d’étouffement qui oblige le patient à rester en position assise= orthopnée, s’accompagne d’anxiété, de sueurs, d’un grésillement laryngé, avec toux ramenant une expectoration «mousseuse saumonée»

si crise spontanément résolutive = suboedème pulmonaire.

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12
Q

IC symptomes generaux

A
  • d’une fatigue de repos liée à l’hypotension artérielle ou à l’effort ;
  • d’une prise de poids associée à des oedèmes ;
  • d’une faiblesse musculaire, chercher myopathie associée, surtout dans le cas d’une cardiomyopathie dilatée ;
  • de palpitations.
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13
Q

IC sévère ou terminale, on peut observer :

A
  • des troubles respiratoires (SAS avec respiration de Cheyne-Stokes).
  • des troubles neurologiques (confusion liée à un bas débit cérébral) ;
  • des troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements).
  • pouls alternant, d’une oligurie, d’une fonte musculaire -> état cachectique due à une perte d’appétit, au déconditionnement physique ou aux troubles digestifs.
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14
Q
  • Les signes périphériques d’IC droite
A

= augmentation de la pression dans la circulation veineuse systémique
– la turgescence jugulaire
– le reflux hépatojugulaire
– l’hépatomégalie régulière, ferme et douloureuse à la compression.
- expansion systolique palpable du foie si fuite tricuspide ;
– les oedèmes périphériques : mous, blancs, indolores, prenant le godet et prédominant dans les parties déclives du corps ;
– l’ascite : souvent tardive,
- épanchement péricarde états d’anasarque.
- hépatalgie d’effort ou de repos = pesanteur douloureuse de l’hypocondre droit survenant d’abord à l’effort puis au repos, secondaire à la distension de la capsule hépatique.

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15
Q

NYHA

A

I Pas de limitation de l’activité physique. Activité usuelle normale.

II Aucun symptôme au repos, mais diminution légère de AP. L’activité usuelle importante entraîne soit fatigue, dyspnée, douleurs angineuses ou palpitations > 2 étages

III Limitation marquée de l’activité. Confortable au repos, mais l’AP habituelle entraine fatigue, palpitations ou dyspnée. (marche sur terrain plat montée d’escliers < 2étages

IV Incapacité à réaliser le moindre effort sans gêne. Fatigue, palpitations ou dyspnée sont présents au repos. En cas d’effort, la gêne augmente.

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16
Q

signes physiques d’IC

A
  • cardiaque
    -palpation choc de pointe dévié vers l’aisselle,
    -une tachycardie plutôt modérée (attention bêtabloquants)
    -rythme irrégulier FA ou d’extrasystoles atriales ou ventriculaires
    –un bruit de galop protodiastolique (B3)
    –un éclat du B2 au foyer pulmonaire HTP ;
    –un souffle d’insuffisance mitrale ou tricuspidienne fonctionnelles, aortique, retrecissements;
  • pulmonaire
    –des râles crépitants ou sous-crépitants bilatéraux ++ ;
    –épanchement pleural transsudatif
  • artériel,
    -pouls peut être rapide
    -PA systolique peut être N, basse ou élevée ; si basse (PAS < 100 mmHg), c’est un facteur de gravité. Si PA élevée OAP
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17
Q

Électrocardiogramme de l’IC

A

-peu contributif pour le diagnostic d’IC mais oriente parfois vers étiologie (onde Q de nécrose infarctus ancien ou troubles du rythme)
-signes d’hypertrophie atriale ou HVG ou D
- bloc de branche, BBG ++ (durée du QRS
> 120 ms ou 3 carreaux) si présence arrêt interprétation ECG

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18
Q

Radio thoracique IC

A

-parfois cardiomégalie avec rapport cardiothoracique augmenté (> 0,5)
-1er stade redistribution vasculaire de la base vers les sommets ;
-2 l’œdème interstitiel avec lignes B de Kerley, aspect flou des vaisseaux hilaires et images réticulonodulaires aux bases ;
-3 l’oedème alvéolaire= opacités floconneuses à contours flous des hiles vers la périphérie « en ailes de papillon » souvent bilatérales
- épanchements pleuraux uni ou bilatéraux.

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19
Q

BNP ou le NT-proBNP peptides natriurétiques

A

*bonne VPN
* synthétisés et libérés dans la circulation par les myocytes cardiaques lorsqu’ils sont étirés
* BNP < 100 pg/mL ou de NT-proBNP < 300 pg/mL rendent le diagnostic d’IC très improbable en dyspnée aigue
* BNP < 35 pg/mL, NT-proBNP < 125 pg/mL éliminent une IC non aiguës

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20
Q

Echocardiographie transthoracique permet de mésurer

A
  • la taille du VG qui peut être mesurée par les diamètres ou VTD ou VTS
  • FEVG,
  • la taille et la fonction du VG, la taille de VCI ;
  • la taille des atriums ;
  • l’aspect des valves cardiaques ;
  • le niveau des pressions de remplissage par les flux doppler ;
  • DC et les pressions dans la circulation pulmonaire.
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21
Q

étiologies IC

A

*cardiopathie ischémique
*HTA (IDM ou/et hypertrophie (FEVG N) ou/et augmentation postcharge)
* cardiomyopathie
-dilatées (milles raisons, baisse FEVG)
-hypertrophique (génetique +++) 1ère cause de mort subite chez l’athlète jeune CMH obstructive FEVG N
-restrictive= amylose cardiaque
* valvulopathies gauches
* trouble du rythme V ou supraV ou de conduction
* causes péricardiques
* ICD (causes: ICG, cœur pulmonaire, HTP, cardiomyopathie VD arythmogéne, IT, Infarctus VD)
* insuffisance cardiaque à débit augmenté

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22
Q

choc cardiogenique

A
  • tableau ultime d’une défaillance aiguë et sévère avec baisse du DC, entraînant une baisse de la perfusion tissulaire périphérique et une anoxie tissulaire.
  • mauvais pronostic.
  • Les signes cliniques comportent :
    – PAS < 90 mmHg ou chute de la PAS > 30 mmHg pendant au moins 30 min;
    – troubles de la perfusion périphérique : extrémités froides, cyanosées et marbrées ;
    – oligurie < 20 mL/h ;
    – sueurs ;
    – altération de la conscience (agitation, confusion) ;
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23
Q

Quatre classes médicamenteuses sont associées à une baisse de la mortalité et des décompensations aiguës dans l’IC à FE basse

A
  • les inhibiteurs du système rénine – angiotensine
  • IEC / ARA2, IRA2+néprilysine ;
    -Si suffit pas on remplace IEC par Sacubitril (augmente BNP)- Valsartan
  • les bêtabloquants (carvéridol,métoprolol bisprolol nébivolol) jamais en aigu ;
  • les antagonistes des récepteurs aux minéralocorticoïdes(spironolactone épérone) ;
  • les inhibiteurs du transporteur sodium-glucose ou gliflozines SGLT2.

traitement diurétique qui permet de contrôler la rétention hydrosodée.(furosemide anse) dose minimale efficace car augmente mortalité

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24
Q

Traitements contre-indiqués pour l’IC

A
  • Les inhibiteurs calciques
  • diltiazem et le vérapamil sont CI dans l’IC systolique car ils peuvent avoir un effet dépresseur sur la contractilité.
  • dihydropyridines (félodipine et amlodipine) peuvent être prescrites lorsqu’une indication associée est présente (angor, HTA).
  • Les antiarythmiques de classe I comme le flécaïnide CI.
  • AINS à éviter (risque de rétention hydrosodée).
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25
Q

Formule de Friedewald

A

LDL-c = Cholestérol Total - HDLc - Triglycérides / 5 (g/L) ou /2,2 (mmol/l)
valable que si TG<3,5 L

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26
Q

Valeurs normales bilan lipidique

A
  • LDL-C < 1,6 g/L ;
  • HDL-C > 0,4 g/L ;
  • TG < 1,5 g/L
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27
Q

3 Types de dyslipidémie

A
  • hypercholestérolémie pure (HCH) (ex-type IIa) : LDL-C > 1,60 g/L ;
  • hypertriglycéridémie pure (ex. type IV : TG > 1,5 g/L) ;
  • hyperlipidémie mixte (HLM) : association d’une hypercholestérolémie et d’une hypertriglycéridémie (ex. type IIb, + rare type III).
    *L’hypo-HDLémie (< 0,40 g/L chez l’homme, < 0,50 g/L chez la femme) peut être associée aux catégories précédentes.
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28
Q

Hypercholestérolémies familiales monogéniques

A

1: Par mutation du gène du LDL-récepteur (cause la plus fréquente)
2: Liée à une mutation du gène de l’apolipoprotéine B (apoB) (rare)
3: Liée à une mutation du gène de la protéine PCSK9 (très rare)

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29
Q

traitement dyslipidémie

A

**1ère intention statine CI si grossesse bilan hépatique et attention myalgies dosage CPK
2ème intention association d’une statine avec l’ézétimibe (Ezetrol®)
En dernier lieu une association avec la colestyramine
SI CI statine Ezétimibe

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30
Q

objectifs LDL-c g/l en fonction SCORE2

A

1,16< faible
1< modérée
0,70< élevée
0,55 <très élevée

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31
Q

Bicuspidie fréquence et risques

A
  • 1–2 % de la population générale
  • valve aortique est constituée de seulement 2 cusps = anomalie congénitale
  • bicuspidie aortique favorise la survenue d’un RA.
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32
Q

RA serré

A

Le gradient de pression VG – aorte est d’autant plus élevé que le RA est serré.
* Gradient moyen > 40 mmHg
* Vmax > 4 m/s
* Surface aortique < 1 cm2 ou < 0,6 cm2/m2
* critique si la surface est ≤ 0,75 cm2 ou ≤ 0,4 cm2/m2

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33
Q

Coarctation de l’aorte

A

est un rétrécissement localisé de la lumière aortique qui entraîne
- HTA au niveau des membres supérieurs,
- hypertrophie du ventricule gauche,
- si sévère, une mauvaise vascularisation des organes abdominaux et MI.
- due à bicuspidie RA anévrysme aortique a 30 65

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34
Q

Rétrécissement aortique acquis

A

Dégénératif ou maladie de Mönckeberg
* C’est la forme de loin la plus fréquente de RA
* patient âgé (> 65–70 ans).
* dépôt de calcifications à la base des valvules qui deviennent rigides.

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35
Q

Signes fonctionnels RA

A

Longtemps asymptomatique, le RA peut se manifester par :
* une dyspnée d’effort ;
* un angor d’effort ;
* une syncope d’effort.

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36
Q

Examen clinique RA

A

Palpation
* un frémissement palpatoire : perçu avec le plat de la main, au foyer aortique, le patient en fin d’expiration penché en avant = RA significatif ;
* si évolués : un élargissement du choc de pointe (la dilatation du VG)
Auscultation
* souffle mésosystolique, éjectionnel, intense, rude, râpeux, maximum au 2e espace intercostal D, irradiant dans les vaisseaux du cou, tonalité parfois plus musicale au foyer pulmonaire ou à la pointe, il se renforce après une diastole longue.
* +/- associé à un souffle IA = maladie aortique = abolition de B2 dans les RA serrés calcifiés.
* Dans le RA évolué avec bas débit, le souffle peut devenir moins intense

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37
Q

Signes ECG d’une RA

A
  • HVG surcharge systolique
  • HAG
  • trouble conduction BBG, BAV 1er
  • FA cas sévère
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38
Q

TTT RA

A
  • remplacement valvulaire chirurgical
  • mécanique anticoagulation jeune
  • biologique pas anticoagulation vieux 65 ans durée 10-15 ans
  • TAVI si risque chirurgical élevée intermédiaire à 75 ans
  • on ne fait plus de valvuloplastie percutané
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39
Q

Indication traitement RA

A
  • si RA serré avec présence de symptôme
  • en l’absence de symptômes
    *RA serré et baisse de la FEVG <55%;
    *RA serré et épreuve d’effort anormale ;
    *RA très serré (Vmax>5m/s) ou aggravation rapide de la sténose.
    Dans les autres cas, la conduite à tenir comporte surveillance médicale et ETT.
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40
Q

Définition Insuffisance mitrale (IM)

A

réalise un défaut d’étanchéité de la valve mitrale entraînant un reflux de sang du ventricule gauche VG vers l’atrium gauche (AG) au cours de la systole.

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41
Q

Classification des IM

A
  • proposée par Carpentier tient compte de la position des valves lors de la systole ventriculaire :
  • type I : les valves restent dans le plan de l’anneau lors de la systole ventriculaire et le jeu valvulaire est normal (perforations, fentes, IM secondaires à la dilatation et l’aplatissement de l’anneau suite à une dilatation importante de l’OG, comme FA permanentes chez âgés ;
  • type II : une valve au moins dépasse le plan de l’anneau lors de la systole ventriculaire. Le jeu valvulaire est exagéré (IM dystrophiques avec prolapsus d’une ou deux valves dans OG; la coaptation ne se fait plus dans l’anneau mais dans l’OG ;
  • type III : les valves restent au-dessus du plan de l’anneau (dans le ventricule), le jeu valvulaire est restreint :
    – restrictif en systole et en diastole (type IIIa) avec limitation de l’ouverture et de la fermeture de la valve : rhumatisme articulaire aigu, radiothérapie, IM médicamenteuses ;
    – restrictif seulement en systole (type IIIb) avec limitation uniquement de la fermeture : IM des cardiomyopathies, en particulier ischémiques (chroniques).
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42
Q

Etiologies IM primitive avec excès de jeu valvulaire (type II)

A
  • IM dystrophique est la plus fréquente des IM sévères.
  • caractérisée par des élongations/ruptures de cordages, +/- excès de tissu valvulaire avec ballonnisation, responsables d’un prolapsus valvulaire mitral.
  • ballonnisation est définie comme un bombement d’un feuillet valvulaire trop ample en systole dans l’AG alors que son bord libre reste dans le plan de l’anneau.
  • Le prolapsus survient quand une partie plus ou moins étendue de l’extrémité du feuillet passe en arrière du plan de l’anneau.
    Deux groupes de lésions:
  • « dégénérescences myxoïdes » (maladie de Barlow) = excès de tissu -> excès de mobilité avec prolapsus. La traction peut conduire à des ruptures ;
  • les dégénérescences fibroélastiques, plus fréquentes. Chez les sujets âgés, ++ hommes, ++ valve postérieure (petite).tissu valvulaire adaptée mais rupture de cordages.
  • IM type II peuvent parfois se rencontrer dans le cadre d’une maladie de Marfan ou d’Ehlers-Danlos.
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43
Q

Insuffisance mitrale secondaire (fonctionnelle) par limitation du jeu valvulaire en systole (type IIIb)

A
  • deux entités distinctes :
  • remodelage chronique ventriculaire gauche post-infarctus
  • cardiomyopathie dilatée non ischémique
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44
Q

Insuffisance mitrale primaire rhumatismale et apparentées (restriction systolodiastolique, type IIIa)

A
  • rare depuis la prévention du rhumatisme articulaire aigu
  • souvent associée à RM et à une atteinte de la valve aortique.
  • valves épaissies, rétractées. L’appareil sous-valvulaire est remanié, les cordages raccourcis (ruptures possibles).
  • IM « restrictive », de type III sténose + IM = maladie mitrale
  • IM médicamenteuses (proche du RAA) : dérivés ergots de seigle, anorexigènes (fenfluramine, benfluorex, retirés du marché) ;
  • IM secondaires à la radiothérapie (lésions chroniques).
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45
Q

Insuffisance mitrale sur endocardite

A
  • dans plus de la moitié des cas sur une lésion préexistante, prolapsus valvulaire mitral ou IM d’une autre étiologie.
  • Les lésions sont végétantes et mutilantes
    IM est le plus souvent
  • des ruptures de cordages (type II ) ou des perforations
  • ou déchirures valvulaires (type I), surtout de la valve antérieure
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46
Q

Causes des insuffisances mitrales aiguës

A
  • rupture de cordages en cas :
    – de dégénérescence myxoïde ou fibroélastique,
    – d’endocardite,
    – de traumatisme thoracique ;
    -> oedème pulmonaire unilatéral avec une régurgitation sévère « directionnelle » n’allant que dans les veines pulmonaires d’un seul poumon.
  • rupture de pilier : IDM ou traumatisme
  • dysfonction de pilier ischémique :
    – pilier postérieur par défaut de perfusion de l’artère IV postérieure,
    – pilier antérieur par défaut de perfusion de l’artère IV antérieure ou de l’artère circonflexe ;
  • perforation par endocardite.

souvent tableau hémodynamique grave = urgence vitale

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47
Q

Auscultation IM

A
  • souffle holosystolique de régurgitation, débutant dès B1 et se poursuivant jusqu’à B2 qu’il peut dépasser
  • maximum à la pointe ou de siège apexoaxillaire (foyer mitral) ;
  • de timbre en « jet de vapeur », doux, parfois rude ;
  • d’intensité variable ;
  • avec irradiation vers l’aisselle sauf dans le prolapsus du feuillet postérieur où elle peut se faire vers la base du cœur
  • ne se renforçant pas après une diastole longue.
    si l’IM est importante :
  • galop protodiastolique (B3) ;
  • roulement mésodiastolique ;
  • éclat de B2 en cas d’HTP ;
  • souffle d’insuffisance tricuspidienne fonctionnelle en cas d’IM évoluée avec HTAP et retentissement important sur cœur D
    L’auscultation pulmonaire peut retrouver des râles crépitants d’insuffisance cardiaque gauche.
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48
Q

quels types d’échographie pour la RA et l’IM?

A

RA ETT
IM ETO+++

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49
Q

Traitement IM

A
  • Plastie reconstructrice = traitement chirurgical « idéal »
  • moins de dysfonctions VG postopératoires, moindre morbimortalité, moindre risque d’endocardite infectieuse.
  • Indiquée dans les prolapsus avec ou sans rupture de cordages
  • Elle est possible dans certains cas d’IM post-rhumatismale et dans certains cas d’IM ischémique
  • Ce geste nécessite une expérience importante du chirurgien.
  • Remplacement valvulaire
  • si valve et appareil sous-valvulaire trop remaniés
  • prothèse mécanique = anticoagulant, durée de vie est longue, souvent préférée si FA associée ;
  • prothèse biologique = pas anticoagulant au long cours mais risques de dégénérescence à terme, indiquée en cas de CI aux anticoagulants.
    CI si FEVG >30% transplantation cardiaque
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50
Q

Le traitement d’une IM chronique importante (grade III ou IV) chez un patient asymptomatique repose sur :

A

– la chirurgie en privilégiant si possible la plastie reconstructrice si l’IM retentit sur le VG avec au moins un des signes suivants :
* diamètre télésystolique (DTS) du VG > 40 mm et rupture de cordage,
* FEVG ≤ 60 %,
* élévation des pressions droites au repos (PAP systolique ≥ 50 mmHg),
* fibrillation atriale associée ou dilatation importante de l’AG (> 60 mL/m2) ;

– le plus souvent, une surveillance avec échographie doppler tous les 6 mois dans les autres cas et la chirurgie en cas d’apparition :
* d’un retentissement de l’IM (FE, DTS) d’un examen échocardiographique à l’autre,
* de symptômes (dyspnée d’effort),
* de trouble du rythme supraventriculaire (FA).

-pas d’intervention en cas d’IM isolée grade I II

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51
Q

Etiologies de l’IA

A

relèvent de trois mécanismes différents qui peuvent s’associer.
* mobilité des cusps qui peut être normale
* dilatation anneau, racine, *
*perforation destruction partielle cusps augmentée prolapsus traumatique dystrophie dysplasique sur tricuspidie ou bicuspidie
* restreinte restriction valvulaire RAA iatrogène anorexigènes tumeur neuroendocrine radiothérapie.

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52
Q

Cas particulier des insuffisances aortiques sur prothèse valvulaire

A
  • d’une IA paraprothétique par désinsertion partielle septique (EI précoce ou tardive postopératoire) ou aseptique de la prothèse
    en général minime mais doit être signalée et surveillée ;
  • d’une IA intraprothétique par dysfonction de prothèse (thrombus bloquant le mouvement d’une ailette, endocardite infectieuse ou dégénérescence d’une bioprothèse).
    Une IA minime est normale sur prothèse mécanique ou biologique.
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53
Q

Insuffisance aortique aiguë

A
  • une EI en phase aiguë : IA souvent massive, consécutive à une destruction/perforation valvulaire et/ou à un abcès de l’anneau aortique
  • une dissection aortique aiguë atteignant l’anneau aortique
  • un traumatisme avec lésion valvulaire aortique (traumatisme fermé du thorax, traumatisme de décélération, cathétérisme cardiaque).
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54
Q

Examen clinique IA

A

Auscultation
* un souffle diastolique, débute avec le B2, va decrescendo et se termine avant le B1, ++foyer aortique et irradie le long du bord gauche du sternum ;++perçu lorsque le patient se penche en avant; holodiastolique si IA importante, proto-mésodiastolique si moindre ;
* un souffle systolique éjectionnel au foyer aortique fréquent, modéré, secondaire à l’augmentation du flux antérograde transaortique ;
* un roulement de Flint apexien (sténose mitrale fonctionnelle quand l’IA gêne l’ouverture mitrale) ou bruit de galop, si IA sévère.
Palpation
* choc de pointe étalé si dilatation du VG : choc « en dôme ».
Signes périphériques
* d’une hyperpulsatilité des pouls artériels périphériques ;
* de battements artériels apparents au niveau du cou ++
* d’un élargissement de la pression artérielle différentielle, augmentation P. systo et abaissement P. diasto = IA sévère.

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55
Q

Traitement IA

A
  • souvent amené à opérer des IA chroniques alors que les patients sont asymptomatiques.
    L’indication opératoire :
  • présence de symptômes,
  • dilatation du VG > 50 mm en systole (ou 25 mm/m2),
  • fraction d’éjection abaissée < 50%,
  • dilatation de l’aorte ascendante importante.
    Indications
    Les indications chirurgicales reposent essentiellement sur les données cliniques et échographiques. Les indications reconnues sont (cf. tableau 8.4) :
  • l’IA chronique sévère symptomatique (dyspnée, insuffisance cardiaque congestive) ;
  • l’IA chronique sévère asymptomatique avec :
    – un diamètre télésystolique > 50 mm ou > 25 mm/m2 en échographie,
    – ou une FEVG ≤ 50 % ;
  • l’IA chronique sévère asymptomatique, si la chirurgie est considérée à bas risque chez le patient, avec :
    – un diamètre télésystolique > 20 mm/m2 en échographie,
    – ou une FEVG ≤ 55 % ;
  • l’IA chronique sévère asymptomatique si une chirurgie cardiaque est envisagée pour des pontages coronariens, pour une dilatation de l’aorte, ou pour une autre valvulopathie ;
  • l’IA, quel que soit son grade, avec dilatation de l’aorte ascendante lorsque :
    – le diamètre de la racine de l’aorte, quelle que soit la zone de mesure, est ≥ 55 mm, ou ≥ 50 mm dans le cas du syndrome de Marfan,
    – le diamètre peut être ramené à 45 mm en cas de syndrome de Marfan avec facteurs de risque de rupture ou de dissection, ou à 50 mm en cas de bicuspidie avec facteurs de risque (HTA non maîtrisée, histoire familiale ou personnelle de dissection, progression rapide de la dilatation > 3 mm/an, IM ou IA sévère, désir de grossesse) ;
  • l’IA aiguë sévère : l’indication opératoire est formelle et urgente en cas de signe d’insuffisance cardiaque ;
  • l’EI, qu’elle soit sur valve native ou sur prothèse. L’indication chirurgicale doit être discutée notamment en présence d’un sepsis non maîtrisé, d’une insuffisance cardiaque, ou s’il existe un risque embolique majeur devant de très volumineuses végétations.
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56
Q

Les principales étiologies d’IA dans les pays occidentaux sont :

A

IA peu fréquente qui peut rester asymptomatique pendant de nombreuses années
– la dystrophie valvulaire aortique ;
– la dilatation de l’aorte, notamment sur maladie annuloectasiante (penser au Marfan), avec risque de dissection ou de rupture de l’aorte ;
– la bicuspidie aortique (1 à 2 % de la population), cause fréquente d’IA. La bicuspidie expose au risque de sténose aortique à tout âge, à l’IA et à l’endocardite infectieuse, et peut s’accompagner d’une dilatation aortique ;
– l’EI.

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57
Q

signes ECG dans les palpitations

A
  • tachycardie régulière à QRS large =TV
  • anomalie repolarisation (SCA) ou nagor fonctionnel si >200 bpm
  • tachycardie à QRS fins >150 bpm avec signes gravité cliniques
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58
Q

Définition extrasystole

A
  • activation prématurée ectopique par rapport à la fréquence attendue
  • supraventriculaires ou ventriculaires.
  • peuvent présenter un repos compensateur (total équivalent à une double période) ou être interpolées (absence de repos compensateur)
  • monomorphes ou polymorphes
  • isolées, bigéminées ou trigéminées
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59
Q

Deux types d’extrasystoles

A

Extrasystole supraventriculaire
- morphologie de la dépolarisation atriale (P’) est différente de
l’activation issue du nœud sinusale classique (P)
- QRS suivant est de même morphologie qu’en rythme sinusal ou différent en cas d’aberration de conduction
- une onde P’ peut être bloquée si elle arrive trop précocement et entre dans un nœud atrioventriculaire en période réfractaire physiologique.
Extrasystole ventriculaire
- QRS prématuré, élargi sans activité atriale auparavant.
- Les extrasystoles ventriculaires à couplage court (phénomène R/T) peuvent induire des arythmies ventriculaires létales

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60
Q

Définition tachycardie sinusale

A
  • accélération de la fréquence sinusale au repos > à 100 bpm.
  • activité sinusale (onde P de morphologie issue du nœud sinusal) à début et fin progressifs
  • ++réponse physiologique ou due à une cause
  • si on traite la cause normalement c’est bon
    sinon on parle de tachycardie sinusale inappropriée
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61
Q

TRIN

A

Tachycardie par réentrée intranodale
- c’est une tachycardie jonctionnelle
Les caractéristiques ECG associent
* ECG de repos le plus souvent normal
* fréquence variable de 130 à 250 bpm en fonction des patients/ l’âge
* QRS fins le plus souvent sauf trouble de la conduction ;
* existence d’une activité atriale rétrograde (P’ négatives dans les dérivations inférieures) plus ou moins proche de la fin du QRS en fonction de la vitesse dans la branche rétrograde.

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62
Q

Syndrome de Wolff-Parkinson-White

A
  • présence d’une voie accessoire (passage direct et rapide de l’influx électrique de l’oreillette vers le ventricule homolatéral par la voie accessoire mais aussi par les voies de conduction nodohissienne) qui induit des modifications typiques sur l’ECG de repos :
  • espace PR court < 120 ms sans retour à la ligne isoélectrique avant le début du QRS ;
  • onde delta : aspect triangulaire du début du complexe QRS ;
  • complexe QRS large et > 120 ms dû à la présence de l’onde delta ;
  • troubles de la repolarisation.
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63
Q

SCA Complications tardives

A

Péricardite tardive= syndrome de Dressler
- ++ 3e semaine suivant un IDM étendu.
- Epanchement péricardique +/- épanchement pleural, d’arthralgies, hyperthermie. Le syndrome inflammatoire est en général important.
- L’évolution favorable sous traitement anti-inflammatoire.

Insuffisance VG
- ++ IDM étendu si pas de revascularisation ou si tardive
- +/- secondaire à du remodelage progressif du VG (dilatation) ou constitution d’un anévrisme (déformation diastolique du VG en regard de la zone nécrosée).
- TTT est celui de l’insuffisance cardiaque.

Troubles du rythme ventriculaire tardifs
- ++ si fonction VG est altérée.
- Prévention d’un décès par TV ou FV par l’implantation d’un défibrillateur automatique lorsque la FEVG < à 35 % à distance de l’IDM (au moins 6 semaines), après optimisation du TTT médical.
- les patients ayant une FEVG < 35 % à la phase précoce, une lifevest est habituellement proposée en attendant de voir si la FEVG s’améliore

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64
Q

Critères probabilité clinique EI

A

EI certaine
* Critères histologiques : mise en évidence micro-organisme sur la culture de valve ou d’embole, végétation, abcès avec infection sur anapath
* Critères cliniques :
– 2 critères majeurs
– ou 1 critère majeur et 3 mineurs
– ou 5 critères mineurs

EI possible
* 1 critère majeur et 1 ou 2 mineurs
* Ou 3 critères mineurs

EI exclue = Absence de critères d’EI certaine et possible.

Critères cliniques majeurs (2)
* Hémocultures positives pour l’EI
– ≥ 2 hémocultures typique d’EI (S. aureus, streptocoques oraux, Streptococcus gallolyticus, entérocoques, HACEK)
– Ou ≥ 1 hémoculture/sérologie positive à Coxiella burnetii
* Imagerie + pour les lésions d’EI
– Échographie: végétations, abcès, faux anévrisme, fistule, destruction valvulaire, désinsertion de prothèse
– Ou TEP-scan ou scintigraphie aux leucocytes marqués cardiaques + : hyperfixation pathologique sur prothèse valvulaire
– Ou scanner cardiaque positif : abcès, faux anévrisme, fistule

Critères cliniques mineurs (5)
* Cardiopathie à risque ou toxicomanie IV
* Fièvre (T ≥ 38 °C)
* Phénomènes vasculaires: embolies artérielles systémiques ou pulmonaires, anévrismes infectieux (mycotiques), hémorragies, placards de Janeway
* Phénomènes immunologiques : glomérulonéphrite, nodosités d’Osler, taches de Roth, facteurs rhumatoïdes
Argument microbiologique n’entrant pas dans critère majeur

HACEK : Haemophilus spp., Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Cardiobacterium hominis, Eikenella corrodens, Kingella kingae ;

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65
Q

La classification de Stanford est plus simple:

A

Type A: ces dissections concernent l’aorte ascendante.
Type B: ces dissections sont limitées à l’aorte thoracique descendante (distale par rapport à l’artère sous-clavière gauche).

Le type A de Stanford correspond aux types I, II, et III rétrograde de De Bakey, le type B de Stanford correspond au type III de De Bakey.

L’aorte initiale segment 0, est située à la sortie du ventricule gauche et comporte 3 petites dilatations que l’on appelle les sinus de Valsalva. C’est à ce niveau que se situent les anévrismes dystrophiques, c’est à dire, les dilatations anormales de l’aorte ascendante en rapport avec une anomalie de la fibrilline, constituant essentiel des fibres élastiques de la paroi aortique.

L’aorte ascendante ou segment I qui lui fait suite, constitue la partie initiale de la crosse aortique . Sa longueur est d’environ 6 à 7 cm. Les anévrismes sont ici encore très souvent dus à une anomalie du tissu élastique mais il existe aussi des anévrismes athéromateux et des aortites inflammatoires telles que la maladie de Horton. Les anévrismes syphilitiques ont pratiquement disparu.

Le segment II est représenté par la partie horizontale de la crosse aortique. C’est la région qui donne naissance aux 3 artères qui irriguent le cerveau et qui pose donc un problème de protection cérébrale pour sa réparation. Toutes les étiologies anévrysmales précédemment citées peuvent y être observées.

Le segment III est l’aorte thoracique descendante qui descend, le long du rachis sur toute la hauteur du thorax. Elle donne naissance à une petite artère absolument essentielle à la vascularisation de la moelle : c’est l’artère d’Adamkiewicz.

Le segment IV est la région de l’aorte qui est située sous le diaphragme. Elle donne naissance aux artères digestives et aux artères rénales. C’est une région d’accès difficile.

Le segment V est la partie sous rénale de l’aorte. C’est la région d’élection des anévrysmes athéromateux.

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66
Q

Classification des lésions traumatiques de l’aorte par Goarin et Gavin

A

Stade I : flap intimo-médial et/ou hématome intramural
Stade II : rupture sous adventitielle avec pseudo-anévrysme
Stade III : rupture complète

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67
Q

Définitions de perte de connaissance brève

A
  • Un malaise = indisposition, une gêne, un trouble ou un « mal-être » ou une «sensation pénible vague d’un trouble des fonctions physiologiques ». Ce n’est pas un terme médical mais plainte/motif de recours aux soins.
  • Après le premier contact médical, il faut établir s’il y a eu perte de connaissance brève.
  • Une PDCB est un état réel ou apparent de perte de la conscience, avec amnésie de cette période, perte du contrôle de la motricité, perte de la réactivité, de courte durée.
    ~ PDCB traumatiques et PDCB non traumatiques.
  • PDCB non traumatiques 3 catégories: les syncopes, les crises d’épilepsie et les PDCB psychogènes, se distinguent essentiellement par leur physiopath car leur présentation peut être voisine et trompeuse.
  • syncopes sont PDCB dues à une hypoperfusion cérébrale de déclenchement rapide et de récupération complète et spontanée. Après l’événement, l’état neurologique (comportement et l’orientation) est N. Le patient n’a pas de souvenir de la PDCB.
  • Les signes et symptômes qui précèdent la syncope = prodromes. Lorsque les symptômes se limite aux prodromes et que y pas de PDCB, c’est une lipothymie (présyncope en anglais). Lipothymie= sensation imminente de syncope.
  • Lorsque la syncope ne s’accompagne pas de prodromes,elle est «à l’emporte-pièce».
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68
Q

Causes très rares de PDCB

A
  • accidents ischémiques transitoires (AIT) dans le territoire vertébrobasilaire possiblement associés au syndrome de vol sous-clavier et de certaines formes d’hémorragies sous-arachnoïdiennes (HSA).
  • plutôt de perte progressive de conscience dans l’HSA et de perte prolongée dans l’AIT avec dans l’HSA des céphalées sévères et des signes neurologiques.
  • dans l’AIT, il y a un déficit neurologique focal (vertiges, ataxie, nystagmus, faiblesse des membres inférieurs, diplopie, dysarthrie etc.).
  • AIT dans le territoire carotidien ne donne quasiment jamais de PDCB et l’on note un déficit focal.
  • Le syndrome de vol sous-clavier (conséquence d’un rétrécissement de l’origine d’une artère sous-clavière s’accompagnant d’une inversion de flux de l’artère vertébrale du même côté) donne aussi des signes déficitaires avec un AIT déclenché par les mouvements intenses et répétés du membre supérieur gauche. Il y a une différence de PA entre les deux bras.
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69
Q

autres etat alteration de la cosncience autres que la PDCB

A
  • Comas
  • durée de PDC est très prolongée, le patient en sort progressivemt ou après des manoeuvres thérapeutiques.
  • Confusion mentale
  • pas de PDC mais un déficit d’attention et de concentration, une désorientation, des hallucinations, des propos incohérents, un état d’agitation. Ces états peuvent se rencontrer en cas de désordre métabolique (hypoglycémie, hypoxie, hypocapnie)
  • Cataplexie
  • perte brusque du tonus musculaire parfois avec chute mais sans PDCB, déclencheur = émotion, pas d’amnésie. La narcolepsie associe une cataplexie à des accès irrépressibles de sommeil pluriquotidiens de durée brève, à des paralysies de début de sommeil et à des hypnagogies.
  • Drop-attacks
  • terme à éviter qui prête à confusion car regroupant des formes rares d’épilepsie, la maladie de Ménière et les chutes inexpliquées.
  • souvent des femmes d’âge mûr qui rapportent des chutes brèves dont elles se souviennent parfaitement et dont elles se relèvent immédiatement.
  • Arrêt cardiaque le retour à une conscience N fait suite à une réanimation.
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70
Q

A: Différences entre syncope, épilepsie et PDCB psychogène

A
  • Au cours d’une syncope, il y a hypoperfusion cérébrale.
  • Dans l’épilepsie, il y a hyperactivité cérébrale.
  • Le PDCB psychogène est un phénomène de conversion.
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71
Q

Syncopes définition

A
  • Une baisse PA est responsable d’une diminution globale du flux sanguin cérébral.
  • L’arrêt brutal de ce flux (6–8 s) cause une syncope. Une baisse de PAS à 50–60 mmHg au niveau du coeur donne en position verticale une PA cérébrale de 30–45 mmHg et déclenche une syncope. La PDCB est provoquée par la substance réticulée activatrice du tronc cérébral lorsqu’elle ne reçoit pas ses besoins en oxygène.
  • La baisse de PA peut être due à une baisse du DC, une chute des résistances vasculaires périphériques ou les deux :
    – la baisse du DC peut être due à une bradycardie ou à une tachycardie, à une baisse du retour veineux (déplétion ou spoliation veineuse) ou à un obstacle à la circulation sanguine ;
    – la baisse des résistances périphériques (ou vasodilatation) peut être due à un réflexe levant le tonus sympathique vasoconstricteur (syncope réflexe), à une dysautonomie primitive ou 2nd, ou à des medoc
  • Les myoclonies de la syncope ne doivent pas être confondues avec l’épilepsie. Il s’agit de secousses brèves, souvent des épaules, qui durent moins de 15 s et qui débutent tjr après la PDC et le + souvent après la 30e seconde de PDC.
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72
Q

Épilepsie et PDCB psychogènes

A
  • Seules les crises généralisées (toniques, cloniques, tonicocloniques ou atoniques) sont des causes de PDCB en raison de la perte du contrôle de la motricité. Les crises partielles en position debout ou assise ne sont en général pas considérées comme des causes de PDCB.
  • Il existe deux formes de PDCB psychogènes : l’une imite l’épilepsie, l’autre la syncope. Elles sont souvent prolongées et se répètent plusieurs fois par j. Il s’agit d’un phénomène de conversion.
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73
Q

Causes cardiaques mécanique de PDCB

A
  • « par obstacle mécanique » à la circulation sanguine soit systémique, soit pulmonaire avec effondrement de la PA par chute du DC :
  • rétrécissement aortique serré : la syncope survient à l’effort ;
  • cardiomyopathies hypertrophiques (CMH) avec obstruction, le plus souvent d’origine génétique, causée le plus svt par des mutations de gènes des protéines du sarcomère (autosomique dominante). L’hypertrophie du septum interV peut créer un obstacle sur la chambre de chasse du VG en s’apposant à la grande valvule mitrale. -> obstruction génère un souffle systo éjectionnel audible au bord G du sternum. Les syncopes surviennent à l’effort ou juste après l’effort ;
  • EP avec thrombus occlusif dans le tronc de l’a. pulmonaire ou la chambre de chasse du VD. Il s’agit souvent d’une embolie à haut risque (avec état de choc) ;
  • tamponnade par épanchement péricardique comprimant les cavités cardiaques à basse pression VD ;
    Causes moins fréquentes :
    – thrombose de valve mécanique (mitrale) possiblement associée à une endocardite bactérienne,
    – tumeurs cardiaques (myxomes),
    – dissection aortique,
    – HTP sévère.
    Attention IC sévère de stade IV ou au stade d’état de choc peut donner une confusion mentale ou un trouble de conscience mais n’est jamais une cause de syncope en soi.
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74
Q

Causes cardiaques « rythmiques » d’une PDCB

A

Les troubles conductifs (bradycardie extrême ou une pause) :
– BAV, du 3e degré ++ et de siège infrahissien++ BAV de haut degré, BAV du 2e degré de type Mobitz II, + rarement les autres formes de BAV du 2e degré,
– la dysfonction sinusale quand les pauses dépassent 6 s (< chez âgés), maladie de l’oreillette ou syndrome de tachycardie-bradycardie= fibrillation atriale paroxystique à DS, sous la forme de pauses de régularisation (au retour en rythme sinusal),
– la défaillance d’un stimulateur cardiaque (pacemaker) posé pour BAV ou DS lorsqu’une sonde est déplacée/rompue ou usure de la batterie ;
Les troubles du rythme (la cause de la syncope est une tachycardie) :
– TV surtout associées à la maladie coronarienne au cours SCA avec ou sans sus-ST ou à la phase séquellaire de IDM parfois des années plus tard, aussi dans cardiomyopathies dilatées, hypertrophiques ou restrictives, qu’elles soient primitives ou 2nd, au cours de la cardiomyopathie (ou dysplasie) arythmogène du VD (maladie de cause génétique affectant de préférence le ventricule droit),
– les torsades de pointes, en présence d’un allongement de l’intervalle QT. Si elles
dégénèrent en FV, elles causent alors un ACR et non une syncope,
- TSV ne sont qu’exceptionnellement responsables de syncopes.

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75
Q

Hypotension artérielle orthostatique

A
  • première cause de syncope, définie par une baisse > ou = à 20 mmHg pour la PAS ou à 10 mmHg pour la PAD, ou par une PAS < à 90 mmHg dans les 1 à 3 min suivant le passage à l’orthostatisme
  • peuvent être favorisées par un effort préalable, une période postprandiale ou un alitement prolongé.
    Les causes sont :
  • médicamenteuses : tous les vasodilatateurs (nitrés, inhibiteurs calciques, inhibiteurs du système rénine – angiotensine – aldostérone, etc.), les diurétiques, les psychotropes, les antiparkinsoniens ;
  • hypovolémiques : déshydratation, diarrhée, vomissements, hémorragie, insuffisance surrénalienne, etc. ;
  • par dysautonomie primaire : maladie de Parkinson ou maladie à corps de Lewy ;
  • par dysautonomie secondaire : diabète, amylose, neuropathies paranéoplasiques,
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76
Q

Syncopes réflexes

A
  • la syncope vasovagale= syncope réflexe qui s’accompagne de bradycardie ou de vasodilatation (vasoplégique) ou les 2 car activation du parasympathique responsable de la bradycardie et baisse du tonus sympathique responsable de la vasodilatation et, donc, de l’hypotension. La composante cardio-inhibitrice peut être très spectaculaire avec asystolie de plusieurs s ou dizaines de s ;
  • les syncopes situationnelles : à la miction, aux vomissements, à la défécation, à la toux (ictus laryngé), aux éternuements, après un effort intense, à la manœuvre de Valsalva (trompettistes) ;
  • le syndrome du sinus carotidien (ou hyperréflectivité sinocarotidienne). Il s’agit de la mise en jeu du baroréflexe à la striction cervicale par compression du glomus carotidien (rasage, cravate, etc.).
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77
Q

Diagnostic différentiel des syncopes

A

A: Avec les autres états d’altération de la conscience
* Comas et ACR sont des états où la PDC n’est ni brève ni de résolution spontanée.
* cataplexie, de la confusion mentale et des drop-attacks, il n’y a pas PDC
* Chutes sans PDC (++ personne âgée) ou PDC traumatiques, l’interrogatoire et l’examen clinique redressent le diagnostic.
B: Avec les autres causes de PDCB
* Le contexte d’un AIT, d’un AVC est différent, et ces accidents ne sont que de façon rarissime responsables de PDCB.
* Les PDCB psychogènes sont plus difficiles à écarter. Rythme cardiaque et pression artérielle sont N au moment des faits, de même que EEG. Eléments en faveur du diagnostic: résistance à l’ouverture des yeux, la durée > 15 min de la PDC, et la répétition fq dans la même semaine.
* Le plus fréquemment rencontré aux urgences est le diagnostic différentiel avec l’épilepsie, à noter que la perte des urines ainsi que la fatigue avec envie de dormir après la PDCB ne sont pas dans ce tableau car considérés désormais comme peu discriminants.

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Q

Interrogatoire d’une syncope

A

L’interrogatoire du patient et des témoins est crucial pour :
* confirmer la PDCB et écarter si possible épilepsie et PDCB psychogène ;
* faire préciser les éléments clés: les ATCD familiaux de mort subite qui (cause génétique), ATCD perso de cardiopathie (cause cardiaque), le TTT (hypotenseurs et la recherche d’une modification récente d’un TTT), causes de dysautonomie (DT, maladie de Parkinson) ;
* faire préciser les prodromes (parfois absents), faire la distinction avec une aura de crise comitiale, rechercher une douleur tho ou une dyspnée (diagnostics prioritaires), rechercher des nausées ou des sueurs froides (syncopes vasovagales) ;
* faire préciser la posture au moment de la syncope (debout – assis – couché) et l’activité : effort ou repos, facteur déclenchant : douleur, émotion, phobie du sang, prélèvement sanguin ou injection, période post-prandiale, situation propice à une syncope réflexe (station debout prolongée, confinement, lieux publics ou transports en commun, chaleur) ;
* demander aux témoins de préciser d’éventuels mouvements anormaux (crise tonicoclonique ou simple myoclonies) et s’ils ont été contemporains (crise comitiale) ou retardés (myoclonies) par rapport à la PDC ;
* faire préciser la durée, en sachant qu’une amnésie passagère peut égarer le patient sur la durée exacte, le mode de réveil, brutal ou progressif avec ou sans phase post-critique,
* demander au patient s’il est courbaturé (crise comitiale) ;
* prendre avec prudence de la part d’un témoin la notion d’abolition du pouls, le pouls radial peut être imperceptible en cas d’hypotension
* parfois impossible de savoir si la PDC a été réellement complète ou non, notamment quand elle a été très brève, il faut parfois savoir renoncer à recueillir cette information, en particulier chez le sujet âgé. De toute façon, cet indice séméiologique peut s’effacer derrière les données objectives caractérisant le terrain et l’ECG initial.

79
Q

Examen clinique syncope

A
  • neuro recherche des signes déficitaires. On quitte le domaine cardiovasculaire en cas de constatation de telles anomalies ou en cas d’une altération prolongée de l’état de conscience (confusion ou coma). La morsure profonde du bord latéral de langue évoque une crise comitiale, l’interrogatoire peut y avoir fait penser en cas d’insomnie, de stimulation lumineuse intermittente, de sevrage médicamenteux ou éthylique. L’entourage précise les mouvements anormaux, on note des déficits transitoires ou un syndrome confusionnel post-critique
  • CV permet d’identifier les syncopes dues à des causes « mécaniques » à ce stade, (souffle systolique de RA, de signes de coeur pulmonaire aigu, d’assourdissement des bruits d’une prothèse mécanique)
  • PA, surtout au décours immédiat de la syncope, et la constatation d’une hypotension prolongée ont une grande valeur d’orientation en faveur d’une hypotension iatrogène ou réflexe, il faut aussi rechercher l’hypotension artérielle orthostatique après mesure de la pression artérielle allongé, puis toutes les min pendant 3 minutes de passage à l’orthostatisme. La survenue de symptômes en cas de constatation d’une hypotension artérielle orthostatique en renforce la signification diagnostique.
80
Q

Électrocardiogramme syncopes

A

1: Anomalies permettant de faire le diagnostic:
* dysfonction sinusale avec bradycardie < 40 bpm ou pauses > 3 s chez un patient éveillé ;
* TV et torsades de pointes ;
* un BAV complet (3e degré) ou du 2e degré type Mobitz II ;
* un bloc de branche alternant (bloc trifasciculaire) ;
* une TSV rapide (en pratique > 150 bpm) ;
* signes de défaillance d’un stimulateur cardiaque/ défibrillateur-> pauses cardiaques.
2: Anomalies qui orientent le diagnostic
* Une bradycardie entre 40 et 50 bpm ou des pauses < 3 s orientent vers une DS
* BAV du 2e degré de type Mobitz I, BBG, un bloc bifasciculaire orientent vers BAV paroxystique.
* Syndrome de Wolff-Parkinson-White oriente vers une cause rythmique.
* ESV nombreuses ou en salves orientent vers une TV.
* Allongement de l’intervalle QT oriente vers une torsade de pointes.
* Un syndrome de Brugada (sus-décalage convexe du segment ST en V1, V2, V3 sans image en miroir) est une anomalie génétique qui peut donner une FV (syncope si résolutive, mort subite si non résolutive).
* Signes d’HVG, des anomalies de la repolarisation, une onde Q de nécrose évoquent un SCA ou une séquelle d’IDM ou cardiopathies structurelles et incitent à poursuivre l’enquête étiologique vers une cause cardiaque (TV sur séquelle d’infarctus).

81
Q

Première synthèse à l’issue de l’évaluation clinique et électrocardiographique d’une syncope

A
  • Dans plus de 50 % des cas à ce stade, la cause de la syncope/lipothymie est identifiée.
  • À l’inverse, on peut à ce stade être sorti du domaine des syncopes/lipothymies pour l’une des raisons suivantes :
    – le « malaise » était en fait une douleur tho, une dyspnée, un vertige, etc. ;
    – l’altération de conscience n’est pas une PDCB mais un coma, une confusion mentale
    – il s’agit bien d’une PDCB mais pas d’une syncope (ex : épilepsie) ;
    – un déficit neurologique est constaté : c’est une urgence neurovasculaire.
  • Le diagnostic n’est toujours pas établi mais il y a des anomalies ECG d’orientation ou des arguments pour la présence d’une cardiopathie sous-jacente, c’est l’hypothèse d’un TDR ventriculaire annonciateur de mort subite qui domine.
  • Si l’ECG est N et si les données cliniques ne mettent pas en évidence de pathologie cardiaque sous-jacente, il faut dans ce cas savoir poursuivre les examens paracliniques pour s’en assurer.
  • Parfois, le diagnostic de syncope n’est pas remis en question mais il s’agit d’un SCA ou d’un IDM qui conditionnent la PEC
82
Q

Examens supplémentaires syncope

A
  • Echocardiographie quasi systématique amené diagno (thrombose de valve mécanique, cardiomyopathie hypertrophique obstructive) ou le confirme (RA, EP). Peut montrer une séquelle d’IDM ou de cardiopathie= étiologie TDR ou de conduction. Identifie les situations à risque vital. Si elle met en évidence une cardiopathie structurelle du VG (cardiomyopathie dilatée, cardiopathie ischémique) avec une altération de la FEVG, un défibrillateur implantable peut être proposé (risque de mort subite) sans autre examen supplémentaire.
  • L’épreuve d’effort suggère, (syncope pendant ou après un effort), une cause cardiaque (BAV à l’effort) et, en cas de survenue après l’effort, une syncope réflexe.
  • BNP (ou NT-proBNP) et la troponine sont utiles pour identifier une cause cardiaque. * Le monitorage ECG externe est obligatoire aux urgences en cas de situation à risque vital avéré ou suspecté (causes cardiaques). Il se fait selon la méthode de Holter en ambulatoire pour des durées de 24 h à 3 semaines à l’aide d’appareils portatifs si le patient n’est pas à haut risque vital et si les syncopes/lipothymies sont fq, examen sensible pour DS et les troubles de conduction atrioventriculaire nodaux. Si N, cet examen n’écarte pas un TDR ventriculaire ni un BAV hissien ou infrahissien paroxystique. Son rendement reste faible, mais examen peu onéreux et non invasif.
  • Le massage du sinus carotidien est réalisé en position couchée, puis debout. C’est le massage ferme et unilatéral d’une a. carotide puis de l’autre, au bord antérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien, au niveau du cartilage cricoïde, pendant au moins 5 s - 10 s. La manoeuvre est + si l’on observe une pause ventriculaire > 3 s ou une baisse de la PAS > 50 mmHg qui reproduit les symptômes, indiquée en cas de présomption de syncope réflexe en l’absence de cause identifiée. CI après un AIT, un AVC ou en présence d’une sténose artérielle carotidienne.
  • L’étude électrophysiologiqueendocavitaire (EEP) proposée en cas de syncope non élucidée et en cas de cardiopathie sous-jacente ou d’anomalies ECG (comme un bloc bifasciculaire ou un BBG). Analyse de la conduction atrioventriculaire infranodale et une tentative de déclenchement de TV par la stimulation ventriculaire programmée (SVP). Parfois, mise évidence un TDR supraventriculaire (tachycardie jonctionnelle) ou confirmer un syndrome de WPW. Pas proposée aux patients dont le coeur est N (à l’écho) et dont l’ECG est également N car dans ce cas, la probabilité de mettre en évidence une anomalie est très faible sauf si la syncope a été précédée de palpitations.
  • monitoring ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) peut suggérer une hypotension artérielle orthostatique. Chez ces patients, il est fréquent de mettre en évidence une hypertension nocturne paradoxale.
  • Le test d’inclinaison est un test qui recherche une susceptibilité hypotensive. Il permet de reproduire les syncopes réflexes qui surviennent en position debout prolongée (syncopes vasovagales). Il peut être utile pour reproduire une PDCB psychogène avec ECG et PA N au moment de la PDC. Son utilisation doit être prudente car il peut être positif chez des patients dont la cause de la syncope est cardiaque et égarer le diagnostic. Son rôle est actuellement contesté dans lsyncopes inexpliquées.
83
Q

Étude électrophysiologique endocavitaire (EEP)

A
  • Examen réalisé avec asepsie après recueil du consentement.
  • Dans une salle de cathétérisme, par voie veineuse fémorale.
  • Sous anesthésie locale et sédation légère.
  • Montée de 2 ou 3 sondes pour recueil de l’activité électrique du faisceau de His et mesure de l’intervalle HV (conduction infrahissienne).
  • Stimulation atriale à fréquence croissante pour évaluer les capacités de la conduction AV.
  • Stimulation V programmée pour tentative de déclenchement de TV.
  • Tests pharmacologiques éventuels.
  • Surveillance du point de ponction, mobilisation du patient 4 h plus tard.
84
Q

Attention dans syncopes

A

Les TV sont la première cause de mort subite des patients cardiaques et la syncope peut en être l’élément annonciateur. La sanction thérapeutique en cas de déclenchement de TV est la pose d’un défibrillateur automatique intracorporel.

85
Q

Test d’inclinaison

A
  • Examen réalisé dans un environnement calme, patient à jeun.
  • Surveillance continue de la PA et de l’ECG.
  • Période de décubitus initial d’au moins 5 min.
  • Patient incliné sur table basculante, angle de 60 à 70° tête en haut.
  • Période d’inclinaison entre 20 et 45 min au plus.
  • Sensibilisation par l’isoprénaline ou la trinitrine sublinguale.
  • Résultat + si survenue de syncope vasovagale avec hypotension et/ou bradycardie.
86
Q

Monitorage électrocardiographique implantable(MEI)

A
  • occupe une part grandissante dans la PEC
  • L’autonomie de la prothèse dépasse les 2 ans de suivi, d’où son intérêt lorsque les syncopes sont espacées pour associer les symptômes à une anomalie ECG.
  • pas indiquée chez les patients à haut risque de mort subite (pose d’un défibrillateur ou d’un stimulateur cardiaque.
  • proposée en cas de négativité de l’EEP lorsque l’on soupçonne un FN, (en cas de BBG ou de bloc bifasciculaire lorsque la conduction infrahissienne semble N, présence d’une séquelle d’infarctus quand la SVP ne déclenche pas de TDR).
  • MEI en cas de syncopes cliniquement sévères, fq et inexpliquées.
87
Q

Critères de gravité d’une syncope

A

A: Critères cliniques et paracliniques justifiant le maintien aux urgences ou en unité de syncope ou en hospitalisation conventionnelle:
* ATCD familiaux de mort subite à un jeune âge ;
* ATCD perso : cardiopathie, IC, IDM, altération FEVG
* caractéristiques de la syncope : à l’effort ou précédée de palpitations ou survenue en position couchée ;
* symptôme grave associé : douleur tho, abdo, céphalées, dyspnée brutale ou syncope avec chute elle-même responsable d’un traumatisme grave ;
* souffle systolique éjectionnel ;
* anomalie ECG ayant valeur diagnostique ou valeur d’orientation
B: Situations à risque faible autorisant le retour à domicile et/ou une consultation ultérieure:
* en cas de diagnostic évident de syncope réflexe (épisodes répétés identiques évoluant depuis plusieurs années ou en cas d’hypotension artérielle orthostatique si les mesures appropriées ont été prises) ;
* avec examen clinique N et ECG N ;
* en l’absence d’ATCD ou de signe en faveur d’une cardiopathie sous-jacente.

88
Q

Syncopes réflexes

A
  • Le contexte est celui :
    – des syncopes vasovagales : station debout prolongée, confinement, lieux publics ou transports en commun, chaleur, douleur, émotion, vue du sang, stimulus olfactif désagréable, rarement en position assise ;
    – du syndrome du sinus carotidien : rasage, mouvements du cou, col trop serré, appui sur le cou ;
    – de miction, défécation, après un effort intense, toux ou stimulation douloureuse pharyngée pour les syncopes situationnelles.
  • Pour tous les types, la nuit, la chaleur et la période postprandiale sont favorisantes. * L’interrogatoire retrouve souvent un passé ancien de syncopes répétées survenues avant l’âge de 40 ans.
  • Le terrain est celui :
    – d’un sujet jeune souvent anxieux, émotif ou dépressif pour syncopes vasovagales, avec fq récidives rapprochées et phases de rémission ;
    – d’un homme âgé pour le syndrome du sinus carotidien.
  • La description typique d’une syncope vasovagale est une syncope progressive ou brutale (traumatisante) après des prodromes à type de nausées, vue trouble, faiblesse des jambes, qui s’accompagne de sueurs et de nausées. Le tégument est souvent pâle. Il peut y avoir des myoclonies, la bradycardie peut être parfois sévère avec asystolie. Il faut allonger le patient et surélever ses jambes. On note une fatigue et une intolérance à la station debout lors de la phase de récupération.
  • Ce sont les syncopes les plus fréquentes sur coeur sain et ECG normal.
  • PEC relève de mesures non pharmacologiques : réassurance sur le caractère bénin de cette affection, éducation pour éviter les facteurs déclenchants ou les situations favorisantes, reconnaissance précoce des prodromes afin de s’assoir ou se coucher pour éviter une chute traumatisante et/ou d’activer des mesures destinées à limiter la chute de PA comme les contractions musculaires volontaires isométriques, bonne hydratation et apports sodés suffisants, arrêt ou diminution des médicaments hypotenseurs. La fq des récidives est très variable mais diminue souvent après une première évaluation. Dans de rares cas, peuvent se discuter un TTT pharmacologique (fludrocortisone, agonistes alpha), voire l’implantation d’un pacemaker quand la composante « bradycardie » est prédominante et documentée.
89
Q

Hypotension artérielle orthostatique

A

– le plus souvent en présence de facteurs iatrogènes (médicaments psychotropes, antiparkinsoniens, antihypertenseurs) ;
– après l’introduction ou le changement de dose d’un TTT hypotenseur (vasodilatateur ou diurétique) ;
– à la station debout prolongée, notamment dans un endroit chaud avec syncope lors du passage du décubitus ou de la position assise à la position debout ;
– en postprandial ;
– en présence d’une dysautonomie (diabète, maladie de Parkinson)
* La prise en charge de l’hypotension orthostatique repose sur la lutte contre l’hypovolémie (hydratation et apports sodés suffisants), la diminution ou l’arrêt des médicaments hypotenseurs, le croisement des jambes ou l’accroupissement quand c’est possible, les bas de contention, le lever prudent, enfin des TTT médicamenteux comme les alpha-agonistes (midodrine) ou la fludrocortisone (minéralocorticoïde qui entraîne une rétention hydrosodée).

90
Q

Trouble du rythme ou de conduction chez un patient cardiaque dans contexte de syncope

A
  • Le plus souvent, le diagnostic final est une TV ou un BAV.
  • Généralement, il s’agit d’un patient avec ATCD d’IDM ou de cardiomyopathie dilatée, avec FE abaissée, il peut s’agir d’une famille avec des ATCD de mort subite (cause génétique).
  • Il faut suspecter cette étiologie en cas de survenue à l’effort ou en position couchée ou en cas de palpitations avant la syncope.
  • L’ECG peut donner le diagnostic ou orienter vers une cause cardiaque, les examens supplémentaires montrent ou suggèrent une cardiopathie sous-jacente (écho).
  • Le diagnostic repose sur l’EEP ou sur le MEI en cas de - de l’EEP.
  • La sanction thérapeutique ultérieure est la pose d’un défibrillateur en cas de TV ou d’un stimulateur cardiaque en cas d’atteinte des voies de conduction.
91
Q

Définition de la dyspnée

A
  • inconfort, une difficulté respiratoire survenant pour un niveau d’activité usuelle n’entraînant normalement aucune gêne.
  • sensation subjective.
  • symptôme très fréquent.
  • causes multiples : ORL, pneumologiques, cardiologiques, neurologiques.
  • Il faut distinguer
  • dyspnée aiguë (d’apparition récente) et dyspnée chronique ;
  • dyspnée et insuffisance respiratoire, les deux termes ne sont pas synonymes :
  • une dyspnée peut s’observer sans l’IR, (anémie aiguë) ;
    – L’IR peut survenir sans dyspnée, (coma).
92
Q

Interrogatoire d’une dyspnée

A
  • ATCD, comorbidités, TTT
    La dyspnée est caractérisée :
  • rapidité d’installation : aiguë (qlq h ou j) ou chronique (qlq semaines ou mois) ;
  • circonstances de survenue :
  • repos ou effort,
  • position : décubitus (orthopnée) ou orthostatisme (platypnée),
  • facteurs saisonniers, climatiques, environnementaux, toxiques déclenchant
  • horaire.
    L’intensité est évaluée par la classification de la New York Heart Association (NYHA):
  • stade I : absence de dyspnée pour les efforts habituels : aucune gêne n’est ressentie dans la vie courante ;
  • stade II : dyspnée pour des efforts importants habituels, tels que la marche rapide ou en côte ou la montée des escaliers (≥ 2 étages) :
  • stade III : dyspnée pour des efforts peu intenses de la vie courante, tels que la marche en terrain plat ou la montée des escaliers (< 2 étages) ;
  • stade IV : dyspnée permanente de repos ou pour des efforts minimes (se laver, enfiler un vêtement).
    On peut en rapprocher l’échelle MRC (Medical Research Council) utilisée en pneumologie :
  • stade 0 : exercice intense ;
  • stade 1 : marche rapide sur terrain plat ou montée d’une pente légère ;
  • stade 2 : marche à plat plus lente que les gens du même âge, ou obligeant à l’arrêt si le patient marche à son rythme à plat ;
  • stade 3 : arrêt nécessaire après marche de 100 m environ ou de quelques min;
  • stade 4 : empêchant de sortir de la maison ou survenant à l’habillement.
    L’interrogatoire recherche des signes fonctionnels associés : généraux, respiratoires, cardiologiques, ORL, neurologiques.
93
Q

Caractériser la dyspnée

A
  • déterminer la phase du cycle respiratoire concerné : inspiratoire, expiratoire ou aux 2 temps ;
  • évaluer :
  • FR : tachypnée ou polypnée (> 20 cycles/min), bradypnée (< 10 cycles/min) ;
  • le rythme respiratoire : régulier ou irrégulier :
  • dyspnée de Kussmaul : alternance inspiration, pause, expiration, pause (acidose méta,
  • dyspnée de Cheynes-Stokes : succession de périodes de polypnée croissante, puis décroissante entrecoupées de périodes d’apnée, vue dans l’IC grave (dyspnée d’origine centrale, bas débit au niveau des centres respiratoires ou du tronc cérébral) ;
  • l’intensité : hyperpnée (augmentation de l’amplitude du volume courant), hypopnée ou oligopnée (diminution de l’amplitude du volume courant).
94
Q

Rechercher des éléments d’orientation étiologique dans la dyspnée

A
  • des signes généraux : fièvre, frissons, amaigrissement, etc.
  • des symptômes associés : douleur tho; toux, expectorations, bruits respiratoires: wheezing, cornage ;
  • la présence de signes à l’auscultation pulmonaire : N, crépitants, sibilants, râles bronchiques, abolition du MV
  • une anomalie de percussion : matité ou tympanisme.
    Cette recherche est complétée par des examens :
  • CV complet à la recherche de signe d’IC et de signes de TVP
  • ORL ;
  • thyroïdien ;
  • neuromusculaire.
95
Q

Rechercher des signes de gravité devant une dyspnée aiguë

A
  • signes de mise en jeu des muscles respiratoires accessoires : tirage sus-sternal ou sus-claviculaire, creusement intercostal, battement des ailes du nez, balancement thoracoabdominal, contracture active expiratoire abdominale ;
  • cyanose, sueurs, tachycardie > 120/min, signes de choc (marbrures), angoisse, SpO2 < 90 % ;
  • retentissement neurologique : encéphalopathie respiratoire (astérixis), agitation, somnolence, sueurs, coma.
96
Q

Examens complémentaires à discuter en 1re intention en dyspnée aiguë

A
  • GDS apprécie la gravité (hypoxémie et hypercapnie témoignant de IR) et permet une parfois orientation étiologique. Attention, une SpO2 < 90 % témoigne d’une hypoxémie et indique l’administration d’O².
  • ECG recherche des signes en faveur d’une EP, d’une coronaropathie, TDR
  • RX tho recherche une anomalie de la paroi thoracique, une anomalie pleurale, parenchymateuse pulmonaire, médiastinale, une cardiomégalie.
  • Bio comporte NFS plaquettes, iono, glycémie, BNP ou NT-proBNP, D-dimères (si suspicion EP).
  • Devant une dyspnée aiguë, un BNP < 100 pg/mL (ou un NT-proBNP < 300 pg/mL) rend le diagnostic d’IC peu probable. À l’inverse, des valeurs de BNP ≥ 100 pg/ml ou de NT-proBNP ≥ 300 pg/mL sont en faveur d’une IC.
  • De même, un dosage de D-dimères < 500 μg/mL permet d’exclure le diagnostic d’EP si la probabilité est faible ou intermédiaire.
97
Q

Dyspnées aiguës étiologies

A
  1. Étiologies d’origine cardiaque
    – OAP
    – Pseudo-asthme cardiaque
    – Tamponnade
    – TDR cardiaque mal tolérés
    – Choc cardiogénique
  2. EP
  3. Étiologies pulmonaires et pleurales
    – Crise d’asthme
    – Exacerbation d’une BPCO
    – Pneumopathie infectieuse
    – SDRA
    – Décompensation d’une IRC
    – Atélectasie pulmonaire bénigne ou maligne
    – PNO
    – Épanchement pleural
    – Complications d’un traumatisme thoracique
  4. Étiologies laryngotrachéales :
    – Œdème de Quincke
    – Inhalation de CE
    – Étiologies infectieuses (chez l’enfant) : épiglottite, laryngite
    – Étiologies trachéales : sténose tumorale endoluminale ou extraluminale, CE, granulome post-intubation
  5. Autres étiologies
    – États de choc
    – Acidose métabolique
    – Causes neuro : atteintes bulbaires, polyradiculonévrite, myasthénie, etc.
    – Intoxication au CO
    – Anémie aiguë, hyperthermie aiguë
    – Syndrome d’hyperventilation ou dyspnée psychogène
98
Q

Dyspnées chroniques

A
  1. Étiologies d’origine cardiaque :
    – IC
    – Constriction péricardique
  2. Étiologies pulmonaires et pleurales :
    – BPCO
    – Asthme à dyspnée continue
    – PID
    – Pneumoconioses
    – Séquelles pleurales post-tuberculeuses
    – Paralysie phrénique
    – Cyphoscoliose
  3. HTAP
    – Idiopathique
    – Familiale
    – Associée à une connectivite (le plus souvent sclérodermie)
    – Associée à un shunt intracardiaque
    – Associée à une infection à VIH
    – D’origine toxique
  4. HTP post-embolique
  5. Autres étiologies :
    – Obstacles sur les VAS : tumeur ORL, corps étranger méconnu, tumeurs trachéales ou médiastinales
    – Anémie
    – Acidose métabolique
    – Causes d’origine neuromusculaire (myopathie)
    – Syndrome d’hyperventilation ou dyspnée psychogène
    – Pathologies du transport de l’oxygène : sulf-hémoglobinémie et methémoglobinémie
    – Intoxication au CO
99
Q

La dyspnée aiguë étiologies principales

A
  • motif extrêmement fréquent de consultation dans les services d’urgence.
    Les diagnostics les plus fréquents chez l’adulte sont
  • œdème aigu du poumon (ou l’insuffisance cardiaque aiguë),
  • l’embolie pulmonaire
  • la décompensation aiguë d’une pathologie respiratoire chronique souvent à l’occasion d’une surinfection.
100
Q

Étiologies d’origine cardiaque dyspnée aiguë

A

1 OAP
L’étiologie d’origine cardiaque est la plus fréquente.
Ses principales caractéristiques cliniques sont :
* orthopnée, wheezing ;
* présence de crépitants bilatéraux à l’auscultation pulmonaire ;
* expectoration rose saumonée ;
* terrain : cardiopathie connue, ATCD IDM, facteurs déclenchants (ex FA) ;
* RX tho : œdème alvéolaire, cardiomégalie ;
* ECG : anomalie (onde Q de nécrose), FA rapide ;
* BNP (ou NT-proBNP) augmenté.
La réponse à un TTT adapté (diurétique ou trinitrine IV) peut être un argument en faveur du diagnostic.
2 Pseudo-asthme cardiaque
- doit être considéré comme un équivalent d’OAP
* orthopnée ;
* présence de sibilants ± crépitants à l’auscultation pulmonaire.
3 Tamponnade
- Complication des péricardites avec épanchement péricardique.
* orthopnée ;
* tachycardie ;
* à l’auscultation cardiaque : assourdissement des BDC;
* auscultation pulmonaire N;
* turgescence jugulaire ;
* pouls paradoxal (diminuant à l’inspiration profonde).
En général, c’est un tableau de collapsus ou d’état de choc avec signes d’IVG.
4 Troubles du rythme cardiaque mal tolérés
Les troubles du rythme SV et la TV peuvent s’accompagner d’une dyspnée.
5 Choc cardiogénique
- La dyspnée n’est pas au premier plan, on note un collapsus et des signes d’hypoperfusion.

101
Q

Embolie pulmonaire contexte de dyspnée aiguë

A
  • Très fq, son diagnostic souvent difficile.
  • Rechercher un contexte favorisant (alitement, voyage de longue durée, immobilisation sous plâtre, contexte postopératoire, etc.).
  • Sa survenue est en règle très brutale mais la dyspnée est d’intensité variable, généralement associée à une douleur tho.
  • L’auscultation cardiaque et pulmonaire est souvent N sauf en cas de tachycardie.
  • GDS retrouve un effet shunt (hypoxie – hypocapnie).
102
Q

Étiologies d’origines pulmonaires et pleurales dyspnée aiguë

A

1 Crise d’asthme
- dyspnée expiratoire avec sibilants à l’auscultation pulmonaire.
- distinguer la crise d’asthme de l’asthme aigu grave : dans ce dernier cas, le thorax est bloqué en inflation, les sibilants ne sont plus retrouvés ni le MV, un pouls paradoxal est possible, l’élocution est impossible, c’est une urgence vitale.

2 Exacerbation d’une BPCO
* souvent à l’occasion d’une surinfection bronchique, en cas de majoration de la dyspnée, de la toux, du volume ou de la purulence des expectorations.
* patient ayant des ATCD de tabagisme, de BPCO ou d’emphysème connus.
* Elle est caractérisée par une dyspnée expiratoire avec sibilants, toux, expectoration, parfois la présence d’hippocratisme digital.
* Signes de gravité : dyspnée de repos, cyanose, désaturation, polypnée > 25/min, défaillance hémodynamique, signes neurologiques, hypercapnie, etc. faisant évoquer une décompensation engageant le pronostic vital.
Remarques
* Parfois, une surinfection bronchopulmonaire dans un contexte de BPCO contribue à déclencher une poussée d’IC (intrication des deux pathologies).
* Attention aussi à la possibilité d’une EP associée.

3 Pneumopathie infectieuse
* Syndrome infectieux : fièvre + toux majorée ou expectoration purulente ou parfois douleur tho
* foyer de crépitants ± syndrome de condensation.
* Rx tho révèle un foyer avec opacité parenchymateuse systématisée.

4 Syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA)
* C’est une forme très sévère de défaillance pulmonaire aiguë.
– une augmentation de la perméabilité de la membrane alvéolocapillaire ;
– une mortalité élevée ;
– un œdème pulmonaire lésionnel dont le principal diagnostic différentiel est l’œdème pulmonaire hémodynamique.
* Causes multiples : pneumopathies infectieuses, sepsis, inhalation, EP, traumatisme, état de choc, origine toxique, etc.
* TTT nécessite une hospitalisation en réanimation.

5 Atélectasies pulmonaires d’origine maligne ou bénigne diagnostic est radiologique.

6 Étiologies pleurales
* PNO : sujet longiligne, tabac, notion d’emphysème, début brutal parfois déclenché à l’effort, douleur latérothoracique, abolition des vibrations vocales et du mv, tympanisme à la percussion, hyperclarté à la radio ;
* épanchement pleural.

7 Traumatismes du thorax
Il peut s’agir d’hémopéricarde, de contusion pulmonaire, de PNO, de pneumomédiastin, d’hémothorax ou de volet thoracique.

103
Q

Étiologies laryngotrachéales de dyspnée aiguë

A
  • caractérisées par une dyspnée inspiratoire bradypnée inspiratoire, cornage, tirage.
  • Une dysphonie est souvent associée en cas d’origine laryngée.
  • œdème de Quincke avec œdème de la glotte (choc anaphylactique)
  • de l’inhalation d’un CE (++enfant) ;
  • d’étiologies infectieuses chez l’enfant : épiglottite, laryngite ;
  • d’étiologies trachéales : sténose tumorale endoluminale ou extraluminale, CE, granulome post-intubation.
104
Q

dyspnée aiguë autres étiologies

A
  • les états de choc ;
  • l’acidose métabolique ;
  • les causes neurologiques : atteintes bulbaires, polyradiculonévrite, myasthénie, etc. 
    -l’intoxication au CO;
  • l’anémie aiguë ;
  • l’hyperthermie ;
  • le syndrome d’hyperventilation ou dyspnée psychogène.
105
Q

Orientation étiologique d’une dyspnée aiguë

A
  • Une dyspnée inspiratoire oriente vers une cause laryngée et nécessite de laisser le patient assis et d’éviter l’examen de l’oropharynx ; si progressive->cause néoplasique.
  • Une dyspnée expiratoire avec ronchi ou sibilants oriente vers l’asthme ou la BPCO.
  • La présence de crépitants oriente vers l’IVG, mais attention au pseudo-asthme cardiaque ou à l’OAP lésionnel (SDRA) ; si fièvre et syndrome de condensation ou toux ->pneumopathie.
  • Un syndrome pleural évoque un PNO ou un épanchement pleural.
  • Une dyspnée isolée doit faire rechercher EP (douleur inconstante) ou un sepsis sévère ou une anémie ou une acidose métabolique. Par élimination, il peut s’agir d’un syndrome d’hyperventilation ou dyspnée psychogène.
  • Dans la dyspnée avec état de choc, la dyspnée s’efface devant la PEC du choc.
  • En cas d’atteinte neuromusculaire, la dyspnée est tardive et peut précéder de peu l’arrêt respiratoire
106
Q

Orientation diagnostique devant une dyspnée chronique

A
  • Toutes les causes de dyspnée aiguë peuvent initialement évoluer de manière chronique ou subaiguë.
  • Comme pour la dyspnée aiguë, les principales causes d’origine cardiopulmonaire.
    Le bilan peut se faire sans urgence, contrairement à la dyspnée aiguë. Les principaux examens complémentaires devant être discutés sont les suivants :
  • NFS plaquettes (toujours éliminer une anémie avant de se lancer dans des bilans +) ;
  • EFR avec GDS;
  • ECG;
  • échocardiographie doppler ;
  • RX tho ;
  • épreuve d’effort avec mesure des gaz respiratoires et de la consommation d’oxygène (et éventuellement de la saturation à l’effort). Cet examen intéressant car il permet une évaluation plus objective de la gêne respiratoire et une orientation vers une cause plutôt cardiaque ou pulmonaire ;
  • TDM thoracique pour l’étude du parenchyme pulmonaire.
  • cathétérisme cardiaque.
107
Q

Étiologies d’origine cardiaque dyspnée chronique

A

Elles sont nombreuses et regroupent :
* toutes causes d’IC (cardiopathies valvulaires, ischémiques ; cardiomyopathies dilatées primitive ou toxique ; IC à fonction systolique préservée, etc.) ;
* constriction péricardique.
- L’ECG et la RX tho permettent d’orienter le diagnostic.
- Le dosage du BNP (ou du NT-proBNP) peut aider à orienter le diagnostic vers l’IC (bien que moins validé que dans une situation aiguë) : un BNP strictement N rend le diagnostic peu probable.
- Lorsque le diagnostic est suspecté, une échocardiographie doit être réalisée à la recherche d’une cardiopathie et de signes en faveur d’une augmentation des pressions intracardiaques.

108
Q

Étiologies pulmonaires dyspnée chronique

A

Il peut s’agir de pathologies associées :
* à un TVO:
– BPCO,
– asthme à dyspnée continue ;
* à un TVR :
– pneumopathies infiltrantes diffuses : elles regroupent de nombreuses affections ayant pour dénominateur commun une infiltration diffuse de la charpente conjonctive du poumon et souvent des espaces alvéolaires, des bronchioles et des vaisseaux de petit calibre avec atteinte extracellulaire sous forme de fibrose collagène ou dépôt d’autres substances,
– pneumoconioses : maladies pulmonaires non néoplasiques résultant de l’inhalation de particules (ex : asbestose),
– séquelles pleurales post-tuberculeuses,
– paralysie phrénique,
– cyphoscoliose,
– obésité morbide.
- HTAP
- Hypertension pulmonaire post-embolique
* complication grave de la maladie thromboembolique faisant suite à un ou plusieurs épisodes d’EP avec persistance d’une hypertension pulmonaire précapillaire.

109
Q

Autres causes dyspnée chronique

A
  • d’obstacles sur les voies aériennes supérieures : tumeur ORL, CE, tumeurs trachéales ou médiastinales ;
  • d’anémie (toujours y penser) ;
  • d’acidose métabolique ;
  • de causes d’origine neuromusculaires (myopathie) ;
  • de syndrome d’hyperventilation ou dyspnée psychogène ;
  • de pathologies du transport de l’oxygène : sulf-hémoglobinémie et met-hémoglobinémie ou intoxication au CO ;
  • de dyspnée en orthostatisme associée à une désauturation : syndrome de platypnée-orthodéoxie faisant rechercher un shunt droite – gauche (foramen ovale perméable).
110
Q

La thrombose veineuse profonde (TVP) et l’embolie pulmonaire (EP) sont deux présentations cliniques de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) et ont les mêmes facteurs prédisposants.
* La TVP est définie comme l’obstruction thrombotique d’un tronc veineux profond localisé le plus souvent au niveau des membres inférieurs : on distingue les TVP proximales (veine poplitée, fémorale, iliaque ou cave), et les TVP distales (veines jambières : tibiale postérieure et fibulaire, veines surales : veine soléaire et gastrocnémienne). Le risque d’EP est beaucoup plus important en cas de TVP proximale que distale.
* L’EP est la conséquence de l’obstruction des artères pulmonaires ou de leurs branches par des thrombi et est le plus souvent secondaire à une TVP (70 %). Environ 50 % des patients ayant une TVP proximale ont aussi une EP sur l’angioscanner pulmonaire mais cliniquement asymptomatique.
L’objectif de la prise en charge de la TVP est de prévenir ses complications dont les plus redoutées sont :
* l’EP (complication précoce) ;
* et le syndrome post-thrombotique (SPT) (complication tardive).
L’objectif de la prise en charge de l’EP est de diminuer la mortalité et la morbidité, le risque d’évolution vers le cœur pulmonaire post-embolique et le risque de récidives.

A
111
Q

III Facteurs prédisposants

lettre a Les différents facteurs de risque de TVP sont représentés dans l’encadré 19.1 :
* facteurs de risque transitoires – la maladie veineuse thromboembolique est dite provoquée : la TV peut survenir dans un contexte hospitalier postopératoire, obstétrical ou médical. Une TVP est plus fréquente en postopératoire de chirurgie orthopédique que de chirurgie générale. Le risque de MTEV postopératoire est élevé pendant les 2 semaines postopératoires mais reste haut pendant 2 à 3 mois ;
* facteurs de risque persistants – la MTEV est dite non provoquée : ils sont propres au patient (cliniques ou biologiques, et en particulier certaines prédispositions génétiques) et peuvent favoriser le développement de la TV de façon spontanée ou à l’occasion d’une situation thrombogène.
Le niveau de risque thromboembolique doit tenir compte à la fois de l’existence de facteurs de risque liés au patient et du contexte de survenue, ce qui conditionne la durée du traitement.

Encadré 19.1 Principaux facteurs prédisposants de MTEV

Facteurs temporaires
Majeurs
* Chirurgie avec anesthésie générale > 30 minutes dans les 3 derniers mois
* Fracture des membres inférieurs dans les 3 derniers mois
* Immobilisation > 3 jours pour motif médical aigu dans les 3 derniers mois
* Contraception œstroprogestative, grossesse, post-partum, traitement hormonal de la ménopause
Mineurs
* Chirurgie avec anesthésie générale < 30 minutes dans les 2 derniers mois
* Traumatisme d’un membre inférieur non plâtré avec mobilité réduite ≥ 3 jours
* Immobilisation < 3 jours pour motif médical aigu dans les 2 derniers mois
* Voyage > 6 heures
Facteurs permanents
* Cancer actif
* Maladies inflammatoires chroniques digestives ou articulaires : Crohn, rectocolite hémorragique

A
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Q

IV Physiopathologie

A Mécanisme de formation du thrombus
lettre b Il s’agit de la triade décrite par Virchow : stase veineuse, lésions pariétales, anomalies de l’hémostase. Le point de départ du thrombus est le plus souvent distal et se situe dans des zones de ralentissement du flux (veines soléaires, valvules, abouchement de collatérales). Il évolue vers une aggravation de l’obstruction et/ou une extension avec une migration embolique possible, ou vers une lyse spontanée qui peut survenir lorsque le thrombus est peu volumineux et que le facteur étiologique disparaît rapidement. Sous l’effet du traitement, une recanalisation progressive est la règle avec séquelles possibles (thrombus résiduel, épaississement pariétal, lésions valvulaires avec reflux veineux profond).

B Migration embolique dans la circulation artérielle pulmonaire
* La première conséquence d’une EP aiguë est hémodynamique avec apparition de symptômes quand 30-50 % du lit artériel pulmonaire est occlus. Une augmentation rapide des résistances artérielles pulmonaires se produit pouvant aboutir à une mort subite, à une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et à une surcharge brutale en pression des cavités droites qui se dilatent (cœur pulmonaire aigu). Un septum paradoxal avec baisse du débit cardiaque systémique peut entraîner une dysfonction systolique ventriculaire gauche. En l’absence de dysfonction VD, une stimulation du système sympathique permet une augmentation des pressions artérielles pulmonaires pour restaurer un flux pulmonaire. En parallèle, une vasoconstriction systémique permet de stabiliser la PA. Ceci est important car une diminution de la PA systémique peut altérer le débit coronarien et la fonction VG.
* Une deuxième phase hémodynamique peut se produire dans les 24*48 heures, par embolies récurrentes et/ou aggravation de la dysfonction VD. En parallèle, une augmentation de la demande en oxygène du myocarde VD et une baisse de la perfusion coronarienne droite peuvent provoquer une ischémie du VD. Ces mécanismes associés entraînent une dysfonction VD pouvant aboutir à une issue fatale. Une pathologie cardiovasculaire préexistante peut diminuer l’efficacité des mécanismes compensateurs et altérer le pronostic.
L’insuffisance respiratoire est la conséquence des anomalies hémodynamiques. Plusieurs éléments induisent une hypoxie : modification du rapport ventilation/perfusion avec effet shunt, baisse du débit cardiaque systémique, plus rarement shunt droite – gauche par un foramen ovale perméable aggravant l’hypoxie.
Les embolies distales et petites peuvent, sans altérer l’hémodynamique, provoquer des hémorragies intra-alvéolaires responsables d’hémoptysies, d’épanchement pleural, voire d’infarctus pulmonaire.

A
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Q

V Histoire naturelle

lettre a Elle est liée principalement au contexte étiologique et à la localisation. On distingue les TVP :
* selon leur localisation distale (sous-poplitée) ou proximale (sus-poplitée) ;
* selon leur expression clinique (asymptomatique, TVP ou EP symptomatique, SPT).
Les TVP distales asymptomatiques, qui surviennent en postopératoire, sont plus fréquentes après chirurgie orthopédique qu’après chirurgie générale.Bien que leur traitement et leur détection fassent l’objet de discussion, il est recommandé de faire une anticoagulation dès lors qu’elles sont mises en évidence.
Les TVP proximales symptomatiques ont un risque évolutif extrême nécessitant une anticoagulation précoce et adéquate.
L’incidence du SPT est actuellement en diminution grâce à une meilleure prise en charge thérapeutique avec un délai d’apparition plus précoce, en moyenne dans les 2 premières années. La contention veineuse, instaurée dès la phase initiale de la TVP et pendant au moins 3 mois, réduit de 50 % le risque de SPT.
L’EP arrive dans les 3 à 7 jours suivant le début d’une TVP. Une récidive se manifeste souvent de la même façon que le premier épisode (TVP ou EP). Elle est plus fréquente dans le cadre de MTEV non provoquée. En l’absence d’anticoagulation, 50 % des patients ayant une MTEV symptomatique récidivent dans les 3 mois.
La récidive survient à 1 an dans 9 % des cas de MTEV non provoquée versus 3 % en cas de MTEV provoquée.

A
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Q

VI Thrombose veineuse profonde

A Diagnostic clinique
La clinique seule (interrogatoire, examen clinique et recherche de contexte thrombogène) n’a qu’une valeur d’orientation et ne permet pas de confirmer le diagnostic.
Les signes évocateurs sont :
* une douleur spontanée ou provoquée du membre inférieur (MI) ;
* un œdème unilatéral de la jambe ou de l’ensemble du MI, d’autant plus étendu que la TV est proximale (avec une différence de circonférence > 3 cm avec le MI controlatéral) ;
* des signes inflammatoires ;
* une dilatation des veines superficielles.
Le tableau clinique le plus évocateur de TVP des membres inférieurs est la classique phlegmatia alba dolens avec une atteinte typiquement unilatérale ou asymétrique et plus évocatrice lorsque la survenue est brutale.
Mais la TVP peut être totalement asymptomatique et découverte dans le bilan d’une EP.

A
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Q

TVP B Diagnostic clinique différentiel
Lorsque les signes sont dissociés, le diagnostic de différentes affections peut être évoqué :
* lésion musculaire ou tendineuse (traumatisme, claquage musculaire) ;
* affection ostéoarticulaire (kyste synovial) ;
* SPT, insuffisance veineuse primaire (superficielle ou profonde) ;
* affection neurologique (sciatique), compression extrinsèque (adénopathies, tumeur, utérus gravide, etc.) ;
* érysipèle, lymphangite, cellulite ;
* lymphœdème ;
* insuffisance cardiaque droite ou rénale ou hépatique.

A
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Q

TVP C Scores de probabilité clinique
Le score de Wells est un score clinique établi pour les patients hospitalisés ou ambulatoires, et qui permet de classer l’épisode en probabilité clinique faible (3 %), intermédiaire (17 %) ou forte (75 %) de TVP (ou en faible ou forte probabilité) (cf. tableau 19.1). L’analyse est faite a priori avant les tests paracliniques et permet de renforcer la valeur de ces tests lorsqu’elle va dans le même sens.

A
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Q

D Diagnostic paraclinique
Il est essentiel. Le diagnostic de TVP doit reposer sur une méthode objective. Parmi les tests utilisés pour le diagnostic, le dosage biologique des D-dimères et l’échodoppler veineux occupent une place privilégiée. La phlébographie n’est plus utilisée. Le phléboscanner associé à l’angioscanner pulmonaire a été étudié pour rechercher une TVP lors d’une suspicion d’EP.

1 D-dimères
Ce sont des produits de dégradation spécifiques de la fibrine, issus de la formation puis de la lyse d’un thrombus évolutif. Ils sont dosés soit par méthode Enzyme-Linked Immunosorbent Assay (Elisa), soit par méthode au latex. La méthode Elisa est la plus efficace (sensibilité > 95 %) ; en cas de test négatif, le risque d’erreur est inférieur à 5 % (valeur prédictive négative > 95 %). De façon générale, la spécificité est faible car les D-dimères sont aussi élevés dans des états autres que la TVP : âge avancé, inflammation, cancer, traumatisme, hématome, période postopératoire, grossesse, post-partum, etc.

Au total, le dosage des D-dimères est utile à l’élimination du diagnostic de TVP à la condition d’utiliser un test Elisa rapide (seuil < 500 ng/mL). Si le test est positif, il faut avoir recours à l’échodoppler veineux pour confirmer le diagnostic de TVP et localiser le thrombus. Selon les recommandations françaises, il faut tenir compte du niveau de probabilité clinique pour demander et interpréter le dosage des D-dimères. Il est recommandé d’utiliser une technique de dosage quantitative des D-dimères très sensible et validée.

2 Échodoppler veineux des membres inférieurs
C’est l’examen de 1re intention pour confirmer ou infirmer le diagnostic de TVP avec d’excellentes sensibilité et spécificité (> 95 %). Il permet une exploration à la fois morphologique et hémodynamique grâce à l’échographie et au doppler.
L’axe veineux est observé en coupe transversale, puis longitudinale, sous compression : veine cave inférieure jusqu’aux veines distales, système profond et superficiel. Le doppler complète l’examen, en particulier aux confluents veineux (fémoro-iliaque, poplité). Le doppler couleur peut être utilisé pour explorer certains territoires veineux de repérage difficile.
Les critères d’une veine normale sont :
* l’absence de matériel endoluminal ;
* la possibilité de la comprimer avec la sonde ;
* la perception d’un signal doppler rythmé par la respiration et augmenté par la chasse veineuse manuelle.
Les critères de TVP sont variables :
* l’image directe du thrombus est un signe très fréquent et spécifique ;
* l’incompressibilité de la veine à la pression sous la sonde, comme seul signe de thrombose, est recherchée par certaines équipes et limitée aux seuls axes fémoral et poplité, afin de rendre l’examen plus rapide et plus facile ;
* les modifications du signal doppler recherchées sont une diminution ou une abolition du signal spontané ou provoqué lors des manœuvres dynamiques ;
* en doppler couleur, il est noté un remplissage partiel ou une absence de remplissage au sein du thrombus.
D’autres signes indirects de la présence du thrombus sont décrits et intéressent le calibre veineux, la cinétique de la paroi veineuse et des valvules, l’existence de circulation collatérale.
Les limites de l’examen sont liées à des exigences d’appareillage (haute résolution et sonde adaptée à la profondeur de la zone examinée), d’opérateur (expérimenté) et de conditions techniques optimales (absence de contractions musculaires).

3 Autres examens lettre b L’angioscanner peut compléter l’échodoppler, au niveau abdominopelvien, quand celui-ci ne permet pas de conclure.

A
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Q

F Diagnostic étiologique

1 Recherche d’un facteur déclenchant transitoire
Les facteurs reconnus comme transitoires et qui interviennent dans le choix de la durée du traitement sont :
* une chirurgie ou une fracture des membres inférieurs dans les 3 mois ;
* une immobilisation prolongée au-delà de 3 jours.
Dans ces cas, la TVP est dite provoquée.
En l’absence de ces facteurs, la TVP est dite non provoquée, et un bilan à visée étiologique doit être réalisé.

2 Recherche d’une thrombophilie (facteur biologique de risque)
lettre b Les indications du bilan de thrombophilie ont été récemment définies :
* il est recommandé de ne pas réaliser de bilan de thrombophilie constitutionnelle systématique après un premier épisode de MTEV ;
* il est recommandé de ne pas réaliser de bilan de thrombophilie constitutionnelle chez les patients ayant un premier épisode de TVP proximale ou d’EP après 50 ans, que la thrombose soit provoquée ou non ;
* il est suggéré de réaliser un bilan de thrombophilie constitutionnelle : chez les patients ayant un premier épisode de TVP proximale ou d’EP, non provoqué, avant l’âge de 50 ans et avec une histoire familiale au 1er degré de thromboses, chez les patients avec un événement thromboembolique veineux récidivant (au moins un épisode de TVP proximale ou d’EP et au moins un épisode non provoqué, avant 50 ans), chez les patients ayant une thrombose veineuse non provoquée dans des sites atypiques (splanchnique, membre supérieur, cérébrale) ;
* dans les autres situations, compte tenu de la complexité d’analyse des dossiers et des conséquences thérapeutiques éventuelles, il est suggéré d’avoir un avis d’un centre expert en thrombose multidisciplinaire ;
* lorsqu’un bilan de thrombophilie constitutionnelle est indiqué, il est suggéré de rechercher, dans un laboratoire spécialisé, les anomalies suivantes : déficits en AT (antithrombine), PC, PS (protéines C et S), mutations Leiden du FV et G20210A du FII, entre le 3e et le 6e mois après le diagnostic de thrombose il est suggéré de rechercher une thrombophilie constitutionnelle chez des apparentés asymptomatiques en cas de thrombophilie constitutionnelle sévère chez le propositus (déficit en AT, PC, PS, double hétérozygote et homozygote FV et FII) ;Il est recommandé de faire le bilan de thrombophilie à distance de la phase initiale de la thrombose, de préférence à 3-6 mois de l’épisode et après arrêt 72 heures du traitement par AOD.echerche d’une néoplasie
lettre b L’incidence de cancer varie entre 6 et 28 %, mais le risque est réel comparativement à l’incidence de cancer dans la population générale. L’incidence est significativement plus élevée chez les patients ayant une TVP idiopathique ou récidivante et serait plus importante dans les 6 à 12 premiers mois. L’utilité de la découverte d’un cancer occulte, en termes de survie et surtout de qualité de vie, n’est pas connue, de même que l’ampleur du bilan nécessaire à instaurer pour le dépistage.
Une recherche de cancer est réalisée, surtout chez les sujets de plus de 40 ans, ou en cas de bilan de thrombophilie négatif : dosage des PSA (antigène spécifique de prostate) chez l’homme, examen gynécologique avec mammographie et échographie pelvienne chez la femme. Une recherche de sang dans les selles et une radiographie du thorax sont effectuées dans les deux sexes. Les endoscopies digestives, l’échographie abdominopelvienne et le body-scanner ne sont pas systématiques, mais sont utiles s’il existe des signes d’orientation clinique. Une surveillance clinique répétée sur au moins 1 an est indispensable.

A
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Q

G Formes particulières

1 En fonction de la localisation

TVP distales
lettre c Si une TVP distale est diagnostiquée, elle doit être prise en charge comme une TVP proximale.

Thromboses veineuses superficielles
lettre b Elles siègent habituellement sur le trajet de la grande veine saphène, et sont caractérisées par une douleur spontanée ou provoquée sur le trajet veineux, une rougeur et une inflammation, une sensation de cordon induré. L’échodoppler permet de confirmer le diagnostic, de préciser la localisation, de vérifier l’extension au réseau veineux profond (TVP associée dans 10 % des cas) et de décrire l’aspect variqueux ou non du réseau superficiel. Une TV superficielle sur veines apparemment saines non variqueuses doit faire rechercher une cause systémique : cancer, maladie de Buerger, maladie de Behçet, maladies hématologiques, pathologie auto-immune, thrombophilie constitutionnelle ou acquise.

TVP pelviennes (utéro-ovariennes, hypogastriques)

Thrombose de la veine cave inférieure
2 En fonction des circonstances de survenue

Au cours de la grossesse
en cas de KC
en focntion de la severité

A
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Q

H Évolution et complications
lettre b Le pronostic fonctionnel et le pronostic vital sont liés au terrain (cancer) avec ses risques thromboemboliques et hémorragiques, ainsi qu’à la sévérité de la TVP. La TVP peut évoluer :
* favorablement sans séquelle : le plus souvent, si le traitement est bien conduit ;
* vers un risque de récidive : toujours présent et d’autant plus important que le facteur favorisant est permanent. Il justifie un traitement préventif lorsque des circonstances favorisantes se représentent ;
* vers un syndrome post-thrombotique veineux :
– en rapport avec des anomalies anatomiques ou hémodynamiques séquellaires,
– apparaissant quelques mois ou années après une TVP,
– avec manifestations cliniques de sévérité variable : lourdeur de jambe, dilatations veineuses superficielles, œdème de cheville, troubles trophiques sans ulcère (hypodermite, dermite ocre, atrophie blanche), ulcères sus-malléolaires spontanés ou provoqués, claudication veineuse de cuisse exceptionnelle,
– de diagnostic paraclinique dont le but est de rattacher les signes cliniques au SPT et d’en noter le degré de sévérité. L’échodoppler veineux est le meilleur examen et permet de détecter l’obstruction et le reflux veineux ;
* vers une embolie pulmonaire (cf. VII).

A
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Q

VII Embolie pulmonaire

A Diagnostic clinique et examens standards

1 Signes et symptômes
lettre a Ils ne sont pas spécifiques.
* Dans 90 % des cas, l’EP est suspectée devant une dyspnée, une douleur thoracique ou une syncope, signes qui peuvent être plus ou moins associés :
– la dyspnée peut être brutale ou d’apparition progressive sur plusieurs semaines, ou encore peut aggraver une dyspnée chronique sur une maladie cardiorespiratoire préexistante ;
– la douleur thoracique est typiquement une douleur pleurale à type de point de côté brutal mais peut revêtir des aspects trompeurs. Une douleur thoracique prolongée peut être secondaire à l’irritation pleurale lors des embolies distales ;
– la syncope est rare mais témoigne d’une réduction sévère du flux sanguin systémique ;
– l’EP peut aussi s’accompagner de crachats hémoptoïques rapportés à la constitution d’un infarctus pulmonaire ;
– enfin, il n’est pas rare qu’elle soit asymptomatique.
* Concernant le contexte, une recherche des facteurs prédisposants, cités ci-dessus, est capitale. Cependant, 20 à 30 % des EP sont spontanées ou idiopathiques.
* L’examen clinique recherche une tachycardie et des signes de retentissement hémodynamique (hypotension artérielle, signes d’insuffisance cardiaque droite). La recherche de signes cliniques en faveur d’une thrombose veineuse associée est importante, bien que souvent négative.

A
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Q

2 Radiographie du thorax ep
Elle est habituellement anormale mais les signes radiographiques retrouvés sont aspécifiques (atélectasies en bande, épanchement pleural, élévation d’une coupole diaphragmatique, opacité triangulaire à base pleurale correspondant à un infarctus pulmonaire, élargissement des artères pulmonaires). Elle permet aussi d’éliminer une autre cause de dyspnée.

Une radiographie du thorax normale n’élimine pas le diagnostic d’EP.

A
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Q

3 Gazométrie artérielle EP
Elle retrouve généralement une hypoxémie-hypocapnie, liée à un effet shunt paradoxal : au départ effet espace mort (zones ventilées non perfusées), puis baisse de la ventilation dans les zones de l’embolie et redistribution de la perfusion dans les zones saines avec baisse du rapport ventilation/perfusion expliquant l’hypoxémie. L’hypocapnie est liée à l’hyperventilation. La gazométrie peut être normale dans 20 % des cas. Elle n’est quasiment plus pratiquée sauf en cas de saturation inférieure à 90 % en air ambiant.

A
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Q

4 ECG EP
Il peut être normal ou montrer simplement une tachycardie sinusale. Il peut aussi retrouver des signes de souffrance VD : un aspect S1Q3 (onde S en D1 et onde Q en D3) correspondant à la déviation axiale droite, un BBD complet ou incomplet, une arythmie supraventriculaire voire une inversion des ondes T de V1 à V4 témoin de l’ischémie du VD et pouvant orienter à tort vers un SCA.

En résumé
Les signes cliniques et les examens de routine sont insuffisants pour confirmer ou exclure une EP, mais ils précisent nettement le degré de suspicion.

A
125
Q

B Scores de probabilité clinique ep
Deux scores de probabilité clinique sont utilisés en pratique courante : le score de Wells et le score révisé de Genève (cf. tableau 19.2) : ils permettent d’accéder en urgence à une estimation sur la probabilité du diagnostic d’EP avant tout examen paraclinique plus complexe. La probabilité d’avoir une EP lorsque la suspicion est faible est de 10 %, de 30 % pour une suspicion modérée et de 65 % pour une suspicion forte.

A
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Q

C Diagnostic paraclinique EP

1 D-dimères (cf. VI. Thrombose veineuse profonde)
Les D-dimères sont les produits de dégradation de la fibrine. Le taux sanguin de D-dimères témoigne, s’il est élevé, de la présence d’un caillot aigu du fait de l’activation simultanée de la coagulation et de la fibrinolyse.

Un taux de D-dimères normal rend très peu probable le diagnostic de MTEV (valeur prédictive négative forte).

En parallèle, les D-dimères sont très spécifiques de la fibrine qui peut être élevée dans plusieurs circonstances cliniques (âge, cancer, inflammation, infection, nécrose, dissection aortique, grossesse = valeur prédictive positive faible). Ainsi, les D-dimères sont intéressants pour exclure une MTEV, mais pas pour confirmer sa présence. Les tests de dosages sont nombreux : le test Elisa a une sensibilité supérieure à 95 % et une spécificité de 40 %. La valeur seuil utilisée est habituellement de 500 μg/L. Un taux normal de D-dimères permet d’exclure une EP chez les patients avec une probabilité clinique faible ou intermédiaire. En cas de probabilité clinique forte, ils sont inutiles et il faut d’emblée demander un angioscanner pulmonaire. Selon les recommandations françaises et européennes 2019, il est suggéré d’appliquer une valeur seuil des D-dimères adaptée à l’âge après 50 ans (âge × 10) lorsque la probabilité clinique est faible ou intermédiaire.

2 Angioscanner pulmonaire
Il est devenu l’examen le plus performant depuis l’avènement des scanners multibarrettes. La sensibilité est de 83 % et la spécificité supérieure à 90 % (4 barrettes). Un angioscanner pulmonaire multicoupes négatif permet d’exclure une EP chez des patients à probabilité faible et intermédiaire clinique. En présence d’une forte probabilité clinique et d’un scanner négatif, un autre examen comme une scintigraphie voire une angiographie doit être réalisé. L’angiographie nécessite cependant une injection de produits iodés dont il faut respecter les contre-indications.

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3 Autres examens EP
Si l’angioscanner ne peut être réalisé (indisponible ou contre-indications), les examens suivants peuvent contribuer au diagnostic.

Échodoppler veineux (EDV) des membres inférieurs (cf. VI. Thrombose veineuse profonde)
Dans 90 % des cas, l’origine de la TVP est au niveau des membres inférieurs. L’EDV a largement supplanté la phlébographie : il a une sensibilité supérieure à 90 % et une spécificité proche de 95 %. L’EDV des MI retrouve une TVP dans 30-50 % des EP.

En cas de suspicion d’EP, la présence d’une TVP proximale est suffisante pour confirmer le diagnostic et débuter un traitement anticoagulant sans nécessité d’autres examens. En revanche, la découverte d’une TVP distale n’est pas suffisante pour le diagnostic et justifie le recours à d’autres examens.

Enfin, un EDV des membres inférieurs normal ne permet pas d’éliminer le diagnostic d’EP. Outre l’intérêt diagnostique, l’EDV fait partie du bilan devant une EP pour évaluer le risque éventuel de récidive.
Le phléboscanner couplé à l’angioscanner pulmonaire a été étudié mais le taux d’irradiation est trop élevé pour le réaliser en routine.

Scintigraphie pulmonaire de ventilation-perfusion
Le principe repose sur une injection de technétium 99mTc couplé à des macroagrégats de particules d’albumine qui se bloquent dans les capillaires pulmonaires et permettent d’apprécier la perfusion pulmonaire. Lors d’une obstruction artérielle, les particules n’arrivent pas jusqu’aux capillaires et on observe un défect de perfusion. En parallèle, un traceur radiomarqué est inhalé pour apprécier la ventilation pulmonaire. Lors d’une EP, il y a un défaut de perfusion avec une ventilation normale (discordance ou mismatch ventilation-perfusion). L’existence d’une pathologie cardiorespiratoire limite cet examen car elle peut perturber la ventilation pulmonaire. Le résultat d’une scintigraphie est donné en 3 niveaux de probabilité : probabilité élevée, examen non diagnostique, examen normal. La combinaison d’une scintigraphie normale avec un score de probabilité clinique faible permet d’exclure une EP. Une scintigraphie positive chez un patient à faible probabilité clinique doit motiver la réalisation d’autres examens pour confirmer le diagnostic.

Échocardiographie transthoracique (ETT)
L’ETT peut montrer des signes indirects de surcharge des cavités droites ou signes de « cœur pulmonaire aigu » : dilatation VD, septum paradoxal, hypokinésie VD, élévation des pressions pulmonaires. Beaucoup plus rarement, l’ETT peut révéler l’existence d’un thrombus dans les cavités droites, voire de manière exceptionnelle dans les gros troncs pulmonaires. L’ETT peut être faite au lit du patient.
En cas de suspicion d’EP grave (avec choc ou hypotension artérielle), si l’angioscanner pulmonaire n’est pas disponible ou que le patient est trop instable pour le réaliser, l’ETT permet d’éliminer les autres causes de choc cardiogénique et l’existence de signes de surcharge des cavités droites peut suffire pour poser le diagnostic d’EP et pour entreprendre une fibrinolyse en urgence. À l’inverse, l’absence de signes de surcharge des cavités droites rend le diagnostic d’EP peu probable.
En l’absence de choc, la présence de ces signes permet de classer le patient comme étant à risque intermédiaire.

Angiographie pulmonaire conventionnelle
Cet examen n’est plus pratiqué.

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D Stratégie diagnostique
Les EP doivent être séparées en formes à haut risque et non à haut risque car les stratégies diagnostiques et thérapeutiques diffèrent en fonction de la gravité. Deux algorithmes sont proposés en fonction du caractère à haut risque ou non d’une EP (cf. fig. 19.2 et fig. 19.3). Pour les EP non à haut risque, même si l’angioscanner multicoupes est conseillé en 1re intention, l’EDV a toute sa place en l’absence ou en cas de contre-indication au scanner (insuffisance rénale, allergie à l’iode, grossesse) ou pour apprécier le risque de récidive (une EP avec TVP récidive plus qu’une EP sans TVP). De même pour les EP à haut risque, l’EDV peut permettre d’aider au diagnostic.

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E Diagnostic différentiel ep
Devant une douleur thoracique, on évoque toujours un infarctus du myocarde, une péricardite, une dissection aortique, un pneumothorax. Devant une dyspnée aiguë, on doit évoquer un œdème aigu pulmonaire, une crise d’asthme, une décompensation de BPCO, une pneumopathie.

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F Diagnostic étiologique
Cf. VI.mm Thrombose veineuse profonde.

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G Pronostic ep
* L’EP est grave ou à haut risque (mortalité > 15 %) en cas de choc ou hypotension artérielle définie par une PAS < 90 mmHg ou une baisse de la PAS > 40 mmHg pendant plus de 15 minutes sans cause rythmique, hypovolémique ou septique.
* L’EP est à risque intermédiaire (mortalité 3 à 15 %) selon :
– les marqueurs de dysfonction VD :
– à l’ETT : dilatation VD, hypokinésie, augmentation du rapport diamètres VD/VG, augmentation de vitesse du flux d’insuffisance tricuspide (signes présents dans au moins 25 % des cas). En complément, l’échocardiographie peut dépister un foramen ovale perméable pouvant aggraver l’hypoxie et la présence de thrombus dans les cavités droites qui est associée à une augmentation du risque de récidive,
– à l’angioscanner pulmonaire : dilatation VD en calculant le rapport des diamètres VD/VG,
– autres signes : distension des veines jugulaires, souffle d’insuffisance tricuspide, signes ECG (T négatives de V1 à V4, SIQIII, BBD) ;
– les marqueurs d’ischémie myocardique : le taux sanguin de troponine T ou I est corrélé à la sévérité de l’ischémie myocardique VD. Comme dans le paragraphe précédent, il n’y a pas de définition consensuelle de cette ischémie, ce qui en limite son utilisation ;
– d’autres signes sont corrélés à la gravité d’une EP et doivent être recherchés pour aider à la stratification : l’âge élevé, le sexe masculin, un cancer, une insuffisance cardiaque, une pathologie pulmonaire chronique, une tachycardie (> 110 bpm), une PAS < 100 mmHg, une fréquence respiratoire ≥ 30/min, une hypothermie < 36 °C, un trouble de la conscience, une saturation en oxygène < 90 %. Le score PESI simplifié (sPESI) attribue 1 point à chacun de ces signes lorsqu’ils sont présent : âge > 80 ans, saturation artérielle > 90 %, PAS < 100 mmHg, FC > 110 bpm (moyen mnémotechnique : 80, 90, 100, 110), cancer, insuffisance cardiaque ou maladie pulmonaire chronique. La mortalité passe de 1 % en l’absence de ces signes (score=0) à environ 10 % en présence d’au moins un de ces signes (score ≥ 1).

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Q

H Évolution, complications
Le plus souvent, l’EP évolue favorablement. Néanmoins, les complications suivantes peuvent se rencontrer :
* choc cardiogénique réfractaire aboutissant au décès (court terme) ;
* récidive (court et moyen terme) ;
* HTAP chronique post-embolique : complication rare mais grave en cas de persistance d’une obstruction significative du lit artériel pulmonaire (moyen terme). L’endartériectomie pulmonaire donne de bons résultats lorsqu’elle est réalisée par des équipes entraînées et doit être le traitement de choix.

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VIII Traitement curatif

A Traitement anticoagulant initial
lettre a L’objectif du traitement est d’améliorer les symptômes et d’éviter l’extension et les récidives ainsi que leurs conséquences cliniques sur la morbidité (EP, SPT, hypertension artérielle pulmonaire aiguë ou chronique) et sur la mortalité (EP fatale). Il repose sur un traitement anticoagulant rapide et efficace et sur des bases identiques dans la TVP ou l’EP.
En raison du risque du traitement, le diagnostic de MTEV (TVP ou EP) doit être confirmé.
Néanmoins, en l’absence de risque hémorragique important, le traitement peut être commencé en cas de probabilité clinique forte ou intermédiaire, en attendant la confirmation ou l’exclusion du diagnostic par les examens paracliniques (cf. fig. 19.4).Les dernières recommandations des Sociétés européennes de cardiologie et respiratoire ont proposé un algorithme de prise en charge de l’EP fondé sur la gravité (cf. fig. 19.4) : les EP graves (chocs ou hypotension) doivent être traitées par des fibrinolytiques en réanimation ou soins intensifs. Pour les EP de gravité faible ou intermédiaire, la prise en charge repose sur le score PESI simplifié et les données biologiques ou d’imagerie.
En cas d’indication thérapeutique, un hémogramme avec plaquettes, un bilan initial d’hémostase (temps de Quick, TCA, fibrinogène) et un bilan rénal (créatininémie avec DFG) sont nécessaires.
Le traitement curatif initial de la MTEV (TVP ou EP) peut reposer au choix sur :
* l’HNF ;
* les HBPM ;
* le fondaparinux ;
* plus récemment, les AOD anti-Xa ;
* en cas de choc ou d’hypotension, les fibrinolytiques.

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1 Héparine non fractionnée
* Elle peut être prescrite indifféremment par voie sous-cutanée ou intraveineuse continue.
* Elle doit être prescrite selon une posologie adaptée au poids corporel (500 UI/kg/j), puis adaptée à un test d’hémostase comme le TCA (1,5-2,5 × le témoin) ou par la mesure de l’activité antifacteur X activé (0,3 et 0,7 U). La détermination du TCA ou de l’activité antifacteur Xa se fait entre 2 injections lorsque l’HNF est administrée par voie sous-cutanée ou 4 heures après le début du traitement par voie intraveineuse continue et 4 heures après chaque changement posologique.
* Elle représente à ce jour le traitement recommandé chez les patients insuffisants rénaux sévères (clairance de la créatinine < 30 mL/min), chez les patients instables ou susceptibles de subir des interventions nécessitant un arrêt temporaire du traitement, ainsi que chez ceux traités par fibrinolyse.
* Elle requiert une surveillance des plaquettes 2 fois/semaine pendant 21 jours en raison du risque de thrombopénie induite par l’héparine (TIH) dont le diagnostic repose sur la mise en évidence d’une thrombopénie (numération plaquettaire < 150 G/L ou baisse de 50 % par rapport à avant tout traitement). Il est donc indispensable d’obtenir une numération plaquettaire avant tout traitement héparinique. En cas de traitement ambulatoire, le patient doit être informé de la possibilité de survenue d’une TIH et des manifestations pouvant faire évoquer le diagnostic. Cette surveillance n’est plus nécessaire au-delà d’un mois.

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2 HBPM et fondaparinux
* Ils sont préférés à l’HNF compte tenu d’une plus grande commodité d’emploi, de l’absence d’adaptation des doses à des tests d’hémostase, d’une réduction du risque de TIH.
* Les doses utilisées sont :
– pour les HBPM en 2 injections sous-cutanées par 24 heures :
– daltéparine (Fragmine®) : 100 UI/kg/12 h,
– nadroparine (Fraxiparine®) : 85 UI/kg/12 h,
– énoxaparine (Lovenox®) : 100 UI/kg/12 h (soit 1 mg/kg/12 h) ;
– pour les HBPM en 1 injection sous-cutanée par 24 heures :
– nadroparine (Fraxodi®) : 171 UI/kg/24 h,
– tinzaparine (Innohep®) : 175 UI/kg/24 h ;

En France, l’AMM pour le traitement curatif de l’EP avec ou sans TVP n’est accordée que pour l’énoxaparine et la tinzaparine aux mêmes posologies.

– pour le fondaparinux (Arixtra®) en une injection sous-cutanée par 24 heures : 7,5 mg/24 h pour un poids de 50 à 100 kg.
* Les HBPM ne nécessitent pas de surveillance systématique de l’activité anti-Xa. Cette surveillance est suggérée en cas de situation à risque d’accumulation et/ou de risque hémorragique (insuffisant rénal modéré, âge élevé, petit poids corporel ou obésité, etc.) 4 heures après l’initiation. Le fondaparinux ne nécessite pas de surveillance systématique de l’activité anti-Xa.
* Une mesure de la créatininémie est recommandée pour évaluer la fonction rénale à partir d’une estimation de la clairance de la créatinine avant tout traitement anticoagulant parentéral ou le plus tôt possible après l’instauration du traitement, car HBPM et fondaparinux sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère (DFG < 30 mL/min).
* Une surveillance systématique des plaquettes n’est pas recommandée pour le fondaparinux et pour les HBPM sauf dans les situations suivantes :
– traitement par HBPM avec administration préalable d’une HNF ou en cas de MTEV postopératoire ;
– devant tout nouvel épisode thromboembolique artériel et/ou veineux ;
– devant toute lésion cutanée douloureuse au site d’injection.

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3 Anticoagulants (anti-Xa) oraux directs (rivaroxaban et apixaban)
* Le rivaroxaban (Xarelto®) et l’apixaban (Eliquis®) sont des anticoagulants rapidement actifs par voie orale qui peuvent être prescrits d’emblée pour le traitement de la TVP et de l’EP sans administration préalable d’héparine et sans relais par les AVK.
* Le rivaroxaban est prescrit à la dose de 15 mg 2 fois/j pendant 21 jours, puis 20 mg 1 fois/j pendant la durée du traitement.
* L’apixaban est prescrit à la dose de 10 mg 2 fois/j pendant 7 jours, puis 5 mg 2 fois/j.
* Ces médicaments ne nécessitent pas de surveillance biologique particulière mais sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère (DFG estimé < 30 mL/min).
* Ils sont devenus la référence dans la prise en charge de la MTEV.

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4 Thrombolytiques
Un traitement fibrinolytique est recommandé chez les malades atteints d’EP grave (état de choc ou hypotension artérielle sévère). Chez les patients sans état de choc, en cas d’embolie pulmonaire de gravité intermédiaire, il n’est pas recommandé d’administrer systématiquement de traitement fibrinolytique. Enfin, lorsque la thrombolyse est contre-indiquée, on peut proposer une embolectomie en urgence.
L’utilisation des thrombolytiques n’est pas recommandée en 1re intention à la phase aiguë d’une TVP sauf en cas de syndrome obstructif sévère ou phlegmentia caerulea en situation de sauvetage de membre.

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B Relais per os du traitement initial par les antivitamines K
* Après confirmation du diagnostic, un relais du traitement anticoagulant initial par les AVK est recommandé en cas d’utilisation d’HNF, d’HBPM ou de fondaparinux. Le relais peut être débuté précocement dès le 1er jour de traitement parentéral. La dose initiale est de 5 mg de warfarine (Coumadine®) ou de 4 mg d’acénocoumarol (Sintrom®) (posologie plus faible chez le sujet âgé). L’initiation d’un traitement par fluindione (Préviscan®) est aujourd’hui déconseillée par l’ANSM (risque d’atteinte rénale immunoallergique). L’HNF, l’HBPM ou le fondaparinux peuvent être arrêtés au bout de 5 jours à condition que deux INR consécutifs à 24 heures d’intervalle soient supérieurs à 2. La dose vise à obtenir un INR cible de 2,5 (intervalle de 2 à 3).
* Les traitements AVK doivent être surveillés par la mesure de l’INR. L’INR cible est 2,5 (entre 2 et 3). Dans la période d’initiation, l’INR est mesuré 2 à 3 fois/semaine ; ensuite, un intervalle de 3 ou 4 semaines entre 2 contrôles de l’INR est recommandé.
* Une éducation doit être donnée aux patients et un carnet de suivi remis.

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Q

C Durée optimale du traitement anticoagulant et suivi

Une durée minimale de 3 mois de traitement anticoagulant en cas de TVP proximale et/ou d’EP est recommandée.

lettre b Après 3 mois, on prend en compte la localisation, les circonstances de survenue et le risque hémorragique (cf. tableau 19.3) :
* TVP proximale ou EP en présence d’un facteur favorisant transitoire majeur ou TVP distale : 3 mois ;
* TVP proximale ou EP sans facteur transitoire majeur : 6 mois ;
* présence d’un facteur de risque majeur persistant (thrombophilie majeure connue [déficit en antithrombine, FV Leiden homozygote, mutation homozygote sur le gène de la prothrombine, thrombophilie multiple], filtre cave permanent, HTAP, EP grave [associée à un état de choc]) ou récidive proximale : > 6 mois, voire traitement au long cours ;
* TVP proximale ou EP récidivantes, HTP post-embolique : au long cours ; avant d’arrêter un traitement anti-coagulant, il faut toujours éliminer une HTP post-embolique.
* TVP proximale ou EP associé à un cancer : prolongé tant que le cancer est actif.
lettre a La préférence du patient peut aussi être prise en compte dans la décision.
Le suivi par imagerie au cours du traitement n’est pas nécessaire sauf en cas d’HTAP au cours de l’EP, où il est souhaitable de contrôler la baisse de la PAP par une échocardiographie doppler transthoracique.
Il faut également faire un échodoppler veineux de contrôle à la fin du traitement pour évaluer les séquelles éventuelles de la TVP.

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D Compression élastique et mobilisation
* Le port de chaussettes ou bas de compression veineuse élastique délivrant 30 à 40 mmHg à la cheville (classe 3) est recommandé dès que possible après le diagnostic de TVP et l’instauration du traitement anticoagulant, pour une durée minimale de 6 mois (ou plus s’il persiste des symptômes).
* Un alitement systématique n’est pas recommandé ; au contraire, une mobilisation précoce (lever) est préconisée dès qu’elle est possible (après 24 heures d’anticoagulation efficace en cas d’EP).
* Les contre-indications à la compression élastique sont : l’AOMI avec un IPS < 0,6, une microangiopathie diabétique pour une pression > 30 mmHg, la plegmatia coerulea dolens, la thrombose septique.

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E Traitement complémentaire en cas d’EP grave ou à risque intermédiaire haut (PESI ≥ 1)
Il comporte :
* oxygénothérapie, voire ventilation invasive ;
* remplissage/inotropes ;
* surveillance en USIC/réanimation (monitoring FC, PA, saturation).

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Q

F Stratégie de traitement initial

1 En cas de TVP proximale
lettre b Il est recommandé d’hospitaliser :
* les patients insuffisants rénaux sévères (clairance de la créatinine < 30 mL/min) ;
* les patients nécessitant un traitement anticoagulant et présentant une pathologie à risque hémorragique ;
* les TVP proximales avec syndrome obstructif sévère ou de localisation iliocave ;
* les patients dont le contexte psychosocial et l’environnement géographique et médical ne permettent pas une prise en charge optimale à domicile.
Dans les autres cas, les patients avec TVP proximales peuvent être traités par HBPM ou AOD en ambulatoire ou après une courte hospitalisation après avoir évalué les risques de récidives thromboemboliques et hémorragiques.2 En cas d’EP
L’hospitalisation est la règle mais peut être discutée dans les EP de faible gravité (score PESI = 0) et en l’absence des facteurs du paragraphe précédent.
Si un traitement ambulatoire de la MTEV est envisagé, il est recommandé :
* d’obtenir un diagnostic de certitude de la pathologie thromboembolique ;
* de rappeler l’absolue nécessité de prévoir un temps d’éducation des patients à leur traitement médicamenteux et non médicamenteux ;
* de prescrire et d’organiser la surveillance des traitements anticoagulants en concertation avec le médecin traitant et l’infirmier ;
* d’évaluer les facteurs de risque de récidives thromboemboliques et hémorragiques ;
* d’évaluer les facteurs psychosociaux limitant cette prise en charge.

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Q

G Interruption partielle de la veine cave inférieure
L’insertion d’un filtre cave temporaire ou permanent est suggérée :
* en cas de contre-indication au traitement anticoagulant ;
* chez les patients ayant récidivé sous traitement bien conduit ;
* dans les suites d’une embolectomie pour embolie aiguë massive.
Le filtre temporaire doit être retiré lorsque la contre-indication aux anticoagulants n’a plus lieu d’être car il expose à un risque augmenté de récidive thrombotique.

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H Cas particuliers

1 TVP distales
Si une TVP distale symptomatique isolée est confirmée objectivement, un traitement anticoagulant à dose curative est suggéré. À la phase initiale, essentiellement par extrapolation des données issues du traitement des TVP proximales, une HBPM ou le fondaparinux peuvent être préférés à une HNF. Si un traitement anticoagulant est instauré, un relais précoce par AVK est recommandé. Les AOD sont le traitement de référence.
En cas de premier épisode de TVP distale symptomatique avec facteur déclenchant évident et en l’absence de facteurs de risque persistants, un traitement anticoagulant à dose curative raccourci à 6 semaines est recommandé.
La prolongation du traitement à 3 mois au moins est recommandée en cas de TVP distale symptomatique :
* idiopathique ;
* ou associée à un facteur de risque persistant ;
* ou récidivante ;
* ou survenant dans un contexte de cancer évolutif.
La contention élastique est recommandée pour une durée minimale de 2 ans (ou plus s’il persiste des symptômes) dès lors qu’il s’agit de TVP étendues des veines tibiales postérieures ou fibulaires.
Un alitement systématique n’est pas recommandé ; au contraire, une mobilisation précoce (lever) est recommandée dès qu’elle est possible. Le traitement doit, sauf cas particulier, être ambulatoire avec les mêmes précautions que pour une TVP proximale.

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2 Thromboses veineuses superficielles (TVS)
Les données disponibles à ce jour sont issues d’essais de faible puissance et sur des critères intermédiaires.
Dans ce contexte, ne sont pas recommandés en 1re intention :
* les AINS administrés par voie générale (ils n’ont qu’un effet antalgique par voie locale) pour prévenir les complications thromboemboliques des TVS ;
* les anticoagulants à dose curative de la MTEV ;
* la chirurgie dans le traitement des TVS n’atteignant pas la jonction grandes saphènes – veines fémorales.
Ce qui est ou peut être recommandé :
* la prescription d’une compression veineuse, de préférence par bandage, à la phase aiguë d’une TVS d’un membre en l’absence de contre-indication ;
* un traitement anticoagulant à dose curative de la MTEV ou un traitement chirurgical pour les TVS étendues à la jonction grandes saphènes – veines fémorales ;
* les HBPM à dose prophylactique de la MTEV, suggérées dans le traitement des TVS pour prévenir le risque de complications thromboemboliques ;
* le fondaparinux à dose prophylactique de la MTEV, suggéré dans le traitement des TVS pour prévenir le risque de complications thromboemboliques pour une durée de 6 semaines (étude CALISTO).
lettre a Si un traitement anticoagulant est instauré, il est suggéré de traiter pendant 7 à 30 jours, seules durées évaluées dans les essais.

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3 Présence d’un cancer
lettre b Le traitement de la MTEV par AVK en présence d’un cancer évolutif est moins efficace et moins bien toléré que chez les patients indemnes de cancer. En présence d’un cancer, le traitement prolongé par HBPM permet une réduction significative et importante du risque de récidive sans réduction de tolérance. Ces résultats ont été obtenus avec des posologies d’HBPM légèrement inférieures aux posologies curatives habituelles, sauf pour la tinzaparine.
Devant une MTEV confirmée objectivement survenant au cours d’un cancer, une HBPM en relais du traitement initial est recommandée. Il est conseillé d’utiliser les posologies évaluées dans les études :
* daltéparine (Fragmine®) 200 UI/kg 1 fois/j pendant 1 mois puis 150 UI/kg 1 fois/j ;
* tinzaparine (Innohep®) 175 UI/kg 1 fois/j ;
* énoxaparine (Lovenox®) 150 UI/kg 1 fois/j.
En cas de thrombopénie survenant au décours d’une chimiothérapie (plaquettes < 50 G/L), il est recommandé d’interrompre le traitement par HBPM et de le reprendre quand la concentration des plaquettes est à nouveau supérieure à cette valeur.
Dans cette situation, la durée du traitement par HBPM doit idéalement être de 3 à 6 mois en fonction de la tolérance et de l’évolution du cancer ainsi que des modifications de son traitement.
Au-delà de 6 mois, le traitement anticoagulant est nécessaire :
* si le cancer est toujours traité et si le patient tolère le traitement héparinique, il est recommandé de poursuivre les HBPM ;
* si le cancer n’est plus traité ou si le patient ne tolère plus les HBPM, il est recommandé d’instaurer un relais par AVK.
Le choix entre HBPM et AVK dépendant de la balance bénéfice/risque (interactions médicamenteuses, chimiothérapie, procédures invasives, état général) et de l’acceptabilité du traitement.
Les AOD commencent à être discutés dans le traitement des thromboses associées au cancer en phase initiale sauf pour les cancers digestifs et génito-urinaires du fait du risque hémorragique.

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4 MTEV chez la femme
* En cas de MTEV, la contraception œstroprogestative doit être arrêtée et est ensuite contre-indiquée. Il faut envisager des alternatives à la contraception (progestatif continu ou dispositif intra-utérin). De même, un traitement hormonal de la ménopause est contre-indiqué.
* Pendant la grossesse, le diagnostic est difficile (axe iliocave peu accessible, irradiation liée à l’angioscanner). Le traitement repose sur les HBPM.

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5 TVP du membre supérieur
Elle est en général favorisée par la présence de matériel (cathéter central, sonde de pacemaker, etc.). La confirmation repose sur l’échodoppler veineux ou le scanner et le traitement est identique.

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IX Traitement préventif

lettre a La prévention doit être adaptée au niveau de risque thrombotique et hémorragique et à la fonction rénale. Elle comprend la mobilisation précoce, la compression élastique éventuellement associée au traitement curatif injectable. L’aspirine n’est pas indiquée dans le traitement préventif de la MTEV.

A Voyage de plus de 6 heures
Il est recommandé de ne pas porter des vêtements serrés, de s’hydrater et d’effectuer une contraction active et régulière des mollets. En présence de facteurs prédisposants associés, il est conseillé de porter des chaussettes de contentions de classe 2 ou 3 plus ou moins associées à une injection préventive d’HBPM avant le départ.

B Hospitalisation en milieu médical
La mise en place d’une prévention dépend de la pathologie (insuffisance cardiaque ou respiratoire, pathologie rhumatismale, etc.), de la possibilité ou non d’un lever précoce, et du terrain (sujet âgé, cancer, antécédent de MTEV, obésité, etc.) : elle repose sur l’énoxaparine (0,4 mL/24 h en SC) ou le fondaparinux (2,5 mg/24 h).

C Intervention chirurgicale
Le niveau de prévention dépend du type de chirurgie. La durée du traitement préventif doit couvrir toute la période d’immobilisation, mais doit être prolongée 4 à 6 semaines en cas de chirurgie orthopédique lourde (ex : prothèse de hanche), 10-15 jours en cas de prothèse de genou. Elle repose aussi sur l’énoxaparine ou le fondaparinux. Les AOD peuvent également être utilisés en postopératoire avec des protocoles bien établis.

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Le traitement antithrombotique est un atout majeur dans la prise en charge de la maladie athérothrombotique et dans la maladie thromboembolique veineuse. Il a considérablement évolué en quelques années et de nombreuses données scientifiques valident son utilisation dans de nombreuses circonstances.
De façon un peu schématique, on distingue :
* les agents antiplaquettaires qui agissent sur l’hémostase primaire ;
* les anticoagulants qui agissent sur la phase de la coagulation ;
* les fibrinolytiques qui agissent en activant la fibrinolyse, donc la destruction du caillot une fois que celui-ci a été formé.

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I Antiagrégants plaquettaires

Les antiagrégants plaquettaires (AAP) sont très utilisés en cardiologie.
Ces médicaments ont pour cible les plaquettes, effecteurs essentiels de la phase d’agrégation plaquettaire qui est une étape clé de la formation d’un caillot artériel.

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A Aspirine
L’aspirine est le plus ancien des AAP.
Les médicaments disponibles sont : Aspirine Protect® (cp), Kardégic® (poudre), Aspégic® (poudre), aspirine UPSA® (cp effervescents), etc.

1 Mode d’action
L’aspirine agit en inhibant la cyclo-oxygénase (la Cox 1 et, à un moindre niveau, la Cox 2) (cf. fig. 22.1).
lettre b Elle diminue le taux de thromboxane A2 qui est proagrégant.
Son effet sur la plaquette est irréversible et va durer toute la vie de la plaquette (7–10 jours).
L’aspirine possède de nombreuses autres propriétés :
* des effets antalgique, antipyrétique et anti-inflammatoire à des doses > 1 g/j (chez l’adulte), largement utilisés ;
* un possible effet anticancéreux (essentiellement sur les adénocarcinomes), qui reste débattu.

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Q

2 Posologie
lettre a Les doses nécessaires pour obtenir l’effet AAP sont bien moindres que celles nécessaires pour obtenir un effet anti-inflammatoire ou antipyrétique.
Très récemment 2 doses d’aspirine, 75 et 325 mg, ont été comparées sans que l’une ne l’emporte. En France et en Europe, la dose de 75 mg est la plus utilisée. Une dose de 300 mg est le plus souvent nécessaire en dose d’attaque (cf. tableau 22.1). La dose la plus souvent utilisée pour la prise en charge de la maladie coronarienne et de l’artériopathie des membres inférieurs est de 75–100 mg/j alors que les neurologues utilisent le plus souvent après un AVC 160 mg/j.
L’aspirine est rapidement active per os (quelques dizaines de minutes) mais peut s’administrer par voie IV ou à mâcher.
L’aspirine peut être associée dans le même comprimé avec un autre antiplaquettaire, le clopidogrel (Duoplavin®) lors des premiers mois après un stenting coronarien ou au long cours chez des patients à haut risque thrombotique.

Tableau 22.1 lettre a Posologies de l’aspirine.
Dose de charge pour les SCA Dose d’entretien pour la coronaropathie ou l’AVC Dose anti-inflammatoire ou antipyrétique
250–300 mg 75–160 mg/j 500 mg à 2 g/j

A
154
Q

3 Indications
L’aspirine est indiquée :
* en prévention secondaire de la coronaropathie, de l’artériopathie des membres inférieurs, des AVC. C’est un traitement à vie, en l’absence d’effets indésirables ou de complications ;
* en prévention primaire de la coronaropathie et des AVC chez les sujets à haut risque vasculaire. Cette indication est de plus en plus discutée car le bénéfice ischémique est contrebalancé par un risque hémorragique, non négligeable.

A
155
Q

4 Surveillance aspi
Il n’existe pas de test biologique fiable et utilisable en routine pour surveiller l’efficacité de l’aspirine. La bonne tolérance clinique est évaluée par la recherche d’hémorragie extériorisée et une numération formule au moins annuelle.

A
156
Q

5 Effets indésirables essentiels aspi
Ils sont représentés par les saignements et les intolérances gastriques, raison pour laquelle on associe de plus en plus fréquemment une protection gastrique (inhibiteur de la pompe à protons) dans les situations à risque.
De très rares « allergies » peuvent exister. Leur suspicion est beaucoup plus fréquente que les formes avérées. Le syndrome de Widal associe asthme, polypose nasale et allergie à l’aspirine.

A
157
Q

6 Situations à risque hémorragique et aspirine
En cas d’arrêt de l’aspirine justifié par la crainte d’une hémorragie, il existe un risque d’évènement athérothrombotique.

Grandes règles de la bonne gestion du traitement antiplaquettaire
* Après implantation d’un stent coronarien, il faut retarder au minimum de 6 semaines (en cas de stent nu) et de 3–6 mois (en cas de stent actif) tout acte invasif non urgent à risque hémorragique.
* Pour de très nombreux actes à risque hémorragique modéré (chirurgie/fibroscopie/biopsie, etc.), il est préférable de ne pas arrêter l’aspirine. De nombreuses conférences de consensus existent dans chaque spécialité concernée (chirurgiens-dentistes/rhumatologues/gastro-entérologues, etc.) qui acceptent cette règle.
* Quand le risque hémorragique est très important (chirurgie ORL, urologique, neurologique), l’aspirine ne doit être arrêtée que sur une courte durée : 5 jours et reprise le plus tôt possible après l’acte.

A
158
Q

B Thiénopyridines et ticagrélor
Les médicaments disponibles sont les suivants : ticlopidine (Ticlid®) (n’est plus tilisée, clopidogrel (Plavix®), prasugrel (Efient®) et ticagrélor (Brilique®).

1 Mode d’action
Il s’agit d’une classe d’AAP qui agit en bloquant la voie de l’ADP (cf. fig. 22.1) par blocage d’un récepteur plaquettaire appelé P2Y12, donc par un mode d’action différent de celui de l’aspirine.
Les effets des médicaments de cette classe sont additifs à ceux de l’aspirine.
lettre a Prasugrel et ticagrélor ont un effet antiplaquettaire plus puissant et plus rapide que le clopidogrel : en moyenne 70 à 80 % d’inhibition plaquettaire contre 40 à 50 % pour le clopidogrel.

A
159
Q

2 Posologies (cf. tableau 22.2)
* lettre b Le clopidogrel est donné à une dose de charge de 300 à 600 mg (cp à 300 mg) puis, le plus souvent, à des posologies quotidiennes de 75 mg en 1 prise/j (cp à 75 mg).
* Le prasugrel est donné à une dose de charge de 60 mg/j puis à 10 mg/j en 1 prise/j (cp à 10 mg ; des cp à 5 mg existent dans de nombreux pays mais pas en France).
* Le ticagrélor est prescrit à 180 mg en dose de charge puis en 2 prises/j à 90 mg matin et soir.
La durée de traitement est précisée dans le tableau 22.3.

Tableau 22.2 lettre b Posologies des thiénopyridines et du ticagrélor.
Molécule Dose de charge Dose d’entretien Nombre de prises/jour
Clopidogrel 300–600 mg 75 mg 1
Prasugrel 60 mg 10 mg 1
Ticagrélor 180 mg 90 mg × 2 2

Tableau 22.3 lettre b Durée du traitement antiplaquettaire chez le patient coronarien.
Aspirine Le plus souvent à vie
Clopidogrel, ticagrélor Le plus souvent en association avec l’aspirine pour une période 1 à 12 mois (classiquement 12 mois) mais certains patients peuvent en bénéficier au-delà des 12 mois
Prasugrel Le plus souvent en association avec l’aspirine pour une période de 1 à 12 mois

A
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Q

3 Indications
lettre a Les indications de chacun de ces AAP sont inhérentes aux études cliniques qui ont été conduites et qui ont pu démontrer un intérêt. Toutes ses molécules ne sont pas « interchangeables ». Ces indications sont évolutives.
* Le clopidogrel est indiqué dans les SCA (quand le prasugrel et le ticagrélor ne sont pas indiqués ou après une fibrinolyse) et après angioplastie coronarienne, chez les patients présentant un syndrome coronarien chronique (angor stable) en association avec l’aspirine, pour une durée de 3 à 12 mois, selon l’indication.
* lettre a Le prasugrel est indiqué dans les SCA, en association à l’aspirine, chez les patients qui ont été traités par angioplastie.
* Le ticagrélor est indiqué dans les SCA, en association à l’aspirine.
lettre a Dans le SCA, clopidogrel, prasugrel ou ticagrélor sont associés à l’aspirine pendant une durée classiquement de 12 mois mais qui dépend aussi du risque hémorragique (de 1 à 12 mois). Plus le risque hémorragique est élevé, plus la durée de la double antiagrégation est réduite (exemple du SCANST, cf. fig. 22.2).
Les combinaisons des traitements antithrombotiques dans le post-SCA sont définies par des recommandations européennes.

A
161
Q

4 Surveillance
lettre b Il n’existe pas de test biologique fiable utilisable en routine pour surveiller l’efficacité des thiénopyridines ou du ticagrélor.

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Q

5 Précautions et effets indésirables

Contre-indication absolue
Le prasugrel expose à un risque hémorragique cérébral qui le contre-indique chez les sujets ayant des ATCD d’accident cérébral (hémorragique ou ischémique).

Contre-indications relatives
Les sujets de moins de 60 kg et ceux de plus de 75 ans étant les plus susceptibles de saigner, ils représentent une contre-indication relative au prasugrel.
L’effet adénosine du ticagrélor par lequel le médicament est actif peut être responsable de dyspnée gênante (jusqu’à 18 % des patients) et de bradycardie, réversible à son arrêt.

A
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Q

II Héparines et héparinoïdes

A Médicaments
lettre a On distingue :
* l’héparine standard non fractionnée (HNF) : héparine IV et héparine calcique (Calciparine®, voie SC – sous-cutanée) ;
* les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) : énoxaparine (Lovenox®), tinzaparine (Innohep®), nadroparine (Fraxiparine®), daltéparine (Fragmine®) qui correspondent à une fraction plus réduite de la chaîne d’héparine ;
* des « apparentés » comme le fondaparinux (Arixtra®), le danaparoïde (Orgaran®) ou la bivalirudine.

B Mode d’action – Pharmacologie (cf. tableau 22.4)
lettre a L’HNF et les HBPM agissent en activant un anticoagulant physiologique présent dans le sang qui est l’antithrombine.
Le fondaparinux est un anti-Xa.
Après injection IV, l’effet anticoagulant de l’HNF est immédiat. La demi-vie de l’HNF est de l’ordre de 1 h 30 (cette notion permet de gérer les doses sur 24 heures). Le maintien de l’activité anticoagulante désirée est donc obtenu soit en perfusant l’HNF en continu (seringue autopousseuse), soit en pratiquant plusieurs injections dans le nycthémère (× 2 ou × 3 pour l’héparine calcique).
Les HBPM, qui ont une demi-vie plus longue, s’administrent en SC en 1 ou 2 fois/j en fonction de leur demi-vie. Un bolus pour obtention d’un effet anticoagulant immédiat peut se faire par voie IV.
Le fondaparinux, qui a une demi-vie longue, s’administre en IV ou en SC 1 seule fois/j.
L’HNF est éliminée, en grande partie, par une fixation sur les protéines, les cellules endothéliales et les macrophages et pour une petite partie par le rein alors que les HBPM et le fondaparinux sont essentiellement éliminés par le rein.
L’HNF est le seul anticoagulant utilisable dans les insuffisances rénales sévères (clairance de la créatinine = ClCr < 20–30 mL/min).

Tableau 22.4 lettre b Pharmacologie des héparines et héparinoïdes.
Action par antithrombine Élimination par le rein Demi-vie Antidote
HNF Oui + 1 h 30 Sulfate de protamine
HBPM Oui +++
(CI si ClCr < 30 mL/min) 8 à 24 heures En cours de développement
Fondaparinux Non +++
(CI si ClCr < 30 mL/min) 17–21 heures En cours de développement

Les HBPM ainsi que le fondaparinux sont plutôt contre-indiqués lorsque la ClCr est inférieure à 30 mL/min. Des règles d’utilisation récentes autorisent l’énoxaparine lorsque la ClCr est inférieure à 30 mL/min.
Pour l’héparine standard, il existe un antidote, le sulfate de protamine, qui doit être administré par voie intraveineuse. Il neutralise instantanément l’action de l’héparine non fractionnée.

A
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Q

C Posologie
Les posologies curatives de l’héparine standard pour obtenir un effet anticoagulant rapide (bolus) sont de 80 UI/kg (environ 5 000 UI en bolus pour un poids de 70 kg), puis de 18 UI/kg/h (environ 500 UI/kg/j, soit 30 000 UI/24 h à la seringue autopousseuse).
Les posologies curatives des HBPM sont fonction du poids du sujet (100 U anti-Xa/kg), par exemple 0,8 mL × 2 pour l’énoxaparine pour un poids de 80 kg, ce qui implique de connaître le poids du malade avec la plus grande précision.

A
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Q

D Surveillance
L’effet thérapeutique de l’HNF se mesure par le temps de céphaline activée (TCA) qui doit être prolongé de 2 à 3 fois par rapport à celui du témoin et/ou par l’activité anti-Xa (entre 0,5 et 0,8/mL).
Le premier TCA doit être fait vers la 5e heure après l’instauration du traitement.
Les doses d’héparine sont adaptées par rapport à ce TCA qui doit être surveillé au moins une fois par jour. Puis les doses sont adaptées selon le schéma du tableau 22.5.
Sauf exception, l’activité thérapeutique des HBPM n’a pas besoin d’être mesurée si elle est prescrite de façon correcte en fonction du poids et en l’absence d’insuffisance rénale.

A
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Q

E Indications
Les héparines sont des anticoagulants d’action rapide, utilisés dans toutes situations où une anticoagulation urgente est nécessaire, soit :
* thromboses veineuses profondes et embolie pulmonaire ;
* troubles du rythme nécessitant un traitement anticoagulant, le plus souvent en attente de l’efficacité des anticoagulants oraux ;
* syndrome coronarien aigu.
Les HBPM sont largement utilisées en prévention de la thrombose veineuse en contexte chirurgical ou médical à risque thromboembolique.

A
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Q

F Effets indésirables
Le principal effet indésirable lié à l’effet recherché reste les complications hémorragiques.
Les thrombopénies induites par l’héparine (TIH) (cf. VI. Accidents des anticoagulants) sont une complication classique mais rare de l’héparinothérapie, il s’agit d’un phénomène immunoallergique.
lettre b Une ostéoporose, une alopécie, une élévation des transaminases, un priapisme, une insuffisance surrénalienne aiguë sont des complications rares mais possibles des héparines.

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Q

G Héparinoïdes et apparentés

1 Danaparoïde : Orgaran®
Il est essentiellement utilisé chez les patients présentant ou ayant présenté une TIH et qui ont besoin de traitement anticoagulant.
Le principe est de substituer l’héparine, qui a induit la TIH, par un autre anticoagulant SC ou IV non allergisant afin de couvrir la période à risque de complications thrombotiques et/ou en attendant l’efficacité des AVK (antivitamines K) qui auraient été introduites.

2 Bivalirudine
C’est un anticoagulant IV essentiellement utilisé lors des angioplasties coronariennes. Ce médicament est très peu utilisé en France.

A
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Q

III Antivitamines K

A Médicaments
lettre a Les antivitamines K sont des anticoagulants administrables par voie orale et utilisables pour des traitements de longue durée.
* Le plus utilisé dans le monde est la warfarine (Coumadine®) qui devrait rester l’AVK de référence.
* La fluindione (Préviscan®) est très utilisée en France, mais son instauration est déconseillée par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) depuis 2017 en raison d’un risque immunoallergique rare mais grave d’insuffisance rénale. Ces complications surviennent en règle dans les 6 mois, aussi il n’est pas recommandé de remplacer la fluindione chez des patients bien équilibrés depuis longtemps.
* L’acénocoumarol (Sintrom®) doit s’administrer en 2 fois/j et n’est pas l’AVK recommandée.

B Mode d’action
Les antivitamines K bloquent au niveau hépatique la synthèse des facteurs II – VII – IX et X de la coagulation. Ils inhibent aussi la synthèse de la protéine C et de la protéine S qui sont deux anticoagulants physiologiques circulants (cf. tableau 22.6).Les AVK ont un délai d’action long, inhérent à la longue demi-vie de certains cofacteurs vitamine K-dépendants. Leur pleine efficacité nécessite donc 3 à 5 jours de prise.
La warfarine (Coumadine®) et la fluindione (Préviscan®) sont des AVK de demi-vie longue. Ceci n’est pas un inconvénient pour leur équilibre. L’acénocoumarol (Sintrom®) est une AVK de demi-vie courte (cf. tableau 22.7).

A
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Q

C Relais héparine – AVK
Les AVK ne pouvant être efficaces rapidement, elles doivent être dans la majorité des cas précédées par un traitement par héparine (HNF, HBPM ou fondaparinux).
Sauf exception, l’introduction de l’AVK doit se faire précocement dès J1, sachant qu’elle n’est pas effective avant 4 à 6 jours (cf. fig. 22.3).
Cette introduction précoce de l’AVK permet de :
* raccourcir la durée du chevauchement par héparine, et donc l’hospitalisation ;
* diminuer l’incidence des TIH.
Les deux conditions d’arrêt de l’héparine sont :
* au moins 4 à 5 jours de chevauchement ;
* 2 INR (International Normalized Ratios) efficaces à 24 heures d’intervalle.

A
171
Q

D Surveillance au long cours
La surveillance de l’effet thérapeutique des AVK se fait par la mesure de l’INR. L’INR est le rapport des temps de Quick témoin/patient et prend en compte l’indice du réactif utilisé (thromboplastine) ; il a remplacé le TP (taux de prothrombine), trop aléatoire. La valeur normale sans traitement de l’INR est de 1, la valeur cible de l’INR pour un patient qui est correctement anticoagulé par AVK se situe pour la plupart des indications entre 2 et 3. Il existe de rares indications où l’INR doit être plus élevé mais ceci est du domaine des spécialistes (prothèses valvulaires mécaniques en position mitrale par exemple).
La surveillance de l’INR doit être très rigoureuse lors de l’instauration du traitement afin d’éviter un sous et surtout un surdosage. Elle est espacée au fur et à mesure de l’équilibration du traitement puis doit se faire au minimum 1 fois/mois lors des traitements au long cours (cf. fig. 22.4).
On dit qu’un patient est correctement équilibré lorsqu’au moins 70 % de ses INR sont dans la cible fixée.
Une éducation thérapeutique pour faire participer le malade à son traitement est indispensable (éviter les coprescriptions, connaître les seuils d’alerte des résultats d’INR, faire appel en cas de saignement, prévenir tout médecin de ce traitement au long cours, etc.).
La surveillance des INR peut se faire par des appareils d’automesures (très semblables à ceux de la glycémie) : Coagucheck® INRange, etc. En France, la prise en charge (remboursement) n’est établie que pour les enfants et chez les porteurs de valves mécaniques.
Les AVK possèdent deux antidotes qui sont :
* le PPSB (initiale des 4 facteurs de la coagulation vitamine K-dépendants déprimés par les AVK) qui agit très rapidement ;
* la vitamine K qui antagonise leurs effets en quelques heures.
Les AVK sont tératogènes et donc contre-indiquées lors de la première partie du 1er trimestre de la grossesse.

A
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Q

E Posologie
Il n’existe pas de dose prédéfinie pour obtenir l’efficacité thérapeutique recherchée.
La dose de départ est une dose « d’approche » qui doit être plus faible chez les personnes âgées.
Les AVK sont très liées aux protéines plasmatiques.
Le métabolisme des AVK peut être accéléré ou ralenti par d’autres coprescriptions.
Certaines coprescriptions sont strictement contre-indiquées telles que le miconazole (Daktarin®).

A
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Q

F Indications
Les AVK sont indiquées :
* dans la fibrillation atriale ;
* dans le traitement et la prévention des TVP et de l’EP ;
* chez les patients porteurs de valve cardiaque mécanique ;
* pour certaines complications de l’infarctus du myocarde (anévrisme du ventricule gauche, thrombus) ou de l’insuffisance cardiaque.
En dehors des porteurs de valves mécaniques et de l’insuffisance rénale sévère, les AOD (cf. infra) se substituent de plus en plus et sont préférés aux AVK.

A
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Q

G Situations à risque hémorragique
Les patients traités par AVK peuvent avoir besoin de bénéficier d’un geste à risque hémorragique.
Dans ces conditions, les règles sont les suivantes (cf. tableau 22.8) :* la plupart des gestes à risque hémorragique modéré peuvent se faire sans interruption de l’AVK (petite chirurgie/soins dentaires/certaines ponctions-biopsies, etc.) en vérifiant préalablement que l’INR soit dans la limite basse de la fourchette ;
* lorsque le risque hémorragique est plus important, on peut :
* arrêter l’AVK pendant 3 à 4 jours afin de tendre à normaliser l’INR le jour de la procédure et reprendre le traitement le soir même. Ceci est indiqué pour une TVP ou une EP au-delà du 3e mois du traitement ou pour une FA à faible risque embolique,
* faire un relais par héparine en arrêtant l’AVK 4 à 5 jours avant et en le reprenant après l’acte (sous couverture par héparine le temps que l’INR soit efficace). Ceci est indiqué pour une TVP ou une EP récente (< 3 mois), pour une FA à risque embolique élevé ou chez les porteurs de valves mécaniques ;
* les relais par héparines, s’ils peuvent paraître rassurants, sont en fait source de complications tant hémorragiques que thrombotiques.

A
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Q

IV Anticoagulants oraux directs

A Mode d’action
Les anticoagulants oraux directs sont des antithrombotiques qui inhibent soit le facteur II (anti-IIa), soit le facteur X (anti-Xa).
Leur développement a été favorisé par les difficultés de la gestion des AVK.

B Médicaments
Actuellement, trois de ces nouveaux anticoagulants oraux sont disponibles en France : le dabigatran (Pradaxa®), le rivaroxaban (Xarelto®), l’apixaban (Eliquis®) (cf. tableau 22.9).

Tableau 22.9 lettre a Propriétés des anticoagulants oraux directs.
DCI Dabigatran Rivaroxaban Apixaban
Spécialité Pradaxa® Xarelto® Eliquis®
Dosages (mg) 75, 110, 150 10, 15, 20 2,5, 5
Activité Anti-lla Anti-Xa Anti-Xa

DCI : dénomination commune internationale.

Leur élimination rénale est respectivement de 80 % pour le dabigatran, de 33 % pour le rivaroxaban, et de 25 % pour l’apixaban. Il est capital de s’enquérir de la fonction rénale du sujet pour une bonne prescription.
Une accumulation peut rapidement se produire en cas d’insuffisance rénale. L’évaluation de la fonction rénale (par la formule de Cockcroft) est un impératif à l’institution du traitement puis régulièrement dans le suivi. Il est interdit ou déconseillé de les prescrire quand la clairance de la créatinine en Cockcroft est inférieure à 30 à 25 mL/min.
Le nombre de prises par jour diffère en fonction de leur demi-vie et des indications : 2 fois/j pour le dabigatran et l’apixaban, 1 fois/j pour le rivaroxaban dans la plupart des indications mais 2 fois/j en début de traitement de la TVP ou de l’EP et dans le traitement de la coronaropathie.
Des interférences médicamenteuses existent avec tous les AOD et doivent être connues, d’autant plus qu’il n’y a pas, contrairement aux AVK, de moyen biologique simple de quantifier une variation de leur effet thérapeutique.
L’efficacité de ces AOD est rapide (environ 2 heures après la 1re ingestion).
Un patient vu en consultation pour une indication établie (TVP ou EP ou FA) peut recevoir le médicament et est, de fait, tout de suite anticoagulé efficacement, sans nécessité de relais par héparine. Il s’agit d’un bouleversement de l’institution d’un traitement anticoagulant qui ne doit pour autant pas faire galvauder leurs indications.

A
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Q

C Surveillance
Il n’existe pas actuellement de test biologique pour vérifier l’efficacité thérapeutique des anticoagulants oraux. Mais ces médicaments ont été validés sans test. Le dosage du médicament est possible mais est réservé à la gestion des situations hémorragiques (patient sous AOD qui présente un saignement grave) ou à risque hémorragique (patient sous AOD qui doit bénéficier en urgence d’un acte avec risque hémorragique).
La plupart des tests de coagulation standards (TCA/TP/INR, etc.) sont perturbés par la prise d’un AOD. Ceci est important à savoir pour éviter de fausses interprétations. Ces tests usuels ne peuvent pas servir à connaître l’efficacité d’un traitement par AOD (cf. tableau 22.10).

A
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Q

D Indications et posologies
Les indications actuelles sont différentes en fonction de chaque molécule et évolutives.
Les posologies sont très variables en fonction de chaque indication (cf. tableau 22.12).
Il est important de savoir que les valves cardiaques mécaniques sont une contre-indication absolue à l’usage des AOD ainsi que le RM serré. En revanche, en situation de FA, toute autre valvulopathie associée n’est pas une contre-indication aux AOD (évolution par rapport à l’indication initiale des AOD dans la « FA dite non valvulaire »).

Tableau 22.12 lettre a Propriétés, posologies et indication des anticoagulants oraux directs.
Dabigatran
Pradaxa® Rivaroxaban
Xarelto® Apixaban
Eliquis®
Mode d’action Anti-IIa Anti-Xa Anti-Xa
Élimination rénale (%) 80 33 25
Posologie en prévention TVP-EP en orthopédie 110 mg × 2/j
ou 75 mg × 2/j 10 mg × 1/j 2,5 mg × 2/j
Posologie pour la FA « non valvulaire »1 110 ou 150 mg × 2/j
(adapter sur fonction rénale et âge) 15 ou 20 mg/j × 1/j
(adapter sur fonction rénale et âge) 2,5 ou 5 mg × 2/j
(adapter sur fonction rénale, âge et poids)
Posologie pour la TVP-EP 110 ou 150 mg × 2/j
Après 5 à 7 jours d’héparine Dose de charge de 15 mg × 2 pendant 21 jours, puis 20 mg × 1/j
Sans héparine préalable obligatoire Dose de charge de 10 mg × 2 pendant 7 jours, puis 5 mg × 2/j
Sans héparine préalable obligatoire
Posologie en post-SCA Pas d’indication 2,5 mg × 2/j Pas d’indication

A
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Q

V Thrombolytiques

A Médicaments et mode d’action
Les thrombolytiques sont des médicaments qui ont pour objectif de lyser les caillots déjà constitués. Ce sont des activateurs de la fibrinolyse physiologique et en particulier du plasminogène.
La streptokinase et l’urokinase sont les premiers thrombolytiques qui ont été commercialisés. La streptokinase n’est plus commercialisée. L’urokinase comporte un risque allergique.
L’altéplase (Actilyse®) et la ténectéplase (Métalyse®) sont des thrombolytiques de nouvelle génération. La demi-vie de la ténectéplase est relativement longue, permettant une administration simplifiée en un seul bolus intraveineux.

A
179
Q

B Indications
Ces médicaments sont administrés par voie intraveineuse dans des conditions très précises :
* l’infarctus du myocarde datant de moins de 6 à 12 heures lorsqu’il n’y a pas de possibilité d’angioplastie (essentiellement en France par les SAMU en préhospitalier) ;
* l’accident vasculaire cérébral vu dans les 4 h 30 après exclusion d’une cause hémorragique ;
* l’embolie pulmonaire grave.

A
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Q

C Surveillance
Leur efficacité s’accompagne d’un risque hémorragique important qui doit faire « peser » leur indication. Le risque d’hémorragie intracérébrale est de l’ordre de 0,7 à 2 %.
Lors d’un traitement thrombolytique, les tests classiques de la coagulation (TCA/TP) sont perturbés pendant toute la durée de l’effet du médicament (environ 24 heures).
La surveillance des saignements cliniques et infracliniques est de rigueur (point de ponction artérielle/voie veineuse/sonde urinaire, etc.).
Un groupage sanguin systématique est justifié afin d’éviter une perte de temps en cas de saignement grave.

A
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Q

D Contre-indications
Elles sont particulièrement importantes à respecter. Elles correspondent logiquement à toute circonstance qui pourrait accentuer le risque de saignement : certaines de ces situations peuvent être « contournées » lorsque le risque vital est en jeu (EP massive). Les contre-indications sont les suivantes :
* allergie connue au produit ;
* patients ayant un risque hémorragique accru : trouble de la coagulation congénitale ou acquis, thrombopathie sévère, thrombopénie sévère, etc. ;
* poussée ulcéreuse (< 6 mois) ;
* intervention de chirurgie générale (< 10 jours) ;
* intervention de chirurgie vasculaire (< 1 mois) ;
* traumatisme grave ou ponction récente de gros vaisseaux non compressibles ;
* réanimation cardiopulmonaire prolongée ;
* anévrisme ou malformation artérielle ou veineuse, malformation vasculaire cérébrale ;
* HTA non contrôlée (> 200 mmHg) ;
* AVC étendu (< 6 mois) ;
* traitement associé par AVK ;
* insuffisance hépatique sévère ;
* péricardite aiguë ;
* endocardite aiguë ou subaiguë ;
* grossesse.

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1 Accidents hémorragiques liés à l’héparine

Fréquence
La fréquence des accidents hémorragiques au cours d’un traitement par héparine varie de 1 à 4 % lors d’un traitement curatif et de 1 à 2 % lors d’un traitement préventif.
Les facteurs associés à la survenue d’un accident hémorragique sont l’âge, le sexe féminin, un faible poids corporel, l’intensité et la durée de l’anticoagulation.
Les comorbidités suivantes sont également susceptibles de favoriser la survenue d’un accident hémorragique :
* pathologie digestive ou cérébrale à risque hémorragique ;
* insuffisance hépatocellulaire ;
* traumatisme ou chirurgie récente ;
* thrombopénie ;
* troubles congénitaux de la coagulation à risque hémorragique ;
* insuffisance rénale surtout pour les HBPM.
L’administration associée d’un autre antithrombotique (AVK, antiagrégants plaquettaires) mais aussi d’un AINS augmente le risque.

Tableau clinique
Il peut s’agir :
* d’un surdosage biologique asymptomatique : TCA > 3 fois le témoin ou héparinémie élevée pour les HNF, la conduite à tenir consiste à adapter les doses (cf. supra) ;
* d’une anémie typiquement microcytaire ferriprive sans hémorragie apparente (d’où la nécessité de pratiquer une NFS régulière lors des traitements de longue durée) ;
* d’un hématome ou une hémorragie extériorisée grave ou non.

Traitement préventif
Le respect des règles de prescription des héparines est l’élément fondamental de la prévention des accidents hémorragiques liés aux héparines :
* bien peser l’indication ;
* adapter les doses en fonction du poids pour les HBPM ;
* surveiller quotidiennement la biologie (TCA) en cas de traitement par HNF ;
* respecter la contre-indication des HBPM en cas d’insuffisance rénale sévère ;
* prescrire prudemment les HBPM chez les sujets âgés du fait de leur fonction rénale souvent altérée.

Conduite à tenir en cas d’accident
Elle consiste à :
* évaluer la gravité : examen clinique, mesure de la PA et de la FC, recherche de signes de choc hémorragique, dosage de l’hémoglobine et de l’hématocrite ;
* en cas d’accident mineur : adapter les posologies et assurer une surveillance clinique et biologique rapprochée ;
* en cas d’accident majeur :
– mettre en balance le risque hémorragique et celui induit par l’arrêt du traitement anticoagulant (chez les porteurs de valve mécanique, par exemple),
– procéder à un remplissage intraveineux par des macromolécules, puis compenser les pertes sanguines par transfusion de concentrés de culots globulaires si nécessaire,
– évaluer l’intérêt de l’administration de l’antidote de l’héparine : le sulfate de protamine.

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2 Thrombopénies induites par les héparines

Définition et généralités
On distingue deux types de thrombopénies survenant chez des patients traités par HNF ou HBPM :
* la thrombopénie de type I (thrombopénie précoce), bénigne, d’origine non immune et d’apparition précoce sans complication thrombotique et régressant malgré la poursuite du traitement par l’héparine ;
* la thrombopénie de type II, potentiellement grave, d’origine immune et en règle générale d’apparition plus tardive vers J7-J10, qui est la thrombopénie immunoallergique à l’héparine (TIH).
La TIH est induite par des anticorps qui reconnaissent dans la plupart des cas le facteur 4 plaquettaire (PF4) modifié par l’héparine. En découle une activation plaquettaire intense ainsi qu’une activation de la coagulation pouvant aboutir paradoxalement à des thromboses veineuses et/ou artérielles.
Le risque de la TIH est donc thrombotique et non hémorragique (sauf en cas de CIVD [coagulation intravasculaire disséminée] associée).

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Épidémiologie
* lettre b La véritable incidence de la TIH est méconnue : de l’ordre de 0,05 à 3 % pour les plus pessimistes, beaucoup plus fréquente avec l’HNF qu’avec les HBPM. Sa gravité mérite néanmoins qu’elle soit bien connue.
* La fréquence est plus élevée en milieu chirurgical qu’en milieu médical, et haute en chirurgie cardiaque et orthopédique.
* lettre a Le délai de survenue de la TIH est typiquement de 5 à 8 jours, après le début de l’héparinothérapie. Attention : ce délai peut être plus court (dès le 1er jour du traitement) chez des patients ayant été exposés à l’héparine dans les 3 mois précédents. Il peut aussi être plus long, notamment avec les HBPM (pouvant atteindre plus de 3 semaines).
Selon l’HAS, le diagnostic de TIH doit être évoqué devant les signes suivants :
* numération plaquettaire < 100 000/mm3 (100 G/L) et/ou chute relative des plaquettes sur deux numérations successives (de 30 à 50 % selon les recommandations) sous traitement par héparine, d’où l’impérative nécessité d’une numération plaquettaire avant ou dans les 24 heures de l’introduction d’un traitement par héparine ;
* apparition de thromboses ou extension du processus thrombotique initial sous héparine ;
* résistance biologique à l’HNF (le TCA ne décroche pas pour des doses importantes) ;
* placards inflammatoires au site d’injection des héparines SC ;
* rarement insuffisance surrénalienne aiguë sur une nécrose des surrénales.
lettre b Dans la TIH, chez 80 % des patients la thrombopénie est comprise entre 30 et 70 G/L.
Une coagulopathie de consommation (CIVD) est rapportée dans 10 à 20 % des cas.
Lorsque la TIH se complique de thrombose :
* les thromboses veineuses profondes sont plus fréquentes (80 %) que les artérielles ;
* les thromboses artérielles peuvent toucher l’aorte abdominale et ses branches avec alors un aspect de thrombus blanc (riche en plaquettes) très caractéristique ;
* des complications neurologiques surviennent chez 9,5 % des patients (AVC ischémiques, thromboses veineuses cérébrales, etc.).
La crainte de la survenue d’une TIH est à l’origine de la surveillance de la numération plaquettaire (avant traitement ou au plus tard 24 heures après le début du traitement, puis 2 fois/semaine à partir du 5e jour).
Cette surveillance n’ayant pas fait la preuve de son efficacité est actuellement remise en question au moins avec les HBPM (incidence de TIH beaucoup plus faible).
Les dernières recommandations de l’HAS/Afssaps n’imposent plus la surveillance plaquettaire lorsque l’HBPM est donnée en contexte médical mais la préconisent encore en milieu chirurgical ou traumatique et chez les patients à risque (antécédent d’exposition à l’HNF ou HBPM dans les 6 mois précédents ou comorbidités importantes).

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Conduite à tenir devant une suspicion de TIH
* lettre a Confirmer la thrombopénie par prélèvement sur tube citraté et/ou prélèvement capillaire et contrôle sur lame (éliminer une thrombo-agglutination).
* lettre c Utilise le score T4 qui permet d’estimer la probabilité d’une TIH (cf. tableau 22.13).
* lettre b Éliminer une autre cause de thrombopénie (infectieuse, médicamenteuse, CEC [circulation extracorporelle]).
* Pratiquer un test immunoenzymatique (Elisa) à la recherche d’anticorps anti-PF4 (dont la valeur prédictive négative est meilleure que la valeur prédictive positive) ou tests fonctionnels d’activation plaquettaire avec des plaquettes de volontaires sains.
* Demander un avis spécialisé afin d’éviter d’arrêter une héparine sans argument.

La décision d’arrêter l’héparine et de la remplacer par un autre antithrombotique d’action immédiate doit être prise dès qu’il y a suspicion forte de la TIH et ne peut attendre les résultats de la biologie.

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Prévention
lettre a La prévention primaire des TIH repose sur trois principes :
* durée d’utilisation des héparines la plus courte possible ;
* relais précoce par AOD ou AVK lorsque possible ;
* utilisation préférentielle des HBPM ou du fondaparinux dans les indications démontrées.

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B Accidents hémorragiques liés aux antivitamines K

1 Fréquence
* lettre b Six cent mille patients environ sont traités par AVK en France, soit 1 % de la population.
* Les AVK sont la 1re cause iatrogène d’hospitalisation avec 13 % des hospitalisations pour effets indésirables médicamenteux.
lettre a Il faut distinguer les surdosages constatés par la surveillance biologique (sans saignement) et ceux qui se démasquent par un saignement.

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2 Conduite à tenir en cas de surdosage asymptomatique
* Le plus souvent, la prise en charge est ambulatoire.
* Elle est fonction de l’INR mesuré et de l’INR cible (cf. tableau 22.14).
* La cause du surdosage doit être recherchée et prise en compte dans l’adaptation éventuelle de la posologie.
* Un contrôle de l’INR doit être réalisé le lendemain.
* En cas de persistance d’un INR au-dessus de la fourchette thérapeutique, les recommandations précédentes restent valables et doivent être reconduites.
* La surveillance ultérieure de l’INR doit se calquer sur celle habituellement réalisée lors de l’instauration du traitement.

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3 Conduite à tenir en cas d’hémorragies spontanées ou traumatiques

Définition d’une hémorragie grave
* Hémorragie extériorisée non contrôlable par les moyens usuels.
* Instabilité hémodynamique (collapsus).
* Nécessité d’un geste hémostatique (ou chirurgical).
* Nécessité de transfusion de culots globulaires.
* Hémorragie de localisation menaçant le pronostic vital ou fonctionnel.

S’il n’existe aucun de ces critères, l’hémorragie est considérée comme non grave.
Le principe de la gestion initiale d’une hémorragie est le même et fait appel à des moyens qui dépendent de la localisation et de l’importance du saignement :
* compression mécanique : suture d’une plaie vasculaire ;
* application locale d’agent hémostatique (colle à la fibrine ou à la thrombine) ;
* injection locale de vasoconstricteurs (adrénaline), en particulier lors des fibroscopies digestives pour hémorragie digestive ;
* embolisation par radiologie interventionnelle.

Conduite à tenir en cas d’hémorragie non grave
* Une prise en charge ambulatoire est le plus souvent réalisable en cas d’hémorragie rapidement contrôlable.
* La mesure de l’INR est réalisée en urgence.
* En cas de surdosage, les mêmes mesures de correction de l’INR que celles décrites précédemment sont recommandées (cf. tableau 22.13).
* La cause du saignement doit être recherchée.

Conduite à tenir en cas d’hémorragie grave
* lettre b La prise en charge est hospitalière. Les AVK sont arrêtés.
* La mesure de l’INR est réalisée en urgence. Le traitement est instauré sans attendre le résultat.
* On utilise des antidotes :
– la vitamine K qui nécessite quelques heures de délai d’action ;
– les concentrés de complexes prothrombiniques (CCP, aussi appelés PPSB : Kanokad®, Confidex®, Octaplex®), de délai d’action très bref mais de durée d’action courte, nécessitant donc concomitamment de la vitamine K.
* On assure le traitement habituel d’une hémorragie massive (correction de l’hypovolémie, transfusion de culots globulaires, etc.). La nécessité d’un geste hémostatique chirurgical ou endoscopique doit être rapidement évaluée.
* La surveillance biologique est la suivante :
– réalisation d’un INR 30 minutes après administration du CCP ;
– si l’INR reste > 1,5, une administration complémentaire de CCP adaptée à la valeur de l’INR est recommandée ;
– mesure de l’INR 6 à 8 heures plus tard, puis 1 fois/j pendant la période critique.
* L’indication ultérieure des AVK doit être à nouveau pesée. En cas de nécessité de traitement anticoagulant impératif, un relais par héparine est entrepris en attendant.

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4 Conduite à tenir chez le polytraumatisé
* lettre a La mesure de l’INR est réalisée en urgence.
* La même conduite est recommandée que celle à tenir devant les hémorragies graves ou non graves selon la gravité et la nature du traumatisme.
* En cas de traumatisme crânien : une hospitalisation au moins 24 heures et la réalisation d’un scanner cérébral en urgence sont requises.

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5 Intérêt de la prévention de ces accidents
Il fait appel à :
* l’éducation des patients ;
* l’attention portée aux interactions médicamenteuses ;
* l’utilisation de l’automesure de l’INR (dispositif semblable à ceux utilisés pour la mesure de la glycémie capillaire dans le diabète mais non remboursé en France, sauf chez l’enfant et chez les patients porteurs de prothèse valvulaire), qui peut diminuer le risque hémorragique.

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C Accidents liés aux anticoagulants oraux directs
Les principes qui les gèrent sont les suivants :
* les AOD ont une demi-vie courte : le meilleur antidote est le temps que l’on peut gagner après la dernière prise ;
* le dabigatran a déjà un antidote commercialisé disponible dans certains hôpitaux ;
* les anti-X sont à ce jour antagonisés par des concentrés de PPSB ou de Feiba® (mélange de PPSB et de facteur VIII) mais l’arrivée prochaine probable d’un antidote anti-X pourra modifier ces stratégies ;
* le dosage du médicament peut être fait pour tous les AOD commercialisés (dans des laboratoires spécialisés) ;
* si ce dosage permet, en situation à risque de saignement, de gérer au mieux la situation, en cas de saignement actif, la conduite à tenir ne peut attendre le résultat du dosage de la concentration du médicament dans le sang.
Le GIHP (Groupe d’intérêt en hémostase périopératoire) a proposé des règles de conduite générales, de bon sens (cf. encadré 22.1).

Encadré 22.1 Conduite à tenir lors d’un accident hémorragique lié aux AOD proposée par le GIHP (Groupe d’intérêt en hémostase périopératoire)
* Noter : âge, poids, nom du médicament, dose, nombre de prises par jour, heure de la dernière prise, indication
* Prélever :
– créatinine (clairance d’après Cockroft)
– dosage spécifique du médicament
* Contacter le laboratoire d’hémostase
* Interrompre le traitement
© GIHP (Groupe d’intérêt en hémostase périopératoire)

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