Syndrome douloureux régional complexe Flashcards
Définition
La définition du terme syndrome douloureux régional complexe (SDRC en français et CRPS en anglais pour Complex Regional Pain Syndrome) est récente (1993). C’est pourquoi le terme d’algodystrophie (SDRC de type 1) demeure encore d’emploi courant en France (Reflex Sympathic Dystrophy Syndrome en anglais), ainsi que celui de causalgie (SDRC de type2). Lors d’une localisation au membre supérieur, le terme de syndrome épaule-main reste
souvent employé. Une variété d’autres termes existent, qu’il n’est pas nécessaire de connaître.
Critères
Puisqu’il s’agit d’un syndrome, la définition du SDRC est clinique. On retient comme définition actuelle du SDRC celle de l’IASP (International Association for the Study of Pain) dans sa version de 1999, dit « critères de Budaspest ».
Caractéristiques
Le SDRC correspond un tableau clinique douloureux qui a pour caractéristiques principales:
• une douleur régionale, continue, spontanée ou provoquée, qui paraît disproportionnée en intensité ou en durée par rapport à l’évolution attendue de l’événement déclenchant ;
• cette douleur régionale ne correspond pas à un territoire nerveux périphérique (tronculaire ou radiculaire) ;
• cette douleur peut être associée à des signes cliniques moteurs, sensitifs, sudomoteurs, vasomoteurs, trophiques qui peuvent être inconstants et variables dans le temps.
On distingue le SDRC:
- de type 1 : en l’absence de lésion nerveuse périphérique patente ; ancien terme d’algodystrophie ;
- de type 2 : en cas de lésion nerveuse périphérique patente ; ancien terme de causalgie.
Epidémiologie
- L’incidence annuelle du SDRC (type 1) est faible, estimée entre 5 et 25 pour 100 000.
- Sex-ratio: 3 à 4 femmes/1 homme (sans explication connue).
- Pic de fréquence entre 50 et 70 ans, mais le SDRC est possible à tout âge.
- La cause la plus fréquente est traumatique (40 %).
- Le membre supérieur est plus souvent atteint.
- Il n’est pas reconnu de facteur psychologique prédisposant (anxiété, dépression).
Physiopathologie
La physiopathologie du SDRC est complexe et encore insuffisamment connue ; c’est pourquoi les traitements proposés sont symptomatiques plutôt que curatifs. Il est actuellement établi qu’il existe des dysfonctionnements neurologiques:
• périphériques (inflammation neurogène périphérique) ;
• médullaires (dysfonctionnements sympathiques et sensitifs) ;
• cérébraux (réorganisations fonctionnelles des cortex sensitifs et moteurs). Les phénomènes pathologiques médullaires et cérébraux sont actuellement considérés comme un exemple de plasticité maladaptative.
Les circonstances de déclenchement d’un SDRC peuvent être:
- un traumatisme tendineux, articulaire ou osseux: entorse, tendinite, fracture (poignet ++), intervention orthopédique, immobilisation prolongée d’un membre ;
- une lésion neurologique centrale: accident vasculaire cérébral (AVC ++), traumatisme crânio-encéphalique, lésion médullaire ;
- une lésion neurologique périphérique: compression ou plaie d’un tronc nerveux (syndrome du canal carpien…) ;
- plus rarement une lésion viscérale: infarctus du myocarde, péricardite.
Il n’y a pas de corrélation entre la gravité du facteur déclenchant
et la gravité du SDRC.
Dans 5 à 10 % des cas, aucun facteur déclenchant n’est retrouvé.
Signes cliniques
- La douleur est le symptôme central du SDRC.
- Les autres signes sont inconstants et s’associent de façon variable.
- La symptomatologie du SDRC est fluctuante (chez un même patient).
- Aucun des signes cliniques n’est spécifique du SDRC.
L’utilisation de critères diagnostiques internationaux standardisés, tels que les critères de Budapest (International Association for the Study of Pain, 1999), permet de rendre très
sensibles (99 %) et relativement spécifiques (68 %) les résultats de l’interrogatoire et l’examen clinique. Leur utilisation courante reste à développer et nécessite l’usage d’une check-list. On retiendra de ces critères:
• qu’un SDRC se caractérise par une douleur continue, qui est disproportionnée au regard de tout événement déclenchant connu ;
• que la probabilité diagnostique de SDRC augmente avec la diversité et le nombre des symptômes ;
• que la certitude diagnostique nécessite l’élimination de toute autre cause ou pathologie explicative.
Le SDRC possède une symptomatologie évolutive:
- tous les signes cliniques peuvent fluctuer au cours du temps ;
- la description classique d’évolution en trois phases (aiguë ou chaude, dystrophique ou froide, atrophique ou séquellaire) n’est pas retrouvée dans les études cliniques mais reste souvent utilisée.
La prédominance de certains signes peut orienter le traitement symptomatique:
- patients avec signes neuropathiques dominant: douleur avec hyperalgésie, allodynie, hyper- ou hypoesthésie ;
- patients avec signes « sympathiques » dominants: œdème, signes vasomoteurs, signes sudomoteurs, signes trophiques ;
- patients avec une forme floride (addition des deux formes précédentes).
Il existe des formes cliniques remarquables:
- syndrome épaule-main de l’hémiplégique : favorisée par les troubles de la sensibilité liée à l’AVC, l’hypotonie musculaire autour de l’épaule et du poignet (microtraumatismes répétés) ;
- capsulite rétractile, pouvant évoluer vers une « épaule gelée » : forme localisée à l’épaule souvent dans un contexte de pathologie dégénérative de l’épaule ;
- syndrome épaule-main post-infarctus du myocarde ;
- SDRC de la hanche : contexte de grossesse fréquent ; diagnostic clinique difficile : intérêt de l’IRM ;
- formes récidivantes et formes familiales (susceptibilité génétique).
Le pronostic d’un SDRC est difficile à établir car la grande majorité des SDRC régressent en quelques semaines voire quelques mois, mais:
- certaines formes sont hyperalgiques avec un tableau douloureux chronique majeur, très invalidant et répondant mal aux traitements ;
- certaines formes ont des durées d’évolution très longues: plusieurs années ;
- des séquelles définitives sont possibles: enraidissement et limitations articulaires, douleurs chroniques, séquelles motrices (dystonie).
Ainsi, face à un patient présentant un SDRC débutant:
- il faut expliquer le SDRC (symptomatologie, évolution, prise en charge), car la pathologie est inconnue du public, avec un contexte de complication douloureuse chronique inattendue pour le patient ;
- en l’absence de facteurs pronostiques fiables, il convient de ne pas annoncer à un patient une guérison, dans plusieurs mois ou années, avec ou sans séquelles.