Etudes 01a - Bénassy-Quéré Flashcards

1
Q

Jacob Viner, 1950, “The Customs Union Issue”

A

Théorie du détournement d’échange au sein des unions douanières :

Un accord commercial préférentiel peut être désavantageux pour les pays partenaires, en détournant les flux de commerce par rapport à une situation de protection douanière uniforme.

→ Des producteurs étrangers performants peuvent perdre des parts de marchés au profit de producteurs étrangers moins compétitifs mais localisés dans les pays partenaires.

Dans ce cas l’allocation est mauvaise et l’union est désavantageuse.

⚠️ Cette théorie est toutefois formulée sous les hypothèses restrictives suivantes : approche statique, équilibre partiel, offres d’importation élastiques, petit pays.

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2
Q

Lagadec, 2002

A

A l’époque où le traité de Rome est signé, la théorie vinerienne est dominante.

→ La création de l’union douanière, pilier de l’intégration régionale européenne, n’a pas reposé initialement sur des fondements purement économiques.

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3
Q

Kemp et Wan, 1976, “An elementary proposition concerning the formation of customs unions”

A

Discussion de la théorie vinérienne sur le détournement d’échange.

Des accords commerciaux préférentiels peuvent améliorer le bien-être en constituant une étape vers la libéralisation multilatérale.

📚 Ils peuvent aussi améliorer le bien-être s’ils s’accompagnent d’une union douanière qui ajuste ses tarifs de façon à ce que les prix mondiaux restent inchangés pour les pays membres.

Sur ce point, l’étude sera critiquée ultérieurement pour les hypothèses peu réalistes sur lesquelles elle se fonde :

  • Une situation de neutralité vis-à-vis du reste du monde ;
  • Une concurrence et une information parfaites ;
  • Des mécanismes efficaces de compensations équitables, en l’occurrence des transferts de sommes forfaitaires entre pays membres.
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4
Q

Klemperer, 2004, Auctions : Theory and Practice

A

En cas de difficulté pour le décideur public à évaluer le coût d’un bien, en présence d’une asymétrie de l’information avec des opérateurs privés, un bon mécanisme de révélation est une attribution par enchère.

⚠️ C’est le choix que firent le Royaume-Uni et l’Allemagne en 2000 pour attribuer les licences d’exploitation de la téléphonie mobile de troisième génération → Pour autant, dans ce cas, l’opération s’est avérée un fiasco : les prix payés par les entreprises se révélèrent beaucoup trop optimistes.

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5
Q

Maskin, 2007, “Mechanism design : How to Implement Social Goals”

A

Illustration de la théorie des mécanismes

I. Selon cette théorie, pour induire l’effet escompté d’une opération alors qu’il manque d’information, plutôt que de chercher une solution idéale, le gouvernement doit concevoir des mécanismes rendant les incitations compatibles avec une divulgation de cette information ;

II. Par exemple, le recours aux enchères pour attribuer des licences d’exploitation de téléphonie, mécanisme reposant sur les estimations des opérateurs des coûts d’installation, d’exploitation et la demande, qu’ignore le gouvernement, peut être un moyen de maximiser cette vente.

📚 L’auteur a reçu la même année le prix Nobel d’économie, aux côtés de Hurwicz et Myerson, pour leurs travaux sur la théorie des mécanismes, débutés dans les années 1970.

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6
Q

Buchanan et Tullock, 1962, The Calculus of Consent

A

Fondation de la théorie des choix publics

I. Les auteurs abordent les phénomènes étudiés par la science politique (l’État, le vote, les élections, …) à l’aide d’approches venant de l’économie :

  • l’individualisme méthodologique : les phénomènes sociaux sont explicables par les comportements individuels des acteurs ;
  • la théorie de l’action rationnelle : les acteurs agissent rationnellement, c’est-à-dire en calculant les coûts et les avantages de leur action et en fonction de leur intérêt personnel.

II. Des phénomènes de marchandages de voix ont lieu dans les assemblées parlementaires, qui vont produire des effets néfastes sur les dépenses publiques.

III. L’intervention de l’État n’est ni impartiale, ni efficace pour l’intérêt général.

IV. → Les jugements normatifs en économie doivent être cantonnés au cadre qui définit la politique économique :

La Constitution, et plus largement l’ensemble des règles, des procédures et des institutions dans le cadre desquelles les décisions de politique économique sont prises.

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7
Q

Buchanan, 1975, Les limites de la liberté

A

Le chercheur en économie politique qui étudie un processus de décision :

n’étudie pas un processus de maximisation, malgré la présence de ressources rares et le conflit entre objectifs ;

étudie plutôt une organisation sociale et son résultat largement influencé par des variables endogènes : les règles, les procédures, les institutions, les influences politiques, etc.

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8
Q

Tinbergen (règle de), 1952, On the Theory of Economic Policy

A

La poursuite de n objectifs indépendants de politique publique nécessite que le gouvernement dispose d’au moins autant (≥ n) d’instruments indépendants.

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9
Q

Phillips (courbe de), 1958

A

Mise en évidence d’une relation négative entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires nominaux au Royaume-Uni entre 1861 et 1957.

L’économiste néo-zélandais relève que pour un taux de chômage de 5 %, les salaires nominaux sont restés stables sur cette période. Pour un taux de chômage légèrement inférieur à 2,5 %, les salaires se sont accrus d’environ 2 % par an.

→ Une réduction du chômage d’un point de pourcentage entraînait une hausse de 0,8 point du taux d’inflation.

⚠️ Le supplément de chômage requis pour abaisser l’inflation de 1 point est appelé ratio de sacrifice.

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10
Q

Eggertsson, Ferrero et Raffo, 2014, “Can Structural Reforms Help Europe ?”

A

L’impact négatif d’une réforme structurelle ne peut pas être contrecarré par une politique monétaire plus expansionniste, lorsque le pays concerné se trouve dans l’une des situations suivantes :

  • Il a adopté un régime de change fixe ;
  • Il fait partie d’une union monétaire ;
  • Les taux d’intérêt de sa banque centrale sont déjà à zéro et ne peuvent être abaissés.
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11
Q

Bouis et Duval, 2011

A

Les effets positifs d’une réforme structurelle dominent sur le long terme, le bilan étant alors généralement positif.

Ainsi, une refonte structurelle des marchés de biens et services et du marché de l’emploi permettrait, à un horizon de 10 ans, un gain de PIB de près de 10 % en moyenne pour les pays de l’OCDE.

A court terme, la question reste controversée.

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12
Q

Delpla et Wyplosz, 2007

A

I. Pour un gouvernement démocratique, l’institution d’une réforme dont les fruits n’apparaîtront qu’après l’expiration de son mandat constitue une contrainte d’économie politique.

II. A. Pour la surmonter, il peut financer les coûts initiaux des réformes pour les agents, en rachetant les privilèges qui brident l’activité économique en limitant le jeu du marché.

B. Il s’agit d’une forme d’investissement rentable collectivement, le bénéfice découlant de la suppression des privilèges s’avérant supérieur aux coûts des distorsions du marché causés par ces privilèges.

C. Les taxis sont pris comme exemple.

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13
Q

Musgrave et Musgrave, 1989, Public Finance in Theory and Practice

A

Les trois fonctions essentielles de la politique budgétaire, et plus largement de la politique économique, sont :

1° L’allocation des ressources ;

2° La stabilisation macroéconomique face à des chocs exogènes qui éloignent l’économie de l’équilibre ;

3° La redistribution entre agents ou entre régions.

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14
Q

Kenneth Arrow et Gérard Debreu, 1954

A

I. Modèle de concurrence parfaite ayant joué le rôle de norme à partir de laquelle ont été par la suite élaborés les modèles en équilibre général ou partiel.

II. Il s’agit de la formulation la plus achevée des conditions de validité de l’équilibre concurrentiel, essentiellement :

  • L’homogénéité de degré zéro par rapport aux prix : la multiplication de l’ensemble des prix par un quelconque réel positif ne modifie pas les choix des agents ;
  • La loi de Walras : quels que soient les prix, la somme des demandes nettes pondérées par le prix de chacun des biens correspondants est nulle.

III. → Les théorèmes de l’économie du bien-être reposeront sur cet ensemble d’hypothèses très exigeant.

IV. ⚠️ Ces conditions sont à distinguer des caractéristiques de la concurrence « parfaite » sur un marché avec lesquelles elles sont souvent confondues.

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15
Q

Blanchard et Tirole, 2003

A

Proposition de réformer la protection de l’emploi en substituant :

  • au contrôle des licenciements par le juge
  • une taxation, sous la forme d’un bonus-malus sur les contributions des entreprises à l’assurance chômage, modulées en fonction de leur comportement d’embauches et de licenciements.
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16
Q

Akerlof, 1970, « The Market for Lemons »

A

Étude de l’*anti-sélection* (ou sélection adverse) dans le cas du marché des véhicules d’occasion :

Seuls les vendeurs connaissent la qualité des véhicules qu’ils mettent sur le marché ;

Les acheteurs proposent des prix délibérément faibles pour se prémunir des vices cachés des véhicules dont ils pourraient se porter acquéreurs ;

Le prix de vente concurrentiel reflète une qualité moyenne et s’avère trop faible pour rentabiliser un véhicule de bonne qualité ;

4° Les vendeurs ne souhaitant pas vendre à perte, il ne reste sur le marché que des véhicules de mauvaise qualité.

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17
Q

Keynes, 1936, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (I)

A

La stabilisation recherchée par l’économie politique trouve deux justifications :

1° Les comportements non rationnels des agents économiques (les « esprits animaux ») ;

Les rigidités nominales des salaires et des prix, qui gênent l’adaptation aux chocs économiques.

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18
Q

Kydland et Prescott, 1982

A

Travaux à l’origine de la théorie des cycles économiques réels*

Ils ont depuis donné lieu à une littérature abondante, qui tente d’expliquer les causes des fluctuations économiques en s’opposant à la théorie keynésienne :

  • en rejetant les références aux comportements non rationnels et aux rigidités nominales ;
  • en recourant aux chocs de technologies de production et aux réactions rationnelles d’agents optimisateurs ;

→ Les perturbations réelles sont suffisantes pour expliquer le cycle économique. Dans la lignée de la théorie de la croissance, ces perturbations réelles sont les écarts persistants du résidu de Solow, mesure du progrès technologique, à sa tendance de long terme.

*Les auteurs se verront décerner le prix Nobel d’économie en 2004.

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19
Q

Sargent et Sims, 1977, Business cycle modelling without pretending to have too much a-priori economic theory

A

Modèle à facteurs élaboré dans un contexte où domine depuis les années 1950 la modélisation macroéconométrique, de grande taille (parfois > 1000 équations), mais statique et sujette à erreurs.

Pour les auteurs, deux facteurs dynamiques expliquent plus de 80 % de la variance* de nombreuses variables économiques (taux de chômage, inflation des prix de gros, croissance de la production industrielle, croissance du chômage, etc.) :

  • La modélisation DSGE (Dynamic Stochastic General Equilibrium) : la première, développée par Sargent, se veut structurelle, au sens où les restrictions imposées par un modèle dynamique et stochastique d’équilibre sous anticipations rationnelles sont utilisées pour identifier, estimer et tester ce modèle au regard des données ;
  • La modélisation VAR (Vectoriels Auto-Régressifs) structurelle : la seconde, initiée par Sims, propose un ensemble de représentations statistiques peu contraintes au regard des données macro-économiques, mais offrant un éventail d’utilisations assez vaste allant de la prévision à l’identification de chocs structurels (par exemple des chocs d’offre et de demande) et de leurs effets et contributions aux fluctuations agrégées.

* Variance : mesure de la dispersion des valeurs d’un échantillon ou d’une distribution de probabilité.

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20
Q

Pakko, 1998

A

Mise en évidence des « coûts de chaussure » entraînés par l’inflation :

De manière illustrée, il s’agit de la mauvaise allocation des ressources qui découle du fait que les consommateurs cherchent à protéger la valeur de leurs actifs en se rendant plus souvent à la banque pour détenir moins de cash.

Concrètement, il s’agit des distorsions économiques entraînées par l’inflation lorsqu’elle incite les agents économiques à effectuer de mauvaises allocations à cause de la contrainte de temps, en vue de protéger le pouvoir d’achat nominal de leurs actifs.

(environnement néoclassique avec anticipations rationnelles)

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21
Q

Piketty, 1998

A

En 1994, l’allocation parentale d’éducation réservée aux mères de trois enfants se retirant temporairement du marché du travail pour s’occuper des plus jeunes a été étendue aux mères de deux enfants. Seule cette sous-population a donc vu les conditions de l’arbitrage emploi/inactivité se modifier.

La comparaison entre son taux d’activité et celui de population voisines (mère de deux enfants non éligibles, mère d’un seul enfant) a permis d’éliminer les effets de facteurs exogènes (situation du marché du travail, par exemple).

L’étude a mis en évidence une réponse positive forte et rapide des femmes concernées à l’incitation pécuniaire qui leur a été faite de se retirer du marché du travail.

La généralisation de cette constatation est cependant limitée par le fait que l’élasticité de l’offre de travail des mères de deux enfants n’est probablement pas la même que celle d’autres sous-populations.

22
Q

Atkinson et Piketty, 2007

A

Depuis les années 1970, les inégalités de revenus se font croissantes dans la plupart des pays avancés et la richesse se concentre davantage au sommet de la pyramide sociale.

23
Q

Arrignon, 2019

A

Une expérimentation peut être instrumentalisée par un décideur public pour mettre en avant un effet de scientificité et décharger le projet de son contenu le plus clivant.

Avec la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA) de 2007, 30 départements ont été autorisés à expérimenter le RSA. Le comité national de l’évaluation a mis en place une procédure d’évaluation, fondée sur la comparaison avec des territoires similaires non concernés par l’expérimentation qui jouaient le rôle de territoires témoins.

Cependant, alors que l’expérimentation était prévue pour trois ans, la loi du 1er décembre 2008 a généralisé le RSA dès 2009, la mise en place de la réforme ayant pris le pas sur son évaluation.

24
Q

Amartya Sen, 1999, Development as Freedom

A

L’espérance de vie des Noirs américains était inférieure à celle des habitants du Kérala, en Inde, qui présente un IDH assez élevé.

On peut en déduire que le revenu monétaire peut être un mauvais indicateur des conditions de vie.

25
Q

FMI, Ostry et al., 2014, Redistribution, Inequality and Growth

A

L’inégalité est un déterminant positif du taux de croissance à moyen et long terme.

Toutefois, les inégalités peuvent malgré tout altérer négativement la croissance.

À un niveau macroéconomique, les études ne semblent pas démontrer qu’une redistribution importante ait un effet négatif direct sur la durée de la croissance.

Une redistribution moyenne, associée à une réduction des inégalités, est donc favorable à une croissance plus durable.

26
Q

Dick Cheney, 2004

A

La plupart des économistes s’accordent pour dire que des déficits budgétaires persistants élèvent finalement les taux d’intérêt à long terme parce qu’ils accroissent l’offre de titres de dette publique et le risque de défaut des Etats.

Pour autant, le vice-président de George W. Bush a affirmé péremptoirement que « Reagan a fait la preuve que les déficits ont peu d’importance »*.

*« <em>Reagan proved deficits don’t matter </em>».

27
Q

Ravi Kanbur, 2001

A

Les désaccords sur les politiques économiques internationales proviennent de trois sources :

Les questions d’agrégation : on ne considère pas les mêmes données agrégées, par exemple les effets d’une politique sur l’économie dans son ensemble ou seulement sur la redistribution (ou son absence) ;

L’horizon temporel : on regarde les effets à cinq ou dix ans en négligeant les effets à court terme, notamment pour les populations les plus fragiles ;

Le fonctionnement des marchés : on suppose que les marchés sont suffisamment concurrentiels, alors qu’en pratique ils sont imparfaits.

28
Q

Avinash Dixit, 1996

Jean-Jacques Laffont, 1999

A

Le programme de la recherche économique des quatre dernières décennies peut être lu, rétrospectivement, comme une tentative systématique et couronnée de succès, de mettre à bas de son piédestal la statue du dirigeant omniscient, tout-puissant et bienveillant (qui était l’approche traditionnelle de la politique économique), devenu impuissant, voué à des actions inutiles, voire nuisibles, considéré comme manquant de clairvoyance et d’information, et traduisant la pression d’intérêts privés tels que ceux des bureaucrates.

29
Q

Gollier, Eswald, Sadeleer, 2008, Le principe de précaution

A

Les décideurs prennent leurs décisions à partir de prévisions moyennes, généralement sans prendre en compte la distribution des risques.

Toutefois, certains événements, comme l’ouragan Katrina en 2005 ou la chute de Lehman Brothers en 2008, peuvent les y contraindre ponctuellement.

30
Q

Von Neumann et Morgenstern, 1944, Theory of Games and Economic Behavior

A

Théorie de l’utilité espérée

Proposition par les auteurs de modèles de jeux de coalitions :

Dans ce cadre, les agents économiques connaissent les probabilités de réalisation des différents « états de la nature » (par exemple, la probabilité d’un succès/échec).

Pour prendre leurs décisions, ils maximisent en conséquence l’espérance mathématique de leur utilité future, c’est-à-dire la somme de l’utilité obtenue dans chaque état de la nature pondérée par la probabilité de réalisation de celui-ci.

⚠️ Les auteurs ne reconnaissent que le comportement rationnel d’individus égoïstes, et ne laissent aucune place à un accord indivisible entre joueurs qui prendrait la forme d’un contrat social.

31
Q

Knight, 1921

A

Distinction entre risque et incertitude :

  • Le risque désigne une situation dont les aléas sont quantifiables mathématiquement ;
  • Ce risque devient une incertitude quand ces aléas ne sont pas quantifiables → ils ne sont plus assurables.

⚠️ Une incertitude « knightienne » interdit de recourir au concept d’utilité espérée*.

*Cf. Von Neumann et Morgenstern, 1944

32
Q

Gollier, 2001, « Économie du principe de précaution »

A

I. A. En général, parce que les investissements de prévention sont à rendements décroissants, le risque zéro n’est pas socialement efficace, même lorsqu’il est techniquement réalisable, ce qui est rare.

I. B. → Dès lors apparaît naturellement la notion de « risque acceptable » : un niveau de risque ne devrait être considéré comme acceptable que si tous les efforts pour le réduire ont un coût qui excède son bénéfice.

​II. ⚠️ Pourtant, les décideurs politiques ne calculent pas rationnellement les gains et les coûts espérés d’une décision politique.

A. Le ministère de la santé français a examiné en 2000 un nouveau test de dépistage de la présence du VIH et de l’hépatite C dans les lots de sang transfusionnel. Les expertises indiquaient qu’il pouvait conduire à une année de vie gagnée pour 60 MF.

À la même époque, la mise en place d’un dépistage du cancer du sein chez les femmes de plus de 50 ans, aurait pu conduire à un gain d’espérance de vie de 1 an pour 10 000 F.

B. C’est pourtant le premier qui a été mis en œuvre, l’opinion publique étant mobilisée sur la question de la contamination du sang.

33
Q

Mandelbrot et Hudson, 2004

A

I. La variation journalière de l’indice Dow Jones de la bourse de New York a dépassé 7 % à 48 reprises sur la période 1916-2003.

II. Pourtant, c’est un événement qui se produirait en moyenne tous les 300 000 ans si la distribution de cette variation était normale avec les mêmes moyennes et variance.

III. Cette observation invalide l’hypothèse standard selon laquelle les rendements suivent une loi normale, alors que de nombreux modèles prévisionnels reposent sur cette hypothèse.

34
Q

Lars Svensson, 2004

A

I. La banque centrale peut tolérer des fluctuations raisonnables de l’inflation autour de son objectif de référence.

II. Elle doit en revanche tout faire pour éviter les situations extrêmes, c’est-à-dire les événements :

  • dont la probabilité est faible ;
  • mais dont les effets disruptifs sont extrêmement élevés, en raison des hystérèses qu’ils peuvent causer.
35
Q

Arrow, 1968

A

I. Si la décision d’investir est irréversible (les coûts d’installation sont irrécupérables, c’est-à-dire que la valeur de revente du capital installé sera inférieure à sa valeur d’achat) alors que la décision de reporter l’investissement est réversible, le calcul économique impose de comparer :

1° La valeur d’un investissement réalisé aujourd’hui ;

2° Et la valeur du même investissement réalisé à une date ultérieure.

II. A. En d’autres termes, l’investisseur attend que la demande dépasse un certain seuil, afin de ne pas suraccumuler son capital.

B. ⚠️ C’est pourquoi le capital n’évolue pas de manière continue, mais par palliers.

36
Q

Henry, 1974

A

Proposition d’un modèle séquentiel de décision en information croissante.

I. L’approche prenant en compte l’irréversibilité est particulièrement pertinente dans l’évaluation des projets qui causent des dommages irréversibles à l’environnement : enfouissement de déchets nucléaires, forage pétrolier dans une réserve naturelle, etc.

II. Cette irréversibilité justifie de recourir à des solutions flexibles d’attente.

⚠️ Critique : Ce type de modèle est réducteur. Ainsi, les conséquences de la décision initiale de ne pas agir se compliquent lorsque l’inaction engendre aussi un coût, comme dans le cas des émissions de carbone (Stern, 2006).

37
Q

Rapport Stern sur l’économie du changement climatique, 2006 (The Economics of Climate Change)

A

I. Dans un rapport remis au gouvernement britannique, la valeur actualisée du coût social de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre était estimée à 1 % du PIB mondial, contre un coût de l’inaction estimé à une réduction permanente annuelle qui s’échelonnait :

  • de 5 %, en considérant seulement la production et l’exploitation des ressources ;
  • à 14 %, en intégrant les pertes humaines et écologiques ;
  • voire à 20 % du PIB mondial, en intégrant le fait que les économies les moins avancées seront ralenties dans leur développement.

II. ⚠️ Ce rapport a été critiqué (Nordhaus, 2007 ; Weitzman, 2007) :

  • pour le taux d’actualisation qu’il a employé, qui se fonde sur le principe philosophique selon lequel il n’y a aucune raison d’accorder moins de valeur au bien-être de nos descendants qu’au nôtre ;
  • et sa sous-estimation alléguée du potentiel de réduction des coûts futurs du fait des innovations technologiques.
38
Q

John Muth, 1961, “Rational Expectations and the Theory of the Price Movements”

A

Publication d’un article sur les *anticipations rationnelles* :

I. A. Les agents économiques font des prévisions ou forment leurs anticipations en utilisant l’information disponible de la manière la plus efficiente.

B. Leur ensemble d’information comprend :

1° l’historique de leurs erreurs de prévision ;

2° le modèle sous-jacent du fonctionnement de l’économie.

II. A. → Ils ne peuvent pas être systématiquement trompés, et leurs erreurs éventuelles résultent uniquement des événements nouveaux qui ne sont pas prévisibles.

B. → L’action politique, dès lors qu’elle n’est pas purement aléatoire, peut être anticipée.

⚠️ À l’époque, prévalait encore le principe mécaniste selon lequel les agents se fondaient sur l’observation du passé pour leur prise de décision.

39
Q

Robert Lucas, 1976, “Econometric Policy Evaluation : A Critique”

A

« Critique de Lucas »

Selon Robert Lucas, il n’est pas correct d’utiliser un modèle macroéconométrique pour évaluer les effets des modifications systématiques des règles de politique économique (l’auteur s’oppose ainsi à la tendance scientiste de l’époque) :

Tout changement significatif de politique économique va affecter les anticipations et les comportements des agents dont le modèle est une représentation.

Ce modèle ne sera donc plus adapté : comme les agents réagissent, les fonctions du modèle ne sont pas indépendantes des politiques qu’il est censé examiner. Son caractère prédictif est donc remis en cause.

40
Q

Sims, 1980

A

Modélisation de l’évolution conjointe des variables macroéconomiques sans introduire aucune contrainte théorique :

  • réponse à la critique de Lucas ;
  • à l’origine du développement d’une approche purement statistique de l’économie (voir les modèles VAR notamment).
41
Q

Barro et Gordon, 1983 (I)

A

Formalisation du défaut (ou manque) de crédibilité

I. En présence d’anticipations rationnelles, un gouvernement qui cherche à optimiser le bien-être social à chaque période ne conduit pas nécessairement à la meilleure politique.

II. A. Par exemple, pour servir le bien public, le gouvernement peut être incité à tromper les agents privés par un mensonge vertueux destiné à améliorer le bien-être social : il souhaite une inflation de 4 % pour diminuer les salaires réels de 2 % et lutter contre le chômage.

B. Deux effets possibles du manque de crédibilité :

Si les salariés connaissent l’objectif, ils modifieront leur comportement de façon à ce que les effets des politiques recherchés ne se produisent pas. Dans l’exemple, ils exigeront des hausses de salaire équivalentes, ce qui conduira à neutraliser l’effet recherché par le gouvernement, alors que l’inflation se sera tout de même élevée entre temps ;

Même si le gouvernement ne ment plus par la suite, son manque de crédibilité pourra conduire les agents à anticiper une tromperie.

42
Q

Woodford, 2001, “Monetary Policy in the Information Economy”

A

« Une politique monétaire réussie ne repose pas tant sur le contrôle efficace des taux sur les dépôts à vue ou même des variations de l’indice des prix à la consommation, que sur la capacité à influencer de la façon désirée les anticipations de marché concernant ces variables. »

43
Q

Krugman, 1998, “Japan’s Trap”

A

I. À la fin des années 1990, le Japon faisait face a une crise déflationniste. Le niveau général des prix baissait, ce qui impliquait :

  • des taux d’intérêt réels positifs malgré des taux d’intérêt nominaux proches de zéro ;
  • le risque d’une spirale déflationniste.

II. A. L’auteur a relevé que si la banque centrale était capable de susciter des anticipations d’inflation, le taux d’intérêt réel anticipé (égal au taux nominal moins l’inflation anticipée) baisserait, ce qui stimulerait l’investissement et éloignerait le risque de spirale déflationniste.

B. Il a donc proposé que la banque centrale « promette de manière crédible d’être irresponsable »​ et adopte à l’avenir une politique inflationniste (ce qui n’était pas du tout prévu par son mandat).

III. La proposition de Krugman a été accueillie avec beaucoup de scepticisme par les autorités monétaires japonaise, mais celles-ci s’y sont peu à peu ralliées.

Sur la crise japonaise : https://www.melchior.fr/etude-de-cas/leconomie-de-la-deflation-le-cas-du-japon

44
Q

Kydland et Prescott, 1977, “Rules Rather than Discretion”

A

Théorie de l’incohérence temporelle

I. A. Ce n’est pas l’outil mathématique du contrôle optimal* qui permet de gouverner au mieux, mais les concepts d’équilibre développés en théorie des jeux.

B. Les auteurs vont plus loin que Lucas, en affirmant que les agents remontent aux objectifs propres des autorités pour former des anticipations véritablement rationnelles.

II. A. Ils proposent de bannir les politiques discrétionnaires, définies comme résultant d’une optimisation à chaque instant.

B. La politique économique doit plutôt s’attacher à suivre des règles fixes, car une source d’inefficacité de la décision politique découle du fait que :

  • une solution ex ante (par exemple : annonce d’une inflation faible ou qu’on ne soutiendra pas une banque qui a pris trop de risques) ;
  • n’est pas optimale ex post (on encourage l’inflation ou on intervient pour acquérir les actifs décotés des banques).

III. → Seules des politiques jugées crédibles ou temporellement cohérentes sont prises en compte dans le processus de formation des anticipations des agents privés.

* théorie de la <em>commande optimale </em>(ou contrôle optimal) fondée sur une approche mathématique visant agir sur un système dynamique dépendant d’une variable temporelle, de façon à conduire l’état de ce système à un état donné à un instant donné.

45
Q

Wyplosz, 2005, “Fiscal Policy : Institutions vs. Rules”

A

I. A. Proposition de déléguer à des autorités budgétaires indépendantes la fixation du solde budgétaire.

B. Le gouvernement et le parlement conservent toute latitude sur les niveaux d’impôts et de dépenses.

II. → Cela devrait permettre de réconcilier la recherche de crédibilité de l’objectif de soutenabilité de la dette en longue période et la flexibilité en courte période rendue nécessaire par les aléas économiques.

III. 📚 L’auteur s’inspire de la quête de la règle monétaire idéale dans les années 1980, qui s’est avérée vaine et a conduit à confier à une institution spécialisée, au mandat défini, la responsabilité de fixer de façon indépendante les taux d’intérêt.

46
Q

Stiglitz, 2000

A

Mise en évidence de la notion d’asymétrie d’information, qui désigne le fait que les différents acteurs économiques n’ont pas connaissance des mêmes informations :

« La reconnaissance que l’information est imparfaite, qu’il peut être coûteux d’obtenir des informations nouvelles, qu’il existe d’importantes asymétries de l’information et que l’étendue de ces asymétries dépend des activités des entreprises et des individus, est peut-être l’innovation la plus importante des sciences économiques au XXe siècle ».

47
Q

Laffont et Martimort, 2001

A

Récapitulatif de la notion de principal/agent

I. A. Le principal (l’actionnaire, le manager ou le banquier), qui délègue une tâche à l’agent (le chef d’entreprise, les employés ou l’entreprise), n’a pas toutes les informations sur les capacités et les performances de ce dernier, ce qui conduit généralement à des situations sous-optimales.

B. La décentralisation de l’information dans une organisation octroie à ses membres certaines rentes informationnelles, qui affectent l’allocation des ressources.

II. Le recours à la technique du contrat peut être une solution pour surmonter ce problème.

III. ⚠️ Cette relation principal/agent n’est pas spécifique aux organisations complexes. On peut observer des conflits d’intérêts dans le cas de relations bilatérales impliquant seulement un principal et un agent : vendeur/acheteur, propriétaire terrien/métayer, financier/entrepreneur ; etc.

48
Q

Laffont et Tirole, 1986

A

I. A. Dans une situation où le régulateur doit attribuer une concession de fourniture d’eau, d’électricité, etc., il se trouve face à une asymétrie d’information, qui porte sur le coût de l’activité et sur l’effort possible pour réduire ce coût.

B. Or, il doit à la fois éviter :

1° que le concessionnaire ne prélève une rente sur les usagers ;

2° que l’activité ne soit pas rentable.

II. Proposition du contrat optimal :

  • une autorité concédante propose un contrat qui autorise l’entreprise concessionnaire à percevoir une partie de la rente ;
  • pour rendre sa proposition incitative, l’autorité concédante propose un « menu de contrats », qui prend la forme d’une subvention versée à l’entreprise comme une fonction décroissante de ses coûts de production ;

Les entreprises efficaces sont prêtes à prendre en charge une fraction plus importantes des coûts, qu’elles sont seules à connaître mais qu’elles savent bas, tandis que les entreprises moins efficaces cherchent à les faire supporter à l’autorité concédante.

Cf. : https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20141218trib651483c28/l-apport-de-jean-tirole-aux-marches-de-l-electricite.html#_ftn2

49
Q

Laffont, 1999

A

Si le gouvernement veut se procurer une information décentralisée, il doit se soucier de fournir des incitations adéquates pour obtenir des agents économiques une transmission véridique de cette information.

A. Par exemple, pour un agent effectuant une activité productive polluante, proposer de le rémunérer à proportion de la dépollution qu’il aura à effectuer.

B. Il peut aussi organiser la concurrence dans ses propres services lorsque celle-ci n’est pas un obstacle à leur nécessaire coordination.

50
Q

Stigler, 1971, The Economic Theory of Regulation

A

Analyse pionnière de la capture du régulateur (École du choix public)

I. Les entreprises appartenant à des branches concurrentielles (commerce de détail ou transports routiers, par exemple) peuvent s’organiser avec succès pour influer sur la réglementation, alors que le grand public est désintéressé de ces questions.

II. → Cela peut conduire à un phénomène de capture du régulateur par les intérêts qu’il a la charge de surveiller. La régulation se fait alors au bénéfice des producteurs plutôt que des consommateurs.