Compression médullaire non traumatique et sd de la queue de cheval Flashcards
Rappels anatomiques sur l’organisation de la moelle
- La moelle spinale chemine du trou occipital au bord supérieur de L2 dans un canal ostéoligamentaire inextensible.
- Elle est plus courte que le canal rachidien, ce qui explique un décalage entre le niveau vertébral et celui du métamère médullaire (par ex, le métamère T12 est en regard de la vertèbre T9).
- De la moelle spinale émergent les nerfs spinaux, qui sortent par les trous de conjugaison.
- La moelle spinale se termine par le cône terminal au niveau des dernières vertèbres thoraciques et de L1, les dernières racines spinales (L2 à L5 et les racines sacrées) forment la queue de cheval.
- La moelle spinale est entourée par la pie-mère qui y est adhérente, puis par l’arachnoïde sous laquelle circule le LCS et la dure-mère, épaisse et résistante, qui réalise un fourreau cylindrique épais.
-> L’espace extradural est graisseux, rempli de vaisseaux, principalement veineux. - La moelle spinale est organisée transversalement en métamères et longitudinalement en fibres longues (voir photo p75)
Elles comportent des fibres sensitives et des fibres motrices :
- les fibres sensitives se répartissent principalement :
– en voie spinothalamique (ou extralemniscale), qui véhicule la sensibilité thermoalgique et le tact protopathique : elles croisent à chaque niveau métamérique , elles cheminent dans le cordon latéral de la moelle du côté opposé
– en voie lemniscale, qui véhicule le tact épicritique et la sensibilité profonde, située dans le cordon postérieur de la moelle spinal, homolatéral ; elles croiseront plus haut à la partie inférieure de la moelle allongée (bulbe) - le faisceau pyramidal moteur, après avoir croisé dans la moelle allongée, descend dans le cordon latéral de la moelle spinale.
Quels sont les 3 types de sd dans une compression médullaire ?
VOIR PHOTO P75
Certains éléments cliniques orientant vers une compression médullaire découlent de cette organisation anatomofonctionnelle :
- un syndrome LESIONNEL en regard de la compression (douleur radiculaire, déficit radiculaire)
- l’existence d’un niveau sensitif correspondant à la limite supérieure de l’atteinte sensitive
- un syndrome SOUS-LESIONNEL : dysfonctionnement de la moelle sous-jacente privée du contrôle central (déficit sensitif, déficit moteur, signes d’irritation pyramidale, hypertonie pyramidale, troubles sphinctériens)
- un SYNDROME DOULOUREUX RACHIDIEN
Que comprend un syndrome lésionnel radiculaire ? Quels sont ses signes cliniques ?
Il comprend :
- des DOULEURS RADICULAIRES souvent isolées au début : de topographie constante, signalant le dermatome lésionnel (névralgies cervicobrachiales, algies thoraciques en ceinture)
-> Elles surviennent en éclairs, par salves, impulsives à la toux -> Elles peuvent s’estomper dans la journée avec l’activité physique et ne se manifester qu’au repos, surtout la nuit, à heures fixes, pouvant s’atténuer à la déambulation nocturne - un possible DEFICIT RADICULAIRE avec hypoesthésie en bande dans le territoire douloureux avec abolition, diminution ou inversion d’un réflexe, pouvant aboutir à un déficit moteur dans le même territoire radiculaire avec amyotrophie.
-> Ces symptômes sont au début plus discrets à l’étage thoracique ou abdominal qu’au niveau cervical, où la névralgie cervicobrachiale est plus typique.
Il permet donc de déterminer le niveau lésionnel et d’orienter les explorations neuroradiologiques.
Comment fait-on le diagnostic d’une compression médullaire non traumatique ?
- La compression médullaire non traumatique doit être diagnostiquée dès les premiers signes cliniques car elle nécessite une prise en charge URGENTE
- Le diagnostic de compression médullaire non traumatique est posé sur l’existence d’un syndrome lésionnel et d’un syndrome sous-lésionnel associé le plus souvent à des signes rachidiens.
Que comprend cliniquement un syndrome sous-lésionnel ?
Le syndrome sous-lésionnel associe des troubles moteurs, sensitifs et sphinctériens
Quels sont les troubles moteurs du syndrome sous-lésionnel ?
Syndrome pyramidal d’intensité variable :
- simple FATIGABILITE à la marche, difficulté à la course, maladresse en terrain accidenté, cédant à l’arrêt
- GENE NON DOULOUREUSE correspondant à la claudication intermittente de la moelle
- progressivement, REDUCTION DU PERIMETRE de marche pouvant aboutir à un confinement au fauteuil en raison d’une paraplégie ou d’une tétraplégie spastique
=> Il faut noter la différence avec l’installation des signes cliniques dans un contexte de compression médullaire aiguë qui se fera initialement par un déficit moteur flasque, suivi de l’installation plus lente du syndrome pyramidal.
Quels sont les troubles sensitifs du syndrome sous-lésionnel ? Quel syndrome peut etre observé?
Ils sont RETARDÉS : picotements, fourmillements, sensations de striction, d’étau, de ruissellement d’eau glacée, de brûlures parfois exacerbées au contact.
=> Un signe de Lhermitte est possible (décharge électrique le long du rachis et des membres à la flexion du cou)
-> Le patient a l’impression de marcher sur du coton ou du caoutchouc avec une gêne plus marquée lors de la fermeture des yeux (souffrance cordonale postérieure).
-> Le déficit sensitif n’est pas toujours complet, initialement cordonal postérieur (atteinte de la sensibilité discriminative, de la proprioception) ou spinothalamique (déficit thermoalgique).
Il existe un niveau sensitif correspondant au métamère inférieur de la compression.
- Le syndrome de Brown-Séquard correspond à une souffrance d’une hémi-moelle, dissociation de sensibilité avec un syndrome cordonal postérieur (atteinte de la sensibilité épicritique et proprioceptive) et un syndrome pyramidal homolatéraux à la lésion, et déficit spinothalamique du côté opposé (atteinte de la sensibilité thermoalgique) photo p77
Quels sont les troubles sphinctériens du syndrome sous-lésionnel ?
- Troubles urinaires (miction impérieuse, dysurie), sexuels ou anorectaux (constipation) sont très tardifs dans les compressions médullaires, sauf si la lésion est située dans le cône terminal.
- Dans les compressions médullaires évoluées, ils sont quasi constants.
Qu’est ce qu’un syndrome rachidien ? Quel signe rechercher systématiquement ?
- Les douleurs, permanentes et fixes, localisées ou plus diffuses, à type de tiraillement, de pesanteur ou d’enraidissement rachidien, augmentent à l’effort mais elles existent aussi au repos et la nuit.
- Elles sont peu ou pas sensibles aux antalgiques usuels.
- Une RAIDEUR segmentaire du rachis, très précoce, est à rechercher systématiquement!!!!
- Une déformation segmentaire (cyphose, scoliose, torticolis) est possible, avec douleurs spontanées localisées accrues lors de la percussion des épineuses ou à la palpation appuyée de la musculature paravertébrale en regard de la zone lésionnelle.
Qu’est ce qu’on observe en cas de compression médullaire cervicale haute entre C1 et C4?
- Syndrome sous-lésionnel avec tetraplégie spastique
- Syndrome lésionnel : paralysie diaphragmatique, paralysie du sternocléidomastoïdien, du trapèze ou hoquet signant la souffrance phrénique.
Qu’est ce qu’on observe en cas de compression médullaire cervicale basse entre C5 et T1?
- Paraplégie spastique et névralgie cervicobrachiale
- Compression entre C8 et T1 : signe de Claude Bernard-Horner homolatéral
Qu’est ce qu’on observe en cas de compression de la moelle dorsale ?
- Paraplégie, douleurs en ceinture thoracique associées à une anesthésie en bande
Qu’est ce qu’on observe en cas de compression de la moelle lombosacrée ?
- Paralysie des quadriceps avec disparition des réflexes tendineux rotuliens, mais réflexes calcanéens (achilléens) vifs et signe de Babinski bilatéral, avec troubles sphinctériens
Qu’est ce qu’on observe en cas de compression du cône terminal ?
- Troubles moteurs à type de déficit de la flexion de la cuisse sur le bassin, abolition des réflexes cutanés abdominaux inférieurs, abolition du réflexe crémastérien, signe de Babinski, atteinte sphinctérienne constante et sévère et troubles sensitifs de niveau T12-L1
Quels sont les examens complémentaires utiles en cas de compression médullaire ? Quel est celui de premier intention ?
1) IRM = examen urgent de premier intention
2) Autres examens (seulement et/ou en complément de l’IRM)
- SCANNER ET MYELOSCANNER
a) Scanner en complément de l’IRM:
-> Il recherche et précise des modifications osseuses : calcifications, érosion d’un pédicule, élargissement d’un trou de conjugaison, élargissement du diamètre transversal ou antéropostérieur du canal rachidien, aspect lytique ou condensant vertébral aboutissant à une vertèbre ivoire ou à un tassement.
b) Myéloscanner en cas de contre-indication à l’IRM
-> Coupes de scanner rachidien après injection intradurale (par ponction au niveau lombaire ou sous-occipital, selon la topographie de l’atteinte) de produit de contraste permettant de visualiser les rapports de la moelle spinale avec les structures adjacentes dont le rachis.
- RADIOGRAPHIES rachidiennes simples:
Elles ne sont plus réalisées, car remplacées par le scanner elles sont utiles en dynamique parfois pour rechercher une instabilité (clichés en flexion et extension). - POTENTIELS EVOQUES somesthésiques et moteurs:
Ils apprécient l’état fonctionnel des voies lemniscales et pyramidales, mais ne constituent pas un instrument diagnostique de première intention.