Medecine interne Flashcards
Définition de l’auto-immunité_______________________ * L’auto-immunité est un phénomène naturel contrôlé en permanence par différents mécanismes qui permettent le maintien de la tolérance du système immunitaire vis-à-vis des antigènes du soi.
* La rupture de ces mécanismes de tolérance conduit à la survenue de maladies auto-immunes (MAI). * Une MAI est définie par la présence de conséquences cliniques, biologiques, histologiques, et/ou d’imagerie de l’auto-immunité. Une MAI est donc caractérisée par : - des signes cliniques (ou biologiques, histologiques, d’imagerie) qui sont la conséquence d’une réaction
immunitaire vis-à-vis des antigènes du soi ;- et des signes biologiques ou histologiques d’auto-immunité (présence d’auto-anticorps (Ac) et/ou de lymphocytes auto-réactifs dans un organe atteint).
* La présence de signes biologiques d’auto-immunité sans signe clinique, biologique, histologique ou d’imagerie associé témoignant de conséquences de l’auto-immunité sur les organes, les cellules ou les tissus est donc insuffi sante pour porter le diagnostic de MAI.
* Les MAI peuvent être spécifiques d’organe ou systémiques (les termes « systémiques » et multi-systémiques » peuvent être utilisés, le terme multi-systémique témoignant de plusieurs tissus ou organes atteints étant séman tiquement plus exact, mais le terme systémique étant consacré par l’usage). Les MAI systémiques doivent être distinguées des maladies auto-inflammatoires (qui mettent en jeu des mécanismes immunitaires distincts (voir item 185 - Réaction inflammatoire) et granulomateuses (voir item 211 - Sarcoïdose), qui sont également des maladies systémiques.
* Les MAI sont souvent associées entre elles, soit au sein d’une même famille (avec le plus souvent des MAI diffé
rentes selon les individus), soit chez une même personne.
- Epidémiologie des maladies auto-immunes (MAI) * Les MAI sont nombreuses (il en existe environ 80) et variées. Toutes ensemble, elles constituent la 3e cause de morbidité dans les pays développés, avec une prévalence de 5 à 7 % dans la population générale.
* Beaucoup de MAI ont une prévalence < 1/2000 et répondent par conséquent à la définition des maladies rares (voir item 22 - Maladies Rares).
* La majorité des MAI est plus fréquente chez les femmes que les hommes. L’importance de cet écart de prévalence selon le sexe dépend des MAI (par exemple le diabète de type 1 touche autant les hommes que les femmes mais le syndrome de Sjôgren touche 9 femmes pour 1 homme). Au total, 80 % des personnes touchées par une MAI sont des femmes.
* L’âge de début est variable selon les MAI, en moyenne 40-50 ans, mais cet âge est très dépendant du type de MAI
(Tableau 1).
- Exemptes de maladies auto-immunes spécifiques______ d’organe et systémiques
* On distingue deux types de MAI : - les MAI spécifiques d’organe qui touchent un seul organe ou appareil, par exemple : > Thyroïde : thyroïdite de Hashimoto, maladie de Basedow ; > Pancréas : diabète de type 1 ; > Tube digestif : maladie de Biermer, maladie coeliaque, maladies inflammatoires chroniques intestinales (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique (RCH)) ;
> Système hématopoïetique : thrombopénie (ou purpura thrombopénique) immunologique, anémie hémolytique auto-immune ;
> Système articulaire : polyarthrite rhumatoïde ; > Système nerveux central : sclérose en plaques.
- les MAI systémiques (qui affectent plusieurs organes ou appareils. Parmi elles, on distingue : > les maladies auto-immunes systémiques non vascularites : * lupus systémique ; * syndrome de Sjôgren ; * sclérodermie systémique ; * myosites (= myopathies inflammatoires) ; * connectivités mixtes (= syndrome de Sharp) ; * syndrome des anticorps anti-phospholipides (SAPL) ;
> et certaines vascularites systémiques, classées selon la taille des vaisseaux touchés (voir item 193- Connaître les principaux types de vascularite systémique). Toutes les vascularites systémiques ne sont pas des MAI (par exemple, l’artérite à cellules géantes est une maladie dont la physiopathologie fait plutôt intervenir l’inflammation). Les principales vascularites de mécanisme auto-immun sont les vascularites associée aux
anticorps anti-cytoplasme de polynucléaires neutrophiles (ANCA) et les vascularites cryoglobulinémiques.
4.1. Caractéristiques cliniques et auto-anticorps utiles au diagnostic de MAI
* Les principales familles d’auto-anticorps évocatrices de maladie auto-immune systémique ou spécifiques d’organes sont résumées dans le Tableau 2. Ce tableau n’est pas exhaustif mais rapporte les principales mani festations clinico-biologiques des MAI spécifiques d’organe et systémiques et les auto-anticorps utiles à leur dia gnostic.
* Il existe plusieurs familles d’auto-anticorps, qui dépendent de leur cible (l’auto-antigène). Les auto-anticorps sont des aides au diagnostic, avec une sensibilité et une spécificité variable, mais ne peuvent à eux seuls permettre de porter le diagnostic de MAI, en l’absence d’un retentissement clinique, biologique, histologique, ou d’imagerie de la MAL Par ailleurs, la plupart d’entre eux ne sont pas directement pathogènes, et servent uniquement de mar queur de la MAL Certaines MAI ne sont pas associées à des auto-anticorps (exemple : sclérose en plaques), mais
cette situation est rare.Les familles d’auto-anticorps peuvent être présentées comme suit : - auto-anticorps dirigés contre des antigènes nucléaires = anticorps antinucléaires (AAN) ; - auto-anticorps dirigés contre des antigènes du cytoplasme des cellules (cytoplasme des polynucléaires neutrophiles dans les vascularites associées aux ANCA, cytoplasme d’autres cellules dans les myosites) ;
- auto-anticorps dirigés contre des cibles antigéniques spécifiques d’organes, de tissus (thyroïde, surrénale,
pancréas) ou des membranes cellulaires (test direct à l’antiglobuline).
5.1. Hémogramme et électrophorèse des protéines sériques * Au cours des MAI, l’hémogramme peut être perturbé par plusieurs mécanismes : - mécanisme directement en lien avec la MAI : cytopénies auto-immunes, microangiopathie thrombotique ; - mécanisme en lien avec le syndrome inflammatoire (voir infra) (syndrome inflammatoire aigu ou chronique) ; - mécanisme en lien avec les traitements : corticoïdes, immunosuppresseurs ; - mécanisme en lien avec des conséquences indirectes des MAI ou des pathologies de rencontre : carence martiale (maladie coeliaque, ou carence en fer sans lien direct), insuffisance rénale chronique par exemple.
* L’anémie peut avoir plusieurs mécanismes : - anémie hémolytique auto-immune (AHAI) : hémolyse provoquée par des Ac anti-érythrocytaires fixés à la surface des hématies, mis en évidence par le test direct à l’anti-globuline (autrefois appelé test de Coombs direct) ;
- anémie par microangiopathie thrombotique (schizocytes sur le frottis sanguin et thrombopénie) ; - carence martiale (exemple : due à une malabsorption si maladie coeliaque) ; - inflammatoire ; - insuffisance rénale chronique (exemple : lupus systémique).
* Une lymphopénie (< 1000/mm3) est fréquente au cours des MAI systémiques, de mécanisme varié. * Une thrombopénie est le plus souvent d’origine périphérique auto-immune provoquée par la présence d’Ac anti plaquettes dont la recherche est inutile en pratique clinique car ils sont peu spécifiques ou manquent de sensibi lité selon les techniques disponibles. On parle alors de thrombopénique immunologique (aussi appelé purpura thrombopénique immunologique - PTI) qui peut être primaire (isolé), ou secondaire à une MAI en particulier le lupus systémique.
* Le syndrome inflammatoire est inconstant au cours des MAL Les MAI spécifiques d’organes ne sont générale ment pas inflammatoires (sauf les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin - MICI - et la polyarthrite rhumatoïde). Les MAI systémiques sont généralement accompagnées d’un syndrome inflammatoire (syndrome inflammatoire aigu ou chronique) pour les vascularites, alors qu’elles ne le sont le plus souvent pas pour les MAI systémiques non vascularitiques.
* L’allongement isolé (TP normal) et spontané (sans héparine) du temps de céphaline activée (TCA), non corrigé par l’adjonction de plasma témoin mais corrigé par l’excès de phospholipides est un des critères biologiques pour le diagnostic de SAPL (voir item 194 -Lupus systémique et syndrome des anticorps anti-phospholipides).
* Au cours de certaines MAI comme le lupus systémique ou le syndrome de Sjôgren, l’électrophorèse des protéines sériques peut mettre en évidence une hypergammaglobulinémie polyclonale (analyse de l’électrophorèse des
protéines sériques) (Figure 1).
5.2. Autres anomalies biologiques au cours des maladies auto-immunes * Le système du complément peut être perturbé dans les MAI systémiques. On dose le complément hémolytique 50 % (CH50) et les composants C4 et C3 du complément.
* Le CH50 explore la voie classique et la voie terminale commune. * Une activation de la voie classique en présence de complexes immuns se traduit par une diminution du C4, associée à une diminution du C3 et du CH50. La diminution du CH50 et des fractions C3 et C4 sont des signes biologiques corrélés à l’activité du lupus systémique.
* En fonction des organes lésés par la MAI, on peut observer d’autres anomalies biologiques : - atteinte rénale (lupus systémique, vascularites des petits vaisseaux) : protéinurie, hématurie, insuffisance rénale (créatinine augmentée) ;
- atteinte musculaire (myosites) : élévation des créatines kinases (CK) ; - atteinte hépatique : » cholestase (cholangite biliaire primitive) ; » cytolyse (hépatite auto-immune).
Attention : penser à doser les CK en cas d’élévation des transaminases, en particulier lorsque cela prédomine
sur les ASAT, afin de ne pas méconnaître une rhabdomyolyse.
- Principales anomalies immunologiques au cours______ des maladies auto-immunes (auto-anticorps)
* Ils sont utiles pour le diagnostic d’une MAI mais doivent être demandés uniquement face à un tableau clinique évocateur.
* La présence d’auto-anticorps seuls, en l’absence de signe clinique, est insuffisante pour affirmer le diagnostic de MAL
*
Ils sont très nombreux et nous ne présenterons ici que les plus fréquemment utiles.
6.1. Anticorps anti-nucléaires (AAN) * Ils sont utiles au diagnostic de plusieurs MAI systémiques non vascularitiques. * Lorsqu’on prescrit une « recherche d’AAN », le biologiste réalise d’abord une immunofluorescence indirecte (IFI) en test de dépistage. Le sérum est ensuite dilué.
* La dilution la plus forte pour laquelle l’IFI reste positive détermine le titre des AAN. * Un titre > 1/160 est considéré comme positif et déclenche la réalisation automatique par le biologiste de tests complémentaires pour déterminer les cibles vers lesquelles sont dirigées les AAN. Parfois, la cible ne peut pas être identifiée.
* En plus du titre, le biologiste détermine l’aspect de la fluorescence. Les deux aspects les plus fréquents sont la fluorescence homogène (Figure 2) et la fluorescence mouchetée (Figure 3). La fluorescence centromérique signe
la présence d’Ac anti-centromères (Figure 4).
- Les AAN peuvent correspondre à des cibles nucléaires variées, et sont ainsi identifiés dans un second temps : - Ac anti-ADN natif (ou double brin) évocateurs de lupus systémique ; - Ac anti-Sm (spécifiques du lupus systémique) ; - Ac anti-RNP (connectivité mixte, lupus systémique) ; - Ac anti-Scl70 (sclérodermie systémique) ; - Ac anti-SS-A et SS-B (syndrome de Sjôgren).
- Le titre des Ac anti-ADN est corrélé à l’activité de la maladie ces Ac sont donc utiles au suivi des patients atteints de lupus systémique. Ce n’est pas le cas des autres AAN.
- Les AAN sans spécificité (cible antigénique non déterminée) peuvent être présents dans des MAI spécifiques d’or gane (thyroïdites, cholangite biliaire primitive (CBP)), mais également au cours de maladies non auto-immunes diverses (ex : leucémies, cancers, infections), ou suite à la prise de certains médicaments. On peut également les trouver chez des sujets sans MAI définie et sans pathologie associée.
Il s’agit donc d’un test sensible mais peu spécifique qu’il faut toujours interpréter en fonction du contexte clinique.
B 6.2. Anticorp
6.2. Anticorps anti-phospholipides * Le SAPL est défini par l’association d’un évènement clinique (thrombose veineuse, artérielle, microcirculatoire et/ ou morbidité obstétricale) ET d’une anomalie biologique persistant à au moins 12 semaines d’intervalle.
* Cette anomalie peut être la présence d’un anticoagulant circulant de type lupique (détecté par un test d’hémos tase) ou d’Ac détectés en ELISA : - Ac anti-cardiolipine (IgG et IgM) ;
- Ac anti-(32GP 1 (IgG et IgM).
6.3. Facteur rhumatoïde * Le facteur rhumatoïde (FR) est une IgM dirigée contre le fragment constant (« Fc ») des IgG. * Le FR est positif dans diverses situations et pathologies : - polyarthrite rhumatoïde (80 % des cas mais 30 % seulement au début de la maladie) ; - autres MAI, notamment le syndrome de Sjôgren ;
- chez les sujets sains, notamment après 65 ans.
6.4. Ac anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) * Les ANCA sont utiles au diagnostic et au suivi des vascularites des petits vaisseaux (vascularites associées aux ANCA).
* Ils sont d’abord détectés par technique d’IFI et en cas de positivité, on détermine leur cible antigénique par une technique complémentaire.
* On distingue 2 aspects de fluorescence : - les cANCA, de fluorescence cytoplasmique, qui correspondent généralement à des Ac antiprotéinase-3 (PR3), très spécifiques de la granulomatose avec polyangéite (GPA = ex-maladie de Wegener) ;
- les p ANC A, de fluorescence périnucléaire, qui correspondent le plus souvent à des Ac antimyélopéroxydase (MPO) qui sont moins spécifiques et présents dans la polyangéite microscopique et la
granulomatose éosinophilique avec polyangéite (ex-Churg-Strauss).
6.5. Autres auto-anticorps * Les anticorps anti-peptides cycliques citrullinés (CCP) sont très spécifiques du diagnostic de polyarthrite rhu matoïde (95 %). Leur sensibilité est de 70 % Ils peuvent être détectés avant l’apparition de la maladie. Ils sont prédictifs de la survenue de lésions érosives. Ils n’ont pas d’intérêt pour le suivi.
* Les Ac anti-thyroperoxydase (TPO) sont pratiquement constants dans la thyroïdite de Hashimoto (titres élevés) et très fréquents dans la maladie de Basedow (75 %).
* Les Ac anti-thyroglobuline (TG) sont un peu moins sensibles et exceptionnellement isolés. A faire si Ac anti-TPO négatifs mais forte suspicion de thyroïdite auto-immune. Ils ne sont pas spécifiques.
* Les Ac anti-récepteur de la TSH (TRAK) sont sensibles : présents à titres élevés dans 90 % des cas de maladie de Basedow, et spécifiques : leur présence est rare dans les autres thyroïdites et exceptionnelle chez les sujets sains. 11 existe une corrélation entre leur titre avec l’activité de la maladie : ils sont donc utiles au suivi thérapeutique.
* Les Ac anti-estomac se rencontrent au cours de la maladie de Biermer : - Ac anti-cellules pariétales gastriques ; - Ac anti-facteur intrinsèque.
* Les Ac anti-peau sont associés aux maladies bulleurs auto-immunes : - les Ac anti-substance intercellulaire (inter-kératinocytaires) définissent le groupe des pemphigus ; - les Ac anti-membrane basale de la peau (dirigés contre la jonction dermo-épidermique) se rencontrent dans le groupe des pemphigoïdes.
* Les Ac associés au diabète de type Isont : - les Ac anti-Glutamic Acid Decarboxylase (anti-GAD); - les Ac anti-IA-2, dirigés contre une protéine tyrosine-phosphatase des îlots de Langerhans ; - les Ac anti-insuline.
* Les Ac anti-récepteur de l’acétylcholine sont spécifiques de la myasthénie mais leur sensibilité est moyenne en cas de forme oculaire pure alors quelle est élevée en cas de myasthénie généralisée. Leur titre est corrélé à l’activité de la maladie donc utile au suivi.
* Les Ac anti-transglutaminase d’isotype IgA sont utiles au diagnostic de maladie coeliaque. Leur titre diminue en quelques mois si le régime sans gluten est bien suivi et augmente en cas d’écart de régime. Ils sont donc utiles au
suivi de la maladie.
- Principes de prise en charge________________________ * L’évolution des MAI est variable selon le type de pathologies. En l’absence de traitement, 1 évolution des MAI est souvent imprévisible, faite de poussées entrecoupées de rémissions plus ou moins longues. De plus, pour une même pathologie, les organes touchés peuvent varier d’une poussée à l’autre, comme c’est fréquemment le cas dans le lupus systémique.
* Le médecin généraliste joue un rôle fondamental dans la coordination et la prise en charge de la plupart des MAI qui sont chroniques.
* Les principes de prise en charge de la plupart des MAI comportent : - une prise en charge en affection longue durée (ALD) exonérante, ou affection exonérante hors liste ; - arrêt du tabac, contrôle des facteurs de risques cardiovasculaires ; - activité physique à encourager ; - alimentation (normale, équilibrée, limiter les apports en sel et en sucres comme dans la population générale) ; - prévention des infections.
* Le traitement des MAI est souvent complexe et associe un traitement de fond visant à contrôler la réponse immu nitaire (corticoïdes, immunosuppresseurs classiques et/ou biothérapies), et un traitement symptomatique propre à chaque pathologie.
* Il existe des centres de références maladies rares pour de nombreuses MAI, ce qui permet d’améliorer la prise en charge des patients, et de proposer une éducation thérapeutique qui est utile dans ces affections chroniques (voir item 22 -Maladies rares, et item 324 - Education thérapeutique, observance et auto-médication). Des protocoles nationaux de diagnostic et de soins (PNDS) font la synthèse de la littérature et proposent des recommandations de prise en charge pour de nombreuses MAL Ils sont disponibles sur le site de la Haute Autorité de Santé et sont mis à jour régulièrement.
* Dans les MAI spécifiques d’organe, l’approche thérapeutique peut se limiter à pallier l’insuffisance de production de l’organe cible de la maladie : insuline si diabète de type 1, hormones thyroïdiennes si thyroïdite de Hashimoto, vitamine B12 si anémie de Biermer.
* Dans d’autres (polyarthrite rhumatoïde, myasthénie, hépatites auto-immunes), le traitement fait appel à des trai tements spécifiques pour contrôler la réponse immunitaire.
* Dans les MAI systémiques, le traitement spécifique est adapté à la sévérité de la MAI qui dépend de l’existence d’atteinte d’organes dont le dommage peut entraîner un risque vital ou fonctionnel important (rein, système ner veux, coeur, appareil digestif).
* Plus la MAI est sévère, plus le traitement sera intense. * Au cours de nombreuses MAI systémiques, il existe deux phases de traitement : - le traitement d’induction de la rémission ; - le traitement d’entretien qui vise à éviter la survenue de rechutes car les MAI ont généralement une évolution chronique.
* Le traitement de fond fait souvent appel à la corticothérapie générale (prescrire des corticoïdes par voie générale ou locale) (voir item 330 - Prescription des corticoïdes).
* Un traitement immunosuppresseur synthétique ou une biothérapie peut être introduite : - d’emblée en cas de forme sévère ; - dans un second temps pour diminuer la dose des corticoïdes, notamment en cas de survenue d’effet indésirables cortico-induits. On parle de stratégie d’épargne en corticoïdes.
* En cas d’échec du traitement, il faudra s’interroger sur l’auto-observance (évaluation de l’observance thérapeu
tique).
Un déficit immunitaire correspond à un défaut quantitatif ou fonctionnel d’au moins une des composantes du système immunitaire (immunité innée comprenant le système du complément, immunité adaptative humorale, immunité adaptative cellulaire). On distingue les déficits immunitaires héréditaires ou primitifs (DIP), qui sont d’origine génétique et rares, des déficits immunitaires secondaires ou acquis qui sont plus fréquents chez l’adulte
(Tableau 1).
Le déficit immunitaire commun variable (DICV) est un syndrome correspondant à un groupe hétérogène d’af fections caractérisées par un déficit profond en anticorps (notamment IgG et IgA). Les mécanismes physiopa thologiques impliqués sont mal connus. Plusieurs mécanismes moléculaires impliquant differents gènes ont été
identifiés mais la majorité des DICV n’a pas à ce jour d’identification moléculaire.
- Epidémiologie des déficits immunitaires_____________ * Les déficits immunitaires acquis sont plus fréquents que les DIP. Plus l’âge est élevé, plus la probabilité d’un déficit immunitaire acquis est importante.
* De plus, de nombreux états très fréquents, pathologiques (dénutrition (dénutrition/malnutrition), insuffisance rénale, diabète…), physiologiques (grossesse, vieillissement) ainsi que certaines intoxications (alcoolisme, taba gisme), sont associés à une altération de la réponse immunitaire.
* Les DIP sont des maladies rares. Ils sont généralement révélés durant l’enfance, mais ils peuvent aussi se révéler à l’âge adulte.
* Le déficit isolé en IgA et le DICV sont les DIP humoraux les plus fréquents. Le DICV est le plus souvent diagnos
tiqué à l’adolescence ou chez l’adulte jeune mais les premiers symptômes remontent souvent à l’enfance.
. Diagnostic positif : évoquer le diagnostic de déficit immunitaire chez l’enfant et l’adulte
A 3.1. Terrain * L’étude du terrain est essentielle au diagnostic de déficit immunitaire. * En faveur d’un DIP : - antécédents familiaux de DIP ; - consanguinité ; - syndrome malformatif ; - l’étude de l’arbre généalogique est essentielle pour identifier le mode de transmission du DIP en cause.
* En faveur d’un déficit immunitaire secondaire : - traitements (corticoïdes, immunosuppresseurs, chimiothérapie) ;
- antécédents : infection parle virus de l’immunodéficience humaine (VIH), diabète, néphropathie, hémopathie…
3.2. Signes cliniques des déficits immunitaires * Les signes cliniques des déficits immunitaires sont la conséquence de la perte d’une ou plusieurs des fonctions du système immunitaire (Tableau 1). La perte de la fonction de lutte contre les infections n’est pas forcément celle qui s’exprime en premier, notamment dans le DICV.
3.2.1. Fonction de lutte contre les infections
* L’altération de la fonction de lutte contre les infections aboutit à des infections récurrentes, plus fréquentes, plus graves, durant plus longtemps que dans la population générale ou à germe inhabituel (infections opportunistes).
* Le type d’infection renseigne sur la composante du système immunitaire atteinte, par exemple : - des infections pyogènes (bactéries extra-cellulaires, responsables d’infections de la peau et des muqueuses et d’infections digestives à entérobactéries) ou fongiques (infections aspergillaires, candidoses systémiques…) sont évocatrices de déficit de l’immunité innée et notamment de neutropénie (agranulocytose). L’illustration classique est l’angine fébrile nécrotique non pultacée chez un enfant ou un adulte jeune en relation avec une
neutropénie (donc pas de « pus ») révélatrice d’une leucémie aiguë ;- des infections à répétition des voies aériennes supérieures (otites, sinusites) et/ou inférieures (bronchites, pneumopathies) à bactéries encapsulées (Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzaé) évoquent un déficit de l’immunité humorale ; une toux chronique peut traduire une dilatation des bronches secondaires à des infections broncho-pulmonaires répétées ;
- certaines infections digestives sont évocatrices (infection à Giardia, salmonelles) ; - des infections à germes encapsulés, notamment les méningites à Neisseria meningitidis, sont aussi évocatrices de déficit en une protéine du système du complément : voie finale commune (complexe d’attaque membranaire), protéine régulatrice de la voie alterne (properdine) ;
- certaines infections dites opportunistes (toxoplasmose cérébrale, cytomégalovirus, Pneumocystis jiroveci, cryptococcose, mycobactéries dont la tuberculose) sont évocatrices d’un déficit de l’immunité cellulaire. Ces infections sont souvent révélatrices d’une infection par le VIH à l’origine d’une baisse des lymphocytes T CD4+ (découverte d’un diagnostic positif dépistage rapide VIH) ;
- des infections à germes encapsulés ou à entérobactérie sont aussi observées en cas de splénectomie ou d’asplénie
fonctionnelle.
3.2.2. Fonction de tolérance du soi * L’altération de la fonction de tolérance du soi conduit à une fréquence accrue de maladies auto-immunes, notam ment des cytopénies auto-immunes, granulomatoses ou entéropathies chroniques dans le cadre des déficits immunitaires humoraux comme par exemple dans le DICV.
A 3.2.3. Fonction de lutte anti-tumorale * La fonction de lutte anti-tumorale aboutit à une fréquence accrue de néoplasies, notamment des hémopathies lymphoïdes en cas de déficit de l’immunité humorale comme par exemple dans le DICV.
* Chez l’enfant, l’ensemble de ces manifestations peut aboutir à une anomalie de croissance staturo-pondérale
(retard de croissance) (anomalie de la croissance staturo-pondérale).
Signes biologiques évocateurs de déficit immunitaire * Un déficit immunitaire peut être évoqué devant une anomalie de l’hémogramme (interprétation de l’hémo gramme).
* L’hémogramme peut montrer directement des signes biologiques de défaut immunitaire (anomalie des leuco cytes) : - une neutropénie aiguë est évocatrice en premier lieu d’une cause médullaire (leucémie, chimiothérapie anti tumorale, agranulocytose toxique, radiothérapie), toxique ou infectieuse ;
- une neutropénie chronique, après avoir écarté une origine auto-immune ou de margination, peut évoquer un DIP de type neutropénie congénitale notamment chez l’enfant ;
- une lymphopénie inférieure à 1000/mm3 fait évoquer un déficit immunitaire cellulaire. La réalisation d’un immunophénotypage lymphocytaire (T, B et NK) peut permettre de préciser les sous-populations lymphocytaires déficitaires; de nombreuses causes secondaires de lymphopénie (Tableau 2) doivent être évoquées chez l’adulte.
* L’hémogramme peut montrer une cytopénie de mécanisme auto-immun ou lymphoprolifératif : une anémie (baisse de l’hémoglobine) et/ou une thrombopénie (anomalie des plaquettes), de mécanismes variés, peuvent être rencontrées au cours d’un déficit immunitaire. Il peut s’agir de cause centrale dans le cadre d’un déficit immunitaire secondaire à une hémopathie maligne, ou bien de cytopénies auto-immunes dans le cadre d’un DIP.
* La mise en évidence sur le frottis sanguin (prescription et analyse du frottis sanguin) de corps de Howell-Jolly
évoque une asplénie (anatomique ou fonctionnelle).
L’analyse de l’électrophorèse des protéines sériques (interprétation de l’électrophorèse des protéines sériques) peut déceler une hypogammaglobulinémie (< 5 g/L) dans le cadre d’un déficit immunitaire humoral (Figure 1).
Cause lymphopénie secondaires
Défaut de production Excès de catabolisme
Redistribution Excès de pertes
Autres (multifactoriel ou inconnu)
Tableau 2. CAUSES DE LYMPHOPÉNIE SECONDAIRE Cause
Carence en zinc, dénutrition (dénutrition/malnutrition)
Médicaments (chimiothérapies, corticoïdes, immunosuppresseurs), radiothérapie, infections virales (VIH, CMV, autres), maladies auto immunes (lupus systémique…)
Splénomégalie, granulomatoses (sarcoïdose), Entéropathie exsudative
Autres infections virales et bactériennes, hypercorticisme, insuffisance
rénale chronique, lymphomes
- Signes d’appel évocateurs d’un déficit immunitaire commun variable (DICV)
* Les signes cliniques sont ceux d’un déficit de l’immunité humorale : - infections répétées des voies aériennes supérieures et inférieures à germes encapsulés (sinusites, bronchites, pneumopathies..; toux chronique évoquant une dilatation des bronches ;
- diarrhée chronique en lien avec une infection (Giardia, Salmonella, Campylobacter) ou une lymphoprolifération ; - maladies auto-immunes, notamment des cytopénies auto-immunes (anomalie des plaquettes : thrombopénie dans le cadre d’un purpura thrombopénique immunologique ; baisse de l’hémoglobine dans le cadre d’une anémie hémolytique auto-immune) ;
- granulomatose ressemblant à une sarcoïdose ; - hémopathies lymphoïdes malignes (lymphomes) révélées par un syndrome tumoral (adénopathie (adénopathies unique ou multiples), splénomégalie, hépatomégalie), une anomalie de l’hémogramme (interprétation de l’hémogramme) ou une diarrhée pour un lymphome du grêle (MALT : mucosal associated lymphoid tumor).
* Biologiquement, le diagnostic est évoqué devant une hypogammaglobulinémie sur l’électrophorèse des pro téines sériques (interprétation de l’électrophorèse des protéines sériques).
* La mise en évidence de cette hypogammaglobulinémie peut être : - soit fortuite (électrophorèse des protéines sériques réalisée pour un autre motif ou en bilan pré-thérapeutique d’instauration d’un traitement immunosuppresseur dans le cadre d’une maladie auto-immune par exemple) ; - soit devant des signes cliniques évocateurs de déficit de l’immunité humorale listé ci-dessus.
* Le diagnostic de DICV est posé après exclusion des causes d’hypogammaglobulinémie secondaire (voir infra).
- Complications des traitements immunosuppresseurs * Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)), sans appartenir à la classe des immunosuppresseurs à proprement parler, altèrent l’immunité innée avec un risque majoré d’infection à germe pyogène ou de complication grave d’une infection à pyogène (exemple : phlegmon amygdalien compliquant une angine bactérienne) (voir item 330 - Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes chez l’adulte et chez l’enfant).
* Les corticoïdes (prescrire des corticoïdes par voie générale ou locale) altèrent l’immunité innée, humorale et cellulaire. Le risque infectieux dépend de la dose quotidienne et de la dose cumulée reçue. Les corticoïdes exposent essentiellement à un risque accru d’infections à pyogènes tout en masquant l’intensité de la réponse inflammatoire rendant les signes cliniques infectieux souvent pauvres (sigmoïdite « abâtardie » par exemple). Cependant, des infections opportunistes peuvent aussi survenir (voir item 330).
* Les traitements immunosuppresseurs dits « classiques » (azathioprine, cyclophosphamide, mycophénolate mofétil, ciclosporine et inhibiteurs de mTOR), ainsi que les thérapies synthétiques ciblées (médicaments ciblant les voies de signalisation intracellulaires des cellules du système immunitaire : inhibiteurs de la voie JAK-STAT, de SYK…) sont associés à un risque d’infection à germes pyogènes ou opportunistes. Ils peuvent aussi être la cause de neutropénies et de lymphopénies qui augmentent le risque infectieux.
* Les biothérapies exposent elles aussi à un risque d’infections à germes pyogènes, à germes encapsulés ou opportu nistes, variables selon la biothérapie utilisée (voir item 202 - Biothérapies et thérapies ciblées).
* Les chimiothérapies augmentent le risque infectieux par la neutropénie et/ou la lymphopénie qu’ils induisent.