santé publique Flashcards
I. Définitions A. Parcours de soins
O Le nombre de malades chroniques ne cesse d’augmenter en raison de l’allongement de l’espérance de vie de la population et du progrès médical. Les patients atteints de maladies chroniques nécessitent, sur une longue durée, des prises en charge complexes, faisant appel à de multiples compétences professionnelles, qu’elles soient médicales, soignantes ou sociales. La démarche de parcours de soins consiste à organiser et à coordonner le juste enchaînement et au bon moment des compétences professionnelles.
Q Elle doit s’appuyer sur les bonnes pratiques de chaque professionnel, mais aussi sur la mise en oeuvre d’actions d’anticipation, de coordination et d’échanges d’informations entre tous les acteurs impliqués dans la prise en charge du patient en soins primaires (médecine générale), secondaires (médecine spécialisée au sens large, en ville ou à l’hôpital) et tertiaires (médecine
de haute technologie, hôpitaux universitaires).
B. Travail en équipe pluriprofessionnelle 1. Définition et objectifs
O Afin de faciliter le parcours de soins des patients, les professionnels de santé sont amenés à coordonner et organiser leur exercice sur un territoire donné. La coordination permet d’améliorer la prise en charge dans les domaines de la prévention, des soins ou du suivi, particulièrement chez les patients présentant plusieurs maladies. Le travail en équipe pluriprofessionnelle nécessite l’analyse concertée des besoins et des prises en charge conformément aux recommandations de bonne pratique et la mise en relation des différents professionnels. □ Les objectifs sont de permettre l’échange d’information autour du dossier patient et de faciliter la diffusion et l’acquisition des bonnes pratiques. Le travail en équipe des professionnels de santé impose qu’ils mobilisent leurs compétences à la fois techniques et non techniques. Par exemple, le travail en équipe au bloc opératoire ou en réanimation requiert une bonne coordination entre les différents corps de métiers pour
sécuriser la prise en charge du patient dans des situations d’urgence.
- Dispositifs de travail en équipe pluriprofessionnelle O Différents dispositifs organisent un regroupement de professionnels (médicaux, auxiliaires médicaux ou pharmaciens) exerçant en ambulatoire, sur un projet de soins commun, en assu rant la continuité des soins :
* El soit dans un lieu unique pour les «maisons de santé pluriprofessionnelles» et les
«centres de santé»;
II. Méthodes pour sécuriser le parcours patient El Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), « un tiers des événements indésirables graves pourraient être évités grâce à une meilleure coordination et une meilleure communication des
équipes». Le travail d’équipe est considéré comme :
- une barrière de sécurité contre les événements indésirables; * un facteur de qualité de la prise en charge du patient; * un facteur de santé et de bien-être au travail pour les professionnels;
- un moyen de répondre de manière collaborative et interdisciplinaire aux besoins du patient.
A. Protocoles pluriprofessionnels 1. Définition et objectifs
O Un protocole pluriprofessionnel est l’expression d’un consensus local et documenté, concer nant la prise en charge pluriprofessionnelle d’un problème identifié par une équipe de professionnels.
Q II traduit la volonté partagée d’associer des compétences médicales, soignantes, médicosociales pour mieux prendre en charge une situation concernant une ou des maladie(s) aiguë(s) ou chronique(s), au sein d’une structure de soins ou sur un territoire. Son élaboration repose sur un travail en groupe restreint, comprenant au moins un représen tant par profession impliquée dans la prise en charge ou le suivi, qui s’entend pour assurer une prise en charge optimale des patients concernés par ces problèmes de santé. Il comporte des messages clés, des aide-mémoire, des check-lists, des aides à la prescription et
autres outils à destination des professionnels de santé et des patients.2. Qui est concerné ? O Tous les professionnels de santé sont concernés, dès lors qu’ils identifient ensemble un
problème.
- Quels sont les enjeux pour les professionnels et le système de santé ?
Q Les enjeux sont les suivants : * faciliter le travail en équipe; * améliorer l’articulation entre les soins de premier et de deuxième recours; * harmoniser les pratiques professionnelles; * participer à l’introduction des bonnes pratiques professionnelles dans le dossier patient partagé;
* permettre de valider l’obligation de développement professionnel continu (DPC). - Quelle méthode ? © L’élaboration s’appuie sur l’utilisation de la littérature, le travail en équipe et la gestion des
risques. La HAS a élaboré un guide destiné à aider les professionnels de santé dans l’élabora
tion d’un protocole pluriprofessionnel (encadré 5.1).
B. Réunions de concertation pluridisciplinaire Les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) sont des réunions collégiales qui
regroupent des professionnels de santé de différentes disciplines dont les compétences sont indispensables pour prendre une décision accordant aux patients la meilleure prise en charge
en fonction de l’état de la science du moment.
Au cours de la RCP, le dossier de chaque patient est présenté et la prise en charge est définie collectivement sur la base des référentiels retenus. Sur cette base, un avis de la RCP est rédigé puis soumis et expliqué au patient. Pour être considérée comme valable, la RCP doit se faire en présence d’au moins trois méde cins de spécialités différentes permettant d’avoir un avis pertinent sur toutes les procédures
envisagées
C. Listes de vérification, ou check-lists El L’utilisation de check-lists dans le domaine de la santé s’est inspirée du monde de l’aéronautique.
O Au bloc opératoire, la sécurité des patients est liée à la qualité du travail en équipe multiprofessionnelle. Les check-lists permettent de faire un point à trois moments clés de l’interven tion chirurgicale (avant induction anesthésique, avant incision, fin d’intervention) et de l’interrompre momentanément avant qu’un problème ne survienne du fait d’un manquement à l’un des items de la check-list.
El Elles permettent également de normaliser les échanges entre professionnels de bloc et sont ainsi supposées faciliter la communication entre eux pour prévenir la survenue d’événements indésirables. Elles favorisent le partage des informations par la vérification croisée, notamment de l’identité du patient, du type d’intervention et du site opératoire, du matériel et des risques envisagés. La HAS insiste sur la nécessité d’adapter la check-list au contexte local et aux spéci ficités des disciplines chirurgicales pour mieux l’adopter (figure 5.1).
O La mise en oeuvre de check-lists au bloc opératoire a démontré dans d’autres pays son efficacité dans la diminution significative la morbimortalité postopératoire.
El Sur les mêmes principes que la check-list « Sécurité du patient au bloc opératoire », la HAS a travaillé avec les sociétés savantes concernées par des activités dites «interventionnelles» pour réaliser d’autres listes de vérification (endoscopie bronchique, endoscopie digestive,
radiologie interventionnelle, cathéters veineux centraux, chimiothérapie, etc.).
D. Réunions de morbimortalité 0 La réunion de morbimortalité (RMM) est une réunion d’analyse collective, rétrospective de cas marqués par la survenue d’un événement indésirable associé aux soins (décès, complica tion, mais aussi tout événement qui aurait pu causer un dommage au patient), afin de mettre en oeuvre des actions de prévention, de récupération ou d’atténuation.
Q L’analyse menée au cours de cette réunion doit se faire dans un climat de confiance et construc tif; elle doit être globale et systémique, c’est-à-dire prenant en compte toutes les composantes (organisationnelles, techniques et humaines) de la prise en charge du patient. De ce fait, elle permet de dépasser la seule réflexion centrée sur l’action d’un ou de plusieurs individus. La réalisation d’une RMM complétée par un temps explicite de formation est considérée
comme une méthode de DPC.
I. Notion de précarité A. Une situation de fragilisation économique, sociale et familiale
O La précarité est « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamen taux» (Wresinski, 1987). La précarité exprime plus que l’insuffisance de ressources écono miques. L’insécurité qui en résulte peut avoir des conséquences graves et définitives. Sa persistance peut conduire à des situations de grande pauvreté (encadré 13.1). La santé est liée aux conditions de vie telles que soulignées en 1978 par l’Organisation mon diale de la santé (OMS) (encadré 13.2), auxquelles il faudrait ajouter la sécurité physique et affective et les capacités de communiquer, d’apprendre et de s’exprimer, montrés comme besoins fondamentaux par différents théoriciens, dont le premier fut Maslow (théorie de la
motivation, 1943).
B. Des situations variées Parce ce que dépendante des conditions de vie, « la santé doit être considérée dans toutes les politiques publiques» (Stratégie nationale de santé, 2017-2022). Parmi les populations à risque de basculer dans la pauvreté, il y a ceux qui sont sans toit, qui ont eu un parcours migratoire lourd, les étrangers sans papiers officiels ou qui vivent en
semi-clandestinité.
La pauvreté en France Notion de «seuil de pauvreté»
Un individu est considéré comme pauvre quand son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian en France). Le seuil de pauvreté est calculé en fonction du nombre de personnes du foyer. Le revenu pris en compte est le revenu disponible après impôts et prestations sociales.
S En France, le revenu signifiant la pauvreté est 1 008 euros mensuels pour une personne célibataire (2019). La grande pauvreté
La grande pauvreté, «la misère», est un état extrême constaté pratiquement dans toutes les sociétés. En lien avec des défaillances socio-économiques, des ruptures familiales, des événements dramatiques ou des accidents de santé cumulés, cet état aboutit à une disqualification sociale et une marginalité subie.
Prévalence de la pauvreté En 2019, selon les calculs de l’Insee, la France comptait 9 millions de pauvres (14,7 % de la population) dont
1,9 million en situation de grande pauvreté.En 2018, plus d’un million de travailleurs vivait avec 930 euros par mois. Les familles monoparentales avec enfants sont les plus touchées (35 %). Tendances
Les chiffres de l’Insee pour l’année de la pandémie COVID-19 ne sont pas encore connus, mais selon les
estimations, plusieurs centaines de personnes auraient basculé sous le seuil de pauvreté en 2020.
Encadré 13.2 Les conditions indispensables à la santé (OMS, Alma Ata, 1978)
* Se loger. * Accéder à l’éducation et à l’information. * Se nourrir convenablement en quantité et qualité. * Disposer d’un revenu suffisant, certain et stable. * Bénéficier d’un écosystème stable, protecteur. * Compter sur un apport durable de ressources.
* Avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable.
Les professionnels de santé ont à repérer des situations masquées, dommageables pour la santé. Par crainte du jugement des autres, les personnes en situation fragile décrivent rare ment la pénibilité du travail (statuts et contrats précaires, temps partiel non choisi, contrats saisonniers), leurs modes d’habitat insalubre, suroccupé ou temporaire et les effets de rupture que sont les deuils, l’isolement affectif, l’intermittence du travail. L’examen médical est un moyen d’identifier des situations d’exclusion sociale car elle laisse des stigmates physiques (malnutrition, lésions cutanées chroniques) et peut provoquer des
troubles psychiques (désorientation spatiotemporelle, dépression).
II. Conséquences pour la santé des différentes formes de précarité
A. Notion de gradient social de santé
Le lien entre précarité et état de santé illustre les inégalités sociales de santé. Le premier indica teur est l’espérance de vie, qui varie avec la catégorie socioprofessionnelle : pour les hommes, à l’âge de 35 ans, on note un différentiel de 7,2 ans entre les cadres et les inactifs, de 6,3 ans entre les cadres et les ouvriers (tableau 13.1). Malgré une augmentation générale de l’espérance de vie en trois décennies (+ 5 ans chez les hommes et +4,4 ans chez les femmes), le différentiel est constant. Ces inégalités liées à la nature de l’emploi et au genre s’expliquent par :
* D des postes de travail plus dangereux, plus exposés à la pollution, ou des rythmes de travail plus irréguliers ou plus intenses;
* des styles de vie avec de faibles ressources : malnutrition, pollutions internes et externes, transports plus longs et plus pénibles;
* le cumul de facteurs de risque individuels : une plus forte consommation de produits psy chotoxiques (tabac, alcool);
* un accès aux soins et à la prévention retardé car jugé non prioritaire ou différé par manque
de ressources.
B. Inégalités d’accès aux soins curatifs et préventifs 264 [
O Les différences d’accès aux soins, composantes des inégalités sociales de santé, se mesurent à l’aide de plusieurs indicateurs : * l’accès géographique (distance, transports) ; * le montant des honoraires des professionnels (secteur 1 ou 2 avec dépassement selon la convention passée par les médecins avec l’Assurance maladie);
* le reste à charge (RAC) pour le patient avec et sans mutuelle complémentaire; * le refus de soins direct (impossibilité de rendez-vous) et indirect (retard à la rédaction de documents réglementaires) vis-à-vis des patients précaires.
El L’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore), mandaté par la Caisse nationale d’Assurance maladie, effectue des sondages sur le renoncement aux soins. En 2016, près d’un quart des assurés renoncent à des soins et, parmi eux, un sur cinq bénéficie de la couverture maladie universelle complémentaire (complémentaire santé solidaire, CSS). Pour toute personne ayant de faibles ressources, les questions de santé passent au second plan des priorités après la recherche de logement, l’alimentation quotidienne et la quête de travail. En
2020, après le premier confinement, deux assurés sur trois ont renoncé ou ont différé leurssoins. Pourtant, malgré cette période très particulière, un soutien plus régulier a été garanti aux tranches les plus défavorisées de la population.
III. Évaluation de la situation sociale, médicale et psychologique
A. Évaluation sociale
O Pour identifier une situation de précarité, le praticien doit savoir si le patient a (ou non) une Assurance maladie de base et une assurance complémentaire; si non, il doit lui demander s’il a des difficultés pour payer les consultations ou les traitements. Dans les situations d’urgence, ces données sociales individuelles peuvent être difficiles à recueillir. Pour appréhender l’aspect multidimensionnel de la précarité, le score EPICES (évaluation de la précarité et des inégalités de santé dans les centres d’examens de santé) est utilisé dans les enquêtes en population générale. Un risque élevé de précarité est identifié lorsque parmi les onze questions posées, quatre réponses sont péjoratives (réponse affirmative aux questions
n° 1 et n° 5, réponse négative aux autres questions) (encadré 13.3).
B. Évaluation médicale et psychologique Les pathologies rencontrées peuvent être celles de la population générale, mais vues plus tardivement, à un stade plus évolué. Le diagnostic repose, dans la plupart des cas, sur l’inter
rogatoire et l’examen clinique.
- Principales morbidités chez les personnes en situation de précarité Majoration des problèmes de santé S Deux à quatre fois plus fréquents (moindre accès aux soins, plus grande exposition aux risques précités) pour : * des pathologies cardiovasculaires (hypertension artérielle);
* des maladies métaboliques (diabète de la maturité et obésité);les complications des consommations abusives (alcool, tabac); les pathologies transmissibles (tuberculose, VIH, hépatites et infections sexuelles).
Retard des mesures de prévention * Le dépistage organisé des cancers : deux fois moindre, donc retard de la prise en charge. * Une mauvaise hygiène : abcès bucco-dentaires (risque d’endocardite). * La couverture vaccinale : deux à quatre fois moindre.
Précarité de la santé des migrants * Des séquelles de violences subies. * Le développement de maladies prévalentes dans le pays d’origine ou contractées au cours du parcours migratoire.
* Un état d’aggravation en raison des conditions de vie inhabituelles et des conditions clima tiques différentes.
* Des risques spécifiques : allers et retours au pays (dangers des transports, déshydrata tion pour les jeunes enfants, mutilations sexuelles pour les filles), absence de bilan en cas
d’immigration non contrôlée (relais possible par le milieu associatif).
- Autres pathologies des situations de détresse économique Chez les sans-abri
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* O Des troubles respiratoires chroniques (en début d’hiver ou en période de grands froids). * La précarité énergétique avec des intoxications au monoxyde de carbone (appareils de chauffage défectueux, mauvaise ventilation).
* Des carences vitaminiques par insuffisance de produits frais, carence de folates et vitamines B12 (personnes âgées), vitamines B (personnes alcooliques), troubles métaboliques.
* Des parasitoses : pédiculose, gale. * Des surinfections de plaies, des ulcères et des brûlures de contact par immobilité et endor missement sur une source chauffante.
* Des traumatismes par agressions ou chutes (intoxications, épilepsie).
Antécédents psychiatriques El Ils sont majorés par : * les conditions de vie/survie en milieu extérieur, l’isolement; *
la perte de repères affectifs et temporo-spatiaux (sans lien et sans lieu).
Santé des femmes dans la rue Moins nombreuses que les hommes, elles sont plus exposées : * aux risques d’agression sexuelle; * aux complications gynécologiques (infections, traumatismes, avortements);
* au risque d’être séparées de leur enfant.
IV. Mesures de protection sociale et prise en charge des frais de santé
O Afin de limiter le cumul de risques vers l’état de grande pauvreté, il existe des allocations de solidarité, les minima sociaux. Mais ces droits sociaux sont en France d’une complexité parti culière : ils sont nombreux, souvent parcellaires, non liés les uns aux autres. Pour toute presta tion, il faut d’abord demander l’ouverture des droits et les droits peuvent être perdus s’ils ne
sont pas renouvelés à temps.
A. Protection sociale et revenus sociaux 1. Revenu de solidarité active (RSA)
Q Sont éligibles les personnes : * âgées de 25 ans ou plus, et les parents isolés ayant de 18 à 24 ans; * résidant en France, ce qui inclut les étrangers disposant d’un titre de séjour; * disposant d’un revenu inférieur à un montant fixé selon la composition de la famille et le nombre d’enfants à charge.
En contrepartie, le bénéficiaire a le devoir de s’inscrire dans un parcours d’insertion sociale ou professionnelle.
0 Le RSA assure aux personnes sans ressources un niveau minimal de revenu. Il est géré par les conseils départementaux. En 2020, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 7,5 % (don nées DREES). En 2021, le RSA-socle pour une personne isolée était de 565 euros mensuels.
- Autres allocations spécifiques Quatre allocations sont importantes à retenir : * l’allocation aux adultes handicapés (AAH); * l’allocation spécifique de solidarité (ASS); * l’allocation spécifique aux personnes âgées (ASPA); *
l’aide personnalisée au logement (APL).
B. Prise en charge des frais de santé La prise en charge médicale sans démarche sociale est inutile : une démarche associant pro fessionnels de la santé et personnels sociaux est donc nécessaire pour que soient ouverts (ou
réouverts) les droits des patients vivant dans la précarité (revenu et frais de santé).
C. Protection universelle maladie La protection universelle maladie (PUMa) remplace la CMU (assurance maladie de base). Elle s’applique aux personnes qui exercent une activité professionnelle en France ou qui résident en France de façon stable et régulière. Elle assure le remboursement des frais de santé en cas de maladie ou de maternité, à titre per sonnel et de manière continue tout au long de la vie, selon le tarif remboursé par l’Assurance
maladie de la Sécurité sociale. Elle est accessible aux enfants de moins de 18 ans.
- Complémentaire santé solidaire (CSS) Une assurance maladie complémentaire est nécessaire en complément de l’assurance maladie de base. Depuis 2019, la complémentaire santé solidaire (CSS) remplace la CMU-C (couver ture malade universelle complémentaire) et l’ACS (aide complémentaire de financement d’une assurance complémentaire ou mutuelle pour les revenus modestes).
Q Elle est accordée sous conditions de ressources (environ 9000 euros annuels pour une personne isolée et jusqu’à 10000 euros en demandant une légère participation financière) à toute personne vivant en France de façon stable et régulière. Elle est proposée à certains jeunes mineurs dès l’âge de 16 ans. La CSS donne droit à : * la prise en charge sans avance de frais de la part complémentaire des dépenses de santé (ville et hôpital);
* aux forfaits de prise en charge des soins dentaires, des lunettes et des prothèses auditives; * sans franchise médicale sur les médicaments, les actes paramédicaux et les transports sanitaires.
O Les professionnels de santé doivent : * recevoir les bénéficiaires de la CSS; * respecter les tarifs reconnus par l’Assurance maladie; * pratiquer la dispense d’avance de frais (tiers payant) pour ces assurés sociaux.
S Le parcours de soins (médecin traitant) s’applique aux bénéficiaires de la CSS.
- Aide médicale de l’État (AME) O L’AME est destinée aux étrangers en situation irrégulière résidant de manière stable et ininterrompue depuis plus de 3 mois en France; * n’ayant pas de couverture maladie; * dont les ressources ne dépassent pas le plafond de la CSS (CMU-C); * est systématiquement accordée sans conditions pour les enfants mineurs. L’AME donne droit à la prise en charge à 100 % des soins médicaux et d’hospitalisation dans
la limite des tarifs de la Sécurité sociale, sans avoir à avancer les frais.ont connu une situation régulière et l’ont perdu lors du renouvellement de leur titre de séjour. O L’AME peut être attribuée à titre humanitaire à des personnes de nationalité étrangère, ne résidant pas en France, à la demande d’un médecin; * en cas d’accident ou de maladie lors de leur passage en France (visa touristique, visa de court séjour);
* si les soins médicaux ne peuvent pas être donnés dans leur pays d’origine;
* pour les soins d’urgence (pronostic vital engagé); * pour les femmes enceintes et les nouveau-nés ; * pour les maladies contagieuses.
El L’AME à titre humanitaire permet la prise en charge totale ou partielle des soins, selon les cas.
Elle est accordée (ou refusée) par le ministère chargé de l’Action sociale.
V. Dispositifs de soins médicaux et sociaux A. Prise en charge des soins urgents
O Dans tous les cas, refuser des soins à un patient au prétexte qu’il ne peut les payer est contraire au Code de la santé publique. Quand une hospitalisation est indiquée pour un patient sans droit ou sans statut, elle se fait sous secret médical, en application des «dispositifs de prise en charge des soins urgents mettant en jeu le pronostic vital ou pouvant conduire à une altération grave et durable de l’état de santé d’une personne ou d’un enfant à naître»
(art. L. 254-1 du Code de l’action sociale et des familles).
B. Dispositifs spécifiques ou adaptés 13 Les services sociaux sont obligatoirement sollicités. Plusieurs dispositifs existent au sein du
programme régional pour l’accès à la prévention et aux soins (PRAPS 2018-2022).
- Permanences d’accès aux soins de santé (PASS) 0 Les PASS de l’hôpital public et des établissements privés participant au service public hospi talier sont des cellules de prise en charge médico-sociales offrant l’accès intégral aux soins pour les personnes démunies, dépourvues d’assurance maladie.
I3 Les PASS ont les missions suivantes : »
la prise en charge des consultations externes, des actes diagnostiques et thérapeutiques ainsi que des traitements qui sont délivrés gratuitement;
* l’accès au système hospitalier; ♦ l’accompagnement dans les démarches nécessaires à la reconnaissance des droits, notam ment la couverture sociale;
*
la réponse aux demandes de contraception, d’interruption volontaire de grossesse ou d’ac
cueil de très jeunes enfants.
- Lits halte soins santé (LHSS) 0 Les LHSS accueillent temporairement des personnes sans domicile fixe dont la pathologie ou l’état général, somatique ou psychique, ne nécessite pas une prise en charge hospitalière ou médico-sociale spécialisée mais est incompatible avec la vie à la rue.
Q Ils sont ouverts 24 heures sur 24, tous les jours de l’année. La durée du séjour n’est pas limitée. Ils disposent d’une équipe pluridisciplinaire composée principalement d’infirmiers. Ces structures, lorsqu’elles existent et qu’elles ont des places disponibles, offrent : * un lit infirmier ; * une évaluation de l’adéquation du traitement avec les conditions de vie du patient; * une évaluation sociale avec possibilité d’orientation vers une structure d’hébergement
pérenne et, si nécessaire, un soutien psychoéducatif.
- Équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) 0 Créées en 2005 comme complément psychiatrique des PASS, les EMPP s’inscrivent dans la lutte contre les exclusions. Elles ont la mission d’aller au-devant des personnes en grande
précarité sociale et médicale, empêchées d’accéder aux soins (absence ou refus de soin).El Ces équipes mènent des actions de prévention, de repérage précoce, d’évaluation des besoins et d’orientation et d’accès au dispositif de soins, avec l’objectif de les réintégrer à
terme dans un dispositif de droit commun.
- SAMU social O Le SAMU social est une structure médico-sociale parisienne qui a pour but d’orienter les personnes démunies dans les situations d’urgence. Il est joint par le numéro d’appel d’urgence 115. Les besoins sont supérieurs aux capacités de la structure : l’attente peut être longue ou
ne pas aboutir.
- Associations humanitaires Les associations jouent un rôle majeur, se substituant aux services de droit commun dans des prises en charge relais. Il s’agit :
* Q d’associations généralistes souvent dotées de leurs propres personnels sociaux (ATD Quart-monde, Croix-Rouge, Secours catholique, Secours populaire, etc.);
* d’associations thématiques (Restas du coeur, banque alimentaire, planning familial pour l’accès à la contraception, etc.).
* de celles dont l’action est exclusivement en direction des immigrés (CIMADE, COMEDE,
Interservices migrants [ISM]).
- Accès aux services sociaux en ville 270
O En ville, l’accès à un service social peut se faire via : * les centres communaux d’action sociale (CCAS);
* El les assistantes social(e)s des caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), des caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT, pour les personnes âgées);
* les assistantes sociales des services sociaux du département (pour les personnes âgées ou via la protection maternelle et infantile pour les femmes enceintes et les enfants); les travailleurs sociaux des associations.
*
- Autres structures universelles de soins * O Les centres d’examen de santé de l’Assurance maladie offrent des bilans de santé gratuits, y compris dans le cadre de l’AME. Des travailleurs sociaux aident à l’ouverture de droits. Le non-recours aux soins est le premier obstacle à l’accès à ces dispositifs.
* Les centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG ou CEGID), les centres de santé et les dispensaires municipaux assurent des services gratuits de soins, de prévention et de dépistage pour l’ensemble de la population, donc pour des populations plus fragiles.
* Les soins psychiatriques sont les mêmes que ceux de la population générale : - les urgences psychiatriques déclarées sur la voie publique sont adressées par les services de police aux structures hospitalières spécialisées;
- les troubles psychiatriques chroniques sont traités par les services communs de la secto
risation psychiatrique.
VI. Conclusion La prise en charge des personnes en situation de précarité est un devoir des professionnels de santé. Le Code de déontologie médicale rappelle au médecin, dans son article 7, «de soigner avec la même conscience toutes les personnes, quelle que soit leur origine» et, dans son article 50, de « faciliter l’obtention par le patient des avantages sociaux auquel son état lui
donne droit» (Rapport du Conseil national de l’Ordre des médecins du 28 septembre 2006).
- En France, les prestations des services de santé sont ouvertes à tous. Il existe aussi des dispositifs pour les personnes marquées par des conditions de vie très précaires.
- La précarité présente des formes contrastées entre les personnes renonçant aux soins pour raisons financières et les personnes exclues pour lesquelles la santé n’est qu’une urgence parmi d’autres.
- Le praticien est toujours libre de délivrer des soins gratuits (art. 67). Il doit connaître les dispositifs des droits permettant l’accès aux soins : - se poser la question de la capacité d’un patient à payer les soins; - l’aider à obtenir les droits sociaux dont il relève (art. 50 du Code de déontologie médicale); - fixer ses honoraires avec tact et mesure (art. 53).
- La prise en charge d’un sujet précaire doit être faite sans discrimination (art. 7) et ne peut être refusée au risque de non-assistance (art. 9) et de discontinuité des soins (art. 47).
- La prise en charge d’un sujet en situation de précarité est pluriprofessionnelle. Le partage du secret médical avec le service social a pour objet les moyens à mettre en oeuvre pour aider le patient.
- La grande précarité majore les risques de pathologies infectieuses (VIH, hépatites virales, tuberculoses, parasitoses, surinfections cutanées), cardiovasculaires, bronchopulmonaires, bucco-dentaires, psychia triques (addiction, psychose).
- Dans les populations précaires, la malnutrition — qui peut inclure l’obésité — est fréquemment associée à des carences vitaminiques.
- Devant une femme en âge de procréer, le praticien doit penser à une grossesse. * Par grands froids, le praticien repère l’intoxication au monoxyde de carbone.
- La couverture vaccinale doit être vérifiée.
Depuis la découverte par Semmelweis au milieu du xixe siècle de l’utilité de l’hygiène des mains des soignants pour prévenir la fièvre puerpérale chez les femmes accouchées, puis de l’antisepsie par Lister puis Pasteur, le concept d’infection nosocomiale est resté indissociable du soin. Les infections associées aux soins (IAS) constituent aujourd’hui une préoccupation pour la sécurité des patients et un enjeu important pour les professionnels de santé, qu’ils exercent dans ou en dehors d’un établissement de santé. La prévention de ces IAS s’intégre dans une démarche qualité classique : identification du risque, information et formation des acteurs
concernés, application de mesures validées et évaluation de leur mise en oeuvre.
I. Infections associées aux soins : caractéristiques, épidémiologie, structures et programmes
A. Définitions
Une infection nosocomiale est une infection acquise au cours d’un séjour dans un établisse ment de santé, c’est-à-dire qu’elle n’était ni présente ni en incubation à l’admission. Si on ne connaît pas le statut infectieux à l’admission, on admet qu’une infection est nosocomiale si elle
survient au-delà de la 48e heure d’hospitalisation.
Une infection associée aux soins est une infection qui survient au cours ou au décours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, qui n’était ni présente ni en incubation au début de la prise en charge, que cette infection ait été contractée lors d’un séjour dans un établissement de santé (infection nosocomiale) ou lors de soins délivrés hors d’un établissement de santé (soins à domicile, maison de retraite médica lisée, cabinet de médecine libérale). La notion d’infection associée aux soins intègre la diversité des lieux de prise en charge et la notion de risque tout au long du parcours de soins du patient.
Une infection du site opératoire est une infection nosocomiale particulière définie comme
Une infection du site opératoire est une infection nosocomiale particulière définie comme telle si elle survient dans un délai maximum de 30 jours suivant une intervention chirurgicale ou, s’il y a mise en place d’un implant, d’une prothèse ou d’un matériel prothétique, dans l’année qui suit l’intervention. Elle se situe sur le trajet de l’incision chirurgicale ou des organes
opérés pendant l’intervention.
B. Impact en termes de santé publique 1. Morbidité
Selon les données des enquêtes nationales de prévalence « un jour donné » réalisées en France tous les 5 ans, la prévalence de patients avec une infection nosocomiale se situe autour de 5 %, soit environ 1 patient sur 20, ce qui représente plus de 500000 infections nosocomiales par an. Cette prévalence est comparable à celle mesurée dans les autres pays européens. La prévalence des infections nosocomiales varie en fonction du type d’hôpital (plus élevée dans les hôpitaux universitaires), du type d’activité (plus élevée en court ou moyen séjour) et de la spécialité (plus élevée en réanimation [20 %] qu’en médecine ou en chirurgie [5 %]). Ces diffé rences s’expliquent en grande partie par la densité en soins et la gravité des pathologies prises en charge. Ainsi, en fonction des facteurs de risque, les IAS sont plus fréquentes : * chez les patients immunodéprimés(pathologies malignes, traitements immunosuppresseurs); * chez les patients qui ont été opérés récemment; * chez les patients porteurs d’un dispositif invasif (cathéter vasculaire, sonde urinaire ou endotrachéale).
Les infections nosocomiales les plus fréquentes sont les infections urinaires, les infections des lz~»r- L-x —> z~+ rx ri r\ r-v-i i z-x<- !t~ rx r>+1r~ rx r-xrx i rxr z>+ Ir’.r- irA-fz~>z—z-J i i z-i + z-s
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Encadré 2.1 Règles de bon usage des antibiotiques pour prévenir l’émergence des résistances bactériennes
* S Lister les antibiotiques disponibles et les antibiotiques à dispensation contrôlée (glycopeptides, carbapénèmes).
* Établir des référentiels, en priorité : antibioprophylaxie chirurgicale, antibiothérapie aux urgences. * Réévaluer systématiquement à 48 ou 72 heures (rôle de l’expert infectiologue). * Faire des ordonnances pour les antibiotiques à dispensation restreinte. * Informatiser les prescriptions pour permettre l’analyse pharmaceutique et faciliter les prescriptions et l’éva luation des pratiques.
* Évaluer la qualité des pratiques par : - la réalisation d’audits de prescription;
- la surveillance des consommations d’antibiotiques et de la fréquence des résistances bactériennes.
- Mortalité, létalité Q La létalité des IAS est variable selon le site d’infection et dépend d’une part de l’état sous-
jacent du patient et, d’autre part, de la virulence de l’agent infectieux. L’estimation de la mortalité des IAS est d’au moins 4000 décès par an en France. Les infections urinaires, qui représentent les infections nosocomiales les plus fréquentes, ont une létalité faible. Les infec
tions pulmonaires et les bactériémies/septicémies ont la létalité la plus élevée.
C. Reconnaître le caractère nosocomial de l’infection 1. Mode d’acquisition et mode de transmission L’épidémiologie des maladies transmissibles est traitée dans les items 145 (chapitre 19) et 179 (chapitre 21). Le réservoir des micro-organismes des infections nosocomiales/associées aux soins est le plus souvent le patient lui-même (micro-organismes de la flore commensale de la peau ou des muqueuses, en particulier digestives ou respiratoires) (figure 2.1). Plus rare ment, le réservoir de micro-organismes est situé dans l’environnement aérien ou hydrique (tableau 2.2). Ainsi, les infections nosocomiales/associées aux soins sont le plus souvent dues à des micro-organismes peu pathogènes, qui ne créeront une infection clinique qu’à l’occasion d’un acte de soin invasif (cathéter, chirurgie) et/ou en raison d’une fragilité particulière. On distingue classiquement les infections endogènes, au cours desquelles le malade s’infecte avec ses propres micro-organismes, et les infections exogènes où les micro-organismes ont pour ori gine les autres malades (transmission croisée entre malades via les mains des personnels ou via le matériel), les soignants, les visiteurs ou l’environnement hospitalier (eau, air, équipements, alimentation). Le patient peut être simplement porteur ou colonisé par des micro-organismes sans développer d’infection clinique. Il représente malgré tout dans ce cas un réservoir épidé miologique qui peut être à l’origine de transmissions (notamment de bactéries multirésistantes
aux antibiotiques, BMR).
O Les trois micro-organismes le plus fréquemment isolés des infections nosocomiales/asso ciées aux soins sont : * Escherichia coli (et autres entérobactéries) ; * Staphylococcus aureus ;
* Pseudomonas aeruginosa.
Si la majorité des IAS sont d’origine bactérienne, la transmission virale entre patients ou entre soignants et patients est également possible, en particulier par voie aérienne à l’occasion des épidémies saisonnières de grippe ou de rougeole, plus rarement de varicelle, ou de la pandémie COVID-19. La transmission virale par voie sanguine à l’occasion de la réutilisation inappropriée d’un matériel d’injection ou de prélèvement souillé est également possible, bien que plus rare, avec les virus des hépatites B ou C, voire du VIH. La transmission de ces virus par
transfusion ou transplantation d’organe demeure aujourd’hui exceptionnelle en France du fait
Bactéries multirésistantes aux antibiotiques O Les bactéries sont dites multirésistantes aux antibiotiques (BMR) lorsqu’elles ont acquis une résistance à un grand nombre d’antibiotiques utilisables en thérapeutique voire totalement résistantes à tous les antibiotiques — on parle alors de bactéries hautement résistantes ou toto-résistantes. La lutte contre les BMR dans les établissements de santé est une priorité nationale qui implique toute la communauté hospitalière. En raison de leur fréquence élevée et de leur potentiel pathogène, les BMR cibles sont : * Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM); * entérobactéries productrices de 0-lactamases à spectre étendu (EBLSE) qui sont résistantes aux céphalosporines de troisième génération.
El En France, les infections nosocomiales à SARM ou à EBLSE surviennent chez un patient hospitalisé sur 200 environ. Si les infections nosocomiales à SARM sont en diminution progres sive, on constate en revanche une tendance à l’augmentation de l’incidence des EBLSE. De plus, on assiste à l’émergence de souches bactériennes hautement résistantes (BHR) parmi ces espèces, telles que les entérobactéries sécrétrices de carbapénémases (EPC), les entérocoques
résistants aux glycopeptides (ERG) ou les staphylocoques dorés résistant aux glycopeptides.La lutte contre ces émergences passe par l’application stricte des mesures d’hygiène pour évi ter la transmission croisée entre les patients au cours des soins : précautions complémentaires «contact», «air», «gouttelettes», dépistage des patients contacts, mise en unité protégée
avec personnel de soins dédié des patients porteurs et usage contrôlé des antibiotiques.
D. Organisation, structures et programmes de lutte et de surveillance
1. Les dispositifs de lutte contre les IAS Les IAS font partie des priorités de la loi de Santé publique et leur prévention est devenue une des
composantes essentielles de la qualité et de la sécurité des soins. Elles font l’objet de programmes de prévention et de surveillance nationaux définis par le ministère de la Santé. Depuis la création des comités de lutte contre l’infection nosocomiale (CLIN) en 1988, le dispositif de surveillance épidémiologique et de prévention des IAS est constitué d’un dispositif à trois niveaux : * au niveau local dans chaque établissement de santé public ou privé : une équipe opération nelle d’hygiène hospitalière (EOHH), qui doit travailler en coordination étroite avec le coor donnateur de la gestion des risques associés aux soins (circulaire du 18 novembre 2011);
* des centres régionaux d’appui à la prévention des infections associées aux soins (CRIAS) couvrant l’ensemble des régions françaises;
* au niveau du ministère de la Santé, un comité de pilotage du Programme national de pré vention des IAS ; la mise en oeuvre des missions nationales est confiée à l’Agence nationale de santé publique (Santé publique France).
Le programme de prévention concerne les trois secteurs : établissements de santé, établisse
ments médico-sociaux, soins en médecine de ville.
- La surveillance épidémiologique et la veille sanitaire des IAS O La veille sanitaire représente l’ensemble des actions visant à reconnaître la survenue d’un événement indésirable inhabituel ou anormal pouvant présenter un risque pour la santé humaine. Les IAS font partie de ces événements indésirables. Les moyens en jeu sont la col lecte et l’analyse systématique et continue d’informations sanitaires pour l’alerte précoce.
El Les principales données épidémiologiques spécifiques sur les IAS proviennent : * des enquêtes nationales de prévalence (ENP) réalisées tous les cinq ans en France; * des réseaux de surveillance épidémiologique ciblés sur les IAS prioritaires (BMR, site opéra toire, infections associées aux dispositifs invasifs); les données du signalement réglementaire des IAS.
*
O Le signalement réglementaire des IAS doit être effectué par les établissements de santé à l’autorité sanitaire (agence régionale de santé) et aux CPIAS dans chaque région puis transmis à l’agence nationale de santé publique. Il concerne seulement certaines IAS ayant un caractère rare ou particulier du fait du micro-organisme en cause, de la localisation de l’infection, de la gravité, ou de leur lien avec un dispositif médical ou une procédure exposant à un risque d’épidémie. Ce signalement externalisé suppose en amont un système de détection des IAS
interne à l’établissement et l’information du ou des patients concernés.
Information des usagers et communication publique El Les établissements de santé sont tenus de renseigner le public sur la lutte contre les infec tions nosocomiales/associées aux soins, afin de répondre aux exigences de transparence du
citoyen vis-à-vis des risques infectieux et médicaux. Dans ce cadre, le ministère de la Santé amis en place un tableau de bord des infections nosocomiales/associées aux soins. Chaque année, tous les établissements de santé français sont dans l’obligation de compléter les infor mations concernant des mesures de prévention des infections associées aux soins, comme par exemple la consommation de solutions hydroalcooliques (SHA) pour l’hygiène des mains ou l’incidence de certaines infections du site opératoire (ISO-ORTHO : incidence des ISO après prothèses hanche ou de genou). De même, la pratique des précautions complémentaires contact, la vaccination antigrippale du personnel et la durée de l’antibiothérapie < 7 jours pour infection respiratoire sont des indicateurs à produire annuellement par les établissements. Certains des indicateurs (par exemple, ICSHA) sont à diffusion publique pour répondre à l’in
formation des usagers et sont édités sur le site Internet de la Haute Autorité de Santé.
- Dispositif de recours et d’indemnisation des victimes d’infection nosocomiale Une mission spécifique pour le développement de la médiation, de l’information et du dia logue pour la sécurité des soins a été créée afin de constituer un lieu d’écoute et de réponse aux demandes individuelles des usagers et de permettre une interface pour le dialogue entre les usagers, les professionnels de santé et les institutions de la santé. Cette mission est placée auprès du Médiateur de la République. Ses principaux objectifs sont de rétablir la confiance entre le monde médical et les usagers du service de santé et de participer à l’amélioration de la sécurité des soins. La loi sur les droits des malades a mis en place un dispositif de règlement amiable compétent pour les infections nosocomiales. Trois dispositifs peuvent être déployés : * avis à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) : il proposera une indemnisation à la victime ou à ses ayants droit si infection nosocomiale grave (taux d’inca pacité permanente supérieur à 25 % ou décès), après examen et avis de la commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux (CRCI);
* saisie du juge compétent : si critères de gravité non atteints ou accident antérieur au 4 sep tembre 2001 ou encore tout simplement si la personne le souhaite;
* règlement amiable : directement avec l’établissement et son assureur. Il faut pour cela saisir
la direction de l’établissement d’une demande en ce sens.
II. Mesures de prévention O Les mesures d’hygiène peuvent être divisées en hygiène du soin et hygiène de l’environnement. La conception moderne de l’hygiène vise à réduire le risque infectieux chez les patients et privilé gie l’hygiène du soin. Cependant, pour certains risques particuliers, l’hygiène de l’environnement
doit être prise en compte, de même pour les risques exposant les personnels soignants.
- Peau ou muqueuse lésée (ou lésion élémentaire) : lésion primitive non modifiée de la der matose telle qu’elle apparaît à l’observateur. Cette lésion peut être nette, permanente mais peut être moins évidente selon les zones cutanées et l’évolution.
- Plaie : déchirure des tissus due à un accident ou à une intervention chirurgicale.
B. Prévention des IAS : hygiène du soin 7. Précautions standards
La prévention repose sur des mesures de protection systématique chez tous les patients et le personnel, quel que soit leur statut infectieux connu ou non. Ces mesures d’hygiène de base, dénommées précautions standards (encadré 2.2), sont indispensables pour éviter la transmis sion entre patients via le personnel de soins ou le matériel. La mesure de base de la prévention des IAS est la friction hydroalcoolique (gel ou solution hydroalcoolique, SHA) qui reste la technique de référence pour lutter contre la transmission croisée entre les individus (figure 2.2). Elle doit remplacer en toutes circonstances le lavage des mains (hors contre-indications), moins facile à réaliser et souvent moins efficace. Le port de
gants protège l’utilisateur mais n’exonère pas de l’hygiène des mains.
- Précautions complémentaires Des précautions particulières, dites « précautions complémentaires» (encadré 2.3), doivent être mises en oeuvre en complément des précautions standards lorsque le patient est porteur ou infecté. Les précautions complémentaires remplacent l’ancien terme «isolement». Ces pré cautions visent à instituer une barrière physique autour d’un patient porteur d’un pathogène (infection clinique ou simple colonisation) à risque de transmission par contact, gouttelettes ou air. Un même micro-organisme peut avoir plusieurs modes de transmissions. Ces précautions complémentaires doivent donc être mises en place dès que le patient est suspect : d’être atteint d’une infection naturellement contagieuse; d’être infecté ou colonisé par un agent infectieux susceptible de disséminer; d’être porteur d’un agent infectieux multirésistant aux antibiotiques. La mise en place ainsi que la levée des précautions complémentaires relèvent d’une prescrip tion médicale qui doit être tracée dans le dossier médical du patient. En résumé, les mesures essentielles de prévention incluent : * l’hygiène des mains par friction hydroalcoolique (SHA), technique de référence (figure 2.2). Elle doit remplacer en toutes circonstances le lavage des mains, moins facile à réaliser et souvent moins efficace. Le port de gants protège l’utilisateur et prévient aussi la transmis sion croisée à partir d’un patient porteur mais n’exonère pas de l’hygiène des mains;
* *
la désinfection cutanée ou muqueuse, qui doit être réalisée lors des soins invasifs spéci fiques (intervention chirurgicale, cathéters veineux, sondes) (cf. infra «Antisepsie»);
la désinfection et la stérilisation des instruments réutilisables (matériel chirurgical, fibros copes), qui doivent respecter des normes et une chronologie précise;
* l’élimination des déchets, qui fait l’objet d’une réglementation avec des conteneurs spé ciaux pour tous les objets piquants et tranchants et une filière de ramassage, de transport et d’élimination des déchets d’activité de soins à risques infectieux (DASRI);
*
la lutte contre l’émergence de BMR, qui passe en plus par un usage contrôlé des antibio
tiques (encadré 2.1).
Encadré 2.2 Précautions standards d’hygiène Pour tout patient qu’il soit ou non infecté/colonisé. 1. Friction des mains avec une solution hydroalcoolique (30 secondes par friction) avant et après chaque soin (ou entre deux soins consécutifs) (cf. infra).
2. Port de gants si risque de contact avec du sang ou tout autre produit d’origine humaine. 3. Port de blouse, lunettes de protection en cas de risque de projections. 4. Port de masque (chirurgical) en cas de risque respiratoire. 5. Décontamination, stérilisation ou élimination des matériels souillés et des surfaces souillées en respectant les règles de conditionnement pour le transport de prélèvements biologiques (déchets d’activité de soins à risque infectieux, DASRI).
A Précaution ;* nour la nrévpntion dp;
accidpnts d’pxnosition au sano pn cas dp manipulation d’ohipt
;
Encadré 2.3 Précautions complémentaires
Pour les malades porteurs (infectés ou colonisés) d’un pathogène transmissible. Mise en place de mesures de confinement en chambre individuelle et matériel dédié visant à éviter que les micro-organismes portés par le malade ne soient transmis. Lorsqu’il y a plusieurs cas dans une même unité de soins, il est souhaitable de regrouper les malades dans un même secteur (mesures dites de «cohorting »). * Précautions «Contact» pour prévenir la transmission croisée par contact interhumain (manuporté). * Précautions «Gouttelettes» pour prévenir la transmission par les sécrétions oro-trachéo-bronchiques. * Précautions «Air» pour prévenir la transmission aérienne par aérosol.
Type de précaution Mesures principales Contact Gouttelettes Air
Gants de soins (non stériles) Tablier à usage unique ou surblouse (en cas de soins rapprochés)
Masque chirurgical (filtration standard) Masque de protection respiratoire (haute filtration) Indications
BMR (SARM, entérobactéries), gale, gastro-entérites
Grippe saisonnière, coqueluche, virus respiratoire syncitial, COVID-19
Tuberculose, rougeole, varicelle
C. Antisepsie 1. Définition
Ensemble des procédés utilisés pour éliminer les risques de survenue d’infections au niveau des tissus vivants. L’antisepsie permet la réduction des micro-organismes présents sur la peau, les muqueuses ou les autres tissus vivants au moment du geste, ce qui permet d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables en fonction des objectifs fixés, tant médicaux que chirurgicaux. Les antiseptiques majeurs utilisables pour le soin sont les biguanides (chlorhexidine), les dérivés iodés (povidone iodée), les dérivés chlorés (hypochlorite de sodium) et les alcools (éthanol). Biguanides et dérivés iodés existent en solution aqueuse ou alcoolique. Les antiseptiques en solution alcoolique doivent être privilégiés pour les actes invasifs sur peau non lésée type chirurgie ou pose de cathéter vasculaire. L’application d’un antiseptique sur des tissus vivants permet une action sur la structure ou le métabolisme de micro-organismes à un niveau jugé approprié pour prévenir et/ou limiter et/
ou traiter une infection de ces tissus (NF EN 14885:2006).
- Règles d’utilisation des antiseptiques * Contrôler la tolérance du site d’application : peau saine, peau lésée, muqueuses… * Contrôler les incompatibilités entre produits. * Éviter l’inactivation du produit par les matières organiques (sang, pus…) : une phase de détersion préalable à l’application est presque toujours nécessaire pour contrôler.
* Respecter le délai d’action (temps de contact nécessaire à l’activité). Il est essentiel de respecter scrupuleusement les conditions d’utilisation des produits (concen
trations et mode d’emploi), afin d’éviter l’émergence de souches résistantes.
- Précautions d’emploi * Le site d’application : peau saine, muqueuses, autres tissus. * Les contre-indications ou précautions d’emploi : allergie, âge, grossesse… * Son spectre d’action (privilégier les produits à large spectre).
Remarque Il ne faut pas utiliser d’antiseptique pour la désinfection du matériel. Il est toutefois recommandé dans certaines situations d’utiliser un antiseptique alcoolique pour la manipulation aseptique de dispositifs : désinfection des sites de prélèvement des sondes vésicales, des sites d’injection des cathéters, des disposi tifs d’accès vasculaire à valve, des bouchons de perfusions.
Dans ces indications limitées, l’usage d’un antiseptique sur la surface d’un dispositif médical peut exposer à un risque de dégradation de celui-ci : il convient de suivre les recommandations
du fabricant du dispositif médical en matière de compatibilité (cf. infra).
D. Entretien des surfaces et matériels : hygiène de l’environnement
1. Définitions 40 j
Asepsie L’asepsie consiste en la décontamination de l’espace (y compris de l’air), du matériel et de la surface du corps. Elle consiste donc à faire obstacle à l’afflux de micro-organismes, alors que l’antisepsie consiste à inactiver les micro-organismes là où ils se trouvent (cf. infra « Désinfection »). L’asepsie est une méthode qui permet d’accomplir une tâche donnée en évitant d’apporter des micro-organismes (bactéries, virus, champignons) au patient (ou à l’objet de sa tâche). Elle repose sur l’utilisation de matériel stérile, de tenue stérile, de couvre-chef étanche, de gants stériles, de masque anti-projec tion, de microfiltres à air (filtres à très haute efficacité ou THE) et de système de renouvellement de l’air, sans oublier les règles comportementales. Les procédés employés sont appelés des techniques aseptiques. Le niveau d’asepsie doit être adapté au niveau de risque de la tâche : il peut varier d’un niveau élémentaire à un niveau maximal. Le défaut d’asepsie peut provoquer la pénétration de micro organismes dans l’organisme notamment lors d’interventions chirurgicales et engendrer des IAS. L’asepsie diffère de l’antisepsie par le fait qu’elle n’emploie pas d’agents thérapeutiques. En effet, l’asepsie consiste à faire obstacle à l’afflux de micro-organismes, alors que l’antisepsie
consiste à les inactiver là où ils se trouvent (cf. infra).
Décontamination C ‘est le premier traitement à effectuer sur les objets et matériels souillés par des matières orga niques dans le but de diminuer la population des micro-organismes et de faciliter le nettoyage ultérieur. La décontamination a également pour but de protéger le personnel lors de la mani pulation des instruments; elle permet aussi d’éviter la contamination de l’environnement2.
Désinfection
La désinfection est une procédure d’élimination dirigée des micro-organismes des mains, d’une pièce, d’un champ opératoire… par des moyens mécaniques (lavage au savon, solution hydroalcoolique), physiques (chaleur humide) ou chimiques (antiseptiques), afin d’éviter la transmission de micro-organismes indésirables. Elle permet de réduire le nombre de micro
organismes dans ou sur une matrice inanimée, grâce à l’action irréversible d’un produit sur leurstructure ou leur métabolisme (NF EN 14885:2006). Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (AFNOR NF T 72-101) (figure 2.3). La désinfection cutanée ou muqueuse (comprenant la phase d’antisepsie définie plus haut)
doit être réalisée lors des soins invasifs spécifiques (intervention chirurgicale, cathéters veineux,sondes). Il s’agit d’un traitement à effectuer également sur les objets et matériel souillés par des matières organiques dans le but de diminuer la population des micro-organismes et de
faciliter le nettoyage ultérieur.
Stérilisation C’est un procédé qui rend un produit stérile et le conditionne pour permettre de le conserver dans cet état pendant une période de temps définie. La procédure consiste à éliminer ou tuer les micro-organismes portés par des milieux inertes contaminés, le résultat étant l’état de
stérilité (AFNOR NF T 72-101).
- Une infection nosocomiale est une infection associée aux soins acquise au cours d’un séjour dans un établissement de santé, c’est-à-dire qu’elle n’était ni présente ni en incubation à l’admission. Si le statut infectieux à l’admission n’est pas connu, on admet qu’une infection est nosocomiale si elle survient audelà de la 48e heure d’hospitalisation.
- Certaines infections associées aux soins sont en rapport avec un processus, une structure ou une démarche de soins ambulatoires en dehors de l’hôpital. Leur prévention répond aux mêmes règles qu’à l’hôpital.
- Un patient sur 20 hospitalisés un jour donné est porteur d’une infection nosocomiale. * Les infections associées aux soins les plus fréquentes sont les infections urinaires, les infections du site opératoire, les infections respiratoires, les bactériémies/septicémies.
- Les facteurs de risque des infections associées aux soins sont les dispositifs médicaux ou les procédures de soins invasives, les comorbidités, l’âge élevé.
- Les bactéries le plus souvent isolées dans les infections associées aux soins sont les entérobactéries (E. coli) et les staphylocoques.
- Certaines infections associées aux soins sont multirésistantes aux antibiotiques et posent un problème thérapeutique. La mesure clé de leur prévention passe à la fois par le respect des mesures d’hygiène pour éviter la transmission entre patients et un meilleur usage des antibiotiques.
- La prévention des infections associées aux soins repose sur le respect des précautions standards dont l’hygiène des mains pour tous les soins, des précautions complémentaires lorsque les patients sont por
teurs ou infectés, et l’application des règles de bon usage des antibiotiques.
I. Qualité en santé A. Définition
© Pour l’organisation mondiale de la santé (OMS), la gestion de la qualité des soins est «une démarche qui doit permettre de garantir à chaque patient les soins qui lui assureront le meil leur résultat en termes de santé, au meilleur coût, au moindre risque iatrogénique et pour sa plus grande satisfaction en termes de procédure, de résultat et de contacts humains à l’inté rieur du système de soins». Q En France, l’organisme en charge de la qualité et de la sécurité des soins est la Haute Autorité de Santé (HAS). Cette agence nationale de droit public et indépendante est chargée de la cer tification des établissements de santé. Elle coordonne le développement des indicateurs de qualité et de sécurité des soins et gère les indicateurs nationaux obligatoires. Elle définit les méthodes de l’évaluation des pratiques professionnelles qui contribuent à la validation du déve loppement professionnel continu (DPC). Elle contribue à l’évaluation des médicaments et des
dispositifs médicaux et participe à l’élaboration de recommandations pour la pratique clinique.
B. Principes d’une démarche qualité © La philosophie de la démarche repose sur le postulat que, dans les institutions complexes, les professionnels font de leur mieux mais que les problèmes et mauvais résultats sont dus à des défauts de l’organisation. Ainsi, la démarche s’intéresse à la performance de l’organisation plus qu’à celle des acteurs. Il existe deux approches de la qualité assez différentes quoique
complémentaires : l’assurance qualité et l’amélioration continue de la qualité.
C. Assurance qualité L’assurance qualité a pour objectif de garantir la qualité du service rendu à l’usager. Il s’agit de démontrer qu’une structure ou un organisme maîtrise la qualité de ce qu’il produit. L’assurance qualité relève d’une approche normative qui vise la conformité des structures, des processus, des pratiques et des résultats à des normes spécifiées. Le modèle théorique sous-jacent est une relation de causalité entre les variations des façons de faire et la qualité des résultats : Variabilité des pratiques -> Non-qualité. La démarche repose sur une culture de l’écrit et de l’évaluation : écrire ce qu’on doit faire, faire
ce qu’on a écrit, vérifier ce que l’on fait.
D. Amélioration continue de la qualité O L’amélioration continue de la qualité est une approche participative qui repose sur l’implication active de tous les acteurs de l’organisation dans des cycles itératifs de résolution de problèmes. Il s’agit d’identifier les problèmes de l’organisation, de les analyser pour en identifier les causes, d’imaginer et mettre en oeuvre des actions correctrices et de vérifier que le problème est résolu. La démarche est symbolisée par la « roue de Deming » qui représente des cycles itératifs Plan (planifier), Do (faire), Check (évaluer), Act (agir pour corriger) (figure 3.2). Le modèle théorique repose sur une relation causale entre les défaillances de l’organisation et les résultats : Défaillances de l’organisation -» Non-qualité. La démarche doit être permanente, chaque nouveau problème étant une occasion d’améliorer l’organisation. L’identification des problèmes repose essentiellement sur l’analyse des plaintes et réclamations des usagers, la déclaration des dysfonctionnements par les professionnels, le suivi d’indicateurs et des enquêtes. L’analyse des problèmes est réalisée par un groupe de tra
vail réunissant les professionnels concernés (par exemple, les cercles de qualité ou les cellulesqualité). Ces groupes utilisent des outils tels que l’analyse de processus et les méthodes de résolution de problèmes.
E. Certification des établissements de santé 1. Définition
Q La certification est une procédure d’évaluation externe du niveau de qualité et de sécurités des soins délivrés aux patients dans les établissements de santé publics et privés. La certifica tion repose sur l’examen de l’établissement à l’aide d’un référentiel qui décrit tout ce que doit mettre en oeuvre un hôpital dans ses différents domaines d’activité pour garantir et améliorer la qualité et la sécurité des soins. La procédure de certification a lieu tous les 4 ans. En France, c’est la Haute Autorité de Santé (HAS) qui est chargée de la certification, qui a été rendue obligatoire pour tous les établissements de santé, publics et privés, sous le terme d’accréditation par une loi de 1996 puis a été réformée et renommée certification par une loi de 2004.
L’accrédi
- La procédure de certification Q La procédure de certification a lieu tous les 4 ans et comprend trois étapes : la préparation, la visite de certification, le rapport de certification. * La phase de préparation commence par l’engagement de l’établissement dans la pro cédure qui est prononcée par la HAS. Les informations concernant l’établissement sont collectées sur le site de la certification CALISTRA : statistiques d’activité, rapports de certi fication antérieurs, résultats des IQSS, etc. L’établissement peut y ajouter des informations telles que des autoévaluations. La HAS désigne un coordonnateur, organise et planifie la visite avec les responsables de l’établissement.
* La visite de l’établissement dure de 3 à 8 jours et mobilise de trois à neuf experts-visiteurs selon la taille et la complexité de l’établissement. Les experts-visiteurs sont des hospitaliers, médecins, cadres ou gestionnaires en activité. Ils rencontrent les responsables de l’établis sement, les équipes de soins et des patients selon les méthodes de « patient traceur». Ces entretiens et des visites de secteurs leur permettent d’évaluer les critères du référentiel.
* Les experts-visiteurs rédigent un rapport de visite adressé à l’établissement dans les 15 jours. L’établissement peut rédiger des observations sur le rapport, puis la HAS délivre le rapport de certification qui comporte une décision selon quatre niveaux : - l’établissement est certifié avec mention : haute qualité des soins; - l’établissement est certifié : qualité des soins confirmée ; - l’établissement est certifié sous conditions : qualité des soins à améliorer; dans ce cas, des visites ciblées sur les critères insuffisants sont programmées dans les 6 à 12 mois;
- l’établissement est non certifié : qualité des soins insuffisante ; dans ce cas, une nouvelle
visite complète est programmée dans les 12 à 24 mois.
Utilisation de la certification Le rapport de certification doit être utilisé par l’établissement pour guider sa politique d’amé lioration de la qualité et de la sécurité des soins. Il est adressé à l’ARS dont relève l’établisse ment. Il fait l’objet d’une diffusion publique sur le site de la HAS. Le niveau de certification est
utilisé pour le calcul de l’incitation financière à la qualité.
F. Indicateurs de qualité et sécurité des soins 1. Définition et principes
Les indicateurs sont des données quantitatives qui mesurent certains aspects de la qualité et de la sécurité des soins. Un indicateur est le plus souvent un taux ou un pourcentage dont le numé
rateur est le nombre d’occurrences d’un événement et le dénominateur le nombre d’individusexposés pendant une durée donnée. Par exemple, le taux de décès après infarctus du myocarde est le rapport du nombre de décès sur le nombre d’hospitalisations pour infarctus. Un indicateur peut porter sur les moyens, les processus, les risques ou les résultats : * un indicateur de moyen quantifie une ressource nécessaire : par exemple, le nombre de salles de réveil rapporté au nombre d’interventions chirurgicales;
* un indicateur de processus porte sur l’organisation ou les pratiques : par exemple, la pro portion de patients ayant bénéficié d’une évaluation de la douleur au cours de leur séjour;
* un indicateur de résultats porte sur un état sanitaire : par exemple, la satisfaction des patients ou la mortalité postopératoire.
Un indicateur doit d’abord être pertinent, c’est-à-dire qu’il doit avoir du sens et donner une représentation acceptable du domaine que l’on veut mesurer. Il doit être reproductible, c’està-dire qu’il ne doit pas ou peu varier entre différentes mesures d’un système stable. Il doit être sensible, c’est-à-dire qu’il doit varier quand le système change. Il doit enfin être faisable, c’est-à-dire que le coût de production de l’indicateur doit rester raisonnable par rapport à l’importance de l’information qu’il apporte. Les établissements et les professionnels de santé sont incités à se doter d’indicateurs permet tant de suivre leur performance. Par ailleurs, les tutelles du système de santé développent et
utilisent des indicateurs dont certains sont inclus dans des programmes nationaux obligatoires.