Etudes 04b - Bénassy-Quéré Flashcards

1
Q

Dingeldey, 2001

A

I. Comparaison entre les systèmes fiscaux de dix pays européens et leurs effets sur la participation des femmes au marché du travail.

II. A. Une fiscalité conjugalisée au sein d’un foyer a un impact négatif sur le taux de cette participation.

B. Mais la simple dichotomie entre imposition conjointe et individualisation ne permet pas de comprendre la variété des comportements de participation des femmes au marché du travail et néglige les schémas de participation des ménages au marché du travail.

C. Ils sont le produit de facteurs aussi différents que :

1° la régulation du travail à temps partiel ;

2° la politique de la famille et de l’emploi ;

3° ou la configuration du système fiscal.

III. La seule suppression du quotient familial ne suffit pas à modifier la structure de l’emploi féminin en couple. Les systèmes fiscaux plus favorables à la participation des femmes au marché du travail ne produisent un tel effet que lorsqu’ils s’accompagnent de règles organisant les conditions de l’emploi et le respect de l’égalité sur le marché du travail, un fort développement des modes de garde des enfants défamilialisés.

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2
Q

Van Parijs, 1995

A

I. Un des effets attendus du revenu universel est de procurer une « liberté réelle » aux individus et un pouvoir de négociation en leur permettant de refuser de « mauvais » emplois, ce qui conduira à les revaloriser ou à les laisser disparaître.

Le revenu universel devrait aussi les encourager à prendre des risques, à innover ou à créer leur propre entreprise.

II. À l’objection du surfeur de Malibu que Rawls aurait faite à Van Parijs (pourquoi la société financerait-elle quelqu’un qui choisirait de vivre en faisant du surf à Malibu), répond le concept de liberté réelle de l’auteur.

La liberté réelle se fonde sur deux conditions :

Ne pas être empêché d’agir en fonction de sa volonté ;

Posséder les ressources ou les capacités de mettre en œuvre sa volonté.

Ainsi, le surfeur de Malibu remplirait la première condition, mais pas la seconde, car le revenu universel ne lui paierait pas le billet d’avion.

La liberté réelle est donc d’abord une question de degré (personne ne peut être totalement libre).

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3
Q

Van Parijs, 2019, entretien

A

I. L’argument technologique en faveur du revenu de base, selon lequel l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle vont massivement détruire les emplois de personnes qu’il faudra ensuite nourrir est présenté comme simpliste.

II. La version valide de l’argument technologique en faveur du revenu universel est qu’il facilite, tout au long de la vie, un va-et-vient plus souple entre l’emploie et la formation, et donc l’apprentissage.

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4
Q

Atkinson, 2015, Inequality: What can be done?

A

I. Si un revenu universel coûte x % du PIB, cela suppose de prélever x % du PIB en impôts en plus des y % déjà prélevés pour financer les biens publics.

II. Une solution intermédiaire consisterait à offrir une allocation universelle à tous les enfants, permettant de lutter contre la pauvreté infantile très répandue dans de nombreux pays. Elle remplacerait les allocations familiales sous conditions de ressources.

III. Dans tous les cas, l‘auteur propose que le revenu ne soit pas inconditionnel mais vienne en contrepartie d’une « participation » à la société (travail, éducation, formation, recherche active d’emploi, garde de jeunes enfants ou de personnes âgées, etc.).

IV. Proposition d’un « héritage pour tous » : une dotation de capital financée par l’impôt sur les dons et héritages reçus tout au long de la vie. Ces héritages universels seraient versés à la naissance sur un compte spécifique.

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5
Q

Piketty, 2001, Les Hauts Revenus en France au XXe siècle

A

I. A. Un système d’imposition progressif limite l’accumulation de patrimoine. Associé à des droits de succession, cela réduit les inégalités héritées.

B. Toutefois, à condition que les ménages ne puissent échapper à l’impôt en délocalisant leur revenu ou leur richesse.

II. A. L’impôt sur le revenu est institué en 1914, devient progressif en 1917. L’impôt sur les successions, qui existait sous la forme d’un modeste prélèvement proportionnel de 1 %, devient progressif au début du XXe siècle et, avec la Première guerre mondiale, son taux s’élève de 2,5 % à 40 %.

B. Au-delà des causes conjoncturelles (crise des années 1930…), ces deux prélèvements seraient une explication structurelle de la remise à zéro de certaines grandes fortunes après la Première guerre mondiale : elles ont dû faire face à ces deux importantes ponctions durant leur phase de reconstitution.

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6
Q

Lusardi et Mitchell, 2007, 2014

A

I. Les baby-boomers ont des situations de fortunes extrêmement hétérogènes.

II. Les auteurs proposent une méthodologie pour calculer l’éducation financière des agents. Trois questions simples sont posées :

1° Si les chances de tomber malade sont de 10 %, et que la population comprend 1 000 personnes, combien de personnes sont malades ?

2° Si une loterie offre 2 M$ de prix, et qu’il y a cinq gagnants, combien gagne chacun d’eux ?

3° Enfin une question portant sur la notion d’intérêts composés.

III. Il apparaît que la plupart des ménages ne savent pas répondre correctement aux trois questions, ce qui implique qu’ils ne maîtrisent pas les rudiments de gestion des risques et d’allocation de portefeuille.

Or, il y a une forte corrélation entre la capacité à répondre aux questions et le niveau de fortune des populations au moment de leur retraite, ce qui met en évidence la difficulté à planifier celle-ci pour les personnes moins éduquées financièrement (ici, chez les populations latino et noires).

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7
Q

Arrondel, 2017

A

I. En 2011, trois questions très simples (issues de Lusardi et Mitchell, 2014) sont posées à un échantillon représentatif de la population adulte française :

1° La première porte sur le calcul d’un intérêt composé ;

2° La deuxième sur l’effet de l’inflation sur le pouvoir d’achat réel ;

3° La capacité à hiérarchiser le risque associé à différents produits financiers.

II. D’après cette enquête, un tiers seulement des Français auraient été capables de répondre correctement à chacune de ces questions.

Selon des comparaisons internationales, cette éducation financière variait récemment d’un peu plus de 3 % en Russie et en Roumanie à 53 % en Allemagne. Elle varie aussi considérablement selon le niveau d’études, les préférences politiques, etc.

III. A. Si l’éducation financière joue bien un rôle sur la vision de long terme et le portefeuille des investisseurs, elle est loin d’être le déterminant majeur de la propension à investir dans l’économie. Améliorer les connaissances économiques des jeunes épargnants sera loin d’être le remède miracle.

B. D’autres leviers sont possibles : fiscalité, coûts de transactions, informations, culture du risque, optimisme, etc.

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8
Q

Kahneman et Tversky, 2000

A

I. Pour étudier la prise de décision face au risque, l’économie orthodoxe repose sur la théorie de l’utilité espérée de Von Neuman et Morgenstern.

II. Les auteurs vont introduire une rupture dans la théorie de la décision en situation de risque, en démontrant que les anticipations des ménages ne sont généralement pas rationnelles et sont souvent incohérentes :

1° En effet, les agents utilisent des heuristiques*, ce qui présente le défaut de les conduire à des biais de comportement ;

2° Les auteurs identifient l’optimisme, le conservatisme, l’aversion au risque dans le domaine des gains et le goût pour le risque dans le domaine des pertes.

* L’heuristique (du grec ancien εὑρίσκω, heuriskô, « je trouve ») est « l’art d’inventer, de faire des découvertes » en résolvant des problèmes à partir de connaissances incomplètes. Ce type d’analyse permet d’aboutir en un temps limité à des solutions acceptables. Celles-ci peuvent s’écarter de la solution optimale.

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9
Q

Thaler et Sunstein, 2003

A

Présentation d’un « paternalisme libertarien »

Le paternalisme ne va pas à l’encontre de la liberté individuelle tant qu’il n’est pas coercitif :

En jouant sur les heuristiques des individus, il est possible d’orienter leur comportement dans une direction collectivement profitable, sans pour autant remettre en cause leur liberté.

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10
Q

Thaler et Sunstein, 2009

A

Ouvrage sur la notion de nudge* ou application du « paternalisme libéral »

I. Des suggestions indirectes peuvent tirer profiter des sciences du comportement pour obtenir la décision souhaitée pour le groupe, sans coercition.

II. Exemple du don d’organe :

1° En Allemagne, le principe est de ne pas donner en cas de décès, sauf consentement expressément exprimé ;

2° En Autriche, le principe inverse prévaut : sauf expression inverse, les personnes sont donneuses d’organe par défaut.

→ Alors que les pays sont culturellement très proches, 99 % des autrichiens sont donneurs potentiels, contre 15 % des Allemands.

* to nudge: to push somebody gently, especially with your elbow, in order to get their attention.//a nudge: a slight push, usually with the elbow.

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11
Q

OCDE, 2013, Prix effectifs du carbone

A

I. La coexistence de taxes, de marchés et de normes conduit à des prix explicites ou implicites du carbone variés, ce qui rend la réduction des émissions de carbone particulièrement inefficace.

II. L’étude préconise le recours aux taxes et systèmes d’échange, qui s’avèrent, en pratique, préférables aux tarifs d’achat, subventions et instruments réglementaires, conformément à la théorie.

III. Elle indique que le coût moyen de réduction d’une tonne d’émission de carbone dans le secteur routier peut être jusqu’à huit fois plus élevé lorsque des instruments autres qu’une taxe sur les carburants sont utilisés.

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12
Q

Crassous, Quirion, Ghersi et Combet, « Taxe carbone - Recyclage des recettes et double dividende », Conseil économique pour le développement durable (CEDD) – 2009

A

I. À travers la notion, désormais largement popularisée, de « double dividende », la théorie économique postule que la fiscalité environnementale peut procurer simultanément deux avantages à la collectivité :

1° Le premier « dividende » réside dans la réduction de la pollution et des dommages qui en découlent, et est permis par le caractère incitatif de la fiscalité (« l’effet incitatif du signal-prix sur les comportements ») ;

2° le second « dividende » s’attache à l’usage des recettes procurées par cette fiscalité. Il s’agit du gain collectif, disjoint du bénéfice environnemental, et permis par une utilisation pertinente des recettes budgétaires générées par la taxe (ou, le cas échéant, par les enchères).

II. Bien qu’une fiscalité écologique ait vocation à réduire son assiette en dissuadant les comportements nuisibles à l’environnement, ses recettes ne sont jamais nulles.

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13
Q

Mirrlees, 2011

A

L’existence d’un véritable double-dividende n’est pas corroborée par les travaux empiriques :

1° Les taxes environnementales induisent des pertes de bien-être (par exemple à travers des inégalités accrues) ;

2° La redistribution du produit des taxes aux industries polluantes et/ou aux ménages modestes altère également l’existence de ce double dividende.

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14
Q

Ferreira, Convery et McDonnell, 2007, The Most Popular Tax in Europe? Lessons from the Irish Plastic Bags

A

I. Les instruments de tarification fondés sur le principe du pollueur-payeur sont des moyens utiles et efficaces pour internaliser les coûts environnementaux et encourager l’économie circulaire.

II. En 2002, l’Irlande a introduit une taxe élevée sur les sacs plastiques (0,15 € par sac) :

  • en un an, la consommation de ces sacs a chuté de 90 % ;
  • pour un coût d’administration correspondant à seulement 3 % des recettes.
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15
Q

Rapport Monti, 2017

A

Neuf propositions de ressources propres pour réformer le financement de l’Union européenne sans augmenter les contributions des États membres, parmi lesquelles :

  • Le remplacement des contributions fondée sur le PIB par une taxe carbone commune ;
  • Un IS commun ;
  • Une TVA réformée commune ;
  • Une taxe sur le secteur financier.
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16
Q

Piketty, 2013

A

I. L’inégalité constatée est notée r > g,

r = taux de rendement du capital et g = taux de croissance.

II. Proposition d’introduire un impôt mondial sur la propriété et la circulation du capital pour lutter contre la concentration de la richesse.

Le taux commencerait à un niveau faible, mais augmenterait jusqu’à 10 % pour les patrimoines de milliardaires. La mise en œuvre d’un tel impôt nécessiterait une coopération mondiale, difficile à mettre en œuvre.

L’argument avancé est qu’il est sans « utilité du point de vue de l’intérêt général » puisque sa « compression » dans la seconde moitié du XXe siècle n’a pas « empêché le développement économique de suivre son cours ».

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17
Q

Nordhaus, 2015

A

I. Un club du climat pourrait apporter une solution efficace au problème des passagers clandestins en matière de lutte contre le réchauffement climatique par un petit groupe de pays volontaristes.

II. La réduction des émissions au sein d’un club de grands pays polluants serait harmonisée à l’aide d’un prix du carbone cible :

1° Le club serait ouvert à tout nouveau participant ;

les réfractaires seraient pénalisés à travers une taxe uniforme sur leurs exportations vers les pays du club.

📚 Selon l’auteur, un droit de douane faible, de l’ordre de 2 %, suffirait à inciter à rejoindre le club tant que le prix du carbone n’y est pas trop élevé.

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18
Q

Hall, 2014

A

Le vieillissement démographique compte pour la moitié dans les causes de la baisse significative du taux d’activité aux États-Unis dans la période récente, en raison de la baisse du taux de mortalité dans les populations âgées de 60 à 80 ans.

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19
Q

Gordon, 2014

A

I. La chute sans précédent du taux d’activité aux États-Unis dans la période récente est provoquée par un mouvement de délocalisation (offshoring) et par la concurrence des produits bons marchés des pays émergents.

La participation au marché du travail a diminué pour les hommes et les femmes, mais de façon beaucoup plus rapide pour les hommes, avec une forte augmentation du nombre de travailleurs découragés.

B. L’auteur considère cette chute du taux d’activité comme l’un des facteurs de la baisse séculaire de la croissance potentielle aux États-Unis.

II. Le taux de croissance annuel du PIB américain a été en moyenne de 2 % entre 1891 et 2007. Selon l’auteur, elle devrait désormais s’élever à 1,3 % par an.

⚠️ N.B. : cette prévision a été démentie au moins jusqu’en 2020 (sauf en 2016, plancher de 1,3 %; pour la suite, à voir).

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20
Q

OIT, Emploi et questions sociales dans le monde 2015

A

I. Le déclin de l’emploi salarié stable, à temps plein et à contrat indéterminé, est l’une des évolutions majeures du début du XXIe siècle.

II. En contrepartie, l’emploi atypique se développe sous ses différentes formes :

  • travail temporaire ;
  • travail à temps partiel ;
  • travail intérimaire et autres relations d’emploi multipartites ;
  • relation de travail déguisée et emploi juridiquement indépendant mais économiquement dépendant.

III. L’emploi atypique peut conduire à de l’insécurité pour les travailleurs, requiert des exigences de gestion de la part de l’entreprise, et comporte des externalités négatives :

  • sous-investissement dans l’innovation ;
  • ralentissement des gains de productivité ;
  • risques pour la viabilité à long terme des systèmes de sécurité sociale ;
  • volatilité du marché du travail ;
  • médiocrité des performances économiques.
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21
Q

Karabarbounis et Neiman, 2013

A

I. Depuis les années 1980, la part du travail dans les revenus a décru dans le monde, notamment en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis, avant même la crise de 2008. Elle a été d’autant plus importante partout où elle était accompagnée d’une baisse des biens d’investissement.

L’élasticité de substitution identifiée est de 1,25.

II. Elle est restée plutôt stable dans des pays comme la France ou le Royaume-Uni.

22
Q

Bouvier et Pilarski, 2008

A

I. A. En France, de 1949 à 1974, le PIB en volume a progressé de + 5,4 % en moyenne annuelle, porté pour l’essentiel par les activités industrielles et de construction d’une part, les services principalement marchands d’autre part.

B. Après la crise pétrolière, la croissance a ralenti à un rythme de 2,2 % annuel qui repose désormais essentiellement sur les services marchands : la part des services marchands dans la valeur ajoutée totale de l’économie est passée de 34 % en 1949 à 56 % en 2008, tandis que la part des services non marchands est passée de 12 % à 21 %.

À l’inverse, le poids de l’industrie a diminué de 27 % en 1949 à 14 % en 2008, et celui de l’agriculture a fondu dans le même temps de 21 % à 2 %.

II. De 1974 à 2008, les effectifs de l’emploi industriel en France ont diminué en moyenne chaque année de 1,5 %, tandis que ceux de l’emploi dans les services ont augmenté de 1,5 à 2 %.

23
Q

Furman et Orszag, 2015

A

I. Aux États-Unis, en 1970, le 1 % des plus riches en termes de revenus percevaient 8 % des revenus totaux. En 2010, ils percevaient 17 %. Cette augmentation de 9 points dans la part du revenu des 1 % les plus riches provenait, sur cette même période :

  • à 68 % d’une hausse des inégalités dans les revenus du travail ;
  • à 32 % d’une hausse des inégalités dans les revenus du capital ;
  • à 0 % d’un déplacement des revenus du travail vers ceux du capital.

⚠️ Contrairement à la perception commune, le déplacement des revenus du travail vers le capital n’a joué aucun rôle.

II. Les auteurs pointent plutôt l’existence de rentes économiques comme sources d’inégalités. Un pouvoir de marché accru peut aller de pair avec des rentes plus élevées et permettre aux entreprises d’empêcher l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché. Ainsi, certaines entreprises, dans les secteurs technologique et financier par exemple, dégagent systématiquement des profits supérieurs à la normale qu’elles partagent avec leurs salariés à travers des avantages de salaire.

24
Q

Hsieh et al., 2019

A

L’accès des femmes et des minorités aux emplois de responsabilité a été à l’origine de 20 à 40 % de la croissance du PIB par tête aux États-Unis entre 1960 et 2010.

25
Q

France Stratégie, 2016, « Le coût économique des discriminations »

A

I. La composante inexpliquée des écarts salariaux entre hommes et femmes est de l’ordre de 12 %.

II. Le gain économique potentiel d’élimination des discriminations (de sexe, d’origine, etc.), en fonction des différents scénarios envisagés par l’étude, irait de 3,6 % (simple élimination des écarts de salaires) à 14 % (en y ajoutant une convergence des heures travaillées, des taux d’emploi et d’accès aux postes élevés, ainsi qu’un alignement des taux d’éducation) de PIB supplémentaire.

26
Q

Abowd, Corbel et Kramarz, 1999

A

I. Entre 1987 et 1990, en France :

  • Une création d’emploi masquait trois embauches et deux licenciements ;
  • Une destruction d’emploi masquait une embauche et deux départs.

→ La création nette d’emploi sur l’année, grandeur pertinente au niveau macro-économique, n’est que la résultante de ce grand brassage.

II. Quand un établissement diminue le nombre de ses salariés, il réduit les embauches plutôt qu’il n’augmente les licenciements.

III. Deux tiers des emplois se font à durée déterminée, et le non renouvellement de ces emplois à durée déterminée représentent la moitié des licenciements.

27
Q

Shimer, 2007

A

I. Méthode fondée sur les « taux de hasard », c’est-à-dire la probabilité qu’une personne en emploi tombe au chômage ou qu’un chômeur trouve un emploi.

II. A. Sur longue période, les variations trimestrielles du chômage américain sont justifiées :

1° aux trois quarts par les fluctuations du taux de sortie ;

2° contre un quart seulement par le taux d’entrée.

B. Durant les crises de 1991 et de 2007, 95 % des chômeurs supplémentaires sont dus à une réduction de l’offre de travail.

III. Par conséquent, si l’on veut comprendre les fluctuations du chômage, il faut comprendre les fluctuations dans le taux de transition du chômage vers l’emploi, en d’autres termes les « débouchés du chômage ». Cette constatation s’oppose aux vues conventionnelles (par exemple, Blanchard et Diamond, 1990) selon lesquelles les récessions sont des périodes caractérisées principalement par une forte hausse du taux de sortie de l’emploi.

28
Q

Elsby et al., 2013

A

En utilisant la méthode des « taux de hasard » de Shimer (2008), les auteurs confirment :

  • que les économies anglo-saxonnes et nordiques se caractérisent par des flux d’entrée et de sortie beaucoup plus importants que les économies d’Europe continentale ;
  • que si les variations des flux de sortie prédominent dans l’explication des fluctuations du chômage aux États-Unis, ce n’est pas le cas des pays nordiques et continentaux, où les flux d’entrée et de sortie y contribuent de manière égale.
29
Q

Ward-Warmedinger et Macchiarelli, 2013

A

I. A. Les pays aux indices de mobilité entre les différents états de rapport à l’emploi (employé, chômeur, inactif) les plus élevés en Europe sont, par ordre décroissant : le Danemark, l’Espagne, la Suède, les Pays-Bas, la Roumanie, la République tchèque et la Finlande.

B. Les pays les moins mobiles sont, par ordre croissant : la Belgique, la Grèce, la Slovénie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Lettonie, la Pologne et la Hongrie.

C. En général, la fluidité du marché du travail, telle que mesurée par cet indice de mobilité, est négativement corrélée avec le taux de chômage.

II. A. La probabilité de rester en emploi l’année suivante ne dépend presque pas de l’âge.

B. En revanche, les chômeurs jeunes de 25 à 29 ans ont plus de facilité à trouver un emploi que les autres catégories d’âge, tandis que les travailleurs de plus de 55 ans ont peu de chance de trouver un emploi s’ils tombent au chômage et presque aucun s’ils sont inactifs.

30
Q

OCDE, Perspectives de l’emploi 2015

A

En étudiant les probabilités de transition entre quatre statuts – emploi formel, emploi informel, chômage et inactivité – dans les pays émergents, il est mis en évidence que les personnes employées dans le secteur informel tendent à y rester et que lorsqu’elles en sortent, c’est pour entrer dans le chômage ou l’inactivité.

L’emploi informel n’est pas du tout une porte d’entrée vers l’emploi formel.

31
Q

Lucas, 1981

A

I. Dans les années 1980, la nouvelle école classique bat en brèche l’idée d’un arbitrage entre inflation et chômage, même à court terme.

II. Si les anticipations sont rationnelles, les hausses de salaires reflètent à tout moment les hausses des prix.

⚠️ La réponse des néo-keynésiens a été la justification théorique de l’existence de rigidités nominales par les « coûts de menu » ou l’emboîtement des contrats.

32
Q

Layard, Nickell, Jackman, 1991

A

Proposition initiale du modèle WS-PS

I. Ce modèle analyse plus finement que le Nairu les déterminants du taux de chômage d’équilibre et les relie à des déterminants structurels explicites.

II. Il fait référence au croisement :

  • d’une courbe décrivant la fixation du salaire réel comme une fonction décroissante du taux de chômage (Wage setting) ;
  • et d’une courbe décrivant le comportement de marge des entreprises, visant à la formation des prix relativement aux salaires comme une fonction croissante du taux de chômage (Price setting).

III. A. La courbe PS est croissante parce que le rapport du prix au salaire, P/W, est d’autant plus élevé que la conjoncture est bonne et le chômage faible. En effet, plus il y a de chômage, plus les entreprises se feront la guerre des prix pour vendre leurs produits et donc moins ces dernières auront des pouvoirs de price-making.

B. L’intersection des deux courbes donne le taux de chômage d’équilibre à long terme.

Cf. article.

33
Q

Nash (marchandage de), 1950

A

Modélisation possible de la négociation salariale.

I. Les entreprises et les syndicats négocient sur le couple salaire-emploi. La négociation conduit à un point de tangence entre une courbe d’iso-utilité (création d’emploi) et une courbe d’iso-profit (maximisation du profit).

L’ensemble de ces points de tangence, appelé courbe des contrats, représente tous les couples (salaire, emploi) optimaux au sens de Pareto.

II. A. Le modèle est efficace parce qu’il conduit à un optimum de Pareto : par exemple, il n’est pas possible d’élever l’utilité du syndicat sans réduire le profit de l’entreprise.

B. Néanmoins, il est peu réaliste : en France, 5 % seulement des négociations d’entreprise portaient sur l’emploi dans les années 2000 (Dares, 2008).

34
Q

Nicoletti et al., 2001

A

Mise en évidence d’une corrélation, entre le taux de syndicalisation et le taux de chômage, positive, mais modeste.

35
Q

Blanchard et Wolfers, 2000

A

I. Les caractéristiques du marché du travail évoluent lentement, alors que les taux de chômage ont connu des variations spectaculaires sur les décennies 1950 à 2000.

II. Interprétation proposée de cette contradiction apparente :

1° Il existe des explications qui reposent sur l’effet des chocs sur le taux de chômage naturel ;

2° D’autres explications reposent sur les caractéristiques propres des institutions du marché du travail, qui influeraient sur le taux de chômage naturel ;

3° Les auteurs avancent que une explication reposant sur l’interaction entre chocs et institutions.

III. A. En d’autres termes, les institutions du marché du travail influencent la vitesse à laquelle chaque économie s’adapte à des chocs tels que les chocs pétroliers dans les années 1970 ou la hausse des taux d’intérêt réels dans les années 1980.

B. Ainsi, les économies qui se portaient bien dans les années 1960 se sont révélées mal armées pour absorber les chocs macro-économiques des années 1970 et 1980, puis les chocs structurels liés à la mondialisation des années 1990 et 2000.

36
Q

Blanchard et Giavazzi, 2001

A

I. Comme les rentes de monopole d’une entreprise sont souvent partiellement appropriées par les salariés, il est moins difficile de réformer le marché du travail lorsque le marché des biens et des services est dérégulé (et que les rentes sont donc faibles).

II. Selon ce modèle :

  • à court terme, la dérégulation du marché du travail affecte les travailleurs en réduisant la part salariale mais sans influencer l’emploi ;
  • à long terme, l’augmentation de la part des profits attire de nouvelles entreprises, ce qui entraîne un renforcement de la concurrence, une remontée du salaire réel à son niveau initial et une baisse du niveau du chômage.
37
Q

Bertrand et Kramarz, 2002

A

I. A. La loi du 27 décembre 1973 d’orientation du commerce et de l’artisanat, dite loi Royer, avait pour objectif de permettre un développement équilibré des différentes formes de commerce, tout en protégeant le petit commerce.

B. Les ouvertures ou extensions de grandes surfaces de vente dans les localités les moins peuplées étaient soumises à autorisation administrative.

C. Elle a eu pour effet d’éviter un « écrasement brutal » du petit commerce et de ralentir, en les étalant dans le temps, les implantations de grandes surfaces.

II. Les créations d’emploi ont été significativement plus faibles dans les départements français où l’installation de nouvelles grandes surfaces a été la plus découragée, la perte d’emploi étant évaluée à 1 300 par an par les auteurs.

⚠️ La faiblesse de la croissance de l’emploi dans le secteur français de la distribution depuis les années 1970 ne trouve donc pas son unique cause dans les rigidités du marché du travail.

III. A. → La solution pour accroître l’emploi ne passe pas que par la réforme du marché du travail, surtout lorsque celle-ci rencontre beaucoup de résistances, comme c’est le cas en Europe. Lever les barrières à l’entrée de secteurs concurrentiels peut également soutenir l’emploi.

B. → Restreindre la concurrence aboutit à créer des rentes qui sont captées par les détenteurs de capital et les salariés en place, avec pour effet moins d’emploi.

38
Q

Lindbeck et Snower, 1986, 2002

A

I. A. Les coûts de rotation de la main-d’œuvre (c’est-à-dire les coûts supportés par une entreprise lorsqu’elle licencie des employés, puis en embauche et en forme d’autres) contribuent à donner du pouvoir de marché aux employés en place, les insiders.

B. Les outsiders (les chômeurs et les personnes employées sur des contrats temporaires ou par des sous-traitants) ne bénéficient pas du même pouvoir de marché et leurs intérêts ne sont pas pris en compte de la même façon dans la négociation de salaire.

C. Comme ces coûts de rotation représentent l’écart entre la rémunération des insiders et celle des nouveaux entrants potentiels, les insiders les utilisent à leur profit et leur salaire est fixé un niveau supérieur à celui de l’équilibre concurrentiel.

II. Dans tous les pays, ce sont les catégories défavorisées – travailleurs jeunes, immigrés, peu qualifiés et temporaires – qui font les frais de la chute brutale de la demande d’heures travaillées,  en raison tout particulièrement des écarts de coûts de remplacement du personnel, c’est-à-dire des coûts supportés par l’employeur lorsqu’il remplace un salarié par une nouvelle recrue.

39
Q

Flamand, 2016

A

I. Étude empirique du marché français de l’emploi de 2003 à 2014, à partir de l’enquête Emploi de l’Insee, ainsi que de l’impact spécifique de la crise de 2008 sur le fonctionnement de ce marché.

II. A. Après la crise, les allers/retours entre le chômage et l’emploi représentent près de six transitions sur dix, ce qui témoigne de l‘instabilité du marché du travail.

B. Le risque de basculement vers le chômage dépend fortement du type de contrat de travail, ce qui atteste de la dualité du marché du travail : il est dix fois plus important pour les salariés en intérim et six fois plus important pour les salariés en CDD que pour les salariés en CDI.

C. Sur le marché français (N.B. : comme dans d’autres pays européens) :

1° Les nouveaux entrants alternent, généralement pendant plusieurs années, emplois de courte durée et chômage, avant d’accéder à un contrat à durée indéterminée ;

2° Ceci aboutit à une moindre productivité, à des salaires plus faibles et à un accès plus difficile aux marchés du crédit et du logement.

D. « Déstabilisation des stables »* : après la crise, malgré son atténuation par des mesures de flexibilité interne, on assiste également à une réduction de la durée des CDI. En outre, plus d’un tiers des CDI sont rompus avant la fin de la première année, qui concerne d’abord les moins de vingt-cinq ans et les plus de cinquante-cinq ans.

* Selon l’auteur, les stables sont ceux qui ont réalisé les trois quarts de leur carrière chez le même employeur.

40
Q

Calmfors et Driffill, 1988

A

I. Si les négociations sont complètement centralisées (au niveau national), un syndicat va modérer ses revendications salariales car il internalise l’impact du salaire sur l’emploi.

II. Au contraire, si les négociations sont complètement décentralisées (au niveau des entreprises), il n’y a plus de surplus à partager car chaque entreprise est en concurrence parfaite.

III. Ce n’est que lorsque les négociations se font à un niveau intermédiaire que le pouvoir de marché de chaque branche sur son marché se traduit par un salaire trop élevé et un emploi trop faible.

⚠️ La courbe en cloche entre degré de centralisation de négociation et taux de chômage est toutefois peu confirmée par les travaux empiriques.

41
Q

Blanchard et Summers, 1986

A

I. Mise en évidence d’un effet d’hystérèse :

Une fois qu’on a laissé s’accroître le chômage, celui-ci ne peut revenir immédiatement à sa valeur d’équilibre de long terme (le Nairu de long terme) qu’au prix d’une hausse de l’inflation ;

Trois canaux à la suite de l’allongement du non-emploi :
1. dégradation du capital humain ;
2. baisse de l’accumulation du capital physique ;
3. baisse de la négociation salariale.

II. A. Cette hypothèse alourdit considérablement la responsabilité des politiques macro-économiques dans la lutte contre le chômage : une politique budgétaire ou monétaire restrictive, par exemple, qui pèse temporairement sur la demande, pourrait conduire à une hausse persistante du taux de chômage.

B. Si cet effet est avéré, cela signifie en particulier que les banques centrales ont un rôle à jouer dans la réduction du chômage non seulement à court terme, mais également à long terme.

⚠️ Cette théorie, de prime abord convaincante, voit sa pertinence empirique discutée.

42
Q

Ball et Onken, 2021

A

I. Étude empirique de 29 pays de l’OCDE de 2002 à 2019, qui confirme l’existence d’un effet d’hystérèse du chômage (cf. Blanchard et Summers, 1986, 1987).

II. La hausse ou la baisse d’un point du taux de chômage fait évoluer le taux de chômage naturel de 0,16 point dans la même direction.

43
Q

Yellen, 1984

A

Théorie du salaire d’efficience

I. I_l est dans l’intérêt des entreprises de ne pas baisser les salaires qu’elle versent_, même dans un contexte de chômage involontaire, parce que :

1° Cela peut contribuer à réduire le turn-over ;

2° Cela peut réduire les phénomènes de sélection adverse : les entreprises, si elles proposaient un prix trop bas, auraient davantage de chance d’attirer des candidats ne remplissant pas les attentes du poste ;

3° Les entreprises ne disposant pas de toute l’information dans l’investissement des salariés dans l’emploi qu’ils occupent (aléa moral), cela leur permet d’élever l’effort des travailleurs ; cet effort est une caractéristique qu’elles ne peuvent observer et donc pas rémunérer directement, mais dont elles observent l’impact sur la productivité.

II. ⚠️ Il s’agit de l’une des explications à la rigidité du salaire réel.

44
Q

Blanchard, Jaumotte, Loungani, 2013

A

I. A. Étude organisée autour de deux concepts :

La micro flexibilité, c’est-à-dire la capacité de l’économie de prendre en charge la réaffectation des travailleurs aux emplois susceptibles de soutenir la croissance ;

La macro flexibilité, c’est-à-dire la capacité de l’économie à s’adapter aux chocs macroéconomiques.

B. Les institutions du marché du travail doivent permettre de réaliser un compromis difficile entre ces deux types de flexibilité, la protection des travailleurs et les incitations à investir pour les entreprises.

II. On peut distinguer trois grands types de régime d’assurance chômage :

Les pays anglo-saxons se caractérisent par une faible protection de l’emploi et une assurance chômage peu généreuse. Dans ces pays, les flux vers et hors du chômage sont importants ;

Les pays d’Europe continentale affichent une protection de l’emploi élevée et une assurance chômage généreuse, mais des politiques actives du marché du travail limitées. Dans ces pays, les flux sont faibles ;

Les pays nordiques combinent une protection de l’emploi limitée et une assurance chômage généreuse mais conditionnelle. L’idée générale est qu’il « faut protéger les autres travailleurs et non les emplois » (modèle dominant de la flexisécurité/flex-sécurité). Dans ces pays, les flux du marché du travail sont importants.

45
Q

Sapir, 2005

A

Selon l’auteur, « the notion of “European social model” is misleading ».

I. A. L’Europe se distingue par un niveau élevé de protection sociale, mais plusieurs modèles coexistent en son sein avec des performances diverses.

B. Les modèles « nordique » et « anglo-saxon » sont les plus efficaces, mais seul le premier allie efficacité et équité.

C. En revanche, le modèle « continental » et le modèle « méditerranéen », qui conjointement englobent les deux tiers des PNB de l’ensemble de l’Union européenne à 25 et 90 % des PNB des 12 membres de la zone euro, sont inefficaces : ils sont donc par définition insoutenables et doivent être réformés.

II. Les politiques sociales et les politiques de l’emploi sont décidées au niveau national et non au niveau européen. Pour autant, il y aurait des bénéfices à coordonner ces politiques, notamment entre Etats membres de la zone euro.

46
Q

Coe et Snower, 1997

A

I. En présence de distorsions multiples, supprimer l’une d’entre elles sans toucher aux autres n’améliore pas nécessairement la situation.

II. Sur le marché du travail, un grand nombre de politiques (indemnisation du chômage, formation, concurrence, etc.) sont complémentaires :

1° Dans le sens où l’effet de chacune d’entre elles est plus important quand elle est mise en œuvre en même temps que les autres, en raison d’interdépendances ;

2° Par exemple, un régime d’indemnisation trop important peut décourager le chômeur de rechercher un emploi, tandis que l’employeur est découragé par des cotisations à verser trop importantes.

III. Ceci pourrait expliquer pourquoi, alors même que les pays européens ne peuvent se caractériser par l’inaction en matière de réforme du marché du travail, les réformes y ont globalement échoué à réduire le chômage.

47
Q

Fernandez et Rodrik, 1991

A

I. A. L’incertitude ex ante sur la répartition des gains d’une réforme, en termes de gagnants et de perdants, induit un biais en faveur du statu quo.

B. Il ne s’agit pas ici d’aversion au risque ou d’irrationalité, mais d’un manque d’information qui réduit mécaniquement la population susceptible d’adhérer ex ante à une réforme qui lui serait bénéfique ex post.

II. A. En conséquence, une réforme potentiellement bénéfique pour une majorité de la population peut être démocratiquement rejetée.

B. Ceci explique pourquoi il est si difficile pour les politiques de mettre en œuvre certaines politiques recommandées par les économistes.

48
Q

Saint-Paul, 2000

A

Il peut se former des biais en faveur du statu quo sur le marché du travail :

La coalition susceptible de soutenir une redistribution par l’impôt n’est pas la même que celle qui soutient un contrôle des inégalités par la fixation du salaire minimum. La seconde solution peut donc être préférée, même si elle est économiquement moins efficace.

Les institutions créent leur propre soutien puisqu’une fraction de la population ne seraient pas employée sans elles : il s’agit d’une rente dans ce cas précis, qui augmente d’autant la résistance à la réforme qu’elle sera forte.

La résistance à la réforme atteint son maximum à la fin d’une récession économique.

49
Q

Bruno Coquet, 2016

A

I. De 2002 à 2016, plus de cinquante réformes de l’emploi ont été votées par le Parlement en France, soit une par trimestre.

II. Cette instabilité, paradoxalement accompagnée d’une grande stabilité de l’indicateur de protection de l’emploi, a nui à la crédibilité et à l’efficacité des mesures prises.

50
Q

Deaton, 2010

A

I. Les méthodes d’évaluation ex post des politiques économiques ne sont pas infaillibles.

II. A. Certes, elles permettent d’indiquer si un dispositif a eu ou non l’effet souhaité.

B. Cependant :

1° Elles ne permettent pas de comprendre pourquoi il a réussi ou échoué ;

ni de savoir si ces résultats sont transposables dans l’espace et le temps ;

3° Elles ne prennent pas en compte l’impact sur l’emploi des hausses d’impôt nécessaires pour les financer.