Gériatrie Flashcards
A En dehors d’une situation aiguë de type syndrome confusionnel faisant évoquer ou découvrir un trouble neurocognitif (TNC) sous-jacent, un diagnostic de TNC est souvent fait dans un contexte de plainte cognitive essentiellement mnésique générant une inquiétude chez le patient ou ses proches. Lors d’une consultation pour plainte mnésique, il est nécessaire de mettre en place une démarche diagnostique rigoureuse et de faire les examens complémen-
taires nécessaires afin d’établir le diagnostic de la pathologie sous-jacente.
Vieillissement cognitif Le vieillissement est hétérogène d’une personne à l’autre mais s’accompagne de modifications physiologiques du fonctionnement cognitif : * réduction des ressources attentionnelles avec un certain degré de ralentissement et difficulté à faire des tâches multiples simultanément ;
* modification du fonctionnement exécutif marqué par : – élaboration plus difficile de stratégies ; – réduction des capacités d’inhibition ; – réduction de l’adaptabilité ; – rappel libre mnésique diminué avec normalisation par l’indiçage.
Ces difficultés, ou vulnérabilité cognitive liée à l’âge, peuvent être à l’origine d’une plainte mné-
sique, mais jamais à l’origine d’un retentissement su les activités de vie quotidienne (ADL et IADL).
Les sept écueils à éviter concernant les troubles cognitifs de la personne âgée
* Considérer que le vieillissement cérébral s’accompagne de troubles cognitifs retentissant sur les IADL [131]. * Ne pas évaluer l’autonomie devant des troubles cognitifs [131]. * Ne pas rechercher et diagnostiquer les troubles comportementaux, et négliger leurs conséquences [114, 116, 117].
* Négliger une cassure dans l’évolution et ne pas penser à un syndrome confusionnel [119]. * Négliger la sensibilité aux médicaments et ne pas anticiper le risque iatrogène [348]. * Ne pas élaborer un plan de soins structuré médicamenteux et non médicamenteux, comprenant la mise en place d’aides pour pallier la dépendance des patients [352].
* Ne pas prendre en compte la souffrance des aidants et en négliger l’aide [330]. → Les troubles neurocognitifs (TNC), au sein de l’ensemble des comorbidités et en considérant les traitements associés, doivent être pris en charge pour en ralentir l’évolution et limiter leur impact sur la qualité de vie du patient et de son entourage. Leur conséquence sur l’autonomie doit être spécifiquement prise en charge. Il est important de différentier les TNC légers des TNC majeurs retentissant au minimum sur les IADL et
potentiellement sur les ADL.
II. Démarche diagnostique devant une plainte mnésique du patient âgé
Démarche
A. Faire le diagnostic de plainte mnésique ou d’équivalent sémiologique. B. Analyser les troubles cognitifs et leur retentissement. C. Décider des examens complémentaires. D. Organiser le plan de soin.
L’objectif devant une plainte mnésique est de rechercher des arguments pour un TNC sousjacent et, le cas échéant, de rassurer le patient, souvent inquiet en raison de sa plainte. Un TNC léger ou majeur, respectivement sans ou avec perte d’autonomie, répond à une définition précise du DSM-5 (encadré 9.1). Un TNC peut répondre à de nombreuses étiologies (encadré 9.2) et doit engager une démarche diagnostique permettant de porter un diagnostic le plus souvent possible ou probable, reposant sur un faisceau d’arguments cliniques, neuropsychologiques, biologiques et neuroradiologiques. En effet, le diagnostic certain n’est apporté que par la neuropathologie. Aucun résultat
d’examen clinique ou paraclinique n’est pathognomonique d’un processus pathologique.
Critères diagnostiques des troubles neurocognitifs d’après le DSM-5 Trouble neurocognitif léger A. A Présence d’un déclin cognitif modéré à partir d’un niveau antérieur de performance dans un ou plusieurs domaines de la cognition (attention complexe, fonctions exécutives, apprentissage et mémoire,
langage, cognition perceptivo-motrice ou sociale) fondé sur : 1. la perception par le patient, un informant fiable ou le clinicien, d’un léger déclin cognitif ; 2. l’existence d’une diminution modérée des performances cognitives, préférablement documentée par des examens neuropsychologiques standardisés ou, à défaut, par une autre évaluation clinique quantitative.
B. Les déficits cognitifs n’interfèrent pas avec l’autonomie dans la vie quotidienne (c’est-à-dire les IADL comme payer ses factures ou gérer ses médicaments sont préservés, mais nécessitent un plus grand effort, des stratégies compensatrices ou un ajustement).
C. Les déficits cognitifs ne surviennent pas uniquement dans le contexte d’un delirium [syndrome confusionnel dans la terminologie française].
D. Les déficits cognitifs ne sont pas mieux expliqués par une autre affection mentale (par exemple, épisode dépressif majeur, schizophrénie).
Trouble neurocognitif majeur A. Présence d’un déclin cognitif significatif à partir d’un niveau antérieur de performance dans un ou plusieurs domaines de la cognition (attention complexe, fonctions exécutives, apprentissage et mémoire, langage, cognition perceptivo-motrice ou sociale) fondé sur : 1. la perception par le patient, un informant fiable ou le clinicien, d’un déclin cognitif significatif ; 2. l’existence d’une diminution importante des performances cognitives, préférablement documentée par des examens neuropsychologiques standardisés ou, à défaut, par une autre évaluation clinique quantitative.
B. Le déclin cognitif retentit sur l’autonomie dans les activités quotidiennes (c’est-à-dire nécessite au minimum une assistance dans les activités instrumentales complexes comme payer ses factures ou gérer ses médicaments).
C. Les déficits cognitifs ne surviennent pas uniquement dans le contexte d’un delirium [syndrome confusionnel dans la terminologie française].
D. Les déficits cognitifs ne sont pas mieux expliqués par une autre affection mentale (par exemple épisode
dépressif majeur, schizophrénie).
- A TNCM (probable ou possible) ou TNCL : – dû à la maladie d’Alzheimer ; – fronto-temporal ; – à corps de Lewy ; – vasculaire ; – dû à un traumatisme cérébral ; – induit par une substance ; – dû à l’infection VIH ; – dû à la maladie de Parkinson ; – dû à une maladie à prions ; – dû à la maladie de Huntington ; – dû à une autre affection médicale ; – dû à de multiples étiologies.
- TNC non spécifié.
A. Faire le diagnostic de plainte mnésique ou d’équivalent sémiologique Différentes situations sont rencontrées : * le patient communique normalement et consulte pour une plainte nouvelle. Il peut s’agir
d’une plainte mnésique [131], d’une anxiété [116], d’éléments dépressifs [123], d’un trouble du langage [134], plus rarement d’un trouble du sommeil [135] ou d’une autre atteinte cognitive ;
* le patient communique mais il s’agit d’une demande de l’entourage, souvent dans le cadre d’un changement de comportement, comme une apathie [117], ou d’idées délirantes [124], interférant avec la vie quotidienne ;
* le patient n’a pas exprimé de plainte et est adressé par sa famille ou par un collègue, pour asthénie (facilement confondue avec de l’apathie), pour altération de l’état général (souvent après bilan de première, deuxième voire troisième intention, l’inadéquation de l’alimentation étant à l’origine de l’amaigrissement) ou pour perte d’autonomie ;
* le patient est hospitalisé pour un autre motif médical aigu et le dépistage de troubles cognitifs montre des anomalies ;
* situation fréquente, les troubles cognitifs ont été minorés, négligés ou rattachés à l’âge (le fameux concept de démence sénile), et vous découvrez des troubles cognitifs évolués au décours d’un syndrome confusionnel, sur des difficultés dans la gestion financière ou sur
l’épuisement de l’entourage, en particulier de l’aidant principal.
- Exemples de pièges sémiologiques Confondre : * une apathie avec une asthénie [117] ; * une agressivité (par exemple, frontale) avec le reflet de traits de personnalité anciens (« méchanceté », « mauvais caractère ») ;
* une idée délirante (persécution, alimentation empoisonnée [124]) avec des traits « paranoïaques » anciens ;
* une alimentation inadaptée (liée à la perte d’autonomie pour accéder aux courses ou à un trouble du comportement) avec une anorexie et une altération de l’état général ;
* une chute sur trouble attentionnel avec une autre cause de chute [27] ; * une désinhibition frontale avec des difficultés de respect des convenances sociales
anciennes.
B. Analyser les troubles cognitifs et leurs conséquences La plainte confirmée ou le TNC avéré, il faut le caractériser. Il faut d’une part faire une enquête étiologique centrée sur le TNC et, d’autre part, aborder le patient dans sa globalité et mettre en place des interventions adaptées.
Reprendre les antécédents : * éventuellement familiaux, même si la majorité des TNC de la personne âgée sont en lien avec des affections sporadiques ;
* vasculaires : facteurs de risque, accident vasculaire cérébral, autre atteinte artérielle, en faveur d’un TNC d’origine vasculaire ou au moins mixte ;
* syndrome parkinsonien connu ou maladie de Parkinson en faveur d’un TNC parkinsonien
ou d’une maladie à corps de Lewy ;* dépression ; * autre pathologie psychiatrique qui pourrait interférer avec la présentation sémiologique. Il faut également recueillir : * les atteintes sensorielles ; * les autres pathologies en vérifiant l’adéquation des traitements ; * l’ensemble des traitements ; * le mode de vie dont la responsabilité dans la prise des traitements, l’existence de situations à risque comme une cuisinière à gaz à domicile, la conduite automobile, le risque d’escroquerie ou de spoliation…
En présente d’une plainte cognitive, il faut également systématiquement interroger les patients et leur entourage sur l’existence de troubles comportementaux associés, en s’aidant des items de l’échelle Neuro-Psychiatric Inventory (NPI, encadré 9.3) et ne pas attendre que le patient décrive tous ses symptômes. L’interrogatoire de l’entourage est important, mais la chronicité
de certains symptômes peut favoriser leur banalisation.À ce stade, utilisation d’outils de repérage d’un TNC, qui ne permettent en aucun cas de faire un diagnostic mais permettent aussi d’apprécier la sévérité d’une atteinte ou le type d’atteinte : * Mini Mental State Evaluation : évaluation cognitive globale ; * test des cinq mots : évaluation de la mémoire et de l’encodage ; * BREF : évaluation des fonctions éxécutives ;
* test de l’horloge : évaluation des fonctions exécutives et visuospatiales.
Encadré 9.3 Troubles comportementaux de la maladie d’Alzheimer d’après le NeuroPsychiatric Inventory
* A Dépression/dysphorie. * Anxiété. * Irritabilité/labilité. * Apathie. * Exaltation/euphorie. * Désinhibition. * Idées délirantes. * Hallucinations. * Agitation/agressivité. * Comportements moteurs aberrants. * Troubles du sommeil.
* Troubles de l’appétit.
Principaux mots clefs permettant d’évoquer une étiologie – Maladie d’Alzheimer : fréquence, évolution progressive, trouble mnésique [131] et du langage [134] au premier plan.
– Vasculaire : fréquence, terrain vasculaire, signe de localisation neurologique [121], dégradation par à-coups, troubles dysexécutifs.
– Maladie à corps de Lewy : évolution progressive, syndrome parkinsonien [128], malaise/dysautonomie [50], hallucinations [122], fluctuations.
– Fronto-temporale : syndrome frontal, trouble du comportement au premier plan (apathie ou désinhibition,
modifications des comportements alimentaires et/ou d’hygiène…).
C. Évaluation du retentissement et de l’autonomie Le retentissement des TNC sur l’autonomie permettant de faire le diagnostic de TNC majeur, l’évaluation de l’autonomie est un temps essentiel : * elle doit prendre en compte le niveau socio-culturel (notion de réserve cognitive) ; * elle repose sur la recherche en particulier de conséquences sur les interactions sociales (par exemple, réduction, évitement) et l’utilisation d’échelles d’évaluation de l’autonomie (ADL de Katz et IADL de Lawton, cf. chapitre 2). Dans le DSM-5, le retentissement sur l’automonie est évalué par les items de l’échelle IADL ; parmi les items IADL, les quatre le plus associés à l’existence d’un TNC sous-jacent sont : – utilisation du téléphone ; – utilisation des moyens de transport ; – gestion des médicaments ; – gestion des comptes, de l’argent ;
* elle permet d’anticiper le besoin d’aides et d’adapter le plan de soins (cf. infra).
D. Décider des examens complémentaires 1. Bilan neuropsychologique * Permet une caractérisation des troubles cognitifs. * Doit s’envisager essentiellement en cas d’altération légère des fonctions cognitives, mais pourrait s’envisager pour un MMS > 18.
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2. Examens biologiques Les examens biologiques cherchent surtout à éliminer un facteur aggravant. Ils sont également guidés par les comorbidités associées.
Première intention * Numération-formule sanguine. * CRP. * TSH. * Ionogramme sanguin avec calcémie, glycémie à jeun. * Albuminémie.
Selon le contexte * SGOT/SGPT, γGT. * Sérologies TPHA-VDRL, VIH. * Vitamines B12, B9.
3. Électroencéphalogramme Indication à décider au cas par cas. Recherche de grapho-éléments pseudo-périodiques en cas d’évolution rapide faisant suspecter une maladie de Creutzfeldt-Jakob.
4. Examens d’imagerie [226, 230] *
B La réalisation d’une imagerie est systématique, IRM en première intention.
* IRM encéphalique : T1 3D plan hippocampique, T2, FLAIR, T2* (écho de gradient), de diffusion si évolution rapide (quelques semaines). Ce n’est qu’en cas de contre-indication à
l’IRM que l’on réalisera une tomodensitométrie cérébrale.* DAT-Scan® : recherche d’un hypométabolisme dopaminergique dans le cadre d’une suspicion de démence à corps de Lewy.
* TEP ou TEMP : à réserver aux cas difficiles (cf. infra fig. 9.7).
III. Diagnostic étiologique A Au terme de la démarche ci-dessus, les troubles cognitifs peuvent être rattachés à un diagnostic probable ou possible.
A. Maladie d’Alzheimer Première étiologie de TNC, entre 50 et 70 % des cas selon les séries.
1. Neuropathologie B L’association d’une perte neuronale, de plaques amyloïdes et de dégénérescences neurofibrillaires est caractéristique de la maladie (1997) : * les plaques amyloïdes sont des lésions sphériques extracellulaires composées principalement de protéine amyloïde Aβ issue du peptide précurseur de l’amyloïde ou APP (Amyloid Precursor Peptide) suite à diverses actions enzymatiques ;
* les dégénérescences neurofibrillaires (DNF) sont riches en protéine tau (tubulin-associated unit), notamment dans sa forme phosphorylée, qui permet l’assemblage des sous-unités de tubuline en microtubules en fonction de son état de phosphorylation. Chez les personnes âgées de plus de 75 ans, les co-lésions sont fréquentes, associant des lésions caractéristiques de la malade d’Alzheimer, mais aussi des lésions vasculaires ischémiques diffuses ou lacunaires, des micro-hémorragies en lien avec une angiopathie amyloïde (cf. infra), des corps de Lewy tels que ceux de la maladie de Parkinson ou la maladie à corps de
Lewy, et une gliose (ou neurodégénérescence) aspécifique.
- Symptômes et signes cliniques A La maladie d’Alzheimer est souvent évoquée sur une perte d’autonomie chez le patient âgé [31], dont elle représente la première étiologie. Cependant, cette maladie et les maladies apparentées ainsi que les diagnostics différentiels peuvent être diagnostiqués avant la perte d’autonomie, ce qui améliore la prise en charge et la prévention des complications. * Trouble de la mémoire épisodique : – symptôme révélant habituellement la maladie ; – oubli des informations de plus en plus saillantes. Marque une rupture dans ses capacités de mémorisation habituellement sur plusieurs années [131], mise en évidence à l’interrogatoire du patient ou de l’entourage ;
– atteinte caractéristique mais non nécessaire au diagnostic de maladie d’Alzheimer, la maladie pouvant aussi débuter dans de plus rares cas par un trouble du langage verbal [134], des fonctions visio-spatiales ou exécutives ;
– à l’examen : évaluation du discours du patient, commentaire des faits d’actualité, orientation temporelle et spatiale, rappel des trois mots du MMSE par exemple.
* Classique syndrome aphaso-apraxo-agnosique : – aphasie d’expression (manque du mot en spontanée) ou/et de compréhension, une dysorthographie précoce, des difficultés de lecture tardive vont pouvoir survenir ;
– les difficultés praxiques, souvent plus tardives, peuvent être retrouvées à l’interrogatoire
explorant les capacités d’habillage, de réalisation des gestes de la vie courante.* Altération des fonctions exécutives (frontales), comme les capacités de programmation, d’inhibition, de conceptualisation, les stratégies complexes et les capacités de jugement. L’évolution se fait vers l’aggravation progressive des déficits cognitifs, ce qui retentit sur les activités de vie quotidienne et l’autonomie du patient évaluée par les activités instrumentales de vie quotidienne (IADL) [31]. Le syndrome démentiel ou TNC majeur marqué par un déclin cognitif global et une perte d’autonomie est aggravé par la survenue de symptômes psychologiques et comportementaux des démences listés dans le Neuro-Psychiatric Inventory (NPI) (cf. encadré 9.2). Ces troubles sont à l’origine de prescriptions médicamenteuses associées à un risque iatrogène important
du fait du terrain particulier qu’est la personne âgée et de la maladie sous-jacente.
- La neuro-imagerie, marqueur de topographie lésionnelle [226] L’IRM encéphalique ou, à défaut, le scanner crânien sans injection de produit de contraste, permet d’objectiver l’atrophie cérébrale qui prédomine dans la région temporale interne au début de la maladie, pour s’étendre ensuite vers le cortex temporo-pariétal et frontal. Chez la personne âgée, des lésions vasculaires sont souvent associées (fig. 9.1). Cet examen permet aussi d’écarter d’autres types de lésions, notamment vasculaires, pouvant participer au déficit cognitif. Dans certains cas atypiques comme les TNC rapides (quelques semaines d’évolution), les présentations cliniques particulières comme l’aphasie progressive ou les troubles visuels centraux progressifs, ou chez les patients jeunes (< 65 ans), des analyses complémentaires mesurant notamment des biomarqueurs spécifiques de la maladie d’Alzheimer peuvent faire appel à une
ponction lombaire ou une tomographie par émission de positons.
B. Encéphalopathies vasculaires Considérés comme la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer chez la personne âgée. La présentation et la sévérité dépendent de la localisation et de l’étendue de l’atteinte cérébrovasculaire. Ces troubles peuvent être d’origine ischémique ou hémorragique et peuvent induire un trouble cognitif léger (TNC léger) ou un syndrome démentiel (TNC majeur). Plusieurs types de lésions sont répertoriés [226] : * par infarctus multiples ; * par infarctus multilacunaires ;
* par leucoencéphalopathie diffuse (fig. 9.2) ;* par infarctus stratégique comme dans le thalamus ou le gyrus angulaire ; * par hypoperfusion, du fait d’hémorragies étendues ou de microhémorragies diffuses. Une présentation brutale du trouble cognitif ou classiquement en « marches d’escaliers » est évocatrice mais non nécessaire. Une marche progressive est observée dans les encéphalopa-
thies diffuses notamment lacunaires.
Angiopathie amyloïde cérébrale Maladie des petites artères superficielles (dites piales) liée à des dépôts amyloïdes Aβ au niveau des parois artérielles. Fréquente chez la personne âgée dans sa forme sporadique et associée à une démence dans 10 à 30 % des cas. Les lésions qui en résultent sont essentiellement hémorragiques : * hémorragies corticales lobaires [226] ; * microsaignements corticaux multiples. Diagnostic évoqué grâce aux progrès de l’IRM (séquences en écho de gradient T2*) qui permet de visualiser les microsaignements corticaux (fig. 9.3) — lorsque les microsaignements sont sous-corticaux (noyaux
gris centraux), ils sont davantage rapportés à une hypertension artérielle.
C. Maladie à corps de Lewy et troubles cognitifs de la maladie de Parkinson
La maladie à corps de Lewy figure parmi les trois principales causes de démence de la personne âgée. Les corps de Lewy sont des agrégats intra-neuronaux d’alpha-synucléine décrits dans la maladie de Parkinson et la maladie à corps de Lewy. Par convention, les troubles cognitifs associés aux troubles moteurs : * sont présents dès la première année d’évolution clinique dans la maladie à corps de Lewy ; * surviennent secondairement, après plusieurs années de symptômes moteurs nettement prédominants dans la maladie de Parkinson.
Les manifestations cliniques de la maladie à corps de Lewy associent de façon variable et aléatoire (tableau 9.1) : * des troubles cognitifs progressifs, principalement une altération des fonctions exécutives, des capacités attentionnelles, des fonctions visio-spatiales ;
* un syndrome parkinsonien surtout akinéto-rigide ; * des troubles du comportement en sommeil paradoxal avec sensation de « rêve éveillé » voire des cauchemars violents [135] ;
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* des hallucinations visuelles précoces [122] ; * une dysautonomie avec hypotension orthostatique [50]. B L’imagerie anatomique montre une atrophie cortico-sous-corticale diffuse, modérée et peu spécifique. La TEMP/SPECT avec traceur fixant le transporteur de la dopamine (ioflupane ou DAT-Scan®) objective précocement un défaut de fixation striatale impliquant initialement la partie postérieure du putamen. Cet examen à bonne sensibilité doit être réservé aux patients
ne présentant pas de syndrome parkinsonien clinique caractéristique.
Critères diagnostiques révisés de maladie à corps de Lewy. Trouble cognitif
Attention, fonctions exécutives et visuo-spatiales, ± amnésie Signes cliniques cardinaux
Troubles du comportement en sommeil paradoxal (REM) Hallucinations visuelles Fluctuations
Syndrome parkinsonien Signes cliniques suggestifs
Hypersensibilité aux neuroleptiques Syndrome dysautonomique : hypotension orthostatique, syncopes, constipation… Hypersomnie Apathie
Autres hallucinations, délire Hyposmie Anxiété, dépression Biomarqueurs
Biomarqueurs caractéristiques
Hypofixation striatale au DAT-Scan® (TEMP) ou en TEP à la fluoro-dopa Anomalies à l’enregistrement polysomnographique caractéristiques des troubles du comportement en sommeil paradoxal Anomalie de fixation du 123
iodine-MIBG en scintigraphie myocardique Biomarqueurs suggestifs
Préservation relative du lobe temporal médian à l’IRM Hypoperfusion/métabolisme cérébral postérieur (occipital) en PET/SPECT
Ondes lentes postérieures en EEG
D. Syndrome de paralysie supranucléaire progressive Le syndrome de paralysie supranucléaire progressive (PSP) doit être évoqué devant : * des chutes précoces dans l’histoire de la maladie ; * un syndrome parkinsonien avec rigidité axiale, en grande partie dopa-résistant ; * des anomalies oculomotrices, notamment un ralentissement ou une limitation des saccades verticales volontaires ;
* souvent un syndrome dysexécutif comportemental et cognitif précoce ;
* une atrophie mésencéphalique (signe du colibri) en IRM encéphalique.