points soulignes le groupe verbal Flashcards

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Q

points soulignes : le groupe verbal :

Segment 2 : “It doesn’t need ironing.” (l. 28)
Dans la description, on pouvait s’attendre à ce que les candidats identifient le prédicat doesn’t need ironing, qui s’insère dans la phrase complexe it doesn’t need ironing. Ce prédicat comporte le SV doesn’t need, qui associe l’auxiliaire DO conjugué au présent et porteur d’une négation (l’adverbe NOT sous sa forme contractée) et le verbe lexical need ; le prédicat est également constitué de la forme en -ING ironing, qui est complément d’objet direct de doesn’t need.
La problématique pouvait porter sur la nature et la valeur de la forme en -ING ainsi que son interaction avec le SV qu’elle complète, dont il fallait établir les caractéristiques.
L’analyse pouvait commencer par observer que le sujet implicite de ironing n’est pas coréférentiel avec le sujet syntaxique de doesn’t need ; it, qui réfère à la robe d’Ifemelu, correspond en effet non pas au sujet, mais à l’objet implicite de ironing et au patient du procès dit par cette forme en -ING. Khalifa propose pour l’ensemble la glose suivante : it doesn’t need [( ) IRON IT]16. Nous nous trouvons donc en présence d’un procès attribué, du fait de la coréférence entre le sujet de doesn’t need et l’objet de iron, à son patient17 : le sens de la forme en -ING est donc passif, comme le montre la glose possible par it doesn’t need to be ironed. La formulation à l’étude ne présente cependant aucune des caractéristiques syntaxiques du passif18. De fait, il serait impossible de maintenir une forme en -ING dans cette configuration syntaxique : *it doesn’t need being ironed, alors que l’emploi d’une infinitive en TO ne pose pas de problème, ce qu’il fallait expliquer.
Pour ce faire, on pouvait commencer par mentionner le fait que it doesn’t need ironing et it doesn’t need to be ironed n’ont pas exactement le même sens, même si dans les deux cas, need est un verbe
16 Jean-Charles Khalifa, Syntaxe de l’anglais. Théories et pratique de l’énoncé complexe, Gap / Paris : Ophrys, 2004, p. 100.
17 Khalifa (2004 : 102-103) évoque la possibilité de considérer, en première approche, que ce type d’énoncé correspond à un « cas particulier de “montée du sujet” », selon un mécanisme qui verrait la position sujet du verbe need initialement vide puis instanciée par l’objet du verbe iron.
18 C’est la raison pour laquelle Huddleston & Pullum appellent ce type de construction « concealed passive » (2002 : 1199).

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    lexical (c’est DO qui porte la négation, c’est donc lui qui est auxiliaire au sein du syntagme verbal) qui exprime un écart entre un état souhaitable et l’état effectif dans lequel se trouve la robe. Il dénote donc un état, et le référent de son sujet est donc expérient, siège de l’état need. Ensuite, on pouvait relever que dans it doesn’t need ironing, c’est l’énonciatrice qui est à l’origine du constat d’écart (ou plus exactement ici, du fait de la négation, de l’absence d’écart) entre l’état effectif de la robe et un état souhaitable, alors que dans it doesn’t need to be ironed, cet écart est présenté comme émanant du référent du sujet. Pour rendre cette différence plus claire, on pouvait opérer une manipulation avec want, qui peut, dans certaines variétés d’anglais, remplacer need. Want est en effet compatible avec une forme en -ING (it wants ironing), mais son emploi est beaucoup plus difficile avec une infinitive en TO (??it wants to be ironed19), parce que l’énoncé met alors en relation un verbe qui est perçu comme exprimant la volonté, caractéristique des animés, avec un référent qui, étant inanimé, en est nécessairement dépourvu20. À l’inverse, dans it wants ironing, want ne dit pas la volonté ; il a ici ce que Khalifa décrit comme son premier sens, à savoir celui de « manque, d’incomplétude » (2004 : 103). La formulation est acceptable parce qu’elle n’attribue pas au référent de it une volonté, mais constitue simplement le constat d’un manque à son propos. On peut expliquer cette différence de sens en s’intéressant aux valeurs respectives de -ING et de TO.
    -ING est anaphorique et présente le procès comme un préconstruit acquis, ce qui s’explique ici par le fait que le procès a déjà été envisagé et explicitement mentionné, par la coénonciatrice, dans l’interrogative Did you iron that dress? (l. 27). La question porte sur l’actualisation, ou non, du procès : l’enjeu est de savoir s’il a eu lieu, c’est-à-dire si l’on peut envisager son ancrage dans une situation spécifique. Avec -ING, l’énonciatrice reprend cette première mention et la nominalise. -ING synthétise le sujet et la conjugaison : de you, on passe à un sujet implicite qui pourrait théoriquement être toute personne sachant manier un fer à repasser ; du repérage par rapport à un point de référence extérieur dit par le temps, on passe à un repère internalisé qui permet à la forme en -ING de s’abstraire de l’ancrage dans une temporalité spécifique. Ainsi, -ING éloigne de la référence à une occurrence spécifique, repérée par rapport à un agent identifié et par un ancrage temporel, pour mettre en avant la qualité du procès21.
    Cet éloignement du pôle verbal est à mettre en relation avec la nature de la forme, pour laquelle on peut hésiter entre les étiquettes de gérondif et de nom verbal ; en l’absence de modification, il est difficile de trancher, mais la possibilité de l’ajout de quantifieurs ou d’adjectifs rapproche fortement la forme du pôle nominal : it needs no ironing / it needs some ironing / it doesn’t need vigourous ironing22.
    La nominalisation telle qu’elle est opérée par -ING explique donc que le jugement dit par doesn’t need n’est pas vu comme émanant du référent du sujet, mais bien de l’énonciatrice : le procès est préconstruit, et ses qualités constituent une valeur qui conduit (ou non) à un constat d’écart entre l’existant et le souhaitable.
    19 Huddleston & Pullum observent qu’un énoncé tel que These books want to be taken back to the library, bien que grammatical et relevant d’un sens similaire à celui de These books want taking back to the library, n’est cependant pas d’apparition aussi probable que le second à cause de la confusion possible avec le sens premier de « desire » exprimé par want (2002 : 1200).
20 Pour plus de détails sur cette question, on pourra consulter Alain Deschamps, “It needs explaining : étude de la non-coréférence avec les verbes à complément à forme non finie sans sujet”, in L. Danon-Boileau & J.-L. Duchet (éds.), Opérations interprétatives et interprétation de l’énoncé. Mélanges offerts à Jeanine Bouscaren, Paris : Ophrys, 1993, p. 155-170.
    21 Pour Deschamps, la relation préconstruite est présentée « comme étant la bonne valeur (norme ou valeur souhaitable […]) » (1993 : 163).
22 Huddleston & Pullum relèvent à ce propos une ambiguïté entre « a concealed passive gerund-participial and a gerundial noun » (2002 : 1200).
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    La situation est différente avec TO, qui est un marqueur de visée et indique que l’énonciatrice se place mentalement en amont de l’actualisation du procès. Contrairement à ce qui se passe avec -ING, le sujet de l’infinitive est coréférentiel avec celui du verbe conjugué (car l’infinitif est passif), de sorte que la présentation de l’événement est moins éloignée de la représentation d’une occurrence qu’avec -ING : l’enjeu avec TO reste bien l’actualisation du procès23, et, le sujet du verbe need étant mis en relation avec le procès visé du fait de sa coréférence avec le sujet implicite de l’infinitif, cette actualisation envisagée est présentée comme devant découler d’une qualité du référent du sujet, sans que le jugement de l’énonciatrice intervienne de façon déterminante24.
    Dans le contexte, on observe une relation conflictuelle entre l’énonciatrice et sa mère, qui lui intime d’aller repasser sa robe : did you iron that dress? (l. 27) a une valeur de reproche, et peut-être d’ordre, qui est rendue explicite par it is rumpled et iron it (l. 29). La réponse d’Ifemelu constitue une réfutation du jugement porté par sa mère sur l’état de sa robe, réfutation d’ailleurs répétée : this dress is not rumpled (l. 30). C’est finalement la mère d’Ifemelu qui a le dernier mot : go and iron it (l. 31). Dans ce contexte, l’emploi de -ING s’explique : l’état effectif de la robe fait l’objet d’un conflit de jugements énonciatifs, et ce sont donc ces jugements qui sont mis au premier plan.
    On pouvait finalement analyser la négation portée par l’auxiliaire DO à la lumière de ce contexte. La négation est une opération seconde, qui vient ici rejeter un positif préconstruit par inférence à partir de l’interrogative did you iron that dress?, qui signifie implicitement that dress is rumpled and you should iron it, autrement dit, that dress needs ironing. Avec la négation, l’énonciatrice rejette la validation de cette relation prédicative, ce qui est congruent avec la valeur de -ING : ici, l’enjeu est le conflit de jugements, et la négation permet à l’énonciatrice de rejeter le jugement posé par sa mère.
    Remarques sur le traitement du segment 2
    De façon similaire au segment 1, le segment 2 a parfois donné lieu à des analyses centrées sur une partie du segment seulement : certains candidats ont proposé de longs développements sur DO ou sur need, souvent suivis de quelques lignes consacrées à la nature de la forme en -ING, sans jamais prendre en considération le fonctionnement du segment dans son ensemble. La plupart des candidats ont tenté de substituer une infinitive en TO à la forme en -ING, mais cette manipulation n’a pas toujours été exploitée ; il ne suffit pas de dire que la substitution est possible, il faut aussi essayer d’expliquer les modifications syntaxiques, sémantiques et pragmatiques qu’elle induit. La valeur de la forme en -ING a parfois été assimilée à celle de la périphrase BE + -ING, ce qui a pu donner lieu à de longs développements hors sujet sur l’aspect BE + -ING. L’insertion du segment en contexte a parfois été complètement négligée ; à l’inverse, certaines démonstrations ont présenté de longues paraphrases du texte, sans analyse proprement linguistique.

points soulignes : le groupe verbal :

Segment 2 : “It doesn’t need ironing.” (l. 28)
Dans la description, on pouvait s’attendre à ce que les candidats identifient le prédicat doesn’t need ironing, qui s’insère dans la phrase complexe it doesn’t need ironing. Ce prédicat comporte le SV doesn’t need, qui associe l’auxiliaire DO conjugué au présent et porteur d’une négation (l’adverbe NOT sous sa forme contractée) et le verbe lexical need ; le prédicat est également constitué de la forme en -ING ironing, qui est complément d’objet direct de doesn’t need.
La problématique pouvait porter sur la nature et la valeur de la forme en -ING ainsi que son interaction avec le SV qu’elle complète, dont il fallait établir les caractéristiques.
L’analyse pouvait commencer par observer que le sujet implicite de ironing n’est pas coréférentiel avec le sujet syntaxique de doesn’t need ; it, qui réfère à la robe d’Ifemelu, correspond en effet non pas au sujet, mais à l’objet implicite de ironing et au patient du procès dit par cette forme en -ING. Khalifa propose pour l’ensemble la glose suivante : it doesn’t need [( ) IRON IT]16. Nous nous trouvons donc en présence d’un procès attribué, du fait de la coréférence entre le sujet de doesn’t need et l’objet de iron, à son patient17 : le sens de la forme en -ING est donc passif, comme le montre la glose possible par it doesn’t need to be ironed. La formulation à l’étude ne présente cependant aucune des caractéristiques syntaxiques du passif18. De fait, il serait impossible de maintenir une forme en -ING dans cette configuration syntaxique : *it doesn’t need being ironed, alors que l’emploi d’une infinitive en TO ne pose pas de problème, ce qu’il fallait expliquer.
Pour ce faire, on pouvait commencer par mentionner le fait que it doesn’t need ironing et it doesn’t need to be ironed n’ont pas exactement le même sens, même si dans les deux cas, need est un verbe
16 Jean-Charles Khalifa, Syntaxe de l’anglais. Théories et pratique de l’énoncé complexe, Gap / Paris : Ophrys, 2004, p. 100.
17 Khalifa (2004 : 102-103) évoque la possibilité de considérer, en première approche, que ce type d’énoncé correspond à un « cas particulier de “montée du sujet” », selon un mécanisme qui verrait la position sujet du verbe need initialement vide puis instanciée par l’objet du verbe iron.
18 C’est la raison pour laquelle Huddleston & Pullum appellent ce type de construction « concealed passive » (2002 : 1199).

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    lexical (c’est DO qui porte la négation, c’est donc lui qui est auxiliaire au sein du syntagme verbal) qui exprime un écart entre un état souhaitable et l’état effectif dans lequel se trouve la robe. Il dénote donc un état, et le référent de son sujet est donc expérient, siège de l’état need. Ensuite, on pouvait relever que dans it doesn’t need ironing, c’est l’énonciatrice qui est à l’origine du constat d’écart (ou plus exactement ici, du fait de la négation, de l’absence d’écart) entre l’état effectif de la robe et un état souhaitable, alors que dans it doesn’t need to be ironed, cet écart est présenté comme émanant du référent du sujet. Pour rendre cette différence plus claire, on pouvait opérer une manipulation avec want, qui peut, dans certaines variétés d’anglais, remplacer need. Want est en effet compatible avec une forme en -ING (it wants ironing), mais son emploi est beaucoup plus difficile avec une infinitive en TO (??it wants to be ironed19), parce que l’énoncé met alors en relation un verbe qui est perçu comme exprimant la volonté, caractéristique des animés, avec un référent qui, étant inanimé, en est nécessairement dépourvu20. À l’inverse, dans it wants ironing, want ne dit pas la volonté ; il a ici ce que Khalifa décrit comme son premier sens, à savoir celui de « manque, d’incomplétude » (2004 : 103). La formulation est acceptable parce qu’elle n’attribue pas au référent de it une volonté, mais constitue simplement le constat d’un manque à son propos. On peut expliquer cette différence de sens en s’intéressant aux valeurs respectives de -ING et de TO.
    -ING est anaphorique et présente le procès comme un préconstruit acquis, ce qui s’explique ici par le fait que le procès a déjà été envisagé et explicitement mentionné, par la coénonciatrice, dans l’interrogative Did you iron that dress? (l. 27). La question porte sur l’actualisation, ou non, du procès : l’enjeu est de savoir s’il a eu lieu, c’est-à-dire si l’on peut envisager son ancrage dans une situation spécifique. Avec -ING, l’énonciatrice reprend cette première mention et la nominalise. -ING synthétise le sujet et la conjugaison : de you, on passe à un sujet implicite qui pourrait théoriquement être toute personne sachant manier un fer à repasser ; du repérage par rapport à un point de référence extérieur dit par le temps, on passe à un repère internalisé qui permet à la forme en -ING de s’abstraire de l’ancrage dans une temporalité spécifique. Ainsi, -ING éloigne de la référence à une occurrence spécifique, repérée par rapport à un agent identifié et par un ancrage temporel, pour mettre en avant la qualité du procès21.
    Cet éloignement du pôle verbal est à mettre en relation avec la nature de la forme, pour laquelle on peut hésiter entre les étiquettes de gérondif et de nom verbal ; en l’absence de modification, il est difficile de trancher, mais la possibilité de l’ajout de quantifieurs ou d’adjectifs rapproche fortement la forme du pôle nominal : it needs no ironing / it needs some ironing / it doesn’t need vigourous ironing22.
    La nominalisation telle qu’elle est opérée par -ING explique donc que le jugement dit par doesn’t need n’est pas vu comme émanant du référent du sujet, mais bien de l’énonciatrice : le procès est préconstruit, et ses qualités constituent une valeur qui conduit (ou non) à un constat d’écart entre l’existant et le souhaitable.
    19 Huddleston & Pullum observent qu’un énoncé tel que These books want to be taken back to the library, bien que grammatical et relevant d’un sens similaire à celui de These books want taking back to the library, n’est cependant pas d’apparition aussi probable que le second à cause de la confusion possible avec le sens premier de « desire » exprimé par want (2002 : 1200).
20 Pour plus de détails sur cette question, on pourra consulter Alain Deschamps, “It needs explaining : étude de la non-coréférence avec les verbes à complément à forme non finie sans sujet”, in L. Danon-Boileau & J.-L. Duchet (éds.), Opérations interprétatives et interprétation de l’énoncé. Mélanges offerts à Jeanine Bouscaren, Paris : Ophrys, 1993, p. 155-170.
    21 Pour Deschamps, la relation préconstruite est présentée « comme étant la bonne valeur (norme ou valeur souhaitable […]) » (1993 : 163).
22 Huddleston & Pullum relèvent à ce propos une ambiguïté entre « a concealed passive gerund-participial and a gerundial noun » (2002 : 1200).
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    La situation est différente avec TO, qui est un marqueur de visée et indique que l’énonciatrice se place mentalement en amont de l’actualisation du procès. Contrairement à ce qui se passe avec -ING, le sujet de l’infinitive est coréférentiel avec celui du verbe conjugué (car l’infinitif est passif), de sorte que la présentation de l’événement est moins éloignée de la représentation d’une occurrence qu’avec -ING : l’enjeu avec TO reste bien l’actualisation du procès23, et, le sujet du verbe need étant mis en relation avec le procès visé du fait de sa coréférence avec le sujet implicite de l’infinitif, cette actualisation envisagée est présentée comme devant découler d’une qualité du référent du sujet, sans que le jugement de l’énonciatrice intervienne de façon déterminante24.
    Dans le contexte, on observe une relation conflictuelle entre l’énonciatrice et sa mère, qui lui intime d’aller repasser sa robe : did you iron that dress? (l. 27) a une valeur de reproche, et peut-être d’ordre, qui est rendue explicite par it is rumpled et iron it (l. 29). La réponse d’Ifemelu constitue une réfutation du jugement porté par sa mère sur l’état de sa robe, réfutation d’ailleurs répétée : this dress is not rumpled (l. 30). C’est finalement la mère d’Ifemelu qui a le dernier mot : go and iron it (l. 31). Dans ce contexte, l’emploi de -ING s’explique : l’état effectif de la robe fait l’objet d’un conflit de jugements énonciatifs, et ce sont donc ces jugements qui sont mis au premier plan.
    On pouvait finalement analyser la négation portée par l’auxiliaire DO à la lumière de ce contexte. La négation est une opération seconde, qui vient ici rejeter un positif préconstruit par inférence à partir de l’interrogative did you iron that dress?, qui signifie implicitement that dress is rumpled and you should iron it, autrement dit, that dress needs ironing. Avec la négation, l’énonciatrice rejette la validation de cette relation prédicative, ce qui est congruent avec la valeur de -ING : ici, l’enjeu est le conflit de jugements, et la négation permet à l’énonciatrice de rejeter le jugement posé par sa mère.
    Remarques sur le traitement du segment 2
    De façon similaire au segment 1, le segment 2 a parfois donné lieu à des analyses centrées sur une partie du segment seulement : certains candidats ont proposé de longs développements sur DO ou sur need, souvent suivis de quelques lignes consacrées à la nature de la forme en -ING, sans jamais prendre en considération le fonctionnement du segment dans son ensemble. La plupart des candidats ont tenté de substituer une infinitive en TO à la forme en -ING, mais cette manipulation n’a pas toujours été exploitée ; il ne suffit pas de dire que la substitution est possible, il faut aussi essayer d’expliquer les modifications syntaxiques, sémantiques et pragmatiques qu’elle induit. La valeur de la forme en -ING a parfois été assimilée à celle de la périphrase BE + -ING, ce qui a pu donner lieu à de longs développements hors sujet sur l’aspect BE + -ING. L’insertion du segment en contexte a parfois été complètement négligée ; à l’inverse, certaines démonstrations ont présenté de longues paraphrases du texte, sans analyse proprement linguistique.
A

It is a losing situation : analyse l’infinitif

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Q

Segment 1 : […] hot in the sun, cold in the shade, bright as they climbed, and dark as they had 
sat in the small deserted café-bar, […] (ll. 8-9) Description 
Le segment est le SV had sat, soit le verbe sit à la forme HAD -EN, communément appelée past perfect ou pluperfect, affecté au pronom personnel sujet de 3e personne pluriel they, et suivi du syntagme prépositionnel in the small deserted café-bar, à fonction circonstant de lieu du verbe. Had sat se compose de l’auxiliaire HAVE au prétérit et du participe passé (forme non finie) du verbe lexical sit, de forme irrégulière, sat. La forme encode à la fois un temps, le prétérit, et l’aspect HAVE + -EN. 
L’ensemble fait partie d’une subordonnée introduite par la conjonction as, reliée à la relation prédicative < [It / be] dark > qui s’inscrit dans la continuité de la partie précédente de l’énoncé, the weather was [both hot and cold, bright and] dark. La phrase comporte une autre proposition en as, as they climbed, dans laquelle le verbe est cette fois-ci au prétérit simple, et non en HAD -EN. 
Problématique 
Il s’agira de s’interroger sur le choix de HAD -EN, qui ne semble pas s’imposer : as they climbed, dans une structure mise en parallèle avec la proposition dans laquelle se trouve le segment étudié, est en effet pour sa part au prétérit simple. Pourquoi n’y-t-il pas un prétérit (V-ED) dans ce second groupe verbal ? Quelle est la valeur en contexte de HAD -EN ? 


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Par ailleurs, HAD -EN est une forme passée (-ED) et aspectuelle (HAVE + -EN). On pourra s’interroger sur les valeurs d’antériorité et/ou d’accompli, ainsi éventuellement que sur le rôle de HAVE. La chronologie du texte doit par ailleurs être prise en compte de manière fine pour expliciter ce qui est construit dans le passage.
Analyse
Valeur du prétérit (-ED dans HAD -EN)
Le past perfect est formé d’un temps, le prétérit, et d’un aspect, HAVE + -EN. -EN, opérateur du participe passé, est porté morphologiquement par sit, mais c’est l’ensemble du prédicat sit in the small deserted café-bar qui est marqué comme accompli à un moment de référence, que have permet de situer. Have, au prétérit, est ici l’indice d’une rupture temporelle ; le moment de référence est le moment où a lieu l’épisode décrit, c’est-à-dire la promenade en montagne des deux protagonistes ; l’énoncé étant situé dans le cadre d’une narration au passé, une forme au present perfect est inacceptable. La question est de savoir précisément par rapport à quel procès sit in the small deserted café-bar est accompli et pourquoi il est présenté ainsi.
Chronologie des procès
Deux autres énoncés du texte contribuent à situer le procès dont il est question :
(1) They were seated outside a small restaurant under a vine-covered trellis, a bottle of yellow 
wine on the table between them (ll. 3-4) 

(2) Now they sat after lunch, becalmed, the only two people contemplating these few square 
metres of flat cobbled ground […] (ll. 13-14) 
Ces énoncés ont pour point commun le sujet they, aux référents identiques, et il s’agit de décrire une position assise dans les deux cas. La première prédication de < they / be seated > au prétérit sert de point de repère (ou moment de référence) pour les autres procès, alors que dans l’énoncé (2), l’adverbe now, indexant la situation décrite comme nouveau repère du récit, de son côté replace le curseur sur le repère établi en (1). Le passage de la ligne 9 (bright as they climbed) à la ligne 13 retrace pour sa part le chemin parcouru par les deux protagonistes pour arriver à la terrasse de ce restaurant. On peut donc reconstituer la chronologie des événements de la façon suivante :
They began climbing (implicite) 

They stopped in order to rest (l. 9) 

They sat in the small deserted café-bar, resting (ll. 9-10) 

Mr Neville asked if they could walk a little more (l. 10) 

They set off again, they passed terraced orchards (ll. 10-13) 

They reached the top (l. 11) 

A waiter seated them outside a small restaurant (l. 12) 

They had lunch (l. 12) 

Now they sat after lunch, becalmed (ll. 13-16) 
L’activité de climbing se fait donc par étapes, s’interrompant par moments. Climbed (l. 9) dénote une activité qui ne prend fin que lorsqu’elle atteint un terme : ici, they reached the top (l. 11). Elle reste valable jusqu’à l’arrivée au restaurant, point terminal de l’ascension. Cela justifie le fait que climbed soit au prétérit, et non au past perfect : l’activité n’a pas atteint son terme au moment où les protagonistes s’assoient dans le café désert. En revanche, les procès situés entre le début de 


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l’ascension et le terme de celle-ci sont, quant à eux, marqués par un past perfect : had sat, had asked, had set off, had passed. Le procès /sit in the small deserted café-bar/ est donc antérieur à la situation « actuelle » (now, l. 13) des personnages – le moment où ils sont installés à la terrasse d’un restaurant après leur déjeuner – qui appartient au révolu (T-1).
Antériorité et/ou accompli : temps/aspect (rôle de HAVE)
On peut donc avoir une approche avant tout temporelle du rôle de HAD -EN, en considérant qu’il s’agit d’une translation d’un prétérit, d’un moment qui est construit comme antérieur à un repère lui- même passé. La valeur d’antériorité par rapport à un repère, ici principalement le moment auquel fait référence now they sat after lunch (l. 13), prime. L’action de climbed n’ayant pas atteint son terme au moment où ils s’assoient dans le café désert, il n’est pas agrammatical, mais bien incohérent de dire ?as they had climbed, qui supposerait l’ascension finie au moment où le procès had sat commence.
En revanche, l’action de had sat a atteint son terme au moment où ils sont assis à la terrasse du restaurant. La mention d’une action terminée au moment où une autre commence ouvre alors la piste d’une approche davantage aspectuelle de cette forme. La valeur aspectuelle d’accompli joue alors un rôle central : on peut dire de HAVE dans HAVE + -EN qu’il porte le procès au compte du sujet, que le procès accompli est rapporté au crédit du sujet they.
Had sat vs. sat
Il est à noter par ailleurs que sit dénote bien ici un procès statif : to be in a certain position. De ce fait, il véhicule l’idée d’une certaine durée implicite. L’hypothèse d’un sens statif plutôt que ponctuel est confortée par le co-texte droit : l’adverbiale until Mr Neville had asked suggère que le procès sit a une certaine durée interne. As a ici son sens temporel, et, avec had sat, prend un sens duratif plutôt que ponctuel (« pendant / alors que »).
Si sit était mis au prétérit, comme climb, la succession des deux verbes dans le linéaire pourrait alors indiquer une succession d’actions. Il est cependant à noter que le verbe ne se situe pas dans une succession de propositions juxtaposées ou coordonnées au prétérit, mais bien dans une suite de propositions en as (hot in the sun, cold in the shade, bright as they climbed, and dark as they sat in the small deserted café-bar…), la proposition en as donnant un cadre à < it / be bright ou dark >. Cependant, une succession d’événements serait bien établie, et une interprétation ponctuelle de sat pourrait alors par ailleurs être privilégiée (plus proche, alors, de as they sat down) ; or, dans le texte, sit constitue une étape du procès global défini par climbed, un procès global amorcé avant la pause et repris ensuite.
Remarques sur le traitement du segment 1
Un problème régulièrement observé est le fait que les candidats ont immédiatement associé à la forme une valeur d’antériorité, sans chercher en quoi celle-ci découle de l’interaction des marqueurs, et sans que les co-textes gauche et droite ne soient cités. Des contresens ont été relevés lors de l’application de cette valeur, notamment le fait que had sat marquerait une antériorité par rapport au procès désigné par climbed, ou que le verbe sit désignerait un procès dynamique, alors qu’il prend ici une valeur statique et/ou durative. Par ailleurs, le jury a été surpris de voir que quelques copies ont transformé, lors de l’analyse, sat en sat down, voire en seated. La valeur aspectuelle n’a pas toujours été mentionnée ou testée par des manipulations, et lorsqu’elle l’était, rares sont ceux qui ont expliqué que c’est bien la combinaison de HAVE et du participe passé qui active cette valeur.

A

x

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Q

–I don’t know if I’m going to go to college (48-49)/Maybe I’ll go to college, maybe I won’t (52)
Il s’agira de s’interroger sur la manière dont les deux formes soulignées modifient les RP sur lesquelles elles portent et de justifier en contexte les choix respectifs de l’une et de l’autre. Sont-elles interchangeables ?
Avec BE GOING TO l’énonciateur envisage le sujet comme engagé dans un mouvement vers la validation du prédicat qui suit. Si on décompose pas à pas les différents constituants en les rapportant à l’analyse de notre fait de langue, on peut dire qu’au moyen de cette forme l’énonciateur identifie/représente/envisage (cf. BE) le sujet (I) comme engagé (cf. –ING valeur d’inaccompli/de borne de gauche franchie) dans un mouvement (cf. sémantisme de GO) vers (cf. TO opérateur dévirtualisant/de visée) la validation du prédicat qui suit (go to college). En outre, de par sa forme (contrainte) à l’aspect BE-ING, BE GOING TO permet à l’énonciateur de faire un commentaire sur ce qui précède.
Avec WILL, il ne s’agit plus d’évoquer un processus engagé. WILL peut signifier la volonté du sujet de valider la relation prédicative dans laquelle il s’inscrit, et on parle alors de valeur radicale du

modal. Mais WILL peut également être utilisé pour prédire la validation de la relation prédicative en question, c’est-à-dire pour poser la validation comme certaine pour un repère temporel postérieur au moment de l’énonciation ; c’est la valeur épistémique du modal.
, l’emploi de l’adverbe MAYBE portant sur l’intégralité de la RP aboutit ainsi à une réduction à une alternative simple, l’autre branche de l’alternative, la non- validation, étant posée immédiatement après : maybe I won’t. Un emploi radical de WILL impliquerait la disparition de MAYBE, la suppression de la seconde partie de la proposition et une forme pleine pour le modal, à la forme négative : I will not go to college, mais alors le conflit avec le père serait ouvert, ce qui n’est pas le cas dans notre passage.
Substituer WILL à BE GOING TO dans la première occurrence soulignée (I dont know if I will go to college) aurait permis d’évoquer la validation de < I/go to college > sans l’aspect de processus engagé ;

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1B. … PREPARING OUR LITTLE HOME FOR US. (10)
Ce segment, qui posait un problème sur la phrase complexe, a été moins souvent identifié correctement que le précédent. Beaucoup de candidats l’ont qualifié de gérondif, en oubliant qu’un gérondif, ou plutôt, une proposition gérondive, occupe la place d’un syntagme nominal, manipulation impossible dans cet énoncé (* you have been working your fingers to the bone the preparation of our little home for us). La comparaison avec to prepare our little home for us n’était pas vraiment éclairante, surtout lorsqu’on affirmait que ce nouveau segment indiquait le but en raison de for us. Il est dommage que les candidats qui ont compris qu’il s’agissait d’un participe présent aient souvent omis de dire qu’il figurait dans une proposition subordonnée participiale en fonction de complément circonstanciel (de prime abord, circonstanciel de temps) du verbe work.
Il fallait souligner l’absence de marques de temps et de personne sur le verbe, trait caractéristique d’une forme non conjuguée (ou non finie), sans oublier le caractère verbal du participe présent, dont l’objet (our little home) est ici introduit directement après le verbe, comme pour un gérondif. On devait se poser la question du sujet de cette proposition : il s’agit bien évidemment d’un you (= Joseph) effacé (ou occulté) par coréférence avec le sujet de la proposition principale, et non pas en raison d’une référence générale connue de tous (c’est-à-dire, un PRO arbitraire).
Cette occultation du sujet force la proposition à se lier à un autre constituant syntaxique (on parlera d’enchâssement ou d’intégration syntaxique) : normalement, une proposition sans sujet ne peut pas constituer une phrase. Il s’agit donc d’une proposition subordonnée, et l’on pouvait comparer subordination et coordination (you have been preparing our little home for us and (you have been) working your fingers to the bone), en faisant remarquer que cet ordre inversé semble plus naturel. En optant ici pour la subordination, l’énonciateur se contente de rattacher directement une proposition non- finie à une proposition finie sans expliciter le lien de dépendance entre ces deux propositions.

Peu de candidats ont indiqué que ces deux procès devaient se comprendre comme coextensifs, leurs cadres se superposant. Rares sont ceux qui ont pensé à une valeur causale, pourtant présente dans la conjonction de subordination as, qui peut combiner concomitance et consécution : you have been working your fingers to the bone as you prepared our little home for us.

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she has never wished she were anyone other than herself (l.34)
Description
Dans une proposition au présent perfect (has wished), le segment ! she were anyone other than herself, subordonnée nominale à forme finie du verbe, occupe la position de COD du verbe wish (on a ici, comme plus haut, un grand degré d’intégration ! !).
Problématique
La question qui se pose est double :
- pourquoi le verbe be est-il au prétérit alors qu’il dépend d’une structure verbale au présent (present 
perfect) ? 

- pourquoi n’avons-nous pas was, la forme habituelle du prétérit pour la 3ème personne du singulier ? 
Analyse
Le prétérit : il n’a ici aucune valeur temporelle. Le segment dont il est extrait est au présent (She has the gift of accepting her life; as he comes to know her, he realizes that she has never wished she were anyone other than herself, raised in any other place, in any other way), il ne peut donc pas s’agir d’un renvoi au révolu, la proposition dans laquelle se trouve were étant sous la dépendance de ce présent.
Le verbe wish s’il connote l’expression d’un souhait ne peut devenir déclaratif que lorsqu’il est performatif, c’est-à-dire doté d’un sujet grammatical I et conjugué au présent. Dans ce cas, l’énonciation du vœu équivaut à un dire et à un faire. Ce n’est pas ici le cas et le prétérit ne peut être interprété comme marque de style indirect (prétérit de translation). La valeur du prétérit en contexte ne peut être que modale (déréalisante) : la relation she / be anyone other than herself n’a jamais été actualisée/validée/réalisée. On a ici une valeur d’irréel. 
Were “ was: la possibilité existerait-elle d’avoir : she has never wished she was anyone other than herself ? A première vue, il semble difficile d’envisager cette hypothèse dans la mesure où le sémantisme de be exclut la possibilité d’identifier un sujet grammatical avec qui que ce soit d’autre que lui-même. C’est d’ailleurs semble-t- il pour cette raison que be est le seul verbe à posséder une forme spécifique de construction du déréalisant. Toutes les autres éventualités de mise en relation d’un sujet et d’un prédicat, si irréelles puissent-elles paraître, peuvent toujours être validées. Seul le « changement d’être » est absolument impossible. 
Il s’agit ici justement de montrer que la possibilité de validation de la relation entre le prédicat et le sujet est encore plus éloignée : avec were une frontière supplémentaire est franchie (were est un ancien subjonctif). Cependant, comme l’ont fait remarquer bon nombre de candidats, les énoncés de type wish-was sont légion en anglais contemporain (You can only imagine the quiet gratification. Buckner has probably known too many hours in which he might have wished he was anyone but him. http://pologrounds.crimsonzine.com/20020802- 1214.html), etc. 


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6
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b/ It was the immediacy, the being out of time Points plus particulièrement attendus par le jury:
• identification du segment 

• nature : nominale. the N/the fact that 

• fonctionnement : BE verbe d’état/statut de out of time 

• degré de nominalisation. Comparaison avec Ø being out of time 

• Etiquetage : discussion nom verbal ? gérondif ? 

• détermination: the 

• Lien avec autre sujet the immediacy 

• prise en compte de la clivée (focalisation)
Une bonification supplémentaire a été accordée lorsque des comparaisons ont été faites avec d’autres formes V-ING du texte et le type de procès (compact) a été commenté. 
Pistes de réflexion 
1) Description 
Le segment souligné est composé des éléments suivants :
déterminant the + V-ING (BE verbe d’état) + préposition complexe OUT OF + N (time)
Ce segment apparaît dans une phrase clivée ; la suite the being out of time est un des deux sujets syntaxiques du verbe principal made. La phrase peut être réécrite de la façon suivante : the immediacy, the being out of time made me understand how worlds were lost to sustain it 
2) Problématique : Rôle de –ING, degré de nominalisation : gérondif ou nom verbal ? 
3) Analyse 
Plusieurs degrés de nominalisation peuvent être distingués avec la construction V-ING, selon une échelle qui va du plus nominal, avec la lexicalisation, la formation d’une unité discrète (railing l. 50) au plus verbal avec le participe présent (I was eating a sandwich l.1), en passant par le nom verbal et le gérondif. Nous allons nous demander si the being out of time correspond à un nom verbal ou un gérondif. 
Nous reprendrons pour commencer la distinction faite par Lees21 entre nominalisation d’action, «action nominals», ce qui correspond au nom verbal, et nominalisation factive, «factive nominals », ce qui correspond au gérondif. Dans le cas des « action nominals », nous trouvons des verbes de processus qui renvoient à une activité, une action, comme cela est le cas avec : the averting of eyes (l. 6) ; this silent staring (l. 6) ; The waiting (l. 18); The ending of it (l. 28), mais pas avec being qui est un verbe d’état. Pour les « factive nominals », l’énoncé peut être glosé par « the fact that », glose qui est acceptable pour l’énoncé étudié : « The fact that I was out of time ». Les deux interprétations, gérondif ou non verbal, semblent alors pouvoir être défendues. La présence du déterminant the nous amène toutefois à conclure que la forme étudiée est un nom verbal, ce qui ne serait pas le cas avec being sans déterminant : Ø Being out of time made me understand how worlds were lost to sustain it. 
Il n’y a cependant pas de création lexicale, pas de formation d’une unité discrète, mais formation en discours. Le prédicat est compact, ce qui est le cas du premier sujet syntaxique (the immediacy, mot dérivé formé sur la base adjectivale immediate). Il y a fléchage d’une notion par rapport à une autre. On retrouve la valeur de propriété acquise, d’occurrence portée par la forme en –ING et la valeur de la prédication d’existence préalable indispensable avec the, dans un contexte explicatif, de reformulation, de reprise (de la notion de temps) pour effectuer des commentaires. La clivée place les deux prédicats nominalisés en position focale,

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7
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a/ he saw me sitting there.
Le contexte doit être pris en compte : here est jugé possible à la place de there sans tenir compte du contexte particulier. De nombreuses copies oublient d’évoquer le sens des énoncés considérés. Les candidats se privent ainsi d’une partie importante de leurs démonstrations. Par exemple on trouve dans une copie : « ces deux propositions ne se trouvent pas sur le même plan, sinon elles auraient pu être coordonnées (he saw me and I was sitting there) ». Il est dommage que le candidat ne se demande pas quel est le sens de l’imbrication qu’il vient de souligner. Car c’est justement là le point fondamental de la démonstration : le procès sit there est imbriqué sous une forme non-finie et non pas mis en place dans une proposition indépendante. Précisément parce que le sens de la phrase est « quand il entra, il me vit (et il se trouve que j’étais assise), c’est pour ça qu’il s’arrêta soudain ». La valeur causale de la proposition que certains ont décrite comme temporelle (à cause du when, qui peut exprimer la consécution, l’hypothèse, etc. et non la seule temporalité) est liée à la confrontation entre les deux personnages et non à la station assise. C’est ce focus argumentatif qui élimine les solutions verbales comme He saw me sit there (où there serait focalisé, dans un contexte de type, « je n’avais pas le droit d’être assise là, j’ai voulu me lever mais il a vu que je m’étais assise sur son fauteuil ») ou He saw that I was sitting there (idem avec focus sur sit par contraste avec un autre procès : au lieu d’être en train de travailler ; même si there apporte la même valeur focalisant le lieu). Nous n’avons trouvé que peu de copies remarquant que le poids argumentatif portait sur me et non sur sitting. L’imbrication permet au contraire de ne pas focaliser le procès mais d’en faire un circonstant proche d’un statut adjectival. Le passage par le français permettait une glose montrant que « assis » possèderait ici un tel statut adjectival et non verbal (plutôt adjectif que participe passé) : c’était éventuellement l’occasion de remarques contrastives entre sitting/seated vs « assis ». Ces remarques sont de bons sens et ne requièrent pas de savoir préalable particulièrement technique, juste une bonne intuition de la langue.

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8
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Segment 2 : I found it quite offensive and it may well have been the urge to demonstrate…(l.55)

Cette fois nous avons affaire à un groupe verbal, composé de l’auxiliaire de modalité may au temps présent, de l’adverbe de modalité assertive well, et de l’auxiliaire non fini have suivi du participe passé du verbe copule be. Trois problèmes se dégagent assez facilement de cet ensemble et la plupart des candidats les ont correctement identifiés : la valeur de may, sa relation avec well, et l’articulation entre le temps présent du modal et l’aspect ‘parfait’ portant sur le verbe. C’est ensuite dans le traitement de ces questions que des difficultés sont apparues.
Si la grande majorité des candidats a su identifier correctement la valeur dite « épistémique » de l’auxiliaire may en l’associant à une « équi-possibilité » - It may have been the urge to demonstrate… or it may not have been the urge to demonstrate… -
Comme l’a montré il y a plus de 20 ans Antoine Culioli, bien a une valeur concessive : « ils achèvent bien les chevaux » est équivalent à « je vous concède qu’il est néanmoins vrai qu’ils achèvent les chevaux ». Well, comme bien, est présupposant et concessif : il permet de positionner la validation par rapport à un co-texte en amont, vraisemblablement négatif (there is a chance that is was not the urge to demonstrate this that caused me to set off…), en validant la valeur positive du binôme P/P’ (did/did not).

Avec well, l’épistémicité est feinte : l’énonciateur suggère une explication. C
Il y a valeur épistémique du modal en tant que le jugement de l’énonciateur sur le contenu propositionnel résulte d’une inférence. »

C’était non seulement oublier que seul le premier élément d’un syntagme verbal peut être porteur de la marque de temps, mais c’est aussi passer à côté de deux aspects majeurs de l’analyse de ce segment : le rôle de ‘filtre’ de la modalité joué ici par have –en, et la valeur de repérage temporel qu’il apporte au verbe principal.
le marqueur d’aspect (tout comme be –ing d’ailleurs) ‘bloque’ la valeur radicale et ne laisse subsister que l’épistémique. Par ailleurs, il fallait absolument différencier ici la prise de position de l’énonciateur à T0, et l’événement sur lequel elle portait, qui se situe à T-1. Dans ce contexte, trop peu de candidats ont eu l’idée de regarder le contexte gauche, où l’on trouve It occurs to me now that the man might just possibly have meant this in a humorous sort of way ; that is to say, he intended it as a bantering remark. L’étude du contexte permettait d’établir facilement qu’il s’agissait de prendre position au présent sur un fait passé : It was/was not the urge to demonstrate how foolish…that caused me to set off…

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9
Q

They must have some important personage tonight. Étaient plus particulièrement attendus :
• description linéaire du souligné. Cadre énonciatif (discours direct) ; 

• étiquetage ; 

• questionnement sur must et have ; 

• analyse de have + complémentation ; 

• modal : sens, temps ; 

• fonctionnement du modal en contexte ; 

• accentuation ; 

• manipulation avec verbe seul ou must be having ou autre modal. 
Pistes de réflexion 
Cet énoncé au discours direct est prononcé par Eva et peut être adressé à Arvo — ou n’être qu’une réflexion à haute voix. La proforme (le pronom) they est anaphorique du nom propre Mannerheim, désignant un restaurant et, par métonymie, de son équipe dirigeante et de son personnel.
Le groupe verbal souligné comporte deux éléments : le modal must et le verbe have.
La relation prédicative constitutive de la phrase (dictum [Lapaire et Rotgé, Linguistique et Grammaire de l’anglais, PUM, 1991]) est : < they/ have some important personage tonight >. Cette relation est constituée mais non encore repérée par rapport à une situation dans laquelle elle se verrait validée. 
Comme nous venons de le voir, elle pose, en fonction de sujet, la proforme anaphorique personnelle they et en prédicat . Nous étudierons tout d’abord la nature du prédicat avant que d’analyser le modal (modus) must. 
Le prédicat est composé du verbe have suivi de sa complémentation directe some important personage. La nature du complément conditionne ici le sens du verbe have. En effet, le GN complément renvoie à un animé humain, qui, à ce titre, ne peut compléter un verbe have dans son sens premier « posséder ». Have n’a pas en contexte de fonction abstraite « opérateur » de localisation et est verbe lexical (possédant toutefois lui aussi les sèmes de la localisation) ; son sémantisme est défini par la nature de sa complémentation. Nous pourrions le gloser par entertain, par exemple. 
 Notons que s’il admet un COD, il n’en est pas pour autant transitif au sens strict du terme dans la mesure où, si la passivation est grammaticalement possible, elle est sémantiquement impossible car elle conduirait à un changement de sens manifeste : some important personage must be had tonight. 
Have + complément sont donc ici indissociables sémantiquement, le complément étant une recharge sémantique (semantic filler) du verbe.
Ce prédicat est mis en relation avec le sujet they par l’énonciateur, sans conjugaison : la relation prédicative n’est pas validée. L’absence de temps sur le prédicat (infinitif, forme non finie) manifeste que la soudure prédicationnelle n’est pas effective. 

Le modal must.
Le modal must présente une caractéristique formelle que ne partagent pas les autres modaux. Il a une seule forme, une forme de passé, qui peut aussi bien signifier un « devoir » énoncé au moment présent d’une énonciation directe qu’à un moment décroché du présent.
Il vient de l’ancien anglais (O.E.) moste, prétérit de mote, was able or permitted to [Onions, 598].
Nous étudierons successivement la valeur temporelle de must, son fonctionnement, et le rapport qu’il crée entre les termes qu’il relie.
En discours direct, suivi d’un prédicat infinitif, must prend régulièrement la valeur temporelle associée au repère énonciatif, le présent (ici, le repère est tonight). S’il y a décrochement, il est le plus souvent stylistique et associé à un autre repère énonciatif translaté par l’énonciateur dans le moment de l’énonciation (discours indirect) ou par le narrateur dans le moment du récit, par le biais d’une focalisation interne (ou du discours indirect libre).
La valeur de présent est ici manifeste : les paroles sont ancrées dans le temps de l’événement par le biais du verbe remarked, et l’adverbe tonight inscrit l’énoncé dans la situation (sit. 0), ce qui est confirmé par la présence de guillemets. En l’absence de guillemets et d’adverbe, la phrase aurait pu être comprise comme relevant du style indirect et must aurait alors pris une valeur de prétérit de translation.
Cette valeur de présent est d’autant plus évidente que le commentaire posé par l’énonciateur est spontané et concomitant d’un mouvement inscrivant une rupture dans la continuité diégétique (long silence / prise de parole).
Quelle valeur a must en contexte ? Est-il utilisé pour quantifier les chances de validation de la relation prédicative — évaluer sa valeur de vérité potentielle — ou pour exprimer une relation intersubjective forte entre énonciateur et référent du sujet grammatical ?
En utilisant un modal, extérieur à la relation prédicative, l’énonciateur prend position vis-à-vis du dictum. Le modal peut également adopter un fonctionnement épistémique ou non- épistémique que seul le contexte permet de déterminer.
Il semble que nous puissions d’emblée écarter la valeur déontique (radicale, non-épistémique, modalité de rang 4) dans la mesure où il n’existe a priori aucune relation dominant-dominé entre les trois tenants de la situationd’énonciation : locuteur Eva, interlocuteur Arvo et délocuté they. La relation, si tel était le cas, n’irait pas de soi, et must marquerait une non- congruence entre sujet et prédicat, le sujet étant dominé par l’énonciateur et contraint de mettre en œuvre le programme sémantique du verbe.
Must adopte ici un fonctionnement épistémique (modalité de rang 2) et son sémantisme premier de devoir permet à Eva de quantifier les chances de validation de la relation prédicative, qu’elle pose comme étant très fortes, tangentes au domaine du certain (glose : S / P is undoubtedly true). Les indices contextuels la conduisent à formuler un commentaire équivalant à une quasi-affirmation, laissant peu de place au doute.
Selon l’énonciateur, la relation a toutes les chances d’être validée et le rapport qu’il instaure est marqué par une forte congruence (idée de nécessité logique). L’utilisation d’un autre modal à valeur épistémique, may ou might, aurait installé le doute et une quantification médiane (may) ou faible (might) des chances de validation de la relation prédicative.

Une prédication d’existence, comme une assertion non modalisée, auraient levé le doute : there is some important personage tonight / they have some important personage tonight.
Contrairement à must déontique qui s’oralise habituellement en forme faible, must épistémique a généralement une réalisation en forme pleine. Have, quant à lui, peut être en forme pleine ou réduite.
Les paroles d’Eva, contrairement à celles d’Arvo, sont marquées par leur caractère assertif tout au long du passage et l’utilisation du modal must vient renforcer la caractérisation du personnage et sa détermination à valider, là où Arvo procède par hypothèses (30), négations (25) ou questionnement (27, 33).

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10
Q

I might look like a robber baron to you, but thatřs only because you have sawdust for brains.ŗ

Description
Il sřagit de lřauxiliaire de modalité may à la forme désactualisée, suivi du verbe look [à lřintérieur dřune proposition coordonnée à la proposition suivante par la conjonction de coordination à valeur adversative but.]
La partie entre crochets n‟est pas exigible à ce stade (seule la description du segment souligné est attendue) mais elle devra de toute façon apparaître dans la suite de l‟analyse. En même temps, intégrer cette donnée à la description montre que l‟on va au delà d‟une « simple » description.
Problématique
Choix et valeur du modal en contexte
Analyse
Choix may / might Le choix de Might de préférence à May nřest pas de nature temporelle. Il nřy a pas de discours indirect (libre ou non) ou de concordance des temps à prendre en considération. May est tout à fait utilisable ici. On a affaire à un jugement présent sur une réalité présente.
Valeur de might La valeur générale de Might est épistémique : il y a calcul des chances de réalisation du procès I / look like a robber baron. Mais la valeur de might est loin de se limiter à cela. En effet, il faut remarquer dès à présent que lřénonciateur présente son discours comme étant la représentation du réel effectuée par you, ce que suggère la présence de to you. Lřinterprétation I / be a robber baron semble valorisée (on aurait en français Il se peut bien que).

Nous sommes dans une structure concessive, régulièrement fondée sur une accentuation / mise en flottement de la protase, au profit de lřapodose, qui se donne au final comme réalité unique englobante : You have sawdust for brains. Might intègre la valorisation / dévalorisation du contenu qui suit et se donne comme oscillation contrôlée du discours.
En contexte concessif, May est tout à fait possible ici, Can est très difficile à imaginer

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11
Q

He is raising a din of clanking pots and clumsy feet, so loud that you figure he must be doing it on purpose (ll.56-57)
Le troisième segment à analyser était une séquence de verbes, composée de l’auxiliaire de modalité must, de l’auxiliaire be suivi par la forme en –ing du verbe plein do. Complété par l’objet direct it et le circonstant on purpose, le segment forme le syntagme verbale de la subordonnée he must be doing it on purpose.
revenir au texte afin de justifier une telle interprétation. Or il fallait souligner la présence du verbe figure indiquant un processus de raisonnement (la valeur épistémique est souvent qualifiée de « déductive »). En outre il était important de voir que doing it est anaphorique pour he is raising a din of clanking pots and clumsy feet qui a été asserté dans le contexte précédent. Ce processus en cours est donc acquis et le jugement modal porte en fait uniquement sur le circonstant de but on purpose.

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12
Q

Has it occurred to you that you may not really be insomniac? (l. 40)

Dans la description, il suffisait d’indiquer qu’il s’agit d’un syntagme verbal (ou «séquence ver- bale», puisqu’il ne s’agit en fait pas d’un constituant), composé(e) de may, auxiliaire modal qui ex- prime la possibilité, et du verbe lexical be. Un adverbe (really) s’intercale entre l’auxiliaire et le verbe lexical. Il est lui-même précédé de l’adverbe de négation not. L’auxiliaire est conjugué, le verbe lexical ne l’est pas (c’est un infinitif). May est au présent.

Pour commenter la valeur épistémique on pouvait également souligner que le modal porte sur toute la relation /you — not really be insomniac/ : on estime le degré d’adéquation de cette relation avec l’extra-linguistique. En outre, le procès dit par be insomniac est statique : il est invariant, on ne se représente pas de bornes de début ni de fin, et le sujet est animé humain mais n’est pas vu comme contrôlant le procès. Or les états sont plus compati- bles avec la modalité épistémique qu’avec la modalité radicale,
La négation quant à elle porte sur le verbe lexical et non sur l’auxiliaire. La paraphrase it’s pos- sible that you are not really insomniac (par opposition à it’s impossible that you are insomniac) montre que le possible est positif, que c’est really be insomniac qui est nié. Cela dit on peut se demander si not porte sur really ou sur be insomniac : « vous êtes insomniaque mais pas vraiment » ou « vous n’êtes pas vraiment insomniaque ». Au final cela ne change pas grand-chose à ce qui est communi- qué, car really est un adverbe qui ne commente pas la relation mais l’intensifie.

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13
Q

Rob thought he might get hold of England Trembles, and judge for himself. (l. 18-19)

Dans l’énoncé ci-dessus est souligné l’auxiliaire modal MAY au prétérit (-ED). Il est suivi du verbe lexical get à l’infinitif qui fait partie du prédicat get hold of England Trembles, coordonné par and à un second prédicat, judge for himself. Le sujet du groupe verbal est le pronom de 3e personne du singulier he, co-référentiel avec Rob. 
La problématique porte sur la valeur du prétérit, le type de modalité, ainsi que sur le choix et la valeur du modal en contexte. 

Le prétérit signale une rupture par rapport au moment d’énonciation : le procès /get hold of England Trembles, and judge for himself/ n’est pas considéré comme existant à ce moment-là. Le décrochage peut être d’ordre temporel, d’ordre énonciatif ou se faire par rapport au réel. 
La proposition comportant might est une subordonnée nominale, COD du verbe thought, verbe qui introduit les pensées de Rob. L’énoncé he might get hold of England Trembles, and judge for himself exprime donc des pensées rapportées. Cela suggère dans un premier temps que le prétérit est un prétérit de translation / d’ajustement syntaxique (considéré également comme un prétérit chronologique) qui marque une rupture par rapport à l’énonciation, en d’autres termes ici à la pensée originelle de Rob.
Le prétérit porté par le modal MAY est donc un prétérit irréel / modal qui signale un décrochage par rapport au réel (voir la manipulation avec may inacceptable en contexte). 
La valeur du prétérit élucidée, il s’agit de mettre en évidence le choix et la valeur du modal, ainsi que le type de modalité. 
MAY est un modal qui apparaît dans des contextes de non congruence entre le sujet et le prédicat, ici < he – get hold of England Trembles, and judge for himself >. La non congruence provient de la situation :
MAY, modal du possible, est souvent considéré comme le modal de l’équipossibilité. Il exprime une possibilité subjective, ce qui justifie en partie le fait que le modal CAN n’ait pas été utilisé : avec could, la relation entre le sujet et le prédicat ne serait pas vue comme problématique, mais comme naturelle, allant de soi, ce qui ne convient pas dans le contexte.
Dans son emploi radical, la possibilité exprimée par MAY prend souvent la valeur de permission tandis que dans son emploi épistémique, la possibilité s’apparente à une évaluation des chances d’actualisation du procès.
Might est ici la trace d’une relation intersubjective entre l’énonciateur et le référent du sujet he, qui n’est autre que Rob lui-même. En effet, on obtient I might get hold of England Trembles […] si l’on repasse aux pensées originelles de Rob. La possibilité exprimée par might est celle que l’énonciateur s’accorde, ce qui prend ici le sens d’une suggestion, auquel cas l’emploi de might s’apparente à un emploi radical. Might véhicule alors un sens voisin de should : I should get hold of England Trembles, and judge for myself. En français, on pourrait dire : « Je me propose de me procurer England Trembles ».
Cet effet de sens de suggestion, appelé aussi valeur directive, est construit par l’interaction entre la valeur du modal MAY et la valeur du prétérit irréel. Ce dernier permet ici à l’énonciateur de se faire moins assertif : il prend du recul par rapport à son assertion.
Le prétérit irréel indique que la rupture se fait par rapport à l’assertion. On parle parfois de tentative use ou de prétérit d’atténuation.

Le sens de doute véhiculé par might est dû au fait qu’il y a toujours dans might quelque chose du sens de « peut-être », de l’éventualité. En effet, MAY exprimant l’équipossibilité, il y a en sous- jacence l’idée qu’on prend en compte les deux scénarios possibles, le scénario positif mais aussi le scénario négatif :
Ainsi, might, en raison de la distance dénotée par le prétérit, exprime une certaine réticence (en raison des circonstances) quant à la possibilité que s’accorde le référent du sujet.

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14
Q

You haven’t been speaking to me, l. 82
Description : Ce groupe verbal comporte une double marque d’aspect :
- l’auxiliaire have, au présent, est suivi d’un participe passé, ce qui constitue l’aspect have + -en, ou perfect ;
- le verbe speak est à l’aspect be + -ing (auxiliaire be, ici au participe passé, suivi du verbe lexical à la forme en -ing)

enfin la négation not, portée par l’auxiliaire have, est à sa forme contractée.
Analyse :
À la différence de ce que l’on constate souvent avec le double aspect, cette forme n’est pas accompagnée d’un complément de durée en for ou since, tel que You haven’t been speaking to me for a while.
Quelle que soit l’interprétation, on constate que la négation, bien qu’elle soit accrochée à l’auxiliaire have, porte sur le prédicat speak to me. Par cette opération seconde de négation, l’énonciateur réfère à un procès qui n’existe pas (< you – not speak to me >)

Mais bien qu’il soit toujours d’actualité, il est difficile de parler de procès conçu comme étant en déroulement : un état ne se déroule pas. D’ailleurs, BE + -ING est difficilement compatible avec les états, mais plus fréquent avec les activités, et donc avec des sujets agentifs.
BE + -ING permet ici de centrer l’attention sur le référent du sujet you, et rend sensible la présence de l’énonciateur dans l’énoncé. Il contribue à attribuer à Madeleine, référent de you, une forme d’intentionnalité dans la non-activité < you – (not) speak to me >.
L’énoncé pourrait être glosé par : « tu ne veux pas / tu refuses de m’adresser la parole / de me parler de ta vie », ce que confirme le contraste avec une forme sans BE+-ING: You haven’t spoken to me. L
De plus, BE + -ING indiquant que l’événement est vu par le filtre de l’énonciateur, il permet à celui-ci d’exprimer un commentaire sur l’événement :
ar la forme BE + -ING]. En ce sens, on peut parler de « valeur modale » de BE + -ING dans cet énoncé.
L’aspect HAVE + -EN, quant à lui, permet de faire le lien entre deux moments temporels distincts : le moment d’énonciation, conçu comme le moment de référence, et un moment révolu situé à M-1 (non précisé) par rapport au moment d’énonciation.
Quoi qu’il en soit, le prédicat, qui porte la marque du participe passé (accrochée au verbe speak), indique une antériorité temporelle (caractéristique du participe passé -EN) : le procès a eu lieu ou commencé en amont du présent de l’énonciation. HAVE au présent, opérateur de localisation, localise le prédicat porteur de l’antériorité temporelle par rapport au sujet you dans le présent, au moment d’énonciation. En d’autres termes, ce qui prime avec le present perfect, c’est le moment repère, à savoir la situation présente et non le moment du passé où l’état était vrai : rattacher cet état passé au moment d’énonciation signifie qu’il est important dans ce présent. C’est bien le cas ici : l’énonciateur, Mitchell, évoque le passé pour en constater les répercussions / le résultat au moment d’énonciation.
Le present perfect a donc ici une valeur résultative. Faute de complément de durée, le bilan indiqué par le perfect devient qualitatif, et décrit un état résultant :
Ainsi, le double aspect, combiné au temps grammatical du présent, indique qu’une non-activité, dont le sujet est présenté comme responsable (valeur de BE + -ING), a une répercussion (valeur de HAVE + -EN) au moment d’énonciation (now : valeur du temps présent, qui renvoie au moment du dialogue), que cet état soit conçu comme terminé ou non. L’ensemble contribue ainsi à véhiculer une valeur de reproche.

Exemple de bonne copie – segment 1 (note de 3/3)
Ce segment est composé d’une proposition subordonnée introduite par la conjonction « that ». Cette proposition comprend les verbes « fall » et « marry », dont le sujet est « she » et auxquels l’adverbe « never » donne une polarité négative : < she – fall in love and marry > est rejeté. La proposition a pour fonction d’être le sujet de « was » dans la proposition principale. Or, les propositions sujet font souvent l’objet d’une extraposition.
Nous nous interrogerons donc sur les choix qui motivent le fait d’avoir laissé la proposition en début de phrase, et sur l’effet de sens véhiculé par cette tournure.
L’ordre canonique de la présentation des informations en anglais place le sujet en tête de phrase. Cependant, le principe du « end weight » veut aussi que les composants les plus lourds syntaxiquement soient déplacés en fin de phrase. Ainsi, il n’est pas rare qu’une proposition sujet soit déplacée en fin de phrase, la position syntaxique du sujet étant alors occupée par un « it » explétif (non-référentiel). Par exemple : « That he should be late is strange » devient « It is strange that he should be late ».
Dans le cas présent, une extraposition du sujet serait cependant maladroite : ?? « It was yet another indication, in a morning teeming with them, of just how screwed up she was in matters of the heart that she should never fall in love with Mitchell and marry him, precisely because of this eligibility ». En effet, la phrase dans son ensemble est assez lourde (elle contient par exemple deux compléments circonstanciels), ce qui ne facilite pas le réagencement des informations et le fait de modifier l’ordre canonique de présentation de l’information. De plus, le « it » placé ainsi en début de phrase semble être référentiel, de telle sorte qu’il renverrait à un élément du co-texte gauche ou du contexte. La position de la proposition en début de phrase est donc le résultat d’une contrainte.
Cependant, loin de n’être que forcée, cette position participe également à la construction du sens du propos. Tout d’abord, l’unité thématique du passage est conservée puisque le co-texte gauche fait directement référence aux qualités de Mitchell et au fait que ce soit l’homme dont elle devrait normalement tomber amoureuse. La proposition placée en début de phrase donne cependant un effet de contraste. En effet, les verbes « fall (in love) » et « marry » sont directement repris du co- texte gauche, mais associés à la négation « never ». Ainsi, bien que la reprise des verbes semble faire de l’information de la proposition sujet un contenu informationnel plus ancien (typiquement compatible avec la valeur de thème, soit d’information plus ancienne dont on dit quelque chose de nouveau, du sujet), la position initiale contribue également à renforcer la polarité négative grâce au « narrow focus » (soit la focalisation d’une donnée nouvelle en tête de phrase).

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Q

the curtains had to be kept closed because of all the photographers in the parking lot (ll. 27-8)
Description :
Le segment souligné est une forme verbale auxiliée, dans laquelle la forme modale périphrastique (ou semi-auxiliaire) HAVE TO porte la marque -ED du prétérit.
Le verbe lexical HAVE est suivi de la particule infinitive (ou opérateur verbal) TO associée à un infinitif passif, be kept. Ce dernier est composé de l’auxiliaire (ce n’est pas un verbe lexical ici) BE à l’infinitif (ou à la base verbale) et du verbe lexical keep qui porte la marque -EN du participe passé.
Cette partie de prédicat est suivie à droite par un participe passé adjectival (closed). Le sujet est le GN The curtains dont le référent est non animé (ou inanimé).
Problématique :
Elle est triple. On s’interrogera à la fois sur :
- la diathèse (tournure ou voix) passive dont on devra expliquer la construction et justifier la motivation.
- la modalité dont on devra expliquer le fonctionnement et justifier le choix à la lumière
de la tournure passive, et l’effet de sens. - la valeur du prétérit.
Analyse :
1) Diathèse / voix passive Fonctionnement
Si on considère le passif comme une forme de réagencement (/réorganisation) des constituants de la phrase active, l’ordre des mots diffère de celui de l’ordre canonique sujet-verbe- objet (SVO).
Dans la structure passive, le sujet syntaxique/grammatical ne dénote pas le sujet sémantiquement agent. En effet, le référent du sujet the curtains n’est pas agent (sujet actif) du procès /keep closed/, il est considéré comme le « patient » (sujet « passif »).
Le statut de « patient » (non agent) de ce sujet est marqué sur la forme verbale par la présence de l’opérateur BE (ici auxiliaire) qui dénote l’accès à l’existence, et -EN qui dénote un résultat (ici les rideaux maintenus fermés).
Une tournure à l’actif serait grammaticalement acceptable mais peu pertinente ici au niveau pragmatique (ou discursif) : People/Hamilton had to keep the curtains closed because of all the photographers in the parking lot. On retrouve le rôle de chaque constituant :
- the curtains est objet syntaxique de keep (et non pas sujet), et correspond au patient. 

- People / Hamilton, sujet syntaxique, correspond à l’agent du procès.
Bien qu’aucun agent ne soit mentionné dans l’énoncé, il s’agit d’un passif d’action car un agent est nécessaire pour actualiser le procès keep the curtains closed. 
Motivation 
Le choix du passif s’explique par une volonté de thématiser le patient, en faire le premier terme de la construction, parce qu’il représente le « topique ». C’est donc un choix énonciatif, le choix que fait l’énonciateur lors de la construction de son énoncé. 

Par volonté de continuité / cohésion discursive, le thème préalablement mis en place est donc choisi comme terme de départ de la phrase : le sujet syntaxique the curtains. 
Son statut de sujet non agent entraîne cette structure passive. 

Le passif permet ainsi de ne pas mentionner l’agent, inconnu mais aussi peu pertinent dans ce contexte car évident. 


2) Had to
La périphrase modale HAVE TO appartient au domaine de la nécessité et fonctionne de la manière suivante :
Valeur de TO
TO est un opérateur verbal de visée / dévirtualisation. Il présente la relation prédicative comme validable mais pas encore validée / le procès comme actualisable mais pas effectivement réalisé. Ici le fait, pour les rideaux, d’être maintenus fermés était vu comme étant à faire, donc comme n’étant pas encore réalisé ; on se situe donc en amont de l’actualisation du procès.
Valeur de HAVE
HAVE a ici un fonctionnement syntaxique de verbe lexical (et non d’auxiliaire) car il est suivi d’un infinitif en TO.
HAVE est un opérateur de localisation. Il localise un événement (ou activité) à venir (la proposition infinitive to be kept closed) par rapport à la sphère du sujet the curtains.
Cet événement (ou activité) étant affecté au sujet (par le biais de HAVE), cela s’interprète comme une obligation.
De plus, HAVE TO signale une relation non congruente (= présentée comme problématique) entre le sujet (the curtains) et son prédicat (be kept closed). La non congruence de ce procès (ou situation) est explicitée par l’emploi de la conjonction though qui lui oppose une situation congrue (the windows were indeed open, l. 27) entraînant logiquement des rideaux ouverts. C’est une modalité de non congruence : la validation du procès be kept closed est conçue comme n’allant pas de soi.
Ainsi, HAVE TO véhicule une idée de contrainte, d’obligation : ici, le maintien des rideaux fermés était obligatoire. Cette modalité a un fonctionnement (/ une valeur) radical, qui met en relation le sujet (the curtains) et son prédicat (be kept closed) de manière contrainte : elle a donc une valeur déontique.
Choix de HAVE TO
La contrainte étant localisée (HAVE TO) sur le sujet, cela s’interprète comme une obligation extérieure (/autre que) au sujet agent du procès à valider. En effet, avec la tournure passive, le référent du sujet syntaxique (the curtains) est un inanimé : il est donc difficile d’exercer, en quelque sorte, une forme de pression sur lui.
3) Valeur de -ED
Le prétérit signale que le procès (ici la nécessité) n’est pas considéré comme existant au moment de l’énonciation. -ED marque un décrochage / distanciation / décalage / rupture.
L’emploi du prétérit est motivé par un phénomène de décrochage : un décrochage par rapport au réel (prétérit irréel / modal) ; un décrochage par rapport à l’énonciation originelle (translation) mais il n’y a pas ici de mise au discours indirect, on se situe dans la narration.
C’est la troisième valeur de décrochage qui s’applique ici: un décrochage chronologique / temporel ; le prétérit renvoie à du révolu.
La contrainte est située dans le passé (au moment où Hamilton séjourne dans le motel), qui se calcule / définit en décalage / décrochage chronologique par rapport au moment origine de la narration.

Cette actualisation du procès à un moment révolu, antérieur au moment de la narration, exclut l’emploi de tout modal, a fortiori du modal MUST. En effet, d’une part un modal situe le procès dans le virtuel, et d’autre part MUST ne possède pas de forme prétérite qui permettrait d’indiquer une obligation (ou contrainte) révolue. On a donc recours à l’expression de modalité HAVE TO au prétérit.

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16
Q

They have been seeing each other for a few weeks now.
1. Description linéaire
[auxiliaire have + be-EN] + V-ing
2. Problème posé
Seul seeing est souligné, ce qui invite à étudier le verbe en tant que tel avant de s’intéresser à –ing.Fonctionnement syntaxique et sémantique du verbe see ; fonctionnement de –ing.
3. Analyse
 Fonctionnement sémantique du verbe see
See est un verbe de perception involontaire qui implique un fonctionnement particulier de ses arguments au niveau sémantique. La perception n’étant pas un acte volontaire du sujet, le sujet a un rôle sémantique d’expérient (qui reçoit une information véhiculée par les sens et fait l’expérience de la vision), d’où l’affinité de ces verbes avec le modal can qui marque une propriété du sujet. L’argument COD est, quant à lui, l’élément qui déclenche le processus de perception sensorielle et il est étiqueté stimulus.
 Présence de –ing
La flexion –ing portée par le verbe see appartient à l’aspect be V-ing.
La structure du groupe verbal associe l’aspect have V-EN au présent et l’aspect be V-ing au participe passé : Havepst Be-EN V-ing.
Cette structure verbale est associée à un complément circonstanciel de durée, for a few weeks, qui implique que l’action à laquelle renvoie see a commencé quelques semaines auparavant et dure toujours au moment de l’énonciation.
Pour mémoire, V-EN dans have V-EN marque l’antériorité et l’accompli passé alors que have au présent localise cet accompli dans le sujet grammatical they au moment de l’énonciation de la phrase.
L’accompli représenté par V-EN est : been seeing each other.

Cet accompli intègre l’aspect be V-ing au participe passé. Il est donc porteur de commentaire et par nature anaphorique.
 Le conflit see / be V-ing
Un verbe de perception involontaire rend compte d’une perception ponctuelle, qui s’impose au sujet, et qui ne comporte aucune durée. Cette perception ne peut donc être saisie à un moment quelconque de son déroulement (action in progress) et encore moins être reprendre un phénomène identique par anaphore.
Un verbe de perception involontaire n’est donc pas compatible avec l’aspect be V-ing.  La résolution du conflit
La présence de be V-ing va alors souligner une mutation sémantique du verbe de perception en verbe d’action. See prend en contexte le sens de date, have a romantic relation with someone. Il peut, dans d’autres contextes en avoir d’autres : raccompagner, rendre visite, avoir des visions…
La durée de la relation existante est évoquée par le complément circonstanciel.
Be V-ing provoque donc la mutation sémantique d’un verbe ponctuel en verbe duratif mais aussi une mutation des rôles sémantiques de ses arguments : le sujet devient agent (action volontaire) et le COD devient thème (on pourrait évoquer un rôle patient bénéficiaire si l’on considérait que le fait d’avoir une relation amoureuse change, en mieux, les deux partenaires…).
Le fonctionnement syntaxique du verbe ne change pas. Il demeure transitif direct. Le sujet étant ici au pluriel, ce pluriel est limité à deux éléments par la présence de la proforme réciproque each other qui fonctionne à la base par rapport au binaire.

A

x

17
Q

Whenever he showed the photograph to a visitor her father used to pass it with a casual word: “He is in Melbourne now.”
1. Description linéaire
Be au présent, à la troisième personne du singulier, forme irrégulière 2. Problème posé
Fonctionnement de be et valeur du présent. 3. Analyse
 Fonctionnement de be
Morphologie
third person singular present of be, Old English is, from Germanic stem *es-, from PIE *es-ti-,
from PIE root *es- “ be.” Old English lost the final -t-. Until 1500s, pronounced to rhyme with kiss.
The modern verb be in its entirety represents the merger of two once-distinct verbs, the “b- root” represented by be and the am/was verb, which was itself a conglomerate. Roger Lass (“Old English”) describes the verb as “a collection of semantically related paradigm fragments,” while Weekley calls it “an accidental conglomeration from the different Old English dial[ect]s.” It is the most irregular verb in Modern English and the most common.
Collective in all Germanic languages, it has eight different forms in Modern English.
The “b-root” had no past tense in Old English, but often served as future tense of am/was. In 13c. it took the place of the infinitive, participle and imperative forms of am/was. Later its plural forms (we beth, ye ben, they be) became standard in Middle English and it made inroads into the singular (I be, thou beest, he beth), but forms of are claimed this turf in the 1500s and replaced be in the plural.
Be peut être verbe lexical (to be or not to be), copule mettant en équivalence un sujet et son attribute, ou auxiliaire au service de l’aspect be V-ing et du passif.
En tant que verbe lexical, ses emplois sont rares et il peut être glosé par exist.
En tant qu’auxiliaire, il est accompagné de formes verbales en V-ing ou V-EN, ce qui n’est pas le cas ici.
Be est donc en emploi copule en contexte.
 Attributif (ascriptive) ou spécifiant (specifying)?
En tant que verbe copule, be peut avoir deux emplois :
Un emploi attributif (ascriptive) dans lequel be sélectionne un sujet et un attribut qui dénote une propriété du sujet et se présente sous la forme d’un adjectif ou d’un groupe nominal non-référentiel.
Dans son emploi spécifiant, l’attribut permet l’identification du sujet, identification qui est, par exemple, à l’œuvre dans les clivées : it was he who…
Dans l’emploi spécifiant, les arguments de be peuvent être inversés sans qu’il y ait changement de sens : The witness was my son / my son was the witness.
Ceci est rarement possible quand be a un fonctionnement attributif : he is a nice man / *a nice man is he.
En contexte, l’inversion n’est pas possible : *in Melbourne is he now.
Be est donc en emploi attributif. Son attribut est un localisateur, un groupe prépositionnel qui renvoie à une propriété du sujet, le fait de vivre à Melbourne.
 Le temps présent
Le présent porté par be appartient à un énoncé prononcé au style direct. Ce présent est donc en concomitance avec le moment de l’énonciation. La présence de l’adverbe now renforce cette valeur.
Cependant, now a un spectre plus large que le moment de l’énonciation. Il peut y renvoyer de façon ponctuelle (right now) mais peut aussi focaliser sur le moment de l’énonciation en manifestant un contraste avec un moment antérieur du passé, T-1, glosable par but he wasn’t a few years ago. C’est l’opposition qui existe en français entre maintenant et désormais, et qui est utilisée en contexte.
Désormais
Marque la postériorité indéfinie par rapport à un point de référence indiqué dans le contexte, pour exprimer un comportement nouveau ou un état qui succède à un autre, et dont la fin n’est pas envisagée.
1. En relation avec le moment actuel de la parole : À l’avenir, à partir de ce moment- ci, du moment actuel. Synon. dorénavant, maintenant, à l’avenir.
2. Avec un verbe au présent, pour marquer la durée indéfinie ou pour marquer le début d’une étape nouvelle.
La citation des paroles est de plus associée à l’itération de la même situation de discours : whenever… used to.
La phrase de discours direct devient alors un leitmotiv et now change de repère avec chaque nouvelle énonciation, faisant du présent porté par be un présent en mutation constante dont le seul point de référence stable est le moment passé impliqué par la durée implicite dans now.
Le présent n’est pas itératif, c’est la situation de communication et l’acte langagier de production de la même phrase qui l’est.

A

x

18
Q

“I won’t negotiate with a bully. You either abide by what we agreed, or you return me the seven hundred marks.”
1. Description linéaire
Verbe au présent
2. Problème posé
Le fonctionnement sémantique et syntaxique du verbe et la valeur du présent
3. Analyse
 Le fonctionnement sémantique du verbe
Le verbe abide a une étymologie intéressante au niveau des rôles sémantiques des arguments que sélectionne ce verbe.
Étymologie
Old English abidan, gebidan “remain, wait, delay, remain behind,” from ge- completive prefix (denoting onward motion) + bidan “bide, remain, wait, dwell”. Originally intransitive (with genitive of the object: we abidon his “we waited for him”); transitive sense emerged in Middle English. Meaning “ put up with” (now usually negative) first recorded 1520s. The historical conjugation is abide, abode, abiden, but the modern formation is now generally weak.
À noter que ce verbe a donné le nom abode dont le sens actuel est obtenu par métonymie :
mid-13c., “action of waiting,” verbal noun identical with Old English abad, past participle of abiden, used as a verbal noun. The present-to-preterite vowel change is consistent with an Old English class I strong verb (ride/rode, etc.). Meaning “habitual residence” is first attested 1570s.
Il conserve de cette origine l’un de ses sens : + adverb/preposition (old use or formal) stay or live in a place.
En tant que verbe prépositionnel, il signifie : abide by something / (formal) accept and act according to a law, an agreement, etc.
Dans la mesure où ce verbe implique un sujet soumis, le rôle sémantique du sujet est patient.
 Le présent
Le schéma structurel de l’énoncé doit être pris en considération afin de statuer sur la valeur
du présent.
 Schéma structurel de l’énoncé
L’énoncé se présente sous la forme de deux propositions coordonnées par or, coordonnant exclusif qui marque une alternative strictement limitée à deux possibilités par la présence de either en amont.
Il est impossible d’inverser P1 et P2 (les deux propositions constitutives de l’énoncé, dans leur ordre d’apparition) car la relation qui les unit est plus qu’une simple alternative.
 Effet pragmatique
Pragmatiquement parlant, cette phrase est une menace. En effet, elle est glosable par une conditionnelle suivie d’une principale : If you don’t abide by what we agreed, you return me the seven hundred marks.
Cette valeur pragmatique conditionne à son tour l’interprétation du présent.
 Valeur du présent en contexte
Il est clair d’après ce qui vient d’être dit que toute menace faite au présent de l’énonciation concerne le futur. On pourrait même gloser par : either you abide by… from now on/in the future, or…
Il faut donc distinguer le temps présent du discours, qui marque le moment de l’énonciation et coïncide avec lui, de la valeur de visée dégagée par l’effet pragmatique lié à la structure syntaxique de la phrase.

A

x

19
Q

“If you have any problems on the other side [of the Berlin Wall],well, we do have an embassy there. But you’re just going over for the day, right?”
1. Description linéaire
do + temps présent 2. Problème posé
Le fonctionnement de do et la valeur du présent 3. Analyse
 Do : emploi syntaxique
Do peut être verbe lexical ou auxiliaire. Il ne peut pas être verbe lexical en contexte, étant suivi d’un autre verbe immédiatement à sa droite. Il est donc en emploi auxiliaire.
Comme tous les auxiliaires, il possède les NICE properties : compatible directement avec
 La négation : we don’t have an embassy there.
 L’inversion : do we have an embassy there?
 Le code (économie langagière / reprise sémantique): yes, we do. (do est
requis quand le prédicat à reprendre ne contient pas d’autre auxiliaire. Il est aussi appelé pro-prédicat). They have an embassy there and we do, too.
 L’emphase : we do have an embassy there. (souligné ou pas)
Excepté dans l’emploi code où il est anaphorique, do auxiliaire n’a pas de contenu sémantique propre (dummy do).
 Do en contexte
Placé devant le verbe lexical have, do assume la fonction d’emphase liée à son fonctionnement syntaxique d’auxiliaire.
À la forme affirmative, do est utilisé pour renforcer la polarité positive de la phrase. (il renforce sa polarité négative quand il est suivi de l’adverbe négatif not).
N’étant pas en lui-même porteur de sèmes, il ne renforce pas le contenu lexical du verbe qui suit, mais la polarité positive ou négative de la phrase entière.
 Valeur de do emphatique
En contexte, do peut être porteur d’un accent contrastif. La glose serait : contrairement à ce que vous pouvez penser, vu la présence du mur de Berlin, nous avons bel et bien une ambassade à l’Est.
Il permet alors de renforcer l’assertion tout en répondant par anticipation à une question implicite.
 Le présent
Le présent de do est un présent d’énonciation qui coïncide avec la prise de parole. En revanche, la relation qui est sur-assertée |we/have an embassy there| se situe hors temps pour deux raisons :
la première, évidente, tient au fait que have est un infinitif.
La seconde est liée à la nature sémantique de have. Have est en emploi atélique (on n’envisage ni le début ni la fin) car il manifeste un état et non pas un événement (remplaçable par have got) et son complément d’objet renvoie à une possession de we.
Le présent porté par do a donc deux valeurs : une valeur liée à l’événement pragmatique sur-assertion au moment de l’énonciation de la phrase, mais aussi une valeur atemporelle liée au fonctionnement statif de la relation qu’il commente ; présent ponctuel et présent atemporel, les deux valeurs étant associées à deux fonctionnements syntaxiques différents.

A

x

20
Q

She stood among the swaying crowd in the station at the North Wall. He held her hand and she knew that he was speaking to her, saying something about the passage over and over again.
1. Description linéaire
Be au prétérit, 3ème personne du singulier + V-ing 2. Problème posé
Le fonctionnement de l’aspect et le temps prétérit.
3. Analyse
 Le verbe speak
Le verbe speak est un verbe de parole qui n’introduit pas des paroles prononcées comme le ferait un déclaratif (say, exclaim…) mais renvoie à l’acte pragmatique de prise de parole en lui-même. En tant que tel, c’est un verbe événementiel duratif, compatible avec les deux aspects grammaticaux be V-ing et have V-EN.
 L’aspect be V-ing o V-ing
L’adjonction de la flexion –ing au verbe bloque son fonctionnement verbal. Il ne peut plus porter ni le temps ni la personne. L’action que dénote le verbe n’est donc plus vue comme prise en charge par le sujet, mais se voit commentée par l’énonciateur. Le sujet n’est plus agent, mais thème. On parle de lui. -ing a pour invariant de fonctionnement l’anaphore : il faut qu’une situation existe déjà pour que l’on puisse la commenter.
o Was
Be, dans l’aspect be V-ing est un auxiliaire syntaxique qui conserve des traces de son fonctionnement statif et revoie à un état donné du sujet dans la situation globale, décrit par l’énonciateur.

On associe généralement à cet aspect les caractéristiques suivantes :
-La situation liée à l’énoncé en be V-ing est considérée comme étant en cours (rien à voir avec une quelconque « progression ». Le terme progressive veut dire : action in progress, ongoing at a certain moment).
-Cette situation est considérée comme imperfective (non terminée).
-La situation possède intrinsèquement une certaine durée (c’est la nature du verbe qui en est la cause, pas l’aspect !).
-Bien que la présence de be statifie et thématise la relation, cette situation est vue comme possédant un dynamisme intrinsèque lié à la nature sémantique du verbe.
Deux implications :
La situation en be V-ing est concomitante de la situation globale de référence. La situation en be V-ing est supposée avoir une durée limitée.
 Valeur de l’aspect en contexte
L’aspect est utilisé dans une proposition complétive, COD du verbe know. Le verbe know est un verbe présupposant dont le COD a une existence avérée avant même d’être énoncé. On ne peut dire que l’on sait quelque chose que si on le sait déjà…
Il est donc tout naturel de trouver un aspect à valeur thématique (information déjà construite, renvoyant à une situation déjà existante) dans la complétive.
La situation |he/speak| est donc bien en cours, saisie à un moment donné de son déroulement, voire depuis son début, imperfective, d’une certaine durée, speak étant un verbe duratif et dynamique, concomitante de la situation |she/know something|, et participant de la trame diégétique en raison du prétérit porté par was.
Toutes les valeurs de base sont présentes. Nous pourrions ici privilégier la concomitance (que certains nomment ancrage situationnel) entre deux situations, celle de she et celle de he, qui ne suivent pas le même cours.
 Le prétérit
La complétive est COD de knew. Ce verbe implique un accès aux pensées du personnage et favorise une interprétation de la phrase comme étant un moment de focalisation interne dans lequel l’énonciateur/narrateur donne accès aux pensées du personnage. Le prétérit peut donc être vu comme un prétérit de translation inscrit dans une narration.
Par ailleurs, le cotexte gauche ne fait pas état de la situation |he/speak| ; cette information a un caractère analeptique et supplée à un vide dans la diégèse qui continuera d’être comblé en cotexte droit (d’où l’apport anaphorique implicite essentiel de –ing dans l’aspect).
Ce prétérit ne décrit pas un événement entier, comme le ferait un prétérit de narration dans un récit événementiel, mais un état du sujet he à ce moment particulier du récit, état imperfectif par essence.
 Valeur pragmatique
Il n’y a pas en contexte de valeur pragmatique ajoutée, aucun adverbe ne venant modifier le verbe. Ce sera en revanche le cas en cotexte droit, une valeur pragmatique d’irritation ou de lassitude pouvant être suscité par la présence de l’adverbial itératif over and over again qui modifie saying.

A

x

21
Q

“-If it turns out you’re telling me the truth -Are you implying that I might be lying?”
1. Description linéaire
Auxiliaire be à la seconde personne du singulier + V-ing. 2. Problème posé
Le fonctionnement sémantique du verbe et la valeur de l’aspect au présent.
3. Analyse
 Le fonctionnement sémantique du verbe
Le verbe imply est un verbe descriptif d’une fonction pragmatique de discours, un verbe de commentaire. C’est un quasi-synonyme de suggest, en contexte.
Son utilisation sémantique suppose une relation implicite de déduction logique protase/apodose entre le cotexte gauche et le segment étudié. If you say that, it means that…
En tant que verbe de commentaire, il est compatible avec les aspects grammaticaux be V-ing et have V-EN.
 L’aspect be V-ing
Reprendre ce qui en a été dit dans le segment 1.
 L’aspect be V-ing en contexte
L’énoncé est au mode interrogatif, comme en témoigne la présence de are en tête de phrase et l’inversion du sujet (NICE property).
En contexte, les valeurs prépondérantes de l’aspect sont l’anaphore (en raison aussi de l’emploi du verbe imply et de son lien logique avec le cotexte gauche) et le commentaire. L’inscription dans la situation vient de l’utilisation du présent.
Il n’y a aucune valeur durative, imperfective, ou dynamique ici, imply n’étant pas un verbe d’action.
 Effet pragmatique
Pragmatiquement parlant, cette phrase relève tout autant de la déduction logique que de la réprobation. Elle manifeste l’implication implicite contenue dans les propos tenus par le coénonciateur dans sa prise de parole précédente. Elle consiste donc à redire la même chose sous une forme différente. Ceci renforce notre analyse de l’aspect comme purement anaphorique, au service du commentaire.
 Valeur du présent en contexte
Le présent est, en accord avec le style direct, un présent d’énonciation, lié à la situation en cours. Cependant, étant donné le lien anaphorique fort avec la prise de parole antérieure du

coénonciateur, dû à la présence de l’aspect, on peut estimer qu’il s’inscrit dans un moment plus large, regroupant les deux prises de parole qui se succèdent de façon quasi-instantanée, se superposant sémantiquement l’une à l’autre (pas de point final à la première prise de parole, ce qui suggère que l’énonciateur de la seconde lui a coupé la parole).
L’effet pragmatique de réprobation peut conduire à l’utilisation de are en forme forte /ɑ:r/ (/r/ de liaison) en tête d’interrogative.

A

x

22
Q

“-Is there a point to this call?
-I was calling about the room [to let]. But since we don’t seem to be getting off to such a great start —
-hang on, hang on…”
1. Description linéaire
Be au prétérit, première personne du singulier + V-ing 2. Problème posé
Le fonctionnement de l’aspect et la valeur du prétérit.
3. Analyse
 L’aspect be V-ing
Reprendre ce qui a été dit dans le segment 1.
Les valeurs centrales en contexte sont l’anaphore (reprise de la notion /call/), l’imperfectivité, l’implication d’une durée courte.
 Le verbe call
Il est en emploi intransitif, sémantiquement événementiel duratif en contexte, renvoyant sémantiquement à son homologue visit (venir voir, rendre visite. Nous utiliserons ultérieurement le mot « visite », par simplification). La visite en question est supposée être de courte durée, effet souligné par l’implication liée à l’aspect.
 Le prétérit associé à l’aspect
En contexte, le prétérit de l’énoncé est à différencier du présent de l’énonciation inhérent au style direct. Ce prétérit renvoie à l’origine de l’action call et implique que la visite est sur le point d’être achevée, le prétérit ne coïncidant pas avec le moment présent de l’énonciation. Il est donc chargé d’implicite.
Il peut aussi être pragmatiquement interprété comme un prétérit de politesse ou de timidité, de défiance.
En utilisant le prétérit par rapport à une situation présente, l’énonciateur ne fait pas référence à un événement révolu dans la mesure où be V-ing a, en contexte, une valeur imperfective (la visite n’est pas terminée), l’action étant toujours en cours.
L’implication véhiculée par cet usage est, d’habitude, la politesse. Le prétérit permet d’éviter toute référence directe à la situation d’énonciation. En se distançant de la situation

d’énonciation grâce au prétérit, l’énonciateur évite le risque de paraître trop direct, voire péremptoire. L’aspect participe également de cet effet pragmatique dans la mesure où l’imperfectif qu’il véhicule ne clôt pas le dialogue mais le laisse en suspens.
En contexte, cette valeur de politesse peut très bien fonctionner, le personnage venant visiter un appartement à louer et ne pouvant se permettre un discours trop ferme s’il veut pouvoir le louer.
Cependant, la fin de la phrase laisse planer la menace de la clôture de la visite et l’association du prétérit avec l’aspect peut prendre une valeur de reproche, voire d’irritation, justifiée par l’adverbiale en since.
Nous dirons donc que la valeur centrale est la politesse mais que l’implication pragmatique est une menace implicite énoncée poliment.

A

x

23
Q

His eyes closed, his head hung low over the hot brass of the binnacle top. Suddenly he stood up with a jerk and said sharply in a hoarse voice: “You’ve been sleeping—you. Shift the helm. She has got stern way on her.”
1. Description linéaire
Auxiliaire have en forme réduite ‘ve + be-EN + V-ing 2. Problèmes posés
Le fonctionnement des aspects et le temps présent.
3. Analyse
 Le verbe sleep
Le verbe sleep est un verbe de processus qui sélectionne un sujet animé (humain ou non humain) au rôle sémantique de thème (inactif) ou encore de patient bénéficiaire (vision positive de l’effet du sommeil sur le référent du sujet). En contexte, le rôle thème sera retenu, le sommeil étant évalué comme une faute commise par le référent du sujet. Syntaxiquement sleep est en emploi intransitif. C’est un verbe événementiel duratif, compatible avec les deux aspects grammaticaux be V-ing et have V-EN.
 L’aspect be V-ing o V-ing
L’adjonction de la flexion –ing au verbe bloque son fonctionnement verbal. Il ne peut plus porter ni le temps ni la personne. Le processus que dénote le verbe n’est donc plus vu comme prise en charge par le sujet, mais se voit commenté par l’énonciateur. Ceci confirme le statut sémantique de thème du sujet. L’énonciateur émet un commentaire sur le sujet. -ing a pour invariant de fonctionnement l’anaphore : il faut qu’une situation existe déjà pour que l’on puisse la commenter. Il permet donc de renvoyer à une situation établie.
o Been

Be, dans l’aspect be V-ing est un auxiliaire syntaxique qui conserve des traces de son fonctionnement statif et revoie à un état donné du sujet dans la situation globale, décrit par l’énonciateur. Dans la mesure où be est au participe passé, (hors temps), cet état est considéré comme un accompli antérieur au moment de l’énonciation. Le processus sleep n’est donc pas en cours, aucune valeur « progressive » ici. Be-EN V-ing renvoie à une situation antérieure supposée accomplie, dont l’énonciateur pense, à partir d’indices repérés en situation, qu’elle a été actualisée. C’est ce qui le conduit ultérieurement, en cotexte droit, à demander un changement de direction.
La durée implicite du processus n’a aucune importance ici. Seul le fait d’avoir dormi est pris en compte et commenté.
 L’aspect have V-EN
L’accompli been sleeping est localisé par l’énonciateur dans le sujet grammatical par le biais de l’auxiliaire have. Il n’est pas considéré comme une propriété intrinsèque du sujet (on utiliserait alors be). C’est l’énonciateur qui, de l’extérieur, loge cet accompli dans le sujet. Il le fait par une démarche déductive : étant donné sa connaissance des circonstances et de l’état de la situation (rôle de l’aspect be V-ing), l’énonciateur affirme, de son point de vue, que le sujet a accompli sleep à un moment antérieur à l’énonciation. Ceci peut être symbolisé sous la forme suivante :
You have (you/be sleeping)-EN
S
[Le S ci-dessus est appelé S bouclé et représente en théorie l’énonciateur (Speaker). Au cas
où une mise en forme CNED l’aurait transformé, c’est le « S » majuscule de la police English.]
Il opère donc une démarche déductive qui le conduit à présenter la relation [you/have been sleeping] comme validée par lui au moment de l’énonciation. Cette validation n’a valeur de vérité que pour l’énonciateur. Un prétérit aurait asserté une valeur de vérité pour tout énonciateur : you slept.
L’aspect have V-EN peut prendre plusieurs valeurs :
Toujours présente, la valeur d’accompli du participe passé, qui entraîne logiquement
une valeur d’antériorité de cet accompli.
Il peut s’agir d’un simple rapport temporel entre le moment révolu de l’accompli et le
moment de l’énonciation (présent ou passé).
- L’adverbe just impliquera une valeur de passé immédiat.
- Le prétérit porté par have impliquera la mention de faits passés, antérieurs
au moment du récit, T-1: have-ED V-ENrapport entre T-1 (prétérit) et T-2 (accompli antérieur). (T° est le moment de l’énonciation. Lire : T zéro).
La déduction peut être unique, à partir d’une situation spécifique. L’énonciation de cette déduction implique un résultat, des répercussions de l’accompli au moment de l’énonciation ou du récit, décalé du moment supposé (et indéterminé) de l’accompli. D’où une valeur résultative.

La déduction peut aussi être le fruit d’observations multiples qui permettent d’aboutir à une conclusion unique ; elle dégage alors une valeur de bilan. Elle est souvent accompagnée d’un complément circonstanciel de durée.
 Le présent
En contexte, have est au présent et le discours direct fait coïncider ce présent avec le moment de l’énonciation.
L’énonciateur implique par là même que l’accompli qu’il suppose (you/be sleeping)-EN a des répercussions dans la situation présente. La valeur est résultative. Ceci est confirmé par l’ordre qui suit et qui vise à remédier à la situation engendrée par cet accompli.
 Valeur pragmatique
On peut lire conjointement à l’emploi de be V-ing une valeur pragmatique ajoutée de reproche, véhiculée non pas par l’aspect lui-même mais par le contexte d’énonciation : said sharply in a hoarse voice. L’adverbe sharply est responsable de cette valeur, associée à l’ensemble du discours et pas seulement à l’aspect grammatical utilisé. L’aspect be V-ing n’est que compatible avec cette valeur, vu sa capacité à véhiculer le commentaire de l’énonciateur.
 Réalisation
En contexte, have est en forme réduite, désaccentué en sa qualité d’auxiliaire, ce qui correspond au code de l’oral. Cela permet aussi de faire porter à sleep (dans sleeping) l’accent tonique du segment, renforcé par la modulation évoquée antérieurement, sharply.

A

x

24
Q

A ferocious bout of coughing followed; the same cough I had whenever I had overdosed on cigarettes the night before.
1. Description linéaire
Auxiliaire have-ED + V-EN 2. Problèmes posés
Le fonctionnement de l’aspect et la valeur du prétérit.
3. Analyse
 Le verbe overdose
C’est un verbe d’action qui rend compte sémantiquement du résultat d’une action antérieure. C’est un verbe dénominal, résultat de la conversion du nom overdose en verbe.

Rappel
Il est couramment employé, en langue relâchée, sous forme réduite, OD, prononcée /ˌəʊ ˈdiː/. Attention à l’accentuation du verbe /əʊvədəʊs/ et à celle du nom : /ˈəʊvədəʊs/).
 L’aspect have V-EN Reprendre l’encart dans le segment 1.
I had (I/overdose)-EN
S
L’énonciateur localise l’accompli overdose-EN dans le sujet grammatical à un moment du passé (have-ED). Dans la mesure où il y a coïncidence entre sujet énonciateur et sujet grammatical, la valeur assertive de l’ensemble s’en trouve renforcée.
La visée est clairement rétrospective en contexte, l’aspect développant une valeur d’antériorité.
 Valeur du prétérit en contexte
Le prétérit porté par have-ED a une valeur chronologique de passé de récit.
Le segment est inscrit dans une adverbiale temporelle qui sert de repère temporel au verbe de la principale, had (a bout of coughing). Cette adverbiale est introduite par la conjonction whenever dont la composition fait ressortir le caractère fréquentatif de la situation repère évoquée (ever).
L’accompli [I/overdose]-EN est donc vu comme relevant de situations multiples, antérieures au moment du récit (had a cough) et impliquant des conséquences, des répercussions, à chaque fois, dans le passé.
On a donc un enchaînement de trois temporalités différentes :
 A ferocious bout of coughing followed: moment du récit en cours. (T-1)
 the same cough I had: moments du passé antérieurs au récit en cours. (T-2)
 whenever I had overdosed on cigarettes the night before: moments du passé
antérieurs d’une journée (the night before) aux moments du passé antérieurs au récit en cours. (T-3)
Schématiquement :
T-3T-2 /comparaison avec/ T-1 /au moment de l’énonciation de ce récit/ T°
La visée est donc clairement rétrospective et la description de T-1 est reliée à une série de situations antérieures (T-2) provoquées par des accomplis antérieurs (T-3).
La valeur de l’aspect en contexte est le bilan.

A

x

25
Q

Pulling it [the manuscript] out, I had to blow off the dust which had accumulated on the thick folder into which it had been stuffed before I interred it here.
1. Description linéaire
Auxiliaire have-ED + V-EN 2. Problèmes posés
Le fonctionnement de l’aspect et la valeur du prétérit.
3. Analyse
 Le verbe accumulate
Il est en emploi intransitif, sémantiquement événementiel et duratif en contexte, sélectionnant un sujet non animé, matériel ou immatériel. En emploi transitif, il aurait sélectionné un sujet animé humain.
À la différence des verbes ergatifs (cf. semaine 8), il ne présuppose pas d’agent animé implicite et ne correspond pas à un renversement de structure transitive. C’est un vrai réfléchi sémantique (et non pas syntaxique), la poussière s’accumulant d’elle-même.
 L’aspect have V-EN Reprendre l’encart dans le segment 1.
the dust had (the dust/accumulate)-EN
S
L’énonciateur localise l’accompli accumulate-EN dans le sujet grammatical à un moment du passé (have-ED). Le fait que le verbe est en V-EN devrait marquer un accompli antérieur révolu. Cependant, la nature sémantique même du verbe implique que le processus accumulate peut très bien ne pas être envisagé de façon télique. Il y a toutefois rupture temporelle entre had accumulated et had to blow off the dust, la seconde action mettant définitivement un terme à la première. La rupture temporelle est donc sous-tendue par l’enchaînement diégétique des deux actions plus que par la valeur de l’aspect lui-même.
On dégagera une simple valeur d’antériorité dans l’aspect have V-EN.  Le prétérit associé à l’aspect
En contexte, le prétérit du segment est donc dissocié du prétérit de la proposition principale (had to…) au niveau des repères temporels des deux procès.
La localisation de l’accompli dans le sujet grammatical which (the dust) relève d’un moment du passé antérieur au moment du récit.

Pulling it [the manuscript] out, I had to blow off the dust which had accumulated on the thick folder into which it had been stuffed before I interred it here.
Il peut y avoir une ambiguïté dans la lecture de l’enchaînement temporel. La poussière s’était-elle accumulée sur le dossier avant qu’il ne soit enterré dans le coffre (1) ou s’est-elle accumulée depuis qu’il y a été placé (2) ?
Tout dépend de l’interprétation de la fin de la phrase :
(1) Soit la temporelle est le repère de had accumulated: which had accumulated on the thick
folder before I interred it here.
I had stuffed the Ms into a folder / / I blew off the dust
(T-4) (T-1)
Dans ce cas, had accumulated est antérieur par rapport à interred.
(2) Soit la temporelle fait partie de la relative: into which it had been stuffed before I interred
it here.
I had stuffed the manuscript into the folder / I interred it here / dust had accumulated (since then) / I blew it off
(T-4) (T-3) (T-2) (T-1)
Dans ce cas, had accumulated est antérieur par rapport à blew off.
Dans la mesure où le manuscrit a été « enterré » dans un endroit clos dont on doit l’extraire, il semblerait plus vraisemblable d’envisager la première solution, sans pouvoir cependant exclure la seconde, car il est tout de même peu fréquent de ranger quelque chose sans enlever au préalable la poussière épaisse qui le recouvre…
Dans un cas d’ambiguïté syntaxique comme celui-ci, il convient d’envisager les deux solutions et de ne pas trancher dans le vif…, les deux étant défendables.
Dans les deux cas, had accumulated est antérieur à blew off, mais l’enchaînement diégétique est, lui, très différent.

A

x

26
Q

The Nutbrook Canal near to Ilkeston had in fact been closed;
1. Description linéaire
Auxiliaire hav -ED + be-EN + V-EN 2. Problèmes posés
Le fonctionnement de l’aspect et du passif.
3. Analyse
 Le verbe close
Le verbe close peut être syntaxiquement en emploi transitif ou intransitif (cf. open, semaine 8). Il est ici en emploi transitif, comme en témoigne la présence du passif, qui nécessite que l’objet du verbe transitif soit promu sujet de la voix passive.
Sémantiquement, il évoque une idée de fermeture administrative et non pas l’idée de fermeture physique qui est cependant la conséquence inévitable de la première.
 Le passif, rappels

Rappels
Be(AUX) sépare le sujet grammatical du verbe lexical au participe passé. Cette absence de contact direct entre S et V est d’autant plus remarquable que sémantiquement, le sujet d’une construction passive ne contrôle pas le verbe lexical. Il n’est pas agent mais patient, en termes de rôles sémantiques.
L’ex-objet du verbe transitif est thématisé et devient objet de discours.
Dans une structure active, le COD est un complément interne au prédicat.
Dans une structure passive, ce complément promu sujet devient externe au prédicat.
De la même façon l’ex-sujet de l’actif, externe au prédicat, devient un complément interne s’il est présent sous la forme d’un complément prépositionnel en by + GN.
Dans les passifs longs , le complément d’agent est internalisé (by GN) alors que dans les passifs courts (sans by GN), le prédicat est réduit au groupe verbal.
Un passif court n’encode aucune information relative à l’ex-sujet d’une voix active.
Le passif court permet l’effacement de l’agent: il n’est pas mentionné car très indéterminé, inconnu, ou si évident qu’il n’est pas besoin de le préciser car exprimé ailleurs dans le contexte, ou implicite à la situation.
Ne pas mentionner l’agent est un choix stratégique de l’énonciateur qui s’intéresse non au procès mais au résultat. Le changement de sujet inverse le point de vue sur l’action.
La passivation est donc une démarche spécifique, une opération qui consiste à orienter la relation prédicative à partir d’un terme qui n’est pas l’origine du procès.
La référence à une voix active n’est en aucun cas nécessaire.
Choisir l’actif plutôt que le passif, c’est donc passer d’une structure transitive à une structure intransitive.
 Passif adjectival ou véritable passif ?
Closed a-t-il un statut d’adjectif ou un statut de participe passé ?
Dans l’interprétation adjectivale, closed marquerait une propriété stable du sujet, statique. Dans l’interprétation verbale, le participe passé est lié à une situation dynamique décrivant un événement accompli.
Tests :
Possibilité de modifier un passif adjectival par very ou too, à la condition que l’adjectif soit gradable (compatible avec le degré, ce que n’est pas closed).
*it had been very/too closed
Possibilité de remplacer be par un verbe d’état comme seem, look, remain:
It had remained closed.
Possibilité de préfixer l’adjectif du passif adjectival par un-
*it had been unclosed
Possibilité d’un complément prédicatif qui transforme un passif court en passif long It had been closed by the authorities.
Dans le cas présent, il y a ambiguïté. Deux possibilités d’interprétation :
(1) le contenu implicite de la phrase est : but now it was open. Closed serait en fonctionnement adjectival.
(2) Le contenu implicite de la phrase est une résultante d’action ponctuelle : the authorities had closed the canal. Closed est un participe passé.
On voit clairement que seul le contexte global peut permettre de trancher (on ne tranche pas si on ne l’a pas…). Soit il évoque la réouverture du canal, soit il évoque sa fermeture. Un contre-sens est donc possible si on ne lève pas cette ambiguïté ou si l’on ignore que ce canal, ouvert en 1790, fut presqu’entièrement fermé en 1895 et définitivement fermé en 1962.

Voici le contexte global (tiré du BNC), présent dans le segment 2 :
AMN 546— The Nutbrook Canal near to Ilkeston had in fact been closed; the Cromford Canal was owned by the Midland Railway, and with the collapse of the Butterley Tunnel, an important source of water supply was cut off.
L’intérêt de l’absence de contexte était de discuter la possibilité d’une ambiguïté sémantique…
Le segment fonctionne donc bien à partir d’une structure de passif court, et non pas de passif adjectival. On peut restituer par glose une date ponctuelle et un agent éventuel :
It had been closed in 1962 by the authorities.
 L’aspect have V-EN
L’accompli been closed est localisé par l’énonciateur dans le sujet grammatical par le biais de l’auxiliaire have. C’est l’énonciateur qui, de l’extérieur, loge cet accompli dans le sujet. Ceci peut être symbolisé sous la forme suivante :
the canal had (the canal/be closed)-EN
S
L’énonciateur présente la relation [the canal/be closed] comme validée par lui au moment de l’énonciation et appuie la valeur de vérité ainsi dégagée par l’adverbe assertif in fact.

Attention à la décomposition du participe passé selon que l’auxiliaire est have ou be:
Avec l’auxiliaire have, dans Have V-EN : sujet have (sujet/prédicat)-EN
Avec l’auxiliaire be, dans le passif Be V-EN : sujet2 be (sujet1/verbe)-EN
Au passif, le sujet qui a effectué l’action du participe passé n’est pas le sujet de be. On a vu antérieurement que le sujet de be est l’ancien objet du prédicat.
The canal was closedthe canal be-ED (someone / close the canal)-EN
La valeur de l’aspect have V-EN est ici l’antériorité. Étant donné le contexte maintenant connu, qui fait état de fermetures multiples, on pourrait aussi dégager une valeur de bilan.
 Le prétérit
En contexte, have est au prétérit et le segment est inscrit dans une narration.
Il a donc une valeur chronologique qui permettrait éventuellement de le dater (in 1962) et situe l’événement (X /close the canal) à un moment antérieur au moment du récit.
La présence de l’adverbe, comme il l’a été dit plus haut, donne une valeur de vérité quasi- historique à la validation de la relation prédicative.

A

x

27
Q

the Cromford Canal was owned by the Midland Railway, and with the collapse of the Butterley Tunnel, an important source of water supply was cut off.
1. Description linéaire
Auxiliaire be-ED + V-EN 2. Problèmes posés
Le fonctionnement du passif et la valeur du prétérit.
3. Analyse
 Le verbe own
C’est un verbe statif qui marque sémantiquement une possession avérée, raison pour laquelle il ne peut être compatible avec l’aspect be V-ing dans son emploi transitif. Il est impossible de considérer un moment donné de la possession, celle-ci étant par définition indéterminée dans la durée.
En tant que verbe transitif, il admet deux arguments, un sujet thème, siège de la possession, et un COD thème, objet de la possession. Aucun dynamisme donc dans ce verbe qui ne reflète pas une action (# buy, par exemple).
 Le passif
Reprendre ce qui a été dit dans le segment 1. On peut décomposer ce passif comme suit :
The canal be-ED (the Midland Railway / own the canal)-EN
La présence du complément d’agent permet d’étiqueter la structure sans hésitation comme étant un passif long et non pas un passif adjectival.
 Pourquoi le passif ?
La présence du passif long permet à l’énonciateur de thématiser en tête d’énoncé l’élément dont il souhaite faire l’objet de son discours.
On l’a vu avec le segment 1, l’intérêt de l’énonciateur est de décrire les voies fluviales et le passif permet la cohésion discursive requise par cette description, plaçant en position thématique les éléments the Nutbrook canal, the Cromford canal, an important source of water supply.
Une voie active aurait été malvenue stylistiquement parlant.
 Le prétérit
Le prétérit porté par beaux est un prétérit chronologique qui ancre la validation dans le passé. Ce passé entre implicitement en contraste avec le présent de l’énonciation, moment auquel est fait ce récit, et prend une valeur de passé révolu, glosable par : it was then owned by….

A

x

28
Q

Pulling it [the manuscript] out, I had to blow off the dust which had accumulated on the thick folder into which it had been stuffed before I interred it here.
1. Description linéaire
Auxiliaire have-ED + be-EN + stuff-EN 2. Problèmes posés
Le fonctionnement de l’aspect, le passif et la valeur du prétérit.
3. Analyse
 Le verbe stuff
Le verbe est à l’origine un verbe transitif, comme en témoigne sa compatibilité avec la voix passive qui promeut un ex-COD en position thématique de sujet.
Le participe passé peut être décomposé come suit :
It have-ED be-EN (someone/ stuff it into…)-EN
Pour que le verbe stuff prenne bien son sens de push something quickly and carelessly into a
small space, il est nécessaire d’adjoindre le complément de localisation (into…) au prédicat. En l’absence de ce complément prédicatif, le verbe stuff prendrait le sens de « farcir » et le participe passé serait alors adjectival, conduisant à un non-sens.
 L’aspect have V-EN
Reprendre ce qui a été dit dans le segment 3, semaine 11.
it had (it/be stuffed into…)-EN
S
L’énonciateur localise l’accompli be stuff-EN … dans le sujet grammatical à un moment du passé (have-ED). Le fait que le verbe est en V-EN marque un accompli antérieur révolu.
On dégagera une simple valeur d’antériorité dans l’aspect have V-EN.
 Pourquoi un passif court ?
En utilisant un passif sans agent, l’énonciateur se refuse à assumer la responsabilité de l’acte et permet aussi de ne pas varier stylistiquement la focalisation concentrée sur le sujet it, the manuscript.
 Le prétérit associé à l’aspect
En contexte, le prétérit du segment est donc dissocié du prétérit de la proposition principale (had to…) au niveau des repères temporels des deux procès. Comme on l’a vu antérieurement (semaine 11), dans les deux interprétations possibles de la phrase, l’événement retracé par l’aspect + passif de ce segment se situe à l’origine de la chaîne diégétique, en T-4. (S’y reporter et reprendre le paragraphe sur l’organisation diégétique).

A

x

29
Q

“I’m sure you did meet her, dear. She must surely have been at the Allenbys’ many a time when you were visiting.”
1. Description linéaire
Auxiliaire modal must + have (infinitif) + be-EN 2. Problèmes posés
Le fonctionnement du modal, de l’aspect et la valeur du temps.
3. Analyse
 Le verbe be
Be est ici en emploi copule et non pas auxiliaire. Il est compatible avec les NICE properties : she was not at… / was she at… ? / she was, wasn’t she ? / she was at…/.
Cependant, il est glosabe par be present et a donc un contenu lexical propre en contexte.
Il est ici utilisé au participe passé, participe passé qui peut se décomposer comme suit :
(She/be at the Allenbys’)-EN Be-EN est donc la trace d’un accompli passé.
 L’aspect have V-EN
Comme à l’habitude, l’aspect have V-EN permet à l’énonciateur de localiser un accompli (V-
EN) dans le sujet grammatical.
Cependant, cette localisation n’a pas lieu au moment de l’énonciation dans la mesure où have est à l’infinitif. Elle est posée abstraitement et le modal must va évaluer les chances pour que cette localisation soit possible.
she must have (she/be at…)-EN ?
S

 Valeur de l’aspect
L’aspect have V-EN marque une antériorité par rapport au moment du récit. Le groupe verbal possède un marqueur de localisation temporel : many a time when you were visiting. Ce marqueur est double : il marque d’une part la fréquence, many a time, mais est aussi accompagné d’une adverbiale qui restreint le nombre des occurrences à la présence du co- énonciteur.
Étant donné cette fréquence, on peut associer à have V-EN une valeur de bilan.
 Le modal must
Le modal must, comme tous les auxiliaires modaux, remplit les NICE properties. Morphologiquement parlant, il présente une particularité que ne possèdent pas les autres modaux. Il a une forme unique, must, caractérisée par la présence d’un en finale.
Cette flexion est une trace résiduelle de prétérit.
Étymologie
Old English moste, past tense of motan “have to, be able to,” from Proto-Germanic *mot- “ability, leisure (do something)” (cognates: Old Saxon motan “ be obliged to, have to,” Old Frisian mota, Middle Low German moten, Dutch moeten, German müssen “ be obliged to,” Gothic gamotan “ have room to, be able to”), perhaps from PIE root *med- “ measure, take appropriate measures”. Used as present tense from c.1300, from the custom of using past subjunctive as a moderate or polite form of the present.
Must n’a donc pas de forme de présent.
Il convient de garder présent à l’esprit que la forme prétérit du modal est un avatar étymologique qui ne conditionne en rien une valeur de prétérit.
 Fonctionnement du modal en contexte
Fonctionnement
De par son étymologie, et sa charge lexicale, le modal must est lié à l’obligation et à
la possibilité.
- Il peut donc fonctionner de façon déontique (ou non-épistémique) et relever de la modalité du sujet: le sujet énonciateur domine le référent du sujet grammatical et lui impose d’entrer en relation avec le prédicat. Le sujet grammatical est dominé. La valeur de la modalité est l’injonction, l’ordre, le devoir. A priori, l’énonciateur doit intervenir pour que la relation sujet/prédicat puisse être validée. On dira qu’il y a non-congruence.
- Il peut également avoir un fonctionnement épistémique. D’après ce que
l’énonciateur sait de la situation, du sujet et de l’événement envisagé, il quantifie les chances de validation de la relation prédicative (she/have been at…).

En utilisant must, il quantifie ces chances comme étant très fortes.
Pour lui, la mise en relation sujet/prédicat ne pose pas problème. On dira qu’il y a congruence.
En contexte, le modal est utilisé dans un groupe verbal contenant un aspect have V-EN associé au révolu. De façon très logique, il est impossible de donner un ordre concernant le passé. Un ordre ou l’expression d’un devoir concernent toujours l’espace-temps qui se situe après le moment de l’énonciation. La validation de la relation prédicative est « à venir ». Must en emploi déontique n’est pas compatible avec l’aspect.
Have V-EN implique donc d’entrée de jeu un fonctionnement épistémique du modal.
En l’utilisant, l’énonciateur évalue comme quasi-certaine la possibilité de localiser l’accompli been at… dans le sujet grammatical.
 Le temps
Comme nous l’avons vu plus haut, must a une forme unique compatible avec le présent ou le prétérit.
En contexte, la phrase étant prononcée au discours direct, la valeur temporelle de must est associée au présent de l’énonciation, aucun élément déréalisant ou de translation n’étant présent en contexte.
On pourra objecter à cette conclusion qu’il existe des marqueurs de passé dans la phrase. Cependant, ces marqueurs sont associés au participe passé been at… et non pas au modal dans la situation d’énonciation.
Ce que commente le modal, c’est la relation S/P, encore appelée le dictum, pas une partie de P.
La glose française pourrait être : Elle doit certainement avoir été présente….
En français, on transfère volontiers l’accompli de l’infinitif passé (avoir été) sur le verbe modal (un verbe en français) en le mettant à l’imparfait, temps qui peut avoir une valeur modale imperfective et est utilisé comme temps du commentaire incertain.
Elle devait certainement être présente…
Le temps porté par le modal ne change rien au fait que cette phrase est prononcée dans le présent de l’énonciation, et évalue, au moment même où le discours est prononcé, les chances pour que cet événement ait eu lieu dans le passé.
Le commentaire est présent, les faits invoqués sont passés.
En T°, moment de l’énonciation, l’énonciateur
utilise le modal
qui commente la possibilité de validation du dictum :
Il quantifie ces chances de validation comme étant quasi-certaines, la relation étant, pour lui, congruente.

A

x

30
Q

You, no doubt, would give your life to save a child or if you were convinced that the sacrifice would find a cure for cancer.’
1. Description linéaire
Modal will-ED + V à l’infinitif 2. Problèmes posés
Le fonctionnement du modal et la valeur du prétérit.
3. Analyse
 Le verbe give
Give est un verbe di-transitif (ou bi-transitif) qui admet trois arguments : un sujet agent, celui qui donne, un complément d’objet direct, l’objet donné, thème, et un complément indirect, le destinataire du don.
En contexte, le destinataire n’est pas représenté car le COD renvoie à une abstraction et V+COD forment une unité lexicale glosable par die.
Give a donc ici un comportement syntaxique uniquement transitif.  Le modal

Étymologie
Old English *willan, wyllan “ wish, desire; be willing; be used to; be about to” (past tense wolde), from Proto-Germanic *willjan (will, wish, desire, Gothic waljan “choose”).
Compare also Old English wel “well,” literally “according to one’s wish;” wela “well- being, riches.” The use as a future auxiliary was already developing in Old English.
The implication of intention or volition distinguishes it from shall, which expresses or implies obligation or necessity. Contracted forms, especially after pronouns, began to appear 16c., as in sheele for “she will.” The form with an apostrophe is from 17c.
Le modal possède donc un sémantisme lié à la volonté de voir se produire quelque chose (désirer, souhaiter), mais aussi à l’acceptation, au bon-vouloir.
Comme les autres modaux, il peut avoir un fonctionnement épistémique ou non- épistémique que seul le contexte permet de déterminer.
 Le contexte
En contexte, nous trouvons l’adverbe no doubt, qui a valeur de modalité externe (il n’est pas intégré au prédicat) et renvoie à une certitude absolue de l’énonciateur face à la relation S/P. Elle est d’entrée de jeu marquée comme congruente.
Nous trouvons également deux compléments circonstanciels coordonnés, donc mis sur le même plan :
- une infinitive de but : to save a child (glosable aussi par une conditionnelle de façon implicite et en accord avec la coordination : if you wanted to save a child)
- une adverbiale de condition, retraçant une hypothèse : if you were convinced that the sacrifice would find a cure for cancer.
Ces deux adverbiales rendent compte de situations non validées au moment de l’énonciation (pas de temps dans une infinitive, présence de if + prétérit déréalisant dans la if-clause).
Les situations évoquées sont des situations théoriques qui conditionnent la validation de la relation prédicative contenue dans la principale. Si elles étaient validées, celle de la principale le serait également.
Elles viennent donc limiter la validation de la principale à deux situations hypothétiques particulières.
 Le prétérit porté par will
Vu le contexte décrit ci-dessus, ce prétérit est clairement déréalisant.
Aucune marque de passé dans le discours, aucune translation envisageable, le discours étant direct.
 Le fonctionnement du modal
Le fonctionnement du modal est ici à la frontière entre épistémique et non-épistémique. Le sujet énonciateur garantit que la relation présente dans le dictum (you/give your life) est de son point de vue non-problématique et envisage sa validation comme très hautement probable (fonctionnement épistémique).
Cela semble être une propriété inhérente au sujet que d’être altruiste et la connaissance que le sujet énonciateur a du référent du sujet grammatical lui permet d’asserter cette propriété. Par ailleurs, on ne peut nier qu’accomplir un tel acte relève de la volonté.
On ne saurait donc exclure un fonctionnement non-épistémique du modal en contexte : l’énonciateur garantit que la validation se ferait dans de telles circonstances parce que le référent du sujet en aurait indéniablement (no doubt) la volonté.
La présence de l’adverbe no doubt (à valeur épistémique) renforce l’analyse du fonctionnement non-épistémique du modal.
En effet, on trouve rarement deux expressions modales de même fonctionnement à la suite l’une de l’autre. No doubt exprimant une certitude de validation, would sera donc plus orienté vers un fonctionnement non-épistémique de caractérisation du sujet et de mise en exergue de la volonté de son référent.
C’est la raison pour laquelle, la volonté dirigeant la mise en relation hypothétique S/P on ne peut que reconnaître à will ce fonctionnement frontière entre les deux.
Would sera en forme pleine /wd/.
 Y a-t-il expression d’une valeur de visée ?
Il serait possible de tenter de lire dans cette phrase une valeur de visée associée à will. Cependant, les situations évoquées étant purement théoriques et la distanciation par rapport à T° étant marquée par le prétérit déréalisant –ED, cette visée serait purement hypothétique. Aucun marqueur de futurité n’est présent dans le contexte qui vienne justifier cette interprétation. Nous l’avons vu, l’infinitive de but est pragmatiquement interprétable comme une conditionnelle et n’évoque pas un but tangible en T°.

A

x

31
Q

‘I might. I like to think that I would. But I should want the decision to be mine, not yours.’
1. Description linéaire
Trois modaux enchaînés : may-ED / will-ED / shall-ED 2. Problèmes posés
Le fonctionnement des modaux les uns par rapport aux autres.
3. Analyse
 Le modal might
Le modal may-ED n’est suivi d’aucune base verbale à l’infinitif, ce qui confirme son utilisation en tant qu’auxiliaire, le segment étant un exemple de représentation de la propriété « code » des auxiliaires (comme would par la suite).

Étymologie
Old English mæg “am able” (infinitive magan, past tense meahte, mihte), from Proto- Germanic root *mag-, infinitive *maganan, from PIE *magh- “ be able, have power” (cognates: Greek mekhos, makhos “means, instrument,” Old Church Slavonic mogo “ be able,” mosti “power, force,” Sanskrit mahan “great”). Also used in Old English as a “auxiliary of prediction.”
L’utilisation de may retracée par l’étymologie concerne plus le fonctionnement non- épistémique actuel du modal.
Dans son fonctionnement épistémique, le modal marque l’équi-possibilité qu’une relation prédicative soit validée. L’énonciateur ne se prononce pas sur les chances de validation, il les estime situées au milieu du gradient épistémique, dans une zone 50/50.
Accompagné de la flexion –ED du prétérit, le modal voit son fonctionnement changer.
Dans la mesure où il est ici suivi de ø, il renvoie au cotexte-gauche et l’on peut récupérer la base verbale à l’infinitif par anaphore : give [my] life.
-ED conserve donc sa valeur déréalisante. De ce fait, les chances de validation de la relation prédicative reculent. On est bien en deçà des 50%. L’énonciateur met en doute la validation du dictum et présente la relation comme non-congruente, de son point de vue. Pragmatiquement, cela équivaut à contrer la prise de position antérieure du co-énonciateur, en tempérant sa certitude.
Notons que might n’a pas de forme faible.
 Le modal would
On reprendra ce qui a été dit dans le segment précédent.
Cependant, l’énonciateur a changé et le segment est dans une complétive dépendant d’une principale marquée par l’hypothèse : I’d like to think. Cette principale est équivalente pragmatiquement à une négative : I don’t think that, at present, I would.
Le point de vue est donc inversé par rapport à la phrase précédente et la relation (I/give my life) est remise en question. Elle ne pourrait être validée que si la phrase suivante l’était
aussi. Le cotexte droit montre clairement que le co-énonciateur s’est trop avancé et que c’est sa certitude qui est problématique. L’énonciateur refuse à son co-énonciateur la possibilité de décider pour lui.
 Le modal should
Étymologie
Old English sceal, Northumbrian scule “I owe/he owes, will have to, ought to, must” (infinitive sculan, past tense sceolde), a common Germanic preterite-present verb (along with can, may, will), from Proto-Germanic *skal- (cognates: Old Saxon sculan, Old Frisian skil, Old Norse and Swedish skola, Middle Dutch sullen, Old High German solan, German sollen, Gothic skulan “ owe, be under obligation;” related via past tense form to Old English scyld “guilt,” German Schuld “guilt, debt;” also Old Norse Skuld, name of one of the Norns), from PIE root *skel- (2) “ be under an obligation.” Ground sense of the Germanic word probably is “I owe,” hence “I ought.” The sense shifted in Middle English from a notion of “obligation” to include “futurity.” Its past
tense form has become should.
On le voit, shall, expression de la dette, du devoir imposé de l’extérieur par la contingence, l’obligation morale ou culturelle, peut également adopter un fonctionnement épistémique lié à la futurité.
En contexte, le modal est suivi du verbe want, expression de la volonté que l’on doit relier au domaine du non-épistémique. Comme nous le disions plus haut, on ne peut trouver deux expressions de la même modalité à la suite l’une de l’autre.
Should adopte néanmoins en contexte un fonctionnement entre épistémique et non- épistémique. Il n’est pas associé ici à la futurité ni à la prédiction, le discours étant purement théorique et mettant en scène une situation hypothétique que l’énonciateur ne cautionne pas.
Il peut alors avoir une valeur implicative (épistémique) liée à l’expression d’une relation d’ultériorité entre le conséquent et l’antécédent : If I were to give my life, I should want… Shall et a fortiori should signale l’absence de compatibilité entre S et P, la non congruence. (Notez que should à valeur implicative ou à valeur de « conditionnel » n’a jamais un sujet à la 2ème ou à la 3ème personne.) La catégorie «conditionnel» inclut des formes avec protase et apodose qui mettent en relation une hypothèse (If I were to give my life) et la conséquence logique de cette hypothèse (I should want…).
Ce qui est ici important pragmatiquement est l’abandon du modal would (volonté) au profit du modal should (volition extra-subjective liée au sens du devoir, donc en fonctionnement non-épistémique, implication).
Le co-énonciateur fait état de ce qu’il serait conduit à faire le cas échéant, par sens du devoir (fonctionnement non-épistémique) pas de ce qu’il voudrait faire. Should requalifie want. Comme le montre bien le cotexte droit, il serait question de prendre une décision, pas de mettre en œuvre une propriété inhérente au sujet. Should a donc un fonctionnement frontière entre implication logique et volonté extra-subjective liée au sens du devoir.
La séquence des trois modaux reflète les tergiversations du personnage face à de telles circonstances. Elles permettent aussi de passer de l’improbable (might) au questionnement personnel (would) pour terminer sur le sens du devoir lié à des circonstances exceptionnelles qui conduiraient le référent du sujet à entrer malgré lui en relation avec le prédicat (should).

A

x

32
Q

‘Love! […] Love is more destructive than hate. If you must dedicate your life to something, dedicate it to an idea.’
1. Description linéaire
Auxiliaire modal must + V à l’infinitif, dedicate 2. Problèmes posés
Le fonctionnement du modal et la valeur du temps.
3. Analyse
 Le verbe dedicate
C’est un verbe à trois arguments, réalisés en contexte, di-transitif: dedicate something/someone to someone/something.
C’est un verbe d’action qui peut aussi être performatif (au présent, à la première personne, la prise de parole équivalant à une action), ce qui n’est pas le cas en contexte, le verbe étant à l’infinitif et, qui plus est, dans une conditionnelle.
 Le modal must
Le modal must, comme tous les auxiliaires modaux, remplit les NICE properties. Morphologiquement parlant, il présente une particularité que ne possèdent pas les autres modaux. Il a une forme unique, must, caractérisée par la présence d’un en finale.
Cette flexion est une trace résiduelle de prétérit.
 Fonctionnement du modal en contexte
Pour mémoire : finale en –ate :
2 syllabes : /01/ pour les verbes, /10/ pour les autres catégories // + de 2 syllabes : /100/ de.di.cate
En contexte, le modal est utilisé dans une proposition adverbiale en if suivie d’une principale contenant un impératif.
La présence de la conjonction if implique qu’au moment de l’énonciation de la phrase, le contenu propositionnel n’est pas validé. D’ordinaire, la construction d’une situation hypothétique se fait à l’aide du présent (situation potentielle), du prétérit (déréalisant), ou du prétérit associé à l’aspect have V-EN, had V-EN, contrefactuel.
En contexte, le temps est porté par le modal must. Nous y reviendrons ultérieurement.
L’énonciateur ne quantifie pas les chances de validation de la relation prédicative représentée par le dictum (you/dedicate…sthg), situation déjà présentée comme hypothétique.
L’énonciateur utilise must en fonctionnement déontique.
Il pose l’hypothèse d’un devoir personnel que se ferait le référent du sujet grammatical d’entrer en relation avec le prédicat.
L’énonciateur évoque implicitement une situation dans laquelle son co-énonciateur dirait : « I must dedicate my life to love ». Le devoir exprimé par must n’émane pas du sujet énonciateur de notre segment, mais du présupposé ci-dessus. Glose : si tu te fais vraiment l’obligation de vouer ta vie à quelque chose… Ceci implique que l’énonciateur de notre segment n’approuve absolument pas ce présupposé, remplaçant le complément love par something, explicité ultérieurement par an idea.
La glose française ferait ressortir cette non congruence en utilisant un assertif fort (assertion + hypothèse = contradiction logique…) : s’il faut vraiment que tu voues ta vie à quelque chose… = je ne pense pas qu’il le faille.
Dans la principale, l’énonciateur utilise un impératif et non pas un modal afin de marquer encore plus son refus du propos antérieur du co-énonciateur.
L’effet pragmatique est donc adversatif.
Must à fonctionnement déontique est de type objectif (l’énonciateur de notre segment n’est pas la source de l’obligation exprimée) et non pas subjectif (l’énonciateur du segment serait responsable de l’obligation exprimée).
On pourrait le gloser par if you must needs… qui évoquerait une force des circonstances conduisant you à entrer obligatoirement en relation avec le prédicat.
 Le temps
Comme nous l’avons vu plus haut, must a une forme unique compatible avec le présent ou le prétérit.
En contexte, la phrase étant prononcée au discours direct, la valeur temporelle de must est associée au présent de l’énonciation.
On pourra objecter à cette conclusion que le segment se trouve dans une adverbiale introduite par if, marqueur de déréalisation.
Quelle glose adopter si l’on substitue have to à must ?
 If you have to dedicate…, dedicate it to an idea.
 ??If you had to dedicate…, dedicate it to an idea.

La glose au prétérit déréalisant introduit une distanciation entre T° et la validation de la situation envisagée qui est difficilement conciliable avec un impératif dans la principale, l’impératif véhiculant un ordre dont l’énonciateur est certain qu’il sera suivi d’effet. En présence d’un prétérit déréalisant, on attendrait plutôt une principale interrogative intégrant un modal : if you had to dedicate your life to something, wouldn’t you dedicate it to an idea ?
Ceci nous conduit à exclure une interprétation déréalisante de must et à confirmer que son emploi en contexte est bien un emploi relevant du présent de l’énonciation.

A

x

33
Q

I am in no one’s hands. Unfortunately for you that tape recorder is not working. We have no witnesses, You will repeat nothing that has been said in this room to anyone outside. If you do I shall have to ruin you. I shall make you unemployable. Miss Gray. And first of all I shall bankrupt that pathetic business of yours. From what Miss Learning told me it shouldn’t be difficult.
1. Description linéaire
Modal shall au présent + have to + V 2. Problèmes posés
Le fonctionnement du modal et la valeur du présent.
3. Analyse
 Have to
Have se comporte ici comme un verbe lexical dont l’infinitive complément a un sujet effacé monté en tant que sujet de have. Il est statif et non pas dynamique, le sujet étant patient et non pas agent. Sémantiquement, il implique une nécessité imposée au référent su sujet grammatical, liée aux circonstances exprimées antérieurement (if you do).
 Le modal shall
Rappel
Deux valeurs sémantiques de base: la volition extra-subjective et l’implication.
Valeurs dérivées:
prédiction + ou - volition extra-subjective (shall)
obligation relative (should)
conditionnel + présupposition non-réelle (should)
nécessité logique relative (implication + présupposition non-réelle) should emplois subjonctifs (putatifs) (should)
 Shall de prédiction/implication
La prédiction n’est jamais absente du sens de shall et elle en constitue l’élément sémantique essentiel. De même, la valeur de vérité de shall possède un caractère quasi-absolu.
La valeur implicative de shall est liée à l’expression d’une relation d’ultériorité entre le conséquent et l’antécédent : you do that  I shall have to ruin you .
Dans l’opération de prédiction, l’énonciateur déduit la vérité d’un événement futur à partir de la constatation d’un ou plusieurs événements passés ou présents, ce qui signifie qu’elle consiste à établir une relation implicative entre deux événements. La prédiction consiste à lier le futur à du connu.
Shall signale l’absence de compatibilité entre S et P. L’énonciateur garantit personnellement la prédication et il le fait pour pallier l’absence de compatibilité naturelle entre S et P (non- congruence).
Lorsque le procès est de nature non-volontaire, on se trouve de façon non-ambiguë dans la zone de prédiction pure. En l’absence de composante volitionnelle (cf. la présence de have to V), il s’agit d’une opération mentale de nature purement implicative et l’antécédent de l’implication peut être plus ou moins sous-entendu. Il est ici clairement exprimé : if you do. (Shall ne peut pas exprimer une implication dont l’antécédent n’apparaît pas explicitement dans le contexte (if…).)
Shall est donc ici en fonctionnement épistémique, implicatif et prédictif.  Le temps et la valeur en contexte
Le temps présent porté par shall renvoie au moment de l’énonciation de la phrase au style direct. Cependant, les valeurs implicative et prédictive inhérentes à l’utilisation de shall permettent aussi de dégager une valeur de visée. (Nous avons vu que la valeur de volition extra-subjective était prise en charge par have to V). L’énonciateur garantit la validation future du dictum si la condition est elle-même validée.
La glose française utiliserait le verbe impersonnel falloir, qui marque une obligation extra- subjective, et non pas le verbe devoir, qui marque une volition intra-subjective : si c’est le cas, il me faudra te ruiner.
 Valeur pragmatique
La relation intersubjective est implicite, l’énonciateur ne s’adressant qu’indirectement à son co-énonciateur (il se met lui-même en scène).
On pourrait cependant lire dans cet énoncé une valeur pragmatique de menace liée à l’utilisation du verbe ruin, et corroborée par le cotexte droit, I shall make you unemployable, dans lequel le causatif make redonne au sujet I un caractère agentif lié à la volition intra- subjective.

A

x

34
Q

Home! She looked round the room, reviewing all its familiar objects which she had dusted once a week for so many years, wondering where on earth all the dust came from. Perhaps she would never see again those familiar objects from which she had never dreamed of being divided.
1. Description linéaire
Le modal would au prétérit : will-ED. 2. Problèmes posés
Le fonctionnement du modal et la valeur de -ED.
3. Analyse
 Le modal would
On reprendra ce qui a été dit semaine 13 sur le fonctionnement global du modal. Il sera réalisé en forme pleine, /wd/.
 Le verbe see
Le verbe see est un verbe de perception involontaire qui sélectionne un sujet animé au rôle sémantique expérient : le référent du sujet fait une expérience par le sens de la vue, il reçoit une image. Il n’est donc pas agent, la perception étant involontaire. Son COD est le stimulus qui déclenche la perception.
 Le prétérit
Le passage proposé fait état des pensées et interrogations du personnage (présence d’une interjection, home !, et du verbe wondered en cotexte gauche). Nous nous situons en phase de discours indirect libre.
Si les pensées étaient énoncées au style direct, la glose en serait : perhaps I will never see again…
Le prétérit porté par le modal, will-ED, est un prétérit de translation au service du discours indirect libre.
 Fonctionnement du modal en contexte
Étant donné que le verbe see a un sujet expérient et non pas agent, le modal would ne peut être utilisé ici en fonctionnement radical. On ne peut effectivement pas « vouloir » voir.
Il a donc un fonctionnement épistémique. L’énonciateur garantit que la relation prédicative S/P, dictum : she/never see again…., sera validée dans un moment T+1 suivant l’énonciation et s’étendant ad infinitum en raison de la présence de l’adverbe never qui nie toute possibilité de validation ultérieure.
 Valeur du modal en contexte
La valeur de will en contexte est donc une valeur de visée doublée de la garantie de validation par l’énonciateur de la validation de la relation prédicative.

 La présence de perhaps
L’adverbe modal perhaps, placé en tête d’énoncé, porte sur l’ensemble de la phrase et non pas, comme le modal, sur le nœud prédicatif.
Il quantifie après coup les chances pour que la visée négative envisagée soit effective. De par son sens, il réduit ces chances de validation à 50/50, domaine de l’équipossibilité : perhaps, perhaps not.
 Valeur pragmatique
Pragmatiquement parlant, la requalification de la garantie (apportée par would) par l’adverbe perhaps marque les hésitations du personnage et son refus implicite de valider la visée négative qui suit. Elle laisse augurer de la suite de la diégèse (Eveline ne partira pas). L’étymologie de perhaps peut confirmer cette interprétation :
la chance pourrait lui sourire et faire que la visée négative ne se produise pas. Le possible prend alors le pas sur le certain.

A

x

35
Q
  1. Perhaps if you had waked up in the middle of the night you might have seen a
    big fish flicking in at the window and gone again. . . .
  2. Description linéaire (0.25 / pas de point si erreur)
    Auxiliaire modal may-ED + have (infinitif) + see-EN (participe passé)
  3. Problèmes posés (0.25 / pas de point si erreur)
    Le fonctionnement du modal, de l’aspect et la valeur du temps.
  4. Analyse
     Le verbe see (0.25 / pas de point si erreur)
    Verbe de perception involontairesujet expérient.
     L’aspect have V-EN (0.5 / -0.25 point si erreur ou oubli)
    V-EN trace d’un accompli antérieur
    Have : opérateur de localisation ; permet de loger un accompli dans le sujet grammatical. Have infinitif : la localisation est posée mais pas validée (pas de marque de temps). Valeur : antériorité.
     Le modal may (0.5 / -0.25 point si erreur ou oubli)
    Sujet non agent (expérient)valeur déontique peu probable (permission). Fonctionnement épistémique. Confirmé par la présence de have V-EN. Valeur centrale de may : équipossibilité 50/50.
     Le prétérit (0.5 / -0.25 point si erreur ou oubli)
    En contexte, conditionnelle contrefactuelle : if you had waked up = you didn’t wake up. Condition impossible à valider.

Prétérit de may-ED : fonctionnement déréalisant. Fait reculer les chances de validation (extrêmement faibles)  également contrefactuel vu la présence de have V-EN
 Portée de perhaps
Ne peut pas amenuiser plus les chances de validation évaluées par may-ED.
Porte sur la totalité de la phrase.
 Interprétation pragmatique (0.25 / -0.25 si oubli)
La situation envisagée ne peut plus se produire et l’ensemble de la phrase va à l’encontre des faits : you didn’t wake up so you didn’t see…
On pourrait y voir une valeur de reproche ou un trait d’ironie.

A

x

36
Q
  1. “-Why are you having messages taken for you here?”
  2. Description linéaire
    Interrogatif + Auxiliaire be au présent + S + have-ing + GN + V-EN (0.25 / -0.25 si oubli) 2. Problèmes posés
    Le fonctionnement de have, de l’aspect be V-ing et la valeur du temps. (0.25 / -0.25 si oubli) 3. Analyse
     Have (1 / -0.5 si oubli)
    Have se comporte ici comme un verbe lexical dans la mesure où il est compatible avec l’emploi de do pour former l’interrogation, la négation, l’emphase et le code (do you have… / you don’t have / you do have / you have…, don’t you ?). (0.25)
    Have participe ici d’une construction causative : S1 (you) V1 localisateur sans véritable contenu sémantique (have) E (événement : messages /be taken for you here).
    Un passif apparaît donc en structure profonde, à valeur stative. Le sujet agent (la personne qui prend les messages) est effacé.
    Le sujet de have est vu comme bénéficiaire de l’événement E mais aussi comme causateur. Il « manipule » le sujet agent effacé pour obtenir la validation de E.
    On ne peut donc étudier séparément have de sa complémentation.
    Have a en contexte une valeur causative. (0.75)
     L’aspect be V-ing (0.5)
    Dans la mesure où have est un verbe lexical en emploi dynamique causatif, il est compatible
    avec l’utilisation de l’aspect be V-ing.
    Valeur de l’aspect en contexte : ancrage situationnel + anaphore (la question porte sur le pourquoi des choses, donc la relation (you/be having messages taken for you here) est préconstruite.

 Le temps présent (0.5)
Le présent ancre le discours dans le moment de l’énonciation, mais dépasse également ce moment spécifique dans la mesure où la valeur imperfective de be V-ing présuppose que [you/have messages taken for you] est en cours de déroulement. Le présent couvre donc tout le déroulement de l’événement, de son début jusqu’au moment de l’énonciation.

A

x

37
Q
  1. “-Because it’s around the corner from where I’m living… and because I don’t
    have a phone.”
  2. Description linéaire
    (S) + Do auxiliaire + not en forme réduite + have (+ COD) (0.25) 2. Problèmes posés
    Have et le temps présent. (0.25) 3. Analyse
     Have (0.75)
    Emploi verbal (présence de doaux).
    Verbe lexical exprimant la possession. Statif, atélique.  La négation (0.25)
    L’auxiliaire do porte la négation. La forme réduite de l’adverbe not tient au style direct.
    Don’t permet de nier la validité de la relation prédicative I/have a phone. Il confère une polarité négative à la proposition.
     Le présent (0.5)
    Have étant à l’infinitif, le présent est porté par l’auxiliaire au service de la négation.
    Ce présent implique la stativité. Il n’est fait référence à aucun moment particulier. La (non)possession est une propriété stable, qui ne connaît pas de limites temporelles. Présent de généralité.
     Have vs have got (rappel) (+0.5 de bonus si traité en manipulation) L’utilisation de have got connaît des limites d’emploi:
     Il appartient à un style informel
     Il est caractéristique de l’anglais britannique
     Have dans have got est généralement utilisé au présent, rarement au prétérit, très
    rarement à l’infinitif, jamais au participe passé. Il est incompatible avec l’aspect have
    V-EN (étant lui-même un ancien have get-EN)
     Il exclut une interprétation itérative.
A

x