Etudes 05b - Bénassy-Quéré Flashcards

1
Q

Solow, 1956

A

La productivité globale des facteurs explique les 7/8e du doublement de la productivité du travail aux Etats-Unis de 1909 à 1949, tandis que l’augmentation de l’intensité capitalistique explique le huitième restant.

L’auteur l’appelle aussi « la mesure de notre ignorance ».

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2
Q

Jorgenson et Vu, 2016

A

I. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont profondément modifié les habitudes de travail et les interactions entre les individus. Elles ont fait évoluer les pratiques des entreprises et de l’administration.

II. L’importance accordée à l’innovation est remise en question : comparée au progrès technologique (notamment le développement des semi-conducteurs dans la puissance de calcul informatique), elle n’a joué en fait qu’un rôle relativement modeste, qui ne justifie pas sa place centrale dans les théories modernes de la croissance économique.

III. Les politiques économiques devraient donc mettre l’accent sur la remise en cause de leurs modèles pour tenir compte du progrès technologique.

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3
Q

Barro et Sala-ì-Martin, 1995, Economic Growth

A

Les variables qui exercent un effet significatif sur le PIB par tête de long terme sont :

La qualité du capital humain : niveau d’éducation, espérance de vie ;

Le bon fonctionnement des marchés : degré de concurrence, distorsions introduite par l’intervention de l’État, corruption ;

La stabilité macroéconomique (notamment la stabilité des prix) ;

L’instabilité politique (guerres, coups d’état, ou simplement alternance entre partis politiques).

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4
Q

Piketty, 2013, Le capital au XXIe siècle

A

Au niveau mondial, la redistribution opérée par les impôts et transferts a un impact limité sur les inégalités.

Celles-ci dépendent bien davantage :

  • Des forces motrices de la rémunération du capital et du travail ;
  • De l’impact politique et économique cumulatif de la concentration du revenu ;
  • Du rôle des inégalités de patrimoine.
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5
Q

Milanovic, 2016

A

I. Comme d’autres auteurs, mise en évidence que :

  • la baisse des inégalités intra-pays observée entre 1820 et 1990 n’est pas spécifique aux pays d’Europe occidentale ;
  • que les inégalités à l’échelle mondiale, entre pays, ont augmenté au cours de cette même période ;
  • que, depuis la fin du XXe siècle, cette tendance s’est inversée : moins d’inégalités à l’échelle mondiale et plus d’inégalités à l’intérieur des pays, avec des exceptions notables.

II. A. La « déconcentration » du capital et les interventions avant impôts et transferts sont une approche plus prometteuse pour réduire les inégalités que la redistribution, en particulier compte tenu de la difficulté qu’il y a à augmenter la fiscalité des revenus du capital dans un monde globalisé.

B. Il s’agirait notamment de réduire les inégalités de dotations :

  • en matière de détention d’actifs ;
  • dans l’éducation.

C. Dans ces conditions, les inégalités de revenus de marché diminueraient et n’impliqueraient plus qu’une redistribution de nature plus modeste, de nature à satisfaire ceux qui considèrent les taxes trop élevées comme mauvaises pour l’activité.

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6
Q

Thomas Malthus, 1798, Essai sur le principe de population

A

I. Conclusions sur des rendements décroissants qui correspondaient à une expérience très précise de la fin du XVIIIe siècle : celle de la mise en valeur de terres de moins en moins fertiles et de plus en plus difficiles à cultiver, à laquelle s’est justement opposée la contre-expérience de l’innovation et des gains de productivité.

La croissance géométrique de la population s’oppose à la croissance arithmétique de la production.

II. La fécondité est considérée comme le ressort fondamental de la croissance. Le report des mariages compense les chocs négatifs en période de crise et leur avancée permet d’encourager les reprises en accompagnant les chocs technologiques, si bien que le niveau de vie par tête demeure constant sur longue période.

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7
Q

⚠️ Harrod, 1939, et Domar, 1946

A

(Modèle Harrod-Domar)

Il s’agit de deux contributions séparées, qui parviennent aux mêmes conclusions.

I. A. Fonction de production à facteurs complémentaires qui adapte la théorie de Keynes au long terme :

1° Harrod cherche à dynamiser la théorie keynésienne pour en faire un modèle de la croissance de long terme ;

2° Puisqu’à court terme, le seul effet de l’investissement est celui du multiplicateur keynésien de la demande, Domar montre que l’investissement joue également un rôle sur l’offre.

B. Il s’agit de l’ancêtre des modèles de la théorie de la croissance exogène, notamment du modèle de Solow (1956).

II. Les modèles, qui ne se prétendent pas réalistes, prédisent un déséquilibre croissant entre capital et travail, jusqu’à ce que l’insuffisance de capital bride la croissance.

III. La croissance économique étant instable, cela justifie l’intervention de l’État.

IV. Ces contributions ont fourni une justification théorique aux politiques d’aide à la reconstruction de l’immédiat après-guerre (plan Marshall de 1947).

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8
Q

Solow et Swan, 1956

A

I. Modèle constituant toujours aujourd’hui un cadre de référence de l’analyse néoclassique de la croissance.

II. Sur le sentier de croissance :

  • les marchés sont en équilibre ;
  • les facteurs de production sont substituables ;
  • le rendement marginal du capital est décroissant : l’incitation à investir disparaît quand le rendement marginal est égal au coût d’usage du capital.

II. Le modèle s’appuie sur deux courbes majeures : celle de l’augmentation de l’épargne, et donc du capital, et celle de la dépréciation du capital. La dépréciation est représentée par une courbe linéaire, tandis que l’épargne cesse de croître après une certaine quantité dépassée.

En effet, l’incitation à accumuler du capital diminue au fur et à mesure que l’économie croît, et elle disparaît lorsqu’une hausse supplémentaire du stock de capital coûte davantage qu’elle ne rapporte en termes de production.

III. Toute économie atteint à un moment un point où toute augmentation des facteurs de production n’engendrera plus d’augmentation de la production par tête. Ce point correspond à l’état stationnaire, où chaque économie est censée converger à terme.

Cette prédiction étant irréaliste, un facteur supplémentaire doit expliquer la poursuite de la croissance : c’est le progrès technique. Les équations ne permettant pas d’établir son origine, il est exogène au modèle, et ainsi appelé « résidu ».

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9
Q

Ramsey (Modèle de), 1928, A Mathematical Theory of Saving

A

L’objectif social est de maximiser durablement la consommation par tête.

Ce modèle montre qu’il existe bien un taux d’épargne qui maximise la consommation par tête* :

  • ce taux d’épargne optimal est exactement égal au poids du capital dans la fonction de production.

→ Les revenus du capital doivent être réinvestis dans l’économie, tandis que les revenus du travail sont consommés.

* “<em>The rate of saving multiplied by the marginal utility of money should always be equal to the amount by which the total net rate of enjoyment of utility falls short of the maximum possible rate of enjoyment</em>.”

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10
Q

Mankiw, Romer et Weil, 1992

A

Le modèle de Solow et Swan fournit un cadre théorique cohérent avec la comptabilité de la croissance mais n’est pas réaliste : il sous-estime les effets positifs de l’accumulation du capital sur l’accroissement de la population et oublie un facteur de production accumulable, le capital humain.

Les dépenses d’éducation doivent donc être traitées comme un investissement et non comme une consommation.

⚠️ Le nouveau modèle proposé par les auteurs est encore imparfait : la croissance à l’équilibre stationnaire ne dépend toujours que de facteurs exogènes, la démographie et le progrès technique.

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11
Q

Arrow, 1962 (“The Economic Implications of Learning by Doing”)

A

Formalisation du learning-by-doing

I. L’action et la pratique permettent de construire empiriquement des savoir-faire et, dans une certaine mesure, des connaissances.

L’entreprise qui investit pour former ses employés à une nouvelle technologie incorporée à une nouvelle génération du capital, rend disponible à d’autres entreprises ce savoir-faire.

II. Cette information est un bien collectif en raison de ses propriétés d’indivisibilité et d’inappropriabilité. Par conséquent, un équilibre concurrentiel peut s’avérer sous-optimal en matière d’invention et de transmission de savoir-faire : le retour sur investissement dans ce domaine est incertain pour une entreprise, d’autant que les salariés sont libres de se faire débaucher (notamment pour un salaire plus élevé), soustrayant ce capital de savoir-faire de l’entreprise qu’ils quittent.

III. L’auteur propose plusieurs solutions dont aucune n’est infaillible :

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12
Q

Barro et Sala-ì-Martin (Modèle de), 1995

A

Les dépenses publiques (éducation, services publics) sont envisagées comme un facteur de production supplémentaire susceptible de bloquer la baisse des rendements marginaux du capital privé.

Néanmoins, la mise à disposition de ce facteur de production introduit une distorsion susceptible d’abaisser le niveau de production.

Le modèle fournit une justification de l’intervention publique en montrant qu’à un certain taux, celle-ci peut conduire la croissance à être positive à long terme, mais il montre aussi que si son coût d’opportunité est trop élevé, il peut être un frein à la croissance.

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13
Q

J. Schumpeter, 1942, Capitalisme, Socialisme et Démocratie

A

Analyse du processus de destruction créatrice par lequel une innovation majeure conduit à la disparition de la génération précédente de produits ou de procédés.

Les entrepreneurs engagent des ressources pécuniaires et humaines pour trouver et exploiter les technologies nouvelles. Ils risquent à tout instant d’être évincés par une innovation concurrente, mais tant que l’innovation concurrente n’est pas là, l’entreprise innovante fait du profit.

La perspective de ce profit constitue l’incitation à innover, et c’est parce que ce profit est construit sur l’élimination des innovations de la génération précédente que l’auteur parle de destruction créatrice.

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14
Q

Aghion, Antonin, Bunel, 2020, Le pouvoir de la destruction créatrice

A

I. Les auteurs s’appuient sur le « paradigme schumpeterien », par opposition au modèle de croissance néoclassique :

« La destruction créatrice est ce moteur du capitalisme qui assure le renouvellement permanent et la reproduction, mais qui en même temps génère du risque et des bouleversements qu’il faut savoir réguler et orienter. »

II. Quatre thèses principales :

1° L’innovation est à l’origine de la croissance économique qui elle-même est le socle de l’amélioration du bien-être des sociétés. L’innovation est créatrice de bien-être ;

2° L’innovation produit des effets néfastes sur certains secteurs de la société, ce qui la rend difficile à accepter socialement et politiquement. L’innovation est aussi destructrice de bien-être ;

L’État doit produire un contexte institutionnel permettant de favoriser l’innovation tout en protégeant les victimes de l’innovation pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles conditions économiques. L’État est au cœur d’un capitalisme régulé favorisant et rendant acceptable la destruction créatrice. Son rôle est central puisqu’il doit assurer un double équilibre :

  • Il doit assurer un équilibre entre protection des innovateurs par des rentes spécifiques et mise en concurrence des entreprises. Les innovateurs sont encouragés à innover par l’existence de droits de propriété leur octroyant un monopole temporaire (les brevets) et par des investissements spécifiques de l’État (éducation, secteur innovants, etc.). Mais, une fois la juste récompense de l’innovateur reçue, la concurrence doit reprendre ses droits car elle est elle-même favorable à l’innovation lorsque les nouveaux innovateurs cherchent à gagner des parts de marché. La mise en concurrence suppose par ailleurs la lutte contre des rentes illégitimes (non liée à l’innovation) ;
  • L’État doit assurer un équilibre entre l’insécurité endogène au processus d’innovation et la stabilité pour les secteurs qui sont victimes des nouvelles vagues technologiques. L’innovation créé du chômage, de la précarité et des mauvaises conditions de santé, ce qui la rend légitimement contestable à court terme. L’État doit alors protéger les citoyens par des garanties sociales de toutes sortes (assurance chômage, formation professionnelle, système de santé, etc.) ;

L’État n’est cependant pas un acteur exempt de défauts, il est capable de collusion avec les intérêts économiques et peut de ce fait protéger des rentes illégitimes au regard de l’efficacité économique. L’enjeu est alors de favoriser une constitution démocratique et, surtout, d’opposer au marché et à l’État un troisième pôle : la société civile. Celle-ci peut par ses choix de consommation, par l’influence dans les entreprises (responsabilité sociale de l’entreprise) ou par des manifestations obliger l’Etat (et le marché) à se réformer dans le sens d’une plus grande prise en compte de l’intérêt général.

III. Dans la conclusion, reprenant la distinction de Daron Acemoglu, James Robinson et Thierry Verdier (Acemoglu et al., 2017), les auteurs contestent l’idée d’avoir à choisir entre un capitalisme féroce (cutthroat capitalism), efficace et féroce pour les individus, et un capitalisme douillet (cuddly capitalism), inefficace économiquement mais protecteur pour les individus. Le capitalisme est le meilleur système économique pour l’intérêt général, mais les forces du marché (innovation et concurrence) doivent être tenues par un État puissant et une société civile jouant son rôle de contrepouvoir.

« Le capitalisme est un cheval fougueux : il peut facilement s’emballer, échappant à tout contrôle. Mais si on lui tient fermement les rênes, alors il va où l’on veut ».

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15
Q

Bartelsman, Scarpetta et Schivardi, 2003

A

I. Le taux d’entrée et de sortie (turnover) sur le marché des entreprises aux États-Unis et en Europe sont similaires. Il est plus facile pour des petites entreprises de s’insérer sur un marché, mais la plupart des entreprises en sortent avant d’avoir atteint un niveau de production rentable.

II. Dans les économies développées, un tiers des gains de productivité du travail proviennent du processus de création et destruction, les deux tiers restants se faisant à l’intérieur des entreprises existantes.

III. Les anciennes entreprises contribuent aux gains de productivité en investissant et en substituant du capital au travail, les nouvelles plutôt en augmentant la PGF.

IV. Aux Etats-Unis, les entreprises naissent petites, mais celles qui survivent font plus que doubler leur effectif en deux ans, tandis qu’en Europe, elles croissent de 10 à 20 % seulement.

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16
Q

Aghion et al., 2012, Credit Constraints and the Cyclicality of R&D Investment: Evidence from France

A

I. Étude empirique menée sur 13 000 entreprises de 1994 à 2004 pour étudier la relation entre la contrainte de crédit et les investissements en recherche et développement (R&D) sur le cycle économique.

II. Les conclusions sont les suivantes :

1° L’investissement en R&D est contre-cyclique en l’absence de contrainte de crédit, mais devient procyclique lorsque les entreprises font face à un durcissement des contraintes de crédits ;

2° Ce résultat est seulement observé pour les entreprises dont les secteurs d’activité reposent davantage sur un financement externe, ou qui se caractérisent par des actifs majoritairement immatériels ;

3° Au sein des entreprises les plus contraintes par le crédit, les chutes d’investissement en R&D durant les récessions n’augmentent pas en proportion durant les phases de reprise.

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17
Q

Aghion et al., 2012, Industrial Policy and Competition

A

I. Une concurrence accrue et la menace de nouvelles entrées obligent les entreprises existantes à investir pour faire face à cette pression concurrentielle.

II. Une politique sectorielle ciblant la production peut améliorer la situation si elle est compatible avec le maintien de la concurrence.

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18
Q

Paul David, 1985, “Clio and The Economics of QWERTY : The constraints of history”

A

Exemple de « dépendance au sentier » (Path Dependency) :

1° Adopté dans les années 1870 par l’un des premiers fabricants de machines à écrire, la société Remington, le clavier QWERTY minimisait le risque d’enchevêtrement des touches quand l’utilisateur frappait rapidement. Il a été repris par tous les concurrents, alors même que les études ont montré qu’il n’était pas optimal ;

2° Le système DSK (Dvorak Simplified Keyboard), breveté en 1932, qui permettait de frapper beaucoup plus vite, n’a pas réussi à le supplanter. Le système QWERTY s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui sur les claviers d’ordinateurs, alors que la raison initiale de son existence a disparu depuis bien longtemps.

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19
Q

Bartelme et Gorodnichenko, 2015

A

I. Une voiture Honda est faite de 20 à 30 000 éléments produits par des centaines d’entreprises différentes.

L’idée révolutionnaire d’Henry Ford, dont le rêve d’autosuffisance totale dans la production automobile fut réalisé dans son usine située au confluent des fleuves Rouge et Detroit (États-Unis), s’est révélée être à contre-courant de l’histoire de l’économie.

Les décennies passant, l’idée d’intégrer verticalement toutes les étapes de la production s’est montrée inadaptée aux objectifs des entreprises transnationales (ETNs).

II. Les gains de productivité sont devenus de plus en plus dépendants de la division internationale du travail entre entreprises, qui vendent des inputs intermédiaires à d’autres entreprises, générant un réseau complexe de relations commerciales.

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20
Q

Aghion et Howitt (Modèle de), 1992

A

I. Modèle de croissance développé en 1987 puis amélioré en tenant compte des critiques. Il repose sur quatre idées inspirées de Schumpeter :

La croissance de long-terme résulte de l’innovation. Sans innovation, l’économie est stationnaire. L’économie stationnaire prévaut avant le capitalisme et fonctionne à l’image d’une boucle fermée se reproduisant à l’identique ;

L’innovation ne tombe pas du ciel et est un processus éminemment social. Elle résulte en effet de décisions d’investissement de la part des entrepreneurs. Contrairement aux classiques et à la vision marxiste, l’entrepreneur de Schumpeter ne se rattache à aucun groupe social particulier. Il est celui qui innove (Schumpeter distingue les inventeurs et les entrepreneurs qui innovent). Il répond aux incitations positives ou négatives données par les institutions et les politiques publiques : ainsi, un pays qui connaît l’hyperinflation ou une protection des droits de propriété insuffisante découragera l’innovation ;

Le concept de destruction créatrice : les nouvelles innovations rendent les innovations antérieures obsolètes ;

La croissance de la productivité peut être engendrée soit par l’innovation « à la frontière » soit par l’imitation de technologies plus avancées. Plus un pays se développe (c’est-à-dire se rapproche de la frontière technologique), plus c’est l’innovation qui devient le moteur de la croissance et prend le relais de l’accumulation du capital et du rattrapage technologique (de l’imitation).

II. A. Le taux de croissance de la production dépend :

  • de la probabilité qu’une innovation découle de la recherche ;
  • de la taille de cette innovation ;
  • de la taille de l’économie (l’innovation rapporte davantage sur un grand marché) ;
  • de la part des profits dans la valeur ajoutée : une part élevée incite à l’innovation, car la rente correspondante est importante.

B. → L’effort d’innovation est moindre quand :

  • l’innovation est facilement réplicable (absence de système de brevets) ;
  • la concurrence est forte sur le marché des biens (la rente d’innovation diminue).
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21
Q

Baldwin, 2016, The Great Convergence

A

I. Le commerce, via la réduction des barrières commerciales et les progrès des technologies de la communication, ont contribué à mondialiser les chaînes de valeur globales (CGV).

Ce phénomène a renforcé la concurrence et élevé la productivité d’ensemble.

II. Les CGV ont tendance à s’organiser au niveau régional.

22
Q

Chamberlin, 1933, The theory of monopolistic competition

A

I. La différenciation des produits est une stratégie visant à introduire une distinction entre, d’une part, le produit fabriqué et vendu par l’entreprise et, d’autre part, les produits des concurrents.

Le but est de réduire l’âpreté de la concurrence quand il y a homogénéité des produits proposés par les différentes entreprises, et donc quand il y a substituabilité entre eux. Le producteur qui différencie son produit réussit ainsi à s’approcher des conditions du monopole (production assurée par une seule entreprise), même si celui-ci est limité dans l’espace et dans le temps.

II. Ce comportement reproduit par plusieurs entreprises sur un marché conduit à une situation de concurrence monopolistique.

23
Q

Dixit et Stiglitz, 1977

A

I. Modèle de concurrence monopolistique, appliquant la théorie de Chamberlin à l’organisation industrielle.

II. Revisité par Krugman dès 1980, il a fondé un important corps de théories économiques sur le commerce international, la croissance et la géographie économique.

Il peut être intégré à d’autres modèles, afin de prendre par exemple en compte la préférence du consommateur pour la diversité.

24
Q

Krugman, 1991, “Increasing Returns and Economic Geography”

A

I. Impulsion théorique au développement de la nouvelle économie géographique, qui étudie les différences de taux de croissance selon les régions. Il s’appuie sur le modèle Dixit-Stiglitz (1977) pour lui conférer une dynamique spatiale.

II. Les entreprises se regroupent en fonction de données :

  • Géographiques : accès aux voies de communication, aux ressources naturelles, à l’eau potable ;
  • Culturelles : langue, système politique ;
  • Industrielles : proximité des fournisseurs, accès aux consommateurs, externalités de savoir-faire.

La spécificité de l’économie géographique est l’introduction de coûts de transport, qui permettent de moduler les forces de concentration.

III. L’arbitrage des entreprises se fait entre :

  • Concentrer leurs activités en un seul lieu pour exploiter les économies d’échelle ;
  • Ou diversifier leurs implantations pour réduire les coûts de transport.
25
Q

Kuznets, 1955

A

Courbe de Kuznets

I. Hypothèse d’une relation « en cloche » entre le niveau de développement d’un pays et la dispersion de ses revenus individuels :

  • Les inégalités seraient faibles dans les pays pauvres (pays africains) et dans les pays riches (Europe) mais élevées dans les situations intermédiaires (Amérique latine) ;
  • Le développement s’accompagnerait d’une augmentation temporaire des inégalités.

II. Cette hypothèse est importante pour penser les arbitrages que le développement économique peut induire.

26
Q

Deininger et Squire, 1998, New ways of looking at old issues: inequality and growth

A

I. La constitution d’une base de données sur le revenu et la propriété immobilière à travers plusieurs pays ne permet pas de valider la courbe de Kuznets.

II. Les auteurs mettent en évidence une forte relation entre la croissance à long terme et l’inégalité initiale du revenu et de la propriété foncière :

1° L’inégalité réduit la croissance du revenu pour les pauvres mais pas pour les riches. La relation n’est ainsi pas significative dans les pays riches.

⚠️ Les auteurs rejettent la causalité inverse, soit l’hypothèse de Kuznet.

2° Ils concluent que des politiques publiques facilitant l’accès aux actifs des pauvres a pour double effet d’améliorer la croissance et de réduire la pauvreté.

27
Q

Galor et Tsiddon, 1997

A

I. Le cycle de vie des technologies gouverne à la fois l’importance des capacités individuelles requises et le degré des inégalités de revenus.

Sur le second point, l’innovation technologique explique les inégalités, en ce qu’elle en crée au sein des secteurs, autant qu’entre secteurs, des rentes provisoires inégalement réparties.

II. A contrario, il est nécessaire de laisser se développer initialement les inégalités, sous peine de contrarier le progrès technologique. La recherche institutionnelle de l’égalité doit intervenir lorsque le progrès technologique est dans sa phase de maturité.

28
Q

Causa et al., 2014

A

Dans la majorité des pays de l’OCDE, la croissance du PIB depuis le début des années 1980 s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités de revenus. Cet accroissement est dû en grande partie à des changements technologiques favorisant les plus qualifiés.

En effet, le progrès technique, en stimulant l’embauche de travailleurs qualifiés et en détruisant simultanément des emplois dans les secteurs en déclin (progrès technique biaisé), explique en partie cette augmentation des inégalités.

29
Q

Milanovic, 2016, Global Inequality

A

I. D’après les enquêtes Gallup menées depuis 2008, 10 % de la population mondiale (soit 700 millions de personnes) souhaiterait émigrer. L’auteur insiste sur l’actualité de cette question des migrations internationales.

II. A. Les migrations internationales entraînent des tensions dans un monde qui à la fois se dit ouvert, qui estime légitime que tout individu cherche à maximiser son revenu, mais qui privilégie toujours le développement économique dans son espace national et par ailleurs estime normal de traiter différemment natifs et étrangers.

B. Les traitements inhumains infligés aux travailleurs étrangers dans les pays du Golfe sont souvent dénoncés (et notamment les saisies de passeport qui en font quasiment des esclaves), mais la critique des traitements qu’ils subissent dans leurs propres pays (Sri Lanka, Népal, Inde, Pakistan) est beaucoup moins audible. Pourtant, les mouvements migratoires vers le Golfe peut laisser penser qu’ils y trouvent de meilleures conditions.

30
Q

Milanovic, 2016

A

Le progrès technique est un déterminant essentiel d’un nouveau cycle de Kuznetz, probablement durable, d’augmentation des inégalités au sein des pays riches.

Cependant, le pic des inégalités de ce second cycle devrait être moins élevé que le précédent, en raison des institutions en place (stabilisateurs automatiques notamment). De l’aveu même de l’auteur, il s’agit d’une conjecture.

31
Q

Kaldor, 1957, A Model of Economic Growth

A

I. Dans un modèle sous hypothèse de plein-emploi :

Les plus aisés ayant une proportion à l’épargne plus importante, un accroissement des inégalités et de la part dans le revenu national des plus aisés augmente, toutes choses égales par ailleurs, l’épargne et par conséquent l’investissement et la croissance.

Les riches épargnent en effet plus que les pauvres : l’accroissement des inégalités se révèle alors favorable au taux de croissance, à condition que la richesse accumulée par la fraction la plus riche de la population soit investie dans les industries qui dégagent les gains de productivité (« théorie du ruissellement » de la richesse sur l’ensemble de l’économie).

II En d’autres termes, il faut* :

1° que l’augmentation du revenu des plus aisés ne s’accompagne pas d’une baisse équivalente de leur épargne ;

2° que l’augmentation d’épargne se traduise par une augmentation de l’investissement productif ;

3° et que l’augmentation de l’investissement se traduise par une augmentation de la croissance (et non pas seulement par une croissance plus capitalistique).

* (Peut-être pas dans l’article)

32
Q

Summers, 2014

A

I. L’augmentation des inégalités est aussi un facteur de risque de stagnation séculaire, par l’excès d’épargne qu’il implique :

  • Le taux naturel d’intérêt, auquel le désir d’épargne et le désir d’investissement sont égaux à la pleine capacité des facteurs de production (plein-emploi, pleine utilisation des équipements), est négatif ;
  • La consommation est trop faible pour permettre l’utilisation complète des facteurs de production.

→ La croissance est donc plus faible que son potentiel.

De plus, la non-utilisation complète des facteurs de production peut réduire le potentiel de croissance par des effets d’hystérèse.

33
Q

Deaton, 2013

A

Les inégalités de salaires, qui proviennent d’inégalités dans les rendements de l’éducation, encouragent l’offre de compétences, et même si ce n’est pas désirable en soi, cela peut augmenter le niveau de vie pour tout le monde.

34
Q

Rajan, 2010

A

Les moins favorisés accroîtraient leur endettement pour soutenir leur consommation lorsque leur revenu stagne. Le gouvernement peut être tenté de réagir à une hausse des inégalités par un assouplissement des conditions de crédit pour les ménages les plus pauvres, ce qui peut finalement conduire à des situations de surendettement.

⚠️ Empiriquement contesté par Cournède et Denk (2017).

35
Q

Cournède et Denk, 2017

A

I. La financiarisation peut se définir comme la prise par la finance d’une place de plus en plus grande dans la vie économique. Elle est observable au travers des indicateurs de la comptabilité nationale, par exemple la place de la valeur ajoutée du secteur financier dans le PIB.

II. A. La financiarisation se traduit généralement par une augmentation des inégalités (Cournède et Denk, 2015) : les ménages les plus aisés profitent le plus des opportunités offertes par le crédit, y ayant un meilleur accès. Par conséquent, à l’opposé de l’hypothèse de Rajan (2010), il apparaît que l’accumulation du crédit contribue au creusement des inégalités.

B. L’exploitation d’une base de microdonnées en zone euro montre que l’hypothèse de Rajan ne s’y confirme pas.

III. Une plus grande place pour les actions cotées dans le financement de l’économie se traduit aussi par davantage d’inégalités de revenu.

36
Q

Cynamon et Fazzari, 2015

A

L’augmentation des inégalités qui a réduit les revenus des 95 % du bas de la pyramide a commencé autour de 1980. Pour stabiliser son niveau d’endettement, ce groupe aurait dû réduire la proportion de son revenu consacré à la consommation, ce qu’il n’a pas fait jusqu’en 2006, et son endettement a drastiquement augmenté, contrairement au top 5 % des revenus. Durant la Grande récession, la réduction attendue s’est produite, avec la baisse de la consommation du bottom 95 %.

Cette accentuation des inégalités et le niveau de demande qui en découle expliquerait en partie la lenteur de la reprise.

37
Q

Alesina et Rodrik, 1994

A

I. Proposition d’un modèle théorique avec des citoyens inégalement dotés en capital et où l’imposition finance l’investissement public et la redistribution.

II. Plus les inégalités augmentent, plus le taux d’imposition augmente également et plus la croissance se réduit. Ceci ne vaut seulement que pour des niveaux élevés d’imposition : l’imposition et les dépenses publiques qui sont associées à des niveaux plus faible d’inégalités augmentent la croissance.

En effet, plus la répartition primaire des revenus est inégalitaire, plus l’électeur médian vote en faveur d’une fiscalité redistributive, jusqu’au point où le taux de prélèvement sur les revenus élevés, qui redistribue la rente vers le facteur travail et la consommation des plus pauvres, devient un frein à l’accumulation de capital et donc à la croissance.

38
Q

Bénabou, 1996

A

Proposition d’un modèle théorique dans lequel la dispersion des revenus augmente le risque de conflits entre groupes sociaux à propos de la répartition des profits et crée un « dilemme du prisonnier » dans lequel aucun de ces groupes ne veut contribuer à la création de richesses.

Au fur et à mesure que les inégalités s’accroissent, l’électeur médian est de plus en plus incité à réclamer des redistributions importantes, ce qui décourage les investissements.

39
Q

Rodrik, 2017

A

Étude de l’interaction réciproque entre la montée des débats populistes des années 2010 dans les pays développés et l’affaiblissement du soutien à l’ouverture commerciale, voire aux fondements de l’économie de marché.

Ce contrecoup de la mondialisation était prévisible, mais la forme qu’il a été amené à prendre l’était moins. L’aile gauche et l’aile droite des populismes sont distincts et la première a prospéré en Amérique latine, la seconde en Europe.

Selon l’auteur, « [c]e qui paraît une réaction raciste ou xénophobe peut trouver ses racines dans des angoisses ou des bouleversements de nature économique ».

40
Q

Deininger et Squire, 1998, New ways of looking at old issues: inequality and growth

A

Constitution et étude d’une base de données très riche sur le revenu et la propriété immobilière à travers plusieurs pays :

1° La relation entre les inégalités (mesurées par l’indice de Gini de la distribution des revenus) et le taux de croissance dépend du niveau de développement : elle est négative pour un PIB par tête faible ou au contraire élevé, et positive dans les situations intermédiaires ;

2° D’après les auteurs, ce ne sont pas les inégalités de revenus qui contrarient la croissance, mais les inégalités de dotations initiales (notamment la distribution des terres).

41
Q

Deininger et Squire, 1998, “New ways of looking at old issues: inequality and growth”

A

I. Étude empirique reposant sur de nouvelles données relatives aux revenus et à la propriété

Les auteurs testent deux canaux : le canal de l’investissement en actifs pour les pauvres et celui de la participation politique.

Ils trouvent que l’inégalité foncière a un effet significatif sur l’investissement en capital humain et par conséquent sur l’investissement et la croissance :

  • L’inégalité et la croissance sont endogènes : les 20 % les plus pauvres bénéficient de la croissance à moyen terme ;
  • L’inégalité initiale est défavorable aux pauvres mais pas aux riches ;
  • L’investissement est associé à plus de croissance pour tous mais bénéficie davantage aux pauvres qu’aux riches ;
  • Une diminution d’un écart-type de l’inégalité initiale de propriété foncière augmente la croissance du revenu du quintile inférieur de 1,05 % par an. Par comparaison, une augmentation d’un écart-type de l’investissement l’augmente de 1,8 %.

→ La conclusion est qu’en termes de lutte contre la pauvreté, il vaut mieux créer de nouveaux actifs plutôt qu’essayer de redistribuer ceux déjà existants.

42
Q

FMI, Ostry et al., 2014, Redistribution, Inequality and Growth

A

I. Une augmentation de 5 points du Gini (différence entre les Etats-Unis et le Gabon en 2005) réduit le taux de croissance moyen annuel d’un demi-point de pourcentage.

Une augmentation de 1 point du Gini réduit de 7 % la durée moyenne anticipée des épisodes de croissance.

II. En revanche, sauf dans les cas extrêmes, les politiques de redistribution n’ont pas d’effet négatif sur la croissance.

43
Q

Aghion et al., 2016, “Innovation and Top Income Inequality”

A

I. L’innovation est positivement associée à une hausse des inégalités tirée par les hauts revenus, mais aussi à une plus forte mobilité sociale. Les barrières à l’entrée diminuent les effets des entrants sur l’innovation et la mobilité sociale.

Cependant, de plus forts taux de marge pour les entreprises en places peuvent conduire à plus d’inégalités sociales et moins d’innovation.

II. Par conséquent, l’innovation et l’existence d’inégalités ne sont pas nécessairement corrélés. En revanche, la mobilité sociale est associée à l’innovation.

44
Q

North, 1990, Institutions, Institutional Change and Economic Performance

A

Les institutions sont définies comme « les règles du jeu dans la société ou, plus formellement, les contraintes créées par les hommes qui régissent les interactions humaines ».

A la suite de Coase, l’auteur met l’accent sur les coûts de transaction qu’induit un environnement institutionnel de faible qualité et insiste sur l’importance de la sécurité des contrats.

Les institutions ont donc joué un grand rôle pour permettre la Révolution industrielle. Le décollage des futurs pays avancés doit presque tout au développement des brevets, qui ont rendu possibles les innovations.

45
Q

La Porta, Lopez-de-Silanes, Schleifer et Vishny, 1999, “The Quality of Government”​

A

Théorie de l’origine juridique* :

Les pays comme la France et ses anciennes colonies, s’inscrivant dans une tradition de droit civil héritée du droit romain, souffriraient d’un Etat pesant, voire spoliateur, d’une réglementation faisant obstacle à l’initiative économique – bref d’institutions moins flexibles qui conduisent à un développement moins rapide.

Au contraire, le Royaume-Uni et ses anciennes colonies, qui ont hérité d’une Common Law fondée sur la jurisprudence, bénéficieraient d‘institutions plus flexibles et d’une meilleure protection des droits de propriété.

* <em>Legal Origins Theory</em>. 📚 Cf. “La Legal Origins Theory : droit, économie, idéologie”, Vandenbulke, 2017/1, RIDE

46
Q

La Porta, Lopez‐de‐Silanes, Shleifer and Vishny, 1998, “Law and Finance

A

I. En se fondant sur la typologie de la Legal Origins Theory (pays de common Law d’une part, pays de civil Law d’autre part, dans laquelle on distingue entre droit scandinave, germanique et français), étude de données de 49 pays pour examiner les différentes protections juridiques des actionnaires et des créanciers offertes ces systèmes juridiques.

II. A. Les pays de common law offrent les meilleurs niveaux de protection des actionnaires, tandis que les pays de droit civil français les plus mauvais. La concentration dans la propriété des actions des plus grandes sociétés publiques est négativement corrélée avec la propriété des investisseurs, ce qui est cohérent avec l’hypothèse selon laquelle la place des petits porteurs d’origines diverses tend à se réduire dans les pays protégeant mal leurs droits.

B. En l’absence de sécurité des contrats, le droit civil rendrait donc nécessaire la finance d’intermédiation, tandis que la common Law accompagnerait mieux le développement de la finance de marché et protégerait mieux les actionnaires minoritaires.

47
Q

Rodrik, 2004

A

I. Il est seulement possible de mesurer le niveau de protection de la propriété en se fondant sur le sentiment de protection exprimé par les propriétaires, mais il n’est pas possible d’en inférer quelles régles, législations ou institutions spécifiques permettent d’obtenir ce résultat.

II. A. Ainsi, en Russie, un investisseur bénéficie en principe de la pleine protection d’un régime de droits de propriété privée, contrôlée par un système judiciaire indépendant.

En Chine, il n’y a aucune protection de ce genre, car la propriété privée n’a pas été (jusqu’à une date très récente) reconnue légalement et les tribunaux n’y sont certainement pas indépendants.

B. Et pourtant, du milieu à la fin des années 1990, les investisseurs ont constamment donné de meilleures notes à la Chine qu’à la Russie en matière d’État de droit.

Ils se sentaient mieux protégés en Chine qu’en Russie.

→ Il y a loin entre la théorie (les institutions et le droit – cf La Porta et al., 1998, 1999) et la réalité. La littérature empirique ne dit pas comment la sécurité des investisseurs est atteinte, mais seulement qu’elle importe.

48
Q

Acemoglu, Aghion et Zilibotti, 2006

A

I. Notion de distance à la frontière :

Pour les pays les plus éloignés de la frontière technologique (représentée par l’économie la plus avancée à un instant donné), le progrès technique passe surtout par l’adoption de technologies existantes (l’imitation) et les institutions propices à la croissance sont celles qui favorisent cette adoption.

II. Mais plus on se rapproche de la frontière, plus il est important d’encourager l’innovation et de mettre en place des institutions spécifiques : protection de la propriété intellectuelle, financement de projets, incitation aux investissements risqués, etc. Le cadre institutionnel doit rester flexible.

49
Q

Kose et al., 2006

A

Un des enseignements des crises financières de 1997-1998 dans les pays émergents est que la libéralisation des mouvements de capitaux ne doit pas être recommandée à tous les pays, comme l’OCDE et le FMI le croyaient avant ces crises, mais seulement à des pays déjà développés et dont les institutions financières sont robustes.

50
Q

Kaufman, Kraay et Mastruzzi, 2008

A

Les indicateurs de la base de données de la Banque mondiale pour évaluer la qualité de la gouvernance sont les suivants :

1° La qualité de la démocratie représentative ;

2° La stabilité politique ;

3° L’efficacité de l’administration ;

4° La qualité de la réglementation ;

5° Le respect de l’Etat de droit ;

6° La lutte contre la corruption.