santé publique Flashcards
I. Définitions A. Parcours de soins
O Le nombre de malades chroniques ne cesse d’augmenter en raison de l’allongement de l’espérance de vie de la population et du progrès médical. Les patients atteints de maladies chroniques nécessitent, sur une longue durée, des prises en charge complexes, faisant appel à de multiples compétences professionnelles, qu’elles soient médicales, soignantes ou sociales. La démarche de parcours de soins consiste à organiser et à coordonner le juste enchaînement et au bon moment des compétences professionnelles.
Q Elle doit s’appuyer sur les bonnes pratiques de chaque professionnel, mais aussi sur la mise en oeuvre d’actions d’anticipation, de coordination et d’échanges d’informations entre tous les acteurs impliqués dans la prise en charge du patient en soins primaires (médecine générale), secondaires (médecine spécialisée au sens large, en ville ou à l’hôpital) et tertiaires (médecine
de haute technologie, hôpitaux universitaires).
B. Travail en équipe pluriprofessionnelle 1. Définition et objectifs
O Afin de faciliter le parcours de soins des patients, les professionnels de santé sont amenés à coordonner et organiser leur exercice sur un territoire donné. La coordination permet d’améliorer la prise en charge dans les domaines de la prévention, des soins ou du suivi, particulièrement chez les patients présentant plusieurs maladies. Le travail en équipe pluriprofessionnelle nécessite l’analyse concertée des besoins et des prises en charge conformément aux recommandations de bonne pratique et la mise en relation des différents professionnels. □ Les objectifs sont de permettre l’échange d’information autour du dossier patient et de faciliter la diffusion et l’acquisition des bonnes pratiques. Le travail en équipe des professionnels de santé impose qu’ils mobilisent leurs compétences à la fois techniques et non techniques. Par exemple, le travail en équipe au bloc opératoire ou en réanimation requiert une bonne coordination entre les différents corps de métiers pour
sécuriser la prise en charge du patient dans des situations d’urgence.
- Dispositifs de travail en équipe pluriprofessionnelle O Différents dispositifs organisent un regroupement de professionnels (médicaux, auxiliaires médicaux ou pharmaciens) exerçant en ambulatoire, sur un projet de soins commun, en assu rant la continuité des soins :
* El soit dans un lieu unique pour les «maisons de santé pluriprofessionnelles» et les
«centres de santé»;
II. Méthodes pour sécuriser le parcours patient El Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), « un tiers des événements indésirables graves pourraient être évités grâce à une meilleure coordination et une meilleure communication des
équipes». Le travail d’équipe est considéré comme :
- une barrière de sécurité contre les événements indésirables; * un facteur de qualité de la prise en charge du patient; * un facteur de santé et de bien-être au travail pour les professionnels;
- un moyen de répondre de manière collaborative et interdisciplinaire aux besoins du patient.
A. Protocoles pluriprofessionnels 1. Définition et objectifs
O Un protocole pluriprofessionnel est l’expression d’un consensus local et documenté, concer nant la prise en charge pluriprofessionnelle d’un problème identifié par une équipe de professionnels.
Q II traduit la volonté partagée d’associer des compétences médicales, soignantes, médicosociales pour mieux prendre en charge une situation concernant une ou des maladie(s) aiguë(s) ou chronique(s), au sein d’une structure de soins ou sur un territoire. Son élaboration repose sur un travail en groupe restreint, comprenant au moins un représen tant par profession impliquée dans la prise en charge ou le suivi, qui s’entend pour assurer une prise en charge optimale des patients concernés par ces problèmes de santé. Il comporte des messages clés, des aide-mémoire, des check-lists, des aides à la prescription et
autres outils à destination des professionnels de santé et des patients.2. Qui est concerné ? O Tous les professionnels de santé sont concernés, dès lors qu’ils identifient ensemble un
problème.
- Quels sont les enjeux pour les professionnels et le système de santé ?
Q Les enjeux sont les suivants : * faciliter le travail en équipe; * améliorer l’articulation entre les soins de premier et de deuxième recours; * harmoniser les pratiques professionnelles; * participer à l’introduction des bonnes pratiques professionnelles dans le dossier patient partagé;
* permettre de valider l’obligation de développement professionnel continu (DPC). - Quelle méthode ? © L’élaboration s’appuie sur l’utilisation de la littérature, le travail en équipe et la gestion des
risques. La HAS a élaboré un guide destiné à aider les professionnels de santé dans l’élabora
tion d’un protocole pluriprofessionnel (encadré 5.1).
B. Réunions de concertation pluridisciplinaire Les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) sont des réunions collégiales qui
regroupent des professionnels de santé de différentes disciplines dont les compétences sont indispensables pour prendre une décision accordant aux patients la meilleure prise en charge
en fonction de l’état de la science du moment.
Au cours de la RCP, le dossier de chaque patient est présenté et la prise en charge est définie collectivement sur la base des référentiels retenus. Sur cette base, un avis de la RCP est rédigé puis soumis et expliqué au patient. Pour être considérée comme valable, la RCP doit se faire en présence d’au moins trois méde cins de spécialités différentes permettant d’avoir un avis pertinent sur toutes les procédures
envisagées
C. Listes de vérification, ou check-lists El L’utilisation de check-lists dans le domaine de la santé s’est inspirée du monde de l’aéronautique.
O Au bloc opératoire, la sécurité des patients est liée à la qualité du travail en équipe multiprofessionnelle. Les check-lists permettent de faire un point à trois moments clés de l’interven tion chirurgicale (avant induction anesthésique, avant incision, fin d’intervention) et de l’interrompre momentanément avant qu’un problème ne survienne du fait d’un manquement à l’un des items de la check-list.
El Elles permettent également de normaliser les échanges entre professionnels de bloc et sont ainsi supposées faciliter la communication entre eux pour prévenir la survenue d’événements indésirables. Elles favorisent le partage des informations par la vérification croisée, notamment de l’identité du patient, du type d’intervention et du site opératoire, du matériel et des risques envisagés. La HAS insiste sur la nécessité d’adapter la check-list au contexte local et aux spéci ficités des disciplines chirurgicales pour mieux l’adopter (figure 5.1).
O La mise en oeuvre de check-lists au bloc opératoire a démontré dans d’autres pays son efficacité dans la diminution significative la morbimortalité postopératoire.
El Sur les mêmes principes que la check-list « Sécurité du patient au bloc opératoire », la HAS a travaillé avec les sociétés savantes concernées par des activités dites «interventionnelles» pour réaliser d’autres listes de vérification (endoscopie bronchique, endoscopie digestive,
radiologie interventionnelle, cathéters veineux centraux, chimiothérapie, etc.).
D. Réunions de morbimortalité 0 La réunion de morbimortalité (RMM) est une réunion d’analyse collective, rétrospective de cas marqués par la survenue d’un événement indésirable associé aux soins (décès, complica tion, mais aussi tout événement qui aurait pu causer un dommage au patient), afin de mettre en oeuvre des actions de prévention, de récupération ou d’atténuation.
Q L’analyse menée au cours de cette réunion doit se faire dans un climat de confiance et construc tif; elle doit être globale et systémique, c’est-à-dire prenant en compte toutes les composantes (organisationnelles, techniques et humaines) de la prise en charge du patient. De ce fait, elle permet de dépasser la seule réflexion centrée sur l’action d’un ou de plusieurs individus. La réalisation d’une RMM complétée par un temps explicite de formation est considérée
comme une méthode de DPC.
I. Notion de précarité A. Une situation de fragilisation économique, sociale et familiale
O La précarité est « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamen taux» (Wresinski, 1987). La précarité exprime plus que l’insuffisance de ressources écono miques. L’insécurité qui en résulte peut avoir des conséquences graves et définitives. Sa persistance peut conduire à des situations de grande pauvreté (encadré 13.1). La santé est liée aux conditions de vie telles que soulignées en 1978 par l’Organisation mon diale de la santé (OMS) (encadré 13.2), auxquelles il faudrait ajouter la sécurité physique et affective et les capacités de communiquer, d’apprendre et de s’exprimer, montrés comme besoins fondamentaux par différents théoriciens, dont le premier fut Maslow (théorie de la
motivation, 1943).
B. Des situations variées Parce ce que dépendante des conditions de vie, « la santé doit être considérée dans toutes les politiques publiques» (Stratégie nationale de santé, 2017-2022). Parmi les populations à risque de basculer dans la pauvreté, il y a ceux qui sont sans toit, qui ont eu un parcours migratoire lourd, les étrangers sans papiers officiels ou qui vivent en
semi-clandestinité.
La pauvreté en France Notion de «seuil de pauvreté»
Un individu est considéré comme pauvre quand son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian en France). Le seuil de pauvreté est calculé en fonction du nombre de personnes du foyer. Le revenu pris en compte est le revenu disponible après impôts et prestations sociales.
S En France, le revenu signifiant la pauvreté est 1 008 euros mensuels pour une personne célibataire (2019). La grande pauvreté
La grande pauvreté, «la misère», est un état extrême constaté pratiquement dans toutes les sociétés. En lien avec des défaillances socio-économiques, des ruptures familiales, des événements dramatiques ou des accidents de santé cumulés, cet état aboutit à une disqualification sociale et une marginalité subie.
Prévalence de la pauvreté En 2019, selon les calculs de l’Insee, la France comptait 9 millions de pauvres (14,7 % de la population) dont
1,9 million en situation de grande pauvreté.En 2018, plus d’un million de travailleurs vivait avec 930 euros par mois. Les familles monoparentales avec enfants sont les plus touchées (35 %). Tendances
Les chiffres de l’Insee pour l’année de la pandémie COVID-19 ne sont pas encore connus, mais selon les
estimations, plusieurs centaines de personnes auraient basculé sous le seuil de pauvreté en 2020.
Encadré 13.2 Les conditions indispensables à la santé (OMS, Alma Ata, 1978)
* Se loger. * Accéder à l’éducation et à l’information. * Se nourrir convenablement en quantité et qualité. * Disposer d’un revenu suffisant, certain et stable. * Bénéficier d’un écosystème stable, protecteur. * Compter sur un apport durable de ressources.
* Avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable.
Les professionnels de santé ont à repérer des situations masquées, dommageables pour la santé. Par crainte du jugement des autres, les personnes en situation fragile décrivent rare ment la pénibilité du travail (statuts et contrats précaires, temps partiel non choisi, contrats saisonniers), leurs modes d’habitat insalubre, suroccupé ou temporaire et les effets de rupture que sont les deuils, l’isolement affectif, l’intermittence du travail. L’examen médical est un moyen d’identifier des situations d’exclusion sociale car elle laisse des stigmates physiques (malnutrition, lésions cutanées chroniques) et peut provoquer des
troubles psychiques (désorientation spatiotemporelle, dépression).
II. Conséquences pour la santé des différentes formes de précarité
A. Notion de gradient social de santé
Le lien entre précarité et état de santé illustre les inégalités sociales de santé. Le premier indica teur est l’espérance de vie, qui varie avec la catégorie socioprofessionnelle : pour les hommes, à l’âge de 35 ans, on note un différentiel de 7,2 ans entre les cadres et les inactifs, de 6,3 ans entre les cadres et les ouvriers (tableau 13.1). Malgré une augmentation générale de l’espérance de vie en trois décennies (+ 5 ans chez les hommes et +4,4 ans chez les femmes), le différentiel est constant. Ces inégalités liées à la nature de l’emploi et au genre s’expliquent par :
* D des postes de travail plus dangereux, plus exposés à la pollution, ou des rythmes de travail plus irréguliers ou plus intenses;
* des styles de vie avec de faibles ressources : malnutrition, pollutions internes et externes, transports plus longs et plus pénibles;
* le cumul de facteurs de risque individuels : une plus forte consommation de produits psy chotoxiques (tabac, alcool);
* un accès aux soins et à la prévention retardé car jugé non prioritaire ou différé par manque
de ressources.
B. Inégalités d’accès aux soins curatifs et préventifs 264 [
O Les différences d’accès aux soins, composantes des inégalités sociales de santé, se mesurent à l’aide de plusieurs indicateurs : * l’accès géographique (distance, transports) ; * le montant des honoraires des professionnels (secteur 1 ou 2 avec dépassement selon la convention passée par les médecins avec l’Assurance maladie);
* le reste à charge (RAC) pour le patient avec et sans mutuelle complémentaire; * le refus de soins direct (impossibilité de rendez-vous) et indirect (retard à la rédaction de documents réglementaires) vis-à-vis des patients précaires.
El L’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), mandaté par la Caisse nationale d’Assurance maladie, effectue des sondages sur le renoncement aux soins. En 2016, près d’un quart des assurés renoncent à des soins et, parmi eux, un sur cinq bénéficie de la couverture maladie universelle complémentaire (complémentaire santé solidaire, CSS). Pour toute personne ayant de faibles ressources, les questions de santé passent au second plan des priorités après la recherche de logement, l’alimentation quotidienne et la quête de travail. En
2020, après le premier confinement, deux assurés sur trois ont renoncé ou ont différé leurssoins. Pourtant, malgré cette période très particulière, un soutien plus régulier a été garanti aux tranches les plus défavorisées de la population.
III. Évaluation de la situation sociale, médicale et psychologique
A. Évaluation sociale
O Pour identifier une situation de précarité, le praticien doit savoir si le patient a (ou non) une Assurance maladie de base et une assurance complémentaire; si non, il doit lui demander s’il a des difficultés pour payer les consultations ou les traitements. Dans les situations d’urgence, ces données sociales individuelles peuvent être difficiles à recueillir. Pour appréhender l’aspect multidimensionnel de la précarité, le score EPICES (évaluation de la précarité et des inégalités de santé dans les centres d’examens de santé) est utilisé dans les enquêtes en population générale. Un risque élevé de précarité est identifié lorsque parmi les onze questions posées, quatre réponses sont péjoratives (réponse affirmative aux questions
n° 1 et n° 5, réponse négative aux autres questions) (encadré 13.3).
B. Évaluation médicale et psychologique Les pathologies rencontrées peuvent être celles de la population générale, mais vues plus tardivement, à un stade plus évolué. Le diagnostic repose, dans la plupart des cas, sur l’inter
rogatoire et l’examen clinique.
- Principales morbidités chez les personnes en situation de précarité Majoration des problèmes de santé S Deux à quatre fois plus fréquents (moindre accès aux soins, plus grande exposition aux risques précités) pour : * des pathologies cardiovasculaires (hypertension artérielle);
* des maladies métaboliques (diabète de la maturité et obésité);les complications des consommations abusives (alcool, tabac); les pathologies transmissibles (tuberculose, VIH, hépatites et infections sexuelles).
Retard des mesures de prévention * Le dépistage organisé des cancers : deux fois moindre, donc retard de la prise en charge. * Une mauvaise hygiène : abcès bucco-dentaires (risque d’endocardite). * La couverture vaccinale : deux à quatre fois moindre.
Précarité de la santé des migrants * Des séquelles de violences subies. * Le développement de maladies prévalentes dans le pays d’origine ou contractées au cours du parcours migratoire.
* Un état d’aggravation en raison des conditions de vie inhabituelles et des conditions clima tiques différentes.
* Des risques spécifiques : allers et retours au pays (dangers des transports, déshydrata tion pour les jeunes enfants, mutilations sexuelles pour les filles), absence de bilan en cas
d’immigration non contrôlée (relais possible par le milieu associatif).
- Autres pathologies des situations de détresse économique Chez les sans-abri
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* O Des troubles respiratoires chroniques (en début d’hiver ou en période de grands froids). * La précarité énergétique avec des intoxications au monoxyde de carbone (appareils de chauffage défectueux, mauvaise ventilation).
* Des carences vitaminiques par insuffisance de produits frais, carence de folates et vitamines B12 (personnes âgées), vitamines B (personnes alcooliques), troubles métaboliques.
* Des parasitoses : pédiculose, gale. * Des surinfections de plaies, des ulcères et des brûlures de contact par immobilité et endor missement sur une source chauffante.
* Des traumatismes par agressions ou chutes (intoxications, épilepsie).
Antécédents psychiatriques El Ils sont majorés par : * les conditions de vie/survie en milieu extérieur, l’isolement; *
la perte de repères affectifs et temporo-spatiaux (sans lien et sans lieu).
Santé des femmes dans la rue Moins nombreuses que les hommes, elles sont plus exposées : * aux risques d’agression sexuelle; * aux complications gynécologiques (infections, traumatismes, avortements);
* au risque d’être séparées de leur enfant.
IV. Mesures de protection sociale et prise en charge des frais de santé
O Afin de limiter le cumul de risques vers l’état de grande pauvreté, il existe des allocations de solidarité, les minima sociaux. Mais ces droits sociaux sont en France d’une complexité parti culière : ils sont nombreux, souvent parcellaires, non liés les uns aux autres. Pour toute presta tion, il faut d’abord demander l’ouverture des droits et les droits peuvent être perdus s’ils ne
sont pas renouvelés à temps.