Etudes 06 - Bénassy-Quéré - Mankiw Flashcards
Démonstration de l’importance d’un cadre institutionnel flexible :
- Les institutions comptent à chaque étape du développement d’un pays (c’est-à-dire du rapprochement de la frontière), mais doivent s’adapter à ces différentes étapes ;
- D’où la nécessité, pour les institutions internationales, d’affiner leurs recommandations aux pays en développement.
⚠️ Ce sont des choix cruciaux à certains points de bifurcation qui ont déterminé l’évolution vers la démocratie ou vers le maintien d’un ordre social à accès limité.
Acemoglu, Aghion, Zilibotti, 2006, “Distance to Frontier, Selection, and Economic Growth”
Trois catégories d’ordres sociaux, articulés entre l’économique et le politique, sont distingués dans l’histoire :
1° L’ordre social primitif (les « chasseurs-cueilleurs »), avant l’apparition des sociétés organisées ;
2° L’ordre social à accès limité (LAO - “Limited Access Order”) dans lequel la violence est canalisée : l’ordre et la stabilité sont maintenus par un système politique fondé sur l’extraction et la distribution des rentes. Les relations personnelles dominent, les règles ne s’appliquent pas de manière impersonnelle. Les élites (souvent des seigneurs de guerre) s’entendent pour gérer en commun les droits de propriétés, partager les rentes et assurer la stabilité nécessaire à la prospérité de ces rentes ;
3° L’ordre social ouvert (OAO - “Open Access Order” ou État naturel), qui a émergé il y a près de 300 ans, et qui caractérise les pays les plus avancés : principe de la concurrence, aussi bien politique qu’économique. La contestabilité des rentes, fruits de l’innovation, fait qu’elles ne sont pas attachées à des personnes, ce qui les rend plus acceptables.
II. Pour devenir des OAO, les LAO doivent satisfaire trois conditions liminaires (doorstep conditions) :
1° L’établissement d’une règle de droit entre les élites ;
2° L’existence d’organisations « perpétuelles » (capables de perdurer indépendamment de la personnalité de leurs membres), y compris l’État lui-même ;
- 3° Le contrôle de la coalition au pouvoir sur les militaires.
III. Trois types d’États naturels :
- Les États naturels fragiles : LAO dans lesquels l’État ne se maintient que difficilement face à la violence interne ou externe ;
- Les LAO basiques : LAO capables d’établir une organisation durable et stable de l’État (essentiellement composé d’institutions de droit public) ;
- Les États naturels matures : ils possèdent une structure institutionnelle durable et il est possible d’y établir des organisations des élites en dehors du cadre de l’État.
⚠️ Ces trois types ne sont pas des étapes successives, mais différentes formes sur lesquelles il est possible de revenir.
North, Wallis et Weingast, 2009
I. Mise en évidence d’une corrélation très forte, au sein de l’Union européenne, entre le PIB par habitant de 2015 et le rang en 2008 dans les indicateurs de gouvernance mondiaux.
II. Ces divergences dans la qualité des institutions sont une des raisons de la difficulté de la conduite de la politique monétaire en zone euro.
Coeuré, 2017
I. La « bonne gouvernance », c’est-à-dire la qualité des institutions, mesurée par les indicateurs de la Banque mondiale :
- est corrélée au niveau de développement (le PIB par tête ou revenu) ;
- n’est pas corrélée à la vitesse de développement (la croissance de moyen-long terme).
II. Certaines variables institutionnelles facilitent le décollage économique et d’autres aident à soutenir une croissance économique de long terme et rendent possible un rattrapage économique :
1° La « bonne gouvernance » ne ressort pas comme une priorité pour le décollage économique. Elle le devient dans un second temps, ainsi que l’ouverture du système de régulation sociale, lorsque, bénéficiant d’une croissance soutenue et prolongée, un pays cherche à converger avec les pays développés ;
2° Dans les autres pays en développement (non-convergents), la priorité réside dans la construction de capacités d’anticipation stratégique et de coordination entre élites.
Meisel et Ould Aoudia, 2007
I. Observation de la forte hétérogénéité des trajectoires de croissance forte dans certains pays en développement.
Pourquoi certains pays se développent et atteignent des taux élevés et durables de croissance (7 % en moyenne par an pendant au moins 25 ans depuis), alors que d’autres n’y arrivent pas ?
II. 13 pays remplissent ce critère des 7 %, mais se présentent comme très hétérogènes :
- démocratiques et pluralistes comme le Japon ou la Corée du Sud, à parti unique comme la Chine ;
- ayant opté pour des politiques d’exportation et d’attrait des IDE (Singapour, Hong Kong, la Malaisie), de substitution des importations par des productions (Brésil), d’investissement (Japon).
→ Le lien entre institutions et croissance est complexe et non-linéaire.
Rapport Spence (Commission sur la croissance et le développement), 2008
I. Stratégie de croissance à 10 ans formulée par l’UE (1°), qui identifie cinq grandes priorités, associées à cinq objectifs quantifiables à l’horizon 2020 :
1° Porter le taux d’emploi à 75 % de la population âgée de 20 à 64 ans ;
2° Investir 3 % du PIB dans la R&D ;
3° Objectifs 20-20-20 : réduire les émissions de GES de 20 %, réaliser 20 % d’économies d’énergie et porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans son bilan énergétique ;
4° Ramener le taux d’abandon scolaire à moins de 10 % et faire en sorte que 40 % des jeunes au moins obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur ;
5° Réduire de 20 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté.
II. Les difficultés qui demeuraient concernaient l’emploi, la R&D et la réduction de la pauvreté, tandis que les objectifs susceptibles d’être atteints étaient ceux relatifs à l’énergie, à la préservation du climat et à l’éducation (2°).
1° Conseil européen de juin 2010, Europe 2020 ;
2° Commission européenne, Rapport annuel 2016 sur la gestion et la performance du budget de l’Union européenne.
En raison du phénomène de la destruction créatrice établi par Schumpeter, il ne faudrait pas s’opposer, par des politiques de stabilisation, à l’effet de « nettoyage » de récessions.
⚠️ Cela ne signifie pas que ces épisodes de récessions soient désirables.
Caballero et Hammour, 1994
I. L’OCDE avait initialement estimé que la crise de 2007-2009 n’aurait pas d’impact négatif sur la croissance de la productivité globale des facteurs à moyen terme.
II. Selon les auteurs de cet article, cette prévision s’est avérée trop optimiste.
Il est néanmoins difficile d’évaluer cet impact, en raison :
- de l’impossibilité de se référer à un contrefactuel ;
- de la présence d’effets des différentes politiques menées après la crise, qu’il est difficile de démêler des effets de la crise elle-même.
Ollivaud et Turner, 2015
Les entreprises qui meurent lors d’une récession ne sont pas nécessairement les plus inefficaces : elles peuvent être simplement les plus fragiles ou celles qui ont pris le plus de risque.
Aghion et al., 2012
Étude empirique présentant une analyse allant à contre-courant de la dichotomie classique séparant la croissance de la volatilité des fluctuations économiques :
Il y a un effet négatif de l’instabilité du PIB sur la croissance moyenne.
Ramey et Ramey, 1995
Moins un pays est financièrement développé, plus l’instabilité de son PIB nuit à sa croissance de long terme.
Aghion et Banerjee, 2005
Les politiques de « stop and go » (alternance entre la relance et la restriction) menées au Royaume-Uni jusqu’en 1997, qui ont conduit à une variabilité élevée du taux de croissance du PIB, des taux d’intérêt et du taux de change, ont pu ralentir la productivité britannique.
Barrel et Weale, 2003
I. Modèle permettant de comparer les effets des chocs temporaires sur la zone euro et aux États-Unis.
II. Les rigidités sur les marchés financiers, des biens et du travail affectent négativement la résilience des pays à des chocs économiques temporaires.
Drew et al., 2004
I. Trois canaux d’influence des marchés financiers sur la croissance de long terme :
1° L’abaissement du coût du capital : il abaisse les coûts de transaction par des économies d’échelles (coûts de production des services financiers, taxes, réglementations) et par des mises en concurrence rendant le processus d’intermédiation plus efficace ;
2° La stimulation de l’épargne : un système financier solide inspire confiance et permet la hausse du taux d’épargne, augmentant l’investissement à long terme ;
3° Une meilleure allocation du capital disponible : collecte d’information sur les projets d’investissements, diversification des risques et financement de l’innovation, orientant l’épargne vers les projets les plus productifs.
II. Cependant, le secteur financier peut souffrir d’imperfections : les recettes perçues par le secteur financier peuvent rémunérer les services qu’ils rendent, mais également refléter une inefficacité associée au pouvoir de marché en tant qu’intermédiaires.
Pagano, 1993
Le rôle du système financier dans l’émergence de l’innovation financière est une constante historique.
L’expansion du crédit, donc de la monnaie, est indispensable à l’investissement donc à l’activité et la croissance. La monnaie cesse d’être neutre et devient une condition de l’expansion économique.
Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, 1911
⚠️ L’ouvrage paraît l’année même où Irving Fisher formalise la théorie quantitative de la monnaie dans son ouvrage Le Pouvoir d’achat de la monnaie, postulant sa neutralité.
Contrairement à ce qui est généralement soutenu, la montée de l’endettement public dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, n’a pas produit des effets négatifs ou même neutres sur le développement économique du pays.
La production abondante de titres obligataires d’État a introduit une liquidité qui a permis aux épargnants, notamment la noblesse anglaise, de se détourner des secteurs à faibles rendements, notamment l’agriculture, vers le financement des industries montantes comme le textile ou le fer. De ce fait, en parallèle, la demande de facteurs de production dans les secteurs à faibles rendements s’est abaissée, ce qui a renforcé le phénomène.
Ventura et Voth, 2015
La capacité du marché financier américain à innover et à diriger les fonds vers les usages les plus productifs est un atout majeur des États-Unis par rapport à l’Europe ou au Japon.
La montée de la finance d’entreprise américaine, combinée à un marché du travail fluide, a contribué à l’émergence d’un modèle de croissance qui repose sur l’entrée et la croissance rapide de nouveaux acteurs, qui s’étend bien au-delà du secteur des nouvelles technologies. En effet, ceux-ci, en apportant au marché de nouveaux produits et des technologies plus productives, mettent en difficulté les entreprises en place.
Philippon et Veron, 2008
1° Plan d’action pour les services financiers élaboré par la Commission, pour l’intégration des services financiers.
Il visait à remédier à la très grande fragmentation de la gestion d’actifs, de la banque de détail, du capital-risque et du financement des PME.
⚠️ D’après (2°), « Des évolutions favorables en matière d’intégration financière ont été observées ces dernières années, notamment en ce qui concerne les relations de paiement de montant élevé, les taux spécifiques du marché des prises en pension garanties et, très progressivement, les volumes de prêts bancaires aux particuliers, mais elles ne se sont généralement pas manifestées sur les marchés boursiers. »
1° Livre blanc de la Commission européenne, 2005, « Politique des services financiers 2005-2010 » ;
2° BCE (2020).
1° Les politiques de croissance prioritaires à la fin des années 1980 avaient été surnommées par l’auteur, dès 1989, « le consensus de Washington », pour désigner cet ensemble de politiques que « à peu près tout le monde à Washington pense plus ou moins nécessaires partout en Amérique latine ».
Ici, l’auteur relève que ce terme est désormais employé comme critique, ce qui n’était pas son intention initiale.
📚 Certaines des préconisations portées par ses institutions ont depuis été remises en cause (discipline budgétaire, libéralisation financière, unification des taux de change…), notamment par (2°), resté cependant sans grande suite.
Cf. la fiche wiki sur le consensus de Washington
1° John Williamson, 1999 ;
2° Le « consensus de Buenos Aires », dans une déclaration de 2003.
Identification d’une dizaine d’instruments économiques qui faisaient consensus à Washington :
1° la discipline budgétaire ;
2° la préférence pour la réduction des dépenses publiques plutôt que les hausses d’impôt ;
3° en cas d’impôt, le choix d’une assiette large et d’un taux marginal d’imposition faible ;
4° le taux d’intérêt devrait être déterminé par le marché et le taux d’intérêt réel devrait être positif ;
5° un taux de change compétitif est plus important que la façon dont il est déterminé, y compris par le marché ;
6° la libéralisation des échanges ;
7° la promotion des investissements directs à l’étranger ;
8° la privatisation des entreprises publiques ;
9° la déréglementation ;
10° la protection des droits de propriété.
Williamson, 1989
Après les crises des économies émergentes de la fin des années 1990, d’autres dimensions ont été ajoutées aux préconisations des institutions issues du consensus de Washington : flexibilité des marchés du travail, respect des règles de l’OMC, protection sociale, dépenses ciblées pour lutter contre la pauvreté.
⚠️ B.Q. : ces préconisations et toutes celles qui les ont précédées (Williamson, 1989) finissent par donner l’apparence d’un « inventaire à la Prévert ».
Rodrik, 2005
I. Mise en évidence du lien, au niveau macroéconomique, entre la performance de l’éducation et la productivité par tête.
L’éducation est un acte d’investissement dans les individus, et des individus éduqués sont porteurs d’un capital humain.
II. ⚠️ Cette constatation importe dans le cadre de l’établissement d’un lien entre la structure de l’investissement et le progrès technologique.
En outre, elle implique d’importantes externalités en matière de rendement social et de rendement privé de l’éducation.
Nelson et Phelps, 1966 (“Investments in Humans Technological Diffusion and Economic Growth”)
Etude fondatrice
I. Les interventions du FMI auprès des pays endettés s’accompagnent de politiques d’« ajustements rapides », c’est-à-dire des réductions massives de dépenses publiques. Or, les crédits scolaires représentant généralement le premier poste budgétaire, ils étaient généralement les premiers visés à l’époque.
II. A. La Banque mondiale était plus sensible à l’importance de l’éducation. En 1986, elle a publié un rapport mettant en évidence plusieurs éléments :
- il y a une mauvaise allocation des ressources au sein même des systèmes éducatifs, et il convient de redéployer des crédits du secondaire et du supérieur vers le primaire, où ils apportent un meilleur rendement ;
- en effet, c’est généralement dans l’enseignement supérieur que le taux de rendement privé est plus élevé que le taux de rendement social : il convient donc de réduire les aides publiques à ce secteur.
B. Selon l’auteur, le modèle proposé par la Banque mondiale est finalement assez simpliste : personne ne conteste l’intérêt d’améliorer l’enseignement primaire, et il est assez vain de discuter des conclusions du rapport ou de ses préconisations qui n’ont de sens qu’envisagés dans leur globalité. La seule alternative consisterait dans l’analyse de chaque système éducatif dans la dynamique de ses rapports avec les structures économiques, sociales, politiques et idéologiques.
Vinokur, 1987
Étude empirique portant sur une centaine de pays entre 1965 et 1995.
L’éducation des femmes au niveau primaire élève le taux de croissance en diminuant le taux de fertilité. Les hauts niveaux d’éducation féminins semblent mal employés sur les marchés du travail de la plupart des économies.
Le taux de croissance est positivement relié au nombre d’années d’études supplémentaires au nombre moyen d’années suivies dans le secondaire et dans le supérieur.
Une année supplémentaire d’éducation élève le taux de croissance de moyen terme, toutes choses égales par ailleurs, de 0,44 point de pourcentage.
Cependant, la qualité des années supplémentaires d’études, mesurées par les résultats aux examens, est plus déterminante encore que la quantité.
Enfin, de bons résultats en science sont corrélés avec une croissance plus élevée.
Barro, 2001
L’éducation est un bien public, c’est pourquoi il ne faut pas s’arrêter à son rendement individuel.
1° Il y a un lien entre le niveau de développement d’un pays et le rendement le plus efficace du niveau d’éducation à améliorer : le rendement social le plus élevé est celui de l’éducation primaire dans les pays en développement, de l’enseignement supérieur dans les pays développés ;
2° Le rendement privé de l’éducation est plus élevé que son rendement social, car ce dernier prend en compte tous les coûts directs de l’éducation et le coût d’opportunité du financement public ;
3° Le rendement de l’éducation féminine est plus élevé que celui des hommes, notamment parce qu’il baisse le niveau de fertilité, et donc la croissance de la population.
Banque mondiale (Sianesi et Van Reenen), 2002
Mise en évidence empirique d’un lien très fort entre élévation du niveau d’éducation des femmes et baisse de la fertilité.
L’explication de ce lien n’est en revanche pas évidente.
Kim, 2016
La transition démographique est en cours en Afrique subsaharienne depuis quelques décennies.
Il a déjà été mis en évidence (Barro, 1991 ; Mankiw, Romer et Weil, 1992) que la baisse de la fertilité qui accompagne les dernières étapes de la transition démographique introduit la possibilité d’un dividende démographique et une fenêtre d’opportunité pour la croissance économique :
- augmentation du revenu ;
- augmentation de la participation des femmes au travail ;
- amélioration de l’investissement dans la santé et l’éducation des enfants, ce qui augmente leur productivité ultérieure sur le marché du travail ;
- la modification de la structure de la population par classes d’âge peut affecter le taux d’épargne national et l’investissement ;
- il peut y avoir une rétroaction positive lorsque la croissance économique contribue en retour à la baisse de la fertilité et d’autres bénéfices économiques.
Karra, Canning et Wilde, 2021
L’enseignement supérieur a un fort effet sur la croissance dans les pays proches de la frontière technologique (alors qu’il n’affecte pas la croissance dans les pays qui en sont éloignés) :
Une augmentation d’un point de pourcentage dans la proportion de diplômés dans la population active augmente la croissance de la PGF de moyen terme d’environ 0,1 point de pourcentage (ce qui est élevé).
Aghion et al., 2009
Pour améliorer les performances de l’Europe en matière d’enseignement supérieur (mesurées à la fois par le classement de Shanghai et les dépôts de brevet), la qualité de la gouvernance des universités est aussi importante que la dépense en formation supérieure rapportée au PIB.
Préconisations :
1° Augmenter les dépenses dans l’enseignement supérieur (36 500 € aux États-Unis contre 8 700 € en Europe), car elles sont positivement corrélées aux performances ;
2° Améliorer la gouvernance des universités, car l’augmentation des dépenses et l’autonomisation des universités sont des facteurs qui fonctionnent en synergie ;
3° Accroître la mobilité des étudiants et la compétition entre les universités.
Aghion et al., 2008
Certaines entreprises européennes qui pourraient investir dans la recherche sont contraintes par un accès insuffisant aux financements.
En sous-estimant le lien entre développement financier et croissance, les politiques publiques ont négligé un important levier pour l’emploi et la croissance en Europe.
Philippon et Veron, 2008