Etudes 04b - Bénassy-Quéré Flashcards
Dingeldey, 2001
I. Comparaison entre les systèmes fiscaux de dix pays européens et leurs effets sur la participation des femmes au marché du travail.
II. A. Une fiscalité conjugalisée au sein d’un foyer a un impact négatif sur le taux de cette participation.
B. Mais la simple dichotomie entre imposition conjointe et individualisation ne permet pas de comprendre la variété des comportements de participation des femmes au marché du travail et néglige les schémas de participation des ménages au marché du travail.
C. Ils sont le produit de facteurs aussi différents que :
1° la régulation du travail à temps partiel ;
2° la politique de la famille et de l’emploi ;
3° ou la configuration du système fiscal.
III. La seule suppression du quotient familial ne suffit pas à modifier la structure de l’emploi féminin en couple. Les systèmes fiscaux plus favorables à la participation des femmes au marché du travail ne produisent un tel effet que lorsqu’ils s’accompagnent de règles organisant les conditions de l’emploi et le respect de l’égalité sur le marché du travail, un fort développement des modes de garde des enfants défamilialisés.
Van Parijs, 1995
I. Un des effets attendus du revenu universel est de procurer une « liberté réelle » aux individus et un pouvoir de négociation en leur permettant de refuser de « mauvais » emplois, ce qui conduira à les revaloriser ou à les laisser disparaître.
Le revenu universel devrait aussi les encourager à prendre des risques, à innover ou à créer leur propre entreprise.
II. À l’objection du surfeur de Malibu que Rawls aurait faite à Van Parijs (pourquoi la société financerait-elle quelqu’un qui choisirait de vivre en faisant du surf à Malibu), répond le concept de liberté réelle de l’auteur.
La liberté réelle se fonde sur deux conditions :
1° Ne pas être empêché d’agir en fonction de sa volonté ;
2° Posséder les ressources ou les capacités de mettre en œuvre sa volonté.
Ainsi, le surfeur de Malibu remplirait la première condition, mais pas la seconde, car le revenu universel ne lui paierait pas le billet d’avion.
La liberté réelle est donc d’abord une question de degré (personne ne peut être totalement libre).
Van Parijs, 2019, entretien
I. L’argument technologique en faveur du revenu de base, selon lequel l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle vont massivement détruire les emplois de personnes qu’il faudra ensuite nourrir est présenté comme simpliste.
II. La version valide de l’argument technologique en faveur du revenu universel est qu’il facilite, tout au long de la vie, un va-et-vient plus souple entre l’emploie et la formation, et donc l’apprentissage.
Atkinson, 2015, Inequality: What can be done?
I. Si un revenu universel coûte x % du PIB, cela suppose de prélever x % du PIB en impôts en plus des y % déjà prélevés pour financer les biens publics.
II. Une solution intermédiaire consisterait à offrir une allocation universelle à tous les enfants, permettant de lutter contre la pauvreté infantile très répandue dans de nombreux pays. Elle remplacerait les allocations familiales sous conditions de ressources.
III. Dans tous les cas, l‘auteur propose que le revenu ne soit pas inconditionnel mais vienne en contrepartie d’une « participation » à la société (travail, éducation, formation, recherche active d’emploi, garde de jeunes enfants ou de personnes âgées, etc.).
IV. Proposition d’un « héritage pour tous » : une dotation de capital financée par l’impôt sur les dons et héritages reçus tout au long de la vie. Ces héritages universels seraient versés à la naissance sur un compte spécifique.
Piketty, 2001, Les Hauts Revenus en France au XXe siècle
I. A. Un système d’imposition progressif limite l’accumulation de patrimoine. Associé à des droits de succession, cela réduit les inégalités héritées.
B. Toutefois, à condition que les ménages ne puissent échapper à l’impôt en délocalisant leur revenu ou leur richesse.
II. A. L’impôt sur le revenu est institué en 1914, devient progressif en 1917. L’impôt sur les successions, qui existait sous la forme d’un modeste prélèvement proportionnel de 1 %, devient progressif au début du XXe siècle et, avec la Première guerre mondiale, son taux s’élève de 2,5 % à 40 %.
B. Au-delà des causes conjoncturelles (crise des années 1930…), ces deux prélèvements seraient une explication structurelle de la remise à zéro de certaines grandes fortunes après la Première guerre mondiale : elles ont dû faire face à ces deux importantes ponctions durant leur phase de reconstitution.
Lusardi et Mitchell, 2007, 2014
I. Les baby-boomers ont des situations de fortunes extrêmement hétérogènes.
II. Les auteurs proposent une méthodologie pour calculer l’éducation financière des agents. Trois questions simples sont posées :
1° Si les chances de tomber malade sont de 10 %, et que la population comprend 1 000 personnes, combien de personnes sont malades ?
2° Si une loterie offre 2 M$ de prix, et qu’il y a cinq gagnants, combien gagne chacun d’eux ?
3° Enfin une question portant sur la notion d’intérêts composés.
III. Il apparaît que la plupart des ménages ne savent pas répondre correctement aux trois questions, ce qui implique qu’ils ne maîtrisent pas les rudiments de gestion des risques et d’allocation de portefeuille.
Or, il y a une forte corrélation entre la capacité à répondre aux questions et le niveau de fortune des populations au moment de leur retraite, ce qui met en évidence la difficulté à planifier celle-ci pour les personnes moins éduquées financièrement (ici, chez les populations latino et noires).
Arrondel, 2017
I. En 2011, trois questions très simples (issues de Lusardi et Mitchell, 2014) sont posées à un échantillon représentatif de la population adulte française :
1° La première porte sur le calcul d’un intérêt composé ;
2° La deuxième sur l’effet de l’inflation sur le pouvoir d’achat réel ;
3° La capacité à hiérarchiser le risque associé à différents produits financiers.
II. D’après cette enquête, un tiers seulement des Français auraient été capables de répondre correctement à chacune de ces questions.
Selon des comparaisons internationales, cette éducation financière variait récemment d’un peu plus de 3 % en Russie et en Roumanie à 53 % en Allemagne. Elle varie aussi considérablement selon le niveau d’études, les préférences politiques, etc.
III. A. Si l’éducation financière joue bien un rôle sur la vision de long terme et le portefeuille des investisseurs, elle est loin d’être le déterminant majeur de la propension à investir dans l’économie. Améliorer les connaissances économiques des jeunes épargnants sera loin d’être le remède miracle.
B. D’autres leviers sont possibles : fiscalité, coûts de transactions, informations, culture du risque, optimisme, etc.
Kahneman et Tversky, 2000
I. Pour étudier la prise de décision face au risque, l’économie orthodoxe repose sur la théorie de l’utilité espérée de Von Neuman et Morgenstern.
II. Les auteurs vont introduire une rupture dans la théorie de la décision en situation de risque, en démontrant que les anticipations des ménages ne sont généralement pas rationnelles et sont souvent incohérentes :
1° En effet, les agents utilisent des heuristiques*, ce qui présente le défaut de les conduire à des biais de comportement ;
2° Les auteurs identifient l’optimisme, le conservatisme, l’aversion au risque dans le domaine des gains et le goût pour le risque dans le domaine des pertes.
* L’heuristique (du grec ancien εὑρίσκω, heuriskô, « je trouve ») est « l’art d’inventer, de faire des découvertes » en résolvant des problèmes à partir de connaissances incomplètes. Ce type d’analyse permet d’aboutir en un temps limité à des solutions acceptables. Celles-ci peuvent s’écarter de la solution optimale.
Thaler et Sunstein, 2003
Présentation d’un « paternalisme libertarien »
Le paternalisme ne va pas à l’encontre de la liberté individuelle tant qu’il n’est pas coercitif :
En jouant sur les heuristiques des individus, il est possible d’orienter leur comportement dans une direction collectivement profitable, sans pour autant remettre en cause leur liberté.
Thaler et Sunstein, 2009
Ouvrage sur la notion de nudge* ou application du « paternalisme libéral »
I. Des suggestions indirectes peuvent tirer profiter des sciences du comportement pour obtenir la décision souhaitée pour le groupe, sans coercition.
II. Exemple du don d’organe :
1° En Allemagne, le principe est de ne pas donner en cas de décès, sauf consentement expressément exprimé ;
2° En Autriche, le principe inverse prévaut : sauf expression inverse, les personnes sont donneuses d’organe par défaut.
→ Alors que les pays sont culturellement très proches, 99 % des autrichiens sont donneurs potentiels, contre 15 % des Allemands.
* to nudge: to push somebody gently, especially with your elbow, in order to get their attention.//a nudge: a slight push, usually with the elbow.
OCDE, 2013, Prix effectifs du carbone
I. La coexistence de taxes, de marchés et de normes conduit à des prix explicites ou implicites du carbone variés, ce qui rend la réduction des émissions de carbone particulièrement inefficace.
II. L’étude préconise le recours aux taxes et systèmes d’échange, qui s’avèrent, en pratique, préférables aux tarifs d’achat, subventions et instruments réglementaires, conformément à la théorie.
III. Elle indique que le coût moyen de réduction d’une tonne d’émission de carbone dans le secteur routier peut être jusqu’à huit fois plus élevé lorsque des instruments autres qu’une taxe sur les carburants sont utilisés.
Crassous, Quirion, Ghersi et Combet, « Taxe carbone - Recyclage des recettes et double dividende », Conseil économique pour le développement durable (CEDD) – 2009
I. À travers la notion, désormais largement popularisée, de « double dividende », la théorie économique postule que la fiscalité environnementale peut procurer simultanément deux avantages à la collectivité :
1° Le premier « dividende » réside dans la réduction de la pollution et des dommages qui en découlent, et est permis par le caractère incitatif de la fiscalité (« l’effet incitatif du signal-prix sur les comportements ») ;
2° le second « dividende » s’attache à l’usage des recettes procurées par cette fiscalité. Il s’agit du gain collectif, disjoint du bénéfice environnemental, et permis par une utilisation pertinente des recettes budgétaires générées par la taxe (ou, le cas échéant, par les enchères).
II. Bien qu’une fiscalité écologique ait vocation à réduire son assiette en dissuadant les comportements nuisibles à l’environnement, ses recettes ne sont jamais nulles.
Mirrlees, 2011
L’existence d’un véritable double-dividende n’est pas corroborée par les travaux empiriques :
1° Les taxes environnementales induisent des pertes de bien-être (par exemple à travers des inégalités accrues) ;
2° La redistribution du produit des taxes aux industries polluantes et/ou aux ménages modestes altère également l’existence de ce double dividende.
Ferreira, Convery et McDonnell, 2007, The Most Popular Tax in Europe? Lessons from the Irish Plastic Bags
I. Les instruments de tarification fondés sur le principe du pollueur-payeur sont des moyens utiles et efficaces pour internaliser les coûts environnementaux et encourager l’économie circulaire.
II. En 2002, l’Irlande a introduit une taxe élevée sur les sacs plastiques (0,15 € par sac) :
- en un an, la consommation de ces sacs a chuté de 90 % ;
- pour un coût d’administration correspondant à seulement 3 % des recettes.
Rapport Monti, 2017
Neuf propositions de ressources propres pour réformer le financement de l’Union européenne sans augmenter les contributions des États membres, parmi lesquelles :
- Le remplacement des contributions fondée sur le PIB par une taxe carbone commune ;
- Un IS commun ;
- Une TVA réformée commune ;
- Une taxe sur le secteur financier.
Piketty, 2013
I. L’inégalité constatée est notée r > g,
où r = taux de rendement du capital et g = taux de croissance.
II. Proposition d’introduire un impôt mondial sur la propriété et la circulation du capital pour lutter contre la concentration de la richesse.
Le taux commencerait à un niveau faible, mais augmenterait jusqu’à 10 % pour les patrimoines de milliardaires. La mise en œuvre d’un tel impôt nécessiterait une coopération mondiale, difficile à mettre en œuvre.
L’argument avancé est qu’il est sans « utilité du point de vue de l’intérêt général » puisque sa « compression » dans la seconde moitié du XXe siècle n’a pas « empêché le développement économique de suivre son cours ».
Nordhaus, 2015
I. Un club du climat pourrait apporter une solution efficace au problème des passagers clandestins en matière de lutte contre le réchauffement climatique par un petit groupe de pays volontaristes.
II. La réduction des émissions au sein d’un club de grands pays polluants serait harmonisée à l’aide d’un prix du carbone cible :
1° Le club serait ouvert à tout nouveau participant ;
2° les réfractaires seraient pénalisés à travers une taxe uniforme sur leurs exportations vers les pays du club.
📚 Selon l’auteur, un droit de douane faible, de l’ordre de 2 %, suffirait à inciter à rejoindre le club tant que le prix du carbone n’y est pas trop élevé.
Hall, 2014
Le vieillissement démographique compte pour la moitié dans les causes de la baisse significative du taux d’activité aux États-Unis dans la période récente, en raison de la baisse du taux de mortalité dans les populations âgées de 60 à 80 ans.
Gordon, 2014
I. La chute sans précédent du taux d’activité aux États-Unis dans la période récente est provoquée par un mouvement de délocalisation (offshoring) et par la concurrence des produits bons marchés des pays émergents.
La participation au marché du travail a diminué pour les hommes et les femmes, mais de façon beaucoup plus rapide pour les hommes, avec une forte augmentation du nombre de travailleurs découragés.
B. L’auteur considère cette chute du taux d’activité comme l’un des facteurs de la baisse séculaire de la croissance potentielle aux États-Unis.
II. Le taux de croissance annuel du PIB américain a été en moyenne de 2 % entre 1891 et 2007. Selon l’auteur, elle devrait désormais s’élever à 1,3 % par an.
⚠️ N.B. : cette prévision a été démentie au moins jusqu’en 2020 (sauf en 2016, plancher de 1,3 %; pour la suite, à voir).
OIT, Emploi et questions sociales dans le monde 2015
I. Le déclin de l’emploi salarié stable, à temps plein et à contrat indéterminé, est l’une des évolutions majeures du début du XXIe siècle.
II. En contrepartie, l’emploi atypique se développe sous ses différentes formes :
- travail temporaire ;
- travail à temps partiel ;
- travail intérimaire et autres relations d’emploi multipartites ;
- relation de travail déguisée et emploi juridiquement indépendant mais économiquement dépendant.
III. L’emploi atypique peut conduire à de l’insécurité pour les travailleurs, requiert des exigences de gestion de la part de l’entreprise, et comporte des externalités négatives :
- sous-investissement dans l’innovation ;
- ralentissement des gains de productivité ;
- risques pour la viabilité à long terme des systèmes de sécurité sociale ;
- volatilité du marché du travail ;
- médiocrité des performances économiques.