Etudes 02 - Bénassy-Quéré Flashcards
Inauguration du courant de la synthèse (ou néokeynésien).
Proposition du modèle IS/LL*, qui tire les enseignements de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie : en intégrant la théorie keynésienne, quelles politiques économiques pour le plein-emploi ?
Ces travaux se concentrent en particulier sur le rôle des politiques monétaire et budgétaire.
* Investment-Savings/Liquidity preference
Hicks, 1937, Mr. Keynes and the “Classics”
I. A. Complément du modèle de Hicks (IS/LL) pour proposer le modèle IS/LM.
B. Il est souvent considéré comme à la base de la macroéconomie.
II. A. Dans ce modèle, on raisonne en économie fermée : les prix sont fixes et il n’y pas de commerce international.
B. La courbe IS représente l’ensemble des combinaisons de taux d’intérêt (i) et de niveau de production (Y) qui assurent l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché des biens et services.
𝐼𝑆 ∶ 𝑌 = 𝐶(𝑌,𝑖) + 𝐼(𝑌,𝑖)+𝐺
→ Elle est décroissante.
C. La courbe LM représente quant à elle l’ensemble des combinaisons de taux d’intérêt (𝑖) et de revenu (𝑌) qui assurent l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché de la monnaie.
𝐿𝑀 ∶ 𝑀s = 𝐿’(𝑌) + 𝐿’’(𝑌) + 𝐿’’’(𝑖)
→ Elle est croissante.
D. Au point d’intersection entre les courbes IS et LM :
1° L’économie est stable. Cette situation correspond à une situation d’équilibre général ;
2° Toutefois, elle n’est pas synonyme de plein-emploi : en effet, le niveau d’investissement découlant du taux d’intérêt d’équilibre n’est pas forcément suffisant.
http://public.iutenligne.net/economie/simonnet/politique_economique/documents/chapitre4/politique_budgetaire.html
Hansen, 1949, Monetary Theory and Fiscal Policy ; 1953, A Guide to Keynes
Les banques centrales ne suivent plus une règle d’offre de monnaie, mais plutôt une règle de taux.
Ceci rend obsolète le modèle IS/LM :
- La représentation des politiques monétaires doit s’effectuer en terme de taux ;
- L’ajustement macroéconomique se réalise davantage au niveau du taux d’inflation que du niveau général des prix.
Romer, 2000
Étude du financement public d’une guerre par un gouvernement.
L’effet de ce financement public sur les revenus des ménages est totalement indépendant de sa nature, qu’il prenne la forme d’un emprunt ou d’un impôt :
- En cas d’imposition, les agents doivent immédiatement y consacrer une partie de leurs revenus ;
- Si le gouvernement se finance par des obligations, les agents épargnent en prévision des hausses d’impôts futures.
Ricardo (Equivalence ricardienne), 1820, “Essay on the Funding System”
Dès lors que les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distribution de revenus financée par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à épargner, en prévision de hausses d’impôts futures.
L’effet des dépenses publiques sur l’économie est totalement indépendant de la nature que prend le financement des dépenses, entre un impôt, l’emprunt ou la création monétaire. Dans ces conditions, la relance est sans effet sur la demande.
→ il s’agit dans tous les cas d’un impôt, au mieux différé.
- Si l’imposition pour financer la politique de relance est immédiate, les agents doivent y consacrer une partie de leurs revenus ;
- Si la politique de relance est financée par la dette publique, elle pousse les agents à épargner, en prévision de hausses d’impôts futures ;
- Une politique de relance financée par la création monétaire pousse également les agents à épargner, en prévision de l’érosion future de la monnaie.
Barro (Effet Ricardo-Barro), 1974
Les hypothèses de l’équivalence ricardienne, qui fondent la thèse de Barro (1974), peuvent paraître irréalistes, en raison de la nécessité de remplir les conditions suivantes :
- Anticipation rationnelle : les agents économiques maîtrisent l’arithmétique et raisonnent à long terme ;
- Dépenses publiques improductives : les biens publics sont sans impact ni sur l’utilité des consommateurs ni sur la productivité des entreprises ;
- Absence de contraintes de crédit : les ménages peuvent accéder sans restriction à l’emprunt, quel que soit leur taux d’endettement ;
- Horizon infini : prise en compte par les ménages de l’utilité des générations futures.
Mankiw, 2000
1° Mise en évidence des effets de composition
À taille donnée, les effets d’une hausse ou d’une baisse du déficit peuvent différer sensiblement :
- selon qu’elle procède par la dépense ou la recette ;
- selon la nature des dépenses et des recettes concernées.
→ Un ajustement budgétaire rapide et passant par une baisse des dépenses peut être compatible avec une croissance de la consommation privée et de la production ;
2° ⚠️ Cette conclusion est discutée.
1° Alesina et Ardagna, 2010 ;
2° Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011.
Les auteurs étudient plusieurs économies de l’OCDE.
En isolant les mesures spécifiquement destinées à redresser les finances publiques, ils montrent que les consolidations sont, sauf rares exceptions, de nature à déprimer l’activité.
Leurs estimations recoupent celles du FMI dans ses perspectives de l’économie mondiale 2010.
En effet, l’intensité de la consolidation est mesurée par l’évolution du solde primaire ajusté du cycle. Or, cette évolution ne reflète pas uniquement les mesures discrétionnaires visant à l’assainissement des finances publiques. Elle est aussi le résultat, par exemple :
- De mesures restrictives prises en vue d’écarter le risque de surchauffe ;
- De mesures de soutien prises au bout d’un certain temps pour limiter l’effet d’une consolidation ;
- Ou encore de l’évolution du prix d’actifs qui peut venir la gonfler (ou la déprimer) via les recettes d’impôts sur les plus-values ou via les conséquences d’un effet de richesse sur la demande interne et, en conséquence, sur les recettes associées.
→ L’étude des auteurs surmonte ces difficultés en les écartant.
Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011
Dans un cadre keynésien simple, une réduction simultanée des dépenses publiques et des impôts d’un montant donné réduit la production, tandis qu’un accroissement simultané des dépenses publiques et des recettes fiscales peut favoriser l’accroissement du revenu national.
Il repose sur plusieurs hypothèses strictes dont la validité empirique n’est pas évidente :
⚠️ Le niveau d’investissement est supposé constant, ce qui rejette tout effet d’éviction, suppose que l’épargne des ménages n’a aucun effet économique positif sur la production, notamment via l’investissement.
⚠️ Il ne prend pas en compte l’effet négatif d’une hausse d’impôt sur le travail fourni par les agents et donc sur la production. Toutefois, il est possible d’imaginer un accroissement supplémentaire de l’investissement tel que le multiplicateur final sera supérieur à 1 ;
⚠️ l’hypothèse d’une propension marginale à consommer constante ignore la possibilité que les nouvelles activités de l’État puissent contenir la fourniture directe de biens et services, rendant une partie de l’ancienne consommation des ménages inutile (il n’est ni besoin ni possible de s’acheter un logement, si on vous fournit une HLM… en échange de vos impôts). Néanmoins, l’auteur introduit une propension à consommer fonction du niveau d’imposition dans ses développements de son article ;
⚠️ l’hypothèse de l’économie fermée est globalement caduque aujourd’hui : l’augmentation des dépenses publiques se traduit empiriquement le plus souvent par une hausse importante des importations.
Haavelmo (théorème de), 1945
I. A. Étude de l’effet des ajustements budgétaires aux États-Unis, en Europe et au Japon en périodes de récession et d’expansion
B. Une consolidation graduelle et lisse est préférable à une stratégie trop rapide de réduction des déséquilibres budgétaires.
II. A. L’impact d’une consolidation fiscale est plus brutal si l’économie est en récession.
B. Selon les pays étudiés, la différence en termes de multiplicateur s’échelonnait de 0,5 à 2 :
Cela s’expliquait par le fait qu’en « temps de crise », de plus en plus d’agents économiques (ménages, entreprises) sont exposés à des contraintes de liquidité de très court-terme, entretenant la récession et empêchant la politique monétaire de fonctionner.
III. S’agissant des consolidations budgétaires commençant en phase d’expansion, la principale différence réside dans les multiplicateurs d’impôts qui peuvent être négatifs.
IV. A. Les multiplicateurs associés à des dépenses publiques sont plus hauts que ceux observés pour les impôts.
B. En récession, ils s’étendent, après un an :
- De 1,6 à 2,6 en cas de choc de dépenses publiques ;
- De 0,16 à 0,35 dans le cas d’un choc d’impôts.
C. En zone euro, par exemple, le multiplicateur sur un an était :
- De 2,6 si les dépenses publiques étaient utilisées comme instrument de consolidation budgétaire ;
- De 0,35 si l’on recourait aux impôts.
Batini et al., Successful authority in the United States, Europe, and Japan2012
Synthèses des résultats sur le multiplicateur keynésien en pratique :
1° Les caractéristiques de l’économie affectent le multiplicateur budgétaire :
- la rigidité du marché du travail l’affecte positivement ;
- la taille de la sphère publique (pression fiscale), négativement ;
- la taille de l’économie, positivement ;
- le niveau de dette publique, négativement ;
- le degré d’ouverture, négativement ;
- la flexibilité du taux de change, négativement ;
2° L’impact de la politique budgétaire varie selon les conditions économiques :
- aux Etats-Unis, le multiplicateur des dépenses varie de zéro en période de forte croissance à 1,5 dans les années de récession (Auerbach et Gorodnichenko, 2012);
- le multiplicateur budgétaire est plus faible lorsque la situation des finances publiques est fragile ;
3° Le type de consolidation budgétaire retenu affecte le multiplicateur budgétaire :
- pour des consolidations budgétaires fondées sur la baisse des dépenses, les effets négatifs sont moins marqués, voire inexistants (Alesina et Ardagna, 2010) ;
- celles fondées sur des hausses d’impôt ont des effets négatifs (Alesina et al., 2017).
Batini et al., 2014, Mineshima et al., 2014
Identification de huit critères pour caractériser une règle budgétaire « idéale » :
1° Une définition claire ;
2° Des comptes publics transparents ;
3° La simplicité ;
4° La flexibilité ;
5° La pertinence par rapport aux objectifs poursuivis ;
6° La facilité de mise en œuvre et la possibilité de sanctionner les écarts ;
7° La cohérence avec les autres objectifs des règles de politique publique ;
8° L’accompagnement par d’autres politiques efficaces.
Kopits et Symansky, 1998
Proposition d’une régulation par le marché de l’offre de monnaie.
L’auteur s’appuie sur les expériences de free banking en Ecosse au XVIIIe siècle et aux Etats-Unis de 1836 à 1866.
Hayek, 1976, Denationalization of Money - The argument refined
L’interdiction, pour la BCE, de monétiser en dernier ressort la dette des États membres de la zone euro rend la valeur des obligations instable et ouvre la porte à des crises auto-réalisatrices.
En effet, si les marchés intègrent que la dette va continuer à augmenter malgré la consolidation budgétaire, ils vont demander une prime de risque plus élevée.
Comme il est ici souligné, de fait, en 2010 et 2011, les écarts de primes de risque entre pays (spread) n’ont pas diminué avec la mise en œuvre de politiques budgétaires : en réalité, le rapport entre consolidation budgétaire et hausse des taux fut plutôt inversé.
De Grauwe et Ji, 2013
La BCE répondra à cette problématique avec la mise en œuvre des opérations monétaires sur titres (OMT - rachats illimités de dettes des pays de la zone euro ayant du mal à se financer sur les marchés) à partir du 6 septembre 2012, suivant de près le “whatever it takes” du président de la Banque centrale, Mario Draghi, le 26 juillet 2012.
En cas de restructuration de la dette d’un État, le cadre institutionnel doit être conçu de façon à trouver un juste équilibre entre l’intérêt de ce dernier et celui des prêteurs :
- Une restructuration trop coûteuse pour le pays débiteur implique des pertes de bien-être pour ses citoyens et l’incite à différer cet événement ;
- Une restructuration trop facile incite les Etats à s’endetter et les prêteurs à demander des primes de risque élevées.
Buchheit et al., 2013
La réaction de la politique monétaire affecte fortement le multiplicateur budgétaire.
Ainsi, pour une expansion budgétaire temporaire de deux ans :
- Le multiplicateur est significativement plus élevé lorsque la politique monétaire est totalement accommodante (pas de changement de taux directeur nominal) ;
- Il est moins élevé lorsque la politique monétaire répond de façon endogène à l’action budgétaire.
Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models
Le multiplicateur de dépenses moyen est proche de l’unité dans les grandes économies modérément ouvertes.
Ainsi, aux États-Unis, par exemple :
Dans le cas d’une augmentation temporaire de l’investissement public avec une réaction endogène de la politique monétaire, il varie de 0,9 à 1,3.
Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models (sur la situation de certaines économies)
Une période de consolidation budgétaire est :
- une année où le solde primaire corrigé des variations cycliques s’améliore d’au moins 2 points de PIB ;
- ou une période de deux années consécutives où il s’est amélioré d’au moins 1,5 point du PIB chaque année.
Alesina et Ardagna, 1998
« un effort d’assainissement budgétaire est jugé important s’il se traduit par une amélioration du solde financier structurel d’au moins 3 points de PIB, réalisée sans interruption pendant plusieurs années consécutives ».
Il est généralement entrepris en période de forte croissance et se caractérise par des effets keynésiens :
- il entraîne une hausse du chômage l’année considérée ;
- ainsi qu’un ralentissement de la croissance les deux années suivantes.
Cependant, l’effet dépressif des contractions budgétaires est atténuée par les phénomènes suivants :
- La politique monétaire s’assouplit dans presque la moitié des épisodes considérés;
- Une désinflation intervient dans trois quarts des cas ;
- L’épargne nationale augmente ;
- Le solde de la balance courante s’améliore généralement.
Perspectives économiques de l’OCDE, juin 1996
Sur une période de 50 ans :
- Seuls 37 pays sur 87 (40 %) ont enregistré un excédent primaire supérieur à 5 % du PIB sur une année ;
- Seuls 14 pays sur 87 ont enregistré des excédent primaires moyens de plus de 5 % du PIB sur cinq ans ou plus.
📚 Cet élément a été pris en compte dans les discussions sur la solvabilité de la Grèce au début des années 2010.
Zeng, 2014, “Determinants of the Primary Fiscal Balance”
La valeur du multiplicateur keynésien varie selon le niveau de la dette, à cause de l’incertitude quant à la répartition intergénérationnelle des impôts futurs :
- les agents se comportent de façon keynésienne aussi longtemps que la dette publique demeure assez faible pour que la charge de l’ajustement leur semble devoir être supportée par les générations futures ;
- ils deviennent de plus en plus anti-keynésiens au-delà.
⚠️ Ces effets sont accrus en période de crise, où les anticipations jouent un rôle central.
Sutherland, 1997
Une probabilité de restructuration de la dette souveraine plus élevée augmente la prime de risque demandée par les prêteurs.
Les pays présentant un risque de défaut voient alors ce risque amplifié par l’inertie des taux d’intérêt :
- Tant que la banque centrale ne perd pas le contrôle du taux d’intérêt, elle peut baisser son taux directeur pour compenser l’augmentation de la prime de risque ;
- Lorsque son taux d’intérêt nominal tombe à zéro, elle ne peut plus jouer ce rôle.
→ Les taux d’intérêt nominaux bloqués à zéro augmentent donc le multiplicateur budgétaire pour les pays en bonne santé financière et le réduisent pour les pays en difficulté.
Corsetti et al., 2012
Ce prolongement du modèle IS-LM fait du régime de change l’un des déterminants essentiels du multiplicateur keynésien.
I - Dans un petit pays, sous l’hypothèse keynésienne de sous-emploi des ressources, lorsque le capital est mobile :
A. En régime de changes flottants, le multiplicateur est faible, voire nul si le capital est parfaitement mobile entre pays relativement petits, du fait de l’appréciation endogène du taux de change (hausse des taux d’intérêt du fait de l’offre de monnaie constante, entrée de capitaux), entraînant une perte de compétitivité à l’exportation : la demande publique évince ici non l’investissement des résidents, puisque le taux d’intérêt est fixé au niveau mondial, mais la demande nette des non-résidents pour les exportations nationales.
B. En régime de change fixe, le multiplicateur est élevé, car il y a peu d’éviction.
II - En l’absence de mobilité des capitaux, les résultats s’inversent :
A. En régime de change flexible, la détérioration de la balance courante suite à l’expansion budgétaire conduit à une dépréciation de la monnaie et à une amélioration de la compétitivité à l’exportation, renforçant l’effet sur la demande de l’expansion initiale.
B. En régime de change fixe, la détérioration des transactions courantes se traduit par une perte de réserves et par une contraction monétaire qui contrarient l’expansion initiale.
⚠️ Ce modèle fait également dépendre le multiplicateur keynésien du degré de développement financier d’un pays, de son degré d’ouverture au monde et de la mobilité des capitaux qui y circulent.
Mundell-Flemming (Modèle de) :
Mundell, 1963, “Capital Mobilitéy and Stabilization Policy under Fixed and Flexible Exchange Rates” ;
Flemming, 1962, “Domestic financial policies under fixed and floating exchange rates”
Une période de resserrement budgétaire est expansionniste si le taux de croissance moyen du PIB en écart à celui du G7, corrigé de l’écart entre les taux de croissance potentielle, est positif sur l’ensemble de la période de consolidation.
Cour et al., 1996
⚠️ Le nombre d’épisodes de contractions budgétaires expansionnistes est plutôt modeste, quelle que soit l’étude considérée.
Une consolidation budgétaire est réussie une année donnée si, trois ans plus tard, le ratio dette brute/PIB a baissé d’au moins 5 points.
Elle se caractérise par une diminution durable du ratio dette publique/PIB et, en moyenne, par une évolution inattendue de certains indicateurs macroéconomiques : accélération de la croissance, baisse du chômage, hausse de la part de l’investissement dans le PIB, baisse du coût unitaire du travail relativement aux autres pays.
Alesina et Perotti, 1995
Constat, au moyen d’une approche narrative (cf. Romer et Romer, 2010) portant sur 3500 mesures, que dans les pays de l’OCDE, les hausses d’impôts et les réductions des dépenses entraînent :
- une baisse de la production…
- …dont l’impact négatif est significativement plus important dans le cas des hausses d’impôts que dans le cas des réductions des dépenses.
→ Les consolidations budgétaires fondées sur la baisse des dépenses tendent à avoir des effets négatifs sur le PIB moins marqués, voire inexistants, tandis que celles fondées sur des hausses d’impôts ont un impact fortement négatif.
Alesina et al., 2017
1° Modèles rejetant l’idée d’externalités budgétaires positives d’une relance allemande pour les pays voisins.
Ainsi, dans l’hypothèse d’une hausse de l’investissement de 1 % du PIB en Allemagne, après 2 ans, augmenteraient :
- De 0,45 % le PIB allemand et de 0,2 % le PIB néerlandais ;
- Mais seulement de 0,05 % celui de la Grèce et de 0,02 % celui de l’Espagne.
2° ⚠️ Discussion de ces simulations.
1° Bundesbank, 2016 ;
2° Blanchard, Erceg et Lindé, 2017.
Dans une situation où le taux d’intérêt d’équilibre qui égaliserait l’offre et la demande de biens et services est initialement inférieur à zéro :
- une expansion budgétaire dans les pays du cœur de l’union monétaire n’entraîne pas de hausse du taux d’intérêt ;
- les pays de la périphérie bénéficient aussi bien de la demande accrue que de l’inflation accrue dans les pays du cœur.
→ l’impact d’une expansion dans les pays du cœur sur les pays de la périphérie est à peu près égal à la moitié de l’impact sur les pays du cœur eux-mêmes.
Blanchard, Erceg et Lindé, 2017
⚠️ réponse à Bundesbank, 2016
Proposition de réforme du cadre budgétaire européen :
1° Une règle budgétaire centrée sur la dépense primaire nette des mesures nouvelles en recettes, avec une cible de dépense fonction du niveau d’endettement ;
2° Un fonds de stabilisation pour la zone euro destiné à aider les États à absorber les chocs d’ampleur, financé par des contributions nationales ;
3° Un renforcement de l’union bancaire par la mise en place d’une assurance des dépôts commune et une limitation de l’exposition des banques au risque de concentration de leurs actifs sur un seul pays souverain ;
4° Un actif sûr commun à caractère synthétique ;
5° L’introduction, en dernier recours, de procédures de restructurations souveraines.
Bénassy-Quéré et al., 2018
1° Les désaccords partisans sur l’allocation de la dépense publique ;
2° L’incapacité des électeurs actuels à lier les électeurs futurs ;
→ conduisent à des problèmes d’incohérences temporelles.
Chaque parti, lorsqu’il est au pouvoir, va procéder à des choix de dépenses qui ne sont pas optimaux pour l’avenir :
Il va dépenser de façon excessive sur ses priorités, car en cas d’alternance politique, l’opposition n’y consacrera qu’une faible part des ressources.
Tabellini et Alesina, 1990, “Voting on the budget deficit”
Les facteurs favorisant l’adoption de règles budgétaires :
- un PIB par habitant élevé ;
- des institutions démocratiques ;
- une structure fédérale ;
- l’existence de contre-pouvoirs ;
- la stabilité politique.
Egalement :
- un taux de dépendance vieillesse élevé ;
- un régime de change fixe ou de ciblage de l’inflation ;
- l’ouverture financière.
Eldbadawi, Schmidt-Hebbel et Soto, 2015
L’impact de la politique budgétaire varie au cours du temps, selon les conditions économiques.
Les recherches sur les États-Unis suggèrent que le multiplicateur des dépenses y varie de zéro en période de forte croissance, à 1,5 dans les années de récession.
⚠️ Le coût d’une consolidation budgétaire, en termes de production, est donc plus important en temps de crise qu’en temps normal.
Auerbach et Gorodnichenko, 2012
Proposition d’un modèle de l’hyperinflation, à partir de l’étude de ce phénomène dans 7 pays européens.
Il propose une définition canonique de l’hyperinflation, qui débute dans un pays lorsque l’augmentation mensuelle des prix excède 50 % par mois (soit 12 875 % par an) et s’achève le mois qui précède celui durant lequel l’inflation repasse en-dessous de ce taux de manière pérenne (au moins un an).
⚠️ Les hypothèses de ce modèle le limitent (Sargent et Wallace, 1973) :
- Offre de monnaie exogène : les autorités monétaires ont le contrôle de la monnaie ;
- Anticipations adaptives : plus un événement est éloigné dans le temps, moins les agents économiques sont influencés par cet événement pour prendre leurs décisions.
Cagan, 1956
Dans les dix années qui ont précédé cet article, le taux d’inflation mondial est passé de 30 % à 4 %, pour des raisons propres aux banques centrales :
- Des politiques d’indépendance des banques centrales ;
- D’une orientation plus conservatrice des banquiers centraux vis-à-vis de l’inflation ;
- De meilleures stratégies de communication ;
- De meilleures capacités de contrôle monétaire.
L’auteur met également en avant des raisons exogènes aux banques centrales :
- L’intégration des économies émergentes à l’économie mondiale, qui a réduit le pouvoir des insiders et donc le niveau du Nairu ;
- La concurrence accrue sur les marchés des produits, qui a réduit les rigidités nominales, ce qui a mécaniquement réduit à son tour l’inflation d’équilibre.
⚠️ La désinflation a également été constatée dans les pays ne disposant pas d’institutions monétaires solides indépendantes.
Rogoff, 2003, “Globalization and Global Disinflation”
Les banques centrales ont d’abord été créées pour financer des États en guerre et en difficulté financière.
Elles se sont vues, en contrepartie, accorder, par étapes, le privilège de l’émission des billets de banque avec pouvoir libératoire sur l’ensemble du territoire national.
Elles ont finalement eu la charge d’assurer la stabilité financière, c’est-à-dire le bon fonctionnement des banques et des marchés financiers.
Goodhart, 1988
Les mesures d’assouplissement quantitatif tendent à faire monter les prix des actifs.
En effet, en raison des anticipations des marchés, les mesures d’assouplissement quantitatif tendent à déprécier la valeur des monnaies dans lesquelles elles s’effectuent, ce qui conduit à cette montée du prix des actifs.
Rogers et al., 2015
L’offre de monnaie n’a pas d’effet permanent sur les grandeurs réelles de l’économie.
Ainsi, doubler la quantité de monnaie en circulation, ou remplacer la monnaie par une autre monnaie dont la valeur intrinsèque serait plus élevée (or au lieu d’argent par exemple) :
- n’a pas d’effet sur les variables réelles à long terme ;
- seules les variables nominales seront affectées.
David Hume, 1752, deux essais :
Of Money
Of Interest
Inscription dans la continuité de la pensée de Hume, selon lequel il existe un lien entre croissance monétaire et inflation à long terme, et qui a ainsi posé les fondamentaux de la théorie quantitative de la monnaie.
En revanche, si la quantité de monnaie en circulation n’a pas d’impact sur les valeurs réelles, les chocs d’offre de monnaie jouent un rôle sur les comportements selon qu’ils sont anticipés ou non :
- une expansion monétaire anticipée n’a pas d’effet stimulant sur l’économie et la production ;
- une expansion monétaire non anticipée stimule la production, tandis qu’une contraction la diminue.
Aucun des modèles proposé dans les années 1970 pour tenir compte des anticipations quant aux chocs d’offre de monnaie ne s’est avéré satisfaisant. Ceci a justifié les travaux de Kydland et Prescott davantage tournés vers l’étude de variables réelles (1982).
Toutefois, la recherche en économie a encore des choses à découvrir en tenant compte des caractéristiques propres de la monnaie.
Conférence Nobel de Robert Lucas, 1995
Théorie de la Debt-deflation.
A l’époque de la grande crise, la déflation provoque une hausse de l’encours réel de la dette qui pousse les emprunteurs au désendettement, ce qui entretient la chute des prix en même temps que la contraction de la masse monétaire.
→ L’effort fait pour sortir du surendettement accroît l’endettement.
Pour sortir d’une telle crise, il faut élever le niveau moyen des prix et le stabiliser à l’aide des instruments appropriés : le secrétaire au Trésor et la Fed ont donc un rôle à jouer.
⚠️ À court terme, la politique monétaire peut donc affecter positivement le PIB du fait de l’existence d’un endettement élevé des agents économiques.
📚 Cet article sera un point de départ pour toute une tradition de recherche, encore vivante aujourd’hui, qui prend en compte les facteurs financiers dans la dynamique macro-économique de court terme.
Irving Fisher, 1933
Etude empirique sur une centaine de pays, de 1960 à 1990, tendant à démontrer qu’une inflation élevée et instable nuit à la croissance.
La perte de croissance induite par un supplément d’inflation de 10 points est évaluée entre 0,3 et 0,4 point, bien que ce résultat soit surtout vrai pour les inflations élevées.
Le passage de 2 à 3 % d’inflation ne semble pas affecter la croissance du PIB de long terme.
Barro, 1995