Etudes 02a - Bénassy-Quéré Flashcards
Hicks, 1937, Mr. Keynes and the “Classics”
I. Inauguration de ce qui deviendra l’école de la synthèse (ou néokeynésianisme).
II. A. Proposition du modèle IS/LL*, qui intègre dans un environnement classique les enseignements de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie publiée l’année précédente.
B. Ces travaux se concentrent en particulier sur le rôle des politiques monétaire et budgétaire sur le plein emploi.
* Investment-Savings/Liquidity preference
https://beraud.u-cergy.fr/index_fichiers/un.pdf
Hansen, 1949, Monetary Theory and Fiscal Policy ; 1953, A Guide to Keynes
I. A. Complément du modèle de Hicks (IS/LL) pour proposer le modèle IS/LM.
B. Il est souvent considéré comme à la base de la macroéconomie.
II. A. Dans ce modèle, on raisonne en économie fermée : les prix sont fixes et il n’y pas de commerce international.
B. La courbe IS représente l’ensemble des combinaisons de taux d’intérêt (i) et de niveau de production (Y) qui assurent l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché des biens et services.
𝐼𝑆 ∶ 𝑌 = 𝐶(𝑌,𝑖) + 𝐼(𝑌,𝑖)+𝐺
→ Elle est décroissante.
C. La courbe LM représente quant à elle l’ensemble des combinaisons de taux d’intérêt (𝑖) et de revenu (𝑌) qui assurent l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché de la monnaie.
𝐿𝑀 ∶ 𝑀s = 𝐿’(𝑌) + 𝐿’’(𝑌) + 𝐿’’’(𝑖)
→ Elle est croissante.
D. Au point d’intersection entre les courbes IS et LM :
1° L’économie est stable. Cette situation correspond à une situation d’équilibre général ;
2° Toutefois, elle n’est pas synonyme de plein-emploi : en effet, le niveau d’investissement découlant du taux d’intérêt d’équilibre n’est pas forcément suffisant.
http://public.iutenligne.net/economie/simonnet/politique_economique/documents/chapitre4/politique_budgetaire.html
Romer, 2000
I. Pour atteindre leurs objectifs, les banques centrales ne suivent plus une règle d’offre de monnaie, mais plutôt une règle de taux.
II. Ceci rend obsolète le modèle IS/LM :
1° La représentation des politiques monétaires doit s’effectuer en terme de taux ;
2° L’ajustement macroéconomique se réalise davantage au niveau du taux d’inflation que du niveau général des prix.
Ricardo, 1820, “Essay on the Funding System”
Principe de l’équivalence ricardienne
I. Étude du financement public d’une guerre par un gouvernement.
II. Le coût d’un financement public sur les revenus des ménages est totalement indépendant de sa nature, qu’il prenne la forme d’un emprunt ou d’un impôt :
1° En cas d’imposition, les agents doivent immédiatement y consacrer une partie de leurs revenus ;
2° Si le gouvernement se finance par des obligations, les agents épargnent en prévision des hausses d’impôts futures.
Barro (Effet Ricardo-Barro), 1974
I. A. L’effet des dépenses publiques sur l’économie est totalement indépendant de la nature que prend le financement des dépenses, entre un impôt, l’emprunt ou la création monétaire.
B. → Il s’agit dans tous les cas d’un impôt, au mieux différé :
1° Si l’imposition pour financer la politique de relance est immédiate, les agents doivent y consacrer une partie de leurs revenus ;
2° Si la politique de relance est financée par la dette publique, elle pousse les agents à épargner, en prévision de hausses d’impôts futures ;
3° Une politique de relance financée par la création monétaire pousse également les agents à épargner, en prévision de l’érosion future de la monnaie.
II. A. Dans ces conditions, la relance est sans effet sur la demande.
B. En effet, dès lors que les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distribution de revenus financée par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à épargner, en prévision de hausses d’impôts futures.
Mankiw, 2000
Les hypothèses de l’équivalence ricardienne, qui fondent la thèse de Barro (1974), peuvent paraître irréalistes, en raison de la nécessité de remplir les conditions suivantes :
1° Anticipations rationnelles : les agents économiques maîtrisent l’arithmétique et raisonnent à long terme ;
2° Dépenses publiques improductives : les biens publics produits sont sans impact sur l’utilité des consommateurs ou sur la productivité des entreprises ;
3° Absence de contraintes de revenu : les ménages peuvent épargner sans restriction, alors qu’en pratique, un ménage qui épargne est une exception ;
4° Horizon infini : prise en compte par les ménages de l’utilité des générations futures.
Alesina et Ardagna, 2010
Mise en évidence des effets de composition.
I. À taille donnée, les effets d’une hausse ou d’une baisse du déficit peuvent différer sensiblement :
1° selon qu’elle procède par la dépense ou la recette ;
2° selon la nature des dépenses et des recettes concernées.
II. Un ajustement budgétaire rapide et passant par une baisse des dépenses peut être compatible avec une croissance de la consommation privée et de la production.
⚠️ Cette conclusion est discutée par Guajardo, Leigh et Pescatori (2011).
Guajardo, Leigh et Pescatori, 2011
I. A. Les auteurs étudient plusieurs économies de l’OCDE au moyen d’une approche narrative (cf. Romer et Romer, 2010).
B. En isolant les mesures spécifiquement destinées à redresser les finances publiques, ils montrent que les consolidations sont, sauf rares exceptions, de nature à déprimer l’activité*.
II. A. En effet, l’intensité de la consolidation est mesurée par l’évolution du solde primaire ajusté du cycle.
B. Or, cette évolution ne reflète pas uniquement les mesures discrétionnaires visant à l’assainissement des finances publiques. Elle est aussi le résultat, par exemple :
1° De mesures restrictives prises en vue d’écarter le risque de surchauffe ;
2° De mesures de soutien prises au bout d’un certain temps pour limiter l’effet négatif d’une consolidation ;
3° Ou encore de l’évolution du prix d’actifs qui peut venir la gonfler (ou la déprimer) via les recettes d’impôts sur les plus-values ou via les conséquences d’un effet de richesse sur la demande interne et, en conséquence, sur les recettes d’impôts associées à cette demande.
C. → L’approche narrative des auteurs permet de surmonter ces difficultés en les écartant.
* Leurs estimations recoupent celles du FMI dans ses <em>pe</em><em>rspectives de l’économie mondiale 2010</em>.
Haavelmo (théorème de), 1945
I. Dans un cadre keynésien simple, une réduction simultanée des dépenses publiques et des impôts d’un montant donné réduit la production, tandis qu’un accroissement simultané des dépenses publiques et des recettes fiscales peut favoriser l’accroissement du revenu national.
II. Il repose sur plusieurs hypothèses strictes dont la validité empirique n’est pas évidente :
1° Le niveau d’investissement est supposé constant, ce qui implique qu’on rejette tout effet d’éviction et qu’on suppose que l’épargne des ménages n’a habituellement aucun effet économique positif sur la production, notamment via l’investissement ;
2° L’offre de travail est supposée constante : on n’envisage pas l’effet négatif d’une hausse d’impôt sur le travail fourni par les agents et donc sur la production ;
⚠️ Sur ces deux points toutefois, il est possible d’imaginer un accroissement supplémentaire de l’investissement tel que le multiplicateur final sera supérieur à 1 ;
3° L’hypothèse d’une propension marginale à consommer constante. Elle implique d’ignorer la possibilité que les nouvelles activités de l’État puissent contenir la fourniture directe de biens et de services, rendant une partie de l’ancienne consommation des ménages inutile (un agent à qui l’on fournit un logement social en échange de ses impôts n’a pas besoin de s’acheter un logement, il en a d’ailleurs moins les moyens compte tenu du niveau de la pression fiscale) ;
⚠️ Néanmoins, l’auteur introduit une propension à consommer fonction du niveau d’imposition dans les développements de son article ;
4° L’hypothèse d’une économie fermée. Elle est globalement caduque aujourd’hui : l’augmentation des dépenses publiques se traduit empiriquement le plus souvent par une hausse importante des importations.
Batini et al., 2012
Étude de l’effet des ajustements budgétaires aux États-Unis, en Europe et au Japon en périodes de récession et d’expansion :
1° Les multiplicateurs sont plus importants en période de récession qu’en période d’expansion ;
2° En phase d’expansion, les politiques de dépenses sont moins efficaces pour stimuler l’économie, conduisant plutôt à une hausse des prix ; les multiplicateurs de l’impôt peuvent être négatifs ;
3° Si une consolidation budgétaire est commencée en période de récession, elle peut prolonger celle-ci, particulièrement si elle consiste en une baisse de dépenses publiques et qu’elle est importante (les multiplicateurs sont supérieurs à 1 pour les chocs de dépenses et inférieurs à 1 - positifs à l’exception de celui de la France - pour les chocs d’impôts) ;
4° Une consolidation budgétaire graduelle, équilibrant baisse de dépenses et hausses d’impôts, augmente les chances de se traduire par une baisse du ratio dette/PIB ; une politique monétaire active visant la baisse du taux d’intérêt réel permettra alors d’alléger les effets négatifs de la consolidation budgétaire.
I. A. Étude de l’effet des ajustements budgétaires aux États-Unis, en Europe et au Japon en périodes de récession et d’expansion
B. Une consolidation graduelle et lisse est préférable à une stratégie trop rapide de réduction des déséquilibres budgétaires.
II. A. L’impact d’une consolidation fiscale est plus brutal si l’économie est en récession.
B. Selon les pays étudiés, la différence en termes de multiplicateur s’échelonnait de 0,5 à 2 :
Cela s’expliquait par le fait qu’en « temps de crise », de plus en plus d’agents économiques (ménages, entreprises) sont exposés à des contraintes de liquidité de très court-terme, entretenant la récession et empêchant la politique monétaire de fonctionner.
III. S’agissant des consolidations budgétaires commençant en phase d’expansion, la principale différence réside dans les multiplicateurs d’impôts qui peuvent être négatifs.
IV. A. Les multiplicateurs associés à des dépenses publiques sont plus hauts que ceux observés pour les impôts.
B. En récession, ils s’étendent, après un an :
- De 1,6 à 2,6 en cas de choc de dépenses publiques ;
- De 0,16 à 0,35 dans le cas d’un choc d’impôts.
C. En zone euro, par exemple, le multiplicateur sur un an était :
- De 2,6 si les dépenses publiques étaient utilisées comme instrument de consolidation budgétaire ;
- De 0,35 si l’on recourait aux impôts.
Batini et al., 2014 ; Mineshima et al., 2014
Synthèses des résultats sur le multiplicateur keynésien budgétaire en pratique
I. Les caractéristiques de l’économie affectent le multiplicateur budgétaire :
1° la rigidité du marché du travail l’affecte positivement ;
2° la taille de la sphère publique (pression fiscale), négativement ;
3° le niveau de dette publique, négativement ;
4° la taille de l’économie, positivement ;
5° le degré d’ouverture, négativement ;
6° la flexibilité du taux de change, négativement.
II. L’impact de la politique budgétaire varie selon les conditions économiques :
1° Aux États-Unis, le multiplicateur des dépenses budgétaires varie de zéro en période de forte croissance à 1,5 dans les années de récession (Auerbach et Gorodnichenko, 2012) ;
2° Le multiplicateur budgétaire est plus faible lorsque la situation des finances publiques conduit les agents économiques à penser que le remboursement de la dette publique va directement peser sur eux (Sutherland, 1997).
III. Le type de consolidation budgétaire retenu affecte le multiplicateur budgétaire :
1° pour des consolidations budgétaires fondées sur la baisse des dépenses, les effets négatifs sont moins marqués, voire inexistants (Alesina et Ardagna, 2010) ;
2° celles fondées sur des hausses d’impôt ont des effets négatifs (Alesina et al., 2017) ;
⚠️ Le III est discuté par Guajardo, Leigh et Pescatori (2011).
Kopits et Symansky, 1998
I. Identification de huit critères pour caractériser une règle budgétaire « idéale » :
1° Une définition claire ;
2° Des comptes publics transparents ;
3° La simplicité ;
4° La flexibilité ;
5° La facilité de mise en œuvre et la possibilité de sanctionner les écarts ;
6° La pertinence par rapport aux objectifs poursuivis ;
7° La cohérence avec les autres objectifs des règles de politique publique ;
8° L’accompagnement par d’autres politiques efficaces.
II. Exemples de règles budgétaires :
- L’interdiction de financer la dette par de l’émission monétaire par la banque centrale ;
- Le plafond de la dette publique fixé à 60 %.
Hayek, 1976, Denationalization of Money - The argument refined
Proposition d’une régulation de l’offre de monnaie par le marché.
L’auteur s’appuie sur les expériences de free banking en Ecosse au XVIIIe siècle et aux États-Unis de 1836 à 1866.
De Grauwe et Ji, 2013
I. A. L’interdiction faite à la BCE de monétiser en dernier ressort la dette des États membres de la zone euro rend la valeur des obligations instable, et ouvre la porte à des crises auto-réalisatrices.
B. En effet, si les marchés intègrent que la dette va continuer à augmenter malgré la consolidation budgétaire, ils vont demander une prime de risque plus élevée.
II. De fait, en 2010 et 2011, les écarts de primes de risque (spread) n’ont pas diminué avec la mise en œuvre de politiques budgétaires : en réalité, le rapport de causalité entre hausse des taux et consolidation budgétaire fut plutôt inversé.
⚠️ La BCE répondra à cette problématique avec la mise en œuvre des opérations monétaires sur titres (OMT - Outright monetary transactions - proposition de procéder à des rachats illimités de dettes des pays de la zone euro ayant du mal à se financer sur les marchés) à partir du 6 septembre 2012, suivant de près le “whatever it takes” du président de la Banque centrale, Mario Draghi, le 26 juillet 2012.
Buchheit et al., 2013
En cas de restructuration de la dette d’un État, le cadre institutionnel doit être conçu de façon à trouver un juste équilibre entre l’intérêt de ce dernier et celui des prêteurs :
1° Une restructuration trop coûteuse pour le pays débiteur implique des pertes de bien-être pour ses citoyens et l’incite à différer cet événement ;
2° Une restructuration trop facile incite les États à s’endetter et les prêteurs à demander des primes de risque élevées.
Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models (I)
La réaction de la politique monétaire affecte fortement le multiplicateur budgétaire :
- Le multiplicateur est significativement plus élevé lorsque la politique monétaire est totalement accommodante (= pas de changement de taux directeur nominal) ;
- Il est moins élevé lorsque la politique monétaire répond de façon endogène à l’action budgétaire (= la banque centrale élève son taux d’intérêt, ce qui contrebalance une partie de la relance).
Coenen et al., 2012, Effects of Fiscal Stimulus in Structural Models (II)
Le multiplicateur de dépenses moyen est proche de l’unité dans les grandes économies modérément ouvertes.
Ainsi, aux États-Unis, par exemple :
Dans le cas d’une augmentation temporaire de l’investissement public avec une réaction endogène de la politique monétaire, il varie de 0,9 à 1,3.
Alesina et Ardagna, 1998
Une période de consolidation budgétaire est :
- une année où le solde primaire corrigé des variations cycliques s’améliore d’au moins 2 points de PIB ;
- ou une période de deux années consécutives où il s’est amélioré d’au moins 1,5 point du PIB chaque année.
Perspectives économiques de l’OCDE, juin 1996
« un effort d’assainissement budgétaire est jugé important s’il se traduit par une amélioration du solde financier structurel d’au moins 3 points de PIB, réalisée sans interruption pendant plusieurs années consécutives ».
Il est généralement entrepris en période de forte croissance et se caractérise par des effets keynésiens :
- il entraîne une hausse du chômage l’année considérée ;
- ainsi qu’un ralentissement de la croissance les deux années suivantes.
Cependant, l’effet dépressif des contractions budgétaires est atténué par les phénomènes suivants :
- La politique monétaire s’assouplit dans presque la moitié des épisodes considérés ;
- Une désinflation intervient dans trois quarts des cas ;
- L’épargne nationale augmente ;
- Le solde de la balance courante s’améliore généralement.