Etudes 02b - Bénassy-Quéré Flashcards
Clarida, Gali et Gertler, 1999
I. Courbe de Phillips néo-keynésienne (fondée sur des comportements d’optimisation et des anticipations rationnelles tout en faisant une place aux rigidités nominales), décrivant le modèle néo-keynésien de détermination du taux d’intérêt optimal de la banque centrale.
A. La banque centrale fixe le taux à court terme de manière à ce que le taux d’inflation et l’écart de production anticipés restent proches des objectifs fixés :
- un écart de production nul (PIB = potentiel du PIB) ;
- une inflation limitée.
B. Le modèle est prospectif : il n’essaye pas de contrôler les niveaux courants d’inflation ou de production, mais leurs valeurs prévues → ce qui est cohérent avec les délais de transmission de la politique monétaire.
II. Comme l’écart de production est négativement lié au taux d’intérêt réel mais positivement à l’inflation, les deux objectifs sont :
- cohérents en présence de chocs de demande : ceux-ci entraînent une variation dans le même sens de l’inflation et de l’écart de production ;
- contradictoires en présence de chocs d’offre : ceux-ci les font varier en sens contraire.
→ Par conséquent, la BC doit complètement absorber les chocs de demande, mais partiellement les chocs d’offre.
E. Phelps, 1967, “Phillips curves, Expectations of Inflation
I. Comme Friedman (1968), définition d’un taux de chômage d’équilibre, qui découle à fois :
- de la prise en compte correcte des anticipations d’inflation dans la courbe de Phillips ;
- de l’imposition d’une condition d’équilibre stipulant que les anticipations des agents sont vérifiées dans le long terme.
II. L’équation de la courbe de Phillips est augmentée des anticipations et écrite en termes de taux d’inflation, plutôt que de croissance des salaires nominaux.
III. Ce modèle macroéconomique décrit une loi d’ajustement des salaires sur un marché du travail en déséquilibre : dans ces conditions, le taux d’équilibre du chômage peut être modifié par une politique adaptée.
📚 C’est Phelps, plutôt que Friedman, qui a joué un rôle majeur en posant ici le formalisme qui s’est imposé très rapidement dans les travaux de recherche et qui a ouvert la voie à la synthèse néoclassique réunissant dans un cadre dynamique unifié des mécanismes keynésiens de court terme et l’existence d’un taux de chômage de long terme insensible à la demande globale.
Pour autant, l’auteur s’est par la suite montré réservé à propos de la notion de NAIRU (cf. Modigliani et Papademos, 1975 et leur concept de NIRU), la présentant comme une vision trop simple de la situation macroéconomique.
M. Friedman, 1968, “The Role of Monetary Policy”
Notion de chômage naturel
I. Comme Phelps (1967), définition d’un taux de chômage d’équilibre, qui découle à fois :
- de la prise en compte correcte des anticipations d’inflation dans la courbe de Phillips ;
- de l’imposition d’une condition d’équilibre stipulant que les anticipations des agents sont vérifiées dans le long terme.
II. Alors que la courbe de Phillips ne tenait pas compte de l’inflation, l’auteur considère que la détermination d’un taux de chômage d’équilibre doit prendre en compte les anticipations d’inflation : la variable d’intérêt des salariés est la croissance de leur salaire réel, et non celle de leur salaire nominal.
III. Contrairement au modèle de Phelps (1967), le chômage naturel se définit comme le résultat des imperfections, des rigidités et des frictions sur le marché de l’emploi ou sur celui des biens et qui empêchent la réalisation d’un équilibre général walrassien. Cette réaction a un caractère optimal* et ne nécessite donc pas de politique de stabilisation.
* Il s’agit ici de décrire<strong> la réaction de l’emploi à une différence entre salaire perçu et salaire anticipé</strong>. Le niveau d’‘inflation ne découle plus du niveau de chômage : ici, le chômage est indifférent à l’inflation ou s’élève en raison de la baisse future des salaires réels.
E. Phelps, 1967 ; M. Friedman, 1968
Théorie de la courbe de Phillips augmentée des anticipations
I. À taux de chômage donné, les salaires nominaux croissent plus vite si les travailleurs anticipent une hausse des prix à la consommation, car dans un tel cas, ils ont à cœur de défendre le pouvoir d’achat de leurs revenus.
→ Ceci induit alors une hausse de l’inflation.
II. La courbe de Phillips est verticale à long terme :
- à long terme, quel que soit le taux d’inflation obtenu, les salaires nominaux croissent au même rythme que les prix ;
- à long terme, les salaires tendent vers un niveau d’équilibre qui égalise offre et demande sur le marché du travail.
III. L’équation serait la suivante :
Taux de chômage = taux naturel – a(inflation constatée – inflation anticipée)
Barro et Gordon, 1983 (II)
Mise en évidence du biais inflationniste
I. En partant d’une hypothèse selon laquelle le niveau de production d’équilibre est considéré comme trop faible parce qu’il implique un taux de chômage élevé :
- S’il est recouru à la politique monétaire au lieu d’une politique structurelle ;
- Et si la banque centrale vise un écart de production supérieur au niveau de production potentielle afin de réduire le chômage ;
→ L’inflation augmente sans que le chômage ne diminue durablement.
II. Ce phénomène s’explique :
- Au-delà du caractère structurel du chômage… ;
- par l’anticipation de l’inflation par les ménages qui l’intègrent dans leurs revendications salariales, rendant vains les efforts de la banque centrale pour réduire le chômage ;
→ Ces efforts de la banque centrale ne se traduisent que par une inflation plus élevée : c’est le biais inflationniste.
Carl Walsh, 1995
I. La délégation de la politique monétaire est un problème de type principal–agent, où :
- le gouvernement (le principal) ;
- délègue à la banque centrale (l’agent) :
- la tâche d’atteindre une faible inflation (l’objectif).
→ La signature d’un contrat d’intéressement d’un gouverneur de banque centrale à des objectifs d’inflation est un moyen de réduire le biais inflationniste.
Rajan, 2005
I. Des taux d’intérêt bas incitent les investisseurs à prendre davantage de risques pour obtenir des rendements plus élevés, leurs rendements de référence s’ajustant lentement.
II. Par ailleurs, plus les marchés financiers apparaissent fiables longtemps, plus ils suscitent de demande → émergence de toute une gamme d’intermédiaires, dont la taille et la propension au risque peuvent s’accroître au cours du cycle, ce qui renforce la volatilité macroéconomique.
📚 L’article avait fait débat à l’époque de sa publication, mais s’est révélé presque prophétique en 2008.
Borio, 2014
I. Une politique monétaire susceptible de relancer l’économie en encourageant la dépense, peut aussi créer de l’aléa moral auprès des investisseurs :
En effet, les conditions monétaires déterminées par les banques centrales sont un facteur déterminant de la prise de risque des investisseurs : plus les conditions monétaires sont souples, moins la réalisation du risque est coûteuse.
II. Cette politique monétaire peut ainsi semer les germes de la prochaine crise financière → Elle est alors un moteur des cycles financiers observés sur longue période.
Bernanke et Gertler, 1995
Le canal du crédit bancaire* doit être l’un des mécanismes complémentaires de transmission de la politique monétaire, aux côtés du taux d’intérêt :
- Il est justifié par l’asymétrie d’information entre créanciers et débiteurs, compte tenu de la difficulté, pour les banques, de vérifier la qualité des projets des investisseurs ;
→ Il permet ainsi d’éviter l’antisélection causée par l’augmentation des taux d’intérêt (cf. Stiglitz et Weiss, 1981).
* Si la liquidité est plus abondante, les banques de second rang vont être incitées à accorder plus de crédits et les agents économiques (entreprises qui investissent et ménages qui achètent à crédit des biens de consommation durable) vont donc investir et consommer davantage. Les effets sont symétriques dans le cas d’une politique monétaire restrictive.
Kiyotaki et Moore, 1997
I. L’endettement d’une entreprise est limité par le montant de collatéral exigé.
Or, lorsque le taux d’intérêt réel augmente, la sévérité des contraintes de crédit augmente, puisque le collatéral sert à garantir un revenu minimal à la banque en cas de faillite.
II. Une hausse du taux d’intérêt réel a donc deux effets :
- Une diminution de l’investissement du fait de l’augmentation même du coût du capital ;
- Une diminution de l’investissement causée par l’augmentation du rationnement du financement pour les entreprises qui n’ont pas assez de collatéral. L’information sur l’intensité de ce second effet n’est pas véhiculée par les marchés, car les entreprises rationnées n’expriment de demande sur aucun marché.
III. En conclusion :
- Les contraintes de crédit induisent un sous-investissement par rapport à l’optimum social du modèle ;
→ A contrario, en temps normal, une baisse du taux d’intérêt augmente la valeur des actifs utilisés pour garantir l’emprunt et facilite également par ce canal l’accès des entreprises au crédit bancaire.
Eggertsson et Krugman, 2012
I. Dans une situation de fort endettement privé, les pressions déflationnistes augmentent la valeur réelle de la dette et son poids sur le revenu disponible des ménages (cf. Fisher, 1933).
II. Dans ce contexte, « more debt can be the solution to a debt-induced slump » :
- une hausse des dépenses publiques, consistant en des baisses d’impôts et des transferts de revenu ;
- peut avoir un effet multiplicateur supérieur à l’unité, à condition que le bénéfice en soit bien dirigé sur les ménages endettés.
Campbell et al., 2012
Les auteurs identifient deux types de guidage des anticipations des agents par la banque centrale :
1° Le « guidage delphique »* : la communication par la banque de ses prévisions macroéconomiques et de ses intentions futures ;
2° Le « guidage odysséen »* : l’engagement de la banque centrale à suivre une certaine évolution pour les taux d’intérêt, même si cela peut impliquer de dévier des règles qu’elle observe habituellement.
* En référence à l’Oracle de Delphes dans la Grèce antique.
** En référence à l’épisode de l’Odyssée où Ulysse s’attache au mât de son bateau pour échapper aux sirènes.
Woodford, 1995, “Price Level Determinacy”
I. L’auteur considère qu’en raison de la disparition progressive de la distinction entre monnaie et actifs financiers, la masse monétaire ne peut plus être contrôlée.
II. → Il en conclut qu’il faut reconstruire la théorie du niveau des prix :
Il propose de remplacer la théorie quantitative de la monnaie par une « théorie quantitative de la dette publique ».
Woodford, 2003
I. Notion de dominance budgétaire, proposée par l’auteur à travers la « théorie budgétaire » du niveau des prix :
Dans cette situation, la politique monétaire est subordonnée à l’objectif d’aider le gouvernement à financer son budget.
II. Pour en sortir, l’auteur préconise classiquement :
- de rendre la banque centrale indépendante pour qu’elle mène une politique de taux à la Taylor ;
- tandis que les autorités budgétaires s’imposent un plafond de niveau de la dette publique.
Eggertsson et Woodford, 2003
Application, dans le cadre de la nouvelle synthèse, du célèbre résultat de neutralité de Wallace (1981), version du principe de Modigliani-Miller appliqué à la structure du passif consolidé du gouvernement.
I. Un assouplissement quantitatif n’a pas d’effet en soi sur la demande de monnaie.
A. En effet, la société a un besoin déterminé de liquidités et au-delà de ce seuil, la détention de monnaie correspond à un taux d’intérêt nul ;
B. Or, quand les taux d’intérêt approchent la borne zéro :
- les titres à court terme apportent un rendement nul ;
- le coût d’opportunité de la détention de monnaie est donc nul.
II. En revanche, un assouplissement quantitatif peut avoir un effet :
- sur le plan budgétaire en facilitant le financement de l’État ;
- sur les anticipations de marché.
Curdia, Vasco et Woodford, 2011
Analyse comparant la pertinence des politiques de bilan avec la politique plus traditionnelle des taux d’intérêt :
1° Un assouplissement monétaire, en absorbant le risque de crédit, est susceptible de servir le volume total des prêts et le bien-être ;
2° En dehors de cet effet et au-delà d’un certain point, l’assouplissement quantitatif est inutile pour la stabilisation macroéconomique (l’étude ne porte pas sur la stabilité financière).
→ Les avoirs en actifs de la banque centrale ne sont donc pertinents que pour corriger les imperfections et les inefficiences des marchés financiers.
Carpenter et Rodgers III, 2004
I. Une contraction monétaire aux États-Unis a davantage d’impact sur le taux d’emploi des minorités et des jeunes (particulièrement les jeunes Afro-Américains) que des autres catégories de travailleurs.
II. ⚠️ Cet effet s’explique par une baisse des emplois proposés et non par la diminution de l’offre de travail proposée par ces catégories de population.
Romer et Romer, 1999
L’inflation non anticipée réduit les inégalités.
(article : Monetary policy and the well-being of the poor)
Doepke et Schneider, 2006
En cas d’inflation :
- Les principaux perdants sont les ménages à la fois âgés et riches ;
- Les principaux gagnants sont des jeunes appartenant à la classe moyenne avec des emprunts immobiliers à taux fixe.
Coibion et al., 2012
Étude portant sur les données américaines de la consommation et des inégalités, pour la période 1980-2008 :
1° Une politique monétaire restrictive accroît les inégalités de revenus et de consommation, en diminuant systématiquement les revenus du travail, le revenu global, la consommation et l’ensemble des dépenses ;
2° En revanche, une politique expansionniste les réduit.