Lexique 1 Flashcards
J’ai aimé ça au boutte! : J’ai aimé ça beaucoup !
Même si la langue française offre des dizaines de synonymes à l’adverbe beaucoup, les Québécois ont senti le besoin d’en inventer plusieurs autres. À l’os, à (la) planche, au boutte, au coton, en s’il vous plaît (plus rare) et bien d’autres se sont ainsi joints à la liste d’équivalents de beaucoup.
Toutes ces créations ont donné naissance à des phrases incompréhensibles pour les Français. Par exemple :
«As-tu aimé le film?» «J’ai aimé ça au boutte. Et toi ?» «Au coton.»
Traduction : les deux ont beaucoup aimé le film.
J’ai tripé au boutte
L’utilisation de ces synonymes entraîne souvent la substitution du verbe aimer par le verbe triper, qui signifie éprouver un vif plaisir, kiffer.
Triper sur est synonyme de se passionner pour quelque chose ou sur quelqu’un.
«Je tripe au boutte sur Baudelaire pour sa maîtrise de la langue française.»
Traduction du français au français
Ça va faire ! : That’s enough!
L’expression ça va faire est synonyme de « ça suffit ». Elle sert d’avertissement.
— Ça va faire tes niaiseries. Il serait temps que tu commences à travailler.
— Ça va faire. Si tu ne me paies pas ta part de loyer immédiatement, je te fous à la porte.
Traduction du français au français
Laisser faire : Laisser tomber (let it drop)
L’expression laisser faire est synonyme de « laisser tomber ». Laisser faire, c’est aussi adopter une attitude qui consiste à ne pas intervenir.
— Laissons faire le passé et passons à autre chose.
— Laisse faire pour cette fois-ci, mais la prochaine fois, c’est toi qui paieras l’addition.
Traduction du français au français
Faire sa part : To do one’s share
Le verbe faire a de nombreuses fois subi l’influence du to make ou tu to do anglais. Par exemple, l’expression faire sa part est considérée comme un calque de l’anglais : to do one’s part, to do one’s share. Faire sa part est alors synonyme de « participer, contribuer ».
— Ça serait si simple si chacun faisait sa part.
— Je suis le seul ici à faire ma part. Je pense que je vais faire la grève.
Traduction du français au français
Accoutumer : habituer à faire, à supporter.
« Depuis cinq ans qu’il vit au Québec, il s’est accoutumé à l’hiver. »
Traduction du français au français
Allo! : Salut! (se dit en personne au Québec, pas seulement au téléphone)
— Allo Julien!
En effet allo s’utilise au Québec comme salut en France.
Allo est employé sur un ton plus cordial, plus chaleureux que salut ou bonjour. D’ailleurs, allo est souvent le premier mot de salutation appris par les petits. C’est probablement pourquoi allo possède une connotation si positive. Par contre, lors d’une entrevue d’embauche ou d’une rencontre avec son banquier, il est préférable de dire « bonjour ».
Traduction du français au français
La facture : L’addition
— La facture s’il te plaît!
Bon à savoir au restaurant : « l’addition » s’appelle « facture » de l’autre côté de l’Atlantique!
Effectivement, au Québec, le mot facture s’applique aussi à la restauration et à l’hôtellerie. Nous avons donc le déplaisir de recevoir des « factures » d’électricité et des « factures » de restaurants.
Traduction du français au français
Blonde et chum
— Je te présente Laurence, ma blonde.
— Voici Olivier, mon chum.
Ne déduisez pas que la chevelure de Laurence est de la couleur des blés. Elle peut tout à fait être brune ou rousse. Votre sourcil gauche forme un accent circonflexe interrogateur? Blonde c’est la petite amie au Québec. Et chum, le petit copain.
Les mots blonde et chum sont d’un usage très courant au Québec. Ils sont si communs que les Québécois sont surpris de découvrir que les sens de ces deux mots sont incompris par les autres francophones.
Traduction du français au français
Fin de semaine
Nous utilisons fin de semaine comme synonyme de week-end. Toutefois, au cours des dernières années, le terme week-end a gagné beaucoup de terrain au Québec. Week-end et fin de semaine sont presque au coude à coude.
Nous disons « Que fais-tu en fin de semaine? » à la place de « Que fais-tu cette fin de semaine? »
Traduction du français au français
C’est pas si pire que ça
L’utilisation québécoise du mot pire a de quoi surprendre plusieurs francophones. En effet, pire est parfois employé comme un simple synonyme de mauvais, et non pas comme un superlatif.
Par exemple, un film peut être pas si pire ou «pas trop pire». Dans ce cas, le film n’est pas trop mauvais. Il est passable.
— Alors, le souper au resto ? Pas si pire, mais j’aimais mieux l’ancien chef.
— As-tu aimé le dernier Spiderman? Oui, c’était pas si pire.
Pire, pour exprimer une émotion
On peut aussi utiliser «pire» pour exprimer comment l’on se sent. Pire signifie alors «pas trop mal».
— Alors, comment ça va? Pas si pire.
— Depuis mon opération, ça va pas si pire.
Pas pire pantoute
La locution pas pire, sans le «si», veut dire assez, bien, pas mal du tout.
— Comment s’est déroulée ton entrevue? Pas pire, pas pire!
— Comment va la vie? Pas pire pantoute.
Pantoute est un adverbe qui signifie pas du tout, du tout ou aucunement. Il renforce habituellement une autre négation. Nous combinons souvent « pas pire » et « pantoute ».
— As-tu aimé rencontrer les parents de ta nouvelle amoureuse? Pantoute.
— Ça ne me dérange pas pantoute.
— Aimerais-tu travailler pour ton beau-père? Pas pantoute.
Traduction du français au français
J’ai donc de la misère
La populaire expression québécoise avoir de la misère est synonyme d’éprouver de la difficulté à accomplir une tâche, à terminer une activité.
— J’ai de la misère à rester sur mes skis.
— J’ai donc de la misère à comprendre le québécois.
— Depuis quelque mois, j’ai de la misère à lire sans mes lunettes.
— J’avais trop de misère à réparer le drain. Je me suis résigné à engager un plombier.
Il existe aussi la version « j’ai toutes les misères du monde » que l’on pourrait qualifier de superlative. « J’ai toutes les misères du monde à boucler les fins de mois avec mon salaire de crève-faim. »
Traduction du français au français
Top 20 des mots québécois qui n’ont pas le même sens en France
1 — Baccalauréat
Baccalauréat : « diplôme universitaire de premier cycle » au Québec; « diplôme de fin d’études secondaires » en France.
2 — Bienvenue
Bienvenue : « de rien, je vous en prie, il n’y a pas de quoi » au Québec (traduction littérale du welcome anglais); « je vous souhaite la bienvenue » en France.
À la fin d’un repas au restaurant :
— C’était très bon. Merci, dit le client.
— Bienvenue, répond le serveur.
— ???, pense le Français.
3 — Bleuet
Bleuet : « myrtille » au Québec; « petite fleur bleue » en France.
4 — Brosse
Brosse : (dans l’expression prendre une brosse ou partir sur une brosse) « cuite » au Québec; « outil garni d’un assemblage de filaments, de poils, pour nettoyer ou pour se coiffer » en France (et aussi au Québec).
« Jules est parti sur une longue brosse depuis son divorce. Il ne travaille plus, ne se lave plus et ne coiffe plus. »
5 — Catin
Catin : « poupée » au Québec; « prostitué » ou « fille de la campagne » en France.
« J’ai offert une catin à mon filleul. Je voulais voir sa réaction. »
6 — Chaudière
Chaudière : « seau » au Québec; « appareil de chauffage central » en France (et aussi au Québec).
« J’ai renversé la chaudière pleine d’eau savonneuse sur le tapis. Moi qui voulais tout nettoyer, j’ai tout sali à la place. »
7 — Chialer
Chialer : « se plaindre, se lamenter, geindre » au Québec; « pleurer » en France.
« Plus jamais je ne voyagerai avec Jules. Il a chialé pendant toute la semaine que nous avons passée à Paris. »
8 — Culotte
Culotte : (employé au pluriel) « pantalons » au Québec ; « sous-vêtement » en France (et aussi au Québec).
« Jules ne remarque jamais quand je porte de nouvelles culottes. »
9 — Déjeuner
Déjeuner : « repas du matin, petit déjeuner » au Québec; « repas de midi » en France.
10 — Être choqué
Être choqué : « être fâché, être en colère » au Québec; « être en état de choc émotionnel » en France.
« Mon père est choqué en permanence. Tout l’irrite, même son dermatologue. »
11 — Foufounes
Foufounes : « fesses » au Québec; « parties génitales féminines » en France.
« Mon nouveau copain a de belles foufounes. »
12 — Gosse
Gosse : « testicule » au Québec; « enfant » en France.
« J’ai joué avec mes gosses tout le week-end. Je suis épuisé. »
13 — Gugusse
Gugusse : « babioles » au Québec; « personne bizarre » en France (et aussi au Québec).
« Mon garage est plein de gugusses inutiles. Je n’ai même plus de place pour garer ma voiture. »
14 — Liqueur
Liqueur : « boisson gazeuse » au Québec; « boisson alcoolisée » en France (et aussi au Québec).
« Mon petit garçon de deux ans adore la liqueur. Il en demande sans cesse. »
15 — Tapisserie
Tapisserie : « papier peint » au Québec ; « ouvrage textile que l’on tend sur un mur » en France (et aussi au Québec).
« On doit arracher l’ancienne tapisserie dans notre nouvelle maison. Elle est toute jaunie et les coins décollent.»
16 — Brocheuse
Brocheuse : « agrafeuse » au Québec; « machine destinée à brocher les livres » en France (et aussi au Québec).
17 — Chicane
Chicane : « querelle ou dispute » au Québec; « passage en zigzag » en France (et aussi au Québec).
« Malgré la perte d’influence de l’Église, on vit encore des chicanes de clochers (des rivalités entre les municipalités). »
18 — Linge
Linge : « vêtements » au Québec; « pièces de tissu destinées à des usages domestiques ou vestimentaires, linge de corps » en France (et aussi au Québec).
« Julie sait se mettre en valeur. Elle porte toujours du beau linge. »
19 — Lunatique
Lunatique : « distrait, dans la lune » au Québec; « capricieux, imprévisible, déconcertant » en France.
« Le petit Jules est charmant avec son petit côté lunatique. Il est si doux. »
20 — Avoir le feu au cul
Avoir le feu au cul: « être furieux » au Québec; « être stimulé sexuellement » en France.
« Je suis épuisé. Ma copine a toujours le feu au cul. » (Cette phrase peut être interprétée de façon complètement différente selon qu’on est Québécois ou Français.)
Traduction du français au français
C’est le bout de la marde! : C’est incroyable !
Contre toute attente (et peut-être même contre tout bon sens) l’expression québécoise c’est le bout de la marde veut dire « c’est incroyable, c’est le comble ». Elle sert aussi à marquer l’étonnement et devient alors l’équivalent de « je n’en reviens pas ».
— Ben, c’est le bout de la marde! Trump a des chances d’être réélu.
— Perdre sa job le jour de son anniversaire, je trouve que c’est le bout de la marde.
— En marketing, on s’imagine qu’écrire les slogans en anglais, c’est le bout de la marde, qu’il n’existe rien de plus créatif. Moi, je trouve plutôt que ça ne vaut pas de la marde.
Traduction du français au français
Ne pas valoir de la marde
Quant à l’expression ne pas valoir de la marde, elle est plus facile à déduire. Elle signifie « ne pas valoir un clou ».
— Leur service à la clientèle ne vaut pas de la marde. Ils ne font même pas semblant de prendre les plaintes.
— Ça ne vaut pas de la marde, cette patente-là. (Patente : un mot générique très utile pour désigner un objet difficile à nommer ou à décrire, un bidule, un zinzin.)
Le mot marde, l’équivalent québécois du mot français merde, se retrouve au cœur de nombreuses expressions québécoises fort imagées. Il va sans dire que toutes ces tournures relèvent d’un registre très familier, souvent vulgaire.
Traduction du français au français
Être fou comme de la marde : To be batshit crazy
Le sens de la curieuse expression être fou comme de la marde est presque impossible à déduire pour un néophyte des expressions québécoises. Elle signifie « être vraiment très excité » ou « être incontrôlable ». Elle se traduit en anglais par batshit crazy. Toutefois, batshit crazy est une coche plus intense (coche signifie « degré »).
Fou comme de la marde peut aussi bien décrire une personne extrêmement heureuse que complètement dingue ou qui vient de disjoncter. Il faut se fier au contexte pour savoir quel sens lui donner.
— Quand Jules était jeune, il était fou comme de la marde. Cela a pris du temps, mais il a enfin gagné en maturité.
— J’ai été vraiment surpris de voir ma grand-mère dans un film documentaire des années 1960. On la voit folle comme de la marde quand les Beatles sont venus à Montréal. Ça ne ressemble pas du tout à la femme réservée qui nous reçoit à Noël.
— Mon nouveau collègue me fait peur. Il est fou comme de la marde. Je ne comprends pas comment les RH n’ont pas vu ça.
Le mot marde, l’équivalent québécois du mot français merde, se retrouve au cœur de nombreuses expressions québécoises fort imagées. Il va sans dire que toutes ces tournures relèvent d’un registre très familier, souvent vulgaire.
Traduction du français au français
10 emplois québécois du mot fou
Le sens premier du mot fou est similaire des deux côtés de l’Atlantique. Un Québécois fou et un Français fou sont donc également dérangés.
Toutefois, le mot fou se retrouve dans plusieurs expressions québécoises dont le sens peut échapper aux Français. Ces expressions existent bel et bien, et ceux qui les utilisent ne sont pas des fous.
Nous vous invitons à explorer dix emplois québécois du mot fou.
See Traduction du français au français
Le fucké québécois : défectueux etc.
— Mon disque dur est complètement fucké. Et je n’avais pas fait de sauvegarde
Au Québec, le mot fucké signifie «avoir l’esprit dérangé», «être excentrique, être original» ou «défectueux» pour un objet.
Bien que le mot fucké (prononcé « foké ») soit de registre très familier, nous avons décidé de lui consacrer un article, car de nombreux lecteurs nous ont posé des questions sur ce terme ambigu.
Même s’il tire son origine de l’anglais « fuck », le mot fucké n’est pas aussi vulgaire que son équivalent anglophone. Toutefois, le fucké québécois ne s’utilise que dans un registre familier.
Les trois sens de l’adjectif fucké
Le mot fucké est habituellement employé comme adjectif. Il possède alors trois sens différents, parfois difficile à discerner pour un non-Québécois.
- Être fucké signifie parfois « avoir l’esprit dérangé ».
— Mon nouveau coloc (colocataire ) est complètement fucké. Je n’aurais jamais signé un bail avec lui si je l’avais su. J’ai vraiment hâte de déménager. - Être fucké peut aussi vouloir dire « être excentrique, être original ».
Et si quelqu’un ou quelque chose est vraiment très excentrique et un peu cinglé, nous les qualifierons probablement de « capotés ».
— Mon nouveau coloc est complètement fucké. On ne s’ennuie pas une seconde avec lui.
Lorsqu’il signifie « excentrique », l’adjectif fucké peut décrire aussi bien une personne qu’une chose. Par exemple, un réalisateur et son film peuvent être tous les deux fuckés. Le film et le réalisateur sortent alors de la norme.
— Je suis allé voir le dernier film de Pedro Aldomovar. Il est un peu fucké, ce gars-là. En tout cas, c’était bien trop fucké pour moi.
- Fucké indique aussi qu’un objet est défectueux.
La langue étant une chose subtile, les nuances s’accumulent. En effet, un film fucké peut être un film avant-gardiste, éclaté, mais un objet fucké, comme un ordinateur, est en général déréglé, détraqué.
— Mon disque dur est complètement fucké. Et je n’avais pas fait de sauvegarde !
Même des choses impalpables peuvent être fuckées, c’est-à-dire détraquées ou malsaines.
— Hier, j’ai quitté Jules. Notre relation de couple était pas mal trop fuckée pour moi.
Il n’existe pas de règles absolues pour savoir si fucké signifie « original », « malsain » ou « défectueux ». Il faut se fier au contexte pour découvrir le sens approprié.
Traduction du français au français
Fucker le chien
L’expression fucker le chien est d’un niveau très familier, mais elle n’exprime rien de vulgaire. Elle signifie simplement « avoir du mal à faire quelque chose, déployer des efforts inutiles, perdre son temps à faire quelque chose ».
L’expression fucker le chien est probablement l’une des expressions québécoises qui déroutent le plus nos cousins de la francophonie, surtout ceux qui parlent aussi anglais.
Il faut absolument éviter de faire une traduction littérale de cette expression.
— J’ai perdu mon samedi à essayer de réparer le robinet de la cuisine. J’aurais dû appeler un plombier plutôt que de fucker le chien tout l’après-midi.
— J’ai fucké le chien pendant trois heures et je n’ai pas réussi à redémarrer mon disque dur.
Il existe une version française à cette expression : fourrer le chien, mais elle est beaucoup plus rare.
L’expression fucker le chien est synonyme de gosser un amusant verbe québécois à découvrir.
Traduction du français au français
Tiguidou : Excellent, parfait, très bien
Certains préfèrent diguidou.
— Enfin! La banque a approuvé notre financement. Tout est tiguidou.
— Ne t’en fais pas. C’est pas si pire que ça (pas si mal). Tout va être tiguidou. Fais-moi confiance.
— J’ai changé le tuyau de ta laveuse (lave-linge) et ça ne coule plus. C’est tiguidou.
Tiguidou laï laï
Certains Québécois ajoutent des extensions à tiguidou, comme tiguidou laï laï (prononcer « tiguidou laille laille »). Cet ajout n’en modifie en rien le sens. Ce complément n’apporte qu’une sonorité amusante pour rendre l’adverbe encore plus chantant, avec deux rebonds de plus.
— Ma vie va mieux. J’ai arrêté de boire, trouvé une nouvelle job, payé mes dettes. Tout est tiguidou laï laï.
Traduction du français au français
Écœurant : Formidable où dégutant
Au Québec, et plus particulièrement à Montréal, le mot écœurant exprime plusieurs réalités contradictoires.
Le mot écœurant est véritablement un mot schtroumpf. Il possède plusieurs sens et prend la signification que veut bien lui donner la personne qui parle.
Écœurant peut être synonyme de « très bon, formidable, extraordinaire », mais il peut aussi vouloir dire « mauvais, dégoûtant, répugnant ». Écœurant sert aussi à désigner un salaud, un enfoiré.
Pour bien comprendre le sens du mot écœurant, nous devons donc absolument nous fier au contexte et à l’intonation du locuteur.
« La ville va être écœurante dans trois ans. Mais c’est sûr qu’il faut faire des sacrifices entre-temps. »
— Denis Coderre, maire de Montréal
Dans la déclaration du maire Denis Coderre (alors maire de Montréal, écœurante signifie « formidable », du moins nous l’espérons.
Le film était écœurant
Un film écœurant peut être super bon, comme il peut être dégoûtant.
— Le film était écœurant. Il faut absolument que tu le voies.
— Le film était écœurant. J’ai perdu ma soirée.
On peut aussi voir un film écœurant accompagné d’un écœurant. Dans ce cas, deux moins ne font pas un plus. Ainsi, le film peut avoir été très bon ou très mauvais.
Traduction du français au français
Un autre tantôt : Une autre fois
La locution québécoise un autre tantôt veut dire plus tard, une autre fois, à un autre moment.
— Je n’ai pas le temps aujourd’hui, on s’en reparlera un autre tantôt.
— Jules est trop fatigué. Il m’a dit qu’il allait lire les recommandations un autre tantôt. D’ici là, on continue comme avant.
Traduction du français au français
Une tête carrée : Canadien anglais
Tête carrée est un terme offensant qui servait à désigner les Canadiens de langue anglaise. Autrefois très populaire, cette insulte se fait de plus en plus rare.
— Je vais arrêter de traiter les Anglais de têtes carrées quand ils arrêteront de nous traiter de frogs.
— Julie préfère sortir avec des têtes carrées plutôt qu’avec des gars de chez nous.
Traduction du français au français
Une couple de piasses : A few dollars
La locution une couple de piasses ne veut pas nécessairement dire « deux dollars », car le mot couple peut signifier « quelque, quelques-uns ». Dans ce contexte, il devient féminin.
Ça m’a coûté une couple de piasses signifie donc « j’ai dépensé quelques dollars, un petit montant ».
— On ne va pas s’engueuler pour une couple de piasses! Franchement!
— Mon mari peut faire de longs détours pour économiser une couple de piasses. J’ai marié un séraphin (radin).
Couple, au sens de « quelques », peut aussi être utilisé dans d’autres contextes.
— Ça va prendre une couple d’heures pour réparer ta voiture.
— Je vais être là dans une couple de minutes.
Traduction du français au français
Pire que pire (de pire en pire) : très mauvais
— C’est pire que pire avec mon fils. Je crains qu’un jour il se retrouve en prison.
— La situation du marché de l’emploi est pire que pire (ou de pire en pire). Du jamais vu depuis 30 ans.
— La congestion routière est pire que pire. Ça me prend deux heures pour aller travailler.
Traduction du français au français
Plus pire : pire que prévu, encore plus terrible
Petite précision, la locution «plus pire» se fait de plus en plus rare.
— Les travaux de rénovation n’ont rien réglé, c’est encore plus pire que c’était.
— Mes douleurs au dos avaient enfin arrêté. Mais elles ont recommencé en plus pire.
— Mes étourdissements (lightheadedness) sont plus pires depuis qu’on a commencé la médication.
Traduction du français au français
Il est crampant / mourant / pissant : une chose ou une personne très amusante ou très drôle
— Les imitations que Jules fait du patron sont vraiment crampantes.
— Mon bébé est crampé chaque fois qu’on lui touche les pieds. Il est vraiment chatouilleux (ticklish).
— J’ai été crampé pendant tout le film. Ça faisait longtemps que je n’avais pas tant ri. C’est quand même étrange pour un drame…
— Je suis allé voir Jules à l’hôpital. Comme à son habitude, il était mourant. Il nous faisait rire avec les tubes qui lui sortaient de partout.
— Si Jules vient à la soirée, on est certain de s’amuser. Il est tellement pissant ce gars-là!
— Je trouve ça pissant qu’un urologue de Toronto s’appelle docteur Pippi-Sallé.
Traduction du français au français
Ustensiles : fourchette, couteau et cuillère. « Laver les ustensiles, les verres et les assiettes après le repas. »
Traduction du français au français
Un char : une voiture
Un char, c’est une automobile, une simple voiture. Le mot char, de registre familier, est d’emploi très courant.
Chauffer son char
Le verbe chauffer est encore très répandu au Québec, alors qu’il semble avoir disparu dans le reste de la francophonie. Par contre, le terme chauffeur est bien en vie partout où l’on parle français.
— J’aime pas ça chauffer mon char au centre-ville.
— Ce soir, c’est toi qui chauffes. Moi, j’ai trop bu.
— Ce que je veux faire plus tard dans la vie? Chauffer des camions.
15 expressions et mots québécois liés aux chars
1 — Peser sur la suce, peser sur le gaz
Pour accélérer en voiture, les Québécois pèsent sur la suce alors qu’en France ils appuient sur le champignon. Pour bien comprendre cette différence, il faut savoir qu’au Québec, le mot suce est synonyme de « tétine pour bébé ».
— Quand j’étais jeune, dès que quelqu’un nous dépassait sur l’autoroute, je criais à mon père de peser sur la suce. Qu’est-ce que je devais être énervant !
Peser sur le gaz est synonyme de peser sur la suce. L’utilisation du mot gaz dans ce contexte est un anglicisme. Le mot anglais « gas » est l’abréviation de gasoline qui se traduit par de l’essence. Nous utilisons aussi l’expression « avoir le pied pesant » pour parler de quelqu’un qui fait de la vitesse.
— Jules a le pied pesant, mais il ne pogne (attrape, écope) jamais de tickets (contraventions).
2 — C’est pas les gros chars
L’expression c’est pas les gros chars est synonyme de « c’est très ordinaire, ce n’est rien d’impressionnant, c’est beaucoup moins que ce à quoi on s’attendait ». Bref, c’est décevant.
— Nous sommes allés au nouveau restaurant en face de la Place des Arts. C’était pas les gros chars, surtout si on considère le prix.
3 — Chauffer son char ben chaud
Voici une phrase dans laquelle le nom, le verbe et l’attribut sont difficiles à comprendre pour un non-Québécois.
Chauffer son char ben chaud signifie « conduire sa voiture en état d’ébriété ». Chauffer signifie « conduire », comme à l’époque des locomotives à vapeur, lorsqu’on devait alimenter le feu du moteur, et être chaud veut dire « être saoul » et char, voiture.
— Jules a perdu son permis en plein confinement. Il s’est fait prendre à chauffer son char ben chaud.
4 — Un bazou
Le mot bazou signifie « vieille voiture, vieille bagnole, tas de ferraille, tacot ». Les termes chignole et vieux clou, synonymes de « mauvaise voiture » en France, ne sont pas utilisés au Québec.
— Je me suis rendu en Gaspésie avec mon vieux bazou. Le prochain défi : revenir à la maison.
5 — Avoir les deux mains sur le volant
L’expression avoir les deux mains sur le volant signifie « être dans la position de celui qui décide, qui prend les choses en main ».
— Ça serait bien d’avoir un patron qui a les deux mains sur le volant. On saurait peut-être où on s’en va !
Cette expression est souvent utilisée avec ironie depuis que le parti Libéral du Québec l’a popularisée durant la campagne électorale de 2008.
6 — La valise est poquée
La valise de la voiture, c’est le coffre arrière. Au Québec, nous plaçons donc nos valises dans la valise.
— Il y a un tarla (idiot) qui a poqué ma valise. Il avait ses pneus d’été en plein hiver. Il n’a pas pu s’arrêter à temps au feu rouge et il m’est rentré dedans (il a embouti ma voiture).
Le verbe poquer signifie « enfoncer une partie de la surface (de quelque chose) à la suite d’un choc ».
Le mot valise peut aussi vouloir dire « personne crédule, facile à duper ».
7 — S’arrêter à la lumière
Au Québec, les feux de circulation sont souvent appelés lumières. Les deux termes sont employés, mais dans la langue parlée, le mot lumière est plus fréquent.
— J’ai dit à la police (policier) que je n’avais pas vu que la lumière était rouge parce que je suis daltonien. Ça n’a pas fonctionné. J’ai quand même eu un ticket (contravention). Un gars s’essaye. (J’ai tenté ma chance.)
8 — Conduire avec les hautes
Conduire avec les hautes « conduire avec les feux de route (phares de nuit) allumés ». Et les « basses » sont les feux de croisement.
— Je déteste ça, croiser des autos qui se promènent en ville avec leurs hautes. Ça m’aveugle et ça m’enrage.
9 — Conduire à reculons
Conduire à reculons, c’est faire marche arrière.
— J’aime pas ça, conduire à reculons. Heureusement qu’on a maintenant des caméras pour nous aider. Mais c’est bizarre de rouler à reculons en regardant devant.
La locution à reculons peut aussi vouloir dire « à son corps défendant » : « J’y vais à reculons. »
10 — Faire du pouce
Faire du pouce, c’est faire de l’auto-stop.
— À cause de la grève des transports en commun, j’ai dû faire du pouce pour me rendre au travail.
— Je rêvais de visiter le Québec sur le pouce (en auto-stop) jusqu’à ce que j’attende quatre heures sur le bord de la 20 (une des grandes autoroutes) sous la pluie. Le charme a cessé d’opérer.
Parfois, on appelle ceux qui font de l’auto-stop des pouceux.
— Quand j’étais jeune, il y avait plus de pouceux sur les routes qu’aujourd’hui.
11 — Avoir ses licences
Le mot licence est un faux ami qui, pour compliquer la compréhension, a trois sens différents : plaques d’immatriculation, permis de conduire et certificat d’immatriculation.
— J’ai mes licences depuis que j’ai 16 ans et je n’ai jamais eu d’accident. Et là, parce que j’ai 80 ans, je dois passer un examen de conduite donné par un petit jeune qui a encore son gras de bébé.
Toutefois, ces emplois du mot licence se font de plus en plus rares.
12 — Service à l’auto
Le Québec aime bien franciser certains mots anglais qui se sont répandus ailleurs dans la francophonie. C’est ainsi que nous préférons service à l’auto ou service au volant à drive-in.
— Pour accroître le taux de vaccination, le gouvernement a décidé d’offrir un service à l’auto pour les vaccins.
13 — Voiture de courtoisie
C’est une voiture de service offerte par un garage ou un concessionnaire le temps que la voiture du client soit réparée ou livrée.
— Au garage, comme voiture de courtoisie, ils m’ont prêté un vieux bazou couvert de rouille. Rien pour inspirer confiance.
14 — Une minoune
Le mot minoune peut prêter à la confusion, car il possède plusieurs significations. Ainsi quelqu’un qui parle de sa minoune peut parler de sa vieille voiture, de son chat ou de sa copine. Il faut se fier au contexte pour tirer les bonnes conclusions.
— J’ai dû me débarrasser ma minoune, le muffler (silencieux) est tombé sur la rue quand j’attendais à une lumière rouge (feux de circulation).
15 — La minifourgonnette
Le mot minifourgonnette, construit avec deux diminutifs, le préfixe mini- et le suffixe -ette, ne désigne pas un très petit véhicule, mais une simple fourgonnette. Ce nom tire son origine du mot anglais minivan. Les Québécois ont gardé mini et lui ont accolé le mot fourgonnette, d’où la présence des deux diminutifs.
16 — Un criard
Au Québec, le mot criard a gagné le sens de klaxon ou de sirène.
Toutefois, ce sont les mots klaxon et sirène qui sont le plus souvent utilisés dans la langue parlée.
— Depuis que je vis au centre-ville de Montréal, j’entend toujours le criard d’un char ( voiture) ou d’un camion. C’est un bruit de fond permanent.
Traduction du français au français
Les mots québécois pour dire « stupide »
La stupidité est un fléau qui touche toutes les sociétés, et chacune d’elles a développé un vocabulaire riche pour décrire les personnes « niaiseuses ».
La créativité linguistique québécoise dans ce domaine est sans limites, comme la bêtise humaine.
1 — Gros colon
Au Québec, au fil du temps, le mot colon a gagné le sens de « fruste, grossier, ignorant ». Avoir l’air colon, c’est donc avoir l’air stupide, arriéré.
— Je m’excuse de te dire cela, mais t’as vraiment l’air d’un gros colon avec ton look de jeune ! Quand est-ce que tu vas accepter que tu n’as plus 20 ans ?
2 — Espèce d’habitant
Traiter quelqu’un d’habitant, c’est une façon non diplomate de lui dire qu’il est grossier, qu’il manque d’éducation. C’est l’équivalent de cul-terreux, plouc.
— J’ai pris (suivi) des cours sur le vin pour avoir l’air moins habitant dans les soirées mondaines. Je ne peux pas dire que ça soit un franc succès. Je pars à rire chaque fois que j’entends « rond en bouche ».
3 — Maudit moron
Le mot moron, synonyme d’« abruti, attardé, idiot », est un emprunt direct du mot anglais moron. Malgré son origine anglaise, nous le prononçons à la française, avec le « on » final fermé.
— Jules est découragé. Sa fille est enceinte d’un vrai moron.
4 — Épais au cube
Un épais, de l’anglais thick, n’est pas seulement quelqu’un qui manque de raffinement, c’est aussi quelqu’un de stupide. Cette injure s’accorde en genre avec la personne qu’il décrit : un épais, une épaisse.
— Dis-moi que tu fais exprès pour être épais de même (comme ça) !
Au cube, en mathématiques, signifie « à la puissance trois ». Donc, dans « épais au cube », cette locution joue le rôle d’un adverbe multiplicateur.
Le mot épais est aussi utilisé dans l’amusante expression être épais dans le plus mince, qui veut dire qu’une personne est épaisse (idiote), même dans ses plus petits racoins (recoins).
5 — Un vrai slomo
Un slomo, ou slowmo, est une création québécoise combinant deux mots anglais : slow et motion, « mouvement ralenti ». Slomo sert à qualifier une personne lente à saisir les instructions. En Europe, on dirait « être long à la détente », « lambin ».
— La réceptionniste à l’hôpital était une vraie slomo. J’ai eu le temps de guérir trois fois avant qu’elle ait fini de remplir la fiche d’inscription.
Le groupe d’humoristes québécois Rock et Belles Oreilles a créé la famille Slomeau, qui a marqué les jeunes du Québec dans les années 1980-1990.
6 — Dur de comprenure
La comprenure, c’est la faculté de comprendre. Toutefois, de nos jours, ce mot est rarement employé seul. On l’utilise habituellement dans l’expression dur de comprenure, pour dire de quelqu’un qu’il est lent à comprendre quoi que ce soit.
— Je n’avais jamais eu autant d’étudiants qui étaient aussi durs de comprenure. Je suis épuisé. L’an prochain, je serai prêt à prendre n’importe quelle autre job, même vidangeur (garbage collector).
Nous utilisons parfois dur de comprenure pour montrer notre exaspération devant l’entêtement de quelqu’un.
7 — À cause tu fais simple de même ?
L’expression très imagée à cause tu fais simple de même est la combinaison de trois tournures québécoises : à cause, synonyme de « pourquoi » ; faire simple, synonyme d’« agir stupidement », « manquer de profondeur ou d’intelligence » ; et de même, qui veut dire « ainsi, de cette façon ». Elle signifie donc : « comment peux-tu être aussi stupide ? »
— T’as roulé sur l’autoroute en plein mois de janvier avec tes pneus d’été. Tu peux bien avoir scrappé (abîmé) ton char (voiture). T’aurais pu te tuer. Non, mais, à cause tu fais simple de même ?
Pour en apprendre plus sur cette expression et sur le groupe Les Colocs qui l’a popularisée, consultez l’article À cause tu fais simple de même ?
8 — Un peu niaiseux
Le mot niaiseux est synonyme de « crétin, imbécile, niais ». À noter que l’usage du mot niaiseux est très fréquent au Québec, alors que niais n’est presque pas utilisé.
Niaiseux peut être un nom ou un adjectif : le niaiseux m’a posé une question stupide ; l’épais m’a posé une question niaiseuse.
— Jules est très beau, et c’est triste à dire, mais il est aussi un peu niaiseux. En fait, pas mal niaiseux.
Pour être moins niaiseux (ignorant) sur ce mot québécois, nous vous invitons à consulter l’article Niaiseux, niaisage et autres niaiseries québécoises.
9 — Sans dessein
En français standard, sans dessein signifie « agir sans but ». Mais en québécois, un sans dessein est un « idiot ». Agir en sans dessein, c’est donc agir en personne stupide.
— Il faut vraiment être sans dessein pour réparer un flat (crevaison) avec de la gomme balloune (chewing gum) et penser que ça va durer !
10 — Le toton par excellence
Le mot toton a plusieurs significations, dont celui de « nigaud, idiot ».
— Quel crisse de toton ! Mon avocat s’est présenté en cours avec les mauvais documents. Même les avocats de la partie adverse avaient de la peine pour moi. Et je le paye 300 dollars de l’heure. Dans le fond, c’est peut-être moi le toton ?
Le nom toton peut aussi désigner un sein. « Voir une gang (bande) de totons » n’est pas la même chose que « voir une paire de totons ».
11 — Il n’a pas inventé le bouton à quatre trous
L’expression il n’a pas inventé le bouton à quatre trous signifie « ne pas être très intelligent, ne pas être débrouillard, être empoté ». C’est l’équivalent de ne pas avoir inventé le fil à couper le beurre, une expression qui est fort peu utilisée au Québec.
— Jules est aussi fort qu’il est stupide. C’est pas lui qui a inventé le bouton à quatre trous.
Comme synonyme, nous utilisons parfois « les lumières sont allumées, mais il n’y a personne à la maison », qui est la traduction littérale de l’expression anglaise the lights are on but no one’s home.
12 — Un twit déconcertant
Un twit n’est pas un tweet même si certains adeptes des tweets sont pas mal twits. Ce mot, qui est un emprunt de l’anglais twit, se traduit par « crétin, idiot ». Twit peut être utilisé aussi bien comme nom que comme adjectif.
— T’es donc ben twit ! T’as signé le contrat sans le lire ? Mon ami, t’es vraiment dans la chnoute (crotte).
13 — Un cave sans fond
Un cave est une personne qui manque d’intelligence, de jugement. C’est une andouille.
— On passe pour des caves parce qu’on n’est pas allés dans les bonnes écoles. Pourtant, c’est nous autres qui faisons tout le travail.
L’expression avoir de l’eau dans sa cave décrit une personne qui porte des pantalons trop courts. Donc, avoir de l’eau dans sa cave donne un petit air cave.
14 — Un pas d’allure ou un sans allure
Un pas d’allure est un sans allure, c’est-à-dire un personnage insignifiant, un idiot irresponsable.
— Il s’est retrouvé en prison avec sa gang (bande) de pas d’allure. Ils roulaient dans une voiture qui n’était pas immatriculée et personne n’avait de permis de conduire valide.
15 — Le Newfie, fierté du Canada
Le nom Newfie est un terme péjoratif pour désigner un habitant de la province de Terre-Neuve (Newfoundland). Ce nom, synonyme de « personne sotte », est aussi bien employé par les Québécois que par les anglophones du reste du Canada… sauf ceux de Terre-Neuve.
Le Newfie se retrouve au centre de nombreuses blagues où l’acteur principal est un idiot. Toutefois, l’usage de cette insulte tend à disparaître.
16— Bande de gnochons
Le gnochon est une personne idiote, stupide, imbécile. Gnochon existe aussi sous la forme féminine gnochonne. Certains préfèrent niochon et niochonne. Mais les deux graphies exaspèrent autant les gens qui les rencontrent.
— Mon médecin me stresse. Il répond toujours à côté de mes questions. Un vrai gnochon. Et il a ma vie entre ses mains !
17 — C’est pas une 100 watts
L’expression c’est pas une 100 watts sert à dire de quelqu’un qu’il n’est pas intelligent, qu’il est loin d’être brillant, que ce n’est pas une lumière. « Une cent watts », c’est une ampoule électrique qui éclaire beaucoup. C’est pourquoi on emploie le déterminant « une » plutôt que « un » dans cette expression : le mot ampoule y est sous-entendu.
— Le dernier électricien que j’ai passé en entrevue, c’était vraiment pas une 100 watts.
18 — Un beau grand tata
Au Québec, le mot tata peut être masculin, car un tata n’est pas la tante de quelqu’un, mais une personne stupide. Tata comme synonyme de « tante » est très peu utilisée au Québec, alors que tata comme insulte est d’un emploi très fréquent.
— J’avais prédit que le marché immobilier allait s’écrouler à Montréal après la COVID. Avec le boom immobilier que nous vivons, j’ai l’air d’un beau tata.
Dans un registre enfantin, tata, de l’anglais britannique tata, peut aussi être un geste ou une parole qu’on emploie pour saluer quelqu’un : faire des tatas.
19 — Tu parles d’un taouin
Ne vous méprenez pas, malgré sa sonorité amusante, le mot taouin est une insulte. On dit à quelqu’un qu’il est un taouin lorsque l’on veut lui dire qu’il est idiot.
— C’est qui le taouin qui a placé les œufs dans le fond du sac d’épicerie ?
Le verbe tataouiner qui signifie « hésiter longuement avant de prendre une décision » lui est apparenté.
Étymologie du mot taouin : troncation de (ta)taouiner ; d’une langue d’oïl tatouiller, ‘faire de petits mouvements alternatifs’, et tatiner, ‘faire de petits mouvements.
20 — C’est pas le pogo le plus dégelé de la boîte
L’expression c’est pas le pogo le plus dégelé de la boîte est un néologisme créé par la députée Manon Massé qui critiquait ainsi le budget du gouvernement Libéral.
« Ça prend pas le pogo le plus dégelé de la boîte pour comprendre qu’après avoir mis le feu à la bâtisse, c’est pas un coup de peinture et de nouveaux rideaux qui vont changer quelque chose. »
C’est pas le pogo le plus dégelé de la boîte décrit donc une personne lente à comprendre, l’équivalent de ce n’est pas une flèche.
Les médias se sont enflammés pour cette image aussi amusante que déroutante et ils l’ont reprise abondamment. Depuis, elle a été rapidement adoptée par la population en général.
C’est l’équivalent de l’expression anglaise he is not the sharpest knife/pencil in the drawer/box, dont nous utilisons la traduction « ce n’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir », « ce n’est pas crayon le plus aiguisé de la boîte ».
21 — Un vrai cabochon
Nous utilisons le terme cabochon pour décrire une personne stupide, incompétente.
— À Noël, un cabochon m’est rentré dedans (il m’a heurté) en char (voiture). Il n’avait pas ses pneus d’hiver. Il n’avait pas non plus d’assurances ni de permis de conduire valides. Il me suppliait en pleurant de ne pas appeler la police.
Nous utilisons souvent la formule travailler en cabochon pour dire « mal travailler » et « travail de cabochon » pour qualifier un travail bâclé.
— Il a travaillé en cabochon et après il est surpris que je refuse de le payer.
22 — Un vrai codinde
Un codinde est un imbécile, un idiot, un dindon de la farce. Le codinde est aussi le nom du dindon mâle.
— On a attendu en ligne (en file) comme des codindes pendant deux heures sous la pluie avant de nous faire dire de retourner à la maison.
— Mon entrepreneur en construction me sort une nouvelle excuse chaque jour. Il me prend vraiment pour un codinde.
Traduction du français au français
Un peu niaiseux
Le mot niaiseux est synonyme de « crétin, imbécile, niais ». À noter que l’usage du mot niaiseux est très fréquent au Québec, alors que niais n’est presque pas utilisé.
Niaiseux peut être un nom ou un adjectif : le niaiseux m’a posé une question stupide ; l’épais m’a posé une question niaiseuse.
— Jules est très beau, et c’est triste à dire, mais il est aussi un peu niaiseux. En fait, pas mal niaiseux.
Pour être moins niaiseux (ignorant) sur ce mot québécois, nous vous invitons à consulter l’article Niaiseux, niaisage et autres niaiseries québécoises.
Traduction du français au français
La gang de Québécois
Le mot « gang » est habituellement employé au féminin au Québec, alors qu’en France, il est masculin.
De plus, gang se prononce différemment au Québec qu’en France. En effet, la prononciation québécoise se rapproche de « gagne » plutôt que de « gangue ».
Au Québec, le mot gang prend le sens de « bande, groupe ». Il possède alors une connotation positive. Cela même si des deux côtés de l’Atlantique, le mot gang sert aussi à décrire une bande de malfaiteurs.
Au Québec, nous pouvons donc croiser une gang de motards criminels, une gang de voyous, une gang d’amis ou une gang de filles.
— Nous sommes sortis hier soir avec notre vieille gang du secondaire (lycée). Nous n’avons pas changé, sauf que nous sommes tous un peu plus enveloppés.
— Toute la gang, on a embarqué dans le canot. On était huit. Pas besoin de le dire que deux minutes après, on avait chaviré. Heureusement, on avait de l’eau seulement à mi-cuisse.
— J’excellais au hockey, mais la vie de gang, ce n’était pas pour moi. J’ai ensuite choisi la course de fond. Malheureusement, ce sport était plus adapté à mon tempérament qu’à mon physique. Je n’étais pas très bon. En fait, j’étais très poche (médiocre).
Traduction du français au français
Les lumières sont allumées, mais il n’y a personne à la maison : The lights are on but no one’s home.
Traduction du français au français
C’est pas une 100 watts
L’expression c’est pas une 100 watts sert à dire de quelqu’un qu’il n’est pas intelligent, qu’il est loin d’être brillant, que ce n’est pas une lumière.
Traduction du français au français
Ce n’est pas un flèche : He or she is slow to catch on
Traduction du français au français
Ce n’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir.
Ce n’est pas le crayon le plus aiguisé de la boîte : He is not the sharpest knife/pencil in the drawer/box
Traduction du français au français
Le mot chien dans la langue québécoise
Comme c’est le cas en France, les chiens sont très populaires au Québec. On les retrouve partout : dans la rue, dans les parcs et même dans plusieurs de nos expressions.
Avoir la chienne
Au Québec, l’expression avoir la chienne ne signifie pas, comme on pourrait le déduire, posséder une chienne. Avoir la chienne est plutôt synonyme d’« avoir très peur, être terrifié ».
Nous pouvons ainsi dire : j’ai vraiment la chienne des gros chiens ; ou mon chien a la chienne du vétérinaire.
— Quand j’ai entendu quelqu’un marcher dans le salon, la chienne m’a prise. Je n’étais même pas capable de signaler le 911 (le verbe signaler est synonyme de « composer un numéro », et le 911 est le numéro d’appel d’urgence).
— Je ne ferai plus jamais de parachutisme. J’ai vraiment eu la chienne de mourir.
Avoir du chien
Il est facile pour un non-Québécois de confondre les expressions avoir la chienne et avoir du chien. Malgré leur apparente similarité, ces deux expressions expriment des réalités très différentes.
Avoir du chien signifie « avoir de l’énergie, de la détermination, être débrouillard ». Il faut faire attention de ne pas lui donner le sens d’« avoir du charme », comme c’est le cas en France.
— Jules n’abandonnera pas son projet de start-up. Il a beaucoup trop de chien pour laisser tomber après un premier revers.
— Je n’ai plus autant de chien qu’à mes vingt ans. Mais ce qui est étrange, c’est que je ne m’en porte pas plus mal.
Le chien comme adverbe
La locution en chien est employée comme adverbe. Elle signifie alors « très, beaucoup ».
— Le doberman du voisin m’a mordu. Ça fait mal en chien.
— L’examen pour devenir vétérinaire était difficile en chien.
— J’ai trouvé ça dur en chien de dresser mon chien. Il n’en faisait qu’à sa tête, et le fait toujours.
Le chien sale
Nous utilisons l’insulte « t’es rien qu’un maudit chien sale » pour dire à une personne qu’elle est méchante, vicieuse ou sournoise.
— Depuis notre divorce, mon ex s’est transformé en gros chien sale.
— Jules tire une grande fierté d’être un gros chien sale en affaires.
À la rigueur, on pourrait même qualifier un chien dangereux de « chien sale ».
Coup de chien, coup de cochon
On peut faire un coup de chien à quelqu’un. On lui fait alors un coup de cochon, c’est-à-dire un coup de salaud, un coup fourré. Coup de chien et coup de cochon sont synonymes.
— Avant de mourir, mon grand-père a réussi à nous faire un dernier coup de chien. Il a modifié son testament pour tout donner à son chat.
— Je ne veux plus parler à Jules. Je suis peut-être rancunier, mais il m’a fait trop de coups de chien pour que je passe l’éponge.
— Jules n’hésite pas à faire des coups de chien si cela peut aider sa carrière.
Un chien de poche
Pour bien comprendre l’expression chien de poche, il faut savoir que les chiens de poche sont de très petits chiens, habituellement trop petits pour marcher longtemps à côté de leurs maîtres. Ces derniers doivent souvent les porter s’ils désirent se rendre quelque part rapidement.
Nous utilisons l’expression un chien de poche pour désigner une personne qui est toujours à la remorque d’une autre personne.
— La nouvelle blonde (copine) de mon fils le traite comme son petit chien de poche. Mon cœur de père saigne.
— Ne confie rien à Jules. C’est le chien de poche du patron. Il va lui rapporter toutes tes paroles pour gagner ses faveurs.
Fucker le chien
Attention, ce qui suit fait partie de la langue très familière : au Québec, nous fuckons le chien. Cette locution, qui étonne et déroute les touristes français, est beaucoup moins vulgaire qu’elle n’y paraît. En effet, fucker le chien signifie simplement « perdre son temps à faire quelque chose, avoir du mal à faire quelque chose, déployer des efforts inutiles ».
— J’ai fucké le chien tout l’après-midi, et mon ordinateur ne fonctionne toujours pas.
— Je suis à bout. J’ai fucké le chien toute la fin de semaine (week-end) et je n’ai pas trouvé l’origine de la fuite d’eau.
Est-ce qu’on dit fucker le chien ou fourrer le chien ? Les deux versions cohabitent et sont de parfaits synonymes.
— Est-ce que tu peux arrêter de fourrer le chien et commencer à travailler pour vrai ?
Porter une chienne
Une chienne de travail, ou simplement « chienne », est un vêtement de travail qui recouvre une grande partie du corps.
— Rex est un vrai chien sale, dans tous les sens du mot.
S’habiller comme la chienne à Jacques
L’expression s’habiller comme la chienne à Jacques signifie « être très mal vêtu ». On utilise rarement cette expression en présence de la personne en question, à moins de vouloir déclencher un conflit, bien entendu.
Un mécanicien peut porter un bleu de travail, une combinaison, une salopette ou une chienne, selon ses habitudes linguistiques.
— J’achète toujours mes chiennes usagées (d’occasion). Je ne vois pas pourquoi je devrais porter du neuf quand je passe mon temps à me salir.
— J’ai été surpris quand le professeur nous a dit d’apporter notre chienne pour le cours de chimie. Ça m’a pris un petit peu de temps avant de comprendre qu’il parlait d’un sarrau.
Ton chien est mort
La locution ton chien est mort signifie : « tu n’as plus aucune chance, plus d’espoir. Tu es condamné à l’échec ».
— J’ai reparlé à Julie, mon ex. Elle s’est fait un nouveau chum (copain) et semble follement amoureuse de lui. Je crois bien que mon chien est mort.
— Mon mari est très allergique aux chats. Moi qui ai toujours rêvé d’en avoir un, je dois accepter que mon chien est mort.
Les fameux chiens chauds
Finalement, au Québec, plusieurs Français nous disent être surpris de découvrir que nous mangeons des chiens chauds, la traduction de hot-dog. Bien que « chiens chauds » apparaît souvent sur les menus, c’est presque toujours le mot hot-dog qui est employé dans la langue parlée.
Traduction du français au français
Ce n’est pas logique : It’s not logical
Cartes-éclair = Flash cards
Cartes flash, fiches, flashcards, cartes mémoire
Il n y a pas de quoi : There is no need
Le joli dot : a nice dowry