synthese : le groupe nominal Flashcards

1
Q

Les adverbes

Problématique.

TYPOLOGIE

La distribution : les éléments d’une même catégorie s’emploient dans les mêmes environnements syntaxiques : par exemple, un élément (X) se situant dans une configuration (X) adj N est typiquement un déterminant ; ce qui prémodifie un adjectif, est, justement, typiquement un adverbe ;

A.MORPHOLOGIE DES ADVERBES LES ADVERBES EN –LY : On peut considérer comme étant (les plus) typiques les adverbes obtenus par une dérivation à partir d’une base adjectivale à laquelle on ajoute le suffixe –ly: apparently (1),
forcibly (3), nearly (3) ; softly (17) ; totally (27) ; immediately (31) ; hastily (36) ; obliquely (50); drily
(55); helplessly (56); unwillingly (65); stiffly (66). Point commun: base adjectivale + suffixe -ly. On note une modification orthographique dans le cas de drily (55). Unwillingly est également préfixé ;
helplessly est construit sur un adjectif par ailleurs déjà construit par dérivation (help- + -less ; + -ly).
le cas de likely (40) permet de le rappeler ; ils’agit d’un adjectif, et non d’un adverbe.
Le texte propose aussi le cas d’une double possibilité de formation d’un adverbe à partir d’un même adjectif : hard (48)/ hardly (60).
 FORMES DERIVEES
MAIS SUR D’AUTRES MODES : on peut citer les cas de somehow (9) ; hitherto
(27) ; again (17 ; 53 ; 70) [diachroniquement, préfixe a-]; never [n- + ever] (69); together (9).
 FORMES NON-DERIVÉES
: C’est le cas des adverbes déictiques now (27), here (70); de too (41; 49) ;
de l’adverbe de négation not (38) ; very (66 ; en synchronie) ; on peut également citer le cas de less dans less… than (27)…
 CAS DE SO; est-il toujours adverbe? Il l’est dans so great that it… (29), où il prémodifie un adjectif, dans …had so wound himself among gimp cords in some few moments (39-40); il est toujours possible de penser qu’il a un fonctionnement adverbial dans I fancy so (18), et dans a foot or so (6).

si un test de remplacement est fait avec « a foot or three », celane « prouve » pas qu’il s’agit d’un adverbe.)

ADVERBES EN WH-. On rappellera l’existence d’adverbes relatifs, interrogatifs, exclamatifs (voir grammaires). Il n’y en a qu’un seul exemple dans ce texte: She hardly knew why (60) (cf. Why did she do it ? Position syntaxique de : She did it unconsciously, etc.) ; why occupe la place d’un adverbe ; il est, en l’occurrence, adverbe interrogatif.
Certaines des formes à valeur spatiale sont des adverbes à part entière (upwards, l. 44, adverbe dérivé) ; mais le texte comporte des exemples de verbes à particule : shrink away (8) ; looked down (49), went on (61) ; burst out (20)…

On pourra donc évoquer les FORMES HOMOPHONES AVEC LES PRÉPOSITIONS, et PREFIXES.
ces éléments viennent qualifier le verbe et par conséquent sont considérés comme entrant dans la catégorie générale des adverbes (cf. particule adverbiale).
Les FORMES HOMOPHONES AVEC CELLE DES ADJECTIFS :
He looked hard into her eyes (48)
[comparer : hardly (60)] ; very (en diachronie) ; close (1). Dans le cas de hard, et historiquement, de very, on peut remarquer le fait qu’un adjectif soit utilisé, sans marque de dérivation apparente, comme un adverbe (cf. en français : Travailler durement, mais aussi travailler dur).

 FORMES ATYPIQUES. C’est le cas notamment de the, dans the better (68) ; si the est bien entendu en anglais employé majoritairement comme déterminant, on peut se demander quel est son statut dans une telle expression : on constate que the peut en effet être remplacé ici par un adverbe : much better/ absolutely better/ terribly better…

Il était, toujours éventuellement, possible d’évoquer le cas de nevertheless 61, que l’on peut penser être proche d’une conjonction de coordination comme but;
les positions que peut occuper nevertheless ne sont pas celles qu’occupent les coordonnants :
It nevertheless seemed coming to no end/ *it and / but seemed coming to no end…
Nevertheless n’est donc pas une conjonction ; il s’agit bien d’un adverbe.
[Sans que cela soit attendu, le fait qu’un adverbe puisse remplacer un GP (et donc le lien GP/ GAdv) pouvait éventuellement être évoqué, par exemple avec without ceremony (64), cf. unceremoniously, mais à condition de ne pas oublier les questions centrales ;

B.PORTEE DES ADVERBES/ DIMENSION SÉMANTICO-SYNTAXIQUE

Un adverbe porte normalement sur une unité autre que nominale: sur un V, un prédicat, un adjectif, une phrase, mais un autre point commun pourrait être cette qualification de ce qui n’est pas nominal, ou de ce qui est prédicatif.
L’adverbe peut porter sur ce qui est « verbal », mais il est important de distinguer ce qui modifie le prédicat, ou quelque chose à l’intérieur du prédicat, ainsi que les adverbes portant sur l’ensemble de la phrase. La plupart des adverbes du texte portent sur le prédicat, ou « sur le V », mais deux adverbes du texte sont des adverbes de phrase :

ADVERBE PORTANT SUR LE V / LE PREDICAT: Pinned it forcibly (3); We have got hitched together somehow (9); Bathsheba softly tugged again (17) ; …was now totally overthrown (27); She hastily
replied (36); She had obliquely noticed that… (51); B pulled again (53)/ she pulled again (70); said the soldier drily (V) (54-55); she exclaimed helplessly (56); She hardly knew why (60)/ she replied stiffly (65-66); You had never shown yourself to me… (69) ; It was immediately apparent that the military man’s spur had become entangled (31-32)…
On peut faire la différence entre des adverbes qui modifient le sémantisme du V, et ceux qui modifient le prédicat dans son ensemble (le choix d’un ou deux exemples peut suffire ). Ainsi drily, dans …said the soldier drily, qualifie-t-il la façon de parler, et le sémantisme du V ; en revanche, on peut penser que somehow qualifie tout le prédicat [have got hitched together] ; somehow ne donne
pas l’indication sur la façon d’être « hitched », mais sur la manière dont l’événement s’est produit.
ADVERBE DE PHRASE : En revanche, à la ligne 1 : …and a figure was apparently on the point of gliding past her when something tugged at her skirt and pinned it forcibly to the ground, apparently indique un point de vue qui porte sur l’ensemble de la relation prédicative; il s’agit d’un adverbe de phrase. Il est d’ailleurs (plus) facilement détachable en position initiale ou finale de l’énoncé, ou détaché entre virgules (…, apparently, …). C’est la même chose pour nevertheless, dont on peut également considérer qu’il est adverbe de phrase.

AUTRES INCIDENCES
On peut citer le cas spécifique des particules adverbiales (went on ; looked down…) en raison notamment de l’interaction entre le sémantisme du V et celui de la particule ;
ADJECTIFS : very little (66), so… (wound) that ; too strong to be… (49-50)
PREPOSITION, OU GROUPE PREPOSITIONNEL: the genius loci at all times hitherto (26); ainsi peut-être Que radiated upwards into their faces(44) looked hard into her eyes (48).

On pourra aussi évoquer le cas suivant : he too stooped (41). Si too peut être considéré comme un adverbe portant sur le prédicat, on peut se demander, si, entre virgules, une portée sur le simple GN serait envisageable : He, too, stooped… S’il s’agit bien du lien entre he et le fait de se pencher qu’il est question, la portée ne serait pas sur le simple GN.

C. SEMANTIQUE DES ADVERBES

l’hétérogénéité sémantique de la catégorie,
4
 CLASSIFICATION SÉMANTIQUE DES ADVERBES (ET/OU en lien avec remarques précédentes) : on trouve dans le texte divers types sémantiques : degré (too, so…) – fréquence (never, always…) –lieu (here ; hitherto, mais qui est employé ici dans un sens temporel) – anaphores (I fancy so)…
Un lien avec la portée, et les positions possibles dans un énoncé donné (voir la partie précédente) peut être fait ; il est même souhaitable que cette corrélation soit mise en avant avec un ou deux exemples, ex. un adverbe de degré avec portée « étroite » sur un adjectif (so great, par exemple) ;

pistes d’explications sur ce qu’est un adverbe, syntaxiquement, morphologiquement, sémantiquement ; utilisation de tests pour le montrer ; intégration de la question de la portée et des différents types d’adverbe.

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Q

La composition nominale et adjectivale

  1. Définition
    La composition en anglais joue un rôle dans la néologie/création lexicale. Elle doit
    être opposée à l’affixation (préfixation et suffixation) qui implique une base et un affixe.
    La composition est définie comme la conjonction ou la juxtaposition de deux bases
    lexicales autonomes (c’est-à-dire de deux lexèmes).
  2. Composition nominale
    L’anglais contemporain propose deux grandes catégories de composition nominale :
    le type dit « germanique » (un élément déterminant à gauche de l’élément déterminé) et le type dit « roman » (un élément déterminé à gauche relié par une préposition – of dans la majorité des cas – à un élément déterminant à droite).

En revanche, il existe l’adjectif composé matter-of-fact,
formé selon le même schéma.
Les exemples de noms composés dans le texte appartiennent à trois schémas différents :
– Nom + nom :
l. 22 : market carts : à partir du texte de Morris, le lecteur comprend qu’il est
question de carts for transporting people and their produce to market, en d’autres termes d’une (sous-)catégorie de charrettes. Il s’agit d’une création qu’on peut qualifier de « discursive », puisque le composé n’est pas lexicalisé mais on observera qu’il correspond parfaitement à certains critères définitoires des noms composés. Ainsi les deux éléments ne
sont-ils pas séparables :*a market new cart //Le même type de raisonnement permet de comprendre comment un autre exemple dans le texte : l. 38 : Country people (des gens de la campagne) peut être considéré comme
une catégorisation, fût-ce provisoire. Ceci est confirmé par la mise en citation employée par l’auteur en l. 49 : « country » people, où la remise en question porte sur la nature de la catégorie ainsi créée – not town people.

– Verbe + adverbe :

En l. 12, on trouve lean-to : building whose rafters pitch or lean onto another
building or against a wall ; a penthouse, qu’on peut rapprocher d’un mécanisme de
composition encore productif (cf. sit-in ; pay-out)
– Adverbe +Nom :
En l. 50 neighbours fournit un exemple d’opacification sémantique, c’est-à-dire
d’un composé dont les sens de chacun des deux éléments (nigh (« near ») + yebour (ici avec le sens de « dweller ») n’est plus décelable. On peut parler, en ce cas, de figement lexical.
Les candidats qui choisissent de parler, dans un but contrastif, de Hammersmith
Market (l. 27) ou de Thames Valley (l. 50) devraient observer qu’il s’agit de simples
juxtapositions sans création de catégorie (cf. l’impossibilité de trouver *it’s a
Hammersmith market).

  1. Composition adjectivale

Comme pour les noms composés, les relations sémantiques qui existent entre les
éléments des adjectifs composés sont multiples.

– Nom +Ven : ll. 4/5 : Lead-covered – covered with/by lead
– Adjectif + N. + -ed : l. 41 : dark-haired / white-skinned – with a dark-skin, etc.

Une tentative de glose met à jour des procédés de construction très différents. Si le premier (Nom+-V-en) relève d’une structure passive (the roof was covered with/by lead) les adjectifs composés du type dark-haired résultent d’une premier mise en relation entre dark et hair (dark-hair-). Le suffixe –ed qui confère le statut d’adjectif à cet ensemble ne doit en aucun cas être confondu avec celui, purement verbale, de lead-covered.
En revanche, la relation entre les éléments constituants de hard-bitten (l. 55)
(Adverbe + Ven) est plus difficile à déceler et seul un candidat possédant des connaissances lexicales relativement étendues peut réussir à mettre au jour l’emploi métaphorique en question – x (animal) has been bitten very hard and therefore is tough.

Le même genre d’explication par glose/manipulation, appliqué avec pertinence,
aurait permis aux candidats de percevoir la différence entre des combinaisons formées à partir d’un Adjectif +Vin :

ll. 21/23 : Healthy-looking – x looks healthy ; tempting-looking –x looks tempting (apparence)
et celles qui relèvent d’un procédé du type Noun + Ving :

l. 45 : country-looking – x look as if they come from the country.(ressemblance).

Pour le cas des adjectifs comme l. 41 : light-green (Adjectif + adjectif) = this dress
is a shade of green which can be called « light » (degré), il serait intéressant d’indiquer le degré de fusion entre les deux adjectifs dans ce type de structure très couramment utilisée et la simple juxtaposition : this is an expensive, green dress (= this dress is expensive and green).

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Les prépositions

Les prépositions sont en général des outils linguistiques morphologiquement courts (monosyllabiques, ex. : in, on, at, from, etc., ou bisyllabiques comme into, upon, over, about, etc.). Elles peuvent être aussi complexes, c’est-à-dire composées de deux éléments comme out of, up to, out to, from behind (ligne 5).
Les prépositions servent dans la plupart des cas à l’extension du prédicat. Elles participent à l’apport de précisions dans l’ordre de l’espace, du temps ou de la manière. Elles nous renseignent aussi sur la transitivité des verbes qui les précèdent.
Sur le plan morphologique, les prépositions ont-elles des contours définitifs ou peuvent-elles bénéficier d’un rapprochement avec d’autres éléments, comme c’est le cas pour with + out = without (the squirrel (… ] had taken to his legs WITHOUT ado, ligne 9) ou with + in = within par exemple ? Sur le plan sémantique, quelles conséquences ont ces rapprochements ?
Du point de vue syntaxique, quel type d’articulation la préposition met-elle en place ?
Relie-t-elle syntaxiquement un verbe à un nom (he was obliged to walk UPON bog tufts, ligne 15) ?
Relie-t-elle un nom à un autre nom (It was the religion OF peace, ligne 2) ou à un syntagme nominal (a woman with a deep aversion to tragedy, ligne 3) ‘?
Régit-elle une proforme nominale (Pausing at one time to look ABOUT him, lignes 16-17) ou un prédicat nominalisé (immediately UPON recognising danger, lignes 8-9) ?
Relie-t-elle un adjectif à un nom (The youth felt triumphant AT this exhibition, ligne 7 ; horror-stricken AT the sight of a thing, ligne 25) ?
Introduit-elle simplement un nom, comme c’est le cas dans des locutions prépositionnelles telles que ON the contrary, ligne 11 et AT length, ligne 22 ?
Nous constatons qu’un schéma majoritaire préposition + nom demeure (noua _v incluons le mode quasi-nominal du verbe dans FOR + V-ING et TO + V).
Quelles grandes fonctions président à l’association préposition + nom (appellé encore syntagme prépositionnel) dans le cas d’une configuration verbe + prép. + nom le syntagme prépositionnel est-il complément de verbe ? On parlera de transitivité indirecte pour le verbe
indirecte parce que la préposition vient s’intercaler entre le verbe et le nom, brisant le lien direct entre les deux éléments (ex. : he was being looked AT by a dead man, ligne 26).
Le syntagme prépositionnel a-t-il plutôt une valeur adverbiale ? Se comporte-t-il comme un circonstant du verbe - transitif (ex. : to keep FROM the oily mire, ligne 16) ou intransitif (ex. : die WITH an upward glance, ligne 10), sous forme finie (ex. : the youth went again INTO the deep thickets, ligne 19) ou non finie (ex. : he remained staring INTO the liquid-looking eyes, ligne 34) ?

Dans certains cas, la même unité peut être utilisée tantôt comme une préposition, tantôt comme une particule adverbiale. On se devra d’être vigilant à ce stade de l’analyse.
Ainsi ON peut-il être à la fois préposition : to be seen ON the side of a dead,fish, ligne 29, et particule adverbiale : he walked ON, ligne 20.
I1 conviendra de regrouper ces deux énoncés afin d’envisager une étude contrastive en contexte.
Pourtant si nous comparons deux des quatre énoncés sélectionnés plus haut : (1) die WITH an upward glance (ligne 10), et (2) he remained staring INTO the liquid-looking eyes (ligne 34), nous constatons que les environnements lexicaux à droite des prépositions WITH et INTO sont sémantiquement proches, que les groupes nominaux sont interchangeables.
Néanmoins une différence évidente apparaît entre les deux énoncés : en (1), c’est l’idée de manière, d’instrumentalité qui prévaut. En (2), nous avons affaire à une localisation spatiale : le rapport contenant / contenu (IN) ainsi que le rapport à l’espace (directionnel, avec TO) sont pris en compte. Les prépositions semblent donc bien jouer ici un rôle dans l’orientation sémantique des énoncés.

À partir d’une même forme, que constatons-nous en termes de valeur opérationnelle, de fonction syntaxique et d’effets de sens ?
L’utilisation de la préposition est-elle régulièrement associée au schéma majoritaire prép. + nom ? Par quel type de verbe est-elle précédée ? S’agit-il d’un verbe statif positionnel (ex. : find, keep) ou d’un verbe de type processus directionnel (ex. : walk, emerge, go) ? Quel effet de sens produit l’association d’une préposition dont la valeur est plutôt d’ordre positionnel avec un verbe de type dynamique, comme dans He threw a pine cone AT u jovial squirrel, ligne 4, par exemple ? Que signale le passage de staring AT the youth, ligne 28, à staring INTO the liquid-looking eyes, ligne 34?
Qu’en est-il par exemple des groupes prépositionnels placés derrière un nom, comme dans the religion of peace, ligne 2, a woman WITH a deep aversion TO tragedy, ligne 3, etc.
Les mêmes critères d’analyse peuvent être retenus (opération, fonction syntaxique, valeur sémantique).
Un troisième regroupement d’unités peut-être logiquement opéré à partir d’emplois de prépositions qui ne sont précédées ni par un verbe, ni par un nom. C’est le cas pour ON the contrary, ligne 11 et AT length, ligne 22, qui sont devenues des expressions figées ou locutions prépositionnelles.

Soit un premier regroupement des emplois de la préposition AT (préposition majoritaire dans le texte) :
(1) He threw a pine cone AT a jovial squirrel, ligne 4 (2) Pausing AT one time, ligne 16
(5) He was being looked AT by a dead man, ligne 26
(6) An upward glance AT the sympathetic heavens, ligne 10 (7) The youth felt triumphant AT this exhibition, ligne 7
(8) He stopped, horror-.stricken AT the sight of a thing, ligne 25 (9)
AT length, he reached a place, ligne 22

En (5) par exemple, la préposition AT relie le verbe look à la proforme nominale he
look et AT font bloc.
On parlera pour AT him dans ce cas, d’un complément de verbe introduit par la préposition AT. Look fonctionne ici comme verbe transitif indirect.
La valeur primitive de AT donne lieu à deux interprétations possibles. AT peut avoir une valeur positionnelle d’une part (position exacte ou approximative), et une valeur directionnelle d’autre part : soit l’élément autre que, différent de, est considéré comme atteint (c’est le cas, par métaphorisation, de he was being looked AT), soit il est à atteindre (c’est le cas en (1) : he threw a pine cone at a jovial squirrel - ici, l’environnement lexical (threw) joue dans le sens d’une interprétation directionnelle de la préposition).

En (1), le verbe throw, de type dynamique, entraîne une valeur directionnelle pour AT.
La combinaison stare + AT consacre la valeur positionnelle de A T et donne à l’ensemble de l’énoncé sa coloration d’immobilité
l’énoncé ligne 34, l’environnement lexical de INTO est composé de deux verbes de type statif, remain et stare. Le rapport directionnel à l’espace qu’induit généralement INTO (parce que composé de TO qui signale une cible à atteindre) se trouve moins sollicité au profit d’une localisation interne (que verbalise IN). La contemplation d’un espace intérieur est en jeu.
La valeur positionnelle de AT a pour effet dans certains énoncés d’assigner, par métaphorisation, une valeur causale à la préposition.
Ainsi dans les énoncés (7) et (8), dans lesquels la configuration syntaxique est de type adjectif + préposition + syntagme nominal, nous pourrions avoir des reformulations telles que : this exhibition made him triumphant, et the sight of u thing made him horror-stricken.
La valeur primitive de AT - différenciation avec rapprochement possible entre un élément repère et un élément repéré - peut être métaphorisée et se retrouver dans des expressions dites figées, telles que AT length, ligne 22, par exemple.
AT length est plus clairement modal. Il joue un rôle sur le plan dramatique, signa!ant une trajectoire spatio-temporelle dont la dernière étape (élément différent à rapprocher) est atteinte (voir le prédicat reached).
La diversité des emplois de AT dans le texte, mais aussi sa régularité dans la verbalisation du rapport différenciation-rapprochement, peut nous inciter à chercher une valeur invariante pour les prépositions en général.
Soit l’énoncé : He conceived Nature to be a woman WITH a deep aversion to tragedy, ligne 3. Le groupe prépositionnel postmodifie l’élément nominal aversion. qui fonctionne comme noyau avec lequel le groupe prépositionnel entre en relation pour lui servir de repère - qualificatif, ici. WITH construit l’image abstraite d’un parallélisme.
She re-enforced his argument WITH proofs. Ici la valeur d’instrumentalité s’ajoute à celle de parallélisme.
À l’intérieur du spectre des possibles, une constante semble demeurer.
C’est ce que nous pouvons constater avec la préposition OF, dans les énoncés suivants :
(1) No philosopher OF his race, ligne 12 (2) the sounds OF cannon, ligne 20
(3) promises OF a greater obscurity, ligne 21 (4) the sight OF a thing, ligne 25
(5) the gray skin OF the face, ligne 30 (6) Nature was OF his mind, ligne 13

Cette préposition est peut-être dans son abstraction et la diversité de ses valeurs l’illustration la plus claire que le groupe nominal ou nom complément est essentiellement repère du groupe nominal régissant, même s’il lui est syntaxiquement subordonné.

Dans the sounds OF cannon, cannon sert de repère (qualitatif) au terme-noyau sounds, repéré, c’est-à-dire déterminé par son complément.

le recours à l’étymologie des prépositions peut aussi se révéler efficace lors de l’identification de leur sémantisme.
Against, comme dans l’énoncé AGAINST a column-like tree, ligne 27, vient du latin ad-versus, « vis-à-vis, en face, contre ».
Dans near, comme dans l’énoncé NEAR the threshold he stopped, ligne 25, dans lequel l’ordre canonique verbe + préposition + syntagme nominal est inversé par stratégie de mise en relief ou thématisation du syntagme prépositionnel, on peut retrouver dans la préposition la trace de neighbour et over
From, dans l’énoncé watch his feet to keep FROM the oily mire. ligne 16, et He walked ON, going FROM obscurity into promises of a greater obscurity, construction, marquant à la fois l’origine et la distance.
Ce dernier énoncé est intéressant à plusieurs égards : FROM associé à INTO conceptualisent tous deux la trajectoire effectuée par le sujet HE
L’outil grammatical ON est présent dans les deux énoncés. Une étude comparative devrait permettre de faire ressortir les traits caractéristiques d’une préposition par rapport à ceux d’une particule adverbiale
Dans l’énoncé He walked ON, nous constatons que walk fonctionne comme un verbe intransitif et que ON entretient avec walk une relation dialectique de type spatio-temporel. La traduction française transcrit précisément cette relation dialectique en signalant que ON postmodifie le sens initial de walk (l’ensemble verbe + préposition sera traduit par « continuer à, poursuivre »).
ON porte sur le verbe. Il a une valeur adverbiale. On parlera dans ce cas de particule adverbiale
Nous constatons après manipulation que ON est ici un outil mobile sur l’axe linéaire de l’énoncé. La particule peut être déplacée : ON he walked. Dans les deux cas, ON est accentué.
Néanmoins, dans un autre contexte, un passage par la voix passive indiquerait que ON derrière walk peut fonctionner comme préposition (he was walked ON).

C’est précisément en préposition que ON fonctionne dans le deuxième énoncé relevé : to be seen ON the side of a dead fish. Le syntagme prépositionnel est ici syntagme adverbial de lieu.
Des effets de sens de type contact physique (ex. : a bird landed ON his head) et lien entretenu (ON good terms with him) sont par extension assignables à ON.
Nous pourrions comparer l’emploi de la préposition ON avec celui de UPON, lignes 16-17 : He was obliged to walk UPON bog tufts.
La préposition, sous une apparente simplicité, se révèle un outil de relation et d’articulation.

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THIS /THAT

Un microsystème
This et that constituent un microsystème de démonstratifs dans lequel ils entrent dans une relation d’opposition. C’est ce micro-système qui doit être présenté.

Ces propositions sont donc toutes introduites par that conjonction, à l’exception de “a supremacy that comes into play after one or two more appeals to the country]”, l. 25- 26 : that est sujet de la proposition qu’il introduit, et on peut lui substituer which. Il s’agit donc d’un pronom relatif.
This n’est jamais subordonnant.
A. Morphosyntaxe
Morphologiquement, this et that se réalisent l’un et l’autre sous deux formes différentes (this, these // that, those) selon une opposition de nombre entre singulier et pluriel, vérifiable par le nombre d’un N noyau, dans le cas des déterminants, ou par l’accord verbal, dans le cas des pronoms : ex. this great principle (l. 42, sg principle) ; these walls (l. 18, pl walls) ; that is (l. 24, sg is) ; those writers (l. 35, pl writers).
Syntaxiquement, ils reçoivent de leur distribution deux statuts différents :
– celui de déterminant (this great principle, l. 42, these walls, l. 42 ; that arrangement, l. 28 ; those writers, l. 35) ; 5
– celui de pronom (let us be quite clear about this, l. 31; that is not what we mean, l. 27; It is even admitted by those whose natural leanings…, l. 7).
B. Fonction sémantico-référentielle
En tant que déterminants comme en tant que pronoms, ils comportent le sub-morphème th qui correspond à un degré élevé de détermination. Ils se répartissent :
– entre un repérage par rapport à l’énonciateur (this, these) et un repérage par rapport au co- énonciateur (that, those), ou en rupture par rapport à l’énonciateur ;
– ou encore entre un repérage à dominante déictique (this, these) et un repérage à dominante endo- anaphorique (that, those) ;
– ou encore selon une opposition entre détermination proximale (this, these) et détermination distale (that, those) ;
– ou entre ouverture (this / these) et clôture (that / those).
La morphologie et la syntaxe pourront fournir les bases de la typologie.
1. This / These déterminants 1.1. This
This country (11); this House (17, 49, 53, 57); this House of Commons (37); this great principle (42); this supremacy (48)
1.2. These
These walls (18, 39), in these circumstances (52); these words (54)
Déixis
Dans tous les cas le repérage par rapport à la situation d’énonciation et par rapport à l’énonciateur est pertinent. Dans tous les cas, la détermination forte a une valeur contrastive.
Déixis stricte (exophore)
Il s’agit d’un débat tenu à la Chambre des Communes (d’où l’emploi de this House et de these walls) ; this country renvoie par exophore au pays dont les institutions sont envisagées ; la valeur contrastive du référent est confirmée par at any rate.
Déixis et anaphore
these circumstances (52) renvoie aux circonstances énoncées aux l. 45-48 ; this great principle et this supremacy renvoient au principe de suprématie énoncé au 1er § (endo-anaphore), l. 20 (the principle of the predominance of the House of Commons). Ils constituent aussi le propos de l’énonciateur : le repérage par rapport à la situation d’énonciation est pertinent et exploité.
Déixis et cataphore
These words (54), à la fois repérés par rapport à la situation d’énonciation et par rapport au contexte droit ; ce syntagme ne s’interprète pas par anaphore ; il annonce les propos cités à droite (ouverture) : The virtue, spirit, and essence of the House of Commons consists in being the express image of the nation.
2. This pronom
Déixis et cataphore
Let us be clear about this (l. 31), seule occurrence. Le fonctionnement ici est le même que dans l’exemple précédent (these words, l. 54) : repérage par rapport à la situation d’énonciation ; absence d’anaphore, renvoi cataphorique, développement annoncé à droite, ouverture qui vient sous la forme du contenu propositionnel that the House of Commons is acknowledged … as the final court in which the will of the nation is declared.
3. That / those déterminants
Anaphore
That will upon which the poet tells us our Constitution is broad-based (5) ; that will of the people (9). Il s’agit d’une reprise de the will of the people (l. 5), avec identification référentielle, et d’un référent connu de tous (la relative upon which the poet tells us our Constitution is broad-based, dans le premier cas, le syntagme prépositionnel of the people, dans le second, sont épithétiques, et fournissent l’un et l’autre une propriété saillante). L’emploi de that ne marque pas un rejet, mais un référent déterminé en contexte (et connu de tous) en dehors de tout repérage par rapport à l’énonciateur.
That position (12) renvoie au contenu de la phrase précédente.
Cette détermination (that) signale que that position, comme that will, n’est pas déterminé par rapport à l’énonciateur (pas de repérage déictique), mais que l’un et l’autre sont communément admis. Il ne s’agit pas, ici encore, de marquer un rejet, une prise de distance, mais un référent défini dans le contexte (anaphore et endophore), en dehors de toute indexation sur l’énonciateur.
That arrangement does not in the least fulfil the requirements of the Constitution (28)…
Renvoi à an abstract, a deferred supremacy (24). Définition référentielle en contexte, que l’énonciateur refuse de prendre en charge.
… If that authority is to be usurped (39).
Renvoi à the authority to speak for the nation (38) ; référent construit et achevé : clôture référentielle.
Cataphore
Those writers to whom I have referred … (35)
La définition de those writers est donnée en contexte, par le contenu de la relative. Il existe donc une corrélation entre la relative et those, et un effet de clôture (opposition radicale avec la cataphore opérée par this / these, l. 31 et l. 54).
4. That / those pronoms
Anaphore
That is a strictly true constitutional proposition. (2)
Renvoi endo-anaphorique au contenu de la motion ([affirmation of] the predominance of the House of Commons as the representative House of Parliament) sans rappel d’un lien avec l’énonciateur ; contenu envisagé en tant qu’objet préexistant en dehors de l’énonciateur.
Unless that is the example you are going to follow […] (16)
Renvoi aux lignes 13-16, some foreign method such as the referendum or the mandate or the plebiscite… such as was advised by both the first and third Napoleon : le repérage se fait ici encore en dehors de l’énonciateur ; le refus de prise en charge est ici manifeste, et le repérage s’opère par rapport au co-énonciateur.
That is not what we mean by the supremacy of the House of Commons (24 & 27).
Renvoi aux définitions données et récusées en amont (“an abstract, a deferred supremacy”, l. 24 ; “a supremacy that comes into play after one or two more appeals to the country, before which a determined resistance of the other House will give way”, l. 25-26). L’anaphore s’opère sans indexation sur l’énonciateur, à l’intérieur d’un énoncé dont la fonction est d’exprimer un refus de prise en charge.
Cataphore
Those whose natural leanings… would lead them to a very restricted order of representative institutions. (7)
Définition d’une classe par la propriété fournie dans la relative (cf. ci-dessus those writers to whom I have referred) ; pas de lien explicite avec la situation d’énonciation ; clôture de la référence une fois énoncée la propriété définitoire.

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N+N

« Bush Challenges Hundreds of Laws: President cites powers of his office », Charlie Savage, The Boston Globe, April 30, 2006.
PROBLEMATIQUE
Il est possible en anglais de prémodifier un nom par un autre nom dans des structures N1 N2 dans lesquelles N2 est le nom recteur ou nom tête
Ces structures sont appelées noms composés, ou agrégats nominaux.
Le premier nom qualifie le second en créant une sous-catégorie de N2 en fonction de la relation prédicative sous-jacente
Il était attendu des candidats qu’ils proposent dans un premier temps une analyse morphologique des composés N1 N2, puis, dans un deuxième temps qu’ils s’interrogent sur le type de relations, sémantiques et syntaxiques qui peuvent être identifiées entre les deux noms.

  1. Morphosyntaxe des composés en N1 N2
    La description portera sur N1 et sera suivie de remarques sur la typographie. N2 peut être prémodifié par différents types de N1 :
    - des lexèmes simples, non dérivés : torture ban, Patriot Act, lawmakers
- des noms propres : Globe reporter
- des noms dérivés, déverbaux dans le corpus examiné : administration officials, immigration services, spying programme. Spying a un statut nominal : on peut montrer qu’il ne s’agit pas d’un participe présent à valeur adjectivale à l’aide d’une manipulation (*the programme is spying) à la différence de a charming fellow ( = the fellow is charming).
- des noms composés : « whistle-blower » protections (le nom composé étant ici lui-même formé d’un N2 dérivé d’un verbe).
    102
    Dans tous les exemples ci-dessus, le N1 occupe la place d’un adjectif et ne porte pas de marque de pluriel.
    . Les mots composés NN correspondent à des lexies, des unités intégrées au lexique : lawmakers. Les composés N-N (whistle-blower) constituent une étape intermédiaire (fréquence d’emploi moins grande) et la juxtaposition N N (torture ban) une association qui peut être faite en discours : les N1 pouvant entrer en composition avec ban sont très nombreux (on peut imaginer des formations telles que weapons ban ou smoking ban par exemple).
  2. Différents types de relations syntaxiques et sémantiques entre N1 et N2
    - relation verbe-actant : torture ban < “ban torture” ; lawmakers < “make laws” ; law professor < “profess law”
- relation de localisation : administration officials (“officials in the administration”) ; Globe reporter (“reporter from/working for the Globe”) ; Portland State University (“the University of Portland”)
    relation de « qualification » : State University, US history. Dans ce cas, le N1 semble avoir un fonctionnement très proche de celui de l’adjectif ; une glose pourrait être : public university, American history
    - relation de type “hypallage” : signing ceremonies (= ceremonies where Bush signs documents). - relation moyen-but : spying programme (a programme for spying)
  3. Introduction
    Remarques sur le sujet :
    Le sujet porte sur l’utilisation de N2’s N1.

La forme N1 OF N2 peut bien entendu être mentionnée, mais à titre de comparaison : quand peut-on avoir un génitif à l’exclusion de N1 OF N2,
les différentes valeurs de OF dans le texte, par exemple, n’ont une éventuelle pertinence qu’en relation avec la question du génitif.
Les emplois dans le texte
‐ N2’s N1 déterminatif (plusieurs exemples, 31, 31-2, 44) 

‐ DET. + N + of + PRONOM POSSESSIF (that glow of hers, 23) 

‐ The rose garden or children’s library (30), qui est un génitif adjectival. 


Par ailleurs, le texte comporte des occurrences de N1 OF N2 intéressantes à comparer à N2’s N1, puisque, par exemple, des noms animés servant de repère sont utilisés avec OF, alors que la structure en N2’s N1 est généralement considérée comme plus courante avec des animés (Mary’s brother/ ??the brother of Mary).

Le génitif

  1. Proposition de typologie et de pistes d’analyse
    Ceci peut nous conduire, par exemple, à la typologie suivante :
    1. Pronoms et adjectifs possessifs 

    2. Génitifs déterminatifs 

    3. That glow of hers (23) 

    4. Génitif adjectival (30) 
On propose ci-dessous quelques pistes d’analyse de chacun de ces cas. 

      I. Pronoms et adjectifs possessifs
      On trouve dans le texte un certain nombre d’exemples de pronoms au génitif : par ex. rubbing her knees together (13) ; her very childish appearance (18-19) ; my jealousy (22) ; I turned my back… (26) ; our long stops (28) ; my pet (35) ; the front of his sweatshirt (9) ; among other empty cars with their noses… (41-42) ; et un relatif génitif : whose (9).

II. Génitifs déterminatifs
Il existe ici plusieurs angles d’attaque.
‐ Les génitifs (N2’s N1) sont préférés aux constructions en OF lorsque le nom repère est animé. 

‐ Le choix de N2’s N1 vs N1 OF N2 est lié au caractère acquis / nouveau de la relation entre les deux noms. 


Proposition d’organisation : 

A. N2 animé / inanimé
On trouve deux exemples dans le texte :
a motor court neighbor’s plain little Mary (31) Mary’s eight-year-old brother (31-2)
On a un repère animé, et donc une utilisation de la construction N2’s N1, ce qui semble correspondre au cas le plus courant. On note ici que les deux noms, à chaque fois, sont animés (neighbor / Mary ; Mary / brother); c’est le nom qui sert de repère (c’est-à-dire, le premier dans les constructions en N2’s N1) qui est déterminant lorsque l’on parle de préférence pour la construction en N2’s N1.
NB. Le génitif déterminatif est ainsi nommé car il fonctionne globalement comme un déterminant ; une analyse de la structure de ces GN peut aussi être proposée.
Le déterminant a dans a motor court neighbor’s plain little Mary porte sur le premier N (motor court neighbor). C’est l’ensemble du groupe nominal au génitif qui fonctionne comme déterminant du deuxième N :
[a motor court neighbor’s] plain little Mary (31) // [his/ her] plain little Mary

On retrouve la même chose dans :
[Mary’s] eight-year-old brother (31-2) où [Mary’s] sert de déterminant à l’ensemble.
B. N2 animé mais N1 of N2

99
D. Types de rapport entre les N

III. Double génitif
On trouve ici une construction dite de double génitif, en OF plus un génitif « ’s » : That glow of hers (23). Ces constructions se rencontrent souvent avec that / those. On peut penser à des expressions de type a friend of mine, mais on constate que la glose éventuellement possible pour a friend of mine (a friend of my friends), ainsi que celle avec one of… (one of my friends) n’est pas possible ici. En effet, la construction semble être présente en raison de l’impossibilité d’avoir *that her glow. Il n’y a pas prélèvement par rapport à une classe de glows (? that glow of her glows) mais plutôt appel à une connivence lecteur-narrateur, that jouant un rôle dans la mise en place de cette interprétation.
IV. Génitif adjectival (Aussi appelé génitif générique)
Il y en a un exemple dans le texte : The rose garden or children’s library (30). La glose en OF est ici très peu pertinente. On peut en revanche proposer une paraphrase en FOR : a library FOR children. Il s’agit d’un type de bibliothèque, et on a affaire à un génitif adjectival. Dans un génitif adjectival, le groupe au génitif n’occupe plus la position de déterminant, mais celle correspondant à une place d’adjectif ; le déterminant porte sur le deuxième nom – c’est-à-dire, plus exactement, sur le groupe – et pas sur le premier. On peut contraster la structure avec celle des génitifs vus en II :
(the) [children’s] library two [children’s] libraries a [children’s] library
Il y a ici création d’une catégorie de bibliothèques.

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IT & THIS

Richard Ford, A Multitude of Sins, « Calling », p. 40-1. 1) Présentation du sujet.
Les marqueurs IT et THIS ont un fonctionnement endophorique, de rappel ou d’annonce textuelle. Par opposition à l’endophore, l’exophore concerne les renvois à la situation qui est mise en scène dans le texte : la conversation téléphonique entre le narrateur-énonciateur, garant des repérages et son père qui souhaite l’inviter à une partie de chasse. THIS a, en langue, différentes réalisations : déterminant (this house), pronom ou proforme à valeur nominale (« You just shut up that talk and stay out of this »), adverbe (this long) . Dans ses trois occurrences dans le texte, THIS est réalisé comme proforme. Les douze occurrences du marqueur IT permettent d’analyser les valeurs que le marqueur a en langue dans ses différentes réalisations : proforme, pronom explétif, IT d’extraposition.
2) IT proforme anaphorique.
Dans ces cas, IT fonctionne comme un outil de reprise textuelle. Il convient de délimiter la portée de la reprise et le fonctionnement discursif du marqueur.

l. 18-23 : It seemed odd to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in after the Civil War as my house. IT (1) was not my house, I felt. The most IT (2) was was my mother’s house, because she had married him in IT (3) and then taken IT (4) in their hasty divorce.

La portée anaphorique des quatre occurrences de IT référentiel est la même,
. IT fonctionne comme proforme de reprise de ce groupe nominal complexe . On remarque le caractère synthétique du marqueur qui est le seul à permettre la saisie et la reprise du groupe nominal dans sa globalité.
La première occurrence de IT est en fonction sujet du prédicat be not my house
La seconde occurrence de IT, en fonction sujet du prédicat be my mother’s house, fait partie d’un énoncé fortement modalisé : le jugement de l’énonciateur est énoncé avant même que la requalification de la maison comme my mother’s house soit posée. La topicalisation par antéposition du superlatif The most crée un effet de sens proche de « all that it was my mother’s house » ou bien encore « the only thing that it was was my mother’s house ».
La troisième occurrence de IT fait partie d’un groupe nominal prépositionnel à fonction adverbiale de lieu. IT est complément de la préposition statique IN.
La quatrième occurrence de IT est en fonction d’objet direct, argument du verbe take.
l. 41-42 : The world wants to operate on looks. IT only uses brains if looks aren’t available.
IT est une proforme anaphorique de the world, en fonction sujet du prédicat only uses brains.
l. 41-44 : The world wants to operate on looks. It only uses brains if looks aren’t available. Ask your mother. IT(1)’s why she married me when she shouldn’t have. She’ll admit IT (2) now.
La portée anaphorique de ces deux occurrences de IT proforme est large : il s’agit d’une saisie synthétique des deux énoncés précédents The world wants to operate on looks. IT only uses brains if looks aren’t available. La manipulation en THAT de la première occurrence de IT dans ce segment : « THAT is why she married me… » ne permettrait que difficilement que le locuteur, le père, ajoute, dans l’énoncé qui suit She’ll admit IT (2) now ce qu’il estime vrai du point de vue de son ex-épouse. IT garantit la neutralité du repérage par rapport au locuteur garant de ses propos, ce que ne permet pas THAT.
La neutralité du marqueur IT facilite l’interférence des points de vue, le brouillage des voix, dans cette conversation qui, dans cet extrait, n’est pas l’échec d’un acte de communication entre deux personnes mais entre trois.

3) IT pronom explétif / présentatif.

On peut parler de IT non-spécifique au sens où il ne renvoie à rien de référentiel dans le texte ou dans la situation : le marqueur joue le rôle de support de prédication.

l. 4 : « IT’ll be you and me and Renard Junior, » my father said.

Dans cet énoncé en discours direct, IT n’a pas de valeur référentielle. C’est un support de prédication existentielle : le père prédique l’existence de ce qui pour lui a un caractère préconstruit, à savoir la participation à la partie de chasse de son interlocuteur (son fils), de Renard Junior et de la sienne. BE ne prédique l’existence (au sens ontologique du terme) de ces trois personnages mais l’existence de leur présence préconstruite à cette partie de chasse.

4) IT dans des extraposées.

Dans le texte, IT dit d’extraposition, sujet syntaxique du prédicat, annonce le sujet notionnel qui est déplacé sur la droite, en position focale (end focus).
Au niveau discursif, dans des passages où le narrateur-énonciateur fait partager au lecteur-co- énonciateur son point de vue, IT annonce de la matière notionnelle, préconstruite pour le narrateur- énonciateur et dont le positionnement est décalé sur la droite, d’où l’appelation de « IT d’anticipation ».
l. 1-2 : IT shocked me to think Dr. Carter was right there in the room with him, listening.

IT permet l’extraposition du sujet notionnel to think Dr. Carter was right there in the room with him, listening qui, peut, d’une part, trouver une explication de part sa longueur, et, d’autre part, s’explique de manière discursive et pragmatique. Il s’agit de rhématiser la présence de Dr. Carter, qui, selon le sujet énonciateur garant, me dans l’énoncé, n’est pas souhaitable.
l. 18-20 : IT seemed odd to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in since after the Civil War, as my house.

Avec le verbe subjectif seem, le marqueur IT occupe la place du sujet syntaxique
. Il ne s’agit cependant pas d’une structure extraposée au même titre que dans l’occurrence de la première ligne du texte : ??? to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in since after the Civil War, as my house seemed odd. Le verbe appréciatif copule seem permet l’effacement du sujet expérient de la perception et du jugement. Dans cet énoncé fortement modalisé, il s’agit de mettre en relief et d’énoncer le jugement, la prise de position de l’énonciateur quant à ce qui est préconstruit pour lui avant même de dire ce sur quoi porte ce jugement.
5) THIS proforme anaphorique.
l. 10 : « …THIS is not that kind of conversation ».
THIS reprend THAT qui renvoie au contenu des propos échangés dans l’énoncé précédent Just don’t say THAT, permet le glissement de point de vue, de point de vue du fils, on passe à celui du père et ouvre à droite.
l. 50-51 : « You just shut up that talk and stay out of THIS. I’ll see you Thursday morning, son, »
La proforme THIS est une anaphore large de I think she is sorry about it. – que l’on peut contraster du point de vue pragmatique (des relations intersubjectives père – fils ) à THAT proforme de la ligne 48 I’ll

testify to THAT. Le père emploi THIS plutôt que THAT en discours direct dans le but de signaler à son fils que les agissements de sa mère envers lui, son ex-mari, le concerne lui et non pas son fils.
6) THIS pronom explétif / présentatif.
l. 10 : « …THIS is Buck here. »
THIS a un fonctionnement très proche de celui de IT mais invite davantage à ce que le co-locuteur prenne son tour de parole et enchaîne la conversation.

Les démonstratifs

Les outils les plus pertinents à une analyse contextualisée des démonstratifs sont bien connus et étaient souvent cités et utilisés par les candidats. Il s’agit, entre autres, des concepts antinomiques d’«exophore / endophore » et « anaphore / cataphore ». Quel que soit le cadre théorique utilisé, ce qui est en jeu dans cette analyse est le mécanisme de la référence (transfert d’un référé à un référent).

Ensuite on pouvait envisager l’étude des formes plus « abstraites » ou « métaphoriques »
montrer la complexification de la représentation linguistique
une analyse de l’utilisation de that dans that thing that’s been going around (l.26) permettait de montrer que that peut véhiculer une notion de connivence avec le co-énonciateur (≈ that thing that you and I know about..)
. Un certain nombre de copies ont fait apparaître le contraste entre les démonstratifs dans this area of your body (l.37) et you could kill somebody by punching him in that place (l.38-39) et plusieurs ont vu la portée générique effectuée lors de l’emploi de that (place).

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les relations internominales en OF et ’S.

Les relations internominales de type nom-nom (NN, ou noms composés) ne faisaient donc pas partie du sujet ; p

Proposition de corrigé
Introduction
Pour exprimer les relations internominales, l’anglais dispose de trois grands modes de construction : la construction prépositionnelle, où deux noms sont reliés par une préposition, le plus souvent OF (N OF N), la construction génitive,

Dans une relation internominale, l’un des noms a normalement l’ascendant sur l’autre, et constitue la tête (ou le noyau) du GN, et l’autre est un qualifiant
L’ordre habituel dans lequel se construit la relation est différent selon que l’on a affaire à une construction en N of N, en N’s N (ou en NN) : typiquement, dans N of N la tête est le premier nom (a house of cards is a house), tandis que dans les deux autres constructions, c’est le deuxième nom qui est le pivot (my sister’s car is a car) : nous écrirons donc dorénavant N1 OF N2 et N2’S N116

nous partirons d’une réflexion sur ce qu’est une relation
16 Ou N2 of N1 et N1’s N2 si on le souhaite (cet ordre est retenu dans la grammaire de Lapaire et Rotgé), le but de la numérotation étant de montrer l’inversion de l’ordre des constituants nominaux. Nous choisissons dans ce corrigé d’appeler « N1 » le nom pivot.

78
internominale en OF/ en ’S. Puis nous nous pencherons sur les caractéristiques sémantiques des deux constructions, en y incluant certains paramètres de sélection de la construction en OF ou de celle en ’S. Nous nous intéresserons en dernière partie aux possibilités d’alternance dans les cas où les deux constructions sont possibles, puisque le texte propose des occurrences contextualisées de ce choix.
I. Qu’est-ce qu’une relation nominale en OF/’S ?
Le point commun entre les constructions mettant en relation deux N est qu’ils se situent à l’intérieur de GN, relient entre eux deux éléments qui comptent au moins un nom (cf. internominal), et que la mise en relation ne suppose pas une simple juxtaposition, mais une hiérarchisation, avec un des deux N qui est le N pivot (la tête, le noyau) du GN ; sémantiquement, l’un des deux (généralement le N1) constitue le repère, tandis que l’autre est repéré par rapport à lui17
Par ailleurs, les GN contenant une relation internominale en OF ou ’S sont généralement plus complexes. Par exemple, dans the client’s chair (l. 1), the apprentice’s outburst (l. 8-9), that aspect of the matter (l. 53)1
Dans the heads of young men (l. 36-37), la présence de the devant heads est ainsi liée à la présence de of young men : c’est parce qu’il est post-déterminé que le nom a un article défini. The détermine donc, certes, la tête heads, mais en réalité, on peut penser qu’il détermine l’ensemble [heads of young men], et donc que la structure de ce GN est :
[the [heads [of [young men GN]GP]N’20]]GN (plutôt que [the heads] of [young men]21)

La question de la portée du génitif peut être posée également ; elle permet notamment d’établir une distinction entre les génitifs dits «déterminatifs» et les génitifs «adjectivaux». Dans the apprentice’s outburst, si the détermine apprentice, c’est [the apprentice’s] qui à son tour détermine outburst. Pour preuve, the apprentice’s peut être glosé par his (his outburst) ; la structure du GN est donc :
[[[the apprentice]GN’s]GGén outburst]GN
Il s’agit d’un génitif « déterminatif »22. Charlie’s hands (l. 19), Mma Makutsi’s fault (l. 29), people’s heads (l. 35) sont également des génitifs déterminatifs. Dans the N°1 Ladies’ Detective Agency (l. 23), en revanche, Ladies’ occupe la position d’un adjectif ; on pourrait remplacer, par exemple, Ladies’ par African (the N°1 African Detective Agency). The porte cette fois-ci non plus sur Ladies, mais sur (Detective) Agency. Il s’agit d’un génitif adjectival.
The client’s chair, dans ce contexte (l. 1), n’appartient pas non plus à un client en particulier ; il s’agit de la chaise réservée à n’importe quel client qui vient à l’agence.
On pourra aussi s’interroger brièvement sur la structure de this woman of his (l. 30-31). Cette construction, qui reçoit parfois l’appellation de « double génitif », est aussi appelée « génitif postposé », ou « construction N of N’s » (Larreya et Rivière)24. Il s’agit d’une construction en ’S couplée à une relation en OF (this woman of his).
La construction permet d’avoir une double détermination (this woman, qui est aussi his woman)
Le premier élément de ces constructions, le déterminant, doit être a, article indéfini, comme dans a woman of his, ou bien this/ that (comme ici).

D’autres segments dans le passage peuvent poser des questions de découpage en raison de leur longueur. Dans the question of her new tea-pot and its ignominious fate as a receptacle for diesel oil (l. 11-12), le problème (question) n’est pas seulement celui de la théière, mais du fait qu’elle ait servi de réceptacle pour du diesel, et OF a pour complément deux GN coordonnés.

II. Relations sémantiques et choix de la construction
Le choix de l’une ou l’autre construction peut résulter d’une combinaison de critères sémantiques, discursifs et syntaxiques.
les animés humains sont supposés avoir une saillance qui en font de bons repères d’une relation, et ils sont souvent associés pour les relations internominales à des constructions en N2’s N1.
L’un de ces contre-exemples est the eyes of Mr J.L.B. Matekoni and Mma Ramotswe (l. 9), exemple pour lequel une construction en OF est bien employée malgré la présence d’un N2 d’animé humain. Pour cet exemple, la longueur du GN repère joue un rôle : c’est bien l’ensemble des deux GN coordonnés qu’introduit OF, et tandis que in Mma Ramotswe’s eyes serait tout à fait acceptable, la longueur du complément de OF rend difficile un génitif : ?in Mr J. L. B. Matekoni_ and Mma Ramotswe’s eyes.
En raison de son caractère à la fois souvent évoqué et polémique, on pourra également mentionner un critère fréquemment associé à N2’s N1 : la possession. On pourrait évoquer ce critère pour rendre compte des exemples suivants: Charlie’s hands (l. 19), people’s heads (l. 35), the heads of young men (l. 36-37), the heads of men (l. 39), the heads of women (l. 40),
On peut préférer, selon les exemples et/ou plus généralement, le terme de «relation d’appartenance », et/ou de « localisation ». Les exemples cités ci-dessus ont à voir avec une relation entre un être humain et une partie du corps : plutôt que de possession, il peut être plus juste d’y voir une relation de type partie/tout et/ou une relation métonymique. Eyes ne renvoie d’ailleurs pas aux organes physiques, mais à la pensée.
On peut alors évoquer la notion de « relation d’appartenance » : le terme indique que les deux éléments qui sont mis en relation appartiennent au même monde, au même « domaine » (général ou spatio-temporel), ce qui peut être également pertinent pour les parties du corps ou de la pensée émanant d’un personnage. On peut envisager ce repérage de manière plus générale encore et parler de localisation (cf. Théorie des Opérations Enonciatives), terme qui indique que sont mis en relation deux éléments qualitativement et quantitativement distincts, mais occupant des espaces connexes, ce qui crée la présence d’un lien entre eux. Larreya et Rivière28 indiquent la possibilité d’une glose en HAVE « pris dans son sens le plus large » (HAVE indique aussi une relation de localisation) ; une glose en HAVE est effectivement possible pour tous ces exemples : Charlie HAS hands, people HAVE heads, etc., mais également the Agency has an office.
Une (autre) relation sémantique qui impose l’usage de OF, et interdit celle de ’S, est celle qui a à voir avec une quantification. Dans one set of hands (l. 17-18), seul exemple de ce type dans le texte, on peut éventuellement considérer que le premier N sert de quantificateur externe à l’autre, et le rapprocher de a bar of soap (avec *a soap’s bar, et a hands’ set
De même, c’est N1 OF N2, et normalement pas N’S N, qui est utilisé lorsque la relation sémantique est de type « N1 est équivalent à N2 ». A clear idea of what to do peut entrer dans cette catégorie
Le cas des prédicats nominalisés peut également être évoqué. Le texte en propose plusieurs exemples : y sont employés des noms pour lesquels un verbe existe également,
The trade of insults peut aussi être considéré comme faisant partie de cette catégorie, puisqu’on glosera par they are trading insults. On constate que insults serait alors le complément d’objet de trade et le thème, et non l’agent, ou même la source comme dans the apprentice’s outburst.
. En cas de nominalisation, la construction en OF sera utilisée préférentiellement pour un rapport correspondant à celui du verbe et de son objet, tandis que la construction en ’S peut être préférée pour un lien entre un verbe et son sujet31.
les génitifs spécifiques/ classifiants, et le double génitif. Lorsque le génitif est générique, on note que la glose se fait en for plutôt qu’en OF : a/the chair for the client (
a/the chair of the client)32. On a signalé que la glose en among n’était pas forcément opérante pour this woman of his : le double repérage permet de localiser la femme en question par rapport au « monde » de l’apprenti (of his), tout en permettant qu’un pointage puisse être fait avec this. This woman of his n’est donc pas l’équivalent de his woman.

III. Alternance possible entre N2’s N1 / N1 OF N2 et structure informationnelle
La longueur a déjà été évoquée précédemment
Le choix peut également dépendre, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, du fait de savoir si le lien lui-même entre les noms est considéré comme préconstruit, culturellement, ou dans un contexte donné, ou, au contraire, s’il est construit en contexte, le lien étant considéré comme davantage préconstruit avec N2’s N1 que lorsqu’on emploie une structure en N1 OF N2
L’acquis de la relation entre the apprentice et outburst est donc mis en valeur.
Mma Ramotswe nodded her head in vigorous agreement. ‘They do, Rra. They certainly do. They turn people’s heads, I think. That is what they do.’
‘And women turn heads too,’ continued Mr J. L. B. Matekoni. ‘Women turn the heads of young men and make them do silly things.’
There was a short silence. Mma Makutsi was about to say something, but decided against it. It was arguable, she thought, whether women turned the heads of men any more than men turned the heads of women. She would have thought that responsibility

84
was shared in that respect. But this was not the time to engage in debate on this issue.

. Or on constate qu’à partir de la deuxième réplique, la construction en N2’s N1 fait place à des constructions en N1 OF N233. On pourrait évoquer le degré de préconstruction de la relation pour opposer N1 OF N2 et N2’s N1, en disant que le lien est davantage préconstruit entre les deux noms avec N2’s N1 qu’avec N1 OF N2. Dans ce contexte-ci, cependant, le lien peut être considéré comme préconstruit dans tous les cas : on sait en effet qu’un être humain a normalement une tête (cf. parties du corps, évoquées en section 234). L’analyse en termes de préconstruction doit donc ici être nuancée. On note en revanche qu’à partir de And women turn heads too, est introduite une dimension contrastive : on oppose les hommes et les femmes ;
A partir du moment où ce contraste est introduit, le repère stable/l’information connue devient heads, alors que l’information nouvelle (la « variable ») est women / men / young men.

Conclusion
L’anglais dispose de plusieurs moyens de construire les relations internominales, dont N1 OF N2 et N2’s N1, qui ont été analysés ici ;
Les types de rapports sémantiques sous-jacents, par ailleurs, sont nombreux et peuvent parfois contraindre le choix de l’une ou l’autre construction, ou, dans d’autres cas, en permettre plusieurs. Lorsque le choix est possible, la longueur, le degré de préconstruction de la relation internominale et/ou le choix du repère (par opposition au repéré), en lien avec la structure informationnelle de l’énoncé, jouent un rôle.

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La coordination

La coordination peut se définir comme la mise en relation de deux unités de même rang syntaxique. Cela implique en théorie que les éléments se caractérisent par une même nature et une même fonction. La coordination est ainsi supposée placer les éléments reliés sur un « pied d’égalité » syntaxique, puisque ces éléments ne s’inscrivent pas dans un rapport hiérarchique. De fait, les éléments reliés sont parfois dits «autonomes». La coordination se définit en conséquence par contraste avec la subordination, qui hiérarchise les éléments reliés en les faisant figurer dans un rapport de dépendance syntaxique. Avec la coordination, on a affaire à des mises en relation qui se situent davantage du côté de la parataxe, tandis qu’avec la subordination, on se situe du côté de l’hypotaxe.
Le degré de parataxe caractérisant la coordination est toutefois inférieur à celui de la juxtaposition car les éléments coordonnés le sont à l’aide de marqueurs, appelés conjonctions de coordination (ou coordonnants). Les conjonctions de coordination prototypiques sont AND, OR et BUT. A cette liste est parfois ajouté le marqueur FOR, bien que son statut soit sujet à débats.

Il s’agit donc de progresser de la forme au sens, et du sens à l’effet en contexte. A chacun de ces niveaux, on considère tout d’abord les exemples les plus prototypiques, pour ensuite examiner les cas qui le sont moins. Ce faisant, les trois points suivants sont abordés :
1- Le « pied d’égalité » syntaxique supposé caractériser les éléments coordonnés semble relatif.
2- L’autonomie des éléments coordonnés est vraisemblablement à remettre en question sur le plan sémantique. Une approche en termes de degrés s’avère, dès lors, plus pertinente.
3- Les effets discursifs semblent dépendre en grande partie des enchaînements propositionnels. Si tel est le cas, il est légitime d’intégrer à l’analyse les cas de coordination implicite.

  1. La coordination : un « pied d’égalité » syntaxique relatif
    Sur le plan syntaxique, la coordination peut consister en la mise en relation d’unités extrêmement variées, allant de termes isolés à des propositions entières. La coordination peut également dépasser le stade intraphrastique pour être élaborée sur un plan transphrastique (mise en relation de phrases).
    1.1. Les exemples les plus prototypiques présentent des mises en relation diverses

L’objectif est de vérifier si les éléments coordonnés se situent sur un pied d’égalité syntaxique, comme évoqué plus haut.
Des termes simples peuvent être coordonnés :
l. 77 : His voice was ludicrously abrupt and peremptory.
En première approche, ce sont des termes simples (en l’occurrence des adjectifs en position d’attributs) qui sont coordonnés. On pourra toutefois noter une ambiguïté : la coordination concerne-t-elle ici uniquement des termes simples (adjectifs), auquel cas on a une analyse du type : His voice was ludicrously [abrupt and peremptory] ou bien a-t-on affaire à une coordination de deux syntagmes (en l’occurrence adjectivaux), sachant que le premier serait pré-modifié tandis que le second ne le serait pas ?
l. 86 : Go and rest.
Dans ce deuxième exemple, deux verbes sont reliés mais nous verrons par la suite (sur le plan sémantique) que ces deux éléments sont peu autonomes. La symétrie apparente sera donc à nuancer.
Des syntagmes entiers peuvent être coordonnés :
l. 33-34 : I ate a sandwich or two.

Bien que ces syntagmes (nominaux, ici) aient la même nature et la même fonction, une dissymétrie existe sur le plan formel, puisque le second syntagme a pour tête un numéral. Il est nécessaire, sur le plan interprétatif, que le second segment soit relié au premier afin d’être correctement interprété. La séquence correspond en outre à une construction faiblement décomposable : nous y reviendrons en deuxième partie.
Des unités constituées de verbes et de leurs compléments sont également mises en relation : l. 11 : But then she abruptly pulled her mouth away and turned her head against my shoulder.
Il s’agit bien d’unités de même rang syntaxique. On remarque toutefois une légère dissymétrie au niveau formel, puisque le premier segment est composé d’un verbe à particule (pull away) et de son complément d’objet tandis que le second est composé d’un verbe transitif complexe et de ses deux compléments.

De plus, la coordination de termes ou syntagmes peut s’effectuer à l’aide de systèmes corrélés : il peut s’agir de BOTH… AND ou encore de NEITHER… NOR :
l. 46 : I could see that that both surprised and unsettled her ; l. 34 : Like myself neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination […]
Les éléments « supports » que sont both et neither introduisent nécessairement le premier élément de la coordination.
La coordination s’applique également à des propositions. Examinons le cas des propositions finies : l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
Lorsque deux propositions à verbes conjugués sont mises en relation, elles sont syntaxiquement autonomes, même si la question n’est pas aussi simple sur le plan sémantique. On note également la présence de la virgule, qui modifie la configuration. Sur le plan strictement syntaxique, elle établit une dissociation plus grande entre les éléments coordonnés que ne le ferait une coordination sans virgule.
Dans certaines configurations, plusieurs propositions sont impliquées par la coordination : l. 3 : A doubt dissolved in them, a candour was restored; and they tacitly accepted my judgment.
Ici, deux propositions sont tout d’abord juxtaposées, puis coordonnées à une troisième. En conséquence, deux points de vue sont possibles : on peut considérer soit que la proposition introduite par le coordonnant est reliée à la précédente uniquement, soit que les trois propositions sont coordonnées entre elles, l
Quoi qu’il en soit, ce type de coordination permet un effet de clôture lors d’une énumération (ou éventuellement d’une liste). Remarquons par ailleurs que la présence du point virgule établit une forte dissociation entre l’élément clôturant et les précédents : il est possible de l’interpréter comme un effet d’ajout a posteriori.
Dans certains cas (mais représentés par un seul exemple dans le texte), des propositions finies sont coordonnées à des niveaux différents :

l. 7 : The lips were warm and they moved under mine, and I was allowed to hold her body close. 52
En dépit de l’emploi de deux coordonnants AND, il n’est pas possible d’interpréter une telle structure selon le schéma : *Prop 1 AND Prop 2 AND Prop 3. Nous avons au contraire un premier ensemble coordonné (délimité à droite par une virgule), qui est ensuite relié au second par une autre occurrence de AND, située à un niveau hiérarchiquement supérieur. Le schéma permettant de représenter ce phénomène serait donc : [[Prop 1 AND Prop 2] AND Prop 3]. En somme, une proposition composée est reliée à une proposition simple, ce qui constitue un cas de dissymétrie formelle, bien que les unités reliées soient de même rang.

Examinons également le cas des propositions non finies :

l. 8 : I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness…and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.

Dans la mesure où les trois propositions infinitives se rapportent à la principale I was allowed, une interprétation en faveur de trois éléments coordonnés semble assez naturelle.

l. 18 : Wanting to be sure. But not being sure.

Des propositions non finies en ING peuvent également être coordonnées. On remarque que celles-ci ne sont pas rattachées à des propositions principales : la particularité de cet exemple tient à ce que ces propositions non finies constituent elles-mêmes des phrases (étant séparées par un point). La syntaxe est elliptique et le manque de fluidité discursive qu’elle semble refléter est accru par le point précédant la conjonction de coordination BUT : ce point final vient en effet marquer une césure entre les éléments reliés.
Des phrases peuvent donc être coordonnées : l. 29 : I’ll try. But I can’t…..
Puisque ce sont deux phrases qui sont reliées, il s’agit bien d’éléments de même rang syntaxique. Cela étant, le second élément, inachevé, serait dans cet exemple ininterprétable sans le premier. En outre, comme dans l’exemple précédent, c’est un coordonnant BUT qui est employé dans une configuration de coordination transphrastique.

1.2. Cas de dissymétrie plus marquée (exemples moins prototypiques)
Des segments de formes différentes peuvent être reliés : l. 46 : No. But it had crossed our minds.
Syntaxiquement, les segments reliés débutent tous deux par une majuscule et se terminent par un point. Mais, sur le plan formel, la dissymétrie est grande, car nous avons d’un côté affaire à une réponse courte et de l’autre à une phrase entière.

53
l. 68 : “What was he ?” But I never got an answer.
Cette fois encore, BUT est encadré par des phrases de formes différentes. Il est possible de s’interroger quant à la délimitation exacte des segments reliés par BUT. Celle du segment droit ne semble pas problématique, mais celle du segment gauche est discutable : on peut soit considérer qu’il s’agit de la phrase précédant BUT, soit même du dialogue qui précède.
De façon maintenant purement syntaxique, on remarque que des éléments de nature différente peuvent être reliés :

l. 78 : She was on her feet and staring furiously at the old man.

Mais on peut également interpréter la forme en ING comme un participe présent : on aurait ainsi une proposition nominalisée rattachée à BE, rendant la coordination possible.

1.3. Marqueurs généralement classés à la marge de la coordination
Traditionnellement, seuls les coordonnants AND, OR et BUT (avec parfois FOR) sont étiquetés comme coordonnants, dans la mesure où seuls ces trois marqueurs répondent favorablement à différents tests présentés comme constituant l’ « invariant » syntaxique de la coordination :
Dans le texte sous examen, le cas des marqueurs adverbiaux YET, SO et THEN retient l’attention.
Le cas de YET

l. 35-36 : Like myself, neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination to lure us into his game, yet seeming preparedness to abandon it.

YET possède une fonction de jonction et relie ici des parties de syntagmes nominaux complexes, toutes deux déterminées par le génitif the old man’s. Il les relie formellement comme le ferait une conjonction AND. Il est donc tentant d’intégrer YET parmi les coordonnants. Cela étant, il ne remplit pas tous les critères syntaxiques évoqués plus haut : il peut notamment, dans bon nombre de cas, être précédé de AND.
Le cas de SO

l. 53 : “Yes, that’s what we feel.” “So the enigma is why?”

SO se caractérise par une fonction de jonction similaire à celle des marqueurs précédents. Il relie ici des phrases de forme différente, mais nous avons vu plus haut que ce pouvait aussi être le cas des coordonnants centraux. On note par ailleurs qu’il ne répond pas favorablement non plus à tous les tests (il ne peut, notamment, relier des propositions subordonnées, il met difficilement en lien des syntagmes et, dans certains énoncés, peut être précédé du coordonnant AND), mais le caractère rédhibitoire de ces tests peut, comme nous l’avons évoqué, être remis en question.
Le cas de THEN

l. 28 : “He’s telling us another supposed episode from his life”. […] “Then we could meet after that?”

THEN possède également une fonction de jonction, relie des phrases, des propositions ou des syntagmes et s’avère proche de AND. Il pourrait néanmoins être précédé d’un coordonnant classique (en l’occurrence AND) et il est parfois mobile à l’intérieur du segment introduit, si bien qu’il n’est pas toujours classé lui-même parmi les coordonnants.
il n’est toutefois pas incongru d’intégrer cet adverbe dans la catégorie des marqueurs de coordination
Dès lors, il semble pertinent de considérer la coordination, non pas comme une catégorie absolument homogène, mais comme un ensemble de phénomènes présentant un centre et une périphérie. On pourrait ainsi parler de différents degrés de coordination, AND et OR étant plus prototypiques que BUT, qui est lui-même plus central que YET, SO et THEN.
2. Une autonomie des éléments coordonnés souvent remise en question sur le plan sémantique

2.1. Les phénomènes de coordination employant AND
Lors de l’emploi de AND, un élément B vient s’ajouter à un élément A. Cependant, bien que cet invariant se retrouve dans tous les exemples, le co-texte paraît jouer un rôle de premier ordre dans l’interprétation. Des effets de sens variés peuvent être relevés et, dans bon nombre de cas, on observe une relation de dépendance nette de l’élément B par rapport à A. Commençons par examiner les exemples dans lesquels les éléments restent relativement autonomes pour aller vers des degrés de dépendance bien plus grands.
Les cas d’ajout des éléments reliés
l. 77 : his voice was ludicrously abrupt and peremptory ; l. 7 : the lips were warm and they moved under mine.

l. 8 : I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness… and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.
L’interprétation d’une addition peut, comme ici, être renforcée par la présence de l’adverbe also, qui signale explicitement un ajout. Les éléments précédents s’ajoutent eux aussi (nous pouvons considérer que nous avons affaire à une coordination de plusieurs éléments) et le coordonnant AND n’intervient à la fin que pour signaler le dernier membre de l’énumération. On note le rôle particulier de also : il ne place pas uniquement le segment to know […] en fin de liste, mais permet de l’isoler. De façon corollaire, il peut être interprété comme signifiant « en plus de tout cela » : il donne donc à l’élément introduit un relief et une importance particuliers.
Les cas de succession temporelle
l. 3 : A doubt dissolved in them, a candour was restored; and they tacitly accepted my judgment.
On peut interpréter une relation de succession liée à la présence de AND
Parfois, la relation de succession est explicitée :
l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
La relation de succession dans le temps est rendue évidente par le marqueur then.
La nature des contenus propositionnels, mêlée à des considérations d’ordre logique, peuvent conduire à une interprétation du type conséquence.
Le texte présente un autre exemple de ce type :
l. 33 : I stopped her making any fresh tea, and we drank it tepid.

: l. 86 : Go and rest!
Dans ce type d’exemple, les deux procès forment une séquence dont la structure est idiomatique (Go and X, construction à l’impératif) et l’interprétation de ce segment fait difficilement intervenir la notion d’addition. Il est envisageable d’opter pour une interprétation en termes de but, du type : Go to rest.
On se rapproche ainsi de la subordination.
Bien que l’addition constitue la valeur centrale de AND, il est manifeste que les effets de sens pris en contexte dépassent assez amplement cette valeur. On passe alors d’exemples où les éléments sont relativement autonomes à des configurations dans lesquelles l’élément B est fortement dépendant de A. Dans certains exemples (et notamment dans les deux derniers), la non-autonomie est telle que la comparaison avec la subordination s’impose.

Ce phénomène de dépendance plus ou moins grande se retrouve également dans le cas de BUT et de OR.

2.2. Les phénomènes de coordination employant BUT
L’emploi de BUT signale fondamentalement une rupture, un décalage ou un contraste entre les éléments reliés, ou encore entre l’élément B (ou ses implications) et les implications de l’élément A.
Les cas de contrastes ou oppositions explicites
l. 18 : Wanting to be sure. But not being sure ; l. 29 : I’ll try. But I can’t…
Dans de tels cas, la suppression de la conjonction BUT serait extrêmement délicate. Cela nuirait fortement à la compréhension des enchaînements car BUT marque un contraste ou une opposition nette entre les contenus. De fait, les éléments coordonnés pourraient difficilement être placés de façon autonome l’un après l’autre.
Les cas de contraste ou opposition entre le propos B et les implications ou la relation sous-jacente à l’élément A
l. 46 : No. But it had crossed our minds ; l. 60 : “I very nearly didn’t.” “But past now?”
Dans ce type de configuration, BUT ne relie pas strictement les contenus du segment gauche et du segment droit mais le contenu du segment droit et les implications ou la relation sous-jacente au contenu du segment gauche. En l’occurrence, la réponse No (à la ligne 46) pourrait impliquer que cette éventualité n’ait jamais été envisagée, ce à quoi s’oppose le segment introduit par BUT.
Les cas de contraste ou opposition entre les implications ou conclusions de A et celles de B
l. 10 : The tips of our tongues touched, for a few seconds the embrace became tight, passionate. But then she abruptly pulled her mouth away and turned her head against my shoulder.
A partir de la phrase de gauche, on peut reconstruire une conclusion du type « relation en bonne voie » tandis que la conclusion possible à partir de la phrase de droite est du type « relation en mauvaise voie». On peut considérer ici que ce sont les conclusions argumentatives des deux segments qui s’opposent. On remarque en outre que, dans un tel cas de figure, BUT pourrait plus facilement être supprimé sans que l’enchaînement discursif devienne ininterprétable. Les marqueurs then et abruptly suffisent en effet à rendre l’enchaînement compréhensible car ils traduisent également l’idée d’une non-congruence.

2.3. Les phénomènes de coordination employant OR ou NOR
Les phénomènes de coordination employant OR sont peu représentés dans le texte puisqu’une seule occurrence de OR y figure, à laquelle on peut ajouter une occurrence de NOR. La valeur fondamentale de OR peut être décrite en termes d’altérité, ses effets de sens se précisant eux aussi en fonction du cotexte (alternative inclusive ou exclusive, reformulation, interprétation d’une condition négative). Dans le cas de (N)OR, tout comme pour AND et BUT, la dépendance entre les contenus est plus ou moins grande selon les types d’interprétations.
Le cas de NOR et la négation d’une alternative, ou d’un ajout

l. 34 : Like myself neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination…

Dans ce type d’exemple, la présence de l’élément support neither est indispensable. NOR, quant à lui, peut être analysé de deux manières : soitd’une addition en AND (paraphrase possible : she did not understand, and her sister did not understand). Quirk et al., qui optent pour cette seconde interprétation, classent cet emploi de NOR parmi les coordonnants centraux. Le degré de dépendance entre les éléments coordonnés est parfois plus prononcé encore.
Le marqueur OR et l’expression d’une approximation l. 34 : I ate a sandwich or two.
Dans les cas d’expression de l’approximation, le segment introduit par OR est fortement dépendant du segment précédent.
En conclusion de cette deuxième partie, les phénomènes observés peuvent se récapituler en termes de dépendance sémantique plus ou moins grande, se rapprochant parfois, notamment dans le cas de AND, de relations de subordination.
3. Des effets discursifs dépendant des enchaînements propositionnels

3.1. Nature des effets discursifs produits

Les phénomènes de coordination permettent l’agencement de séquences descriptives l. 1 à l. 11 (deux premiers paragraphes).
Dans la séquence narrative initiale, on remarque tout d’abord une prépondérance de descriptions dans lesquelles figure AND puis, à la ligne 11, l’introduction d’un marqueur BUT traduisant un revirement : l’orientation des éléments coordonnés par AND était positive du point de vue du narrateur et l’emploi de BUT marque alors un changement d’orientation.
Les phénomènes de coordination permettent d’ordonner et de rythmer les actions décrites
Le coordonnant AND, notamment, peut entrer dans plusieurs types de configurations, traduisant différents modes de déroulement correspondant aux actions décrites. On observe ainsi :
· un rythme binaire dû à une coordination de deux procès
l. 33 : We went back to the table and sat.
Ce rythme binaire est en outre modulé lorsque la séquence est entrecoupée par une virgule :
l. 31 : She glanced at the table, and pressed my hands ; l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
La virgule confère au procès introduit par la coordination un effet d’action effectuée après coup. Chaque action paraît ainsi plus détachée, plus dissociée de la précédente que dans les configurations sans virgule, où les actions semblent s’enchaîner directement.
· un rythme ternaire, dû à une coordination de trois procès :
l. 34 : I ate a sandwich or two, she smoked and we talked.
· un effet d’accumulation dû à des coordinations multiples (ou polysyndètes) :
l. 7 : The lips were warm and they moved under mine, and I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness… and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.

La répétition de AND crée un effet particulier d’accumulation. Cet effet est éventuellement renforcé par also, comme c’est le cas ici.
En termes d’agencement de la partie dialoguée, on remarque également divers effets.
Les phénomènes de coordination traduisent les orientations argumentatives des propos associés aux personnages. Dans le texte, l’emploi des marqueurs BUT est essentiellement associé aux propos des protagonistes, soulignant ainsi des oppositions ou contradictions caractérisant les contenus propositionnels : l. 17 : Wanting to be sure. But not being sure ; l. 29 : I’ll try. But I can’t… ; l. 46 : No. But it had crossed our minds.

Les coordinations peuvent également refléter les rythmes conversationnels. L’emploi de marqueurs AND précédés d’un point peut être interprété comme traduisant des ajouts de propos a posteriori.
l. 26 : “He’s telling us another supposed episode from his life. I’m going to join you after dinner”. She smiled up. “And I honestly don’t know what it is.”
Le reste du texte présente un exemple similaire :
l. 53 : “So the enigma is why?” She gave a little nod of the head. “And also why you have any remaining doubt about me”.

Les marqueurs BUT, s’ils peuvent être employés au sein d’un seul et même tour de parole, se rencontrent également à l’initiale d’un nouveau tour de parole, marquant alors une non-coïncidence ou même une opposition entre les propos des deux énonciateurs.
l. 55-56 : “No more than you must feel about me.” / “But you said it last time.”
Le coordonnant BUT signale ici une opposition entre les propos des personnages. Parfois, à l’initiale de questions, il en va un peu différemment, bien que la dimension inter-subjective soit toujours à l’œuvre.
l. 60 : “I very nearly didn’t.” / “But past now?”
BUT introduit cette fois une question, ce qui montre bien que le rapport entre les propositions ne consiste pas en une opposition pure. Il s’apparente davantage à un achoppement prenant la forme d’une demande de précisions quant à un éventuel contraste entre passé et présent.

3.2. Mécanismes qui sous-tendent ces effets discursifs et prolongements
Dans bon nombre de cas, les marques de coordination pourraient être effacées sans que cela nuise à la bonne interprétation du texte. Cela est vrai notamment des séquences narratives, dans lesquelles de nombreuses occurrences de AND sont finalement optionnelles.
Toutefois, la présence ou l’absence de coordonnants explicites joue un rôle sur les plans énonciatif et stylistique, car les marqueurs de coordination sont les traces de points de vue de la part de l’énonciateur- narrateur. E
Conclusion
. Suite à cet examen des phénomènes présents dans le texte, il est apparu que :
- sur le plan syntaxique, on observe différents degrés d’homogénéité entre les éléments reliés.
sur le plan sémantique, on observe des valeurs et effets de sens divers. De façon corrélative, l’autonomie des éléments coordonnés s’avère plus ou moins grande ;
- sur le plan discursif, les configurations dans lesquelles s’inscrivent les phénomènes de coordination sont variées
En somme, la coordination apparaît à travers l’étude du texte comme une catégorie qui est loin d’être homogène, dont les contours ne sont pas absolument distincts et étanches, et qui mériterait sans doute d’être décrite en termes de degrés. On préférera parler de « phénomènes de coordination » plutôt que de « la coordination ».
Sur le plan du texte lui-même, l’examen des coordonnants permet en quelque sorte d’en dresser le « squelette » en termes narratifs : la prédominance de AND au début du texte reflète en effet une abondance d’éléments se caractérisant par une même orientation du point de vue du narrateur (éléments tous positifs, et s’ajoutant selon des rythmes soit binaires, soit ternaires), puis un premier revirement narratif, traduit par la présence d’un BUT, amorce le passage à un plan dialogué. Les marqueurs BUT se font alors plus nombreux et traduisent des oppositions entre les contenus propositionnels des personnages. Un dernier BUT marque la transition entre dialogue et narration.

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LES OCCURRENCES DES ADJECTIFS

. Description et délimitation du sujet :
Les adjectifs ont une fonction de qualification du nom. D’autres unités peuvent aussi avoir cette fonction – post-qualification par des groupes prépositionnels, propositions relatives, participes ; préqualification par un autre nom – mais ne partagent pas toutes les caractéristiques des adjectifs.
Les adjectifs « centraux » sont gradables (possibilité d’y associer des intensificateurs ou atténuateurs, d’avoir des comparatifs ou superlatifs) et peuvent être attributs (predicative adjectives) ou épithètes (attributive adjectives/pre-modifiers) ;
Certains adjectifs peuvent avoir un fonctionnement restreint (par exemple, être attribut mais non pas épithète – alone, awake, etc.).
Les adjectifs ont peu de caractéristiques formelles.
- Ils peuvent être simples : l. 5 : sad, l. 6 : rude ;
-dérivés : l. 29 : joyful ; composés : l. 19 : bare-headed, l. 24 : well-graced, l. 45 : new-made, l. 47 : new-come, ou être des participes adjectivés : l. 9 : aspiring, l. 14 : desiring, l. 45 : lasting, l. 8 :
mounted, l. 16 : painted, l. 39 : sworn. Ces derniers exhibent des degrés d’adjectivation variable, certains partageant toutes les caractéristiques des adjectifs centraux, d’autres étant limités à une fonction d’épithète et sans gradabilité possible.
2. Typologie et analyses
Adjectifs simples :
Ces adjectifs (sad, rude, proud, tedious, gentle, strong, high, green, new) n’appellent pas beaucoup de commentaires. Tous sont des adjectifs centraux, sans restriction sur leur fonctionnement. Seul
l. 26 : tedious n’accepte pas les morphèmes –er / -est, mais reste gradable (very, more tedious).
Le candidat peut mentionner la délexicalisation de l. 12 : very : You would have thought the very windows spoke. L’étymologie de ce mot (de verray = true) montre bien sa nature adjectivale. Les formes comparative et superlative (verier, veriest) sont maintenant archaïques.
Very, devenu surtout adverbe intensificateur, n’est utilisé dans une fonction d’épithète que dans des structures figées (autre cas de délexicalisation : he is the very image of…).

-Adjectifs dérivés :
On trouve deux adjectifs dérivés dans l’extrait : l. 29 : joyful (no joyful tongue), avec une base d’origine française + le suffixe –ful, et l. 8 : fiery (dérivation plus ancienne). D’autres possibilités de dérivation existent (-less, -able, etc.), mais ne sont pas présentes dans le texte.
l. 13 : greedy (so many greedy looks) semble être un adjectif dérivé de greed (comme fiery, foggy) ;
cependant, nous avons ici un cas de dérivation inverse, la création de greed étant postérieure à celle de greedy.
Adjectifs composés :
l. 19 : bare-headed, l. 24 : well-graced, l. 45 : new-made, l. 47 : new-come
Deux procédés permettent de créer des adjectifs composés :
- Adjectif + nom + -ed (bare-headed).
- Adverbe/adjectif + V -en (participe passé) (well-graced, new-made, new-come).
Le –ed de bare-headed est donc un morphème dérivateur; celui de well-graced est la marque du participe passé.
Participes adjectivés :
l. 9 : aspiring, l. 14 : desiring, l. 45 : lasting, l. 8 : mounted, l. 16 : painted, l. : 39: sworn, l. 30 :
sacred, l. 6 : misgoverned.
Comme mentionné dans la description, ces adjectifs sont soumis à des degrés d’adjectivation variables
statements / testimony / affidavits – et des collocations : sworn enemies).
Adjectifs nominalisés :
l. 13 : greedy looks of young and old
Les adjectifs young et old sont partiellement nominalisés (substantivés). Ils ont un sens générique, excluant l’extraction (a young), la pluralisation (the youngs) et les références spécifiques.

(la réunification des deux complémentaires aboutissant à la totalité).

Suites d’adjectifs :
Le texte comporte deux suites d’adjectifs coordonnés : l. 8 : a hot and fiery steed (les deux adjectifs, quasi-synonymes, sont mis sur le même plan) et l. 10 : with slow but stately pace (les deux adjectifs à connotation inverse sont en opposition). Dans les deux cas, les suites sont figées. Nous avons
affaire à des polymots non-réversibles (*fiery and hot / *stately but slow).
Nous trouvons enfin une suite d’adjectifs concaténés : l. 6 : rude misgoverned hands. Cette suite est conforme à l’ordre habituel des adjectifs : adjectif « central » rude + participe adjectivé misgoverned en position post-centrale + N.
Ce qu’il faut savoir
- Les adjectifs1 constituent des apports d’information (des « cartouches de
sens ») qui viennent se greffer sur un support2 (généralement un nom ou un
pronom) :
[1] It’s a small blue room and they cram us into it like sardines.
Dans cet exemple, le nom room fait office de « support » et les adjectifs small et blue « apportent » à ce dernier une caractérisation de nature descriptive concernant la taille et la couleur. Cet « apport » est souvent appelé modification en grammaire. On dira ainsi que « les adjectifs small et blue modifient le nom room ».
Il apparaît clairement que l’adjectif est un type de mot sans grande autonomie, qu’on ne saurait considérer isolément puisqu’il est toujours « dépendant de… », « porte nécessairement sur… », etc. En conséquence, il est impératif d’établir sur quoi l’adjectif porte et ce qu’il apporte, autrement dit d’identifier :
- le noyau nominal :
An interesting comment
- le type d’information fournie : appréciation, caractérisation…
- Dans certains cas, l’adjectif apparaît seul :
son support est récupérable dans la situation d’énonciation : (That’s)
interesting!

il est employé dans une construction superlative : she’s thé tallest in her family

(le nom member est évident et peut donc être sous-entendu) ; she was the first/last to know (sous-entendu : persan).

il est « substantivé », c’est-à-dire partiellement transformé en nom, avec des contraintes spécifiques : emploi du déterminant THE (indice de statut nominal) et obligation du singulier (indice de statut adjectival). Ceci concerne surtout :

les groupes culturellement pré-constitués : thé rich, thé poor, thé
unemployed…
certains adjectifs de nationalité :thé French…
quelques concepts connus : thé supernatural, thé absurd…

Certains grammairiens considèrent que les numéraux sont des adjectifs. Nous les considérons comme tels lorsqu’ils suivent un déterminant, comme dans thé ten Commandments. Autrement, il est préférable de les considérer comme des déterminants .
Ceci fait que lorsque nous parlons d’adjectif, nous sous-entendons adjectif qualificatif. Le mot « qualificatif » signifie « ce qui sert à qualifier, à exprimer une qualité »
• D’un point de vue sémantique donc, un adjectif (qualificatif) est de nature qualitative. L’adjectif peut être plus ou moins objectif et oscille entre le très descriptif (twenty-year old) et le très appréciatif (wonderful). Plus l’apport est de nature descriptive et plus l’adjectif permet de travailler la notion nominale de l’intérieur (« en immanence »). Ainsi, old en [2] :
[2] There was an old mattress on the floor. [Qualitatif de type descriptif] s’attaque directement à la texture, à l’essence même de mattress. Inversement, plus l’apport est de nature appréciative et plus l’adjectif reste extérieur à la notion nominale (approche « en transcendance »). Dans a huffy twenty-year old American athlète, l’adjectif huffy ne modifie pas de l’intérieur le nom athlète. Le qualificatif peut être remis en cause : certains peuvent ne pas être d’accord avec cette étiquette.
.
Voici quelques procédés de dérivation de l’adjectif :
Nom + suffixe en -en : silken, wooden
Nom + suffixe -ly : godly, friendly [-ly est surtout un suffixe adverbial, mais il est adjectival dans quelques adjectifs : friendly = « amical » ; « amicalement » se dit in a friendly manner\ Verbe + -ed : overheated [sens passif] Verbe + -ing : depressing [sens actif]
Les adjectifs composés incluent au moins deux mots. Voici les constructions possibles1 :
Adj. + adj. : white hot
Adj. + V-ing : easy-going [cet adjectif est composé car il comporte deux
mots, le second étant lui-même dérivé du verbe go]
Nom + V-ing : time-consuming
Adj. + V-en : newborn
Adj. + préposition + pronom : free-for-all
Adj. + adv. : born again [ex. a born again Christian]
Adj. + nom + -ed : narrow-minded, long-eared
Adv. + V-en : wet-fed; well-known
Adv. + nom + ed : well-mannered
Nom + adj. : knee-deep ; navy blue
Nom + V-en : home made
Nom + nom + -ed: snow capped
V-en + nom + -ed : broken-hearted
• Un nom peut avoir un comportement de nature adjectivale, ex. October
dans a cold October night ; birthday dans birthday présent. Ce fonctionnement
adjectival du nom justifie qu’il ne porte pas la marque du pluriel : a brick factory.
D’autre part, de nombreuses propositions relatives ont une fonction adjectivale.
Tout ceci est très bien illustré par l’exemple suivant :
[3] / am left with thé corpse, thé living dead man, thé man with thé numb legs, thé man in thé wheelchair, thé cripple, thé sexless man, thé man with thé numb dick, thé man who can’t make children.
• D’un point de vue syntaxique, on distingue adjectifs épithètes (angl.
attributive adjectives) et attributs (angl. predicative adjectives) :
• l’ADJECTIF épithète se place presque toujours en position pré-nominale
(avant le nom qu’il qualifie) : a narrow hallway ; big clumsy puppets et non
*hallway narrow ou *puppets big clumsy. Cependant, il est possible de faire passer
le groupe adjectival après le nom, en utilisant le procédé de l’apposition, sur
tout lorsqu’on a plusieurs adjectifs. Il est alors d’usage de les coordonner : a
hallway, long and narrow… ; puppets, big and clumsy… Certains grammairiens
estiment que l’on est alors en présence de propositions relatives elliptiques (angl.
reduced relative clauses) : a hallway, [ which was] long and narrow… ; puppets, [which
were] big and clumsy… Notons également que le langage poétique aime bouscu
ler la syntaxe dans ce domaine précis et qu’il n’est pas rare que l’ordre de base
ADJECTIF ÉPITHÈTE + NOM (ou « apport + support ») soit inversé : sorrow unfathomable ; bliss eternal ; wisdom infinité, etc. Ce départ de la norme a pour effet principal une topicalisation (une « mise en relief ») de l’adjectif.
Cependant, il existe des locutions courantes préconstruites modelées sur le schéma inhabituel NOM + ADJECTIF ÉPITHÈTE. Nombre d’entre elles ont été influencées par le français (qui privilégie, on le sait, cet ordonnancement) : damage irréparable, malice aforethought, knight errant, prince régent, heir apparent, Secretary général, etc. Notons enfin qu’avec AS, SO, HOW, TOO, THAT et l’article A, on rencontre
l’ordre :
AS, SO, HOW, TOO, THAT + adjectif + A + nom

Ex. l’m as good a student as you/How good a writer is she?/It wasn’t that big a deal Ces constructions permettent de mettre en relief le commentaire fourni par l’adjectif, au détriment de A + nom, qui devient secondaire. –

l’ADJECTIF ATTRIBUT est postposé (« placé après ») dans la mesure où il vient se loger à la droite du verbe copule (APPEAR, BE, BECOME, FEEL, GROW, LOOK, SEEM, SMELL, SOUND, TASTE et assimilés) : I feel sick and want to leave ; you look terribly pale, my dear; we were quite upset. Comme on le constate, il n’est pas rare de trouver un adverbe qui modifie l’adjectif (cf. terribly et quite dans terribly pale et quite upset. D’ailleurs, la construction attribut est favorisée lorsque l’adjectif est lui-même déterminé ou complété par d’autres unités : a man [who was] anxious about his child entered thé hospital est nettement préférable à *an anxious about his child man entered thé hospital. Toutefois, lorsque la modification de l’adjectif est limitée à un seul adverbe, la construction épithète passe très bien : greatly exaggerated reports ; very extraordinary discoveries,
, certains adjectifs ne peuvent être qu’épithètes, comme elder/eldest, live, ainsi que les intensifieurs bloody, mère, sheer (it’s sheer hypocrisy if you ask me).
Quelques adjectifs ont un sens légèrement différent selon qu’ils sont épithètes ou attributs : thé présent circumstances (= les circonstances actuelles)/WZ thé parents présent (= tous les parents [qui étaient] présents).

• Ordre des adjectifs épithètes qualifiant le même nom. Prenons l’exemple a fast-talking, bearded figure. Il n’est guère envisageable d’inverser l’ordre des qualifiants : a bearded, fast-talking figure est peu recevable1. De façon générale, on procède en anglais du plus appréciatif (« prise de position », « jugement ») au plus factuel (« description de caractéristiques ou de traits fondamentaux »). Dans a brilliant American pianist, il est clair que American est une caractéristique de base, presque objective du nom pianist.
». De façon plus précise encore, l’on retiendra l’ordre général suivant :
(X) T A C O (X) M
à savoir Taille, Âge, Couleur, Origine, Matière ; X représentant des adjectifs
autres que ceux mentionnés. Cet ordre va du plus appréciatif au plus factuel.
Les adjectifs très subjectifs tels que lovely, silly ou wonderful (claire expression
d’un jugement) se placent au tout début, avant la taille.
On peut aussi retenir l’ordre suivant, en anglais : OPSHACOM (opinion, shape,
âge, colour, origine, matter.
Le critère retenu jusqu’ici est sémantique. Toutefois, la morphologie peut
également entrer en ligne de compte, mais de façon moins essentielle : on
procède en effet de l’adjectif le moins long au plus long. On dira ainsi : he felt
strongly for this joyjul, delicate-looking girl (deux adjectifs appréciatifs, mais le
second est plus long que le premier).
Rappelons que les nombres cardinaux (one, two, three…) se placent après les
ordinaux (first, second, third…} : the first ten chapters (fr. les dix premiers chapitres),
les ordinaux étant plus subjectifs que les cardinaux.
• Le coordonnant AND dans les suites d’adjectifs.
En position épithète, on emploie peu AND, sauf si les adjectifs décrivent des parties différentes d’un même réfèrent : a black and red cat (black et red renvoient à des parties différentes du pelage du chat). S’ils décrivent quelque chose de comparable (par exemple, un trait de caractère ou une apparence), AND peut être utilisé : a cruel (and) violent child ; a tall (and) élégant woman.
En position attribut, AND est quasiment obligatoire devant le dernier adjectif. AND montre que la liste des adjectifs est close [ > 111.03.]. Dans un style littéraire, AND peut être omis (on fait comme si la liste des adjectifs n’était pas close) : thé place was dark, empty, mysterious, unkwown.
• Les adjectifs peuvent être complétés sémantiquement par un groupe prépositionnel, un infinitif ou une proposition subordonnée : good at maths /happy to help them /suprised that they didn’t thank you. On peut dire que le segment à droite « post-modifie » (anglicisme) l’adjectif. Leur fonction est complément de l’adjectif. Certains adjectifs peuvent prendre les trois types de complémentation : pleased with thé results /pleased to see you /pleased that you liked

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Les quantifieurs

Le mot renvoie à une opération de quantification qui peut être mise en oeuvre par toutes sortes d’outils : déterminants, dénombreurs, quantificateurs, adjectifs, adverbes, groupes nominaux, subordonnants, prépositions, modaux, structures comparatives, mode, et également préfixation.
Quantifier peut signifier au moins deux choses :
- mesurer une quantité, une masse (beaucoup, peu, pas de)
- décompter un nombre d’occurrences de manifestation concrète de l’existence d’un élément (un, dix,…)
Dans les opérations de décompte, la mesure est fixe et fait appel à une unité de référence (déterminant a / one, two…n / a hundred) compatible avec les bases nominales fonctionnant en discontinu. Dans les opérations de mesure de la quantité-masse, la mesure est subjective et fait appel à une appréciation du volume, de la masse, du nombre par globalisation (some, much, all, hundreds, pluriel), métaphorisation (a flash of lightning),
comparaison (comparatifs, superlatifs).
Quand des quantifieurs sont employés pour déterminer du continu compact, ils prennent nécessairement une valeur qualitative. Deux traits inhérents à la quantification doivent être pris en compte dans toute analyse : la quantité (+objective) et la qualité (+subjective) et également la spécificité

La quantification, c’est-à-dire l’attribution d’une grandeur mesurable, est une opération qui s’apparente à la détermination en ce qu’elle (dé)limite, (dé)finit pour le co-énonciateur l’espace laissé à l’interprétation.
L’opération de quantification dépend donc du fonctionnement de la base nominale
A/ Fonctionnement des bases nominales
Continu compact
Ces groupes nominaux ne se rencontrent qu’au singulier
2. ! hospitality / 12. making ! love / 20. falls in ! love / 33. without ! embarrassment or ! regret
Il s’agit ici de notions, d’idées donnant des indications sur la qualité des sentiments en question.
Continu dense
10. ! wine, ! single malt Scotch / 27. ! Parmesan cheese, ! seafood
Des opérations de dénombrement peuvent être effectuées sur ces groupes nominaux à l’aide d’un autre groupe nominal fonctionnant en discontinu (10. glasses of wine).
Discontinu
Ces groupes nominaux sont compatibles avec le singulier et le pluriel. L’effet recherché est différent : avec le singulier il s’agit de renvoyer directement à “la notion”, à l’idée, au concept, de même façon que lorqu’on dit
« go to ! school » on ne pense pense pas au bâtiment école, mais à l’institution.
Dans le cas du pluriel, il ne s’agit pas de renvoi à la notion mais à plusieurs « exemplaires » non déterminés des objets ou des individus en question, à partir de quoi on (re)construit du générique.
Singulier
13. Maxine keeps ! dinner waiting for him / 14. they go upstairs to ! bed
Pluriel
5. ! movies and ! dinners out / 6. ! Cashmere cardigans, ! English colognes / 38-39 At the dinner table she
argues with them about ! books and ! paintings and ! people they know in common

On examinera cette question comme un double continuum s’étendant d’une part du spécifique vers le générique :

Spécifique Générique

Objectif Subjectif
et d’autre part, de la notion à l’objet, du continu vers le discontinu :
Notion Objet
Continu Discontinu
B/ Opérations de quantification assurées par les déterminants
Les déterminants simples (articles)
Déterminant ! :
+ base nominale fonctionnant en continu : implique une quantification égale à la totalité. On parlera de
« renvoi à la notion » (12. ! love / 33. ! embarrassment) ;
+ base nominale fonctionnant en discontinu + opération de pluralisation : implique une quantification égale à la totalité des éléments dénombrables. 13. On ! nights he has to stay late at work
Déterminant a / an :
Étymologie : unicité (“one)
Il fonctionne avec le discontinu. Le dénombrement est bloqué à l’origine. Il s’agit de quantification primaire, existentielle. L’interprétation peut aller du spécifique au générique (et au symbolique). Cet article est une forme affaiblie de one (Jespersen), auquel il reste proportionnellement plus de pouvoir à exprimer la qualité que la quantité : 10-11. At night he sleeps with her in the room she grew up in, on a soft, sagging mattress, holding her body, as warm as a furnace

le passage par la métaphore permet de construire le générique, et donc le subjectif.
Il est aisé dans ce cas d’imaginer une glose avec one :
51’ He has never witnessed one moment of physical affection between his parents
Déterminant the :

Quantification objective
Les cardinaux : one day / one evening :
Le quantifieur de l’unité one décrit aussi bien un type d’élément qu’un seul élément. Il est tout à fait possible
que le contexte impose une interprétation “classifiante” : dans 64. “…it’s too awful,” she eventually says on one of these occasions” il s’agit d’une seule occasion (pas de deux), le contexte est partitif ! spécifique, alors que
dans 29. as he had mistakenly done one evening, il ne s’agit pas d’un soir en particulier, mais du soir par opposition à un autre moment de la journée ! classifiant.
Notons que les cardinaux peuvent être quasiment utilisés comme indéfinis grâce à l’adjonction à gauche d’un adverbe modifiant la précision qu’ils manifestent habituellement : 64. barely three months after.
No et la négation du dénombrement :
40. No sense of obligation, 60. no interest, 47 no resemblance, 48. no reason at all
La décision de ne saisir aucun élément d’un ensemble peut être prise à la suite d’un parcours qui se conclut sans extraction ou, au contraire, avant toute opération de parcours. No nie le dénombrement ou la notion.
Quantification subjective, appréciative
Les indéfinis :
Some : (et aussi certain)
9. There is always some delicious cheese or pâté to snack on, always some good wine to drink.
46. To him the terms of his parents’ marriage are something at once unthinkable and unremarkable;
59. Still, some nights when her parents have a dinner party she has no interest in… she appears…
Il s’agit, à chaque fois, d’exprimer un déficit quantitatif ou qualitatif : la totalité des éléments de la classe ou la totalité des sèmes composant la notion ne sont pas pris en compte par l’énonciateur.

Some dit l’extraction, donc repose sur l’existence. Il est compatible avec l’expression de la subjectivité. La définition qu’en donne Jespersen (one or more, no matter which), montre également sa compatibilité avec le continu.
Quand il est uniquement utilisé comme quantifieur (dans les exemples ci-dessus il signifie à chaque fois une quantité certaine, mais non précisée)
Some est compatible avec les bases nominales singulier et pluriel. Il peut être simple déterminant (quantifieur) ou associé à une base générique (thing, one, body, how, where) pour former une pro-forme : 46. something atonce unthinkable and unremarkable.
On peut comparer à some, l’adjectif certain, qui peut être utilisé comme déterminant (mais pas comme proforme nominale) et qui est compatible avec le continu et le discret : 42. She is surprised to hear certain things
about his life.

42’. ? She is surprised to hear some things about his life
A moins de signifier très précisément qu’il s’agit d’une forme pleine.
Any :
34-35. he realizes that she has never wished she were anyone other than herself, raised in any other place, in any other way.
58. she and Gogol are never close to his neighborhood for any reason,
Any est, lui aussi, une forme dérivée de one. Comme a/an, il garde de one proportionnellement plus de “pouvoir” d’exprimer la qualité que la quantité. Il est plutôt subjectif en ce qu’il dit le parcours (donc, éventuellement, le choix). Il ne dit cependant pas l’extraction.
Il est compatible avec le singulier et le pluriel, le continu et le discontinu. Ne disant pas l’extraction, il est particulièrement compatible avec les contextes négatifs (ou plus **généralement modaux, qui impliquent une absence de validation et de valeur de vérité), qui correspondent à une absence de choix.
On peut utilement comparer ces emplois avec l’utilisation de whatever dans :
52. Whatever love exists between them is an utterly private, uncelebrated thing
Le déterminant whatever exprime d’une part l’existence d’une certaine “quantité d’amour” et d’autre part un déficit d’information de la part de l’énonciateur qui ne peut donner une quelconque valeur à cette quantité. Il s’agit bien d’une opération de quantification, dans la mesure où il y a tentatives réitérées d’appréciation de la quantité, tentatives exprimées par la répétion (ever) du parcours signifié par what.
Une certaine idée de la quantité ou du nombre (vers le moins, minorante ou vers le plus, majorante)
Many / much – few / little
Ces quantifieurs ne sont pas représentés dans ce texte. Much sera commenté dans son emploi adverbial.

Les prédéterminants sous forme groupe nominal of X :
Ils occupent la place d’un prédéterminant et permettent l’extraction d’une certaine quantité ou d’un certain nombre d’éléments. Ce type de quantification est le plus souvent métaphorique ou métonymique (contenant pour contenu, forme pour objet, etc.) :
1. It is a different brand of hospitality from what he is used to
10. glasses of wine or single-malt Scotch on the floor
15. bowls of café au lait
15-16. toasted slices of French bread and jam
19. sections of the paper
20-21. manner of living
48. pieces of jewelry
Dans 1. It is a different brand of hospitality, nous avons bien, par exemple, une opération sur la qualité : le type d’hospitalité dont il s’agit. Il est, de manière similaire, possible d’exprimer la quantité avec des outils non spécifiques comme le montrent 10, 15, 16, 19 et 48.
Ce rôle de prédétermination peut aussi être confié à un numéral cardinal proforme :
64 . “…it’s too awful,” she eventually says on one of these occasions”
Il peut être relatif à la nullité : 39. There is none of the exasperation
Ce peut également être un nom dérivé d’un quantifieur et relatif à un dénombrement précis (précédé d’un déterminant quantifieur cardinal) ou vague (pluralisation sans quantification) :
22. her hundreds of things always covering her floor and her bedside table.
L’opération de totalisation et la détermination

l’on parle de saisie analytique, par opposition à une saisie globale, ou synthétique.
Saisie avec discernement (! +analytique) :
Les déterminants each et every et la saisie analytique d’un ensemble :
La totalité, l’ensemble d’un groupe d’éléments donné peut être saisi de manière analytique, à la suite d’une opération de parcours qui se conclut par l’extraction de tous les éléments de l’ensemble (each / every).
On trouve en revanche deux occurrences de
every : 31. He learns to anticipate, every evening, the sound of a cork / 43. his mother cooks Indian food every day
Every, qui est une forme élaborée de each (æfre + ælc / ever + each) n’est, comme each, compatible qu’avec le singulier. A la différence de each, il ne peut être employé comme pro-forme nominale.
Si avec each l’individu peut être pris comme représentatif de toute une classe (si au contraire on souhaite mettre en valeur l’unique, on dira each one), avec every les choses sont sensiblement différentes : il dit que c’est par la réitération des saisies uniques qu’est construite la totalité.
Les prédéterminants :
All : 51. in all his life / 42. all his parents’ friends / all of his friends / 46. nearly all their friends
Tout prendre d’un ensemble donné s’apparente à une opération de quantification seconde intervenant sur un matériau déjà identifié et donc déterminé. Dans ce cas encore, on a affaire à l’expression d’une quantification plutôt objective.
Saisie sans discernement (! + synthétique)
C’est la saisie de la totalité sans aucun discernement qui est la plus plus objective (en ce sens que c’est elle qui repose le moins sur un jugement de la part de la source énonciative). C’est le quantifieur all qui se prête le plus facilement à cette opération. Il est compatible avec le continu et le discret (et donc avec le singulier et le pluriel) : Élément unique : 51. in all his life. Discret : 42. all his parents’ friends, 46. nearly all their friends and relatives

Une première opération de “décomposition”, de dénombrement ou, selon le cas, de discrétisation peut être effectuée au moyen d’une construction partitive en of.
21. all of these things
Notons que cette totalisation peut elle aussi être requantifiée à gauche : 46. nearly all their friends and relatives..

The :
Le déterminant the peut, grâce à sa fonction thématique, venir globaliser une opération antérieure de dénombrement effectuée par un dénombreur numéral cardinal et fermer ainsi la suite numérale en la bloquant au nombre indiqué par le quantifieur : saisie totalisante, après une opération de parcours.
49. the two of them kissing openly, going for walks through the city, or to dinner, just as Gogol and Maxine do.
/ 50. Seeing the two of them curled up on the sofa in the evenings
2 / Opérations de quantification assurées par les adjectifs
Les adjectifs épithètes ou attributs :
Quantifieurs de degré absolu, maximal, prédiquant par la même l’existence de la base nominale en contexte :
1. the very beginning / 59. absolute privacy.
Quantifieur d’unicité : 51. a single moment.
Quantifieurs de degré nul : adjectifs préfixés en un- :15. uncombed, 24. unkempt, 46. unthinkable, unremarkable, 52. uncelebrated.
Quantifieurs sémantiques lexicaux : 8. the tables are tiny, the bills huge (quantification de la taille).
Les adjectifs porteurs du degré : comparatif ou superlatif (grammatical ou lexical) :
Comparatif grammatical : 11. as warm as a furnace / 36. far more foreign (noter la possibilité d’un adverbe quantifiant le degré du comparatif).
Comparatif lexical : 47. the same way.
Superlatif : 35. the biggest difference.
Quantification de la qualité contenue dans l’adjectif, par le biais de l’adverbe :
Intensification modale : 44. so different / 53. so depressing / 64. too awful.
Quantification par le degré : 6. outrageously expensive / 24. increasingly minimalist.
Quantification par la fragmentation : 27. partially folded.
Quantification ordinale linéaire et non plus quantitative :
16. the first morning, 23. the fifth floor.
3/ Opérations de quantification portant sur la relation prédicative
Quantification des occurrences d’un événement :
Nulle (descriptive) : mode négatif. Valeur générique ou spécifique : 27. one doesn’t grate Parmesan cheese /
45. he doesn’t feel insulted
Nulle (modale) récurrente : never (4 occurrences) : 35, 44, 51, 58
Rare : 58. she visits him infrequently.
Fréquence quasiment égale à une validation permanente (modale) : always, 3 occurrences : 9, 9, 22.
Quantification de la durée au travers de la fréquence : 37. he is continually amazed.
Quantification du degré de qualité à prendre dans le prédicat :
Par un adverbe : 17. they’d merely smiled 44. not fully believing him.
Par un questionnement portant sur cet adverbe (interrogative indirecte ou exclamative indirecte) : 37. he is continually amazed by how much Maxine emulates her parents, how much she respects their tastes and their ways.
Pour mémoire, much est dérivé de mickle / muckle, much signifie la grande quantité.
Il est possible de rapprocher de cette opération de quantification celle qui consiste à indiquer la manière dont se noue la relation prédicative : avec / sans. Il y a dans ce texte quatre occurrences de without, qui correspondent, en fait, à with + no + base nominale :
7. without deliberation or guilt
8. almost without fail
33. without embarrassment or regret
55. without hoping for a particular response.
Notons que la préposition peut aussi être quantifiée par un adverbe de degré : almost without fail.
Quantification de l’apport informationnel. Enchaînement discursif et rhétorique :
37. In addition, he is continually amazed…
Conclusion
En conclusion, certains outils se dégagent comme ayant un rôle spécifique de quantification : les déterminants (“purement” quantifieurs ou non), les adjectifs et les adverbes, qui sont au premier chef les outils permettant l’expression du jugement de l’énonciateur. Cependant, on l’a vu, il y en a d’autres, qui, s’ils sont moins spécialisés, permettent néanmoins de renvoyer à des opérations de quantification.

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Les marques de l’anaphore

Le terme « anaphore » (du grec anaphora formé sur ana- « en arrière », « de nouveau » +phor- : « porter ») est lié à des notions de reprise, de substitution verbale ou nominale.

Ce qui caractérise la conception de l’anaphore en linguistique, c’est la relation anaphorique qui se crée entre un antécédent (ou source sémantique) et une forme de substitution.

nous admettrons, à la suite d’Anne Zribi-Hertz23, que sera appelée anaphorique « toute relation entre un antécédent et une expression qui en est référentiellement dépendante, quelles que soient les positions respectives des deux termes de cette relation ».
Les principales marques anaphoriques sont : les pronoms personnels réfléchis ou non réfléchis, des déterminants (this/that/the), des adverbes en th- (there) ou even, impliquant une préconstruction, les proformes, les relatifs, certaines formes verbales comme BE –ING, des formes N1 of N2 (the ending of it l. 28), un modal comme should + HAVE-EN (l. 32). Devant la diversité des marques, on se posera la question de l’existence d’une catégorie linguistique de l’anaphore.
Du point de vue de la morphologie, deux catégories de marques anaphoriques existent :
l’anaphore libre (it par exemple) et l’anaphore liée (which) dont l’antécédent est un terme situé dans la même phrase.
Les antécédents peuvent être des noms propres, des SN, des prédicats verbaux, adjectivaux une phrase.
La relation anaphorique permet de rendre cohérent le discours, de le structurer.
Un autre type d’anaphore est l’anaphore associative. Le lien anaphorique est fondé sur des connaissances d’ordre physique, culturel, sur la connaissance du monde, sur l’ontologie des objets, l’ontologie des concepts de discret, dense, généricité, parties (roues, volant), relations fonctionnelles (voiture, chauffeur), rôles (mariage, jeune mariée) : par exemple l. 53 They were
Latin, and from their Spanish (…) où l’on peut inférer « they speak Spanish » à partir de la notion Latin. L’anaphore associative est souvent fondée sur une relation méronymique (relation partie-tout), par exemple, ou une relation construite à partir de la situation (they left the train at the last stop before it went under the river to Queens, l. 61)

Le commentaire est organisé autour de trois familles de marques anaphoriques : d’abord reprise terme à terme, pronoms, proformes, puis déterminants et enfin phénomènes syntaxiques (relatives et formes en -ING).
I/ Reprise terme à terme, pronoms et proformes
1. Reprise terme à terme.
Peut-on parler d’anaphore lorsqu’il y a reprise à l’identique ? La réponse est non si l’on s’en tient à une définition stricte de l’anaphore, c’est-à-dire ; co-référence et absence d’autonomie référentielle du terme anaphorique.
2. Les pronoms
Les pronoms assurent la continuité thématique. Ils constituent un point de stabilisation de l’identité référentielle et en ce sens représentent une marque prototypique de l’anaphore. Nous laisserons de côté les pronoms personnels de 3ème personne, dont le référent dans le texte ne pose pas de problème de résolution pour examiner le cas de one. Nous ne traitons pas ici de it, que nous considérons comme une proforme.
Dans l’énoncé (a), ones reprend le nom singulier reason. En (b), il est précédé du déterminanta et remplace un syntagme nominal (N-barre en termes générativistes) :
(a) “Do you think that’s a poor reason to stay married? I know of worse ones.” (l. 43)
(b) I don’t think I ever asked him a question about himself, even so ordinary a one as where he had been born. (l. 25)
Les énoncés ci-dessus peuvent être glosés par: (a’) I know of worse ones / reasons ; (b’) even so ordinary a one/question. Le pronom one est non référentiel (c.f. Garnier & Guimier) dans la mesure où il peut représenter un élément quelconque.
3. Les proformes
It : la proforme it, dans le texte, a une référence endophorique (contextuelle). Dans les énoncés suivants, it reprend un GN :
(a) when they left the train at the last stop before it went under the river to Queens (l. 61)
(b) He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for it (l. 19)
Si en (a) la reprise semble se faire à l’identique, il n’en va pas de même en (b). En (a), il estpossible de supprimer l’anaphore :
(a’) when they left the train at the last stop before the train went under the river to Queens.
Mais avec un indéfini tel que (b) on ne peut plus remplacer it par son antécédent :
(b’) *He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for a pin
L’emploi d’un anaphorique implique l’élimination d’une altérité qualitative (le terme a déjà été construit et n’est donc pas un élément quelconque), une réélaboration du référent. Certains auteurs parlent de référent évolutif, lorsque la définition du référent évolue au fil du discours, comme c’est le cas avec l’énoncé ci-dessous, à tel point qu’il devient difficile de retrouver la référence de it :
For a few weeks that summer, I believe I was in a state of happiness. It was not a simple thing. Unlike misery, I could find no reason for it. Or perhaps it did bear some similarity to acertain kind of misery - that which Mrs. Justen had suffered, a darkness rising up thatswallowed the past, the imagined future. We had few conversations. He was far less interested in my past than Tom had been, than Mr. Clare was. I don’t think I ever asked him a question about himself, even so ordinary a one as where he had been born. It was the immediacy, the being out of time, that made me understand how worlds were lost to sustain it.
In an instant, I’d abandoned the calm I had taken so long to find. (l. 21)
Enfin, nous trouvons une occurrence de it souvent considéré comme non référentiel :
It was noon. (l. 3)
Nous considérons que même dans ces cas, it fait référence à une situation extra-linguistique et joue en conséquence un rôle anaphorique.
Do so:
(a) He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for it, not knowing I’d done so until I heard his faint laugh, his words, “You are fastidious.” (l. 19)
Il s’agit d’une proforme complexe. En (a), done so anaphorise le prédicat I held out my hand for it. Do so (Souesme26) implique le choix d’une valeur à l’exclusion d’une autre (il aurait pu en être autrement, un autre choix aurait été possible –« ne pas le faire »). Do so a une valeur contrastive (la jeune femme est étonnée d’avoir accompli un geste machinal : not knowing) alors que do it impliquerait la réalisation effective du processus et soulignerait le rôle de l’agent.
On peut noter une autre occurrence de DO dans un contexte de reprise:
(b) Or perhaps it did bear some similarity to a certain kind of misery (l. 22)
avec retour sur un préconstruit négatif (Unlike misery).
26 Souesme, J.-C., 1992 : Grammaire anglaise en contexte, Gap : Ophrys.
40
II/ Déterminants

Le déterminant THE

The marque la reprise avec identification d’une occurrence antérieure. La reprise est contextuelle lorsque l’occurrence est construite dans le texte, fait l’objet d’une première mention :
The subway was uncrowded. I sat across from a family, a brown-skinned old woman, her three daughters, and asleep on the lap of one of them, a child. (…) the three young women spoke with animation and confiding, impatient gestures but the old woman was still, her face calm, dreaming as she gazed from time to time at the sleeping child. Her blouse was embroidered with bamboo shoots and large red flowers. (l. 52)
Dans l’extrait ci-dessus, il y a construction préalable des éléments qui sont ensuite repris. La reprise est situationnelle lorsque l’élément n’est pas présent dans le texte, mais dans la situation :
when Mr. Mortimer walked into the kitchen
L’élément kitchen appartient à la situation et son existence n’a pas besoin d’être prédiquée par du texte.

  1. Les déictiques.
    Les déictiques this et that permettent d’établir un repérage entre énonciateur et situation d’énonciation. Peut-on opposer déictiques et anaphoriques ? Dans l’énoncé suivant, le déterminant this pointe vers un élément construit dans le contexte avant (We stared at each other) :
    We stared at each other. I felt overcome by an immense fatigue as though I’d not slept from the first moment I’d seen him, through all the looks and glances that had passed between us, the averting of eyes, the brief instants when our eyes had met, to this silent staring which made me want to cry out in protest. (l. 4-6)
    On aurait pu avoir the à la place de this (to the silent staring). Avec the, un lien serait créé avec l’occurrence précédente, et par cataphore avec la définition apportée par la relative. Or this, tout en jouant le rôle d’un anaphorique, indique une rupture dans la construction de la référence. Le déictique this attire l’attention sur un élément présenté comme nouveau et pris en charge par l’énonciateur. La procédure anaphorique peut être vue comme maintenant l’attention alors que la procédure déictique attire l’attention27”.
    Dans l’énoncé :
    “Why are you afraid of these people?” (l. 33)
    la référence est exophorique (situationnelle).
    That, à la différence de this, localise le référent par rapport à un autre point que l’énonciateur.
    La rupture est représentée par l’emploi du prétérit dans l’énoncé (a). En (b), that localise le référent (la relation prédicative et énonciative She knows most things about me) par rapport au co-énonciateur :
    (a) For a few weeks that summer, I believe I was in a state of happiness. (l. 21)
    (b) “Gerda probably knows,” he said conversationally. “She knows most things about me.”
    “My God! Why do you stay married to her?”
    “Do you think that’s a poor reason to stay married? I know of worse ones.”
    Nous mentionnerons également le substitut adverbial there qui assure la stabilité référentielle de la construction :
    when he saw me sitting there (l. 14); the other customers there looked rich (l. 29)
    III/ Phénomènes syntaxiques
  2. Les relatives
    Les relatives montrent la construction de plusieurs types de relations anaphoriques ; relatives
    déterminatives qui permettent au co-énonciateur d’identifier le référent de l’antécédent :
    through all the looks and glances that had passed between us, the averting of eyes, the brief
    instants when our eyes had me (l. 5-6)
    relatives appositives qui anaphorisent un antécédent dont la valeur référentielle est stabilisée :
    They were Latin, and from their Spanish which I could hear clearly at each station stop, they
    were from the Caribbean. (l. 54)
    Dans les relatives, l’élément anaphorisé ne se limite pas au connecteur, représentant de l’argument ; c’est la relative entière qui est trace de l’anaphore : I was eating a sandwich Ø I had brought from home (l. 1). La relation prédicative est déjà posée, préconstruite,
  3. Les formes en BE-ING
    On peut aussi considérer que les formes en be-ing sont toujours repérées par rapport à une situation. Une des valeurs fondamentales de ce marqueur est la valeur d’anaphore. Il y a reprise d’une relation prédicative préconstruite :
    (a) “I said something stupid,” he said. “I wasn’t thinking. I wanted to hold on.” (l. 17)
    (b) He released my arm. I said, ‘‘I’m going now.” (l. 49)

Conclusion
Nous terminerons par un énoncé qui comporte de nombreuses marques d’anaphorisation :
pronom it, do marquant le retour sur une prédication antérieure, reprise par that d’un SN affecté de ses modalités (a certain kind of misery), anaphore associative (misery anaphorisé par darkness), relative en which :
Or perhaps it did bear some similarity to a certain kind of misery - that which Mrs. Justen had suffered, a darkness rising up that swallowed the past, the imagined future.
Ce dernier exemple montre bien que l’anaphore ne correspond pas à une catégorie morphosyntaxique.
Le concept d’anaphore implique un travail sur la référence et donc des
représentations d’objets plutôt que les objets eux-mêmes.

A

x

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
12
Q

les adjectifs
Méthodologie de la question large
La question large porte sur une notion ou une forme linguistique, ou sur un ensemble de formes. Elle offre l’occasion de s’interroger sur ses valeurs et ses délimitations par le biais de l’analyse des occurrences du texte. Le format de la réponse est celui d’une démonstration argumentée et progressive, qui ne peut s’élaborer que si le candidat a procédé à un travail préalable consistant à définir le sujet, en s’appuyant sur la connaissance des valeurs recensées dans les ouvrages de linguistique.
Le candidat doit garder à l’esprit que la finalité de l’épreuve n’est pas de réciter un cours en forçant des occurrences à illustrer coûte que coûte les étiquettes traditionnelles. L’épreuve exige une classification rigoureuse et fine des différents cas, mais également une mise en perspective pertinente de la question grâce à l’analyse détaillée des occurrences du texte à l’étude. Pour ce faire, il s’agit d’opérer une sélection des occurrences qui justifient les valeurs de la forme et de relever en toute objectivité les inévitables points de résistance de certaines autres. Ce sont ces étapes préalables qui permettent d’aboutir à une problématique qu’il convient ensuite de décliner sous forme de plan. Le développement consiste à expliquer en quoi certaines occurrences peuvent être rapprochées ou distinguées les unes des autres, en procédant à des microanalyses, en usant des techniques de la glose et de la manipulation.
Tout au long du développement, l’exposé doit refléter le fait que le candidat entreprend de démontrer quelque chose. Pour ce faire, dans chacune de ses sous-parties, le candidat est invité à sélectionner les occurrences les plus représentatives des phénomènes qu’il souhaite tour à tour mettre à jour, sans qu’il soit besoin de démultiplier les analyses d’occurrences semblables.
Rappelons enfin que la question large doit comporter une introduction, dans laquelle figure une définition du sujet, une problématique claire et une annonce du plan ; un développement, qui se doit de respecter le plan annoncé ; et une conclusion, qui synthétise les étapes de la démonstration et offre une réponse à la problématique, de manière tranchée ou nuancée.
Proposition de corrigé
Introduction
L’adjectif, tout comme le nom, le verbe et l’adverbe, renvoie à une partie du discours classée parmi les éléments lexicaux de la langue, par opposition aux termes grammaticaux. Pendant longtemps, les adjectifs ont été considérés comme des « accidents du nom » auxquels ils étaient adjoints ou ajoutés (épithète < epitheton = surajouté). Aujourd’hui, on considère qu’ils constituent une partie du discours à part entière, qui a pour caractéristique d’être en lien avec un support nominal : un adjectif est ainsi épithète d’un nom, apposé à un SN ou attribut d’un sujet/d’un objet. Ce caractère second de l’adjectif est dû au fait que, par définition, un adjectif vient qualifier un nom : il constitue un apport d’information qui vient se greffer sur ce support (nom ou pronom). Il est donc nécessaire de déterminer sur quoi porte l’adjectif et ce qu’il apporte ; il faut identifier le nom et le type d’information fournie (appréciation, caractérisation, etc.). L’adjectif peut apparaître seul, précédé d’un ou de plusieurs modifieurs, notamment des adverbes ; il peut être simple ou composé ; il peut aussi se voir complémenté. Il forme la tête d’un syntagme adjectival. L’adjectif possède la fonction générale de modifieur qui l’oppose aux
73
termes chargés de la détermination. Toutefois, les adjectifs uniquement épithètes et non gradables du type same, mere, future, actual ou very, sont parfois appelés déterminatifs (ou pré-centraux). On peut également rapprocher l’adjectif du verbe (tous deux sont prédicatifs), et de l’adverbe : nombre d’adverbes sont formés sur des adjectifs et tous deux ont pour rôle de modifier un autre élément. La catégorie des adjectifs est par ailleurs une classe ouverte, qui admet régulièrement de nouveaux membres. Un adjectif prototypique est supposé être qualifiant, et pouvoir également occuper les trois fonctions : épithète, attribut, ou apposé. Or, nombre d’adjectifs ne connaissent pas cette souplesse. Il s’agit donc d’une classe hétérogène, ayant des liens possibles avec plusieurs autres catégories, et il peut donc être difficile de trouver à tous les adjectifs des propriétés communes.
Les adjectifs sont particulièrement nombreux et variés dans cet extrait, en particulier dans les deux premiers tiers. Cela s’explique sans doute par la nature essentiellement descriptive de ce passage. Cette variété est propice à l’établissement de rapprochements entre les occurrences, qui nécessitent de se placer à l’interface entre forme, sens et fonction. Ce positionnement permettra d’identifier les libertés et les contraintes derrière les occurrences. La problématique retenue consiste à identifier et à définir les contours de la catégorie, à mettre au jour les points communs qui justifient l’appartenance des adjectifs à une même classe grammaticale. Nous considérerons d’abord l’aspect morphologique, afin d’illustrer la variété de la catégorie et de démontrer que souvent la forme reste un critère d’identification partiel de l’adjectif. Dans un deuxième temps, nous appliquerons les classifications sémantiques usuelles aux adjectifs du texte. Enfin, nous nous attacherons à l’étude du fonctionnement syntaxique des adjectifs, en nous penchant sur les fonctions, l’ordre des adjectifs et la complémentation, pour encore une fois souligner les points communs, mais aussi la multiplicité.
1. Approche morphologique des adjectifs
Les adjectifs sont le reflet de l’histoire de la langue anglaise. Ils illustrent d’un côté le versant anglo- saxon de la langue, avec de nombreux adjectifs simples, souvent polysémiques, et la possibilité remarquable qu’ont les adjectifs de figurer dans des composés ; et d’un autre côté le versant latin, avec des adjectifs plus généralement affixés11 qui viennent s’ajouter au lexique, parfois en tant que synonymes (partiels) d’adjectifs simples. La possibilité de construire des adjectifs à partir de noms ou de verbes accroît encore le vocabulaire anglais, ainsi que la possibilité de s’en servir pour former des adverbes (faintly, l. 47) ou des noms, par dérivation (proximity, l. 1 ; mildness, l. 6 ; clarity, l. 7 et warmth, l. 7), ou conversion (breathing rather hard, l. 37 ; the wireless, l. 5). Le texte fait apparaître la diversité morphologique des adjectifs, du plus simple au plus complexe.
Un adjectif est dit simple s’il ne se constitue que d’une seule unité morphémique, c’est-à-dire, d’une racine libre. Les adjectifs simples ne peuvent être subdivisés en unités plus petites, du moins en synchronie12 : ex. small (l. 3). Un adjectif est dit dérivé s’il est créé à partir d’un autre terme, que l’on dénomme la base, grâce à l’ajout d’un préfixe ou d’un suffixe, voire des deux à la fois. En revanche, lorsqu’il découle étymologiquement d’une conversion à partir d’un terme d’une autre nature sans que
13

lui soit affecté de suffixe, la base subit une « dérivation zéro »
.

11 Il existe des adjectifs affixés en dehors du lexique « latin », et inversement, des adjectifs simples ou faussement simples (devenus simples avec le temps, n’étant plus analysables en constituants) qui sont également d’origine latine ou romane.
12 Nice (l. 45) par exemple provient étymologiquement de nescius, « qui ne sait pas », ceci n’étant plus visible en synchronie.
13 Pour les processus de création lexicale, on se reportera notamment à Jean Tournier, Précis de lexicologie anglaise, Paris, Nathan Université, [1993] 2004.
74
Le préfixe n’a pas pouvoir de conversion, contrairement au suffixe. Ainsi, le préfixe un- dans uncompromising (l. 7) ne change pas la nature adjectivale de compromising ; il permet cependant de garantir qu’il ne s’agit pas ici d’un verbe au participe présent (*to uncompromise). Le préfixe peut être séparable, comme dans invalid14 (l. 7), ou inséparable, comme dans dependable (l. 19), remote (l. 21), responsible (l. 64), excellent (l. 63) ou obscure (l. 38). Ces préfixes ne sont pas spécifiques aux adjectifs. S’il est séparable, et que son ajout relève d’un choix énonciatif, le préfixe portera plus volontiers un accent secondaire. S’il est séparable mais qu’il a fait l’objet d’une fréquence d’emploi dans la communauté ou dans une situation énonciative locale, alors il peut ne plus porter l’accent secondaire. S’il est inséparable, la voyelle, alors réduite, ne pourra porter d’accent secondaire que si la règle d’alternance rythmique l’exige, comme sub- dans subterranean (l. 45) (/20100/).
Les préfixes que comportent les adjectifs de ce texte montrent la variété de la catégorie. Qu’il soit ou non séparable, dans la mesure où il apporte une spécification sémantique, le préfixe contribue (de manière plus ou moins transparente, notamment en synchronie) à l’expression d’un sens donné. Dans becalmed, be- s’utilise ainsi pour ajouter un aspect résultatif par rapport à calmed, ou un élément comparatif (got calmer).
Les adjectifs dérivés par suffixation sont formés à partir d’autres parties du discours : d’un nom, par exemple, pour care + -ful ou marvel + -ous ; d’un verbe pour depend + -able ; d’un adverbe pour up + -er, etc. On note que la présence d’un suffixe peut entraîner des modifications du dérivant direct, qu’elles soient accentuelles (excellent, l. 63), phonémiques, graphémiques et/ou orthographiques (deciSive, l. 23 ; responSible, l. 64 ; subterraNean, l. 45 ; imaginable, l. 6 ; excelLent, l. 63). Enfin, s’ils sont séparables, ils affecteront la nature du dérivant direct et son sens, de façon plus marquée (harmless, l. 54) ou plus modérée (womanly, l. 54). L’échantillon que constituent les occurrences du texte montre l’extrême variété des suffixes, ainsi qu’un cas frontière, celui de sheep-like (l. 48), qui montre par le trait d’union requis que la préposition like n’a pas encore atteint le statut de suffixe, au contraire de l’adverbe less, par exemple. Si les suffixes modifient la nature des termes de départ, permettent-ils d’identifier la nature du terme dérivé ?
Quelques exemples peuvent être ici examinés un peu plus en détail. Le suffixe -ous permet d’identifier un adjectif (marvellous, l. 72) ; il en va de même pour le suffixe -al, sauf si le dérivant direct est un verbe, comme dans proposal ou denial. Cependant, on trouve des exceptions (ex. a British national, a local, a radical). Le suffixe -ic permet aussi en général d’identifier un adjectif, comme dans realistic (l. 23), mais il permet également de former des noms, et il faut prendre garde à -ics, qui signale un terme de nature nominale, comme electronics dans a rather sizeable electronics firm (l. 62). Le suffixe -ful, très productif, indique a priori la nature adjectivale du terme (careful, l. 20) ; toutefois, s’il s’associe à un nom désignant un contenant (ce n’est pas le cas dans careful), il forme alors un nom (ex. pocketful, mouthful, earful). Le suffixe -less s’ajoute lui aussi à une base nominale pour former un adjectif : tactless (l. 72-73), harmless (l. 54), mais dans a wireless deep in the recesses of the restaurant (l. 15), wireless ne peut qu’être un nom, l’adjectif ayant fait l’objet d’une substantivation inscrite en langue. Le suffixe -able présente une similitude avec -ful, étant donné que ces deux suffixes sont apparentés à un adjectif, respectivement able et full. Le suffixe -able œuvre cependant à partir d’un verbe, avec dérivation transparente (imaginable, l.6, dependable, l.19) ou non (ex. demonstrable). Le suffixe -ible est illustré par responsible (l. 64). La différence avec -able est au
14 Il peut être intéressant de noter que s’il avait été question du nom invalid, la suppression de in- aurait entraîné sa recatégorisation en adjectif, le nom valid ne figurant pas dans les dictionnaires d’usage.

75
moins phonologique : -ible impose un schéma accentuel, ce que -able ne fait pas en général. Quant aux suffixes -ean et -ian, ils peuvent former aussi bien des noms que des adjectifs. Ils apparaissent dans subterranean (l. 45) et patrician (l. 49). La distribution seule permet d’élucider que patrician est ici employé en tant qu’adjectif (le nom exigerait l’article A) : and had become amused, patrician (l. 49). Subterranean ne connaît pas d’emploi nominal usuel, mais peut être substantivé.
Le texte présente également un certain nombre d’adjectifs finissant par -ly. On note ainsi early afternoon (l. 5), its elderly pianist (l. 19) et womanly things (l. 54). Ce suffixe n’est pas un indicateur d’adjectif, puisqu’il traduit en général la dérivation à partir d’un adjectif vers la catégorie d’adverbe. La morphologie peut cependant expliquer que si -ly s’accole à un nom, alors il en résulte un adjectif (le cas est net avec woman[ly], moins avec elder[ly], aussi adjectif). En revanche, le cas de early relève étymologiquement de l’addition de ere et de lice, c’est-à-dire de -ly adverbial, et il s’agit donc ici d’une dérivation de l’adverbe vers l’adjectif. Il n’est pas adverbe ici car il modifie syntaxiquement un nom, et forme d’ailleurs une classe, opposable à late afternoon. Si only dans the only sounds (l. 14) est bien adjectif, dans the only two people (l. 13), il fonctionne comme un adverbe, dont la portée se limite à two.

D’autres suffixes apparaissent dans le texte :
le suffixe -id de invalid (invalid status, l. 7) ou stupid (l. 13), toujours formé sur un radical lié ;
le suffixe séparable -ine, peu présent en anglais (souvent dans des emprunts) : a remote and almost crystalline process (l. 22) ;
les suffixes -ant et -ent, illustrés respectivement par distant (l. 14) et excellent (l. 63) ;
le suffixe -ive, ajouté au verbe pour former un adjectif dans ruminative monologues (l. 27) ;
le suffixe -y lié dans tiny (l. 40), happy (l. 71), sorry (l. 71) ;
enfin, le suffixe lexical -en, présent dans golden fruit (l. 11).

Comme on l’a vu, tous les suffixes ne garantissent pas immanquablement la nature adjectivale du dérivé, et s’ils le font (le cas de -ous a été signalé), des contre-exemples existent souvent. La morphologie ne suffit donc pas à elle seule à définir un adjectif.
Un autre grand type morphologique d’adjectif est l’adjectif composé. À la différence du dérivé, il
résulte de la combinaison de deux éléments autonomes, c’est-à-dire qui existent chacun
indépendamment dans la langue. Le texte présente une occurrence claire de composition adjectivale :
l’adjectif vine-covered dans a vine-covered trellis (l. 3) est formé sur le patron [nom + verbe + -EN].
Une glose possible serait : the trellis was covered with vine. Citons aussi les deux verbes à particule
15

employés dans le texte comme adjectifs : upturned (l. 52) et cast-off (l. 53)
.
En tant que catégorie, les adjectifs se caractérisent par une très grande diversité morphologique, rarement entièrement révélatrice de leur statut. Par ailleurs, deux terminaisons, -ed et -ing, suscitent des interrogations quant aux limites d’une approche exclusivement morphologique : s’agit-il d’adjectifs ou de participes16 ? Une approche sémantique permet-elle alors d’aboutir à une classification plus opératoire, et quels critères sémantiques peut-on proposer pour tenter de rassembler ou de distinguer les adjectifs ?
15 La distribution de ces deux adjectifs, plus usuellement épithète pour upturned et attribut pour cast-off, pourrait expliquer la place inverse de la particule adverbiale dans les composés.
16 La question sera traitée en détail dans la partie 2.

76
2. Étude des propriétés sémantiques des adjectifs

Prototypiquement, un adjectif constitue un apport qualitatif auprès du nom qu’il modifie. Une opposition peut être proposée entre gold et golden (l. 11) : golden renvoie à la qualité de l’or, et dans le texte, s’agissant de fruits, à une apparence similaire à cette matière plutôt qu’à la matière elle- même. Il devient ainsi un terme signifiant la couleur. Le nom gold, lui, désigne un ensemble de propriétés caractéristiques, la matière, avec les représentations qui lui sont associées.
Le trait sémantique exprimé par un adjectif peut correspondre à une propriété permanente (ex. a
small restaurant, l. 3) ou temporaire (ex. new components, l. 22). Il peut être de nature
qualifiante / descriptive, c’est-à-dire apporter un détail à propos du référent (ex. the mild and careful
creature, l. 20), ou classifiante – dans ce cas, il permet de créer une sous-catégorie au sein de la
classe dénotée par le nom. S’il est classifiant, l’adjectif forme avec le nom un ensemble culturellement
préconstruit ; il sera donc d’ordre thématique, et occupera plus facilement la fonction épithète
17 qu’attribut .
Dans a bottle of yellow wine (ll. 3-4), yellow ne désigne pas une propriété visuelle incidente. L’adjectif permet de ranger un type de vin dans un paradigme. L’adjectif peut être dit « classifiant » lorsque sa suppression affecte l’identification du référent ou sa catégorie, ce qui est bien le cas ici : sont exclus, culturellement, les types rouge, rosé et blanc. Dans the golden fruit (l. 11), en revanche, un certain manque de pertinence d’une éventuelle classe permettrait de dire que golden (au sens métonymique de mûrissement) ne sert pas à restreindre le référent fruit de façon significative, et n’est donc pas classifiant. Un exemple incontestable d’adjectif classifiant dans le texte est Middle dans the Middle Ages (l. 33) : l’adjectif y a les caractéristiques typiques d’un adjectif classifiant – non gradable, objectif, non évaluatif, il évoque une qualité permanente mais permet aussi une restriction significative de la référence par rapport à l’hyperonymique ages. Associé à Ages, Middle crée une classe pertinente à la fois culturellement et discursivement, qui contraste avec toutes les autres époques. L’adjectif tiny, dans a tiny drawing of a man (l. 40), revêt en revanche un aspect descriptif : la propriété tiny affectée à drawing ne renvoie pas à un type d’illustration prédéfini, même si a tiny drawing of a man sert d’appui à l’effet classifiant souhaité par l’énonciateur au sujet de obscure advertisements, en indiquant un détail représentatif de la catégorie.

Certains adjectifs, dits « relationnels » et que Quirk et al. appellent noninherent, ne réfèrent pas 18
pour leur part à une qualité intrinsèque du nom . À la différence des adjectifs inhérents, il est rarement possible de les paraphraser par une simple relation inter-nominale : her soft touch [inhérent] the softness of her touch, mais a certain winner [non-inhérent] *the certainty of the winner. Comme ces adjectifs ne dénotent pas de propriété inhérente, toute paraphrase nécessite l’ajout d’un verbe contextuel, qui exprime ce caractère non inhérent, et voit le sens véhiculé par l’adjectif relationnel figurer sous forme d’un adverbe (a certain winner a player who will certainly win ; her habitual sheep-like expression, ll. 48-49 the sheep-like expression she habitually showed) ou d’un nom (rational discourse, l. 28 discourse that respects reason, opposé à the rationality of the discourse, de sens différent). Ces paraphrases confirment que ni habitual ni rational ne renvoie ici à une propriété intrinsèque du référent du nom. Dans quelques cas cependant, le sens reste exprimé

17 Voir aussi la partie 3.
18 « Modification of a noun by means of a noninherent adjective can be seen as an extension of the basic sense of the noun. Thus a firm friend is ‘a friend whose friendship is firm’, and a perfect stranger is ‘a stranger who is perfectly strange’. » (Randolph Quirk et al., A Comprehensive Grammar of English, London, Longman, 1985, p. 435.
77
par l’adjectif lui-même, mais il porte alors sur un nouveau nom-tête : a firm friend a friend whose friendship is firm.
L’adjectif new peut avoir un sens relationnel : the new government suppose ainsi newly-formed,
sans prédiquer de valeur qualifiante intrinsèque à government. L’énoncé new components had formed
(l. 22) joue sur les deux sens : propriété attribuée au nom-tête components et sens adverbial issu d’un
fonctionnement relationnel, qui, bien qu’il soit en partie neutralisé par la prédication had formed, reste
activable. Lorsqu’il est complémenté, responsible (I remain responsible for everything that goes,
l. 64) prend un sens relationnel également : la propriété qu’il dit n’est plus inhérente (ni gradable)
comme dans She is a very responsible person. Le complément exprime ici ce qui pourrait être analysé

comme une cible ou un but (for what?), en lien avec le choix de la préposition. La complémentation 19
entre donc dans l’analyse de la sémantique de l’adjectif, et inversement .
La qualité dénotée par l’adjectif est prototypiquement gradable. La gradabilité d’un adjectif se teste souvent par sa capacité à être modifié par les adverbes very, quite ou rather, ou à accepter le comparatif ou le superlatif. Les formes de comparatif présentes dans le texte sont au nombre de six : higher air (l. 8), the ascent to this upper air (l. 21), something harder, brighter, more decisive (ll. 22-23) et You may feel better (l. 36). Brighter et better illustrent la forme synthétique, irrégulière pour better, et more decisive la forme analytique. D’apparence semblable, upper ne peut cependant pas se manipuler en *very up air ; le suffixe du comparatif ajouté à l’adverbe up l’a converti en adjectif. Si le comparatif de higher permet de construire un superlatif (highest), celui de upper ne le permet pas : upper exprime l’altérité plus que le degré, ce qui lui permet, en revanche, d’activer un sens classifiant. Non gradable, upper est un adjectif moins prototypique que les premiers. La gradabilité n’est pas en effet un trait définitoire des adjectifs : un certain nombre d’entre eux ne le sont pas a priori, comme la majorité des adjectifs classifiants, les adjectifs tels que true (l. 37) ou right (l. 57), qui répondent à un adjectif complémentaire20 (false, wrong), et les adjectifs qui, comme excellent (l. 63), décrivent un degré maximal sur une échelle (ici celle de goodness). Dans ‘How marvellous!’ (l. 72), la gradabilité est marquée par l’adverbe de degré HOW. Bien qu’à sens superlatif, marvellous demeure gradable ; la propriété se construit également en discours. Dans That is quite right (l. 57), la gradabilité est marquée par l’adverbe quite, qui exprime le degré par le truchement de la conformité (qu’il dit relative), mais on note que ?very right est peu acceptable, et qu’en position épithète, right supporte moins la présence de quite qu’en position d’attribut : ?a quite right answer. L’adjectif épithète est à associer au thématique et au préconstruit, ce qui le prédispose à l’expression d’un effet de classe ; l’adjectif attribut est à associer au rhématique, il se voit ainsi plus favorable à un effet évaluateur en discours. La gradabilité peut aussi être marquée par des adverbes grammaticaux, et concerner des propriétés non inhérentes : on peut citer le cas de all that devant l’adjectif close (l. 2).
Les adjectifs sont aussi des termes polysémiques, dont le sens et l’emploi se définissent en contexte. Certains adjectifs simples apparaissant à plusieurs reprises, et leurs occurrences peuvent être analysées en regard.

  • L’adjectif qualificatif good est en relation lexicale d’antonymie avec bad dans les énoncés suivants : You may feel better if you tell me about it (l. 36)
And I am having such a good time (l. 46)
The weather was good (l. 60)

19 Voir quelques remarques dans la partie 3. 20 True, au moins dans son sens logique.
78
- this way I can spend a good deal of time on my farm (l. 65)
à l’exception du dernier : celui-ci comporte une structure idiomatique qui n’accepte que good ou great et qui, en association avec deal, exprime la quantité. Pour endosser ce sens quantitatif, good ne peut qu’être épithète, alors que pour la ligne 60, par exemple, il peut aussi bien être épithète qu’attribut ou apposé, et il est gradable.
Les deux adjectifs small et little sont des antonymes de big. Leur sens est de renvoyer à une portion d’espace ; les quatre noms qualifiés dans les énoncés ci-dessous renvoient à des lieux. Le choix de little pour modifier sitting room n’est pas seulement motivé par le critère de la taille ; il provient aussi du fait que little apporte une connotation de modestie, d’absence de prétention du lieu. Une autre piste est que le référent de sitting room, plus que celui de restaurant, peut activer les traits [+intérieur] et [+intime], ce qui pourrait aussi faire préférer little.
- outside a small restaurant (l. 3) 

- a small deserted square (l. 5) 

- as they had sat in the small deserted café-bar (l. 9) 

- from the little sitting room at the back (l. 16) 
Le sens d’un adjectif dépend étroitement des traits sémantiques du nom qualifié, notamment le trait humain ou non humain. Rapporté au temps, bright évoque une atmosphère lumineuse ou ensoleillée (the weather was both hot and cold, bright and dark, l. 8) ; en association avec un référent humain, bright pourra désigner non plus la luminosité mais plutôt l’intelligence ou la gaîté. Dans in something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23), Edith est configurée non pas en tant que someone, mais en tant que something. Ceci crée une certaine instabilité autour du sens de brighter, renforcée par la présence de able : ?something able to savour enjoyment. L’adjectif faint s’oppose généralement à strong, mais il peut également traduire une opération extralinguistique d’évaluation de la conformité au type. On l’opposerait alors mieux à very dans the faint whine of a distant car (l. 14), very traduisant l’opération inverse, celle de confirmer la conformité qualitative de l’occurrence à la notion (cf. the very tenor of the conversation, l. 55). Lorsqu’il affecte un non-animé, true s’oppose à false (‘Oh, do you think that is true?’, l. 37), alors que, devant un nom d’humain, il signifie sincere; il peut aussi opérer sur la conformité notionnelle (ex.a true mystery). Le fonctionnement de sure (one is never quite sure from what, l. 39) se heurte à d’autres contraintes selon sa fonction syntaxique. Épithète, sure n’accepte qu’une gamme restreinte de noms (ex. sign, thing, win / winner). La raison en est qu’il est alors relationnel : a sure win = sure to be won. Attribut, il reprend le sens qualifiant de certain, et peut alors être modifié, comme ici par quite. Réservé aux animés, l’adjectif sorry dénote un état temporaire. Seule la fonction épithète autorise son application à du non-animé (ex. a sorry face / excuse / show), avec des sens qui peuvent souvent être reliés à l’humain par implicite métonymique. Dans ‘Oh, I’m so sorry’ (l. 72), sorry est gradué sans problème par l’adverbe SO, peut-être du fait que la notion appartient au domaine de la politesse et qu’on ne se montre jamais assez poli. Seule la fonction attribut permet, comme ici, d’activer un sens performatif. 
D’autres exemples peuvent être analysés parmi les adjectifs dérivés. Leur flexibilité sémantique est potentiellement moindre, mais présente également. L’affixation peut par ailleurs conduire à une spécialisation, comme pour the uncompromising clarity of this higher air (ll. 7-8) : un- fonctionne comme un préfixe inséparable, puisque bien qu’inverse de compromising, on ne pourrait guère envisager de dire by the?compromising clarity of this higher air. Le préfixe a entraîné une spécialisation de ce qui aurait pu être l’antonyme de compromising : « inflexible » n’est pas l’antonyme 


79
de « compromettant ». Certains suffixes et préfixes expriment la privation ou négation. Ces notions
peuvent s’encoder de façon très différente : par un préfixe tel que un-, in- (invalid, l. 7) ou son
allomorphe im- (immediately, l. 38), ou par le biais du suffixe -less. Le cas de de- dans deserted (l. 9),
qu’on pourrait opposer à inserted (la racine -serere est bien commune aux deux), montre une affinité 21
avec la privation . On constate qu’à part la paire valid / invalid, les autres paires ne sont pas antonymes (inserted/deserted) ou connaissent des spécialisations (mediately/immediately). Le suffixe -ful, qui s’accole à un nom, est issu d’un adjectif : il signifie la présence de traits et non plus la saturation. Il s’oppose à ce titre à -less, qu’on rencontre dans tactless (l. 72) et harmless (l. 54) et qui lui aussi est issu d’un adjectif (little à la forme comparative). Des paires antonymiques sont possibles (harmful / harmless). -able intervient lui aussi en dérivation (no longer imaginable, l. 6 ; its dependable meals, l. 19 ; a rather sizeable electronics firm, l. 42 ; I remain responsible for everything, l. 64) : en tant que suffixes, -able et -ible signifient littéralement < that can be + V-EN > et s’apparentent ainsi à un énoncé de voix passive (ex. imaginable : that can be imagined). Souvent, l’adjectif se distingue du verbe au passif dans la construction (perte de on pour depend ; ajout de held pour récupérer that can be held responsible), mais aussi dans le sens (dependable signifie plutôt « fiable », et quel lien peut- on concevoir entre sizeable et be sized ?). La propriété dite par l’adjectif en -able se construit de façon complexe et pas toujours prévisible. Peu prévisible également est le sens de la terminaison -er de l’adjectif other dans the other end (l. 19). À l’origine suffixe du comparatif, issu d’une racine proto-indo- européenne, cette terminaison ne constitue cependant pas en synchronie la flexion -ER du comparatif. Other indique une altérité notionnelle. Il exprime une altérité spatiale, mutuellement exclusive et donc classifiante dans the other end (= the opposite end). Il est à noter que l’association de l’article A et de other forme un déterminant (et non un adjectif) : another glass of wine (l. 57), qui peut alors comme ici prendre un sens principalement quantitatif : one more glass, among many possible more. Comme on pouvait s’y attendre, peu de points communs unissent la catégorie des adjectifs dérivés, beaucoup de différences apparaissant y compris à affixe identique.

À l’interface entre sémantique, morphologie et syntaxe peuvent être analysées les formes en -ING et -EN susceptibles d’être adjectifs ou participes. Pour -ING, l’étude exclut d’emblée the little sitting room (l. 16), dans lequel sitting room forme un nom composé de type N1N2. La compositionnalité peut se tester ainsi : *a sitting and recreation room, *[sitting [rooms and lounges]], many rooms, among which a large sitting *one). Une possible manipulation en a room for sitting (vs. *a room that sits) confirme que sitting est un gérondif. N’est pas adjectif non plus resting (l. 10), apposé. Provenant d’une relation prédicative (< they / rest >), il constitue à lui seul une subordonnée à forme non finie, qui fait de resting un participe présent ; la participiale prend une valeur de concomitance : while they rested, voire de cause. En revanche dans the cunning and even learned periods (l.49), la coordination avec learned invite à voir cunning comme un véritable adjectif lexical, un lexème d’ailleurs bien plus usuel que le verbe cun aujourd’hui obsolète. Les adjectifs lexicaux en -EN sont illustrés par ce même learned, adjectif provenant de learn, mais dont la prononciation indique un sens adjectival désolidarisé du verbe learn, testé par l’irrecevabilité de *periods that were learnt.
À la différence du passif verbal, qui mobilise un BE auxiliaire, le passif adjectival se construit prototypiquement avec BE copule. Un test peut consister à tenter de remplacer BE par un autre verbe copule, par exemple become, seem, feel, look ou remain. La présence du verbe become dans had
21 Le préfixe dans dependable (l. 19), d’apparence identique, est un préfixe différent, spatial, au sens de from, down. 80

become amused, patrician (ll. 48-49), ainsi que la coordination avec un adjectif, ne laissent aucun
doute sur le statut de passif adjectival de amused. Est aussi passif adjectival bored dans You must be
[/ feel] bored stiff (l. 55). Le test nécessite un détour par la glose lorsque l’adjectif est apposé, comme
dans a tiny drawing of a man, [= who looks] rather correctly dressed (l. 40) et dans les deux
occurrences de used [= who had become used to…] (ll. 27 et 28). Le statut adjectival se teste de la
même manière pour un adjectif épithète : a small deserted square [= that seemed deserted], l. 4. Un
passif verbal se teste quant à lui par la réécriture d’une voix active. Ainsi dans were banished,
relegated to invalid status, by the uncompromising clarity […] (l. 7), la voix active est possible : the
uncompromising clarity […] banished […] the gentle appreciations […], and relegated them to invalid
status. Le contexte réactive ici le dynamisme des procès par la mention d’un agent certes non animé,
mais en partie personnifié par la qualité uncompromising, de laquelle découle le résultat de
bannissement. Dans l’énoncé And for a certain kind of woman. Cast-off or abandoned, paid to stay
away […] (ll. 53-54), qui présente une séquence de trois termes en -EN apposés, cast-off, affecté d’un
trait d’union, s’écarte de la piste verbale. Le second terme, abandoned, pourrait figurer à droite d’un
verbe copule tel que feel. Le troisième terme, paid […], n’est plus aussi clairement adjectival. S’il
semble autoriser le verbe copule become (become paid to stay away […]), il résiste en revanche à la
manipulation en the cast-off kind, the abandoned kind, the *paid to stay away kind et surtout, il se
prête à la réécriture d’une voix active : someone pays them to stay away. De plus, le texte isole paid
[…] de la coordination en OR, peut-être afin de séparer un premier groupe constitué deux passifs
adjectivaux de ce passif davantage verbal. Les tests menant ici à des conclusions inverses, on peut
alors considérer les phénomènes selon un gradient. Un certain nombre d’autres cas illustrent ce
gradient. Par exemple, dans with a hand pressed to the small of his back (ll. 40-41), with a hand that is
pressed to […] peut être mis à la voix active : with a hand that he presses to the small of his back. On
peut considérer que pressed est un passif verbal qui, au sein d’un SP en with, dénote un instrument et
prend valeur de passif adjectival. Pour to be permanently reserved for women (ll. 52-53), il est
impossible de récupérer une voix active au présent : *someone reserves it permanently for women ;
elle ne serait possible qu’avec has reserved. La mention d’un agent semble également impossible :

*permanently reserved for women by the owners. Ceci montre que reserved renvoie moins au procès 22
qu’à un état résultant. Ces tests, empruntés à Quirk et al. , permettent d’identifier ce qu’ils nomment un pseudo-passif. Aucun sens dynamique n’est concevable. Cependant, par le biais de permanently, reserved est vu dans une temporalité. On peut l’étiqueter comme étant un passif adjectival. L’adjectif gradable reserved a un tout autre sens (celui de discrétion), et dans ce cas, il ne prend pas de complément en for.
Si les exemples précédents sont des formes flexionnelles issues de participes, les adjectifs terraced (The terraced orchards, l. 12) et cobbled (flat cobbled ground, l. 14) comportent en revanche le suffixe dérivationnel -ed qui s’attache à des bases nominales. La paraphrase donne en effet : orchards formed into terraces (on peut noter le -s du pluriel) et ground made of cobbles.
Morphologie et sémantique sont nécessaires pour établir la nature adjectivale, mais aussi parfois la remettre en cause. Pour compléter l’étude des adjectifs, nous proposons à présent d’examiner les contours de la catégorie en partant cette fois des propriétés syntaxiques.

A

x

How well did you know this?
1
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2
3
4
5
Perfectly
13
Q
  1. Approche syntaxique : fonctions, ordre des mots, complémentation / syntagme adjectival

On rappellera ici que les adjectifs sont supposés pouvoir occuper trois fonctions : celle d’épithète (l’adjectif qualifie le nom dans le cadre d’un SN ; en anglais les épithètes sont généralement antéposées, parfois postposées), celle d’attribut (du sujet, de l’objet), et celle d’adjectif apposé. Il est possible d’avoir plusieurs épithètes, ou plusieurs adjectifs apposés ou attributs, auquel cas la question de leur ordre d’apparition se pose. L’adjectif est aussi la tête d’un syntagme adjectival (SAdj), ce qui pose la question des dépendances de l’adjectif, en termes de structure, en soi et en interaction avec le sens.
Les épithètes sont placées au sein d’un SN et en qualifient le nom-tête : nous avons eu l’occasion de relever déjà un grand nombre d’exemples, placés à gauche du nom qualifié. Le texte comporte un cas particulier d’adjectifs épithètes postposés, où les adjectifs se situent à droite de la tête qu’ils modifient. Cette contrainte vient ici du fait que la tête est un pronom, le pronom composé something : resulting in something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23).
On trouve un exemple d’attribut du sujet avec un verbe d’état à la ligne 36 : You may feel better if
you tell me. En revanche dans ‘You must think me very stupid’ (l. 73) et …that most people consider to
be adequate for the purposes (l. 28), les adjectifs soulignés sont traditionnellement étiquetés comme
attribut de l’objet : ils se rapportent respectivement au pronom me, objet de surface du verbe think, et
.

au pronom relatif THAT, qui a pour antécédent ruminative monologues ( I am very stupid ; that is 23
adequate) et qui est objet syntaxique de consider
L’apposition, quant à elle, consiste à séparer l’adjectif du nom-tête ou du SN entier, généralement
à l’aide une virgule ; l’adjectif apposé peut apparaître dans le co-texte droit ou gauche, et l’on peut considérer que l’apposition qualifie strictement un SN présent dans la proposition. Dans Edith, used to the ruminative monologues […], used, moreover, to concocting the cunning and even learned periods […] (ll. 27-29) figurent en apposition deux syntagmes adjectivaux, qui pourraient migrer à gauche du nom-tête. La forme pourrait provenir d’une relative réduite non déterminative : Edith, who was used to […], dans laquelle used, gradable, a le sens adjectival de familiar with. Cependant, l’apposition s’accompagnant généralement d’une valeur circonstancielle, le plus souvent de cause, de concomitance temporelle ou d’opposition, les syntagmes apposés sont parfois aussi rapprochés des circonstants. L’apposition des SAdj permet de leur donner une valeur explicative, l’habitude expliquant ici le sourire d’Edith. En revanche, aux lignes 4-5, Shaded, they were able to look out across a small deserted square made brilliant by the sun of early afternoon, le déplacement de l’adjectif apposé shaded à droite de la tête n’est pas possible du fait qu’il s’agit d’un pronom personnel. Shaded apporte une qualification supplémentaire à they ; la valeur circonstancielle est ici, du reste, moins nette à définir que précédemment.
Tous les adjectifs ne sont pas possibles dans toutes les fonctions ; par exemple, les adjectifs en -ly suivants ne peuvent pas être attributs :

the only sounds (l. 14)
its elderly pianist (l. 19)
do harmless womanly things (l. 54)
*the sounds were only
 ?the pianist was elderly ?these things are womanly

23 Voir ci-dessous pour plus de précisions sur la fonction d’objet de ces deux pronoms.
82
L’adjectif early (early afternoon, l. 5) prend un autre sens en tant qu’attribut, ce qui empêche de construire the afternoon was early. Épithète, l’adjectif early restreint la référence de afternoon ; il est à ce titre classifiant.
Quelques cas peuvent être considérés comme plus complexes. D’une part, on note l’absence de verbe au moins en surface dans How marvellous et dans Happy (l. 72). Dans How marvellous, énoncé averbal, on peut aisément retrouver une prédication sous-jacente : How marvellous [it is / sounds]!, au sein de laquelle il est possible d’analyser le SAdj How marvellous comme l’attribut du sujet it. Happy est une répétition de l’adjectif utilisé dans l’énoncé précédent, et on peut considérer qu’il entre dans une structure similaire, sans que celle-ci soit reprise : ex. she is still radiantly happy ; il s’agirait donc de nouveau d’un attribut du sujet dans une structure elliptique. Le cas de You must be bored stiff (l.55) demande également à être examiné. Bien que stiff ne soit pas un adjectif applicable directement au sujet (
I was stiff with boredom), la structure ressemble syntaxiquement à une construction résultative, si stiff prend un sens métaphorique. Stiff oscille entre adverbe intensifieur (il ne modifie aucun nom-tête et a le sens de terribly) et adjectif (si résultatif, il commute avec silly et qualifierait alors de façon indirecte). Enfin, le cas des attributs de l’objet peut également être reconsidéré : dans ‘You must think me very stupid’ (l. 73) et …that most people consider to be adequate for the purposes (l. 28), that semble être le COD du verbe consider et me celui de think, mais aucun de ces compléments ne constitue un argument du verbe : *You think me ; *We consider them (du moins dans la signification de consider ici). On peut donc analyser ces constructions autrement, en disant que la structure accueille alors l’ensemble < I / be very stupid >, < they / be adequate for the purposes >, qui constituent un noyau prédicatif.
Lorsque des adjectifs apparaissent en séquence, celui qui se situe immédiatement à gauche du nom-tête porte toujours sur celui-ci ; les autres adjectifs peuvent quant à eux porter soit sur le nom seul, soit l’ensemble formé par tout ce qui les suit à droite. Dans had lost its habitual faintly sheep-like expression (ll.47-48), la portée des adjectifs est la suivante: its [habitual [faintly sheep-like] expression]. Restreindre cette portée peut passer, sur le plan graphique, par l’emploi d’un signe tel que la virgule, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans flat cobbled ground (l. 14), un trait d’union entre les adjectifs flat et cobbled aurait clairement restreint la portée de flat sur cobbled, et contribué à la construction d’un adjectif composé ; l’ensemble aurait dénoté un sol couvert de pavés plats plutôt que bombés. L’insertion d’une virgule aurait prédiqué les deux propriétés tour à tour, sans établir de rapport entre elles. En l’absence de tout signe, flat porte par défaut sur l’ensemble cobbled ground. L’effet pourrait s’interpréter comme la vision d’un sol qu’on sait pavé et qui paraît plat vu des cimes. Dans do harmless womanly things (l. 54), il s’agit de qualifier la classe womanly things comme possédant la propriété harmless, ce qui encourage un effet de congruence (ironique) entre ces deux propriétés.
La mention de la conjonction AND sert à indiquer que la prochaine propriété d’une liste est la dernière ; si la conjonction AND ne relie que deux adjectifs, par contraste avec une virgule, elle invite à considérer ensemble les deux propriétés dans un rapport signifiant (de complémentarité ou bien, de façon moins marquée que BUT, de contraste). Dans the mild and careful creature (l. 20), le choix de la coordination montre que mild ne porte pas sur careful creature mais uniquement sur creature. À la différence d’une virgule, AND rend, semble-t-il, l’association signifiante : la propriété mild pourrait être donnée à voir dans un rapport congruent avec careful. Dans the cunning and even learned periods (l. 29), cunning et learned sont à la fois dissociés (even ajoute d’ailleurs une hiérarchisation à la

83
dissociation) et associés par AND ; il en va de même dans a remote and almost crystalline process (ll.21-22), où les propriétés remote et crystalline, qui semblent dissociées de facto par leur sémantisme (remote = localisation spatiale ; crystalline = aspect), sont réunies par le biais de AND.
L’ordre des adjectifs procède du terme le plus déterminatif vers le plus classifiant, une fois confirmée la portée. Pour organiser des adjectifs qui seraient tous de type qualificatif, on recourt généralement à l’ordre TAFCOMF (Taille, Âge, Forme, Couleur, Origine, Matière, Fonction). D’autres critères peuvent être mis en œuvre : l’ordre allant du plus subjectif au plus objectif (harmless womanly things, l. 54), de la propriété la plus temporaire à la plus permanente (même exemple), du terme le plus court au plus long, surtout lorsque les adjectifs sont tous évaluateurs ou s’ils occupent une même rubrique dans TAFCOMF, ou encore si l’un d’eux n’appartient pas nettement à l’une des rubriques. On ne dirait pas la même chose que dans l’énoncé original avec its faintly sheep-like habitual expression : dans l’original, habitual, auquel on peut substituer l’adverbe habitually, porte non pas sur le nom expression, mais sur la propriété sheep-like: its expression was habitually that of a sheep. Néanmoins, on note que l’ordre, s’il est conditionné par la portée, fait bien apparaître l’âge (habitual) avant la forme (sheep-like). Dans a small deserted square (l. 5), small [taille] est initial ; pourtant on pourrait estimer qu’il exprime une propriété plus permanente que deserted [forme? matière? fonction ?]. On peut alors penser que small est plus subjectif que deserted, deserted exprimant une propriété objective vérifiable par le calcul ou l’observation, une propriété par ailleurs moins aisément gradable que small. Le principe de longueur reste aussi ici valable, et ?a deserted small square semble moins recevable. Dans something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23), bien que les adjectifs soient postposés, on note que le principe de longueur fonctionne. On procède du plus synthétique, à effet classifiant, au plus analytique, en respect avec la proximité du nom cette fois-ci à gauche.
La position attribut pose aussi, mais différemment, des questions d’ordre des adjectifs. Dans those few words were judiciously selected, weighed for quality, and delivered with expertise (ll. 26-27), l’ordre suit la chronologie du méta-procès, alors que dans both hot and cold, bright and dark (l. 8), c’est l’ordre usuel allant du terme positif au terme négatif qui est suivi (un ordre que la cohésion textuelle invite ensuite à reproduire dans la seconde paire d’antonymes). Le remplacement par des virgules avec seulement un AND clôturant devant dark compromettrait le parallélisme et rendrait BOTH impossible.
Le texte permet d’illustrer également la vaste gamme des types de complémentation24 des adjectifs, ainsi que la question de la formation d’un syntagme adjectival : entertained by words (l. 30), gratified simply by performing their task to the audience’s satisfaction (l. 31), paid to stay away, or to do … clothes (ll. 53-55), able to savour enjoyment, even to expect it (l. 23), relegated to invalid status, (l. 7), his hand pressed to the small of his back (ll. 41-42), permanently reserved for women (ll. 53-54), responsible for everything that goes (l. 64), adequate for the purposes …. discourse (l. 28), used to the ruminative … discourse, used to concocting … periods (ll. 27-30), rather fond of the place (l. 58). Cette complémentation permet de rappeler que l’adjectif est la tête d’un syntagme adjectival et peut donc avoir des dépendants (les adverbes de degré et les compléments déjà mentionnés dans ce corrigé), ce qui à son tour peut avoir un impact sur le sémantisme (a responsible person n’est pas la même chose que someone who is responsible for something). Le lien entre le verbe et l’adjectif peut être de
24 Nous employons ici le terme de complémentation au sens large, de façon à intégrer dans cette liste paid to stay away, dans lequel l’infinitive oscille en réalité entre complément de l’adjectif au sens strict et circonstant de but.

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nouveau retrouvé dans le cas des adjectifs déverbaux (reserve something for something, pay someone to do something, la présence de syntagmes prépositionnels en by pouvant correspondre au complément d’agent du verbe correspondant).
Conclusion
Le travail présenté a visé à mettre en avant certaines caractéristiques des adjectifs, aussi bien morphologiques que sémantiques et syntaxiques ; les propriétés générales des adjectifs ont été rappelées (les trois fonctions de l’adjectif, la dimension qualifiante de celui-ci, ainsi que les régularités portant sur l’ordre et la portée) et certains cas un peu plus subtils ou délicats ont également été signalés. Divers effets de sens ont également été mis en avant. Il en ressort que si certains adjectifs possèdent un ensemble de caractéristiques qui sont typiques de la catégorie, d’autres cas sont moins facilement caractérisables. Cela signifie que certains adjectifs sont plus prototypiques ou plus centraux que d’autres, ce qui n’enlève rien aux traits récurrents de la catégorie lexicale « adjectif » : rôle de qualification du nom, types de constructions syntaxiques et patrons morphologiques fréquents.
Remarques sur le traitement de la question large par les candidats
Le jury a pu constater qu’en dépit des rappels effectués chaque année dans les rapports d’épreuve, un certain nombre de copies n’a pas respecté les prérequis méthodologiques : absence de problématique et/ou de plan, d’introduction et/ou de conclusion, ou encore de définition.
De façon générale, le jury a été surpris de voir que les connaissances syntaxiques de base des fonctions de l’adjectif ont souvent été réduites à celles d’épithète et d’attribut (avec parfois des erreurs), sans que ne soit abordée la fonction apposée. Le volet syntaxique était parfois absent des copies. De même, peu de taxinomies sémantiques ont été proposées, la question étant souvent reléguée à quelques remarques émises à l’occasion de l’étude de l’ordre des adjectifs. Autre écueil, l’étude sémantique a parfois été prétexte à un traitement à visée stylistique consistant à ranger les adjectifs selon des champs notionnels aux contours nécessairement arbitraires. D’autres fois, il s’est agi de considérations livrées sans tentative de catégorisation. En revanche, le jury a apprécié le fait que de nombreuses copies ont entrepris une analyse morphologique convaincante des adjectifs du texte. Assez peu de candidats ont tenté de proposer une articulation des différents volets, ce qui a souvent abouti à l’élaboration de structure « à tiroirs » et d’analyses qui sont restées très descriptives.
Les trois problèmes suivants ont été récurrents: regroupement des occurrences sous des étiquettes plaquées et peu pertinentes ; établissement de longs catalogues non commentés ; démultiplication d’analyses d’occurrences simples et semblables. Ces défauts allaient souvent de pair avec une absence de manipulations, lesquelles auraient permis d’introduire un raisonnement et de dépasser le stade de l’énumération. Un manque de connaissances des concepts centraux (par exemple la gradabilité, la fonction apposée, l’adjectif classifiant, l’adjectif composé) a souvent été relevé, ce qui révèle un manque de préparation chez certains candidats. Rappelons que l’analyse linguistique ne peut se faire que si le candidat dispose des bons outils, dont il est nécessaire de faire figurer dans la copie la définition et les conditions d’application (par exemple, mentionner les tests syntaxiques permettant de distinguer un passif adjectival d’un passif verbal). Rappelons aussi qu’une analyse linguistique ne peut se faire sans prise en compte du contexte, et qu’à l’échelle du mot, il est toujours utile de procéder aux tests classiques que sont : l’ajout (pour tester, par exemple, la
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gradabilité d’un adjectif par l’ajout d’un adverbe de degré), la suppression (pour détecter si l’adjectif est descriptif plutôt que classifiant, ou pour identifier quelles modifications sémantiques ou syntaxiques apporte un affixe), la commutation (pour voir, par exemple, si un adjectif fonctionne comme adverbe), et la permutation (pour tester l’ordre des adjectifs, ou le fait que l’adjectif tolère ou non un emploi aussi bien épithète qu’attribut).
La démarche consistant à relever les cas problématiques semble relativement maîtrisée par les candidats, bien qu’elle ait parfois prêté à des erreurs de catégorisation. À ce titre, des erreurs récurrentes ont été relevées lors de l’étude des adjectifs en -ING et de celle de ceux en -EN, souvent dues à l’absence de tests syntaxiques. Le jury a néanmoins apprécié les copies qui ont tenté d’organiser les termes portant ces terminaisons selon une échelle allant du plus adjectival au plus verbal.
Les bonnes copies sont celles qui ont envisagé une problématisation amorcée par l’étiquetage de « qualificatif », qui pose des problèmes de portée et de types d’emploi ; ou qui ont envisagé par exemple la catégorie sous l’angle d’un gradient à partir des adjectifs centraux, et ont ainsi cherché à établir une taxinomie allant du plus typique au moins typique. S’il n’était pas exigé que toutes les occurrences du texte, très nombreuses, soient traitées, il était attendu que la démonstration s’applique à envisager la question sous l’angle croisé de la sémantique, de la syntaxe et de la morphologie, en prenant appui sur une diversité représentative, ce qui a donné parfois lieu à de très bonnes démonstrations que le jury souhaite ici saluer.

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N+N

« Bush Challenges Hundreds of Laws: President cites powers of his office », Charlie Savage, The Boston Globe, April 30, 2006.
PROBLEMATIQUE
Il est possible en anglais de prémodifier un nom par un autre nom dans des structures N1 N2 dans lesquelles N2 est le nom recteur ou nom tête
Ces structures sont appelées noms composés, ou agrégats nominaux.
Le premier nom qualifie le second en créant une sous-catégorie de N2 en fonction de la relation prédicative sous-jacente
Il était attendu des candidats qu’ils proposent dans un premier temps une analyse morphologique des composés N1 N2, puis, dans un deuxième temps qu’ils s’interrogent sur le type de relations, sémantiques et syntaxiques qui peuvent être identifiées entre les deux noms.

  1. Morphosyntaxe des composés en N1 N2
    La description portera sur N1 et sera suivie de remarques sur la typographie. N2 peut être prémodifié par différents types de N1 :
    - des lexèmes simples, non dérivés : torture ban, Patriot Act, lawmakers
- des noms propres : Globe reporter
- des noms dérivés, déverbaux dans le corpus examiné : administration officials, immigration services, spying programme. Spying a un statut nominal : on peut montrer qu’il ne s’agit pas d’un participe présent à valeur adjectivale à l’aide d’une manipulation (*the programme is spying) à la différence de a charming fellow ( = the fellow is charming).
- des noms composés : « whistle-blower » protections (le nom composé étant ici lui-même formé d’un N2 dérivé d’un verbe).
    102
    Dans tous les exemples ci-dessus, le N1 occupe la place d’un adjectif et ne porte pas de marque de pluriel.
    . Les mots composés NN correspondent à des lexies, des unités intégrées au lexique : lawmakers. Les composés N-N (whistle-blower) constituent une étape intermédiaire (fréquence d’emploi moins grande) et la juxtaposition N N (torture ban) une association qui peut être faite en discours : les N1 pouvant entrer en composition avec ban sont très nombreux (on peut imaginer des formations telles que weapons ban ou smoking ban par exemple).
  2. Différents types de relations syntaxiques et sémantiques entre N1 et N2
    - relation verbe-actant : torture ban < “ban torture” ; lawmakers < “make laws” ; law professor < “profess law”
- relation de localisation : administration officials (“officials in the administration”) ; Globe reporter (“reporter from/working for the Globe”) ; Portland State University (“the University of Portland”)
    relation de « qualification » : State University, US history. Dans ce cas, le N1 semble avoir un fonctionnement très proche de celui de l’adjectif ; une glose pourrait être : public university, American history
    - relation de type “hypallage” : signing ceremonies (= ceremonies where Bush signs documents). - relation moyen-but : spying programme (a programme for spying)
  3. Introduction
    Remarques sur le sujet :
    Le sujet porte sur l’utilisation de N2’s N1.

La forme N1 OF N2 peut bien entendu être mentionnée, mais à titre de comparaison : quand peut-on avoir un génitif à l’exclusion de N1 OF N2,
les différentes valeurs de OF dans le texte, par exemple, n’ont une éventuelle pertinence qu’en relation avec la question du génitif.
Les emplois dans le texte
‐ N2’s N1 déterminatif (plusieurs exemples, 31, 31-2, 44) 

‐ DET. + N + of + PRONOM POSSESSIF (that glow of hers, 23) 

‐ The rose garden or children’s library (30), qui est un génitif adjectival. 


Par ailleurs, le texte comporte des occurrences de N1 OF N2 intéressantes à comparer à N2’s N1, puisque, par exemple, des noms animés servant de repère sont utilisés avec OF, alors que la structure en N2’s N1 est généralement considérée comme plus courante avec des animés (Mary’s brother/ ??the brother of Mary).

Le génitif

  1. Proposition de typologie et de pistes d’analyse
    Ceci peut nous conduire, par exemple, à la typologie suivante :
    1. Pronoms et adjectifs possessifs 

    2. Génitifs déterminatifs 

    3. That glow of hers (23) 

    4. Génitif adjectival (30) 
On propose ci-dessous quelques pistes d’analyse de chacun de ces cas. 

      I. Pronoms et adjectifs possessifs
      On trouve dans le texte un certain nombre d’exemples de pronoms au génitif : par ex. rubbing her knees together (13) ; her very childish appearance (18-19) ; my jealousy (22) ; I turned my back… (26) ; our long stops (28) ; my pet (35) ; the front of his sweatshirt (9) ; among other empty cars with their noses… (41-42) ; et un relatif génitif : whose (9).

II. Génitifs déterminatifs
Il existe ici plusieurs angles d’attaque.
‐ Les génitifs (N2’s N1) sont préférés aux constructions en OF lorsque le nom repère est animé. 

‐ Le choix de N2’s N1 vs N1 OF N2 est lié au caractère acquis / nouveau de la relation entre les deux noms. 


Proposition d’organisation : 

A. N2 animé / inanimé
On trouve deux exemples dans le texte :
a motor court neighbor’s plain little Mary (31) Mary’s eight-year-old brother (31-2)
On a un repère animé, et donc une utilisation de la construction N2’s N1, ce qui semble correspondre au cas le plus courant. On note ici que les deux noms, à chaque fois, sont animés (neighbor / Mary ; Mary / brother); c’est le nom qui sert de repère (c’est-à-dire, le premier dans les constructions en N2’s N1) qui est déterminant lorsque l’on parle de préférence pour la construction en N2’s N1.
NB. Le génitif déterminatif est ainsi nommé car il fonctionne globalement comme un déterminant ; une analyse de la structure de ces GN peut aussi être proposée.
Le déterminant a dans a motor court neighbor’s plain little Mary porte sur le premier N (motor court neighbor). C’est l’ensemble du groupe nominal au génitif qui fonctionne comme déterminant du deuxième N :
[a motor court neighbor’s] plain little Mary (31) // [his/ her] plain little Mary

On retrouve la même chose dans :
[Mary’s] eight-year-old brother (31-2) où [Mary’s] sert de déterminant à l’ensemble.
B. N2 animé mais N1 of N2

99
D. Types de rapport entre les N

III. Double génitif
On trouve ici une construction dite de double génitif, en OF plus un génitif « ’s » : That glow of hers (23). Ces constructions se rencontrent souvent avec that / those. On peut penser à des expressions de type a friend of mine, mais on constate que la glose éventuellement possible pour a friend of mine (a friend of my friends), ainsi que celle avec one of… (one of my friends) n’est pas possible ici. En effet, la construction semble être présente en raison de l’impossibilité d’avoir *that her glow. Il n’y a pas prélèvement par rapport à une classe de glows (? that glow of her glows) mais plutôt appel à une connivence lecteur-narrateur, that jouant un rôle dans la mise en place de cette interprétation.
IV. Génitif adjectival (Aussi appelé génitif générique)
Il y en a un exemple dans le texte : The rose garden or children’s library (30). La glose en OF est ici très peu pertinente. On peut en revanche proposer une paraphrase en FOR : a library FOR children. Il s’agit d’un type de bibliothèque, et on a affaire à un génitif adjectival. Dans un génitif adjectival, le groupe au génitif n’occupe plus la position de déterminant, mais celle correspondant à une place d’adjectif ; le déterminant porte sur le deuxième nom – c’est-à-dire, plus exactement, sur le groupe – et pas sur le premier. On peut contraster la structure avec celle des génitifs vus en II :
(the) [children’s] library two [children’s] libraries a [children’s] library
Il y a ici création d’une catégorie de bibliothèques.

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IT & THIS

Richard Ford, A Multitude of Sins, « Calling », p. 40-1. 1) Présentation du sujet.
Les marqueurs IT et THIS ont un fonctionnement endophorique, de rappel ou d’annonce textuelle. Par opposition à l’endophore, l’exophore concerne les renvois à la situation qui est mise en scène dans le texte : la conversation téléphonique entre le narrateur-énonciateur, garant des repérages et son père qui souhaite l’inviter à une partie de chasse. THIS a, en langue, différentes réalisations : déterminant (this house), pronom ou proforme à valeur nominale (« You just shut up that talk and stay out of this »), adverbe (this long) . Dans ses trois occurrences dans le texte, THIS est réalisé comme proforme. Les douze occurrences du marqueur IT permettent d’analyser les valeurs que le marqueur a en langue dans ses différentes réalisations : proforme, pronom explétif, IT d’extraposition.
2) IT proforme anaphorique.
Dans ces cas, IT fonctionne comme un outil de reprise textuelle. Il convient de délimiter la portée de la reprise et le fonctionnement discursif du marqueur.

l. 18-23 : It seemed odd to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in after the Civil War as my house. IT (1) was not my house, I felt. The most IT (2) was was my mother’s house, because she had married him in IT (3) and then taken IT (4) in their hasty divorce.

La portée anaphorique des quatre occurrences de IT référentiel est la même,
. IT fonctionne comme proforme de reprise de ce groupe nominal complexe . On remarque le caractère synthétique du marqueur qui est le seul à permettre la saisie et la reprise du groupe nominal dans sa globalité.
La première occurrence de IT est en fonction sujet du prédicat be not my house
La seconde occurrence de IT, en fonction sujet du prédicat be my mother’s house, fait partie d’un énoncé fortement modalisé : le jugement de l’énonciateur est énoncé avant même que la requalification de la maison comme my mother’s house soit posée. La topicalisation par antéposition du superlatif The most crée un effet de sens proche de « all that it was my mother’s house » ou bien encore « the only thing that it was was my mother’s house ».
La troisième occurrence de IT fait partie d’un groupe nominal prépositionnel à fonction adverbiale de lieu. IT est complément de la préposition statique IN.
La quatrième occurrence de IT est en fonction d’objet direct, argument du verbe take.
l. 41-42 : The world wants to operate on looks. IT only uses brains if looks aren’t available.
IT est une proforme anaphorique de the world, en fonction sujet du prédicat only uses brains.
l. 41-44 : The world wants to operate on looks. It only uses brains if looks aren’t available. Ask your mother. IT(1)’s why she married me when she shouldn’t have. She’ll admit IT (2) now.
La portée anaphorique de ces deux occurrences de IT proforme est large : il s’agit d’une saisie synthétique des deux énoncés précédents The world wants to operate on looks. IT only uses brains if looks aren’t available. La manipulation en THAT de la première occurrence de IT dans ce segment : « THAT is why she married me… » ne permettrait que difficilement que le locuteur, le père, ajoute, dans l’énoncé qui suit She’ll admit IT (2) now ce qu’il estime vrai du point de vue de son ex-épouse. IT garantit la neutralité du repérage par rapport au locuteur garant de ses propos, ce que ne permet pas THAT.
La neutralité du marqueur IT facilite l’interférence des points de vue, le brouillage des voix, dans cette conversation qui, dans cet extrait, n’est pas l’échec d’un acte de communication entre deux personnes mais entre trois.

3) IT pronom explétif / présentatif.

On peut parler de IT non-spécifique au sens où il ne renvoie à rien de référentiel dans le texte ou dans la situation : le marqueur joue le rôle de support de prédication.

l. 4 : « IT’ll be you and me and Renard Junior, » my father said.

Dans cet énoncé en discours direct, IT n’a pas de valeur référentielle. C’est un support de prédication existentielle : le père prédique l’existence de ce qui pour lui a un caractère préconstruit, à savoir la participation à la partie de chasse de son interlocuteur (son fils), de Renard Junior et de la sienne. BE ne prédique l’existence (au sens ontologique du terme) de ces trois personnages mais l’existence de leur présence préconstruite à cette partie de chasse.

4) IT dans des extraposées.

Dans le texte, IT dit d’extraposition, sujet syntaxique du prédicat, annonce le sujet notionnel qui est déplacé sur la droite, en position focale (end focus).
Au niveau discursif, dans des passages où le narrateur-énonciateur fait partager au lecteur-co- énonciateur son point de vue, IT annonce de la matière notionnelle, préconstruite pour le narrateur- énonciateur et dont le positionnement est décalé sur la droite, d’où l’appelation de « IT d’anticipation ».
l. 1-2 : IT shocked me to think Dr. Carter was right there in the room with him, listening.

IT permet l’extraposition du sujet notionnel to think Dr. Carter was right there in the room with him, listening qui, peut, d’une part, trouver une explication de part sa longueur, et, d’autre part, s’explique de manière discursive et pragmatique. Il s’agit de rhématiser la présence de Dr. Carter, qui, selon le sujet énonciateur garant, me dans l’énoncé, n’est pas souhaitable.
l. 18-20 : IT seemed odd to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in since after the Civil War, as my house.

Avec le verbe subjectif seem, le marqueur IT occupe la place du sujet syntaxique
. Il ne s’agit cependant pas d’une structure extraposée au même titre que dans l’occurrence de la première ligne du texte : ??? to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in since after the Civil War, as my house seemed odd. Le verbe appréciatif copule seem permet l’effacement du sujet expérient de la perception et du jugement. Dans cet énoncé fortement modalisé, il s’agit de mettre en relief et d’énoncer le jugement, la prise de position de l’énonciateur quant à ce qui est préconstruit pour lui avant même de dire ce sur quoi porte ce jugement.
5) THIS proforme anaphorique.
l. 10 : « …THIS is not that kind of conversation ».
THIS reprend THAT qui renvoie au contenu des propos échangés dans l’énoncé précédent Just don’t say THAT, permet le glissement de point de vue, de point de vue du fils, on passe à celui du père et ouvre à droite.
l. 50-51 : « You just shut up that talk and stay out of THIS. I’ll see you Thursday morning, son, »
La proforme THIS est une anaphore large de I think she is sorry about it. – que l’on peut contraster du point de vue pragmatique (des relations intersubjectives père – fils ) à THAT proforme de la ligne 48 I’ll

testify to THAT. Le père emploi THIS plutôt que THAT en discours direct dans le but de signaler à son fils que les agissements de sa mère envers lui, son ex-mari, le concerne lui et non pas son fils.
6) THIS pronom explétif / présentatif.
l. 10 : « …THIS is Buck here. »
THIS a un fonctionnement très proche de celui de IT mais invite davantage à ce que le co-locuteur prenne son tour de parole et enchaîne la conversation.

Les démonstratifs

Les outils les plus pertinents à une analyse contextualisée des démonstratifs sont bien connus et étaient souvent cités et utilisés par les candidats. Il s’agit, entre autres, des concepts antinomiques d’«exophore / endophore » et « anaphore / cataphore ». Quel que soit le cadre théorique utilisé, ce qui est en jeu dans cette analyse est le mécanisme de la référence (transfert d’un référé à un référent).

Ensuite on pouvait envisager l’étude des formes plus « abstraites » ou « métaphoriques »
montrer la complexification de la représentation linguistique
une analyse de l’utilisation de that dans that thing that’s been going around (l.26) permettait de montrer que that peut véhiculer une notion de connivence avec le co-énonciateur (≈ that thing that you and I know about..)
. Un certain nombre de copies ont fait apparaître le contraste entre les démonstratifs dans this area of your body (l.37) et you could kill somebody by punching him in that place (l.38-39) et plusieurs ont vu la portée générique effectuée lors de l’emploi de that (place).

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Q

les relations internominales en OF et ’S.

Les relations internominales de type nom-nom (NN, ou noms composés) ne faisaient donc pas partie du sujet ; p

Proposition de corrigé
Introduction
Pour exprimer les relations internominales, l’anglais dispose de trois grands modes de construction : la construction prépositionnelle, où deux noms sont reliés par une préposition, le plus souvent OF (N OF N), la construction génitive,

Dans une relation internominale, l’un des noms a normalement l’ascendant sur l’autre, et constitue la tête (ou le noyau) du GN, et l’autre est un qualifiant
L’ordre habituel dans lequel se construit la relation est différent selon que l’on a affaire à une construction en N of N, en N’s N (ou en NN) : typiquement, dans N of N la tête est le premier nom (a house of cards is a house), tandis que dans les deux autres constructions, c’est le deuxième nom qui est le pivot (my sister’s car is a car) : nous écrirons donc dorénavant N1 OF N2 et N2’S N116

nous partirons d’une réflexion sur ce qu’est une relation
16 Ou N2 of N1 et N1’s N2 si on le souhaite (cet ordre est retenu dans la grammaire de Lapaire et Rotgé), le but de la numérotation étant de montrer l’inversion de l’ordre des constituants nominaux. Nous choisissons dans ce corrigé d’appeler « N1 » le nom pivot.

78
internominale en OF/ en ’S. Puis nous nous pencherons sur les caractéristiques sémantiques des deux constructions, en y incluant certains paramètres de sélection de la construction en OF ou de celle en ’S. Nous nous intéresserons en dernière partie aux possibilités d’alternance dans les cas où les deux constructions sont possibles, puisque le texte propose des occurrences contextualisées de ce choix.
I. Qu’est-ce qu’une relation nominale en OF/’S ?
Le point commun entre les constructions mettant en relation deux N est qu’ils se situent à l’intérieur de GN, relient entre eux deux éléments qui comptent au moins un nom (cf. internominal), et que la mise en relation ne suppose pas une simple juxtaposition, mais une hiérarchisation, avec un des deux N qui est le N pivot (la tête, le noyau) du GN ; sémantiquement, l’un des deux (généralement le N1) constitue le repère, tandis que l’autre est repéré par rapport à lui17
Par ailleurs, les GN contenant une relation internominale en OF ou ’S sont généralement plus complexes. Par exemple, dans the client’s chair (l. 1), the apprentice’s outburst (l. 8-9), that aspect of the matter (l. 53)1
Dans the heads of young men (l. 36-37), la présence de the devant heads est ainsi liée à la présence de of young men : c’est parce qu’il est post-déterminé que le nom a un article défini. The détermine donc, certes, la tête heads, mais en réalité, on peut penser qu’il détermine l’ensemble [heads of young men], et donc que la structure de ce GN est :
[the [heads [of [young men GN]GP]N’20]]GN (plutôt que [the heads] of [young men]21)

La question de la portée du génitif peut être posée également ; elle permet notamment d’établir une distinction entre les génitifs dits «déterminatifs» et les génitifs «adjectivaux». Dans the apprentice’s outburst, si the détermine apprentice, c’est [the apprentice’s] qui à son tour détermine outburst. Pour preuve, the apprentice’s peut être glosé par his (his outburst) ; la structure du GN est donc :
[[[the apprentice]GN’s]GGén outburst]GN
Il s’agit d’un génitif « déterminatif »22. Charlie’s hands (l. 19), Mma Makutsi’s fault (l. 29), people’s heads (l. 35) sont également des génitifs déterminatifs. Dans the N°1 Ladies’ Detective Agency (l. 23), en revanche, Ladies’ occupe la position d’un adjectif ; on pourrait remplacer, par exemple, Ladies’ par African (the N°1 African Detective Agency). The porte cette fois-ci non plus sur Ladies, mais sur (Detective) Agency. Il s’agit d’un génitif adjectival.
The client’s chair, dans ce contexte (l. 1), n’appartient pas non plus à un client en particulier ; il s’agit de la chaise réservée à n’importe quel client qui vient à l’agence.
On pourra aussi s’interroger brièvement sur la structure de this woman of his (l. 30-31). Cette construction, qui reçoit parfois l’appellation de « double génitif », est aussi appelée « génitif postposé », ou « construction N of N’s » (Larreya et Rivière)24. Il s’agit d’une construction en ’S couplée à une relation en OF (this woman of his).
La construction permet d’avoir une double détermination (this woman, qui est aussi his woman)
Le premier élément de ces constructions, le déterminant, doit être a, article indéfini, comme dans a woman of his, ou bien this/ that (comme ici).

D’autres segments dans le passage peuvent poser des questions de découpage en raison de leur longueur. Dans the question of her new tea-pot and its ignominious fate as a receptacle for diesel oil (l. 11-12), le problème (question) n’est pas seulement celui de la théière, mais du fait qu’elle ait servi de réceptacle pour du diesel, et OF a pour complément deux GN coordonnés.

II. Relations sémantiques et choix de la construction
Le choix de l’une ou l’autre construction peut résulter d’une combinaison de critères sémantiques, discursifs et syntaxiques.
les animés humains sont supposés avoir une saillance qui en font de bons repères d’une relation, et ils sont souvent associés pour les relations internominales à des constructions en N2’s N1.
L’un de ces contre-exemples est the eyes of Mr J.L.B. Matekoni and Mma Ramotswe (l. 9), exemple pour lequel une construction en OF est bien employée malgré la présence d’un N2 d’animé humain. Pour cet exemple, la longueur du GN repère joue un rôle : c’est bien l’ensemble des deux GN coordonnés qu’introduit OF, et tandis que in Mma Ramotswe’s eyes serait tout à fait acceptable, la longueur du complément de OF rend difficile un génitif : ?in Mr J. L. B. Matekoni_ and Mma Ramotswe’s eyes.
En raison de son caractère à la fois souvent évoqué et polémique, on pourra également mentionner un critère fréquemment associé à N2’s N1 : la possession. On pourrait évoquer ce critère pour rendre compte des exemples suivants: Charlie’s hands (l. 19), people’s heads (l. 35), the heads of young men (l. 36-37), the heads of men (l. 39), the heads of women (l. 40),
On peut préférer, selon les exemples et/ou plus généralement, le terme de «relation d’appartenance », et/ou de « localisation ». Les exemples cités ci-dessus ont à voir avec une relation entre un être humain et une partie du corps : plutôt que de possession, il peut être plus juste d’y voir une relation de type partie/tout et/ou une relation métonymique. Eyes ne renvoie d’ailleurs pas aux organes physiques, mais à la pensée.
On peut alors évoquer la notion de « relation d’appartenance » : le terme indique que les deux éléments qui sont mis en relation appartiennent au même monde, au même « domaine » (général ou spatio-temporel), ce qui peut être également pertinent pour les parties du corps ou de la pensée émanant d’un personnage. On peut envisager ce repérage de manière plus générale encore et parler de localisation (cf. Théorie des Opérations Enonciatives), terme qui indique que sont mis en relation deux éléments qualitativement et quantitativement distincts, mais occupant des espaces connexes, ce qui crée la présence d’un lien entre eux. Larreya et Rivière28 indiquent la possibilité d’une glose en HAVE « pris dans son sens le plus large » (HAVE indique aussi une relation de localisation) ; une glose en HAVE est effectivement possible pour tous ces exemples : Charlie HAS hands, people HAVE heads, etc., mais également the Agency has an office.
Une (autre) relation sémantique qui impose l’usage de OF, et interdit celle de ’S, est celle qui a à voir avec une quantification. Dans one set of hands (l. 17-18), seul exemple de ce type dans le texte, on peut éventuellement considérer que le premier N sert de quantificateur externe à l’autre, et le rapprocher de a bar of soap (avec *a soap’s bar, et a hands’ set
De même, c’est N1 OF N2, et normalement pas N’S N, qui est utilisé lorsque la relation sémantique est de type « N1 est équivalent à N2 ». A clear idea of what to do peut entrer dans cette catégorie
Le cas des prédicats nominalisés peut également être évoqué. Le texte en propose plusieurs exemples : y sont employés des noms pour lesquels un verbe existe également,
The trade of insults peut aussi être considéré comme faisant partie de cette catégorie, puisqu’on glosera par they are trading insults. On constate que insults serait alors le complément d’objet de trade et le thème, et non l’agent, ou même la source comme dans the apprentice’s outburst.
. En cas de nominalisation, la construction en OF sera utilisée préférentiellement pour un rapport correspondant à celui du verbe et de son objet, tandis que la construction en ’S peut être préférée pour un lien entre un verbe et son sujet31.
les génitifs spécifiques/ classifiants, et le double génitif. Lorsque le génitif est générique, on note que la glose se fait en for plutôt qu’en OF : a/the chair for the client (
a/the chair of the client)32. On a signalé que la glose en among n’était pas forcément opérante pour this woman of his : le double repérage permet de localiser la femme en question par rapport au « monde » de l’apprenti (of his), tout en permettant qu’un pointage puisse être fait avec this. This woman of his n’est donc pas l’équivalent de his woman.

III. Alternance possible entre N2’s N1 / N1 OF N2 et structure informationnelle
La longueur a déjà été évoquée précédemment
Le choix peut également dépendre, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, du fait de savoir si le lien lui-même entre les noms est considéré comme préconstruit, culturellement, ou dans un contexte donné, ou, au contraire, s’il est construit en contexte, le lien étant considéré comme davantage préconstruit avec N2’s N1 que lorsqu’on emploie une structure en N1 OF N2
L’acquis de la relation entre the apprentice et outburst est donc mis en valeur.
Mma Ramotswe nodded her head in vigorous agreement. ‘They do, Rra. They certainly do. They turn people’s heads, I think. That is what they do.’
‘And women turn heads too,’ continued Mr J. L. B. Matekoni. ‘Women turn the heads of young men and make them do silly things.’
There was a short silence. Mma Makutsi was about to say something, but decided against it. It was arguable, she thought, whether women turned the heads of men any more than men turned the heads of women. She would have thought that responsibility

84
was shared in that respect. But this was not the time to engage in debate on this issue.

. Or on constate qu’à partir de la deuxième réplique, la construction en N2’s N1 fait place à des constructions en N1 OF N233. On pourrait évoquer le degré de préconstruction de la relation pour opposer N1 OF N2 et N2’s N1, en disant que le lien est davantage préconstruit entre les deux noms avec N2’s N1 qu’avec N1 OF N2. Dans ce contexte-ci, cependant, le lien peut être considéré comme préconstruit dans tous les cas : on sait en effet qu’un être humain a normalement une tête (cf. parties du corps, évoquées en section 234). L’analyse en termes de préconstruction doit donc ici être nuancée. On note en revanche qu’à partir de And women turn heads too, est introduite une dimension contrastive : on oppose les hommes et les femmes ;
A partir du moment où ce contraste est introduit, le repère stable/l’information connue devient heads, alors que l’information nouvelle (la « variable ») est women / men / young men.

Conclusion
L’anglais dispose de plusieurs moyens de construire les relations internominales, dont N1 OF N2 et N2’s N1, qui ont été analysés ici ;
Les types de rapports sémantiques sous-jacents, par ailleurs, sont nombreux et peuvent parfois contraindre le choix de l’une ou l’autre construction, ou, dans d’autres cas, en permettre plusieurs. Lorsque le choix est possible, la longueur, le degré de préconstruction de la relation internominale et/ou le choix du repère (par opposition au repéré), en lien avec la structure informationnelle de l’énoncé, jouent un rôle.

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Q

La coordination

La coordination peut se définir comme la mise en relation de deux unités de même rang syntaxique. Cela implique en théorie que les éléments se caractérisent par une même nature et une même fonction. La coordination est ainsi supposée placer les éléments reliés sur un « pied d’égalité » syntaxique, puisque ces éléments ne s’inscrivent pas dans un rapport hiérarchique. De fait, les éléments reliés sont parfois dits «autonomes». La coordination se définit en conséquence par contraste avec la subordination, qui hiérarchise les éléments reliés en les faisant figurer dans un rapport de dépendance syntaxique. Avec la coordination, on a affaire à des mises en relation qui se situent davantage du côté de la parataxe, tandis qu’avec la subordination, on se situe du côté de l’hypotaxe.
Le degré de parataxe caractérisant la coordination est toutefois inférieur à celui de la juxtaposition car les éléments coordonnés le sont à l’aide de marqueurs, appelés conjonctions de coordination (ou coordonnants). Les conjonctions de coordination prototypiques sont AND, OR et BUT. A cette liste est parfois ajouté le marqueur FOR, bien que son statut soit sujet à débats.

Il s’agit donc de progresser de la forme au sens, et du sens à l’effet en contexte. A chacun de ces niveaux, on considère tout d’abord les exemples les plus prototypiques, pour ensuite examiner les cas qui le sont moins. Ce faisant, les trois points suivants sont abordés :
1- Le « pied d’égalité » syntaxique supposé caractériser les éléments coordonnés semble relatif.
2- L’autonomie des éléments coordonnés est vraisemblablement à remettre en question sur le plan sémantique. Une approche en termes de degrés s’avère, dès lors, plus pertinente.
3- Les effets discursifs semblent dépendre en grande partie des enchaînements propositionnels. Si tel est le cas, il est légitime d’intégrer à l’analyse les cas de coordination implicite.

  1. La coordination : un « pied d’égalité » syntaxique relatif
    Sur le plan syntaxique, la coordination peut consister en la mise en relation d’unités extrêmement variées, allant de termes isolés à des propositions entières. La coordination peut également dépasser le stade intraphrastique pour être élaborée sur un plan transphrastique (mise en relation de phrases).
    1.1. Les exemples les plus prototypiques présentent des mises en relation diverses

L’objectif est de vérifier si les éléments coordonnés se situent sur un pied d’égalité syntaxique, comme évoqué plus haut.
Des termes simples peuvent être coordonnés :
l. 77 : His voice was ludicrously abrupt and peremptory.
En première approche, ce sont des termes simples (en l’occurrence des adjectifs en position d’attributs) qui sont coordonnés. On pourra toutefois noter une ambiguïté : la coordination concerne-t-elle ici uniquement des termes simples (adjectifs), auquel cas on a une analyse du type : His voice was ludicrously [abrupt and peremptory] ou bien a-t-on affaire à une coordination de deux syntagmes (en l’occurrence adjectivaux), sachant que le premier serait pré-modifié tandis que le second ne le serait pas ?
l. 86 : Go and rest.
Dans ce deuxième exemple, deux verbes sont reliés mais nous verrons par la suite (sur le plan sémantique) que ces deux éléments sont peu autonomes. La symétrie apparente sera donc à nuancer.
Des syntagmes entiers peuvent être coordonnés :
l. 33-34 : I ate a sandwich or two.

Bien que ces syntagmes (nominaux, ici) aient la même nature et la même fonction, une dissymétrie existe sur le plan formel, puisque le second syntagme a pour tête un numéral. Il est nécessaire, sur le plan interprétatif, que le second segment soit relié au premier afin d’être correctement interprété. La séquence correspond en outre à une construction faiblement décomposable : nous y reviendrons en deuxième partie.
Des unités constituées de verbes et de leurs compléments sont également mises en relation : l. 11 : But then she abruptly pulled her mouth away and turned her head against my shoulder.
Il s’agit bien d’unités de même rang syntaxique. On remarque toutefois une légère dissymétrie au niveau formel, puisque le premier segment est composé d’un verbe à particule (pull away) et de son complément d’objet tandis que le second est composé d’un verbe transitif complexe et de ses deux compléments.

De plus, la coordination de termes ou syntagmes peut s’effectuer à l’aide de systèmes corrélés : il peut s’agir de BOTH… AND ou encore de NEITHER… NOR :
l. 46 : I could see that that both surprised and unsettled her ; l. 34 : Like myself neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination […]
Les éléments « supports » que sont both et neither introduisent nécessairement le premier élément de la coordination.
La coordination s’applique également à des propositions. Examinons le cas des propositions finies : l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
Lorsque deux propositions à verbes conjugués sont mises en relation, elles sont syntaxiquement autonomes, même si la question n’est pas aussi simple sur le plan sémantique. On note également la présence de la virgule, qui modifie la configuration. Sur le plan strictement syntaxique, elle établit une dissociation plus grande entre les éléments coordonnés que ne le ferait une coordination sans virgule.
Dans certaines configurations, plusieurs propositions sont impliquées par la coordination : l. 3 : A doubt dissolved in them, a candour was restored; and they tacitly accepted my judgment.
Ici, deux propositions sont tout d’abord juxtaposées, puis coordonnées à une troisième. En conséquence, deux points de vue sont possibles : on peut considérer soit que la proposition introduite par le coordonnant est reliée à la précédente uniquement, soit que les trois propositions sont coordonnées entre elles, l
Quoi qu’il en soit, ce type de coordination permet un effet de clôture lors d’une énumération (ou éventuellement d’une liste). Remarquons par ailleurs que la présence du point virgule établit une forte dissociation entre l’élément clôturant et les précédents : il est possible de l’interpréter comme un effet d’ajout a posteriori.
Dans certains cas (mais représentés par un seul exemple dans le texte), des propositions finies sont coordonnées à des niveaux différents :

l. 7 : The lips were warm and they moved under mine, and I was allowed to hold her body close. 52
En dépit de l’emploi de deux coordonnants AND, il n’est pas possible d’interpréter une telle structure selon le schéma : *Prop 1 AND Prop 2 AND Prop 3. Nous avons au contraire un premier ensemble coordonné (délimité à droite par une virgule), qui est ensuite relié au second par une autre occurrence de AND, située à un niveau hiérarchiquement supérieur. Le schéma permettant de représenter ce phénomène serait donc : [[Prop 1 AND Prop 2] AND Prop 3]. En somme, une proposition composée est reliée à une proposition simple, ce qui constitue un cas de dissymétrie formelle, bien que les unités reliées soient de même rang.

Examinons également le cas des propositions non finies :

l. 8 : I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness…and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.

Dans la mesure où les trois propositions infinitives se rapportent à la principale I was allowed, une interprétation en faveur de trois éléments coordonnés semble assez naturelle.

l. 18 : Wanting to be sure. But not being sure.

Des propositions non finies en ING peuvent également être coordonnées. On remarque que celles-ci ne sont pas rattachées à des propositions principales : la particularité de cet exemple tient à ce que ces propositions non finies constituent elles-mêmes des phrases (étant séparées par un point). La syntaxe est elliptique et le manque de fluidité discursive qu’elle semble refléter est accru par le point précédant la conjonction de coordination BUT : ce point final vient en effet marquer une césure entre les éléments reliés.
Des phrases peuvent donc être coordonnées : l. 29 : I’ll try. But I can’t…..
Puisque ce sont deux phrases qui sont reliées, il s’agit bien d’éléments de même rang syntaxique. Cela étant, le second élément, inachevé, serait dans cet exemple ininterprétable sans le premier. En outre, comme dans l’exemple précédent, c’est un coordonnant BUT qui est employé dans une configuration de coordination transphrastique.

1.2. Cas de dissymétrie plus marquée (exemples moins prototypiques)
Des segments de formes différentes peuvent être reliés : l. 46 : No. But it had crossed our minds.
Syntaxiquement, les segments reliés débutent tous deux par une majuscule et se terminent par un point. Mais, sur le plan formel, la dissymétrie est grande, car nous avons d’un côté affaire à une réponse courte et de l’autre à une phrase entière.

53
l. 68 : “What was he ?” But I never got an answer.
Cette fois encore, BUT est encadré par des phrases de formes différentes. Il est possible de s’interroger quant à la délimitation exacte des segments reliés par BUT. Celle du segment droit ne semble pas problématique, mais celle du segment gauche est discutable : on peut soit considérer qu’il s’agit de la phrase précédant BUT, soit même du dialogue qui précède.
De façon maintenant purement syntaxique, on remarque que des éléments de nature différente peuvent être reliés :

l. 78 : She was on her feet and staring furiously at the old man.

Mais on peut également interpréter la forme en ING comme un participe présent : on aurait ainsi une proposition nominalisée rattachée à BE, rendant la coordination possible.

1.3. Marqueurs généralement classés à la marge de la coordination
Traditionnellement, seuls les coordonnants AND, OR et BUT (avec parfois FOR) sont étiquetés comme coordonnants, dans la mesure où seuls ces trois marqueurs répondent favorablement à différents tests présentés comme constituant l’ « invariant » syntaxique de la coordination :
Dans le texte sous examen, le cas des marqueurs adverbiaux YET, SO et THEN retient l’attention.
Le cas de YET

l. 35-36 : Like myself, neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination to lure us into his game, yet seeming preparedness to abandon it.

YET possède une fonction de jonction et relie ici des parties de syntagmes nominaux complexes, toutes deux déterminées par le génitif the old man’s. Il les relie formellement comme le ferait une conjonction AND. Il est donc tentant d’intégrer YET parmi les coordonnants. Cela étant, il ne remplit pas tous les critères syntaxiques évoqués plus haut : il peut notamment, dans bon nombre de cas, être précédé de AND.
Le cas de SO

l. 53 : “Yes, that’s what we feel.” “So the enigma is why?”

SO se caractérise par une fonction de jonction similaire à celle des marqueurs précédents. Il relie ici des phrases de forme différente, mais nous avons vu plus haut que ce pouvait aussi être le cas des coordonnants centraux. On note par ailleurs qu’il ne répond pas favorablement non plus à tous les tests (il ne peut, notamment, relier des propositions subordonnées, il met difficilement en lien des syntagmes et, dans certains énoncés, peut être précédé du coordonnant AND), mais le caractère rédhibitoire de ces tests peut, comme nous l’avons évoqué, être remis en question.
Le cas de THEN

l. 28 : “He’s telling us another supposed episode from his life”. […] “Then we could meet after that?”

THEN possède également une fonction de jonction, relie des phrases, des propositions ou des syntagmes et s’avère proche de AND. Il pourrait néanmoins être précédé d’un coordonnant classique (en l’occurrence AND) et il est parfois mobile à l’intérieur du segment introduit, si bien qu’il n’est pas toujours classé lui-même parmi les coordonnants.
il n’est toutefois pas incongru d’intégrer cet adverbe dans la catégorie des marqueurs de coordination
Dès lors, il semble pertinent de considérer la coordination, non pas comme une catégorie absolument homogène, mais comme un ensemble de phénomènes présentant un centre et une périphérie. On pourrait ainsi parler de différents degrés de coordination, AND et OR étant plus prototypiques que BUT, qui est lui-même plus central que YET, SO et THEN.
2. Une autonomie des éléments coordonnés souvent remise en question sur le plan sémantique

2.1. Les phénomènes de coordination employant AND
Lors de l’emploi de AND, un élément B vient s’ajouter à un élément A. Cependant, bien que cet invariant se retrouve dans tous les exemples, le co-texte paraît jouer un rôle de premier ordre dans l’interprétation. Des effets de sens variés peuvent être relevés et, dans bon nombre de cas, on observe une relation de dépendance nette de l’élément B par rapport à A. Commençons par examiner les exemples dans lesquels les éléments restent relativement autonomes pour aller vers des degrés de dépendance bien plus grands.
Les cas d’ajout des éléments reliés
l. 77 : his voice was ludicrously abrupt and peremptory ; l. 7 : the lips were warm and they moved under mine.

l. 8 : I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness… and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.
L’interprétation d’une addition peut, comme ici, être renforcée par la présence de l’adverbe also, qui signale explicitement un ajout. Les éléments précédents s’ajoutent eux aussi (nous pouvons considérer que nous avons affaire à une coordination de plusieurs éléments) et le coordonnant AND n’intervient à la fin que pour signaler le dernier membre de l’énumération. On note le rôle particulier de also : il ne place pas uniquement le segment to know […] en fin de liste, mais permet de l’isoler. De façon corollaire, il peut être interprété comme signifiant « en plus de tout cela » : il donne donc à l’élément introduit un relief et une importance particuliers.
Les cas de succession temporelle
l. 3 : A doubt dissolved in them, a candour was restored; and they tacitly accepted my judgment.
On peut interpréter une relation de succession liée à la présence de AND
Parfois, la relation de succession est explicitée :
l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
La relation de succession dans le temps est rendue évidente par le marqueur then.
La nature des contenus propositionnels, mêlée à des considérations d’ordre logique, peuvent conduire à une interprétation du type conséquence.
Le texte présente un autre exemple de ce type :
l. 33 : I stopped her making any fresh tea, and we drank it tepid.

: l. 86 : Go and rest!
Dans ce type d’exemple, les deux procès forment une séquence dont la structure est idiomatique (Go and X, construction à l’impératif) et l’interprétation de ce segment fait difficilement intervenir la notion d’addition. Il est envisageable d’opter pour une interprétation en termes de but, du type : Go to rest.
On se rapproche ainsi de la subordination.
Bien que l’addition constitue la valeur centrale de AND, il est manifeste que les effets de sens pris en contexte dépassent assez amplement cette valeur. On passe alors d’exemples où les éléments sont relativement autonomes à des configurations dans lesquelles l’élément B est fortement dépendant de A. Dans certains exemples (et notamment dans les deux derniers), la non-autonomie est telle que la comparaison avec la subordination s’impose.

Ce phénomène de dépendance plus ou moins grande se retrouve également dans le cas de BUT et de OR.

2.2. Les phénomènes de coordination employant BUT
L’emploi de BUT signale fondamentalement une rupture, un décalage ou un contraste entre les éléments reliés, ou encore entre l’élément B (ou ses implications) et les implications de l’élément A.
Les cas de contrastes ou oppositions explicites
l. 18 : Wanting to be sure. But not being sure ; l. 29 : I’ll try. But I can’t…
Dans de tels cas, la suppression de la conjonction BUT serait extrêmement délicate. Cela nuirait fortement à la compréhension des enchaînements car BUT marque un contraste ou une opposition nette entre les contenus. De fait, les éléments coordonnés pourraient difficilement être placés de façon autonome l’un après l’autre.
Les cas de contraste ou opposition entre le propos B et les implications ou la relation sous-jacente à l’élément A
l. 46 : No. But it had crossed our minds ; l. 60 : “I very nearly didn’t.” “But past now?”
Dans ce type de configuration, BUT ne relie pas strictement les contenus du segment gauche et du segment droit mais le contenu du segment droit et les implications ou la relation sous-jacente au contenu du segment gauche. En l’occurrence, la réponse No (à la ligne 46) pourrait impliquer que cette éventualité n’ait jamais été envisagée, ce à quoi s’oppose le segment introduit par BUT.
Les cas de contraste ou opposition entre les implications ou conclusions de A et celles de B
l. 10 : The tips of our tongues touched, for a few seconds the embrace became tight, passionate. But then she abruptly pulled her mouth away and turned her head against my shoulder.
A partir de la phrase de gauche, on peut reconstruire une conclusion du type « relation en bonne voie » tandis que la conclusion possible à partir de la phrase de droite est du type « relation en mauvaise voie». On peut considérer ici que ce sont les conclusions argumentatives des deux segments qui s’opposent. On remarque en outre que, dans un tel cas de figure, BUT pourrait plus facilement être supprimé sans que l’enchaînement discursif devienne ininterprétable. Les marqueurs then et abruptly suffisent en effet à rendre l’enchaînement compréhensible car ils traduisent également l’idée d’une non-congruence.

2.3. Les phénomènes de coordination employant OR ou NOR
Les phénomènes de coordination employant OR sont peu représentés dans le texte puisqu’une seule occurrence de OR y figure, à laquelle on peut ajouter une occurrence de NOR. La valeur fondamentale de OR peut être décrite en termes d’altérité, ses effets de sens se précisant eux aussi en fonction du cotexte (alternative inclusive ou exclusive, reformulation, interprétation d’une condition négative). Dans le cas de (N)OR, tout comme pour AND et BUT, la dépendance entre les contenus est plus ou moins grande selon les types d’interprétations.
Le cas de NOR et la négation d’une alternative, ou d’un ajout

l. 34 : Like myself neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination…

Dans ce type d’exemple, la présence de l’élément support neither est indispensable. NOR, quant à lui, peut être analysé de deux manières : soitd’une addition en AND (paraphrase possible : she did not understand, and her sister did not understand). Quirk et al., qui optent pour cette seconde interprétation, classent cet emploi de NOR parmi les coordonnants centraux. Le degré de dépendance entre les éléments coordonnés est parfois plus prononcé encore.
Le marqueur OR et l’expression d’une approximation l. 34 : I ate a sandwich or two.
Dans les cas d’expression de l’approximation, le segment introduit par OR est fortement dépendant du segment précédent.
En conclusion de cette deuxième partie, les phénomènes observés peuvent se récapituler en termes de dépendance sémantique plus ou moins grande, se rapprochant parfois, notamment dans le cas de AND, de relations de subordination.
3. Des effets discursifs dépendant des enchaînements propositionnels

3.1. Nature des effets discursifs produits

Les phénomènes de coordination permettent l’agencement de séquences descriptives l. 1 à l. 11 (deux premiers paragraphes).
Dans la séquence narrative initiale, on remarque tout d’abord une prépondérance de descriptions dans lesquelles figure AND puis, à la ligne 11, l’introduction d’un marqueur BUT traduisant un revirement : l’orientation des éléments coordonnés par AND était positive du point de vue du narrateur et l’emploi de BUT marque alors un changement d’orientation.
Les phénomènes de coordination permettent d’ordonner et de rythmer les actions décrites
Le coordonnant AND, notamment, peut entrer dans plusieurs types de configurations, traduisant différents modes de déroulement correspondant aux actions décrites. On observe ainsi :
· un rythme binaire dû à une coordination de deux procès
l. 33 : We went back to the table and sat.
Ce rythme binaire est en outre modulé lorsque la séquence est entrecoupée par une virgule :
l. 31 : She glanced at the table, and pressed my hands ; l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
La virgule confère au procès introduit par la coordination un effet d’action effectuée après coup. Chaque action paraît ainsi plus détachée, plus dissociée de la précédente que dans les configurations sans virgule, où les actions semblent s’enchaîner directement.
· un rythme ternaire, dû à une coordination de trois procès :
l. 34 : I ate a sandwich or two, she smoked and we talked.
· un effet d’accumulation dû à des coordinations multiples (ou polysyndètes) :
l. 7 : The lips were warm and they moved under mine, and I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness… and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.

La répétition de AND crée un effet particulier d’accumulation. Cet effet est éventuellement renforcé par also, comme c’est le cas ici.
En termes d’agencement de la partie dialoguée, on remarque également divers effets.
Les phénomènes de coordination traduisent les orientations argumentatives des propos associés aux personnages. Dans le texte, l’emploi des marqueurs BUT est essentiellement associé aux propos des protagonistes, soulignant ainsi des oppositions ou contradictions caractérisant les contenus propositionnels : l. 17 : Wanting to be sure. But not being sure ; l. 29 : I’ll try. But I can’t… ; l. 46 : No. But it had crossed our minds.

Les coordinations peuvent également refléter les rythmes conversationnels. L’emploi de marqueurs AND précédés d’un point peut être interprété comme traduisant des ajouts de propos a posteriori.
l. 26 : “He’s telling us another supposed episode from his life. I’m going to join you after dinner”. She smiled up. “And I honestly don’t know what it is.”
Le reste du texte présente un exemple similaire :
l. 53 : “So the enigma is why?” She gave a little nod of the head. “And also why you have any remaining doubt about me”.

Les marqueurs BUT, s’ils peuvent être employés au sein d’un seul et même tour de parole, se rencontrent également à l’initiale d’un nouveau tour de parole, marquant alors une non-coïncidence ou même une opposition entre les propos des deux énonciateurs.
l. 55-56 : “No more than you must feel about me.” / “But you said it last time.”
Le coordonnant BUT signale ici une opposition entre les propos des personnages. Parfois, à l’initiale de questions, il en va un peu différemment, bien que la dimension inter-subjective soit toujours à l’œuvre.
l. 60 : “I very nearly didn’t.” / “But past now?”
BUT introduit cette fois une question, ce qui montre bien que le rapport entre les propositions ne consiste pas en une opposition pure. Il s’apparente davantage à un achoppement prenant la forme d’une demande de précisions quant à un éventuel contraste entre passé et présent.

3.2. Mécanismes qui sous-tendent ces effets discursifs et prolongements
Dans bon nombre de cas, les marques de coordination pourraient être effacées sans que cela nuise à la bonne interprétation du texte. Cela est vrai notamment des séquences narratives, dans lesquelles de nombreuses occurrences de AND sont finalement optionnelles.
Toutefois, la présence ou l’absence de coordonnants explicites joue un rôle sur les plans énonciatif et stylistique, car les marqueurs de coordination sont les traces de points de vue de la part de l’énonciateur- narrateur. E
Conclusion
. Suite à cet examen des phénomènes présents dans le texte, il est apparu que :
- sur le plan syntaxique, on observe différents degrés d’homogénéité entre les éléments reliés.
sur le plan sémantique, on observe des valeurs et effets de sens divers. De façon corrélative, l’autonomie des éléments coordonnés s’avère plus ou moins grande ;
- sur le plan discursif, les configurations dans lesquelles s’inscrivent les phénomènes de coordination sont variées
En somme, la coordination apparaît à travers l’étude du texte comme une catégorie qui est loin d’être homogène, dont les contours ne sont pas absolument distincts et étanches, et qui mériterait sans doute d’être décrite en termes de degrés. On préférera parler de « phénomènes de coordination » plutôt que de « la coordination ».
Sur le plan du texte lui-même, l’examen des coordonnants permet en quelque sorte d’en dresser le « squelette » en termes narratifs : la prédominance de AND au début du texte reflète en effet une abondance d’éléments se caractérisant par une même orientation du point de vue du narrateur (éléments tous positifs, et s’ajoutant selon des rythmes soit binaires, soit ternaires), puis un premier revirement narratif, traduit par la présence d’un BUT, amorce le passage à un plan dialogué. Les marqueurs BUT se font alors plus nombreux et traduisent des oppositions entre les contenus propositionnels des personnages. Un dernier BUT marque la transition entre dialogue et narration.

A

x

18
Q

LES OCCURRENCES DES ADJECTIFS

. Description et délimitation du sujet :
Les adjectifs ont une fonction de qualification du nom. D’autres unités peuvent aussi avoir cette fonction – post-qualification par des groupes prépositionnels, propositions relatives, participes ; préqualification par un autre nom – mais ne partagent pas toutes les caractéristiques des adjectifs.
Les adjectifs « centraux » sont gradables (possibilité d’y associer des intensificateurs ou atténuateurs, d’avoir des comparatifs ou superlatifs) et peuvent être attributs (predicative adjectives) ou épithètes (attributive adjectives/pre-modifiers) ;
Certains adjectifs peuvent avoir un fonctionnement restreint (par exemple, être attribut mais non pas épithète – alone, awake, etc.).
Les adjectifs ont peu de caractéristiques formelles.
- Ils peuvent être simples : l. 5 : sad, l. 6 : rude ;
-dérivés : l. 29 : joyful ; composés : l. 19 : bare-headed, l. 24 : well-graced, l. 45 : new-made, l. 47 : new-come, ou être des participes adjectivés : l. 9 : aspiring, l. 14 : desiring, l. 45 : lasting, l. 8 :
mounted, l. 16 : painted, l. 39 : sworn. Ces derniers exhibent des degrés d’adjectivation variable, certains partageant toutes les caractéristiques des adjectifs centraux, d’autres étant limités à une fonction d’épithète et sans gradabilité possible.
2. Typologie et analyses
Adjectifs simples :
Ces adjectifs (sad, rude, proud, tedious, gentle, strong, high, green, new) n’appellent pas beaucoup de commentaires. Tous sont des adjectifs centraux, sans restriction sur leur fonctionnement. Seul
l. 26 : tedious n’accepte pas les morphèmes –er / -est, mais reste gradable (very, more tedious).
Le candidat peut mentionner la délexicalisation de l. 12 : very : You would have thought the very windows spoke. L’étymologie de ce mot (de verray = true) montre bien sa nature adjectivale. Les formes comparative et superlative (verier, veriest) sont maintenant archaïques.
Very, devenu surtout adverbe intensificateur, n’est utilisé dans une fonction d’épithète que dans des structures figées (autre cas de délexicalisation : he is the very image of…).

-Adjectifs dérivés :
On trouve deux adjectifs dérivés dans l’extrait : l. 29 : joyful (no joyful tongue), avec une base d’origine française + le suffixe –ful, et l. 8 : fiery (dérivation plus ancienne). D’autres possibilités de dérivation existent (-less, -able, etc.), mais ne sont pas présentes dans le texte.
l. 13 : greedy (so many greedy looks) semble être un adjectif dérivé de greed (comme fiery, foggy) ;
cependant, nous avons ici un cas de dérivation inverse, la création de greed étant postérieure à celle de greedy.
Adjectifs composés :
l. 19 : bare-headed, l. 24 : well-graced, l. 45 : new-made, l. 47 : new-come
Deux procédés permettent de créer des adjectifs composés :
- Adjectif + nom + -ed (bare-headed).
- Adverbe/adjectif + V -en (participe passé) (well-graced, new-made, new-come).
Le –ed de bare-headed est donc un morphème dérivateur; celui de well-graced est la marque du participe passé.
Participes adjectivés :
l. 9 : aspiring, l. 14 : desiring, l. 45 : lasting, l. 8 : mounted, l. 16 : painted, l. : 39: sworn, l. 30 :
sacred, l. 6 : misgoverned.
Comme mentionné dans la description, ces adjectifs sont soumis à des degrés d’adjectivation variables
statements / testimony / affidavits – et des collocations : sworn enemies).
Adjectifs nominalisés :
l. 13 : greedy looks of young and old
Les adjectifs young et old sont partiellement nominalisés (substantivés). Ils ont un sens générique, excluant l’extraction (a young), la pluralisation (the youngs) et les références spécifiques.

(la réunification des deux complémentaires aboutissant à la totalité).

Suites d’adjectifs :
Le texte comporte deux suites d’adjectifs coordonnés : l. 8 : a hot and fiery steed (les deux adjectifs, quasi-synonymes, sont mis sur le même plan) et l. 10 : with slow but stately pace (les deux adjectifs à connotation inverse sont en opposition). Dans les deux cas, les suites sont figées. Nous avons
affaire à des polymots non-réversibles (*fiery and hot / *stately but slow).
Nous trouvons enfin une suite d’adjectifs concaténés : l. 6 : rude misgoverned hands. Cette suite est conforme à l’ordre habituel des adjectifs : adjectif « central » rude + participe adjectivé misgoverned en position post-centrale + N.
Ce qu’il faut savoir
- Les adjectifs1 constituent des apports d’information (des « cartouches de
sens ») qui viennent se greffer sur un support2 (généralement un nom ou un
pronom) :
[1] It’s a small blue room and they cram us into it like sardines.
Dans cet exemple, le nom room fait office de « support » et les adjectifs small et blue « apportent » à ce dernier une caractérisation de nature descriptive concernant la taille et la couleur. Cet « apport » est souvent appelé modification en grammaire. On dira ainsi que « les adjectifs small et blue modifient le nom room ».
Il apparaît clairement que l’adjectif est un type de mot sans grande autonomie, qu’on ne saurait considérer isolément puisqu’il est toujours « dépendant de… », « porte nécessairement sur… », etc. En conséquence, il est impératif d’établir sur quoi l’adjectif porte et ce qu’il apporte, autrement dit d’identifier :
- le noyau nominal :
An interesting comment
- le type d’information fournie : appréciation, caractérisation…
- Dans certains cas, l’adjectif apparaît seul :
son support est récupérable dans la situation d’énonciation : (That’s)
interesting!

il est employé dans une construction superlative : she’s thé tallest in her family

(le nom member est évident et peut donc être sous-entendu) ; she was the first/last to know (sous-entendu : persan).

il est « substantivé », c’est-à-dire partiellement transformé en nom, avec des contraintes spécifiques : emploi du déterminant THE (indice de statut nominal) et obligation du singulier (indice de statut adjectival). Ceci concerne surtout :

les groupes culturellement pré-constitués : thé rich, thé poor, thé
unemployed…
certains adjectifs de nationalité :thé French…
quelques concepts connus : thé supernatural, thé absurd…

Certains grammairiens considèrent que les numéraux sont des adjectifs. Nous les considérons comme tels lorsqu’ils suivent un déterminant, comme dans thé ten Commandments. Autrement, il est préférable de les considérer comme des déterminants .
Ceci fait que lorsque nous parlons d’adjectif, nous sous-entendons adjectif qualificatif. Le mot « qualificatif » signifie « ce qui sert à qualifier, à exprimer une qualité »
• D’un point de vue sémantique donc, un adjectif (qualificatif) est de nature qualitative. L’adjectif peut être plus ou moins objectif et oscille entre le très descriptif (twenty-year old) et le très appréciatif (wonderful). Plus l’apport est de nature descriptive et plus l’adjectif permet de travailler la notion nominale de l’intérieur (« en immanence »). Ainsi, old en [2] :
[2] There was an old mattress on the floor. [Qualitatif de type descriptif] s’attaque directement à la texture, à l’essence même de mattress. Inversement, plus l’apport est de nature appréciative et plus l’adjectif reste extérieur à la notion nominale (approche « en transcendance »). Dans a huffy twenty-year old American athlète, l’adjectif huffy ne modifie pas de l’intérieur le nom athlète. Le qualificatif peut être remis en cause : certains peuvent ne pas être d’accord avec cette étiquette.
.
Voici quelques procédés de dérivation de l’adjectif :
Nom + suffixe en -en : silken, wooden
Nom + suffixe -ly : godly, friendly [-ly est surtout un suffixe adverbial, mais il est adjectival dans quelques adjectifs : friendly = « amical » ; « amicalement » se dit in a friendly manner\ Verbe + -ed : overheated [sens passif] Verbe + -ing : depressing [sens actif]
Les adjectifs composés incluent au moins deux mots. Voici les constructions possibles1 :
Adj. + adj. : white hot
Adj. + V-ing : easy-going [cet adjectif est composé car il comporte deux
mots, le second étant lui-même dérivé du verbe go]
Nom + V-ing : time-consuming
Adj. + V-en : newborn
Adj. + préposition + pronom : free-for-all
Adj. + adv. : born again [ex. a born again Christian]
Adj. + nom + -ed : narrow-minded, long-eared
Adv. + V-en : wet-fed; well-known
Adv. + nom + ed : well-mannered
Nom + adj. : knee-deep ; navy blue
Nom + V-en : home made
Nom + nom + -ed: snow capped
V-en + nom + -ed : broken-hearted
• Un nom peut avoir un comportement de nature adjectivale, ex. October
dans a cold October night ; birthday dans birthday présent. Ce fonctionnement
adjectival du nom justifie qu’il ne porte pas la marque du pluriel : a brick factory.
D’autre part, de nombreuses propositions relatives ont une fonction adjectivale.
Tout ceci est très bien illustré par l’exemple suivant :
[3] / am left with thé corpse, thé living dead man, thé man with thé numb legs, thé man in thé wheelchair, thé cripple, thé sexless man, thé man with thé numb dick, thé man who can’t make children.
• D’un point de vue syntaxique, on distingue adjectifs épithètes (angl.
attributive adjectives) et attributs (angl. predicative adjectives) :
• l’ADJECTIF épithète se place presque toujours en position pré-nominale
(avant le nom qu’il qualifie) : a narrow hallway ; big clumsy puppets et non
*hallway narrow ou *puppets big clumsy. Cependant, il est possible de faire passer
le groupe adjectival après le nom, en utilisant le procédé de l’apposition, sur
tout lorsqu’on a plusieurs adjectifs. Il est alors d’usage de les coordonner : a
hallway, long and narrow… ; puppets, big and clumsy… Certains grammairiens
estiment que l’on est alors en présence de propositions relatives elliptiques (angl.
reduced relative clauses) : a hallway, [ which was] long and narrow… ; puppets, [which
were] big and clumsy… Notons également que le langage poétique aime bouscu
ler la syntaxe dans ce domaine précis et qu’il n’est pas rare que l’ordre de base
ADJECTIF ÉPITHÈTE + NOM (ou « apport + support ») soit inversé : sorrow unfathomable ; bliss eternal ; wisdom infinité, etc. Ce départ de la norme a pour effet principal une topicalisation (une « mise en relief ») de l’adjectif.
Cependant, il existe des locutions courantes préconstruites modelées sur le schéma inhabituel NOM + ADJECTIF ÉPITHÈTE. Nombre d’entre elles ont été influencées par le français (qui privilégie, on le sait, cet ordonnancement) : damage irréparable, malice aforethought, knight errant, prince régent, heir apparent, Secretary général, etc. Notons enfin qu’avec AS, SO, HOW, TOO, THAT et l’article A, on rencontre
l’ordre :
AS, SO, HOW, TOO, THAT + adjectif + A + nom

Ex. l’m as good a student as you/How good a writer is she?/It wasn’t that big a deal Ces constructions permettent de mettre en relief le commentaire fourni par l’adjectif, au détriment de A + nom, qui devient secondaire. –

l’ADJECTIF ATTRIBUT est postposé (« placé après ») dans la mesure où il vient se loger à la droite du verbe copule (APPEAR, BE, BECOME, FEEL, GROW, LOOK, SEEM, SMELL, SOUND, TASTE et assimilés) : I feel sick and want to leave ; you look terribly pale, my dear; we were quite upset. Comme on le constate, il n’est pas rare de trouver un adverbe qui modifie l’adjectif (cf. terribly et quite dans terribly pale et quite upset. D’ailleurs, la construction attribut est favorisée lorsque l’adjectif est lui-même déterminé ou complété par d’autres unités : a man [who was] anxious about his child entered thé hospital est nettement préférable à *an anxious about his child man entered thé hospital. Toutefois, lorsque la modification de l’adjectif est limitée à un seul adverbe, la construction épithète passe très bien : greatly exaggerated reports ; very extraordinary discoveries,
, certains adjectifs ne peuvent être qu’épithètes, comme elder/eldest, live, ainsi que les intensifieurs bloody, mère, sheer (it’s sheer hypocrisy if you ask me).
Quelques adjectifs ont un sens légèrement différent selon qu’ils sont épithètes ou attributs : thé présent circumstances (= les circonstances actuelles)/WZ thé parents présent (= tous les parents [qui étaient] présents).

• Ordre des adjectifs épithètes qualifiant le même nom. Prenons l’exemple a fast-talking, bearded figure. Il n’est guère envisageable d’inverser l’ordre des qualifiants : a bearded, fast-talking figure est peu recevable1. De façon générale, on procède en anglais du plus appréciatif (« prise de position », « jugement ») au plus factuel (« description de caractéristiques ou de traits fondamentaux »). Dans a brilliant American pianist, il est clair que American est une caractéristique de base, presque objective du nom pianist.
». De façon plus précise encore, l’on retiendra l’ordre général suivant :
(X) T A C O (X) M
à savoir Taille, Âge, Couleur, Origine, Matière ; X représentant des adjectifs
autres que ceux mentionnés. Cet ordre va du plus appréciatif au plus factuel.
Les adjectifs très subjectifs tels que lovely, silly ou wonderful (claire expression
d’un jugement) se placent au tout début, avant la taille.
On peut aussi retenir l’ordre suivant, en anglais : OPSHACOM (opinion, shape,
âge, colour, origine, matter.
Le critère retenu jusqu’ici est sémantique. Toutefois, la morphologie peut
également entrer en ligne de compte, mais de façon moins essentielle : on
procède en effet de l’adjectif le moins long au plus long. On dira ainsi : he felt
strongly for this joyjul, delicate-looking girl (deux adjectifs appréciatifs, mais le
second est plus long que le premier).
Rappelons que les nombres cardinaux (one, two, three…) se placent après les
ordinaux (first, second, third…} : the first ten chapters (fr. les dix premiers chapitres),
les ordinaux étant plus subjectifs que les cardinaux.
• Le coordonnant AND dans les suites d’adjectifs.
En position épithète, on emploie peu AND, sauf si les adjectifs décrivent des parties différentes d’un même réfèrent : a black and red cat (black et red renvoient à des parties différentes du pelage du chat). S’ils décrivent quelque chose de comparable (par exemple, un trait de caractère ou une apparence), AND peut être utilisé : a cruel (and) violent child ; a tall (and) élégant woman.
En position attribut, AND est quasiment obligatoire devant le dernier adjectif. AND montre que la liste des adjectifs est close [ > 111.03.]. Dans un style littéraire, AND peut être omis (on fait comme si la liste des adjectifs n’était pas close) : thé place was dark, empty, mysterious, unkwown.
• Les adjectifs peuvent être complétés sémantiquement par un groupe prépositionnel, un infinitif ou une proposition subordonnée : good at maths /happy to help them /suprised that they didn’t thank you. On peut dire que le segment à droite « post-modifie » (anglicisme) l’adjectif. Leur fonction est complément de l’adjectif. Certains adjectifs peuvent prendre les trois types de complémentation : pleased with thé results /pleased to see you /pleased that you liked

A

x

19
Q

Les quantifieurs

Le mot renvoie à une opération de quantification qui peut être mise en oeuvre par toutes sortes d’outils : déterminants, dénombreurs, quantificateurs, adjectifs, adverbes, groupes nominaux, subordonnants, prépositions, modaux, structures comparatives, mode, et également préfixation.
Quantifier peut signifier au moins deux choses :
- mesurer une quantité, une masse (beaucoup, peu, pas de)
- décompter un nombre d’occurrences de manifestation concrète de l’existence d’un élément (un, dix,…)
Dans les opérations de décompte, la mesure est fixe et fait appel à une unité de référence (déterminant a / one, two…n / a hundred) compatible avec les bases nominales fonctionnant en discontinu. Dans les opérations de mesure de la quantité-masse, la mesure est subjective et fait appel à une appréciation du volume, de la masse, du nombre par globalisation (some, much, all, hundreds, pluriel), métaphorisation (a flash of lightning),
comparaison (comparatifs, superlatifs).
Quand des quantifieurs sont employés pour déterminer du continu compact, ils prennent nécessairement une valeur qualitative. Deux traits inhérents à la quantification doivent être pris en compte dans toute analyse : la quantité (+objective) et la qualité (+subjective) et également la spécificité

La quantification, c’est-à-dire l’attribution d’une grandeur mesurable, est une opération qui s’apparente à la détermination en ce qu’elle (dé)limite, (dé)finit pour le co-énonciateur l’espace laissé à l’interprétation.
L’opération de quantification dépend donc du fonctionnement de la base nominale
A/ Fonctionnement des bases nominales
Continu compact
Ces groupes nominaux ne se rencontrent qu’au singulier
2. ! hospitality / 12. making ! love / 20. falls in ! love / 33. without ! embarrassment or ! regret
Il s’agit ici de notions, d’idées donnant des indications sur la qualité des sentiments en question.
Continu dense
10. ! wine, ! single malt Scotch / 27. ! Parmesan cheese, ! seafood
Des opérations de dénombrement peuvent être effectuées sur ces groupes nominaux à l’aide d’un autre groupe nominal fonctionnant en discontinu (10. glasses of wine).
Discontinu
Ces groupes nominaux sont compatibles avec le singulier et le pluriel. L’effet recherché est différent : avec le singulier il s’agit de renvoyer directement à “la notion”, à l’idée, au concept, de même façon que lorqu’on dit
« go to ! school » on ne pense pense pas au bâtiment école, mais à l’institution.
Dans le cas du pluriel, il ne s’agit pas de renvoi à la notion mais à plusieurs « exemplaires » non déterminés des objets ou des individus en question, à partir de quoi on (re)construit du générique.
Singulier
13. Maxine keeps ! dinner waiting for him / 14. they go upstairs to ! bed
Pluriel
5. ! movies and ! dinners out / 6. ! Cashmere cardigans, ! English colognes / 38-39 At the dinner table she
argues with them about ! books and ! paintings and ! people they know in common

On examinera cette question comme un double continuum s’étendant d’une part du spécifique vers le générique :

Spécifique Générique

Objectif Subjectif
et d’autre part, de la notion à l’objet, du continu vers le discontinu :
Notion Objet
Continu Discontinu
B/ Opérations de quantification assurées par les déterminants
Les déterminants simples (articles)
Déterminant ! :
+ base nominale fonctionnant en continu : implique une quantification égale à la totalité. On parlera de
« renvoi à la notion » (12. ! love / 33. ! embarrassment) ;
+ base nominale fonctionnant en discontinu + opération de pluralisation : implique une quantification égale à la totalité des éléments dénombrables. 13. On ! nights he has to stay late at work
Déterminant a / an :
Étymologie : unicité (“one)
Il fonctionne avec le discontinu. Le dénombrement est bloqué à l’origine. Il s’agit de quantification primaire, existentielle. L’interprétation peut aller du spécifique au générique (et au symbolique). Cet article est une forme affaiblie de one (Jespersen), auquel il reste proportionnellement plus de pouvoir à exprimer la qualité que la quantité : 10-11. At night he sleeps with her in the room she grew up in, on a soft, sagging mattress, holding her body, as warm as a furnace

le passage par la métaphore permet de construire le générique, et donc le subjectif.
Il est aisé dans ce cas d’imaginer une glose avec one :
51’ He has never witnessed one moment of physical affection between his parents
Déterminant the :

Quantification objective
Les cardinaux : one day / one evening :
Le quantifieur de l’unité one décrit aussi bien un type d’élément qu’un seul élément. Il est tout à fait possible
que le contexte impose une interprétation “classifiante” : dans 64. “…it’s too awful,” she eventually says on one of these occasions” il s’agit d’une seule occasion (pas de deux), le contexte est partitif ! spécifique, alors que
dans 29. as he had mistakenly done one evening, il ne s’agit pas d’un soir en particulier, mais du soir par opposition à un autre moment de la journée ! classifiant.
Notons que les cardinaux peuvent être quasiment utilisés comme indéfinis grâce à l’adjonction à gauche d’un adverbe modifiant la précision qu’ils manifestent habituellement : 64. barely three months after.
No et la négation du dénombrement :
40. No sense of obligation, 60. no interest, 47 no resemblance, 48. no reason at all
La décision de ne saisir aucun élément d’un ensemble peut être prise à la suite d’un parcours qui se conclut sans extraction ou, au contraire, avant toute opération de parcours. No nie le dénombrement ou la notion.
Quantification subjective, appréciative
Les indéfinis :
Some : (et aussi certain)
9. There is always some delicious cheese or pâté to snack on, always some good wine to drink.
46. To him the terms of his parents’ marriage are something at once unthinkable and unremarkable;
59. Still, some nights when her parents have a dinner party she has no interest in… she appears…
Il s’agit, à chaque fois, d’exprimer un déficit quantitatif ou qualitatif : la totalité des éléments de la classe ou la totalité des sèmes composant la notion ne sont pas pris en compte par l’énonciateur.

Some dit l’extraction, donc repose sur l’existence. Il est compatible avec l’expression de la subjectivité. La définition qu’en donne Jespersen (one or more, no matter which), montre également sa compatibilité avec le continu.
Quand il est uniquement utilisé comme quantifieur (dans les exemples ci-dessus il signifie à chaque fois une quantité certaine, mais non précisée)
Some est compatible avec les bases nominales singulier et pluriel. Il peut être simple déterminant (quantifieur) ou associé à une base générique (thing, one, body, how, where) pour former une pro-forme : 46. something atonce unthinkable and unremarkable.
On peut comparer à some, l’adjectif certain, qui peut être utilisé comme déterminant (mais pas comme proforme nominale) et qui est compatible avec le continu et le discret : 42. She is surprised to hear certain things
about his life.

42’. ? She is surprised to hear some things about his life
A moins de signifier très précisément qu’il s’agit d’une forme pleine.
Any :
34-35. he realizes that she has never wished she were anyone other than herself, raised in any other place, in any other way.
58. she and Gogol are never close to his neighborhood for any reason,
Any est, lui aussi, une forme dérivée de one. Comme a/an, il garde de one proportionnellement plus de “pouvoir” d’exprimer la qualité que la quantité. Il est plutôt subjectif en ce qu’il dit le parcours (donc, éventuellement, le choix). Il ne dit cependant pas l’extraction.
Il est compatible avec le singulier et le pluriel, le continu et le discontinu. Ne disant pas l’extraction, il est particulièrement compatible avec les contextes négatifs (ou plus **généralement modaux, qui impliquent une absence de validation et de valeur de vérité), qui correspondent à une absence de choix.
On peut utilement comparer ces emplois avec l’utilisation de whatever dans :
52. Whatever love exists between them is an utterly private, uncelebrated thing
Le déterminant whatever exprime d’une part l’existence d’une certaine “quantité d’amour” et d’autre part un déficit d’information de la part de l’énonciateur qui ne peut donner une quelconque valeur à cette quantité. Il s’agit bien d’une opération de quantification, dans la mesure où il y a tentatives réitérées d’appréciation de la quantité, tentatives exprimées par la répétion (ever) du parcours signifié par what.
Une certaine idée de la quantité ou du nombre (vers le moins, minorante ou vers le plus, majorante)
Many / much – few / little
Ces quantifieurs ne sont pas représentés dans ce texte. Much sera commenté dans son emploi adverbial.

Les prédéterminants sous forme groupe nominal of X :
Ils occupent la place d’un prédéterminant et permettent l’extraction d’une certaine quantité ou d’un certain nombre d’éléments. Ce type de quantification est le plus souvent métaphorique ou métonymique (contenant pour contenu, forme pour objet, etc.) :
1. It is a different brand of hospitality from what he is used to
10. glasses of wine or single-malt Scotch on the floor
15. bowls of café au lait
15-16. toasted slices of French bread and jam
19. sections of the paper
20-21. manner of living
48. pieces of jewelry
Dans 1. It is a different brand of hospitality, nous avons bien, par exemple, une opération sur la qualité : le type d’hospitalité dont il s’agit. Il est, de manière similaire, possible d’exprimer la quantité avec des outils non spécifiques comme le montrent 10, 15, 16, 19 et 48.
Ce rôle de prédétermination peut aussi être confié à un numéral cardinal proforme :
64 . “…it’s too awful,” she eventually says on one of these occasions”
Il peut être relatif à la nullité : 39. There is none of the exasperation
Ce peut également être un nom dérivé d’un quantifieur et relatif à un dénombrement précis (précédé d’un déterminant quantifieur cardinal) ou vague (pluralisation sans quantification) :
22. her hundreds of things always covering her floor and her bedside table.
L’opération de totalisation et la détermination

l’on parle de saisie analytique, par opposition à une saisie globale, ou synthétique.
Saisie avec discernement (! +analytique) :
Les déterminants each et every et la saisie analytique d’un ensemble :
La totalité, l’ensemble d’un groupe d’éléments donné peut être saisi de manière analytique, à la suite d’une opération de parcours qui se conclut par l’extraction de tous les éléments de l’ensemble (each / every).
On trouve en revanche deux occurrences de
every : 31. He learns to anticipate, every evening, the sound of a cork / 43. his mother cooks Indian food every day
Every, qui est une forme élaborée de each (æfre + ælc / ever + each) n’est, comme each, compatible qu’avec le singulier. A la différence de each, il ne peut être employé comme pro-forme nominale.
Si avec each l’individu peut être pris comme représentatif de toute une classe (si au contraire on souhaite mettre en valeur l’unique, on dira each one), avec every les choses sont sensiblement différentes : il dit que c’est par la réitération des saisies uniques qu’est construite la totalité.
Les prédéterminants :
All : 51. in all his life / 42. all his parents’ friends / all of his friends / 46. nearly all their friends
Tout prendre d’un ensemble donné s’apparente à une opération de quantification seconde intervenant sur un matériau déjà identifié et donc déterminé. Dans ce cas encore, on a affaire à l’expression d’une quantification plutôt objective.
Saisie sans discernement (! + synthétique)
C’est la saisie de la totalité sans aucun discernement qui est la plus plus objective (en ce sens que c’est elle qui repose le moins sur un jugement de la part de la source énonciative). C’est le quantifieur all qui se prête le plus facilement à cette opération. Il est compatible avec le continu et le discret (et donc avec le singulier et le pluriel) : Élément unique : 51. in all his life. Discret : 42. all his parents’ friends, 46. nearly all their friends and relatives

Une première opération de “décomposition”, de dénombrement ou, selon le cas, de discrétisation peut être effectuée au moyen d’une construction partitive en of.
21. all of these things
Notons que cette totalisation peut elle aussi être requantifiée à gauche : 46. nearly all their friends and relatives..

The :
Le déterminant the peut, grâce à sa fonction thématique, venir globaliser une opération antérieure de dénombrement effectuée par un dénombreur numéral cardinal et fermer ainsi la suite numérale en la bloquant au nombre indiqué par le quantifieur : saisie totalisante, après une opération de parcours.
49. the two of them kissing openly, going for walks through the city, or to dinner, just as Gogol and Maxine do.
/ 50. Seeing the two of them curled up on the sofa in the evenings
2 / Opérations de quantification assurées par les adjectifs
Les adjectifs épithètes ou attributs :
Quantifieurs de degré absolu, maximal, prédiquant par la même l’existence de la base nominale en contexte :
1. the very beginning / 59. absolute privacy.
Quantifieur d’unicité : 51. a single moment.
Quantifieurs de degré nul : adjectifs préfixés en un- :15. uncombed, 24. unkempt, 46. unthinkable, unremarkable, 52. uncelebrated.
Quantifieurs sémantiques lexicaux : 8. the tables are tiny, the bills huge (quantification de la taille).
Les adjectifs porteurs du degré : comparatif ou superlatif (grammatical ou lexical) :
Comparatif grammatical : 11. as warm as a furnace / 36. far more foreign (noter la possibilité d’un adverbe quantifiant le degré du comparatif).
Comparatif lexical : 47. the same way.
Superlatif : 35. the biggest difference.
Quantification de la qualité contenue dans l’adjectif, par le biais de l’adverbe :
Intensification modale : 44. so different / 53. so depressing / 64. too awful.
Quantification par le degré : 6. outrageously expensive / 24. increasingly minimalist.
Quantification par la fragmentation : 27. partially folded.
Quantification ordinale linéaire et non plus quantitative :
16. the first morning, 23. the fifth floor.
3/ Opérations de quantification portant sur la relation prédicative
Quantification des occurrences d’un événement :
Nulle (descriptive) : mode négatif. Valeur générique ou spécifique : 27. one doesn’t grate Parmesan cheese /
45. he doesn’t feel insulted
Nulle (modale) récurrente : never (4 occurrences) : 35, 44, 51, 58
Rare : 58. she visits him infrequently.
Fréquence quasiment égale à une validation permanente (modale) : always, 3 occurrences : 9, 9, 22.
Quantification de la durée au travers de la fréquence : 37. he is continually amazed.
Quantification du degré de qualité à prendre dans le prédicat :
Par un adverbe : 17. they’d merely smiled 44. not fully believing him.
Par un questionnement portant sur cet adverbe (interrogative indirecte ou exclamative indirecte) : 37. he is continually amazed by how much Maxine emulates her parents, how much she respects their tastes and their ways.
Pour mémoire, much est dérivé de mickle / muckle, much signifie la grande quantité.
Il est possible de rapprocher de cette opération de quantification celle qui consiste à indiquer la manière dont se noue la relation prédicative : avec / sans. Il y a dans ce texte quatre occurrences de without, qui correspondent, en fait, à with + no + base nominale :
7. without deliberation or guilt
8. almost without fail
33. without embarrassment or regret
55. without hoping for a particular response.
Notons que la préposition peut aussi être quantifiée par un adverbe de degré : almost without fail.
Quantification de l’apport informationnel. Enchaînement discursif et rhétorique :
37. In addition, he is continually amazed…
Conclusion
En conclusion, certains outils se dégagent comme ayant un rôle spécifique de quantification : les déterminants (“purement” quantifieurs ou non), les adjectifs et les adverbes, qui sont au premier chef les outils permettant l’expression du jugement de l’énonciateur. Cependant, on l’a vu, il y en a d’autres, qui, s’ils sont moins spécialisés, permettent néanmoins de renvoyer à des opérations de quantification.

A

x

20
Q

Les marques de l’anaphore

Le terme « anaphore » (du grec anaphora formé sur ana- « en arrière », « de nouveau » +phor- : « porter ») est lié à des notions de reprise, de substitution verbale ou nominale.

Ce qui caractérise la conception de l’anaphore en linguistique, c’est la relation anaphorique qui se crée entre un antécédent (ou source sémantique) et une forme de substitution.

nous admettrons, à la suite d’Anne Zribi-Hertz23, que sera appelée anaphorique « toute relation entre un antécédent et une expression qui en est référentiellement dépendante, quelles que soient les positions respectives des deux termes de cette relation ».
Les principales marques anaphoriques sont : les pronoms personnels réfléchis ou non réfléchis, des déterminants (this/that/the), des adverbes en th- (there) ou even, impliquant une préconstruction, les proformes, les relatifs, certaines formes verbales comme BE –ING, des formes N1 of N2 (the ending of it l. 28), un modal comme should + HAVE-EN (l. 32). Devant la diversité des marques, on se posera la question de l’existence d’une catégorie linguistique de l’anaphore.
Du point de vue de la morphologie, deux catégories de marques anaphoriques existent :
l’anaphore libre (it par exemple) et l’anaphore liée (which) dont l’antécédent est un terme situé dans la même phrase.
Les antécédents peuvent être des noms propres, des SN, des prédicats verbaux, adjectivaux une phrase.
La relation anaphorique permet de rendre cohérent le discours, de le structurer.
Un autre type d’anaphore est l’anaphore associative. Le lien anaphorique est fondé sur des connaissances d’ordre physique, culturel, sur la connaissance du monde, sur l’ontologie des objets, l’ontologie des concepts de discret, dense, généricité, parties (roues, volant), relations fonctionnelles (voiture, chauffeur), rôles (mariage, jeune mariée) : par exemple l. 53 They were
Latin, and from their Spanish (…) où l’on peut inférer « they speak Spanish » à partir de la notion Latin. L’anaphore associative est souvent fondée sur une relation méronymique (relation partie-tout), par exemple, ou une relation construite à partir de la situation (they left the train at the last stop before it went under the river to Queens, l. 61)

Le commentaire est organisé autour de trois familles de marques anaphoriques : d’abord reprise terme à terme, pronoms, proformes, puis déterminants et enfin phénomènes syntaxiques (relatives et formes en -ING).
I/ Reprise terme à terme, pronoms et proformes
1. Reprise terme à terme.
Peut-on parler d’anaphore lorsqu’il y a reprise à l’identique ? La réponse est non si l’on s’en tient à une définition stricte de l’anaphore, c’est-à-dire ; co-référence et absence d’autonomie référentielle du terme anaphorique.
2. Les pronoms
Les pronoms assurent la continuité thématique. Ils constituent un point de stabilisation de l’identité référentielle et en ce sens représentent une marque prototypique de l’anaphore. Nous laisserons de côté les pronoms personnels de 3ème personne, dont le référent dans le texte ne pose pas de problème de résolution pour examiner le cas de one. Nous ne traitons pas ici de it, que nous considérons comme une proforme.
Dans l’énoncé (a), ones reprend le nom singulier reason. En (b), il est précédé du déterminanta et remplace un syntagme nominal (N-barre en termes générativistes) :
(a) “Do you think that’s a poor reason to stay married? I know of worse ones.” (l. 43)
(b) I don’t think I ever asked him a question about himself, even so ordinary a one as where he had been born. (l. 25)
Les énoncés ci-dessus peuvent être glosés par: (a’) I know of worse ones / reasons ; (b’) even so ordinary a one/question. Le pronom one est non référentiel (c.f. Garnier & Guimier) dans la mesure où il peut représenter un élément quelconque.
3. Les proformes
It : la proforme it, dans le texte, a une référence endophorique (contextuelle). Dans les énoncés suivants, it reprend un GN :
(a) when they left the train at the last stop before it went under the river to Queens (l. 61)
(b) He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for it (l. 19)
Si en (a) la reprise semble se faire à l’identique, il n’en va pas de même en (b). En (a), il estpossible de supprimer l’anaphore :
(a’) when they left the train at the last stop before the train went under the river to Queens.
Mais avec un indéfini tel que (b) on ne peut plus remplacer it par son antécédent :
(b’) *He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for a pin
L’emploi d’un anaphorique implique l’élimination d’une altérité qualitative (le terme a déjà été construit et n’est donc pas un élément quelconque), une réélaboration du référent. Certains auteurs parlent de référent évolutif, lorsque la définition du référent évolue au fil du discours, comme c’est le cas avec l’énoncé ci-dessous, à tel point qu’il devient difficile de retrouver la référence de it :
For a few weeks that summer, I believe I was in a state of happiness. It was not a simple thing. Unlike misery, I could find no reason for it. Or perhaps it did bear some similarity to acertain kind of misery - that which Mrs. Justen had suffered, a darkness rising up thatswallowed the past, the imagined future. We had few conversations. He was far less interested in my past than Tom had been, than Mr. Clare was. I don’t think I ever asked him a question about himself, even so ordinary a one as where he had been born. It was the immediacy, the being out of time, that made me understand how worlds were lost to sustain it.
In an instant, I’d abandoned the calm I had taken so long to find. (l. 21)
Enfin, nous trouvons une occurrence de it souvent considéré comme non référentiel :
It was noon. (l. 3)
Nous considérons que même dans ces cas, it fait référence à une situation extra-linguistique et joue en conséquence un rôle anaphorique.
Do so:
(a) He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for it, not knowing I’d done so until I heard his faint laugh, his words, “You are fastidious.” (l. 19)
Il s’agit d’une proforme complexe. En (a), done so anaphorise le prédicat I held out my hand for it. Do so (Souesme26) implique le choix d’une valeur à l’exclusion d’une autre (il aurait pu en être autrement, un autre choix aurait été possible –« ne pas le faire »). Do so a une valeur contrastive (la jeune femme est étonnée d’avoir accompli un geste machinal : not knowing) alors que do it impliquerait la réalisation effective du processus et soulignerait le rôle de l’agent.
On peut noter une autre occurrence de DO dans un contexte de reprise:
(b) Or perhaps it did bear some similarity to a certain kind of misery (l. 22)
avec retour sur un préconstruit négatif (Unlike misery).
26 Souesme, J.-C., 1992 : Grammaire anglaise en contexte, Gap : Ophrys.
40
II/ Déterminants

Le déterminant THE

The marque la reprise avec identification d’une occurrence antérieure. La reprise est contextuelle lorsque l’occurrence est construite dans le texte, fait l’objet d’une première mention :
The subway was uncrowded. I sat across from a family, a brown-skinned old woman, her three daughters, and asleep on the lap of one of them, a child. (…) the three young women spoke with animation and confiding, impatient gestures but the old woman was still, her face calm, dreaming as she gazed from time to time at the sleeping child. Her blouse was embroidered with bamboo shoots and large red flowers. (l. 52)
Dans l’extrait ci-dessus, il y a construction préalable des éléments qui sont ensuite repris. La reprise est situationnelle lorsque l’élément n’est pas présent dans le texte, mais dans la situation :
when Mr. Mortimer walked into the kitchen
L’élément kitchen appartient à la situation et son existence n’a pas besoin d’être prédiquée par du texte.

  1. Les déictiques.
    Les déictiques this et that permettent d’établir un repérage entre énonciateur et situation d’énonciation. Peut-on opposer déictiques et anaphoriques ? Dans l’énoncé suivant, le déterminant this pointe vers un élément construit dans le contexte avant (We stared at each other) :
    We stared at each other. I felt overcome by an immense fatigue as though I’d not slept from the first moment I’d seen him, through all the looks and glances that had passed between us, the averting of eyes, the brief instants when our eyes had met, to this silent staring which made me want to cry out in protest. (l. 4-6)
    On aurait pu avoir the à la place de this (to the silent staring). Avec the, un lien serait créé avec l’occurrence précédente, et par cataphore avec la définition apportée par la relative. Or this, tout en jouant le rôle d’un anaphorique, indique une rupture dans la construction de la référence. Le déictique this attire l’attention sur un élément présenté comme nouveau et pris en charge par l’énonciateur. La procédure anaphorique peut être vue comme maintenant l’attention alors que la procédure déictique attire l’attention27”.
    Dans l’énoncé :
    “Why are you afraid of these people?” (l. 33)
    la référence est exophorique (situationnelle).
    That, à la différence de this, localise le référent par rapport à un autre point que l’énonciateur.
    La rupture est représentée par l’emploi du prétérit dans l’énoncé (a). En (b), that localise le référent (la relation prédicative et énonciative She knows most things about me) par rapport au co-énonciateur :
    (a) For a few weeks that summer, I believe I was in a state of happiness. (l. 21)
    (b) “Gerda probably knows,” he said conversationally. “She knows most things about me.”
    “My God! Why do you stay married to her?”
    “Do you think that’s a poor reason to stay married? I know of worse ones.”
    Nous mentionnerons également le substitut adverbial there qui assure la stabilité référentielle de la construction :
    when he saw me sitting there (l. 14); the other customers there looked rich (l. 29)
    III/ Phénomènes syntaxiques
  2. Les relatives
    Les relatives montrent la construction de plusieurs types de relations anaphoriques ; relatives
    déterminatives qui permettent au co-énonciateur d’identifier le référent de l’antécédent :
    through all the looks and glances that had passed between us, the averting of eyes, the brief
    instants when our eyes had me (l. 5-6)
    relatives appositives qui anaphorisent un antécédent dont la valeur référentielle est stabilisée :
    They were Latin, and from their Spanish which I could hear clearly at each station stop, they
    were from the Caribbean. (l. 54)
    Dans les relatives, l’élément anaphorisé ne se limite pas au connecteur, représentant de l’argument ; c’est la relative entière qui est trace de l’anaphore : I was eating a sandwich Ø I had brought from home (l. 1). La relation prédicative est déjà posée, préconstruite,
  3. Les formes en BE-ING
    On peut aussi considérer que les formes en be-ing sont toujours repérées par rapport à une situation. Une des valeurs fondamentales de ce marqueur est la valeur d’anaphore. Il y a reprise d’une relation prédicative préconstruite :
    (a) “I said something stupid,” he said. “I wasn’t thinking. I wanted to hold on.” (l. 17)
    (b) He released my arm. I said, ‘‘I’m going now.” (l. 49)

Conclusion
Nous terminerons par un énoncé qui comporte de nombreuses marques d’anaphorisation :
pronom it, do marquant le retour sur une prédication antérieure, reprise par that d’un SN affecté de ses modalités (a certain kind of misery), anaphore associative (misery anaphorisé par darkness), relative en which :
Or perhaps it did bear some similarity to a certain kind of misery - that which Mrs. Justen had suffered, a darkness rising up that swallowed the past, the imagined future.
Ce dernier exemple montre bien que l’anaphore ne correspond pas à une catégorie morphosyntaxique.
Le concept d’anaphore implique un travail sur la référence et donc des
représentations d’objets plutôt que les objets eux-mêmes.

A

x

21
Q

les adjectifs
Méthodologie de la question large
La question large porte sur une notion ou une forme linguistique, ou sur un ensemble de formes. Elle offre l’occasion de s’interroger sur ses valeurs et ses délimitations par le biais de l’analyse des occurrences du texte. Le format de la réponse est celui d’une démonstration argumentée et progressive, qui ne peut s’élaborer que si le candidat a procédé à un travail préalable consistant à définir le sujet, en s’appuyant sur la connaissance des valeurs recensées dans les ouvrages de linguistique.
Le candidat doit garder à l’esprit que la finalité de l’épreuve n’est pas de réciter un cours en forçant des occurrences à illustrer coûte que coûte les étiquettes traditionnelles. L’épreuve exige une classification rigoureuse et fine des différents cas, mais également une mise en perspective pertinente de la question grâce à l’analyse détaillée des occurrences du texte à l’étude. Pour ce faire, il s’agit d’opérer une sélection des occurrences qui justifient les valeurs de la forme et de relever en toute objectivité les inévitables points de résistance de certaines autres. Ce sont ces étapes préalables qui permettent d’aboutir à une problématique qu’il convient ensuite de décliner sous forme de plan. Le développement consiste à expliquer en quoi certaines occurrences peuvent être rapprochées ou distinguées les unes des autres, en procédant à des microanalyses, en usant des techniques de la glose et de la manipulation.
Tout au long du développement, l’exposé doit refléter le fait que le candidat entreprend de démontrer quelque chose. Pour ce faire, dans chacune de ses sous-parties, le candidat est invité à sélectionner les occurrences les plus représentatives des phénomènes qu’il souhaite tour à tour mettre à jour, sans qu’il soit besoin de démultiplier les analyses d’occurrences semblables.
Rappelons enfin que la question large doit comporter une introduction, dans laquelle figure une définition du sujet, une problématique claire et une annonce du plan ; un développement, qui se doit de respecter le plan annoncé ; et une conclusion, qui synthétise les étapes de la démonstration et offre une réponse à la problématique, de manière tranchée ou nuancée.
Proposition de corrigé
Introduction
L’adjectif, tout comme le nom, le verbe et l’adverbe, renvoie à une partie du discours classée parmi les éléments lexicaux de la langue, par opposition aux termes grammaticaux. Pendant longtemps, les adjectifs ont été considérés comme des « accidents du nom » auxquels ils étaient adjoints ou ajoutés (épithète < epitheton = surajouté). Aujourd’hui, on considère qu’ils constituent une partie du discours à part entière, qui a pour caractéristique d’être en lien avec un support nominal : un adjectif est ainsi épithète d’un nom, apposé à un SN ou attribut d’un sujet/d’un objet. Ce caractère second de l’adjectif est dû au fait que, par définition, un adjectif vient qualifier un nom : il constitue un apport d’information qui vient se greffer sur ce support (nom ou pronom). Il est donc nécessaire de déterminer sur quoi porte l’adjectif et ce qu’il apporte ; il faut identifier le nom et le type d’information fournie (appréciation, caractérisation, etc.). L’adjectif peut apparaître seul, précédé d’un ou de plusieurs modifieurs, notamment des adverbes ; il peut être simple ou composé ; il peut aussi se voir complémenté. Il forme la tête d’un syntagme adjectival. L’adjectif possède la fonction générale de modifieur qui l’oppose aux
73
termes chargés de la détermination. Toutefois, les adjectifs uniquement épithètes et non gradables du type same, mere, future, actual ou very, sont parfois appelés déterminatifs (ou pré-centraux). On peut également rapprocher l’adjectif du verbe (tous deux sont prédicatifs), et de l’adverbe : nombre d’adverbes sont formés sur des adjectifs et tous deux ont pour rôle de modifier un autre élément. La catégorie des adjectifs est par ailleurs une classe ouverte, qui admet régulièrement de nouveaux membres. Un adjectif prototypique est supposé être qualifiant, et pouvoir également occuper les trois fonctions : épithète, attribut, ou apposé. Or, nombre d’adjectifs ne connaissent pas cette souplesse. Il s’agit donc d’une classe hétérogène, ayant des liens possibles avec plusieurs autres catégories, et il peut donc être difficile de trouver à tous les adjectifs des propriétés communes.
Les adjectifs sont particulièrement nombreux et variés dans cet extrait, en particulier dans les deux premiers tiers. Cela s’explique sans doute par la nature essentiellement descriptive de ce passage. Cette variété est propice à l’établissement de rapprochements entre les occurrences, qui nécessitent de se placer à l’interface entre forme, sens et fonction. Ce positionnement permettra d’identifier les libertés et les contraintes derrière les occurrences. La problématique retenue consiste à identifier et à définir les contours de la catégorie, à mettre au jour les points communs qui justifient l’appartenance des adjectifs à une même classe grammaticale. Nous considérerons d’abord l’aspect morphologique, afin d’illustrer la variété de la catégorie et de démontrer que souvent la forme reste un critère d’identification partiel de l’adjectif. Dans un deuxième temps, nous appliquerons les classifications sémantiques usuelles aux adjectifs du texte. Enfin, nous nous attacherons à l’étude du fonctionnement syntaxique des adjectifs, en nous penchant sur les fonctions, l’ordre des adjectifs et la complémentation, pour encore une fois souligner les points communs, mais aussi la multiplicité.
1. Approche morphologique des adjectifs
Les adjectifs sont le reflet de l’histoire de la langue anglaise. Ils illustrent d’un côté le versant anglo- saxon de la langue, avec de nombreux adjectifs simples, souvent polysémiques, et la possibilité remarquable qu’ont les adjectifs de figurer dans des composés ; et d’un autre côté le versant latin, avec des adjectifs plus généralement affixés11 qui viennent s’ajouter au lexique, parfois en tant que synonymes (partiels) d’adjectifs simples. La possibilité de construire des adjectifs à partir de noms ou de verbes accroît encore le vocabulaire anglais, ainsi que la possibilité de s’en servir pour former des adverbes (faintly, l. 47) ou des noms, par dérivation (proximity, l. 1 ; mildness, l. 6 ; clarity, l. 7 et warmth, l. 7), ou conversion (breathing rather hard, l. 37 ; the wireless, l. 5). Le texte fait apparaître la diversité morphologique des adjectifs, du plus simple au plus complexe.
Un adjectif est dit simple s’il ne se constitue que d’une seule unité morphémique, c’est-à-dire, d’une racine libre. Les adjectifs simples ne peuvent être subdivisés en unités plus petites, du moins en synchronie12 : ex. small (l. 3). Un adjectif est dit dérivé s’il est créé à partir d’un autre terme, que l’on dénomme la base, grâce à l’ajout d’un préfixe ou d’un suffixe, voire des deux à la fois. En revanche, lorsqu’il découle étymologiquement d’une conversion à partir d’un terme d’une autre nature sans que
13

lui soit affecté de suffixe, la base subit une « dérivation zéro »
.

11 Il existe des adjectifs affixés en dehors du lexique « latin », et inversement, des adjectifs simples ou faussement simples (devenus simples avec le temps, n’étant plus analysables en constituants) qui sont également d’origine latine ou romane.
12 Nice (l. 45) par exemple provient étymologiquement de nescius, « qui ne sait pas », ceci n’étant plus visible en synchronie.
13 Pour les processus de création lexicale, on se reportera notamment à Jean Tournier, Précis de lexicologie anglaise, Paris, Nathan Université, [1993] 2004.
74
Le préfixe n’a pas pouvoir de conversion, contrairement au suffixe. Ainsi, le préfixe un- dans uncompromising (l. 7) ne change pas la nature adjectivale de compromising ; il permet cependant de garantir qu’il ne s’agit pas ici d’un verbe au participe présent (*to uncompromise). Le préfixe peut être séparable, comme dans invalid14 (l. 7), ou inséparable, comme dans dependable (l. 19), remote (l. 21), responsible (l. 64), excellent (l. 63) ou obscure (l. 38). Ces préfixes ne sont pas spécifiques aux adjectifs. S’il est séparable, et que son ajout relève d’un choix énonciatif, le préfixe portera plus volontiers un accent secondaire. S’il est séparable mais qu’il a fait l’objet d’une fréquence d’emploi dans la communauté ou dans une situation énonciative locale, alors il peut ne plus porter l’accent secondaire. S’il est inséparable, la voyelle, alors réduite, ne pourra porter d’accent secondaire que si la règle d’alternance rythmique l’exige, comme sub- dans subterranean (l. 45) (/20100/).
Les préfixes que comportent les adjectifs de ce texte montrent la variété de la catégorie. Qu’il soit ou non séparable, dans la mesure où il apporte une spécification sémantique, le préfixe contribue (de manière plus ou moins transparente, notamment en synchronie) à l’expression d’un sens donné. Dans becalmed, be- s’utilise ainsi pour ajouter un aspect résultatif par rapport à calmed, ou un élément comparatif (got calmer).
Les adjectifs dérivés par suffixation sont formés à partir d’autres parties du discours : d’un nom, par exemple, pour care + -ful ou marvel + -ous ; d’un verbe pour depend + -able ; d’un adverbe pour up + -er, etc. On note que la présence d’un suffixe peut entraîner des modifications du dérivant direct, qu’elles soient accentuelles (excellent, l. 63), phonémiques, graphémiques et/ou orthographiques (deciSive, l. 23 ; responSible, l. 64 ; subterraNean, l. 45 ; imaginable, l. 6 ; excelLent, l. 63). Enfin, s’ils sont séparables, ils affecteront la nature du dérivant direct et son sens, de façon plus marquée (harmless, l. 54) ou plus modérée (womanly, l. 54). L’échantillon que constituent les occurrences du texte montre l’extrême variété des suffixes, ainsi qu’un cas frontière, celui de sheep-like (l. 48), qui montre par le trait d’union requis que la préposition like n’a pas encore atteint le statut de suffixe, au contraire de l’adverbe less, par exemple. Si les suffixes modifient la nature des termes de départ, permettent-ils d’identifier la nature du terme dérivé ?
Quelques exemples peuvent être ici examinés un peu plus en détail. Le suffixe -ous permet d’identifier un adjectif (marvellous, l. 72) ; il en va de même pour le suffixe -al, sauf si le dérivant direct est un verbe, comme dans proposal ou denial. Cependant, on trouve des exceptions (ex. a British national, a local, a radical). Le suffixe -ic permet aussi en général d’identifier un adjectif, comme dans realistic (l. 23), mais il permet également de former des noms, et il faut prendre garde à -ics, qui signale un terme de nature nominale, comme electronics dans a rather sizeable electronics firm (l. 62). Le suffixe -ful, très productif, indique a priori la nature adjectivale du terme (careful, l. 20) ; toutefois, s’il s’associe à un nom désignant un contenant (ce n’est pas le cas dans careful), il forme alors un nom (ex. pocketful, mouthful, earful). Le suffixe -less s’ajoute lui aussi à une base nominale pour former un adjectif : tactless (l. 72-73), harmless (l. 54), mais dans a wireless deep in the recesses of the restaurant (l. 15), wireless ne peut qu’être un nom, l’adjectif ayant fait l’objet d’une substantivation inscrite en langue. Le suffixe -able présente une similitude avec -ful, étant donné que ces deux suffixes sont apparentés à un adjectif, respectivement able et full. Le suffixe -able œuvre cependant à partir d’un verbe, avec dérivation transparente (imaginable, l.6, dependable, l.19) ou non (ex. demonstrable). Le suffixe -ible est illustré par responsible (l. 64). La différence avec -able est au
14 Il peut être intéressant de noter que s’il avait été question du nom invalid, la suppression de in- aurait entraîné sa recatégorisation en adjectif, le nom valid ne figurant pas dans les dictionnaires d’usage.

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moins phonologique : -ible impose un schéma accentuel, ce que -able ne fait pas en général. Quant aux suffixes -ean et -ian, ils peuvent former aussi bien des noms que des adjectifs. Ils apparaissent dans subterranean (l. 45) et patrician (l. 49). La distribution seule permet d’élucider que patrician est ici employé en tant qu’adjectif (le nom exigerait l’article A) : and had become amused, patrician (l. 49). Subterranean ne connaît pas d’emploi nominal usuel, mais peut être substantivé.
Le texte présente également un certain nombre d’adjectifs finissant par -ly. On note ainsi early afternoon (l. 5), its elderly pianist (l. 19) et womanly things (l. 54). Ce suffixe n’est pas un indicateur d’adjectif, puisqu’il traduit en général la dérivation à partir d’un adjectif vers la catégorie d’adverbe. La morphologie peut cependant expliquer que si -ly s’accole à un nom, alors il en résulte un adjectif (le cas est net avec woman[ly], moins avec elder[ly], aussi adjectif). En revanche, le cas de early relève étymologiquement de l’addition de ere et de lice, c’est-à-dire de -ly adverbial, et il s’agit donc ici d’une dérivation de l’adverbe vers l’adjectif. Il n’est pas adverbe ici car il modifie syntaxiquement un nom, et forme d’ailleurs une classe, opposable à late afternoon. Si only dans the only sounds (l. 14) est bien adjectif, dans the only two people (l. 13), il fonctionne comme un adverbe, dont la portée se limite à two.

D’autres suffixes apparaissent dans le texte :
le suffixe -id de invalid (invalid status, l. 7) ou stupid (l. 13), toujours formé sur un radical lié ;
le suffixe séparable -ine, peu présent en anglais (souvent dans des emprunts) : a remote and almost crystalline process (l. 22) ;
les suffixes -ant et -ent, illustrés respectivement par distant (l. 14) et excellent (l. 63) ;
le suffixe -ive, ajouté au verbe pour former un adjectif dans ruminative monologues (l. 27) ;
le suffixe -y lié dans tiny (l. 40), happy (l. 71), sorry (l. 71) ;
enfin, le suffixe lexical -en, présent dans golden fruit (l. 11).

Comme on l’a vu, tous les suffixes ne garantissent pas immanquablement la nature adjectivale du dérivé, et s’ils le font (le cas de -ous a été signalé), des contre-exemples existent souvent. La morphologie ne suffit donc pas à elle seule à définir un adjectif.
Un autre grand type morphologique d’adjectif est l’adjectif composé. À la différence du dérivé, il
résulte de la combinaison de deux éléments autonomes, c’est-à-dire qui existent chacun
indépendamment dans la langue. Le texte présente une occurrence claire de composition adjectivale :
l’adjectif vine-covered dans a vine-covered trellis (l. 3) est formé sur le patron [nom + verbe + -EN].
Une glose possible serait : the trellis was covered with vine. Citons aussi les deux verbes à particule
15

employés dans le texte comme adjectifs : upturned (l. 52) et cast-off (l. 53)
.
En tant que catégorie, les adjectifs se caractérisent par une très grande diversité morphologique, rarement entièrement révélatrice de leur statut. Par ailleurs, deux terminaisons, -ed et -ing, suscitent des interrogations quant aux limites d’une approche exclusivement morphologique : s’agit-il d’adjectifs ou de participes16 ? Une approche sémantique permet-elle alors d’aboutir à une classification plus opératoire, et quels critères sémantiques peut-on proposer pour tenter de rassembler ou de distinguer les adjectifs ?
15 La distribution de ces deux adjectifs, plus usuellement épithète pour upturned et attribut pour cast-off, pourrait expliquer la place inverse de la particule adverbiale dans les composés.
16 La question sera traitée en détail dans la partie 2.

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2. Étude des propriétés sémantiques des adjectifs

Prototypiquement, un adjectif constitue un apport qualitatif auprès du nom qu’il modifie. Une opposition peut être proposée entre gold et golden (l. 11) : golden renvoie à la qualité de l’or, et dans le texte, s’agissant de fruits, à une apparence similaire à cette matière plutôt qu’à la matière elle- même. Il devient ainsi un terme signifiant la couleur. Le nom gold, lui, désigne un ensemble de propriétés caractéristiques, la matière, avec les représentations qui lui sont associées.
Le trait sémantique exprimé par un adjectif peut correspondre à une propriété permanente (ex. a
small restaurant, l. 3) ou temporaire (ex. new components, l. 22). Il peut être de nature
qualifiante / descriptive, c’est-à-dire apporter un détail à propos du référent (ex. the mild and careful
creature, l. 20), ou classifiante – dans ce cas, il permet de créer une sous-catégorie au sein de la
classe dénotée par le nom. S’il est classifiant, l’adjectif forme avec le nom un ensemble culturellement
préconstruit ; il sera donc d’ordre thématique, et occupera plus facilement la fonction épithète
17 qu’attribut .
Dans a bottle of yellow wine (ll. 3-4), yellow ne désigne pas une propriété visuelle incidente. L’adjectif permet de ranger un type de vin dans un paradigme. L’adjectif peut être dit « classifiant » lorsque sa suppression affecte l’identification du référent ou sa catégorie, ce qui est bien le cas ici : sont exclus, culturellement, les types rouge, rosé et blanc. Dans the golden fruit (l. 11), en revanche, un certain manque de pertinence d’une éventuelle classe permettrait de dire que golden (au sens métonymique de mûrissement) ne sert pas à restreindre le référent fruit de façon significative, et n’est donc pas classifiant. Un exemple incontestable d’adjectif classifiant dans le texte est Middle dans the Middle Ages (l. 33) : l’adjectif y a les caractéristiques typiques d’un adjectif classifiant – non gradable, objectif, non évaluatif, il évoque une qualité permanente mais permet aussi une restriction significative de la référence par rapport à l’hyperonymique ages. Associé à Ages, Middle crée une classe pertinente à la fois culturellement et discursivement, qui contraste avec toutes les autres époques. L’adjectif tiny, dans a tiny drawing of a man (l. 40), revêt en revanche un aspect descriptif : la propriété tiny affectée à drawing ne renvoie pas à un type d’illustration prédéfini, même si a tiny drawing of a man sert d’appui à l’effet classifiant souhaité par l’énonciateur au sujet de obscure advertisements, en indiquant un détail représentatif de la catégorie.

Certains adjectifs, dits « relationnels » et que Quirk et al. appellent noninherent, ne réfèrent pas 18
pour leur part à une qualité intrinsèque du nom . À la différence des adjectifs inhérents, il est rarement possible de les paraphraser par une simple relation inter-nominale : her soft touch [inhérent] the softness of her touch, mais a certain winner [non-inhérent] *the certainty of the winner. Comme ces adjectifs ne dénotent pas de propriété inhérente, toute paraphrase nécessite l’ajout d’un verbe contextuel, qui exprime ce caractère non inhérent, et voit le sens véhiculé par l’adjectif relationnel figurer sous forme d’un adverbe (a certain winner a player who will certainly win ; her habitual sheep-like expression, ll. 48-49 the sheep-like expression she habitually showed) ou d’un nom (rational discourse, l. 28 discourse that respects reason, opposé à the rationality of the discourse, de sens différent). Ces paraphrases confirment que ni habitual ni rational ne renvoie ici à une propriété intrinsèque du référent du nom. Dans quelques cas cependant, le sens reste exprimé

17 Voir aussi la partie 3.
18 « Modification of a noun by means of a noninherent adjective can be seen as an extension of the basic sense of the noun. Thus a firm friend is ‘a friend whose friendship is firm’, and a perfect stranger is ‘a stranger who is perfectly strange’. » (Randolph Quirk et al., A Comprehensive Grammar of English, London, Longman, 1985, p. 435.
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par l’adjectif lui-même, mais il porte alors sur un nouveau nom-tête : a firm friend a friend whose friendship is firm.
L’adjectif new peut avoir un sens relationnel : the new government suppose ainsi newly-formed,
sans prédiquer de valeur qualifiante intrinsèque à government. L’énoncé new components had formed
(l. 22) joue sur les deux sens : propriété attribuée au nom-tête components et sens adverbial issu d’un
fonctionnement relationnel, qui, bien qu’il soit en partie neutralisé par la prédication had formed, reste
activable. Lorsqu’il est complémenté, responsible (I remain responsible for everything that goes,
l. 64) prend un sens relationnel également : la propriété qu’il dit n’est plus inhérente (ni gradable)
comme dans She is a very responsible person. Le complément exprime ici ce qui pourrait être analysé

comme une cible ou un but (for what?), en lien avec le choix de la préposition. La complémentation 19
entre donc dans l’analyse de la sémantique de l’adjectif, et inversement .
La qualité dénotée par l’adjectif est prototypiquement gradable. La gradabilité d’un adjectif se teste souvent par sa capacité à être modifié par les adverbes very, quite ou rather, ou à accepter le comparatif ou le superlatif. Les formes de comparatif présentes dans le texte sont au nombre de six : higher air (l. 8), the ascent to this upper air (l. 21), something harder, brighter, more decisive (ll. 22-23) et You may feel better (l. 36). Brighter et better illustrent la forme synthétique, irrégulière pour better, et more decisive la forme analytique. D’apparence semblable, upper ne peut cependant pas se manipuler en *very up air ; le suffixe du comparatif ajouté à l’adverbe up l’a converti en adjectif. Si le comparatif de higher permet de construire un superlatif (highest), celui de upper ne le permet pas : upper exprime l’altérité plus que le degré, ce qui lui permet, en revanche, d’activer un sens classifiant. Non gradable, upper est un adjectif moins prototypique que les premiers. La gradabilité n’est pas en effet un trait définitoire des adjectifs : un certain nombre d’entre eux ne le sont pas a priori, comme la majorité des adjectifs classifiants, les adjectifs tels que true (l. 37) ou right (l. 57), qui répondent à un adjectif complémentaire20 (false, wrong), et les adjectifs qui, comme excellent (l. 63), décrivent un degré maximal sur une échelle (ici celle de goodness). Dans ‘How marvellous!’ (l. 72), la gradabilité est marquée par l’adverbe de degré HOW. Bien qu’à sens superlatif, marvellous demeure gradable ; la propriété se construit également en discours. Dans That is quite right (l. 57), la gradabilité est marquée par l’adverbe quite, qui exprime le degré par le truchement de la conformité (qu’il dit relative), mais on note que ?very right est peu acceptable, et qu’en position épithète, right supporte moins la présence de quite qu’en position d’attribut : ?a quite right answer. L’adjectif épithète est à associer au thématique et au préconstruit, ce qui le prédispose à l’expression d’un effet de classe ; l’adjectif attribut est à associer au rhématique, il se voit ainsi plus favorable à un effet évaluateur en discours. La gradabilité peut aussi être marquée par des adverbes grammaticaux, et concerner des propriétés non inhérentes : on peut citer le cas de all that devant l’adjectif close (l. 2).
Les adjectifs sont aussi des termes polysémiques, dont le sens et l’emploi se définissent en contexte. Certains adjectifs simples apparaissant à plusieurs reprises, et leurs occurrences peuvent être analysées en regard.

  • L’adjectif qualificatif good est en relation lexicale d’antonymie avec bad dans les énoncés suivants : You may feel better if you tell me about it (l. 36)
And I am having such a good time (l. 46)
The weather was good (l. 60)

19 Voir quelques remarques dans la partie 3. 20 True, au moins dans son sens logique.
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- this way I can spend a good deal of time on my farm (l. 65)
à l’exception du dernier : celui-ci comporte une structure idiomatique qui n’accepte que good ou great et qui, en association avec deal, exprime la quantité. Pour endosser ce sens quantitatif, good ne peut qu’être épithète, alors que pour la ligne 60, par exemple, il peut aussi bien être épithète qu’attribut ou apposé, et il est gradable.
Les deux adjectifs small et little sont des antonymes de big. Leur sens est de renvoyer à une portion d’espace ; les quatre noms qualifiés dans les énoncés ci-dessous renvoient à des lieux. Le choix de little pour modifier sitting room n’est pas seulement motivé par le critère de la taille ; il provient aussi du fait que little apporte une connotation de modestie, d’absence de prétention du lieu. Une autre piste est que le référent de sitting room, plus que celui de restaurant, peut activer les traits [+intérieur] et [+intime], ce qui pourrait aussi faire préférer little.
- outside a small restaurant (l. 3) 

- a small deserted square (l. 5) 

- as they had sat in the small deserted café-bar (l. 9) 

- from the little sitting room at the back (l. 16) 
Le sens d’un adjectif dépend étroitement des traits sémantiques du nom qualifié, notamment le trait humain ou non humain. Rapporté au temps, bright évoque une atmosphère lumineuse ou ensoleillée (the weather was both hot and cold, bright and dark, l. 8) ; en association avec un référent humain, bright pourra désigner non plus la luminosité mais plutôt l’intelligence ou la gaîté. Dans in something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23), Edith est configurée non pas en tant que someone, mais en tant que something. Ceci crée une certaine instabilité autour du sens de brighter, renforcée par la présence de able : ?something able to savour enjoyment. L’adjectif faint s’oppose généralement à strong, mais il peut également traduire une opération extralinguistique d’évaluation de la conformité au type. On l’opposerait alors mieux à very dans the faint whine of a distant car (l. 14), very traduisant l’opération inverse, celle de confirmer la conformité qualitative de l’occurrence à la notion (cf. the very tenor of the conversation, l. 55). Lorsqu’il affecte un non-animé, true s’oppose à false (‘Oh, do you think that is true?’, l. 37), alors que, devant un nom d’humain, il signifie sincere; il peut aussi opérer sur la conformité notionnelle (ex.a true mystery). Le fonctionnement de sure (one is never quite sure from what, l. 39) se heurte à d’autres contraintes selon sa fonction syntaxique. Épithète, sure n’accepte qu’une gamme restreinte de noms (ex. sign, thing, win / winner). La raison en est qu’il est alors relationnel : a sure win = sure to be won. Attribut, il reprend le sens qualifiant de certain, et peut alors être modifié, comme ici par quite. Réservé aux animés, l’adjectif sorry dénote un état temporaire. Seule la fonction épithète autorise son application à du non-animé (ex. a sorry face / excuse / show), avec des sens qui peuvent souvent être reliés à l’humain par implicite métonymique. Dans ‘Oh, I’m so sorry’ (l. 72), sorry est gradué sans problème par l’adverbe SO, peut-être du fait que la notion appartient au domaine de la politesse et qu’on ne se montre jamais assez poli. Seule la fonction attribut permet, comme ici, d’activer un sens performatif. 
D’autres exemples peuvent être analysés parmi les adjectifs dérivés. Leur flexibilité sémantique est potentiellement moindre, mais présente également. L’affixation peut par ailleurs conduire à une spécialisation, comme pour the uncompromising clarity of this higher air (ll. 7-8) : un- fonctionne comme un préfixe inséparable, puisque bien qu’inverse de compromising, on ne pourrait guère envisager de dire by the?compromising clarity of this higher air. Le préfixe a entraîné une spécialisation de ce qui aurait pu être l’antonyme de compromising : « inflexible » n’est pas l’antonyme 


79
de « compromettant ». Certains suffixes et préfixes expriment la privation ou négation. Ces notions
peuvent s’encoder de façon très différente : par un préfixe tel que un-, in- (invalid, l. 7) ou son
allomorphe im- (immediately, l. 38), ou par le biais du suffixe -less. Le cas de de- dans deserted (l. 9),
qu’on pourrait opposer à inserted (la racine -serere est bien commune aux deux), montre une affinité 21
avec la privation . On constate qu’à part la paire valid / invalid, les autres paires ne sont pas antonymes (inserted/deserted) ou connaissent des spécialisations (mediately/immediately). Le suffixe -ful, qui s’accole à un nom, est issu d’un adjectif : il signifie la présence de traits et non plus la saturation. Il s’oppose à ce titre à -less, qu’on rencontre dans tactless (l. 72) et harmless (l. 54) et qui lui aussi est issu d’un adjectif (little à la forme comparative). Des paires antonymiques sont possibles (harmful / harmless). -able intervient lui aussi en dérivation (no longer imaginable, l. 6 ; its dependable meals, l. 19 ; a rather sizeable electronics firm, l. 42 ; I remain responsible for everything, l. 64) : en tant que suffixes, -able et -ible signifient littéralement < that can be + V-EN > et s’apparentent ainsi à un énoncé de voix passive (ex. imaginable : that can be imagined). Souvent, l’adjectif se distingue du verbe au passif dans la construction (perte de on pour depend ; ajout de held pour récupérer that can be held responsible), mais aussi dans le sens (dependable signifie plutôt « fiable », et quel lien peut- on concevoir entre sizeable et be sized ?). La propriété dite par l’adjectif en -able se construit de façon complexe et pas toujours prévisible. Peu prévisible également est le sens de la terminaison -er de l’adjectif other dans the other end (l. 19). À l’origine suffixe du comparatif, issu d’une racine proto-indo- européenne, cette terminaison ne constitue cependant pas en synchronie la flexion -ER du comparatif. Other indique une altérité notionnelle. Il exprime une altérité spatiale, mutuellement exclusive et donc classifiante dans the other end (= the opposite end). Il est à noter que l’association de l’article A et de other forme un déterminant (et non un adjectif) : another glass of wine (l. 57), qui peut alors comme ici prendre un sens principalement quantitatif : one more glass, among many possible more. Comme on pouvait s’y attendre, peu de points communs unissent la catégorie des adjectifs dérivés, beaucoup de différences apparaissant y compris à affixe identique.

À l’interface entre sémantique, morphologie et syntaxe peuvent être analysées les formes en -ING et -EN susceptibles d’être adjectifs ou participes. Pour -ING, l’étude exclut d’emblée the little sitting room (l. 16), dans lequel sitting room forme un nom composé de type N1N2. La compositionnalité peut se tester ainsi : *a sitting and recreation room, *[sitting [rooms and lounges]], many rooms, among which a large sitting *one). Une possible manipulation en a room for sitting (vs. *a room that sits) confirme que sitting est un gérondif. N’est pas adjectif non plus resting (l. 10), apposé. Provenant d’une relation prédicative (< they / rest >), il constitue à lui seul une subordonnée à forme non finie, qui fait de resting un participe présent ; la participiale prend une valeur de concomitance : while they rested, voire de cause. En revanche dans the cunning and even learned periods (l.49), la coordination avec learned invite à voir cunning comme un véritable adjectif lexical, un lexème d’ailleurs bien plus usuel que le verbe cun aujourd’hui obsolète. Les adjectifs lexicaux en -EN sont illustrés par ce même learned, adjectif provenant de learn, mais dont la prononciation indique un sens adjectival désolidarisé du verbe learn, testé par l’irrecevabilité de *periods that were learnt.
À la différence du passif verbal, qui mobilise un BE auxiliaire, le passif adjectival se construit prototypiquement avec BE copule. Un test peut consister à tenter de remplacer BE par un autre verbe copule, par exemple become, seem, feel, look ou remain. La présence du verbe become dans had
21 Le préfixe dans dependable (l. 19), d’apparence identique, est un préfixe différent, spatial, au sens de from, down. 80

become amused, patrician (ll. 48-49), ainsi que la coordination avec un adjectif, ne laissent aucun
doute sur le statut de passif adjectival de amused. Est aussi passif adjectival bored dans You must be
[/ feel] bored stiff (l. 55). Le test nécessite un détour par la glose lorsque l’adjectif est apposé, comme
dans a tiny drawing of a man, [= who looks] rather correctly dressed (l. 40) et dans les deux
occurrences de used [= who had become used to…] (ll. 27 et 28). Le statut adjectival se teste de la
même manière pour un adjectif épithète : a small deserted square [= that seemed deserted], l. 4. Un
passif verbal se teste quant à lui par la réécriture d’une voix active. Ainsi dans were banished,
relegated to invalid status, by the uncompromising clarity […] (l. 7), la voix active est possible : the
uncompromising clarity […] banished […] the gentle appreciations […], and relegated them to invalid
status. Le contexte réactive ici le dynamisme des procès par la mention d’un agent certes non animé,
mais en partie personnifié par la qualité uncompromising, de laquelle découle le résultat de
bannissement. Dans l’énoncé And for a certain kind of woman. Cast-off or abandoned, paid to stay
away […] (ll. 53-54), qui présente une séquence de trois termes en -EN apposés, cast-off, affecté d’un
trait d’union, s’écarte de la piste verbale. Le second terme, abandoned, pourrait figurer à droite d’un
verbe copule tel que feel. Le troisième terme, paid […], n’est plus aussi clairement adjectival. S’il
semble autoriser le verbe copule become (become paid to stay away […]), il résiste en revanche à la
manipulation en the cast-off kind, the abandoned kind, the *paid to stay away kind et surtout, il se
prête à la réécriture d’une voix active : someone pays them to stay away. De plus, le texte isole paid
[…] de la coordination en OR, peut-être afin de séparer un premier groupe constitué deux passifs
adjectivaux de ce passif davantage verbal. Les tests menant ici à des conclusions inverses, on peut
alors considérer les phénomènes selon un gradient. Un certain nombre d’autres cas illustrent ce
gradient. Par exemple, dans with a hand pressed to the small of his back (ll. 40-41), with a hand that is
pressed to […] peut être mis à la voix active : with a hand that he presses to the small of his back. On
peut considérer que pressed est un passif verbal qui, au sein d’un SP en with, dénote un instrument et
prend valeur de passif adjectival. Pour to be permanently reserved for women (ll. 52-53), il est
impossible de récupérer une voix active au présent : *someone reserves it permanently for women ;
elle ne serait possible qu’avec has reserved. La mention d’un agent semble également impossible :

*permanently reserved for women by the owners. Ceci montre que reserved renvoie moins au procès 22
qu’à un état résultant. Ces tests, empruntés à Quirk et al. , permettent d’identifier ce qu’ils nomment un pseudo-passif. Aucun sens dynamique n’est concevable. Cependant, par le biais de permanently, reserved est vu dans une temporalité. On peut l’étiqueter comme étant un passif adjectival. L’adjectif gradable reserved a un tout autre sens (celui de discrétion), et dans ce cas, il ne prend pas de complément en for.
Si les exemples précédents sont des formes flexionnelles issues de participes, les adjectifs terraced (The terraced orchards, l. 12) et cobbled (flat cobbled ground, l. 14) comportent en revanche le suffixe dérivationnel -ed qui s’attache à des bases nominales. La paraphrase donne en effet : orchards formed into terraces (on peut noter le -s du pluriel) et ground made of cobbles.
Morphologie et sémantique sont nécessaires pour établir la nature adjectivale, mais aussi parfois la remettre en cause. Pour compléter l’étude des adjectifs, nous proposons à présent d’examiner les contours de la catégorie en partant cette fois des propriétés syntaxiques.

A

x

22
Q
  1. Approche syntaxique : fonctions, ordre des mots, complémentation / syntagme adjectival

On rappellera ici que les adjectifs sont supposés pouvoir occuper trois fonctions : celle d’épithète (l’adjectif qualifie le nom dans le cadre d’un SN ; en anglais les épithètes sont généralement antéposées, parfois postposées), celle d’attribut (du sujet, de l’objet), et celle d’adjectif apposé. Il est possible d’avoir plusieurs épithètes, ou plusieurs adjectifs apposés ou attributs, auquel cas la question de leur ordre d’apparition se pose. L’adjectif est aussi la tête d’un syntagme adjectival (SAdj), ce qui pose la question des dépendances de l’adjectif, en termes de structure, en soi et en interaction avec le sens.
Les épithètes sont placées au sein d’un SN et en qualifient le nom-tête : nous avons eu l’occasion de relever déjà un grand nombre d’exemples, placés à gauche du nom qualifié. Le texte comporte un cas particulier d’adjectifs épithètes postposés, où les adjectifs se situent à droite de la tête qu’ils modifient. Cette contrainte vient ici du fait que la tête est un pronom, le pronom composé something : resulting in something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23).
On trouve un exemple d’attribut du sujet avec un verbe d’état à la ligne 36 : You may feel better if
you tell me. En revanche dans ‘You must think me very stupid’ (l. 73) et …that most people consider to
be adequate for the purposes (l. 28), les adjectifs soulignés sont traditionnellement étiquetés comme
attribut de l’objet : ils se rapportent respectivement au pronom me, objet de surface du verbe think, et
.

au pronom relatif THAT, qui a pour antécédent ruminative monologues ( I am very stupid ; that is 23
adequate) et qui est objet syntaxique de consider
L’apposition, quant à elle, consiste à séparer l’adjectif du nom-tête ou du SN entier, généralement
à l’aide une virgule ; l’adjectif apposé peut apparaître dans le co-texte droit ou gauche, et l’on peut considérer que l’apposition qualifie strictement un SN présent dans la proposition. Dans Edith, used to the ruminative monologues […], used, moreover, to concocting the cunning and even learned periods […] (ll. 27-29) figurent en apposition deux syntagmes adjectivaux, qui pourraient migrer à gauche du nom-tête. La forme pourrait provenir d’une relative réduite non déterminative : Edith, who was used to […], dans laquelle used, gradable, a le sens adjectival de familiar with. Cependant, l’apposition s’accompagnant généralement d’une valeur circonstancielle, le plus souvent de cause, de concomitance temporelle ou d’opposition, les syntagmes apposés sont parfois aussi rapprochés des circonstants. L’apposition des SAdj permet de leur donner une valeur explicative, l’habitude expliquant ici le sourire d’Edith. En revanche, aux lignes 4-5, Shaded, they were able to look out across a small deserted square made brilliant by the sun of early afternoon, le déplacement de l’adjectif apposé shaded à droite de la tête n’est pas possible du fait qu’il s’agit d’un pronom personnel. Shaded apporte une qualification supplémentaire à they ; la valeur circonstancielle est ici, du reste, moins nette à définir que précédemment.
Tous les adjectifs ne sont pas possibles dans toutes les fonctions ; par exemple, les adjectifs en -ly suivants ne peuvent pas être attributs :

the only sounds (l. 14)
its elderly pianist (l. 19)
do harmless womanly things (l. 54)
*the sounds were only
 ?the pianist was elderly ?these things are womanly

23 Voir ci-dessous pour plus de précisions sur la fonction d’objet de ces deux pronoms.
82
L’adjectif early (early afternoon, l. 5) prend un autre sens en tant qu’attribut, ce qui empêche de construire the afternoon was early. Épithète, l’adjectif early restreint la référence de afternoon ; il est à ce titre classifiant.
Quelques cas peuvent être considérés comme plus complexes. D’une part, on note l’absence de verbe au moins en surface dans How marvellous et dans Happy (l. 72). Dans How marvellous, énoncé averbal, on peut aisément retrouver une prédication sous-jacente : How marvellous [it is / sounds]!, au sein de laquelle il est possible d’analyser le SAdj How marvellous comme l’attribut du sujet it. Happy est une répétition de l’adjectif utilisé dans l’énoncé précédent, et on peut considérer qu’il entre dans une structure similaire, sans que celle-ci soit reprise : ex. she is still radiantly happy ; il s’agirait donc de nouveau d’un attribut du sujet dans une structure elliptique. Le cas de You must be bored stiff (l.55) demande également à être examiné. Bien que stiff ne soit pas un adjectif applicable directement au sujet (
I was stiff with boredom), la structure ressemble syntaxiquement à une construction résultative, si stiff prend un sens métaphorique. Stiff oscille entre adverbe intensifieur (il ne modifie aucun nom-tête et a le sens de terribly) et adjectif (si résultatif, il commute avec silly et qualifierait alors de façon indirecte). Enfin, le cas des attributs de l’objet peut également être reconsidéré : dans ‘You must think me very stupid’ (l. 73) et …that most people consider to be adequate for the purposes (l. 28), that semble être le COD du verbe consider et me celui de think, mais aucun de ces compléments ne constitue un argument du verbe : *You think me ; *We consider them (du moins dans la signification de consider ici). On peut donc analyser ces constructions autrement, en disant que la structure accueille alors l’ensemble < I / be very stupid >, < they / be adequate for the purposes >, qui constituent un noyau prédicatif.
Lorsque des adjectifs apparaissent en séquence, celui qui se situe immédiatement à gauche du nom-tête porte toujours sur celui-ci ; les autres adjectifs peuvent quant à eux porter soit sur le nom seul, soit l’ensemble formé par tout ce qui les suit à droite. Dans had lost its habitual faintly sheep-like expression (ll.47-48), la portée des adjectifs est la suivante: its [habitual [faintly sheep-like] expression]. Restreindre cette portée peut passer, sur le plan graphique, par l’emploi d’un signe tel que la virgule, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans flat cobbled ground (l. 14), un trait d’union entre les adjectifs flat et cobbled aurait clairement restreint la portée de flat sur cobbled, et contribué à la construction d’un adjectif composé ; l’ensemble aurait dénoté un sol couvert de pavés plats plutôt que bombés. L’insertion d’une virgule aurait prédiqué les deux propriétés tour à tour, sans établir de rapport entre elles. En l’absence de tout signe, flat porte par défaut sur l’ensemble cobbled ground. L’effet pourrait s’interpréter comme la vision d’un sol qu’on sait pavé et qui paraît plat vu des cimes. Dans do harmless womanly things (l. 54), il s’agit de qualifier la classe womanly things comme possédant la propriété harmless, ce qui encourage un effet de congruence (ironique) entre ces deux propriétés.
La mention de la conjonction AND sert à indiquer que la prochaine propriété d’une liste est la dernière ; si la conjonction AND ne relie que deux adjectifs, par contraste avec une virgule, elle invite à considérer ensemble les deux propriétés dans un rapport signifiant (de complémentarité ou bien, de façon moins marquée que BUT, de contraste). Dans the mild and careful creature (l. 20), le choix de la coordination montre que mild ne porte pas sur careful creature mais uniquement sur creature. À la différence d’une virgule, AND rend, semble-t-il, l’association signifiante : la propriété mild pourrait être donnée à voir dans un rapport congruent avec careful. Dans the cunning and even learned periods (l. 29), cunning et learned sont à la fois dissociés (even ajoute d’ailleurs une hiérarchisation à la

83
dissociation) et associés par AND ; il en va de même dans a remote and almost crystalline process (ll.21-22), où les propriétés remote et crystalline, qui semblent dissociées de facto par leur sémantisme (remote = localisation spatiale ; crystalline = aspect), sont réunies par le biais de AND.
L’ordre des adjectifs procède du terme le plus déterminatif vers le plus classifiant, une fois confirmée la portée. Pour organiser des adjectifs qui seraient tous de type qualificatif, on recourt généralement à l’ordre TAFCOMF (Taille, Âge, Forme, Couleur, Origine, Matière, Fonction). D’autres critères peuvent être mis en œuvre : l’ordre allant du plus subjectif au plus objectif (harmless womanly things, l. 54), de la propriété la plus temporaire à la plus permanente (même exemple), du terme le plus court au plus long, surtout lorsque les adjectifs sont tous évaluateurs ou s’ils occupent une même rubrique dans TAFCOMF, ou encore si l’un d’eux n’appartient pas nettement à l’une des rubriques. On ne dirait pas la même chose que dans l’énoncé original avec its faintly sheep-like habitual expression : dans l’original, habitual, auquel on peut substituer l’adverbe habitually, porte non pas sur le nom expression, mais sur la propriété sheep-like: its expression was habitually that of a sheep. Néanmoins, on note que l’ordre, s’il est conditionné par la portée, fait bien apparaître l’âge (habitual) avant la forme (sheep-like). Dans a small deserted square (l. 5), small [taille] est initial ; pourtant on pourrait estimer qu’il exprime une propriété plus permanente que deserted [forme? matière? fonction ?]. On peut alors penser que small est plus subjectif que deserted, deserted exprimant une propriété objective vérifiable par le calcul ou l’observation, une propriété par ailleurs moins aisément gradable que small. Le principe de longueur reste aussi ici valable, et ?a deserted small square semble moins recevable. Dans something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23), bien que les adjectifs soient postposés, on note que le principe de longueur fonctionne. On procède du plus synthétique, à effet classifiant, au plus analytique, en respect avec la proximité du nom cette fois-ci à gauche.
La position attribut pose aussi, mais différemment, des questions d’ordre des adjectifs. Dans those few words were judiciously selected, weighed for quality, and delivered with expertise (ll. 26-27), l’ordre suit la chronologie du méta-procès, alors que dans both hot and cold, bright and dark (l. 8), c’est l’ordre usuel allant du terme positif au terme négatif qui est suivi (un ordre que la cohésion textuelle invite ensuite à reproduire dans la seconde paire d’antonymes). Le remplacement par des virgules avec seulement un AND clôturant devant dark compromettrait le parallélisme et rendrait BOTH impossible.
Le texte permet d’illustrer également la vaste gamme des types de complémentation24 des adjectifs, ainsi que la question de la formation d’un syntagme adjectival : entertained by words (l. 30), gratified simply by performing their task to the audience’s satisfaction (l. 31), paid to stay away, or to do … clothes (ll. 53-55), able to savour enjoyment, even to expect it (l. 23), relegated to invalid status, (l. 7), his hand pressed to the small of his back (ll. 41-42), permanently reserved for women (ll. 53-54), responsible for everything that goes (l. 64), adequate for the purposes …. discourse (l. 28), used to the ruminative … discourse, used to concocting … periods (ll. 27-30), rather fond of the place (l. 58). Cette complémentation permet de rappeler que l’adjectif est la tête d’un syntagme adjectival et peut donc avoir des dépendants (les adverbes de degré et les compléments déjà mentionnés dans ce corrigé), ce qui à son tour peut avoir un impact sur le sémantisme (a responsible person n’est pas la même chose que someone who is responsible for something). Le lien entre le verbe et l’adjectif peut être de
24 Nous employons ici le terme de complémentation au sens large, de façon à intégrer dans cette liste paid to stay away, dans lequel l’infinitive oscille en réalité entre complément de l’adjectif au sens strict et circonstant de but.

84
nouveau retrouvé dans le cas des adjectifs déverbaux (reserve something for something, pay someone to do something, la présence de syntagmes prépositionnels en by pouvant correspondre au complément d’agent du verbe correspondant).
Conclusion
Le travail présenté a visé à mettre en avant certaines caractéristiques des adjectifs, aussi bien morphologiques que sémantiques et syntaxiques ; les propriétés générales des adjectifs ont été rappelées (les trois fonctions de l’adjectif, la dimension qualifiante de celui-ci, ainsi que les régularités portant sur l’ordre et la portée) et certains cas un peu plus subtils ou délicats ont également été signalés. Divers effets de sens ont également été mis en avant. Il en ressort que si certains adjectifs possèdent un ensemble de caractéristiques qui sont typiques de la catégorie, d’autres cas sont moins facilement caractérisables. Cela signifie que certains adjectifs sont plus prototypiques ou plus centraux que d’autres, ce qui n’enlève rien aux traits récurrents de la catégorie lexicale « adjectif » : rôle de qualification du nom, types de constructions syntaxiques et patrons morphologiques fréquents.
Remarques sur le traitement de la question large par les candidats
Le jury a pu constater qu’en dépit des rappels effectués chaque année dans les rapports d’épreuve, un certain nombre de copies n’a pas respecté les prérequis méthodologiques : absence de problématique et/ou de plan, d’introduction et/ou de conclusion, ou encore de définition.
De façon générale, le jury a été surpris de voir que les connaissances syntaxiques de base des fonctions de l’adjectif ont souvent été réduites à celles d’épithète et d’attribut (avec parfois des erreurs), sans que ne soit abordée la fonction apposée. Le volet syntaxique était parfois absent des copies. De même, peu de taxinomies sémantiques ont été proposées, la question étant souvent reléguée à quelques remarques émises à l’occasion de l’étude de l’ordre des adjectifs. Autre écueil, l’étude sémantique a parfois été prétexte à un traitement à visée stylistique consistant à ranger les adjectifs selon des champs notionnels aux contours nécessairement arbitraires. D’autres fois, il s’est agi de considérations livrées sans tentative de catégorisation. En revanche, le jury a apprécié le fait que de nombreuses copies ont entrepris une analyse morphologique convaincante des adjectifs du texte. Assez peu de candidats ont tenté de proposer une articulation des différents volets, ce qui a souvent abouti à l’élaboration de structure « à tiroirs » et d’analyses qui sont restées très descriptives.
Les trois problèmes suivants ont été récurrents: regroupement des occurrences sous des étiquettes plaquées et peu pertinentes ; établissement de longs catalogues non commentés ; démultiplication d’analyses d’occurrences simples et semblables. Ces défauts allaient souvent de pair avec une absence de manipulations, lesquelles auraient permis d’introduire un raisonnement et de dépasser le stade de l’énumération. Un manque de connaissances des concepts centraux (par exemple la gradabilité, la fonction apposée, l’adjectif classifiant, l’adjectif composé) a souvent été relevé, ce qui révèle un manque de préparation chez certains candidats. Rappelons que l’analyse linguistique ne peut se faire que si le candidat dispose des bons outils, dont il est nécessaire de faire figurer dans la copie la définition et les conditions d’application (par exemple, mentionner les tests syntaxiques permettant de distinguer un passif adjectival d’un passif verbal). Rappelons aussi qu’une analyse linguistique ne peut se faire sans prise en compte du contexte, et qu’à l’échelle du mot, il est toujours utile de procéder aux tests classiques que sont : l’ajout (pour tester, par exemple, la
85
gradabilité d’un adjectif par l’ajout d’un adverbe de degré), la suppression (pour détecter si l’adjectif est descriptif plutôt que classifiant, ou pour identifier quelles modifications sémantiques ou syntaxiques apporte un affixe), la commutation (pour voir, par exemple, si un adjectif fonctionne comme adverbe), et la permutation (pour tester l’ordre des adjectifs, ou le fait que l’adjectif tolère ou non un emploi aussi bien épithète qu’attribut).
La démarche consistant à relever les cas problématiques semble relativement maîtrisée par les candidats, bien qu’elle ait parfois prêté à des erreurs de catégorisation. À ce titre, des erreurs récurrentes ont été relevées lors de l’étude des adjectifs en -ING et de celle de ceux en -EN, souvent dues à l’absence de tests syntaxiques. Le jury a néanmoins apprécié les copies qui ont tenté d’organiser les termes portant ces terminaisons selon une échelle allant du plus adjectival au plus verbal.
Les bonnes copies sont celles qui ont envisagé une problématisation amorcée par l’étiquetage de « qualificatif », qui pose des problèmes de portée et de types d’emploi ; ou qui ont envisagé par exemple la catégorie sous l’angle d’un gradient à partir des adjectifs centraux, et ont ainsi cherché à établir une taxinomie allant du plus typique au moins typique. S’il n’était pas exigé que toutes les occurrences du texte, très nombreuses, soient traitées, il était attendu que la démonstration s’applique à envisager la question sous l’angle croisé de la sémantique, de la syntaxe et de la morphologie, en prenant appui sur une diversité représentative, ce qui a donné parfois lieu à de très bonnes démonstrations que le jury souhaite ici saluer.

A

x

23
Q

IT & THIS

Richard Ford, A Multitude of Sins, « Calling », p. 40-1. 1) Présentation du sujet.
Les marqueurs IT et THIS ont un fonctionnement endophorique, de rappel ou d’annonce textuelle. Par opposition à l’endophore, l’exophore concerne les renvois à la situation qui est mise en scène dans le texte : la conversation téléphonique entre le narrateur-énonciateur, garant des repérages et son père qui souhaite l’inviter à une partie de chasse. THIS a, en langue, différentes réalisations : déterminant (this house), pronom ou proforme à valeur nominale (« You just shut up that talk and stay out of this »), adverbe (this long) . Dans ses trois occurrences dans le texte, THIS est réalisé comme proforme. Les douze occurrences du marqueur IT permettent d’analyser les valeurs que le marqueur a en langue dans ses différentes réalisations : proforme, pronom explétif, IT d’extraposition.
2) IT proforme anaphorique.
Dans ces cas, IT fonctionne comme un outil de reprise textuelle. Il convient de délimiter la portée de la reprise et le fonctionnement discursif du marqueur.

l. 18-23 : It seemed odd to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in after the Civil War as my house. IT (1) was not my house, I felt. The most IT (2) was was my mother’s house, because she had married him in IT (3) and then taken IT (4) in their hasty divorce.

La portée anaphorique des quatre occurrences de IT référentiel est la même,
. IT fonctionne comme proforme de reprise de ce groupe nominal complexe . On remarque le caractère synthétique du marqueur qui est le seul à permettre la saisie et la reprise du groupe nominal dans sa globalité.
La première occurrence de IT est en fonction sujet du prédicat be not my house
La seconde occurrence de IT, en fonction sujet du prédicat be my mother’s house, fait partie d’un énoncé fortement modalisé : le jugement de l’énonciateur est énoncé avant même que la requalification de la maison comme my mother’s house soit posée. La topicalisation par antéposition du superlatif The most crée un effet de sens proche de « all that it was my mother’s house » ou bien encore « the only thing that it was was my mother’s house ».
La troisième occurrence de IT fait partie d’un groupe nominal prépositionnel à fonction adverbiale de lieu. IT est complément de la préposition statique IN.
La quatrième occurrence de IT est en fonction d’objet direct, argument du verbe take.
l. 41-42 : The world wants to operate on looks. IT only uses brains if looks aren’t available.
IT est une proforme anaphorique de the world, en fonction sujet du prédicat only uses brains.
l. 41-44 : The world wants to operate on looks. It only uses brains if looks aren’t available. Ask your mother. IT(1)’s why she married me when she shouldn’t have. She’ll admit IT (2) now.
La portée anaphorique de ces deux occurrences de IT proforme est large : il s’agit d’une saisie synthétique des deux énoncés précédents The world wants to operate on looks. IT only uses brains if looks aren’t available. La manipulation en THAT de la première occurrence de IT dans ce segment : « THAT is why she married me… » ne permettrait que difficilement que le locuteur, le père, ajoute, dans l’énoncé qui suit She’ll admit IT (2) now ce qu’il estime vrai du point de vue de son ex-épouse. IT garantit la neutralité du repérage par rapport au locuteur garant de ses propos, ce que ne permet pas THAT.
La neutralité du marqueur IT facilite l’interférence des points de vue, le brouillage des voix, dans cette conversation qui, dans cet extrait, n’est pas l’échec d’un acte de communication entre deux personnes mais entre trois.

3) IT pronom explétif / présentatif.

On peut parler de IT non-spécifique au sens où il ne renvoie à rien de référentiel dans le texte ou dans la situation : le marqueur joue le rôle de support de prédication.

l. 4 : « IT’ll be you and me and Renard Junior, » my father said.

Dans cet énoncé en discours direct, IT n’a pas de valeur référentielle. C’est un support de prédication existentielle : le père prédique l’existence de ce qui pour lui a un caractère préconstruit, à savoir la participation à la partie de chasse de son interlocuteur (son fils), de Renard Junior et de la sienne. BE ne prédique l’existence (au sens ontologique du terme) de ces trois personnages mais l’existence de leur présence préconstruite à cette partie de chasse.

4) IT dans des extraposées.

Dans le texte, IT dit d’extraposition, sujet syntaxique du prédicat, annonce le sujet notionnel qui est déplacé sur la droite, en position focale (end focus).
Au niveau discursif, dans des passages où le narrateur-énonciateur fait partager au lecteur-co- énonciateur son point de vue, IT annonce de la matière notionnelle, préconstruite pour le narrateur- énonciateur et dont le positionnement est décalé sur la droite, d’où l’appelation de « IT d’anticipation ».
l. 1-2 : IT shocked me to think Dr. Carter was right there in the room with him, listening.

IT permet l’extraposition du sujet notionnel to think Dr. Carter was right there in the room with him, listening qui, peut, d’une part, trouver une explication de part sa longueur, et, d’autre part, s’explique de manière discursive et pragmatique. Il s’agit de rhématiser la présence de Dr. Carter, qui, selon le sujet énonciateur garant, me dans l’énoncé, n’est pas souhaitable.
l. 18-20 : IT seemed odd to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in since after the Civil War, as my house.

Avec le verbe subjectif seem, le marqueur IT occupe la place du sujet syntaxique
. Il ne s’agit cependant pas d’une structure extraposée au même titre que dans l’occurrence de la première ligne du texte : ??? to think that my father thought of the great house where we had all lived, and that his own father and grand-father had lived in since after the Civil War, as my house seemed odd. Le verbe appréciatif copule seem permet l’effacement du sujet expérient de la perception et du jugement. Dans cet énoncé fortement modalisé, il s’agit de mettre en relief et d’énoncer le jugement, la prise de position de l’énonciateur quant à ce qui est préconstruit pour lui avant même de dire ce sur quoi porte ce jugement.
5) THIS proforme anaphorique.
l. 10 : « …THIS is not that kind of conversation ».
THIS reprend THAT qui renvoie au contenu des propos échangés dans l’énoncé précédent Just don’t say THAT, permet le glissement de point de vue, de point de vue du fils, on passe à celui du père et ouvre à droite.
l. 50-51 : « You just shut up that talk and stay out of THIS. I’ll see you Thursday morning, son, »
La proforme THIS est une anaphore large de I think she is sorry about it. – que l’on peut contraster du point de vue pragmatique (des relations intersubjectives père – fils ) à THAT proforme de la ligne 48 I’ll

testify to THAT. Le père emploi THIS plutôt que THAT en discours direct dans le but de signaler à son fils que les agissements de sa mère envers lui, son ex-mari, le concerne lui et non pas son fils.
6) THIS pronom explétif / présentatif.
l. 10 : « …THIS is Buck here. »
THIS a un fonctionnement très proche de celui de IT mais invite davantage à ce que le co-locuteur prenne son tour de parole et enchaîne la conversation.

Les démonstratifs

Les outils les plus pertinents à une analyse contextualisée des démonstratifs sont bien connus et étaient souvent cités et utilisés par les candidats. Il s’agit, entre autres, des concepts antinomiques d’«exophore / endophore » et « anaphore / cataphore ». Quel que soit le cadre théorique utilisé, ce qui est en jeu dans cette analyse est le mécanisme de la référence (transfert d’un référé à un référent).

Ensuite on pouvait envisager l’étude des formes plus « abstraites » ou « métaphoriques »
montrer la complexification de la représentation linguistique
une analyse de l’utilisation de that dans that thing that’s been going around (l.26) permettait de montrer que that peut véhiculer une notion de connivence avec le co-énonciateur (≈ that thing that you and I know about..)
. Un certain nombre de copies ont fait apparaître le contraste entre les démonstratifs dans this area of your body (l.37) et you could kill somebody by punching him in that place (l.38-39) et plusieurs ont vu la portée générique effectuée lors de l’emploi de that (place).

A

x

24
Q

les relations internominales en OF et ’S.

Les relations internominales de type nom-nom (NN, ou noms composés) ne faisaient donc pas partie du sujet ; p

Proposition de corrigé
Introduction
Pour exprimer les relations internominales, l’anglais dispose de trois grands modes de construction : la construction prépositionnelle, où deux noms sont reliés par une préposition, le plus souvent OF (N OF N), la construction génitive,

Dans une relation internominale, l’un des noms a normalement l’ascendant sur l’autre, et constitue la tête (ou le noyau) du GN, et l’autre est un qualifiant
L’ordre habituel dans lequel se construit la relation est différent selon que l’on a affaire à une construction en N of N, en N’s N (ou en NN) : typiquement, dans N of N la tête est le premier nom (a house of cards is a house), tandis que dans les deux autres constructions, c’est le deuxième nom qui est le pivot (my sister’s car is a car) : nous écrirons donc dorénavant N1 OF N2 et N2’S N116

nous partirons d’une réflexion sur ce qu’est une relation
16 Ou N2 of N1 et N1’s N2 si on le souhaite (cet ordre est retenu dans la grammaire de Lapaire et Rotgé), le but de la numérotation étant de montrer l’inversion de l’ordre des constituants nominaux. Nous choisissons dans ce corrigé d’appeler « N1 » le nom pivot.

78
internominale en OF/ en ’S. Puis nous nous pencherons sur les caractéristiques sémantiques des deux constructions, en y incluant certains paramètres de sélection de la construction en OF ou de celle en ’S. Nous nous intéresserons en dernière partie aux possibilités d’alternance dans les cas où les deux constructions sont possibles, puisque le texte propose des occurrences contextualisées de ce choix.
I. Qu’est-ce qu’une relation nominale en OF/’S ?
Le point commun entre les constructions mettant en relation deux N est qu’ils se situent à l’intérieur de GN, relient entre eux deux éléments qui comptent au moins un nom (cf. internominal), et que la mise en relation ne suppose pas une simple juxtaposition, mais une hiérarchisation, avec un des deux N qui est le N pivot (la tête, le noyau) du GN ; sémantiquement, l’un des deux (généralement le N1) constitue le repère, tandis que l’autre est repéré par rapport à lui17
Par ailleurs, les GN contenant une relation internominale en OF ou ’S sont généralement plus complexes. Par exemple, dans the client’s chair (l. 1), the apprentice’s outburst (l. 8-9), that aspect of the matter (l. 53)1
Dans the heads of young men (l. 36-37), la présence de the devant heads est ainsi liée à la présence de of young men : c’est parce qu’il est post-déterminé que le nom a un article défini. The détermine donc, certes, la tête heads, mais en réalité, on peut penser qu’il détermine l’ensemble [heads of young men], et donc que la structure de ce GN est :
[the [heads [of [young men GN]GP]N’20]]GN (plutôt que [the heads] of [young men]21)

La question de la portée du génitif peut être posée également ; elle permet notamment d’établir une distinction entre les génitifs dits «déterminatifs» et les génitifs «adjectivaux». Dans the apprentice’s outburst, si the détermine apprentice, c’est [the apprentice’s] qui à son tour détermine outburst. Pour preuve, the apprentice’s peut être glosé par his (his outburst) ; la structure du GN est donc :
[[[the apprentice]GN’s]GGén outburst]GN
Il s’agit d’un génitif « déterminatif »22. Charlie’s hands (l. 19), Mma Makutsi’s fault (l. 29), people’s heads (l. 35) sont également des génitifs déterminatifs. Dans the N°1 Ladies’ Detective Agency (l. 23), en revanche, Ladies’ occupe la position d’un adjectif ; on pourrait remplacer, par exemple, Ladies’ par African (the N°1 African Detective Agency). The porte cette fois-ci non plus sur Ladies, mais sur (Detective) Agency. Il s’agit d’un génitif adjectival.
The client’s chair, dans ce contexte (l. 1), n’appartient pas non plus à un client en particulier ; il s’agit de la chaise réservée à n’importe quel client qui vient à l’agence.
On pourra aussi s’interroger brièvement sur la structure de this woman of his (l. 30-31). Cette construction, qui reçoit parfois l’appellation de « double génitif », est aussi appelée « génitif postposé », ou « construction N of N’s » (Larreya et Rivière)24. Il s’agit d’une construction en ’S couplée à une relation en OF (this woman of his).
La construction permet d’avoir une double détermination (this woman, qui est aussi his woman)
Le premier élément de ces constructions, le déterminant, doit être a, article indéfini, comme dans a woman of his, ou bien this/ that (comme ici).

D’autres segments dans le passage peuvent poser des questions de découpage en raison de leur longueur. Dans the question of her new tea-pot and its ignominious fate as a receptacle for diesel oil (l. 11-12), le problème (question) n’est pas seulement celui de la théière, mais du fait qu’elle ait servi de réceptacle pour du diesel, et OF a pour complément deux GN coordonnés.

II. Relations sémantiques et choix de la construction
Le choix de l’une ou l’autre construction peut résulter d’une combinaison de critères sémantiques, discursifs et syntaxiques.
les animés humains sont supposés avoir une saillance qui en font de bons repères d’une relation, et ils sont souvent associés pour les relations internominales à des constructions en N2’s N1.
L’un de ces contre-exemples est the eyes of Mr J.L.B. Matekoni and Mma Ramotswe (l. 9), exemple pour lequel une construction en OF est bien employée malgré la présence d’un N2 d’animé humain. Pour cet exemple, la longueur du GN repère joue un rôle : c’est bien l’ensemble des deux GN coordonnés qu’introduit OF, et tandis que in Mma Ramotswe’s eyes serait tout à fait acceptable, la longueur du complément de OF rend difficile un génitif : ?in Mr J. L. B. Matekoni_ and Mma Ramotswe’s eyes.
En raison de son caractère à la fois souvent évoqué et polémique, on pourra également mentionner un critère fréquemment associé à N2’s N1 : la possession. On pourrait évoquer ce critère pour rendre compte des exemples suivants: Charlie’s hands (l. 19), people’s heads (l. 35), the heads of young men (l. 36-37), the heads of men (l. 39), the heads of women (l. 40),
On peut préférer, selon les exemples et/ou plus généralement, le terme de «relation d’appartenance », et/ou de « localisation ». Les exemples cités ci-dessus ont à voir avec une relation entre un être humain et une partie du corps : plutôt que de possession, il peut être plus juste d’y voir une relation de type partie/tout et/ou une relation métonymique. Eyes ne renvoie d’ailleurs pas aux organes physiques, mais à la pensée.
On peut alors évoquer la notion de « relation d’appartenance » : le terme indique que les deux éléments qui sont mis en relation appartiennent au même monde, au même « domaine » (général ou spatio-temporel), ce qui peut être également pertinent pour les parties du corps ou de la pensée émanant d’un personnage. On peut envisager ce repérage de manière plus générale encore et parler de localisation (cf. Théorie des Opérations Enonciatives), terme qui indique que sont mis en relation deux éléments qualitativement et quantitativement distincts, mais occupant des espaces connexes, ce qui crée la présence d’un lien entre eux. Larreya et Rivière28 indiquent la possibilité d’une glose en HAVE « pris dans son sens le plus large » (HAVE indique aussi une relation de localisation) ; une glose en HAVE est effectivement possible pour tous ces exemples : Charlie HAS hands, people HAVE heads, etc., mais également the Agency has an office.
Une (autre) relation sémantique qui impose l’usage de OF, et interdit celle de ’S, est celle qui a à voir avec une quantification. Dans one set of hands (l. 17-18), seul exemple de ce type dans le texte, on peut éventuellement considérer que le premier N sert de quantificateur externe à l’autre, et le rapprocher de a bar of soap (avec *a soap’s bar, et a hands’ set
De même, c’est N1 OF N2, et normalement pas N’S N, qui est utilisé lorsque la relation sémantique est de type « N1 est équivalent à N2 ». A clear idea of what to do peut entrer dans cette catégorie
Le cas des prédicats nominalisés peut également être évoqué. Le texte en propose plusieurs exemples : y sont employés des noms pour lesquels un verbe existe également,
The trade of insults peut aussi être considéré comme faisant partie de cette catégorie, puisqu’on glosera par they are trading insults. On constate que insults serait alors le complément d’objet de trade et le thème, et non l’agent, ou même la source comme dans the apprentice’s outburst.
. En cas de nominalisation, la construction en OF sera utilisée préférentiellement pour un rapport correspondant à celui du verbe et de son objet, tandis que la construction en ’S peut être préférée pour un lien entre un verbe et son sujet31.
les génitifs spécifiques/ classifiants, et le double génitif. Lorsque le génitif est générique, on note que la glose se fait en for plutôt qu’en OF : a/the chair for the client (
a/the chair of the client)32. On a signalé que la glose en among n’était pas forcément opérante pour this woman of his : le double repérage permet de localiser la femme en question par rapport au « monde » de l’apprenti (of his), tout en permettant qu’un pointage puisse être fait avec this. This woman of his n’est donc pas l’équivalent de his woman.

III. Alternance possible entre N2’s N1 / N1 OF N2 et structure informationnelle
La longueur a déjà été évoquée précédemment
Le choix peut également dépendre, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, du fait de savoir si le lien lui-même entre les noms est considéré comme préconstruit, culturellement, ou dans un contexte donné, ou, au contraire, s’il est construit en contexte, le lien étant considéré comme davantage préconstruit avec N2’s N1 que lorsqu’on emploie une structure en N1 OF N2
L’acquis de la relation entre the apprentice et outburst est donc mis en valeur.
Mma Ramotswe nodded her head in vigorous agreement. ‘They do, Rra. They certainly do. They turn people’s heads, I think. That is what they do.’
‘And women turn heads too,’ continued Mr J. L. B. Matekoni. ‘Women turn the heads of young men and make them do silly things.’
There was a short silence. Mma Makutsi was about to say something, but decided against it. It was arguable, she thought, whether women turned the heads of men any more than men turned the heads of women. She would have thought that responsibility

84
was shared in that respect. But this was not the time to engage in debate on this issue.

. Or on constate qu’à partir de la deuxième réplique, la construction en N2’s N1 fait place à des constructions en N1 OF N233. On pourrait évoquer le degré de préconstruction de la relation pour opposer N1 OF N2 et N2’s N1, en disant que le lien est davantage préconstruit entre les deux noms avec N2’s N1 qu’avec N1 OF N2. Dans ce contexte-ci, cependant, le lien peut être considéré comme préconstruit dans tous les cas : on sait en effet qu’un être humain a normalement une tête (cf. parties du corps, évoquées en section 234). L’analyse en termes de préconstruction doit donc ici être nuancée. On note en revanche qu’à partir de And women turn heads too, est introduite une dimension contrastive : on oppose les hommes et les femmes ;
A partir du moment où ce contraste est introduit, le repère stable/l’information connue devient heads, alors que l’information nouvelle (la « variable ») est women / men / young men.

Conclusion
L’anglais dispose de plusieurs moyens de construire les relations internominales, dont N1 OF N2 et N2’s N1, qui ont été analysés ici ;
Les types de rapports sémantiques sous-jacents, par ailleurs, sont nombreux et peuvent parfois contraindre le choix de l’une ou l’autre construction, ou, dans d’autres cas, en permettre plusieurs. Lorsque le choix est possible, la longueur, le degré de préconstruction de la relation internominale et/ou le choix du repère (par opposition au repéré), en lien avec la structure informationnelle de l’énoncé, jouent un rôle.

A

x

25
Q

La coordination

La coordination peut se définir comme la mise en relation de deux unités de même rang syntaxique. Cela implique en théorie que les éléments se caractérisent par une même nature et une même fonction. La coordination est ainsi supposée placer les éléments reliés sur un « pied d’égalité » syntaxique, puisque ces éléments ne s’inscrivent pas dans un rapport hiérarchique. De fait, les éléments reliés sont parfois dits «autonomes». La coordination se définit en conséquence par contraste avec la subordination, qui hiérarchise les éléments reliés en les faisant figurer dans un rapport de dépendance syntaxique. Avec la coordination, on a affaire à des mises en relation qui se situent davantage du côté de la parataxe, tandis qu’avec la subordination, on se situe du côté de l’hypotaxe.
Le degré de parataxe caractérisant la coordination est toutefois inférieur à celui de la juxtaposition car les éléments coordonnés le sont à l’aide de marqueurs, appelés conjonctions de coordination (ou coordonnants). Les conjonctions de coordination prototypiques sont AND, OR et BUT. A cette liste est parfois ajouté le marqueur FOR, bien que son statut soit sujet à débats.

Il s’agit donc de progresser de la forme au sens, et du sens à l’effet en contexte. A chacun de ces niveaux, on considère tout d’abord les exemples les plus prototypiques, pour ensuite examiner les cas qui le sont moins. Ce faisant, les trois points suivants sont abordés :
1- Le « pied d’égalité » syntaxique supposé caractériser les éléments coordonnés semble relatif.
2- L’autonomie des éléments coordonnés est vraisemblablement à remettre en question sur le plan sémantique. Une approche en termes de degrés s’avère, dès lors, plus pertinente.
3- Les effets discursifs semblent dépendre en grande partie des enchaînements propositionnels. Si tel est le cas, il est légitime d’intégrer à l’analyse les cas de coordination implicite.

  1. La coordination : un « pied d’égalité » syntaxique relatif
    Sur le plan syntaxique, la coordination peut consister en la mise en relation d’unités extrêmement variées, allant de termes isolés à des propositions entières. La coordination peut également dépasser le stade intraphrastique pour être élaborée sur un plan transphrastique (mise en relation de phrases).
    1.1. Les exemples les plus prototypiques présentent des mises en relation diverses

L’objectif est de vérifier si les éléments coordonnés se situent sur un pied d’égalité syntaxique, comme évoqué plus haut.
Des termes simples peuvent être coordonnés :
l. 77 : His voice was ludicrously abrupt and peremptory.
En première approche, ce sont des termes simples (en l’occurrence des adjectifs en position d’attributs) qui sont coordonnés. On pourra toutefois noter une ambiguïté : la coordination concerne-t-elle ici uniquement des termes simples (adjectifs), auquel cas on a une analyse du type : His voice was ludicrously [abrupt and peremptory] ou bien a-t-on affaire à une coordination de deux syntagmes (en l’occurrence adjectivaux), sachant que le premier serait pré-modifié tandis que le second ne le serait pas ?
l. 86 : Go and rest.
Dans ce deuxième exemple, deux verbes sont reliés mais nous verrons par la suite (sur le plan sémantique) que ces deux éléments sont peu autonomes. La symétrie apparente sera donc à nuancer.
Des syntagmes entiers peuvent être coordonnés :
l. 33-34 : I ate a sandwich or two.

Bien que ces syntagmes (nominaux, ici) aient la même nature et la même fonction, une dissymétrie existe sur le plan formel, puisque le second syntagme a pour tête un numéral. Il est nécessaire, sur le plan interprétatif, que le second segment soit relié au premier afin d’être correctement interprété. La séquence correspond en outre à une construction faiblement décomposable : nous y reviendrons en deuxième partie.
Des unités constituées de verbes et de leurs compléments sont également mises en relation : l. 11 : But then she abruptly pulled her mouth away and turned her head against my shoulder.
Il s’agit bien d’unités de même rang syntaxique. On remarque toutefois une légère dissymétrie au niveau formel, puisque le premier segment est composé d’un verbe à particule (pull away) et de son complément d’objet tandis que le second est composé d’un verbe transitif complexe et de ses deux compléments.

De plus, la coordination de termes ou syntagmes peut s’effectuer à l’aide de systèmes corrélés : il peut s’agir de BOTH… AND ou encore de NEITHER… NOR :
l. 46 : I could see that that both surprised and unsettled her ; l. 34 : Like myself neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination […]
Les éléments « supports » que sont both et neither introduisent nécessairement le premier élément de la coordination.
La coordination s’applique également à des propositions. Examinons le cas des propositions finies : l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
Lorsque deux propositions à verbes conjugués sont mises en relation, elles sont syntaxiquement autonomes, même si la question n’est pas aussi simple sur le plan sémantique. On note également la présence de la virgule, qui modifie la configuration. Sur le plan strictement syntaxique, elle établit une dissociation plus grande entre les éléments coordonnés que ne le ferait une coordination sans virgule.
Dans certaines configurations, plusieurs propositions sont impliquées par la coordination : l. 3 : A doubt dissolved in them, a candour was restored; and they tacitly accepted my judgment.
Ici, deux propositions sont tout d’abord juxtaposées, puis coordonnées à une troisième. En conséquence, deux points de vue sont possibles : on peut considérer soit que la proposition introduite par le coordonnant est reliée à la précédente uniquement, soit que les trois propositions sont coordonnées entre elles, l
Quoi qu’il en soit, ce type de coordination permet un effet de clôture lors d’une énumération (ou éventuellement d’une liste). Remarquons par ailleurs que la présence du point virgule établit une forte dissociation entre l’élément clôturant et les précédents : il est possible de l’interpréter comme un effet d’ajout a posteriori.
Dans certains cas (mais représentés par un seul exemple dans le texte), des propositions finies sont coordonnées à des niveaux différents :

l. 7 : The lips were warm and they moved under mine, and I was allowed to hold her body close. 52
En dépit de l’emploi de deux coordonnants AND, il n’est pas possible d’interpréter une telle structure selon le schéma : *Prop 1 AND Prop 2 AND Prop 3. Nous avons au contraire un premier ensemble coordonné (délimité à droite par une virgule), qui est ensuite relié au second par une autre occurrence de AND, située à un niveau hiérarchiquement supérieur. Le schéma permettant de représenter ce phénomène serait donc : [[Prop 1 AND Prop 2] AND Prop 3]. En somme, une proposition composée est reliée à une proposition simple, ce qui constitue un cas de dissymétrie formelle, bien que les unités reliées soient de même rang.

Examinons également le cas des propositions non finies :

l. 8 : I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness…and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.

Dans la mesure où les trois propositions infinitives se rapportent à la principale I was allowed, une interprétation en faveur de trois éléments coordonnés semble assez naturelle.

l. 18 : Wanting to be sure. But not being sure.

Des propositions non finies en ING peuvent également être coordonnées. On remarque que celles-ci ne sont pas rattachées à des propositions principales : la particularité de cet exemple tient à ce que ces propositions non finies constituent elles-mêmes des phrases (étant séparées par un point). La syntaxe est elliptique et le manque de fluidité discursive qu’elle semble refléter est accru par le point précédant la conjonction de coordination BUT : ce point final vient en effet marquer une césure entre les éléments reliés.
Des phrases peuvent donc être coordonnées : l. 29 : I’ll try. But I can’t…..
Puisque ce sont deux phrases qui sont reliées, il s’agit bien d’éléments de même rang syntaxique. Cela étant, le second élément, inachevé, serait dans cet exemple ininterprétable sans le premier. En outre, comme dans l’exemple précédent, c’est un coordonnant BUT qui est employé dans une configuration de coordination transphrastique.

1.2. Cas de dissymétrie plus marquée (exemples moins prototypiques)
Des segments de formes différentes peuvent être reliés : l. 46 : No. But it had crossed our minds.
Syntaxiquement, les segments reliés débutent tous deux par une majuscule et se terminent par un point. Mais, sur le plan formel, la dissymétrie est grande, car nous avons d’un côté affaire à une réponse courte et de l’autre à une phrase entière.

53
l. 68 : “What was he ?” But I never got an answer.
Cette fois encore, BUT est encadré par des phrases de formes différentes. Il est possible de s’interroger quant à la délimitation exacte des segments reliés par BUT. Celle du segment droit ne semble pas problématique, mais celle du segment gauche est discutable : on peut soit considérer qu’il s’agit de la phrase précédant BUT, soit même du dialogue qui précède.
De façon maintenant purement syntaxique, on remarque que des éléments de nature différente peuvent être reliés :

l. 78 : She was on her feet and staring furiously at the old man.

Mais on peut également interpréter la forme en ING comme un participe présent : on aurait ainsi une proposition nominalisée rattachée à BE, rendant la coordination possible.

1.3. Marqueurs généralement classés à la marge de la coordination
Traditionnellement, seuls les coordonnants AND, OR et BUT (avec parfois FOR) sont étiquetés comme coordonnants, dans la mesure où seuls ces trois marqueurs répondent favorablement à différents tests présentés comme constituant l’ « invariant » syntaxique de la coordination :
Dans le texte sous examen, le cas des marqueurs adverbiaux YET, SO et THEN retient l’attention.
Le cas de YET

l. 35-36 : Like myself, neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination to lure us into his game, yet seeming preparedness to abandon it.

YET possède une fonction de jonction et relie ici des parties de syntagmes nominaux complexes, toutes deux déterminées par le génitif the old man’s. Il les relie formellement comme le ferait une conjonction AND. Il est donc tentant d’intégrer YET parmi les coordonnants. Cela étant, il ne remplit pas tous les critères syntaxiques évoqués plus haut : il peut notamment, dans bon nombre de cas, être précédé de AND.
Le cas de SO

l. 53 : “Yes, that’s what we feel.” “So the enigma is why?”

SO se caractérise par une fonction de jonction similaire à celle des marqueurs précédents. Il relie ici des phrases de forme différente, mais nous avons vu plus haut que ce pouvait aussi être le cas des coordonnants centraux. On note par ailleurs qu’il ne répond pas favorablement non plus à tous les tests (il ne peut, notamment, relier des propositions subordonnées, il met difficilement en lien des syntagmes et, dans certains énoncés, peut être précédé du coordonnant AND), mais le caractère rédhibitoire de ces tests peut, comme nous l’avons évoqué, être remis en question.
Le cas de THEN

l. 28 : “He’s telling us another supposed episode from his life”. […] “Then we could meet after that?”

THEN possède également une fonction de jonction, relie des phrases, des propositions ou des syntagmes et s’avère proche de AND. Il pourrait néanmoins être précédé d’un coordonnant classique (en l’occurrence AND) et il est parfois mobile à l’intérieur du segment introduit, si bien qu’il n’est pas toujours classé lui-même parmi les coordonnants.
il n’est toutefois pas incongru d’intégrer cet adverbe dans la catégorie des marqueurs de coordination
Dès lors, il semble pertinent de considérer la coordination, non pas comme une catégorie absolument homogène, mais comme un ensemble de phénomènes présentant un centre et une périphérie. On pourrait ainsi parler de différents degrés de coordination, AND et OR étant plus prototypiques que BUT, qui est lui-même plus central que YET, SO et THEN.
2. Une autonomie des éléments coordonnés souvent remise en question sur le plan sémantique

2.1. Les phénomènes de coordination employant AND
Lors de l’emploi de AND, un élément B vient s’ajouter à un élément A. Cependant, bien que cet invariant se retrouve dans tous les exemples, le co-texte paraît jouer un rôle de premier ordre dans l’interprétation. Des effets de sens variés peuvent être relevés et, dans bon nombre de cas, on observe une relation de dépendance nette de l’élément B par rapport à A. Commençons par examiner les exemples dans lesquels les éléments restent relativement autonomes pour aller vers des degrés de dépendance bien plus grands.
Les cas d’ajout des éléments reliés
l. 77 : his voice was ludicrously abrupt and peremptory ; l. 7 : the lips were warm and they moved under mine.

l. 8 : I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness… and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.
L’interprétation d’une addition peut, comme ici, être renforcée par la présence de l’adverbe also, qui signale explicitement un ajout. Les éléments précédents s’ajoutent eux aussi (nous pouvons considérer que nous avons affaire à une coordination de plusieurs éléments) et le coordonnant AND n’intervient à la fin que pour signaler le dernier membre de l’énumération. On note le rôle particulier de also : il ne place pas uniquement le segment to know […] en fin de liste, mais permet de l’isoler. De façon corollaire, il peut être interprété comme signifiant « en plus de tout cela » : il donne donc à l’élément introduit un relief et une importance particuliers.
Les cas de succession temporelle
l. 3 : A doubt dissolved in them, a candour was restored; and they tacitly accepted my judgment.
On peut interpréter une relation de succession liée à la présence de AND
Parfois, la relation de succession est explicitée :
l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
La relation de succession dans le temps est rendue évidente par le marqueur then.
La nature des contenus propositionnels, mêlée à des considérations d’ordre logique, peuvent conduire à une interprétation du type conséquence.
Le texte présente un autre exemple de ce type :
l. 33 : I stopped her making any fresh tea, and we drank it tepid.

: l. 86 : Go and rest!
Dans ce type d’exemple, les deux procès forment une séquence dont la structure est idiomatique (Go and X, construction à l’impératif) et l’interprétation de ce segment fait difficilement intervenir la notion d’addition. Il est envisageable d’opter pour une interprétation en termes de but, du type : Go to rest.
On se rapproche ainsi de la subordination.
Bien que l’addition constitue la valeur centrale de AND, il est manifeste que les effets de sens pris en contexte dépassent assez amplement cette valeur. On passe alors d’exemples où les éléments sont relativement autonomes à des configurations dans lesquelles l’élément B est fortement dépendant de A. Dans certains exemples (et notamment dans les deux derniers), la non-autonomie est telle que la comparaison avec la subordination s’impose.

Ce phénomène de dépendance plus ou moins grande se retrouve également dans le cas de BUT et de OR.

2.2. Les phénomènes de coordination employant BUT
L’emploi de BUT signale fondamentalement une rupture, un décalage ou un contraste entre les éléments reliés, ou encore entre l’élément B (ou ses implications) et les implications de l’élément A.
Les cas de contrastes ou oppositions explicites
l. 18 : Wanting to be sure. But not being sure ; l. 29 : I’ll try. But I can’t…
Dans de tels cas, la suppression de la conjonction BUT serait extrêmement délicate. Cela nuirait fortement à la compréhension des enchaînements car BUT marque un contraste ou une opposition nette entre les contenus. De fait, les éléments coordonnés pourraient difficilement être placés de façon autonome l’un après l’autre.
Les cas de contraste ou opposition entre le propos B et les implications ou la relation sous-jacente à l’élément A
l. 46 : No. But it had crossed our minds ; l. 60 : “I very nearly didn’t.” “But past now?”
Dans ce type de configuration, BUT ne relie pas strictement les contenus du segment gauche et du segment droit mais le contenu du segment droit et les implications ou la relation sous-jacente au contenu du segment gauche. En l’occurrence, la réponse No (à la ligne 46) pourrait impliquer que cette éventualité n’ait jamais été envisagée, ce à quoi s’oppose le segment introduit par BUT.
Les cas de contraste ou opposition entre les implications ou conclusions de A et celles de B
l. 10 : The tips of our tongues touched, for a few seconds the embrace became tight, passionate. But then she abruptly pulled her mouth away and turned her head against my shoulder.
A partir de la phrase de gauche, on peut reconstruire une conclusion du type « relation en bonne voie » tandis que la conclusion possible à partir de la phrase de droite est du type « relation en mauvaise voie». On peut considérer ici que ce sont les conclusions argumentatives des deux segments qui s’opposent. On remarque en outre que, dans un tel cas de figure, BUT pourrait plus facilement être supprimé sans que l’enchaînement discursif devienne ininterprétable. Les marqueurs then et abruptly suffisent en effet à rendre l’enchaînement compréhensible car ils traduisent également l’idée d’une non-congruence.

2.3. Les phénomènes de coordination employant OR ou NOR
Les phénomènes de coordination employant OR sont peu représentés dans le texte puisqu’une seule occurrence de OR y figure, à laquelle on peut ajouter une occurrence de NOR. La valeur fondamentale de OR peut être décrite en termes d’altérité, ses effets de sens se précisant eux aussi en fonction du cotexte (alternative inclusive ou exclusive, reformulation, interprétation d’une condition négative). Dans le cas de (N)OR, tout comme pour AND et BUT, la dépendance entre les contenus est plus ou moins grande selon les types d’interprétations.
Le cas de NOR et la négation d’une alternative, ou d’un ajout

l. 34 : Like myself neither she nor her sister could understand the old man’s paradoxical determination…

Dans ce type d’exemple, la présence de l’élément support neither est indispensable. NOR, quant à lui, peut être analysé de deux manières : soitd’une addition en AND (paraphrase possible : she did not understand, and her sister did not understand). Quirk et al., qui optent pour cette seconde interprétation, classent cet emploi de NOR parmi les coordonnants centraux. Le degré de dépendance entre les éléments coordonnés est parfois plus prononcé encore.
Le marqueur OR et l’expression d’une approximation l. 34 : I ate a sandwich or two.
Dans les cas d’expression de l’approximation, le segment introduit par OR est fortement dépendant du segment précédent.
En conclusion de cette deuxième partie, les phénomènes observés peuvent se récapituler en termes de dépendance sémantique plus ou moins grande, se rapprochant parfois, notamment dans le cas de AND, de relations de subordination.
3. Des effets discursifs dépendant des enchaînements propositionnels

3.1. Nature des effets discursifs produits

Les phénomènes de coordination permettent l’agencement de séquences descriptives l. 1 à l. 11 (deux premiers paragraphes).
Dans la séquence narrative initiale, on remarque tout d’abord une prépondérance de descriptions dans lesquelles figure AND puis, à la ligne 11, l’introduction d’un marqueur BUT traduisant un revirement : l’orientation des éléments coordonnés par AND était positive du point de vue du narrateur et l’emploi de BUT marque alors un changement d’orientation.
Les phénomènes de coordination permettent d’ordonner et de rythmer les actions décrites
Le coordonnant AND, notamment, peut entrer dans plusieurs types de configurations, traduisant différents modes de déroulement correspondant aux actions décrites. On observe ainsi :
· un rythme binaire dû à une coordination de deux procès
l. 33 : We went back to the table and sat.
Ce rythme binaire est en outre modulé lorsque la séquence est entrecoupée par une virgule :
l. 31 : She glanced at the table, and pressed my hands ; l. 5 : She lowered her eyes again, and then her hands slipped behind her back.
La virgule confère au procès introduit par la coordination un effet d’action effectuée après coup. Chaque action paraît ainsi plus détachée, plus dissociée de la précédente que dans les configurations sans virgule, où les actions semblent s’enchaîner directement.
· un rythme ternaire, dû à une coordination de trois procès :
l. 34 : I ate a sandwich or two, she smoked and we talked.
· un effet d’accumulation dû à des coordinations multiples (ou polysyndètes) :
l. 7 : The lips were warm and they moved under mine, and I was allowed to hold her body close, to know its curves, its slenderness… and also to know, with a delicious certainty, that all was much less complicated than it seemed.

La répétition de AND crée un effet particulier d’accumulation. Cet effet est éventuellement renforcé par also, comme c’est le cas ici.
En termes d’agencement de la partie dialoguée, on remarque également divers effets.
Les phénomènes de coordination traduisent les orientations argumentatives des propos associés aux personnages. Dans le texte, l’emploi des marqueurs BUT est essentiellement associé aux propos des protagonistes, soulignant ainsi des oppositions ou contradictions caractérisant les contenus propositionnels : l. 17 : Wanting to be sure. But not being sure ; l. 29 : I’ll try. But I can’t… ; l. 46 : No. But it had crossed our minds.

Les coordinations peuvent également refléter les rythmes conversationnels. L’emploi de marqueurs AND précédés d’un point peut être interprété comme traduisant des ajouts de propos a posteriori.
l. 26 : “He’s telling us another supposed episode from his life. I’m going to join you after dinner”. She smiled up. “And I honestly don’t know what it is.”
Le reste du texte présente un exemple similaire :
l. 53 : “So the enigma is why?” She gave a little nod of the head. “And also why you have any remaining doubt about me”.

Les marqueurs BUT, s’ils peuvent être employés au sein d’un seul et même tour de parole, se rencontrent également à l’initiale d’un nouveau tour de parole, marquant alors une non-coïncidence ou même une opposition entre les propos des deux énonciateurs.
l. 55-56 : “No more than you must feel about me.” / “But you said it last time.”
Le coordonnant BUT signale ici une opposition entre les propos des personnages. Parfois, à l’initiale de questions, il en va un peu différemment, bien que la dimension inter-subjective soit toujours à l’œuvre.
l. 60 : “I very nearly didn’t.” / “But past now?”
BUT introduit cette fois une question, ce qui montre bien que le rapport entre les propositions ne consiste pas en une opposition pure. Il s’apparente davantage à un achoppement prenant la forme d’une demande de précisions quant à un éventuel contraste entre passé et présent.

3.2. Mécanismes qui sous-tendent ces effets discursifs et prolongements
Dans bon nombre de cas, les marques de coordination pourraient être effacées sans que cela nuise à la bonne interprétation du texte. Cela est vrai notamment des séquences narratives, dans lesquelles de nombreuses occurrences de AND sont finalement optionnelles.
Toutefois, la présence ou l’absence de coordonnants explicites joue un rôle sur les plans énonciatif et stylistique, car les marqueurs de coordination sont les traces de points de vue de la part de l’énonciateur- narrateur. E
Conclusion
. Suite à cet examen des phénomènes présents dans le texte, il est apparu que :
- sur le plan syntaxique, on observe différents degrés d’homogénéité entre les éléments reliés.
sur le plan sémantique, on observe des valeurs et effets de sens divers. De façon corrélative, l’autonomie des éléments coordonnés s’avère plus ou moins grande ;
- sur le plan discursif, les configurations dans lesquelles s’inscrivent les phénomènes de coordination sont variées
En somme, la coordination apparaît à travers l’étude du texte comme une catégorie qui est loin d’être homogène, dont les contours ne sont pas absolument distincts et étanches, et qui mériterait sans doute d’être décrite en termes de degrés. On préférera parler de « phénomènes de coordination » plutôt que de « la coordination ».
Sur le plan du texte lui-même, l’examen des coordonnants permet en quelque sorte d’en dresser le « squelette » en termes narratifs : la prédominance de AND au début du texte reflète en effet une abondance d’éléments se caractérisant par une même orientation du point de vue du narrateur (éléments tous positifs, et s’ajoutant selon des rythmes soit binaires, soit ternaires), puis un premier revirement narratif, traduit par la présence d’un BUT, amorce le passage à un plan dialogué. Les marqueurs BUT se font alors plus nombreux et traduisent des oppositions entre les contenus propositionnels des personnages. Un dernier BUT marque la transition entre dialogue et narration.

A

x

26
Q

LES OCCURRENCES DES ADJECTIFS

. Description et délimitation du sujet :
Les adjectifs ont une fonction de qualification du nom. D’autres unités peuvent aussi avoir cette fonction – post-qualification par des groupes prépositionnels, propositions relatives, participes ; préqualification par un autre nom – mais ne partagent pas toutes les caractéristiques des adjectifs.
Les adjectifs « centraux » sont gradables (possibilité d’y associer des intensificateurs ou atténuateurs, d’avoir des comparatifs ou superlatifs) et peuvent être attributs (predicative adjectives) ou épithètes (attributive adjectives/pre-modifiers) ;
Certains adjectifs peuvent avoir un fonctionnement restreint (par exemple, être attribut mais non pas épithète – alone, awake, etc.).
Les adjectifs ont peu de caractéristiques formelles.
- Ils peuvent être simples : l. 5 : sad, l. 6 : rude ;
-dérivés : l. 29 : joyful ; composés : l. 19 : bare-headed, l. 24 : well-graced, l. 45 : new-made, l. 47 : new-come, ou être des participes adjectivés : l. 9 : aspiring, l. 14 : desiring, l. 45 : lasting, l. 8 :
mounted, l. 16 : painted, l. 39 : sworn. Ces derniers exhibent des degrés d’adjectivation variable, certains partageant toutes les caractéristiques des adjectifs centraux, d’autres étant limités à une fonction d’épithète et sans gradabilité possible.
2. Typologie et analyses
Adjectifs simples :
Ces adjectifs (sad, rude, proud, tedious, gentle, strong, high, green, new) n’appellent pas beaucoup de commentaires. Tous sont des adjectifs centraux, sans restriction sur leur fonctionnement. Seul
l. 26 : tedious n’accepte pas les morphèmes –er / -est, mais reste gradable (very, more tedious).
Le candidat peut mentionner la délexicalisation de l. 12 : very : You would have thought the very windows spoke. L’étymologie de ce mot (de verray = true) montre bien sa nature adjectivale. Les formes comparative et superlative (verier, veriest) sont maintenant archaïques.
Very, devenu surtout adverbe intensificateur, n’est utilisé dans une fonction d’épithète que dans des structures figées (autre cas de délexicalisation : he is the very image of…).

-Adjectifs dérivés :
On trouve deux adjectifs dérivés dans l’extrait : l. 29 : joyful (no joyful tongue), avec une base d’origine française + le suffixe –ful, et l. 8 : fiery (dérivation plus ancienne). D’autres possibilités de dérivation existent (-less, -able, etc.), mais ne sont pas présentes dans le texte.
l. 13 : greedy (so many greedy looks) semble être un adjectif dérivé de greed (comme fiery, foggy) ;
cependant, nous avons ici un cas de dérivation inverse, la création de greed étant postérieure à celle de greedy.
Adjectifs composés :
l. 19 : bare-headed, l. 24 : well-graced, l. 45 : new-made, l. 47 : new-come
Deux procédés permettent de créer des adjectifs composés :
- Adjectif + nom + -ed (bare-headed).
- Adverbe/adjectif + V -en (participe passé) (well-graced, new-made, new-come).
Le –ed de bare-headed est donc un morphème dérivateur; celui de well-graced est la marque du participe passé.
Participes adjectivés :
l. 9 : aspiring, l. 14 : desiring, l. 45 : lasting, l. 8 : mounted, l. 16 : painted, l. : 39: sworn, l. 30 :
sacred, l. 6 : misgoverned.
Comme mentionné dans la description, ces adjectifs sont soumis à des degrés d’adjectivation variables
statements / testimony / affidavits – et des collocations : sworn enemies).
Adjectifs nominalisés :
l. 13 : greedy looks of young and old
Les adjectifs young et old sont partiellement nominalisés (substantivés). Ils ont un sens générique, excluant l’extraction (a young), la pluralisation (the youngs) et les références spécifiques.

(la réunification des deux complémentaires aboutissant à la totalité).

Suites d’adjectifs :
Le texte comporte deux suites d’adjectifs coordonnés : l. 8 : a hot and fiery steed (les deux adjectifs, quasi-synonymes, sont mis sur le même plan) et l. 10 : with slow but stately pace (les deux adjectifs à connotation inverse sont en opposition). Dans les deux cas, les suites sont figées. Nous avons
affaire à des polymots non-réversibles (*fiery and hot / *stately but slow).
Nous trouvons enfin une suite d’adjectifs concaténés : l. 6 : rude misgoverned hands. Cette suite est conforme à l’ordre habituel des adjectifs : adjectif « central » rude + participe adjectivé misgoverned en position post-centrale + N.
Ce qu’il faut savoir
- Les adjectifs1 constituent des apports d’information (des « cartouches de
sens ») qui viennent se greffer sur un support2 (généralement un nom ou un
pronom) :
[1] It’s a small blue room and they cram us into it like sardines.
Dans cet exemple, le nom room fait office de « support » et les adjectifs small et blue « apportent » à ce dernier une caractérisation de nature descriptive concernant la taille et la couleur. Cet « apport » est souvent appelé modification en grammaire. On dira ainsi que « les adjectifs small et blue modifient le nom room ».
Il apparaît clairement que l’adjectif est un type de mot sans grande autonomie, qu’on ne saurait considérer isolément puisqu’il est toujours « dépendant de… », « porte nécessairement sur… », etc. En conséquence, il est impératif d’établir sur quoi l’adjectif porte et ce qu’il apporte, autrement dit d’identifier :
- le noyau nominal :
An interesting comment
- le type d’information fournie : appréciation, caractérisation…
- Dans certains cas, l’adjectif apparaît seul :
son support est récupérable dans la situation d’énonciation : (That’s)
interesting!

il est employé dans une construction superlative : she’s thé tallest in her family

(le nom member est évident et peut donc être sous-entendu) ; she was the first/last to know (sous-entendu : persan).

il est « substantivé », c’est-à-dire partiellement transformé en nom, avec des contraintes spécifiques : emploi du déterminant THE (indice de statut nominal) et obligation du singulier (indice de statut adjectival). Ceci concerne surtout :

les groupes culturellement pré-constitués : thé rich, thé poor, thé
unemployed…
certains adjectifs de nationalité :thé French…
quelques concepts connus : thé supernatural, thé absurd…

Certains grammairiens considèrent que les numéraux sont des adjectifs. Nous les considérons comme tels lorsqu’ils suivent un déterminant, comme dans thé ten Commandments. Autrement, il est préférable de les considérer comme des déterminants .
Ceci fait que lorsque nous parlons d’adjectif, nous sous-entendons adjectif qualificatif. Le mot « qualificatif » signifie « ce qui sert à qualifier, à exprimer une qualité »
• D’un point de vue sémantique donc, un adjectif (qualificatif) est de nature qualitative. L’adjectif peut être plus ou moins objectif et oscille entre le très descriptif (twenty-year old) et le très appréciatif (wonderful). Plus l’apport est de nature descriptive et plus l’adjectif permet de travailler la notion nominale de l’intérieur (« en immanence »). Ainsi, old en [2] :
[2] There was an old mattress on the floor. [Qualitatif de type descriptif] s’attaque directement à la texture, à l’essence même de mattress. Inversement, plus l’apport est de nature appréciative et plus l’adjectif reste extérieur à la notion nominale (approche « en transcendance »). Dans a huffy twenty-year old American athlète, l’adjectif huffy ne modifie pas de l’intérieur le nom athlète. Le qualificatif peut être remis en cause : certains peuvent ne pas être d’accord avec cette étiquette.
.
Voici quelques procédés de dérivation de l’adjectif :
Nom + suffixe en -en : silken, wooden
Nom + suffixe -ly : godly, friendly [-ly est surtout un suffixe adverbial, mais il est adjectival dans quelques adjectifs : friendly = « amical » ; « amicalement » se dit in a friendly manner\ Verbe + -ed : overheated [sens passif] Verbe + -ing : depressing [sens actif]
Les adjectifs composés incluent au moins deux mots. Voici les constructions possibles1 :
Adj. + adj. : white hot
Adj. + V-ing : easy-going [cet adjectif est composé car il comporte deux
mots, le second étant lui-même dérivé du verbe go]
Nom + V-ing : time-consuming
Adj. + V-en : newborn
Adj. + préposition + pronom : free-for-all
Adj. + adv. : born again [ex. a born again Christian]
Adj. + nom + -ed : narrow-minded, long-eared
Adv. + V-en : wet-fed; well-known
Adv. + nom + ed : well-mannered
Nom + adj. : knee-deep ; navy blue
Nom + V-en : home made
Nom + nom + -ed: snow capped
V-en + nom + -ed : broken-hearted
• Un nom peut avoir un comportement de nature adjectivale, ex. October
dans a cold October night ; birthday dans birthday présent. Ce fonctionnement
adjectival du nom justifie qu’il ne porte pas la marque du pluriel : a brick factory.
D’autre part, de nombreuses propositions relatives ont une fonction adjectivale.
Tout ceci est très bien illustré par l’exemple suivant :
[3] / am left with thé corpse, thé living dead man, thé man with thé numb legs, thé man in thé wheelchair, thé cripple, thé sexless man, thé man with thé numb dick, thé man who can’t make children.
• D’un point de vue syntaxique, on distingue adjectifs épithètes (angl.
attributive adjectives) et attributs (angl. predicative adjectives) :
• l’ADJECTIF épithète se place presque toujours en position pré-nominale
(avant le nom qu’il qualifie) : a narrow hallway ; big clumsy puppets et non
*hallway narrow ou *puppets big clumsy. Cependant, il est possible de faire passer
le groupe adjectival après le nom, en utilisant le procédé de l’apposition, sur
tout lorsqu’on a plusieurs adjectifs. Il est alors d’usage de les coordonner : a
hallway, long and narrow… ; puppets, big and clumsy… Certains grammairiens
estiment que l’on est alors en présence de propositions relatives elliptiques (angl.
reduced relative clauses) : a hallway, [ which was] long and narrow… ; puppets, [which
were] big and clumsy… Notons également que le langage poétique aime bouscu
ler la syntaxe dans ce domaine précis et qu’il n’est pas rare que l’ordre de base
ADJECTIF ÉPITHÈTE + NOM (ou « apport + support ») soit inversé : sorrow unfathomable ; bliss eternal ; wisdom infinité, etc. Ce départ de la norme a pour effet principal une topicalisation (une « mise en relief ») de l’adjectif.
Cependant, il existe des locutions courantes préconstruites modelées sur le schéma inhabituel NOM + ADJECTIF ÉPITHÈTE. Nombre d’entre elles ont été influencées par le français (qui privilégie, on le sait, cet ordonnancement) : damage irréparable, malice aforethought, knight errant, prince régent, heir apparent, Secretary général, etc. Notons enfin qu’avec AS, SO, HOW, TOO, THAT et l’article A, on rencontre
l’ordre :
AS, SO, HOW, TOO, THAT + adjectif + A + nom

Ex. l’m as good a student as you/How good a writer is she?/It wasn’t that big a deal Ces constructions permettent de mettre en relief le commentaire fourni par l’adjectif, au détriment de A + nom, qui devient secondaire. –

l’ADJECTIF ATTRIBUT est postposé (« placé après ») dans la mesure où il vient se loger à la droite du verbe copule (APPEAR, BE, BECOME, FEEL, GROW, LOOK, SEEM, SMELL, SOUND, TASTE et assimilés) : I feel sick and want to leave ; you look terribly pale, my dear; we were quite upset. Comme on le constate, il n’est pas rare de trouver un adverbe qui modifie l’adjectif (cf. terribly et quite dans terribly pale et quite upset. D’ailleurs, la construction attribut est favorisée lorsque l’adjectif est lui-même déterminé ou complété par d’autres unités : a man [who was] anxious about his child entered thé hospital est nettement préférable à *an anxious about his child man entered thé hospital. Toutefois, lorsque la modification de l’adjectif est limitée à un seul adverbe, la construction épithète passe très bien : greatly exaggerated reports ; very extraordinary discoveries,
, certains adjectifs ne peuvent être qu’épithètes, comme elder/eldest, live, ainsi que les intensifieurs bloody, mère, sheer (it’s sheer hypocrisy if you ask me).
Quelques adjectifs ont un sens légèrement différent selon qu’ils sont épithètes ou attributs : thé présent circumstances (= les circonstances actuelles)/WZ thé parents présent (= tous les parents [qui étaient] présents).

• Ordre des adjectifs épithètes qualifiant le même nom. Prenons l’exemple a fast-talking, bearded figure. Il n’est guère envisageable d’inverser l’ordre des qualifiants : a bearded, fast-talking figure est peu recevable1. De façon générale, on procède en anglais du plus appréciatif (« prise de position », « jugement ») au plus factuel (« description de caractéristiques ou de traits fondamentaux »). Dans a brilliant American pianist, il est clair que American est une caractéristique de base, presque objective du nom pianist.
». De façon plus précise encore, l’on retiendra l’ordre général suivant :
(X) T A C O (X) M
à savoir Taille, Âge, Couleur, Origine, Matière ; X représentant des adjectifs
autres que ceux mentionnés. Cet ordre va du plus appréciatif au plus factuel.
Les adjectifs très subjectifs tels que lovely, silly ou wonderful (claire expression
d’un jugement) se placent au tout début, avant la taille.
On peut aussi retenir l’ordre suivant, en anglais : OPSHACOM (opinion, shape,
âge, colour, origine, matter.
Le critère retenu jusqu’ici est sémantique. Toutefois, la morphologie peut
également entrer en ligne de compte, mais de façon moins essentielle : on
procède en effet de l’adjectif le moins long au plus long. On dira ainsi : he felt
strongly for this joyjul, delicate-looking girl (deux adjectifs appréciatifs, mais le
second est plus long que le premier).
Rappelons que les nombres cardinaux (one, two, three…) se placent après les
ordinaux (first, second, third…} : the first ten chapters (fr. les dix premiers chapitres),
les ordinaux étant plus subjectifs que les cardinaux.
• Le coordonnant AND dans les suites d’adjectifs.
En position épithète, on emploie peu AND, sauf si les adjectifs décrivent des parties différentes d’un même réfèrent : a black and red cat (black et red renvoient à des parties différentes du pelage du chat). S’ils décrivent quelque chose de comparable (par exemple, un trait de caractère ou une apparence), AND peut être utilisé : a cruel (and) violent child ; a tall (and) élégant woman.
En position attribut, AND est quasiment obligatoire devant le dernier adjectif. AND montre que la liste des adjectifs est close [ > 111.03.]. Dans un style littéraire, AND peut être omis (on fait comme si la liste des adjectifs n’était pas close) : thé place was dark, empty, mysterious, unkwown.
• Les adjectifs peuvent être complétés sémantiquement par un groupe prépositionnel, un infinitif ou une proposition subordonnée : good at maths /happy to help them /suprised that they didn’t thank you. On peut dire que le segment à droite « post-modifie » (anglicisme) l’adjectif. Leur fonction est complément de l’adjectif. Certains adjectifs peuvent prendre les trois types de complémentation : pleased with thé results /pleased to see you /pleased that you liked

A

x

27
Q

Les quantifieurs

Le mot renvoie à une opération de quantification qui peut être mise en oeuvre par toutes sortes d’outils : déterminants, dénombreurs, quantificateurs, adjectifs, adverbes, groupes nominaux, subordonnants, prépositions, modaux, structures comparatives, mode, et également préfixation.
Quantifier peut signifier au moins deux choses :
- mesurer une quantité, une masse (beaucoup, peu, pas de)
- décompter un nombre d’occurrences de manifestation concrète de l’existence d’un élément (un, dix,…)
Dans les opérations de décompte, la mesure est fixe et fait appel à une unité de référence (déterminant a / one, two…n / a hundred) compatible avec les bases nominales fonctionnant en discontinu. Dans les opérations de mesure de la quantité-masse, la mesure est subjective et fait appel à une appréciation du volume, de la masse, du nombre par globalisation (some, much, all, hundreds, pluriel), métaphorisation (a flash of lightning),
comparaison (comparatifs, superlatifs).
Quand des quantifieurs sont employés pour déterminer du continu compact, ils prennent nécessairement une valeur qualitative. Deux traits inhérents à la quantification doivent être pris en compte dans toute analyse : la quantité (+objective) et la qualité (+subjective) et également la spécificité

La quantification, c’est-à-dire l’attribution d’une grandeur mesurable, est une opération qui s’apparente à la détermination en ce qu’elle (dé)limite, (dé)finit pour le co-énonciateur l’espace laissé à l’interprétation.
L’opération de quantification dépend donc du fonctionnement de la base nominale
A/ Fonctionnement des bases nominales
Continu compact
Ces groupes nominaux ne se rencontrent qu’au singulier
2. ! hospitality / 12. making ! love / 20. falls in ! love / 33. without ! embarrassment or ! regret
Il s’agit ici de notions, d’idées donnant des indications sur la qualité des sentiments en question.
Continu dense
10. ! wine, ! single malt Scotch / 27. ! Parmesan cheese, ! seafood
Des opérations de dénombrement peuvent être effectuées sur ces groupes nominaux à l’aide d’un autre groupe nominal fonctionnant en discontinu (10. glasses of wine).
Discontinu
Ces groupes nominaux sont compatibles avec le singulier et le pluriel. L’effet recherché est différent : avec le singulier il s’agit de renvoyer directement à “la notion”, à l’idée, au concept, de même façon que lorqu’on dit
« go to ! school » on ne pense pense pas au bâtiment école, mais à l’institution.
Dans le cas du pluriel, il ne s’agit pas de renvoi à la notion mais à plusieurs « exemplaires » non déterminés des objets ou des individus en question, à partir de quoi on (re)construit du générique.
Singulier
13. Maxine keeps ! dinner waiting for him / 14. they go upstairs to ! bed
Pluriel
5. ! movies and ! dinners out / 6. ! Cashmere cardigans, ! English colognes / 38-39 At the dinner table she
argues with them about ! books and ! paintings and ! people they know in common

On examinera cette question comme un double continuum s’étendant d’une part du spécifique vers le générique :

Spécifique Générique

Objectif Subjectif
et d’autre part, de la notion à l’objet, du continu vers le discontinu :
Notion Objet
Continu Discontinu
B/ Opérations de quantification assurées par les déterminants
Les déterminants simples (articles)
Déterminant ! :
+ base nominale fonctionnant en continu : implique une quantification égale à la totalité. On parlera de
« renvoi à la notion » (12. ! love / 33. ! embarrassment) ;
+ base nominale fonctionnant en discontinu + opération de pluralisation : implique une quantification égale à la totalité des éléments dénombrables. 13. On ! nights he has to stay late at work
Déterminant a / an :
Étymologie : unicité (“one)
Il fonctionne avec le discontinu. Le dénombrement est bloqué à l’origine. Il s’agit de quantification primaire, existentielle. L’interprétation peut aller du spécifique au générique (et au symbolique). Cet article est une forme affaiblie de one (Jespersen), auquel il reste proportionnellement plus de pouvoir à exprimer la qualité que la quantité : 10-11. At night he sleeps with her in the room she grew up in, on a soft, sagging mattress, holding her body, as warm as a furnace

le passage par la métaphore permet de construire le générique, et donc le subjectif.
Il est aisé dans ce cas d’imaginer une glose avec one :
51’ He has never witnessed one moment of physical affection between his parents
Déterminant the :

Quantification objective
Les cardinaux : one day / one evening :
Le quantifieur de l’unité one décrit aussi bien un type d’élément qu’un seul élément. Il est tout à fait possible
que le contexte impose une interprétation “classifiante” : dans 64. “…it’s too awful,” she eventually says on one of these occasions” il s’agit d’une seule occasion (pas de deux), le contexte est partitif ! spécifique, alors que
dans 29. as he had mistakenly done one evening, il ne s’agit pas d’un soir en particulier, mais du soir par opposition à un autre moment de la journée ! classifiant.
Notons que les cardinaux peuvent être quasiment utilisés comme indéfinis grâce à l’adjonction à gauche d’un adverbe modifiant la précision qu’ils manifestent habituellement : 64. barely three months after.
No et la négation du dénombrement :
40. No sense of obligation, 60. no interest, 47 no resemblance, 48. no reason at all
La décision de ne saisir aucun élément d’un ensemble peut être prise à la suite d’un parcours qui se conclut sans extraction ou, au contraire, avant toute opération de parcours. No nie le dénombrement ou la notion.
Quantification subjective, appréciative
Les indéfinis :
Some : (et aussi certain)
9. There is always some delicious cheese or pâté to snack on, always some good wine to drink.
46. To him the terms of his parents’ marriage are something at once unthinkable and unremarkable;
59. Still, some nights when her parents have a dinner party she has no interest in… she appears…
Il s’agit, à chaque fois, d’exprimer un déficit quantitatif ou qualitatif : la totalité des éléments de la classe ou la totalité des sèmes composant la notion ne sont pas pris en compte par l’énonciateur.

Some dit l’extraction, donc repose sur l’existence. Il est compatible avec l’expression de la subjectivité. La définition qu’en donne Jespersen (one or more, no matter which), montre également sa compatibilité avec le continu.
Quand il est uniquement utilisé comme quantifieur (dans les exemples ci-dessus il signifie à chaque fois une quantité certaine, mais non précisée)
Some est compatible avec les bases nominales singulier et pluriel. Il peut être simple déterminant (quantifieur) ou associé à une base générique (thing, one, body, how, where) pour former une pro-forme : 46. something atonce unthinkable and unremarkable.
On peut comparer à some, l’adjectif certain, qui peut être utilisé comme déterminant (mais pas comme proforme nominale) et qui est compatible avec le continu et le discret : 42. She is surprised to hear certain things
about his life.

42’. ? She is surprised to hear some things about his life
A moins de signifier très précisément qu’il s’agit d’une forme pleine.
Any :
34-35. he realizes that she has never wished she were anyone other than herself, raised in any other place, in any other way.
58. she and Gogol are never close to his neighborhood for any reason,
Any est, lui aussi, une forme dérivée de one. Comme a/an, il garde de one proportionnellement plus de “pouvoir” d’exprimer la qualité que la quantité. Il est plutôt subjectif en ce qu’il dit le parcours (donc, éventuellement, le choix). Il ne dit cependant pas l’extraction.
Il est compatible avec le singulier et le pluriel, le continu et le discontinu. Ne disant pas l’extraction, il est particulièrement compatible avec les contextes négatifs (ou plus **généralement modaux, qui impliquent une absence de validation et de valeur de vérité), qui correspondent à une absence de choix.
On peut utilement comparer ces emplois avec l’utilisation de whatever dans :
52. Whatever love exists between them is an utterly private, uncelebrated thing
Le déterminant whatever exprime d’une part l’existence d’une certaine “quantité d’amour” et d’autre part un déficit d’information de la part de l’énonciateur qui ne peut donner une quelconque valeur à cette quantité. Il s’agit bien d’une opération de quantification, dans la mesure où il y a tentatives réitérées d’appréciation de la quantité, tentatives exprimées par la répétion (ever) du parcours signifié par what.
Une certaine idée de la quantité ou du nombre (vers le moins, minorante ou vers le plus, majorante)
Many / much – few / little
Ces quantifieurs ne sont pas représentés dans ce texte. Much sera commenté dans son emploi adverbial.

Les prédéterminants sous forme groupe nominal of X :
Ils occupent la place d’un prédéterminant et permettent l’extraction d’une certaine quantité ou d’un certain nombre d’éléments. Ce type de quantification est le plus souvent métaphorique ou métonymique (contenant pour contenu, forme pour objet, etc.) :
1. It is a different brand of hospitality from what he is used to
10. glasses of wine or single-malt Scotch on the floor
15. bowls of café au lait
15-16. toasted slices of French bread and jam
19. sections of the paper
20-21. manner of living
48. pieces of jewelry
Dans 1. It is a different brand of hospitality, nous avons bien, par exemple, une opération sur la qualité : le type d’hospitalité dont il s’agit. Il est, de manière similaire, possible d’exprimer la quantité avec des outils non spécifiques comme le montrent 10, 15, 16, 19 et 48.
Ce rôle de prédétermination peut aussi être confié à un numéral cardinal proforme :
64 . “…it’s too awful,” she eventually says on one of these occasions”
Il peut être relatif à la nullité : 39. There is none of the exasperation
Ce peut également être un nom dérivé d’un quantifieur et relatif à un dénombrement précis (précédé d’un déterminant quantifieur cardinal) ou vague (pluralisation sans quantification) :
22. her hundreds of things always covering her floor and her bedside table.
L’opération de totalisation et la détermination

l’on parle de saisie analytique, par opposition à une saisie globale, ou synthétique.
Saisie avec discernement (! +analytique) :
Les déterminants each et every et la saisie analytique d’un ensemble :
La totalité, l’ensemble d’un groupe d’éléments donné peut être saisi de manière analytique, à la suite d’une opération de parcours qui se conclut par l’extraction de tous les éléments de l’ensemble (each / every).
On trouve en revanche deux occurrences de
every : 31. He learns to anticipate, every evening, the sound of a cork / 43. his mother cooks Indian food every day
Every, qui est une forme élaborée de each (æfre + ælc / ever + each) n’est, comme each, compatible qu’avec le singulier. A la différence de each, il ne peut être employé comme pro-forme nominale.
Si avec each l’individu peut être pris comme représentatif de toute une classe (si au contraire on souhaite mettre en valeur l’unique, on dira each one), avec every les choses sont sensiblement différentes : il dit que c’est par la réitération des saisies uniques qu’est construite la totalité.
Les prédéterminants :
All : 51. in all his life / 42. all his parents’ friends / all of his friends / 46. nearly all their friends
Tout prendre d’un ensemble donné s’apparente à une opération de quantification seconde intervenant sur un matériau déjà identifié et donc déterminé. Dans ce cas encore, on a affaire à l’expression d’une quantification plutôt objective.
Saisie sans discernement (! + synthétique)
C’est la saisie de la totalité sans aucun discernement qui est la plus plus objective (en ce sens que c’est elle qui repose le moins sur un jugement de la part de la source énonciative). C’est le quantifieur all qui se prête le plus facilement à cette opération. Il est compatible avec le continu et le discret (et donc avec le singulier et le pluriel) : Élément unique : 51. in all his life. Discret : 42. all his parents’ friends, 46. nearly all their friends and relatives

Une première opération de “décomposition”, de dénombrement ou, selon le cas, de discrétisation peut être effectuée au moyen d’une construction partitive en of.
21. all of these things
Notons que cette totalisation peut elle aussi être requantifiée à gauche : 46. nearly all their friends and relatives..

The :
Le déterminant the peut, grâce à sa fonction thématique, venir globaliser une opération antérieure de dénombrement effectuée par un dénombreur numéral cardinal et fermer ainsi la suite numérale en la bloquant au nombre indiqué par le quantifieur : saisie totalisante, après une opération de parcours.
49. the two of them kissing openly, going for walks through the city, or to dinner, just as Gogol and Maxine do.
/ 50. Seeing the two of them curled up on the sofa in the evenings
2 / Opérations de quantification assurées par les adjectifs
Les adjectifs épithètes ou attributs :
Quantifieurs de degré absolu, maximal, prédiquant par la même l’existence de la base nominale en contexte :
1. the very beginning / 59. absolute privacy.
Quantifieur d’unicité : 51. a single moment.
Quantifieurs de degré nul : adjectifs préfixés en un- :15. uncombed, 24. unkempt, 46. unthinkable, unremarkable, 52. uncelebrated.
Quantifieurs sémantiques lexicaux : 8. the tables are tiny, the bills huge (quantification de la taille).
Les adjectifs porteurs du degré : comparatif ou superlatif (grammatical ou lexical) :
Comparatif grammatical : 11. as warm as a furnace / 36. far more foreign (noter la possibilité d’un adverbe quantifiant le degré du comparatif).
Comparatif lexical : 47. the same way.
Superlatif : 35. the biggest difference.
Quantification de la qualité contenue dans l’adjectif, par le biais de l’adverbe :
Intensification modale : 44. so different / 53. so depressing / 64. too awful.
Quantification par le degré : 6. outrageously expensive / 24. increasingly minimalist.
Quantification par la fragmentation : 27. partially folded.
Quantification ordinale linéaire et non plus quantitative :
16. the first morning, 23. the fifth floor.
3/ Opérations de quantification portant sur la relation prédicative
Quantification des occurrences d’un événement :
Nulle (descriptive) : mode négatif. Valeur générique ou spécifique : 27. one doesn’t grate Parmesan cheese /
45. he doesn’t feel insulted
Nulle (modale) récurrente : never (4 occurrences) : 35, 44, 51, 58
Rare : 58. she visits him infrequently.
Fréquence quasiment égale à une validation permanente (modale) : always, 3 occurrences : 9, 9, 22.
Quantification de la durée au travers de la fréquence : 37. he is continually amazed.
Quantification du degré de qualité à prendre dans le prédicat :
Par un adverbe : 17. they’d merely smiled 44. not fully believing him.
Par un questionnement portant sur cet adverbe (interrogative indirecte ou exclamative indirecte) : 37. he is continually amazed by how much Maxine emulates her parents, how much she respects their tastes and their ways.
Pour mémoire, much est dérivé de mickle / muckle, much signifie la grande quantité.
Il est possible de rapprocher de cette opération de quantification celle qui consiste à indiquer la manière dont se noue la relation prédicative : avec / sans. Il y a dans ce texte quatre occurrences de without, qui correspondent, en fait, à with + no + base nominale :
7. without deliberation or guilt
8. almost without fail
33. without embarrassment or regret
55. without hoping for a particular response.
Notons que la préposition peut aussi être quantifiée par un adverbe de degré : almost without fail.
Quantification de l’apport informationnel. Enchaînement discursif et rhétorique :
37. In addition, he is continually amazed…
Conclusion
En conclusion, certains outils se dégagent comme ayant un rôle spécifique de quantification : les déterminants (“purement” quantifieurs ou non), les adjectifs et les adverbes, qui sont au premier chef les outils permettant l’expression du jugement de l’énonciateur. Cependant, on l’a vu, il y en a d’autres, qui, s’ils sont moins spécialisés, permettent néanmoins de renvoyer à des opérations de quantification.

A

x

28
Q

Les marques de l’anaphore

Le terme « anaphore » (du grec anaphora formé sur ana- « en arrière », « de nouveau » +phor- : « porter ») est lié à des notions de reprise, de substitution verbale ou nominale.

Ce qui caractérise la conception de l’anaphore en linguistique, c’est la relation anaphorique qui se crée entre un antécédent (ou source sémantique) et une forme de substitution.

nous admettrons, à la suite d’Anne Zribi-Hertz23, que sera appelée anaphorique « toute relation entre un antécédent et une expression qui en est référentiellement dépendante, quelles que soient les positions respectives des deux termes de cette relation ».
Les principales marques anaphoriques sont : les pronoms personnels réfléchis ou non réfléchis, des déterminants (this/that/the), des adverbes en th- (there) ou even, impliquant une préconstruction, les proformes, les relatifs, certaines formes verbales comme BE –ING, des formes N1 of N2 (the ending of it l. 28), un modal comme should + HAVE-EN (l. 32). Devant la diversité des marques, on se posera la question de l’existence d’une catégorie linguistique de l’anaphore.
Du point de vue de la morphologie, deux catégories de marques anaphoriques existent :
l’anaphore libre (it par exemple) et l’anaphore liée (which) dont l’antécédent est un terme situé dans la même phrase.
Les antécédents peuvent être des noms propres, des SN, des prédicats verbaux, adjectivaux une phrase.
La relation anaphorique permet de rendre cohérent le discours, de le structurer.
Un autre type d’anaphore est l’anaphore associative. Le lien anaphorique est fondé sur des connaissances d’ordre physique, culturel, sur la connaissance du monde, sur l’ontologie des objets, l’ontologie des concepts de discret, dense, généricité, parties (roues, volant), relations fonctionnelles (voiture, chauffeur), rôles (mariage, jeune mariée) : par exemple l. 53 They were
Latin, and from their Spanish (…) où l’on peut inférer « they speak Spanish » à partir de la notion Latin. L’anaphore associative est souvent fondée sur une relation méronymique (relation partie-tout), par exemple, ou une relation construite à partir de la situation (they left the train at the last stop before it went under the river to Queens, l. 61)

Le commentaire est organisé autour de trois familles de marques anaphoriques : d’abord reprise terme à terme, pronoms, proformes, puis déterminants et enfin phénomènes syntaxiques (relatives et formes en -ING).
I/ Reprise terme à terme, pronoms et proformes
1. Reprise terme à terme.
Peut-on parler d’anaphore lorsqu’il y a reprise à l’identique ? La réponse est non si l’on s’en tient à une définition stricte de l’anaphore, c’est-à-dire ; co-référence et absence d’autonomie référentielle du terme anaphorique.
2. Les pronoms
Les pronoms assurent la continuité thématique. Ils constituent un point de stabilisation de l’identité référentielle et en ce sens représentent une marque prototypique de l’anaphore. Nous laisserons de côté les pronoms personnels de 3ème personne, dont le référent dans le texte ne pose pas de problème de résolution pour examiner le cas de one. Nous ne traitons pas ici de it, que nous considérons comme une proforme.
Dans l’énoncé (a), ones reprend le nom singulier reason. En (b), il est précédé du déterminanta et remplace un syntagme nominal (N-barre en termes générativistes) :
(a) “Do you think that’s a poor reason to stay married? I know of worse ones.” (l. 43)
(b) I don’t think I ever asked him a question about himself, even so ordinary a one as where he had been born. (l. 25)
Les énoncés ci-dessus peuvent être glosés par: (a’) I know of worse ones / reasons ; (b’) even so ordinary a one/question. Le pronom one est non référentiel (c.f. Garnier & Guimier) dans la mesure où il peut représenter un élément quelconque.
3. Les proformes
It : la proforme it, dans le texte, a une référence endophorique (contextuelle). Dans les énoncés suivants, it reprend un GN :
(a) when they left the train at the last stop before it went under the river to Queens (l. 61)
(b) He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for it (l. 19)
Si en (a) la reprise semble se faire à l’identique, il n’en va pas de même en (b). En (a), il estpossible de supprimer l’anaphore :
(a’) when they left the train at the last stop before the train went under the river to Queens.
Mais avec un indéfini tel que (b) on ne peut plus remplacer it par son antécédent :
(b’) *He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for a pin
L’emploi d’un anaphorique implique l’élimination d’une altérité qualitative (le terme a déjà été construit et n’est donc pas un élément quelconque), une réélaboration du référent. Certains auteurs parlent de référent évolutif, lorsque la définition du référent évolue au fil du discours, comme c’est le cas avec l’énoncé ci-dessous, à tel point qu’il devient difficile de retrouver la référence de it :
For a few weeks that summer, I believe I was in a state of happiness. It was not a simple thing. Unlike misery, I could find no reason for it. Or perhaps it did bear some similarity to acertain kind of misery - that which Mrs. Justen had suffered, a darkness rising up thatswallowed the past, the imagined future. We had few conversations. He was far less interested in my past than Tom had been, than Mr. Clare was. I don’t think I ever asked him a question about himself, even so ordinary a one as where he had been born. It was the immediacy, the being out of time, that made me understand how worlds were lost to sustain it.
In an instant, I’d abandoned the calm I had taken so long to find. (l. 21)
Enfin, nous trouvons une occurrence de it souvent considéré comme non référentiel :
It was noon. (l. 3)
Nous considérons que même dans ces cas, it fait référence à une situation extra-linguistique et joue en conséquence un rôle anaphorique.
Do so:
(a) He reached out and took a pin from my hair. I held out my hand for it, not knowing I’d done so until I heard his faint laugh, his words, “You are fastidious.” (l. 19)
Il s’agit d’une proforme complexe. En (a), done so anaphorise le prédicat I held out my hand for it. Do so (Souesme26) implique le choix d’une valeur à l’exclusion d’une autre (il aurait pu en être autrement, un autre choix aurait été possible –« ne pas le faire »). Do so a une valeur contrastive (la jeune femme est étonnée d’avoir accompli un geste machinal : not knowing) alors que do it impliquerait la réalisation effective du processus et soulignerait le rôle de l’agent.
On peut noter une autre occurrence de DO dans un contexte de reprise:
(b) Or perhaps it did bear some similarity to a certain kind of misery (l. 22)
avec retour sur un préconstruit négatif (Unlike misery).
26 Souesme, J.-C., 1992 : Grammaire anglaise en contexte, Gap : Ophrys.
40
II/ Déterminants

Le déterminant THE

The marque la reprise avec identification d’une occurrence antérieure. La reprise est contextuelle lorsque l’occurrence est construite dans le texte, fait l’objet d’une première mention :
The subway was uncrowded. I sat across from a family, a brown-skinned old woman, her three daughters, and asleep on the lap of one of them, a child. (…) the three young women spoke with animation and confiding, impatient gestures but the old woman was still, her face calm, dreaming as she gazed from time to time at the sleeping child. Her blouse was embroidered with bamboo shoots and large red flowers. (l. 52)
Dans l’extrait ci-dessus, il y a construction préalable des éléments qui sont ensuite repris. La reprise est situationnelle lorsque l’élément n’est pas présent dans le texte, mais dans la situation :
when Mr. Mortimer walked into the kitchen
L’élément kitchen appartient à la situation et son existence n’a pas besoin d’être prédiquée par du texte.

  1. Les déictiques.
    Les déictiques this et that permettent d’établir un repérage entre énonciateur et situation d’énonciation. Peut-on opposer déictiques et anaphoriques ? Dans l’énoncé suivant, le déterminant this pointe vers un élément construit dans le contexte avant (We stared at each other) :
    We stared at each other. I felt overcome by an immense fatigue as though I’d not slept from the first moment I’d seen him, through all the looks and glances that had passed between us, the averting of eyes, the brief instants when our eyes had met, to this silent staring which made me want to cry out in protest. (l. 4-6)
    On aurait pu avoir the à la place de this (to the silent staring). Avec the, un lien serait créé avec l’occurrence précédente, et par cataphore avec la définition apportée par la relative. Or this, tout en jouant le rôle d’un anaphorique, indique une rupture dans la construction de la référence. Le déictique this attire l’attention sur un élément présenté comme nouveau et pris en charge par l’énonciateur. La procédure anaphorique peut être vue comme maintenant l’attention alors que la procédure déictique attire l’attention27”.
    Dans l’énoncé :
    “Why are you afraid of these people?” (l. 33)
    la référence est exophorique (situationnelle).
    That, à la différence de this, localise le référent par rapport à un autre point que l’énonciateur.
    La rupture est représentée par l’emploi du prétérit dans l’énoncé (a). En (b), that localise le référent (la relation prédicative et énonciative She knows most things about me) par rapport au co-énonciateur :
    (a) For a few weeks that summer, I believe I was in a state of happiness. (l. 21)
    (b) “Gerda probably knows,” he said conversationally. “She knows most things about me.”
    “My God! Why do you stay married to her?”
    “Do you think that’s a poor reason to stay married? I know of worse ones.”
    Nous mentionnerons également le substitut adverbial there qui assure la stabilité référentielle de la construction :
    when he saw me sitting there (l. 14); the other customers there looked rich (l. 29)
    III/ Phénomènes syntaxiques
  2. Les relatives
    Les relatives montrent la construction de plusieurs types de relations anaphoriques ; relatives
    déterminatives qui permettent au co-énonciateur d’identifier le référent de l’antécédent :
    through all the looks and glances that had passed between us, the averting of eyes, the brief
    instants when our eyes had me (l. 5-6)
    relatives appositives qui anaphorisent un antécédent dont la valeur référentielle est stabilisée :
    They were Latin, and from their Spanish which I could hear clearly at each station stop, they
    were from the Caribbean. (l. 54)
    Dans les relatives, l’élément anaphorisé ne se limite pas au connecteur, représentant de l’argument ; c’est la relative entière qui est trace de l’anaphore : I was eating a sandwich Ø I had brought from home (l. 1). La relation prédicative est déjà posée, préconstruite,
  3. Les formes en BE-ING
    On peut aussi considérer que les formes en be-ing sont toujours repérées par rapport à une situation. Une des valeurs fondamentales de ce marqueur est la valeur d’anaphore. Il y a reprise d’une relation prédicative préconstruite :
    (a) “I said something stupid,” he said. “I wasn’t thinking. I wanted to hold on.” (l. 17)
    (b) He released my arm. I said, ‘‘I’m going now.” (l. 49)

Conclusion
Nous terminerons par un énoncé qui comporte de nombreuses marques d’anaphorisation :
pronom it, do marquant le retour sur une prédication antérieure, reprise par that d’un SN affecté de ses modalités (a certain kind of misery), anaphore associative (misery anaphorisé par darkness), relative en which :
Or perhaps it did bear some similarity to a certain kind of misery - that which Mrs. Justen had suffered, a darkness rising up that swallowed the past, the imagined future.
Ce dernier exemple montre bien que l’anaphore ne correspond pas à une catégorie morphosyntaxique.
Le concept d’anaphore implique un travail sur la référence et donc des
représentations d’objets plutôt que les objets eux-mêmes.

A

x

29
Q

les adjectifs
Méthodologie de la question large
La question large porte sur une notion ou une forme linguistique, ou sur un ensemble de formes. Elle offre l’occasion de s’interroger sur ses valeurs et ses délimitations par le biais de l’analyse des occurrences du texte. Le format de la réponse est celui d’une démonstration argumentée et progressive, qui ne peut s’élaborer que si le candidat a procédé à un travail préalable consistant à définir le sujet, en s’appuyant sur la connaissance des valeurs recensées dans les ouvrages de linguistique.
Le candidat doit garder à l’esprit que la finalité de l’épreuve n’est pas de réciter un cours en forçant des occurrences à illustrer coûte que coûte les étiquettes traditionnelles. L’épreuve exige une classification rigoureuse et fine des différents cas, mais également une mise en perspective pertinente de la question grâce à l’analyse détaillée des occurrences du texte à l’étude. Pour ce faire, il s’agit d’opérer une sélection des occurrences qui justifient les valeurs de la forme et de relever en toute objectivité les inévitables points de résistance de certaines autres. Ce sont ces étapes préalables qui permettent d’aboutir à une problématique qu’il convient ensuite de décliner sous forme de plan. Le développement consiste à expliquer en quoi certaines occurrences peuvent être rapprochées ou distinguées les unes des autres, en procédant à des microanalyses, en usant des techniques de la glose et de la manipulation.
Tout au long du développement, l’exposé doit refléter le fait que le candidat entreprend de démontrer quelque chose. Pour ce faire, dans chacune de ses sous-parties, le candidat est invité à sélectionner les occurrences les plus représentatives des phénomènes qu’il souhaite tour à tour mettre à jour, sans qu’il soit besoin de démultiplier les analyses d’occurrences semblables.
Rappelons enfin que la question large doit comporter une introduction, dans laquelle figure une définition du sujet, une problématique claire et une annonce du plan ; un développement, qui se doit de respecter le plan annoncé ; et une conclusion, qui synthétise les étapes de la démonstration et offre une réponse à la problématique, de manière tranchée ou nuancée.
Proposition de corrigé
Introduction
L’adjectif, tout comme le nom, le verbe et l’adverbe, renvoie à une partie du discours classée parmi les éléments lexicaux de la langue, par opposition aux termes grammaticaux. Pendant longtemps, les adjectifs ont été considérés comme des « accidents du nom » auxquels ils étaient adjoints ou ajoutés (épithète < epitheton = surajouté). Aujourd’hui, on considère qu’ils constituent une partie du discours à part entière, qui a pour caractéristique d’être en lien avec un support nominal : un adjectif est ainsi épithète d’un nom, apposé à un SN ou attribut d’un sujet/d’un objet. Ce caractère second de l’adjectif est dû au fait que, par définition, un adjectif vient qualifier un nom : il constitue un apport d’information qui vient se greffer sur ce support (nom ou pronom). Il est donc nécessaire de déterminer sur quoi porte l’adjectif et ce qu’il apporte ; il faut identifier le nom et le type d’information fournie (appréciation, caractérisation, etc.). L’adjectif peut apparaître seul, précédé d’un ou de plusieurs modifieurs, notamment des adverbes ; il peut être simple ou composé ; il peut aussi se voir complémenté. Il forme la tête d’un syntagme adjectival. L’adjectif possède la fonction générale de modifieur qui l’oppose aux
73
termes chargés de la détermination. Toutefois, les adjectifs uniquement épithètes et non gradables du type same, mere, future, actual ou very, sont parfois appelés déterminatifs (ou pré-centraux). On peut également rapprocher l’adjectif du verbe (tous deux sont prédicatifs), et de l’adverbe : nombre d’adverbes sont formés sur des adjectifs et tous deux ont pour rôle de modifier un autre élément. La catégorie des adjectifs est par ailleurs une classe ouverte, qui admet régulièrement de nouveaux membres. Un adjectif prototypique est supposé être qualifiant, et pouvoir également occuper les trois fonctions : épithète, attribut, ou apposé. Or, nombre d’adjectifs ne connaissent pas cette souplesse. Il s’agit donc d’une classe hétérogène, ayant des liens possibles avec plusieurs autres catégories, et il peut donc être difficile de trouver à tous les adjectifs des propriétés communes.
Les adjectifs sont particulièrement nombreux et variés dans cet extrait, en particulier dans les deux premiers tiers. Cela s’explique sans doute par la nature essentiellement descriptive de ce passage. Cette variété est propice à l’établissement de rapprochements entre les occurrences, qui nécessitent de se placer à l’interface entre forme, sens et fonction. Ce positionnement permettra d’identifier les libertés et les contraintes derrière les occurrences. La problématique retenue consiste à identifier et à définir les contours de la catégorie, à mettre au jour les points communs qui justifient l’appartenance des adjectifs à une même classe grammaticale. Nous considérerons d’abord l’aspect morphologique, afin d’illustrer la variété de la catégorie et de démontrer que souvent la forme reste un critère d’identification partiel de l’adjectif. Dans un deuxième temps, nous appliquerons les classifications sémantiques usuelles aux adjectifs du texte. Enfin, nous nous attacherons à l’étude du fonctionnement syntaxique des adjectifs, en nous penchant sur les fonctions, l’ordre des adjectifs et la complémentation, pour encore une fois souligner les points communs, mais aussi la multiplicité.
1. Approche morphologique des adjectifs
Les adjectifs sont le reflet de l’histoire de la langue anglaise. Ils illustrent d’un côté le versant anglo- saxon de la langue, avec de nombreux adjectifs simples, souvent polysémiques, et la possibilité remarquable qu’ont les adjectifs de figurer dans des composés ; et d’un autre côté le versant latin, avec des adjectifs plus généralement affixés11 qui viennent s’ajouter au lexique, parfois en tant que synonymes (partiels) d’adjectifs simples. La possibilité de construire des adjectifs à partir de noms ou de verbes accroît encore le vocabulaire anglais, ainsi que la possibilité de s’en servir pour former des adverbes (faintly, l. 47) ou des noms, par dérivation (proximity, l. 1 ; mildness, l. 6 ; clarity, l. 7 et warmth, l. 7), ou conversion (breathing rather hard, l. 37 ; the wireless, l. 5). Le texte fait apparaître la diversité morphologique des adjectifs, du plus simple au plus complexe.
Un adjectif est dit simple s’il ne se constitue que d’une seule unité morphémique, c’est-à-dire, d’une racine libre. Les adjectifs simples ne peuvent être subdivisés en unités plus petites, du moins en synchronie12 : ex. small (l. 3). Un adjectif est dit dérivé s’il est créé à partir d’un autre terme, que l’on dénomme la base, grâce à l’ajout d’un préfixe ou d’un suffixe, voire des deux à la fois. En revanche, lorsqu’il découle étymologiquement d’une conversion à partir d’un terme d’une autre nature sans que
13

lui soit affecté de suffixe, la base subit une « dérivation zéro »
.

11 Il existe des adjectifs affixés en dehors du lexique « latin », et inversement, des adjectifs simples ou faussement simples (devenus simples avec le temps, n’étant plus analysables en constituants) qui sont également d’origine latine ou romane.
12 Nice (l. 45) par exemple provient étymologiquement de nescius, « qui ne sait pas », ceci n’étant plus visible en synchronie.
13 Pour les processus de création lexicale, on se reportera notamment à Jean Tournier, Précis de lexicologie anglaise, Paris, Nathan Université, [1993] 2004.
74
Le préfixe n’a pas pouvoir de conversion, contrairement au suffixe. Ainsi, le préfixe un- dans uncompromising (l. 7) ne change pas la nature adjectivale de compromising ; il permet cependant de garantir qu’il ne s’agit pas ici d’un verbe au participe présent (*to uncompromise). Le préfixe peut être séparable, comme dans invalid14 (l. 7), ou inséparable, comme dans dependable (l. 19), remote (l. 21), responsible (l. 64), excellent (l. 63) ou obscure (l. 38). Ces préfixes ne sont pas spécifiques aux adjectifs. S’il est séparable, et que son ajout relève d’un choix énonciatif, le préfixe portera plus volontiers un accent secondaire. S’il est séparable mais qu’il a fait l’objet d’une fréquence d’emploi dans la communauté ou dans une situation énonciative locale, alors il peut ne plus porter l’accent secondaire. S’il est inséparable, la voyelle, alors réduite, ne pourra porter d’accent secondaire que si la règle d’alternance rythmique l’exige, comme sub- dans subterranean (l. 45) (/20100/).
Les préfixes que comportent les adjectifs de ce texte montrent la variété de la catégorie. Qu’il soit ou non séparable, dans la mesure où il apporte une spécification sémantique, le préfixe contribue (de manière plus ou moins transparente, notamment en synchronie) à l’expression d’un sens donné. Dans becalmed, be- s’utilise ainsi pour ajouter un aspect résultatif par rapport à calmed, ou un élément comparatif (got calmer).
Les adjectifs dérivés par suffixation sont formés à partir d’autres parties du discours : d’un nom, par exemple, pour care + -ful ou marvel + -ous ; d’un verbe pour depend + -able ; d’un adverbe pour up + -er, etc. On note que la présence d’un suffixe peut entraîner des modifications du dérivant direct, qu’elles soient accentuelles (excellent, l. 63), phonémiques, graphémiques et/ou orthographiques (deciSive, l. 23 ; responSible, l. 64 ; subterraNean, l. 45 ; imaginable, l. 6 ; excelLent, l. 63). Enfin, s’ils sont séparables, ils affecteront la nature du dérivant direct et son sens, de façon plus marquée (harmless, l. 54) ou plus modérée (womanly, l. 54). L’échantillon que constituent les occurrences du texte montre l’extrême variété des suffixes, ainsi qu’un cas frontière, celui de sheep-like (l. 48), qui montre par le trait d’union requis que la préposition like n’a pas encore atteint le statut de suffixe, au contraire de l’adverbe less, par exemple. Si les suffixes modifient la nature des termes de départ, permettent-ils d’identifier la nature du terme dérivé ?
Quelques exemples peuvent être ici examinés un peu plus en détail. Le suffixe -ous permet d’identifier un adjectif (marvellous, l. 72) ; il en va de même pour le suffixe -al, sauf si le dérivant direct est un verbe, comme dans proposal ou denial. Cependant, on trouve des exceptions (ex. a British national, a local, a radical). Le suffixe -ic permet aussi en général d’identifier un adjectif, comme dans realistic (l. 23), mais il permet également de former des noms, et il faut prendre garde à -ics, qui signale un terme de nature nominale, comme electronics dans a rather sizeable electronics firm (l. 62). Le suffixe -ful, très productif, indique a priori la nature adjectivale du terme (careful, l. 20) ; toutefois, s’il s’associe à un nom désignant un contenant (ce n’est pas le cas dans careful), il forme alors un nom (ex. pocketful, mouthful, earful). Le suffixe -less s’ajoute lui aussi à une base nominale pour former un adjectif : tactless (l. 72-73), harmless (l. 54), mais dans a wireless deep in the recesses of the restaurant (l. 15), wireless ne peut qu’être un nom, l’adjectif ayant fait l’objet d’une substantivation inscrite en langue. Le suffixe -able présente une similitude avec -ful, étant donné que ces deux suffixes sont apparentés à un adjectif, respectivement able et full. Le suffixe -able œuvre cependant à partir d’un verbe, avec dérivation transparente (imaginable, l.6, dependable, l.19) ou non (ex. demonstrable). Le suffixe -ible est illustré par responsible (l. 64). La différence avec -able est au
14 Il peut être intéressant de noter que s’il avait été question du nom invalid, la suppression de in- aurait entraîné sa recatégorisation en adjectif, le nom valid ne figurant pas dans les dictionnaires d’usage.

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moins phonologique : -ible impose un schéma accentuel, ce que -able ne fait pas en général. Quant aux suffixes -ean et -ian, ils peuvent former aussi bien des noms que des adjectifs. Ils apparaissent dans subterranean (l. 45) et patrician (l. 49). La distribution seule permet d’élucider que patrician est ici employé en tant qu’adjectif (le nom exigerait l’article A) : and had become amused, patrician (l. 49). Subterranean ne connaît pas d’emploi nominal usuel, mais peut être substantivé.
Le texte présente également un certain nombre d’adjectifs finissant par -ly. On note ainsi early afternoon (l. 5), its elderly pianist (l. 19) et womanly things (l. 54). Ce suffixe n’est pas un indicateur d’adjectif, puisqu’il traduit en général la dérivation à partir d’un adjectif vers la catégorie d’adverbe. La morphologie peut cependant expliquer que si -ly s’accole à un nom, alors il en résulte un adjectif (le cas est net avec woman[ly], moins avec elder[ly], aussi adjectif). En revanche, le cas de early relève étymologiquement de l’addition de ere et de lice, c’est-à-dire de -ly adverbial, et il s’agit donc ici d’une dérivation de l’adverbe vers l’adjectif. Il n’est pas adverbe ici car il modifie syntaxiquement un nom, et forme d’ailleurs une classe, opposable à late afternoon. Si only dans the only sounds (l. 14) est bien adjectif, dans the only two people (l. 13), il fonctionne comme un adverbe, dont la portée se limite à two.

D’autres suffixes apparaissent dans le texte :
le suffixe -id de invalid (invalid status, l. 7) ou stupid (l. 13), toujours formé sur un radical lié ;
le suffixe séparable -ine, peu présent en anglais (souvent dans des emprunts) : a remote and almost crystalline process (l. 22) ;
les suffixes -ant et -ent, illustrés respectivement par distant (l. 14) et excellent (l. 63) ;
le suffixe -ive, ajouté au verbe pour former un adjectif dans ruminative monologues (l. 27) ;
le suffixe -y lié dans tiny (l. 40), happy (l. 71), sorry (l. 71) ;
enfin, le suffixe lexical -en, présent dans golden fruit (l. 11).

Comme on l’a vu, tous les suffixes ne garantissent pas immanquablement la nature adjectivale du dérivé, et s’ils le font (le cas de -ous a été signalé), des contre-exemples existent souvent. La morphologie ne suffit donc pas à elle seule à définir un adjectif.
Un autre grand type morphologique d’adjectif est l’adjectif composé. À la différence du dérivé, il
résulte de la combinaison de deux éléments autonomes, c’est-à-dire qui existent chacun
indépendamment dans la langue. Le texte présente une occurrence claire de composition adjectivale :
l’adjectif vine-covered dans a vine-covered trellis (l. 3) est formé sur le patron [nom + verbe + -EN].
Une glose possible serait : the trellis was covered with vine. Citons aussi les deux verbes à particule
15

employés dans le texte comme adjectifs : upturned (l. 52) et cast-off (l. 53)
.
En tant que catégorie, les adjectifs se caractérisent par une très grande diversité morphologique, rarement entièrement révélatrice de leur statut. Par ailleurs, deux terminaisons, -ed et -ing, suscitent des interrogations quant aux limites d’une approche exclusivement morphologique : s’agit-il d’adjectifs ou de participes16 ? Une approche sémantique permet-elle alors d’aboutir à une classification plus opératoire, et quels critères sémantiques peut-on proposer pour tenter de rassembler ou de distinguer les adjectifs ?
15 La distribution de ces deux adjectifs, plus usuellement épithète pour upturned et attribut pour cast-off, pourrait expliquer la place inverse de la particule adverbiale dans les composés.
16 La question sera traitée en détail dans la partie 2.

76
2. Étude des propriétés sémantiques des adjectifs

Prototypiquement, un adjectif constitue un apport qualitatif auprès du nom qu’il modifie. Une opposition peut être proposée entre gold et golden (l. 11) : golden renvoie à la qualité de l’or, et dans le texte, s’agissant de fruits, à une apparence similaire à cette matière plutôt qu’à la matière elle- même. Il devient ainsi un terme signifiant la couleur. Le nom gold, lui, désigne un ensemble de propriétés caractéristiques, la matière, avec les représentations qui lui sont associées.
Le trait sémantique exprimé par un adjectif peut correspondre à une propriété permanente (ex. a
small restaurant, l. 3) ou temporaire (ex. new components, l. 22). Il peut être de nature
qualifiante / descriptive, c’est-à-dire apporter un détail à propos du référent (ex. the mild and careful
creature, l. 20), ou classifiante – dans ce cas, il permet de créer une sous-catégorie au sein de la
classe dénotée par le nom. S’il est classifiant, l’adjectif forme avec le nom un ensemble culturellement
préconstruit ; il sera donc d’ordre thématique, et occupera plus facilement la fonction épithète
17 qu’attribut .
Dans a bottle of yellow wine (ll. 3-4), yellow ne désigne pas une propriété visuelle incidente. L’adjectif permet de ranger un type de vin dans un paradigme. L’adjectif peut être dit « classifiant » lorsque sa suppression affecte l’identification du référent ou sa catégorie, ce qui est bien le cas ici : sont exclus, culturellement, les types rouge, rosé et blanc. Dans the golden fruit (l. 11), en revanche, un certain manque de pertinence d’une éventuelle classe permettrait de dire que golden (au sens métonymique de mûrissement) ne sert pas à restreindre le référent fruit de façon significative, et n’est donc pas classifiant. Un exemple incontestable d’adjectif classifiant dans le texte est Middle dans the Middle Ages (l. 33) : l’adjectif y a les caractéristiques typiques d’un adjectif classifiant – non gradable, objectif, non évaluatif, il évoque une qualité permanente mais permet aussi une restriction significative de la référence par rapport à l’hyperonymique ages. Associé à Ages, Middle crée une classe pertinente à la fois culturellement et discursivement, qui contraste avec toutes les autres époques. L’adjectif tiny, dans a tiny drawing of a man (l. 40), revêt en revanche un aspect descriptif : la propriété tiny affectée à drawing ne renvoie pas à un type d’illustration prédéfini, même si a tiny drawing of a man sert d’appui à l’effet classifiant souhaité par l’énonciateur au sujet de obscure advertisements, en indiquant un détail représentatif de la catégorie.

Certains adjectifs, dits « relationnels » et que Quirk et al. appellent noninherent, ne réfèrent pas 18
pour leur part à une qualité intrinsèque du nom . À la différence des adjectifs inhérents, il est rarement possible de les paraphraser par une simple relation inter-nominale : her soft touch [inhérent] the softness of her touch, mais a certain winner [non-inhérent] *the certainty of the winner. Comme ces adjectifs ne dénotent pas de propriété inhérente, toute paraphrase nécessite l’ajout d’un verbe contextuel, qui exprime ce caractère non inhérent, et voit le sens véhiculé par l’adjectif relationnel figurer sous forme d’un adverbe (a certain winner a player who will certainly win ; her habitual sheep-like expression, ll. 48-49 the sheep-like expression she habitually showed) ou d’un nom (rational discourse, l. 28 discourse that respects reason, opposé à the rationality of the discourse, de sens différent). Ces paraphrases confirment que ni habitual ni rational ne renvoie ici à une propriété intrinsèque du référent du nom. Dans quelques cas cependant, le sens reste exprimé

17 Voir aussi la partie 3.
18 « Modification of a noun by means of a noninherent adjective can be seen as an extension of the basic sense of the noun. Thus a firm friend is ‘a friend whose friendship is firm’, and a perfect stranger is ‘a stranger who is perfectly strange’. » (Randolph Quirk et al., A Comprehensive Grammar of English, London, Longman, 1985, p. 435.
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par l’adjectif lui-même, mais il porte alors sur un nouveau nom-tête : a firm friend a friend whose friendship is firm.
L’adjectif new peut avoir un sens relationnel : the new government suppose ainsi newly-formed,
sans prédiquer de valeur qualifiante intrinsèque à government. L’énoncé new components had formed
(l. 22) joue sur les deux sens : propriété attribuée au nom-tête components et sens adverbial issu d’un
fonctionnement relationnel, qui, bien qu’il soit en partie neutralisé par la prédication had formed, reste
activable. Lorsqu’il est complémenté, responsible (I remain responsible for everything that goes,
l. 64) prend un sens relationnel également : la propriété qu’il dit n’est plus inhérente (ni gradable)
comme dans She is a very responsible person. Le complément exprime ici ce qui pourrait être analysé

comme une cible ou un but (for what?), en lien avec le choix de la préposition. La complémentation 19
entre donc dans l’analyse de la sémantique de l’adjectif, et inversement .
La qualité dénotée par l’adjectif est prototypiquement gradable. La gradabilité d’un adjectif se teste souvent par sa capacité à être modifié par les adverbes very, quite ou rather, ou à accepter le comparatif ou le superlatif. Les formes de comparatif présentes dans le texte sont au nombre de six : higher air (l. 8), the ascent to this upper air (l. 21), something harder, brighter, more decisive (ll. 22-23) et You may feel better (l. 36). Brighter et better illustrent la forme synthétique, irrégulière pour better, et more decisive la forme analytique. D’apparence semblable, upper ne peut cependant pas se manipuler en *very up air ; le suffixe du comparatif ajouté à l’adverbe up l’a converti en adjectif. Si le comparatif de higher permet de construire un superlatif (highest), celui de upper ne le permet pas : upper exprime l’altérité plus que le degré, ce qui lui permet, en revanche, d’activer un sens classifiant. Non gradable, upper est un adjectif moins prototypique que les premiers. La gradabilité n’est pas en effet un trait définitoire des adjectifs : un certain nombre d’entre eux ne le sont pas a priori, comme la majorité des adjectifs classifiants, les adjectifs tels que true (l. 37) ou right (l. 57), qui répondent à un adjectif complémentaire20 (false, wrong), et les adjectifs qui, comme excellent (l. 63), décrivent un degré maximal sur une échelle (ici celle de goodness). Dans ‘How marvellous!’ (l. 72), la gradabilité est marquée par l’adverbe de degré HOW. Bien qu’à sens superlatif, marvellous demeure gradable ; la propriété se construit également en discours. Dans That is quite right (l. 57), la gradabilité est marquée par l’adverbe quite, qui exprime le degré par le truchement de la conformité (qu’il dit relative), mais on note que ?very right est peu acceptable, et qu’en position épithète, right supporte moins la présence de quite qu’en position d’attribut : ?a quite right answer. L’adjectif épithète est à associer au thématique et au préconstruit, ce qui le prédispose à l’expression d’un effet de classe ; l’adjectif attribut est à associer au rhématique, il se voit ainsi plus favorable à un effet évaluateur en discours. La gradabilité peut aussi être marquée par des adverbes grammaticaux, et concerner des propriétés non inhérentes : on peut citer le cas de all that devant l’adjectif close (l. 2).
Les adjectifs sont aussi des termes polysémiques, dont le sens et l’emploi se définissent en contexte. Certains adjectifs simples apparaissant à plusieurs reprises, et leurs occurrences peuvent être analysées en regard.

  • L’adjectif qualificatif good est en relation lexicale d’antonymie avec bad dans les énoncés suivants : You may feel better if you tell me about it (l. 36)
And I am having such a good time (l. 46)
The weather was good (l. 60)

19 Voir quelques remarques dans la partie 3. 20 True, au moins dans son sens logique.
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- this way I can spend a good deal of time on my farm (l. 65)
à l’exception du dernier : celui-ci comporte une structure idiomatique qui n’accepte que good ou great et qui, en association avec deal, exprime la quantité. Pour endosser ce sens quantitatif, good ne peut qu’être épithète, alors que pour la ligne 60, par exemple, il peut aussi bien être épithète qu’attribut ou apposé, et il est gradable.
Les deux adjectifs small et little sont des antonymes de big. Leur sens est de renvoyer à une portion d’espace ; les quatre noms qualifiés dans les énoncés ci-dessous renvoient à des lieux. Le choix de little pour modifier sitting room n’est pas seulement motivé par le critère de la taille ; il provient aussi du fait que little apporte une connotation de modestie, d’absence de prétention du lieu. Une autre piste est que le référent de sitting room, plus que celui de restaurant, peut activer les traits [+intérieur] et [+intime], ce qui pourrait aussi faire préférer little.
- outside a small restaurant (l. 3) 

- a small deserted square (l. 5) 

- as they had sat in the small deserted café-bar (l. 9) 

- from the little sitting room at the back (l. 16) 
Le sens d’un adjectif dépend étroitement des traits sémantiques du nom qualifié, notamment le trait humain ou non humain. Rapporté au temps, bright évoque une atmosphère lumineuse ou ensoleillée (the weather was both hot and cold, bright and dark, l. 8) ; en association avec un référent humain, bright pourra désigner non plus la luminosité mais plutôt l’intelligence ou la gaîté. Dans in something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23), Edith est configurée non pas en tant que someone, mais en tant que something. Ceci crée une certaine instabilité autour du sens de brighter, renforcée par la présence de able : ?something able to savour enjoyment. L’adjectif faint s’oppose généralement à strong, mais il peut également traduire une opération extralinguistique d’évaluation de la conformité au type. On l’opposerait alors mieux à very dans the faint whine of a distant car (l. 14), very traduisant l’opération inverse, celle de confirmer la conformité qualitative de l’occurrence à la notion (cf. the very tenor of the conversation, l. 55). Lorsqu’il affecte un non-animé, true s’oppose à false (‘Oh, do you think that is true?’, l. 37), alors que, devant un nom d’humain, il signifie sincere; il peut aussi opérer sur la conformité notionnelle (ex.a true mystery). Le fonctionnement de sure (one is never quite sure from what, l. 39) se heurte à d’autres contraintes selon sa fonction syntaxique. Épithète, sure n’accepte qu’une gamme restreinte de noms (ex. sign, thing, win / winner). La raison en est qu’il est alors relationnel : a sure win = sure to be won. Attribut, il reprend le sens qualifiant de certain, et peut alors être modifié, comme ici par quite. Réservé aux animés, l’adjectif sorry dénote un état temporaire. Seule la fonction épithète autorise son application à du non-animé (ex. a sorry face / excuse / show), avec des sens qui peuvent souvent être reliés à l’humain par implicite métonymique. Dans ‘Oh, I’m so sorry’ (l. 72), sorry est gradué sans problème par l’adverbe SO, peut-être du fait que la notion appartient au domaine de la politesse et qu’on ne se montre jamais assez poli. Seule la fonction attribut permet, comme ici, d’activer un sens performatif. 
D’autres exemples peuvent être analysés parmi les adjectifs dérivés. Leur flexibilité sémantique est potentiellement moindre, mais présente également. L’affixation peut par ailleurs conduire à une spécialisation, comme pour the uncompromising clarity of this higher air (ll. 7-8) : un- fonctionne comme un préfixe inséparable, puisque bien qu’inverse de compromising, on ne pourrait guère envisager de dire by the?compromising clarity of this higher air. Le préfixe a entraîné une spécialisation de ce qui aurait pu être l’antonyme de compromising : « inflexible » n’est pas l’antonyme 


79
de « compromettant ». Certains suffixes et préfixes expriment la privation ou négation. Ces notions
peuvent s’encoder de façon très différente : par un préfixe tel que un-, in- (invalid, l. 7) ou son
allomorphe im- (immediately, l. 38), ou par le biais du suffixe -less. Le cas de de- dans deserted (l. 9),
qu’on pourrait opposer à inserted (la racine -serere est bien commune aux deux), montre une affinité 21
avec la privation . On constate qu’à part la paire valid / invalid, les autres paires ne sont pas antonymes (inserted/deserted) ou connaissent des spécialisations (mediately/immediately). Le suffixe -ful, qui s’accole à un nom, est issu d’un adjectif : il signifie la présence de traits et non plus la saturation. Il s’oppose à ce titre à -less, qu’on rencontre dans tactless (l. 72) et harmless (l. 54) et qui lui aussi est issu d’un adjectif (little à la forme comparative). Des paires antonymiques sont possibles (harmful / harmless). -able intervient lui aussi en dérivation (no longer imaginable, l. 6 ; its dependable meals, l. 19 ; a rather sizeable electronics firm, l. 42 ; I remain responsible for everything, l. 64) : en tant que suffixes, -able et -ible signifient littéralement < that can be + V-EN > et s’apparentent ainsi à un énoncé de voix passive (ex. imaginable : that can be imagined). Souvent, l’adjectif se distingue du verbe au passif dans la construction (perte de on pour depend ; ajout de held pour récupérer that can be held responsible), mais aussi dans le sens (dependable signifie plutôt « fiable », et quel lien peut- on concevoir entre sizeable et be sized ?). La propriété dite par l’adjectif en -able se construit de façon complexe et pas toujours prévisible. Peu prévisible également est le sens de la terminaison -er de l’adjectif other dans the other end (l. 19). À l’origine suffixe du comparatif, issu d’une racine proto-indo- européenne, cette terminaison ne constitue cependant pas en synchronie la flexion -ER du comparatif. Other indique une altérité notionnelle. Il exprime une altérité spatiale, mutuellement exclusive et donc classifiante dans the other end (= the opposite end). Il est à noter que l’association de l’article A et de other forme un déterminant (et non un adjectif) : another glass of wine (l. 57), qui peut alors comme ici prendre un sens principalement quantitatif : one more glass, among many possible more. Comme on pouvait s’y attendre, peu de points communs unissent la catégorie des adjectifs dérivés, beaucoup de différences apparaissant y compris à affixe identique.

À l’interface entre sémantique, morphologie et syntaxe peuvent être analysées les formes en -ING et -EN susceptibles d’être adjectifs ou participes. Pour -ING, l’étude exclut d’emblée the little sitting room (l. 16), dans lequel sitting room forme un nom composé de type N1N2. La compositionnalité peut se tester ainsi : *a sitting and recreation room, *[sitting [rooms and lounges]], many rooms, among which a large sitting *one). Une possible manipulation en a room for sitting (vs. *a room that sits) confirme que sitting est un gérondif. N’est pas adjectif non plus resting (l. 10), apposé. Provenant d’une relation prédicative (< they / rest >), il constitue à lui seul une subordonnée à forme non finie, qui fait de resting un participe présent ; la participiale prend une valeur de concomitance : while they rested, voire de cause. En revanche dans the cunning and even learned periods (l.49), la coordination avec learned invite à voir cunning comme un véritable adjectif lexical, un lexème d’ailleurs bien plus usuel que le verbe cun aujourd’hui obsolète. Les adjectifs lexicaux en -EN sont illustrés par ce même learned, adjectif provenant de learn, mais dont la prononciation indique un sens adjectival désolidarisé du verbe learn, testé par l’irrecevabilité de *periods that were learnt.
À la différence du passif verbal, qui mobilise un BE auxiliaire, le passif adjectival se construit prototypiquement avec BE copule. Un test peut consister à tenter de remplacer BE par un autre verbe copule, par exemple become, seem, feel, look ou remain. La présence du verbe become dans had
21 Le préfixe dans dependable (l. 19), d’apparence identique, est un préfixe différent, spatial, au sens de from, down. 80

become amused, patrician (ll. 48-49), ainsi que la coordination avec un adjectif, ne laissent aucun
doute sur le statut de passif adjectival de amused. Est aussi passif adjectival bored dans You must be
[/ feel] bored stiff (l. 55). Le test nécessite un détour par la glose lorsque l’adjectif est apposé, comme
dans a tiny drawing of a man, [= who looks] rather correctly dressed (l. 40) et dans les deux
occurrences de used [= who had become used to…] (ll. 27 et 28). Le statut adjectival se teste de la
même manière pour un adjectif épithète : a small deserted square [= that seemed deserted], l. 4. Un
passif verbal se teste quant à lui par la réécriture d’une voix active. Ainsi dans were banished,
relegated to invalid status, by the uncompromising clarity […] (l. 7), la voix active est possible : the
uncompromising clarity […] banished […] the gentle appreciations […], and relegated them to invalid
status. Le contexte réactive ici le dynamisme des procès par la mention d’un agent certes non animé,
mais en partie personnifié par la qualité uncompromising, de laquelle découle le résultat de
bannissement. Dans l’énoncé And for a certain kind of woman. Cast-off or abandoned, paid to stay
away […] (ll. 53-54), qui présente une séquence de trois termes en -EN apposés, cast-off, affecté d’un
trait d’union, s’écarte de la piste verbale. Le second terme, abandoned, pourrait figurer à droite d’un
verbe copule tel que feel. Le troisième terme, paid […], n’est plus aussi clairement adjectival. S’il
semble autoriser le verbe copule become (become paid to stay away […]), il résiste en revanche à la
manipulation en the cast-off kind, the abandoned kind, the *paid to stay away kind et surtout, il se
prête à la réécriture d’une voix active : someone pays them to stay away. De plus, le texte isole paid
[…] de la coordination en OR, peut-être afin de séparer un premier groupe constitué deux passifs
adjectivaux de ce passif davantage verbal. Les tests menant ici à des conclusions inverses, on peut
alors considérer les phénomènes selon un gradient. Un certain nombre d’autres cas illustrent ce
gradient. Par exemple, dans with a hand pressed to the small of his back (ll. 40-41), with a hand that is
pressed to […] peut être mis à la voix active : with a hand that he presses to the small of his back. On
peut considérer que pressed est un passif verbal qui, au sein d’un SP en with, dénote un instrument et
prend valeur de passif adjectival. Pour to be permanently reserved for women (ll. 52-53), il est
impossible de récupérer une voix active au présent : *someone reserves it permanently for women ;
elle ne serait possible qu’avec has reserved. La mention d’un agent semble également impossible :

*permanently reserved for women by the owners. Ceci montre que reserved renvoie moins au procès 22
qu’à un état résultant. Ces tests, empruntés à Quirk et al. , permettent d’identifier ce qu’ils nomment un pseudo-passif. Aucun sens dynamique n’est concevable. Cependant, par le biais de permanently, reserved est vu dans une temporalité. On peut l’étiqueter comme étant un passif adjectival. L’adjectif gradable reserved a un tout autre sens (celui de discrétion), et dans ce cas, il ne prend pas de complément en for.
Si les exemples précédents sont des formes flexionnelles issues de participes, les adjectifs terraced (The terraced orchards, l. 12) et cobbled (flat cobbled ground, l. 14) comportent en revanche le suffixe dérivationnel -ed qui s’attache à des bases nominales. La paraphrase donne en effet : orchards formed into terraces (on peut noter le -s du pluriel) et ground made of cobbles.
Morphologie et sémantique sont nécessaires pour établir la nature adjectivale, mais aussi parfois la remettre en cause. Pour compléter l’étude des adjectifs, nous proposons à présent d’examiner les contours de la catégorie en partant cette fois des propriétés syntaxiques.

A

x

30
Q
  1. Approche syntaxique : fonctions, ordre des mots, complémentation / syntagme adjectival

On rappellera ici que les adjectifs sont supposés pouvoir occuper trois fonctions : celle d’épithète (l’adjectif qualifie le nom dans le cadre d’un SN ; en anglais les épithètes sont généralement antéposées, parfois postposées), celle d’attribut (du sujet, de l’objet), et celle d’adjectif apposé. Il est possible d’avoir plusieurs épithètes, ou plusieurs adjectifs apposés ou attributs, auquel cas la question de leur ordre d’apparition se pose. L’adjectif est aussi la tête d’un syntagme adjectival (SAdj), ce qui pose la question des dépendances de l’adjectif, en termes de structure, en soi et en interaction avec le sens.
Les épithètes sont placées au sein d’un SN et en qualifient le nom-tête : nous avons eu l’occasion de relever déjà un grand nombre d’exemples, placés à gauche du nom qualifié. Le texte comporte un cas particulier d’adjectifs épithètes postposés, où les adjectifs se situent à droite de la tête qu’ils modifient. Cette contrainte vient ici du fait que la tête est un pronom, le pronom composé something : resulting in something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23).
On trouve un exemple d’attribut du sujet avec un verbe d’état à la ligne 36 : You may feel better if
you tell me. En revanche dans ‘You must think me very stupid’ (l. 73) et …that most people consider to
be adequate for the purposes (l. 28), les adjectifs soulignés sont traditionnellement étiquetés comme
attribut de l’objet : ils se rapportent respectivement au pronom me, objet de surface du verbe think, et
.

au pronom relatif THAT, qui a pour antécédent ruminative monologues ( I am very stupid ; that is 23
adequate) et qui est objet syntaxique de consider
L’apposition, quant à elle, consiste à séparer l’adjectif du nom-tête ou du SN entier, généralement
à l’aide une virgule ; l’adjectif apposé peut apparaître dans le co-texte droit ou gauche, et l’on peut considérer que l’apposition qualifie strictement un SN présent dans la proposition. Dans Edith, used to the ruminative monologues […], used, moreover, to concocting the cunning and even learned periods […] (ll. 27-29) figurent en apposition deux syntagmes adjectivaux, qui pourraient migrer à gauche du nom-tête. La forme pourrait provenir d’une relative réduite non déterminative : Edith, who was used to […], dans laquelle used, gradable, a le sens adjectival de familiar with. Cependant, l’apposition s’accompagnant généralement d’une valeur circonstancielle, le plus souvent de cause, de concomitance temporelle ou d’opposition, les syntagmes apposés sont parfois aussi rapprochés des circonstants. L’apposition des SAdj permet de leur donner une valeur explicative, l’habitude expliquant ici le sourire d’Edith. En revanche, aux lignes 4-5, Shaded, they were able to look out across a small deserted square made brilliant by the sun of early afternoon, le déplacement de l’adjectif apposé shaded à droite de la tête n’est pas possible du fait qu’il s’agit d’un pronom personnel. Shaded apporte une qualification supplémentaire à they ; la valeur circonstancielle est ici, du reste, moins nette à définir que précédemment.
Tous les adjectifs ne sont pas possibles dans toutes les fonctions ; par exemple, les adjectifs en -ly suivants ne peuvent pas être attributs :

the only sounds (l. 14)
its elderly pianist (l. 19)
do harmless womanly things (l. 54)
*the sounds were only
 ?the pianist was elderly ?these things are womanly

23 Voir ci-dessous pour plus de précisions sur la fonction d’objet de ces deux pronoms.
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L’adjectif early (early afternoon, l. 5) prend un autre sens en tant qu’attribut, ce qui empêche de construire the afternoon was early. Épithète, l’adjectif early restreint la référence de afternoon ; il est à ce titre classifiant.
Quelques cas peuvent être considérés comme plus complexes. D’une part, on note l’absence de verbe au moins en surface dans How marvellous et dans Happy (l. 72). Dans How marvellous, énoncé averbal, on peut aisément retrouver une prédication sous-jacente : How marvellous [it is / sounds]!, au sein de laquelle il est possible d’analyser le SAdj How marvellous comme l’attribut du sujet it. Happy est une répétition de l’adjectif utilisé dans l’énoncé précédent, et on peut considérer qu’il entre dans une structure similaire, sans que celle-ci soit reprise : ex. she is still radiantly happy ; il s’agirait donc de nouveau d’un attribut du sujet dans une structure elliptique. Le cas de You must be bored stiff (l.55) demande également à être examiné. Bien que stiff ne soit pas un adjectif applicable directement au sujet (
I was stiff with boredom), la structure ressemble syntaxiquement à une construction résultative, si stiff prend un sens métaphorique. Stiff oscille entre adverbe intensifieur (il ne modifie aucun nom-tête et a le sens de terribly) et adjectif (si résultatif, il commute avec silly et qualifierait alors de façon indirecte). Enfin, le cas des attributs de l’objet peut également être reconsidéré : dans ‘You must think me very stupid’ (l. 73) et …that most people consider to be adequate for the purposes (l. 28), that semble être le COD du verbe consider et me celui de think, mais aucun de ces compléments ne constitue un argument du verbe : *You think me ; *We consider them (du moins dans la signification de consider ici). On peut donc analyser ces constructions autrement, en disant que la structure accueille alors l’ensemble < I / be very stupid >, < they / be adequate for the purposes >, qui constituent un noyau prédicatif.
Lorsque des adjectifs apparaissent en séquence, celui qui se situe immédiatement à gauche du nom-tête porte toujours sur celui-ci ; les autres adjectifs peuvent quant à eux porter soit sur le nom seul, soit l’ensemble formé par tout ce qui les suit à droite. Dans had lost its habitual faintly sheep-like expression (ll.47-48), la portée des adjectifs est la suivante: its [habitual [faintly sheep-like] expression]. Restreindre cette portée peut passer, sur le plan graphique, par l’emploi d’un signe tel que la virgule, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans flat cobbled ground (l. 14), un trait d’union entre les adjectifs flat et cobbled aurait clairement restreint la portée de flat sur cobbled, et contribué à la construction d’un adjectif composé ; l’ensemble aurait dénoté un sol couvert de pavés plats plutôt que bombés. L’insertion d’une virgule aurait prédiqué les deux propriétés tour à tour, sans établir de rapport entre elles. En l’absence de tout signe, flat porte par défaut sur l’ensemble cobbled ground. L’effet pourrait s’interpréter comme la vision d’un sol qu’on sait pavé et qui paraît plat vu des cimes. Dans do harmless womanly things (l. 54), il s’agit de qualifier la classe womanly things comme possédant la propriété harmless, ce qui encourage un effet de congruence (ironique) entre ces deux propriétés.
La mention de la conjonction AND sert à indiquer que la prochaine propriété d’une liste est la dernière ; si la conjonction AND ne relie que deux adjectifs, par contraste avec une virgule, elle invite à considérer ensemble les deux propriétés dans un rapport signifiant (de complémentarité ou bien, de façon moins marquée que BUT, de contraste). Dans the mild and careful creature (l. 20), le choix de la coordination montre que mild ne porte pas sur careful creature mais uniquement sur creature. À la différence d’une virgule, AND rend, semble-t-il, l’association signifiante : la propriété mild pourrait être donnée à voir dans un rapport congruent avec careful. Dans the cunning and even learned periods (l. 29), cunning et learned sont à la fois dissociés (even ajoute d’ailleurs une hiérarchisation à la

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dissociation) et associés par AND ; il en va de même dans a remote and almost crystalline process (ll.21-22), où les propriétés remote et crystalline, qui semblent dissociées de facto par leur sémantisme (remote = localisation spatiale ; crystalline = aspect), sont réunies par le biais de AND.
L’ordre des adjectifs procède du terme le plus déterminatif vers le plus classifiant, une fois confirmée la portée. Pour organiser des adjectifs qui seraient tous de type qualificatif, on recourt généralement à l’ordre TAFCOMF (Taille, Âge, Forme, Couleur, Origine, Matière, Fonction). D’autres critères peuvent être mis en œuvre : l’ordre allant du plus subjectif au plus objectif (harmless womanly things, l. 54), de la propriété la plus temporaire à la plus permanente (même exemple), du terme le plus court au plus long, surtout lorsque les adjectifs sont tous évaluateurs ou s’ils occupent une même rubrique dans TAFCOMF, ou encore si l’un d’eux n’appartient pas nettement à l’une des rubriques. On ne dirait pas la même chose que dans l’énoncé original avec its faintly sheep-like habitual expression : dans l’original, habitual, auquel on peut substituer l’adverbe habitually, porte non pas sur le nom expression, mais sur la propriété sheep-like: its expression was habitually that of a sheep. Néanmoins, on note que l’ordre, s’il est conditionné par la portée, fait bien apparaître l’âge (habitual) avant la forme (sheep-like). Dans a small deserted square (l. 5), small [taille] est initial ; pourtant on pourrait estimer qu’il exprime une propriété plus permanente que deserted [forme? matière? fonction ?]. On peut alors penser que small est plus subjectif que deserted, deserted exprimant une propriété objective vérifiable par le calcul ou l’observation, une propriété par ailleurs moins aisément gradable que small. Le principe de longueur reste aussi ici valable, et ?a deserted small square semble moins recevable. Dans something harder, brighter, more decisive, realistic, able to savour enjoyment (ll. 22-23), bien que les adjectifs soient postposés, on note que le principe de longueur fonctionne. On procède du plus synthétique, à effet classifiant, au plus analytique, en respect avec la proximité du nom cette fois-ci à gauche.
La position attribut pose aussi, mais différemment, des questions d’ordre des adjectifs. Dans those few words were judiciously selected, weighed for quality, and delivered with expertise (ll. 26-27), l’ordre suit la chronologie du méta-procès, alors que dans both hot and cold, bright and dark (l. 8), c’est l’ordre usuel allant du terme positif au terme négatif qui est suivi (un ordre que la cohésion textuelle invite ensuite à reproduire dans la seconde paire d’antonymes). Le remplacement par des virgules avec seulement un AND clôturant devant dark compromettrait le parallélisme et rendrait BOTH impossible.
Le texte permet d’illustrer également la vaste gamme des types de complémentation24 des adjectifs, ainsi que la question de la formation d’un syntagme adjectival : entertained by words (l. 30), gratified simply by performing their task to the audience’s satisfaction (l. 31), paid to stay away, or to do … clothes (ll. 53-55), able to savour enjoyment, even to expect it (l. 23), relegated to invalid status, (l. 7), his hand pressed to the small of his back (ll. 41-42), permanently reserved for women (ll. 53-54), responsible for everything that goes (l. 64), adequate for the purposes …. discourse (l. 28), used to the ruminative … discourse, used to concocting … periods (ll. 27-30), rather fond of the place (l. 58). Cette complémentation permet de rappeler que l’adjectif est la tête d’un syntagme adjectival et peut donc avoir des dépendants (les adverbes de degré et les compléments déjà mentionnés dans ce corrigé), ce qui à son tour peut avoir un impact sur le sémantisme (a responsible person n’est pas la même chose que someone who is responsible for something). Le lien entre le verbe et l’adjectif peut être de
24 Nous employons ici le terme de complémentation au sens large, de façon à intégrer dans cette liste paid to stay away, dans lequel l’infinitive oscille en réalité entre complément de l’adjectif au sens strict et circonstant de but.

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nouveau retrouvé dans le cas des adjectifs déverbaux (reserve something for something, pay someone to do something, la présence de syntagmes prépositionnels en by pouvant correspondre au complément d’agent du verbe correspondant).
Conclusion
Le travail présenté a visé à mettre en avant certaines caractéristiques des adjectifs, aussi bien morphologiques que sémantiques et syntaxiques ; les propriétés générales des adjectifs ont été rappelées (les trois fonctions de l’adjectif, la dimension qualifiante de celui-ci, ainsi que les régularités portant sur l’ordre et la portée) et certains cas un peu plus subtils ou délicats ont également été signalés. Divers effets de sens ont également été mis en avant. Il en ressort que si certains adjectifs possèdent un ensemble de caractéristiques qui sont typiques de la catégorie, d’autres cas sont moins facilement caractérisables. Cela signifie que certains adjectifs sont plus prototypiques ou plus centraux que d’autres, ce qui n’enlève rien aux traits récurrents de la catégorie lexicale « adjectif » : rôle de qualification du nom, types de constructions syntaxiques et patrons morphologiques fréquents.
Remarques sur le traitement de la question large par les candidats
Le jury a pu constater qu’en dépit des rappels effectués chaque année dans les rapports d’épreuve, un certain nombre de copies n’a pas respecté les prérequis méthodologiques : absence de problématique et/ou de plan, d’introduction et/ou de conclusion, ou encore de définition.
De façon générale, le jury a été surpris de voir que les connaissances syntaxiques de base des fonctions de l’adjectif ont souvent été réduites à celles d’épithète et d’attribut (avec parfois des erreurs), sans que ne soit abordée la fonction apposée. Le volet syntaxique était parfois absent des copies. De même, peu de taxinomies sémantiques ont été proposées, la question étant souvent reléguée à quelques remarques émises à l’occasion de l’étude de l’ordre des adjectifs. Autre écueil, l’étude sémantique a parfois été prétexte à un traitement à visée stylistique consistant à ranger les adjectifs selon des champs notionnels aux contours nécessairement arbitraires. D’autres fois, il s’est agi de considérations livrées sans tentative de catégorisation. En revanche, le jury a apprécié le fait que de nombreuses copies ont entrepris une analyse morphologique convaincante des adjectifs du texte. Assez peu de candidats ont tenté de proposer une articulation des différents volets, ce qui a souvent abouti à l’élaboration de structure « à tiroirs » et d’analyses qui sont restées très descriptives.
Les trois problèmes suivants ont été récurrents: regroupement des occurrences sous des étiquettes plaquées et peu pertinentes ; établissement de longs catalogues non commentés ; démultiplication d’analyses d’occurrences simples et semblables. Ces défauts allaient souvent de pair avec une absence de manipulations, lesquelles auraient permis d’introduire un raisonnement et de dépasser le stade de l’énumération. Un manque de connaissances des concepts centraux (par exemple la gradabilité, la fonction apposée, l’adjectif classifiant, l’adjectif composé) a souvent été relevé, ce qui révèle un manque de préparation chez certains candidats. Rappelons que l’analyse linguistique ne peut se faire que si le candidat dispose des bons outils, dont il est nécessaire de faire figurer dans la copie la définition et les conditions d’application (par exemple, mentionner les tests syntaxiques permettant de distinguer un passif adjectival d’un passif verbal). Rappelons aussi qu’une analyse linguistique ne peut se faire sans prise en compte du contexte, et qu’à l’échelle du mot, il est toujours utile de procéder aux tests classiques que sont : l’ajout (pour tester, par exemple, la
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gradabilité d’un adjectif par l’ajout d’un adverbe de degré), la suppression (pour détecter si l’adjectif est descriptif plutôt que classifiant, ou pour identifier quelles modifications sémantiques ou syntaxiques apporte un affixe), la commutation (pour voir, par exemple, si un adjectif fonctionne comme adverbe), et la permutation (pour tester l’ordre des adjectifs, ou le fait que l’adjectif tolère ou non un emploi aussi bien épithète qu’attribut).
La démarche consistant à relever les cas problématiques semble relativement maîtrisée par les candidats, bien qu’elle ait parfois prêté à des erreurs de catégorisation. À ce titre, des erreurs récurrentes ont été relevées lors de l’étude des adjectifs en -ING et de celle de ceux en -EN, souvent dues à l’absence de tests syntaxiques. Le jury a néanmoins apprécié les copies qui ont tenté d’organiser les termes portant ces terminaisons selon une échelle allant du plus adjectival au plus verbal.
Les bonnes copies sont celles qui ont envisagé une problématisation amorcée par l’étiquetage de « qualificatif », qui pose des problèmes de portée et de types d’emploi ; ou qui ont envisagé par exemple la catégorie sous l’angle d’un gradient à partir des adjectifs centraux, et ont ainsi cherché à établir une taxinomie allant du plus typique au moins typique. S’il n’était pas exigé que toutes les occurrences du texte, très nombreuses, soient traitées, il était attendu que la démonstration s’applique à envisager la question sous l’angle croisé de la sémantique, de la syntaxe et de la morphologie, en prenant appui sur une diversité représentative, ce qui a donné parfois lieu à de très bonnes démonstrations que le jury souhaite ici saluer.

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