Etudes 05 - Bénassy-Quéré Flashcards

1
Q

I. Il est difficile de mesurer directement les effets des contrats aidés sur l’emploi et le chômage. Pour estimer plus précisément les effets des variations du nombre de bénéficiaires sur le chômage et l’emploi, on utilise habituellement des modèles calibrés, reposant sur une estimation de l’élasticité de la demande de travail à son coût. Plus le coût du travail est abaissé, plus le nombre d’emplois créés augmente.

II. A. Dans le secteur marchand, financer un emploi crée moins d’un emploi, car une partie des recrutements en contrat aidé correspond en réalité à des effets d’aubaine : l’employeur qui bénéficie de l’aide aurait embauché même en l’absence d’aide.

Ainsi, pour les emplois d’avenir marchands, dont le taux de prise en charge était de 35 %, un emploi d’avenir supplémentaire permettait une création nette de 0,15 emploi.

B. Dans le secteur non marchand, les employeurs sont supposés avoir une contrainte de masse salariale ; ils ont des besoins en emploi, mais ne les réalisent pas à cause de la contrainte financière. Ainsi l’effet emploi est beaucoup plus important que dans le secteur marchand : financer un contrat aidé permet de créer un emploi supplémentaire. L’effet emploi retenu correspond ainsi au taux de prise en charge financière par l’État, c’est-à-dire 0,7.

III. Parmi les embauches qui auraient eu lieu même en l’absence d’aide financière, les employeurs ont dans certains cas modifié le profil de la personne recrutée pour bénéficier de l’aide (« effet profil »). Globalement faibles, les effets profils sont davantage prononcés dans le secteur marchand et ont conduit au recrutement de personnes généralement plus jeunes, moins diplômées et moins expérimentées.

IV. En outre, l’aide conduit à avancer le calendrier des embauches.

A

Bernard et Rey, 2017

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2
Q

I. Il existe une « course » entre l’éducation, qui élève progressivement l’offre de travail qualifié, et la technologie, qui élève progressivement la demande de travail qualifié.

II. Si la seconde tendance est plus rapide que la première, la prime de qualification (écart de rémunération entre qualifiés et non qualifiés) augmente, car l’offre de travail plus qualifiée manque tandis que l’évolution technologique accroît la demande.

III. Dans ce cadre, un pays où le salaire relatif des moins qualifiés tend à baisser accuse probablement un retard dans son effort éducatif.

A

Goldin et Katz, 2010

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3
Q

Hypothèse de « routinisation »

I. L’adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC) :

  • réduit la demande pour des tâches routinières et prévisibles qui peuvent être automatisées et exécutées par des robots ;
  • et augmente simultanément la demande des tâches non répétitives, analytiques et intellectuelles.

II. A. Le remplacement des tâches routinières concerne les travailleurs situés au milieu de la distribution des salaires comme les ouvriers qualifiés et les employés de bureau. Il augmente la demande en salariés très qualifiés qui occupent des emplois dans la tranche supérieure de la distribution des salaires (chefs d’entreprise, dirigeants, cadres et autres professionnels hautement qualifiés).

B. En même temps, la réduction de la demande d’emploi en salariés intermédiaires entraîne une augmentation mécanique de l’emploi dans les postes à bas salaire par la déqualification des travailleurs à salaire intermédiaire licenciés et par les changements d’opportunité d’emploi pour les jeunes arrivant sur le marché du travail.

A

Autor, Levy et Murnane, 2003

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4
Q

I. De 1993 à 2006, on a assisté à une polarisation du marché du travail avec, d’une part, une augmentation de l’offre de travail pour les hauts salaires et les cadres aussi bien que pour les travailleurs dans les services à la personne, et d’autre part une chute de l’emploi dans les professions à tâches répétitives de bureau ou de l’industrie manufacturière. Les travailleurs se concentrent de plus en plus, désormais, en haut et en bas de l’échelle des salaires.

II. Le modèle met en évidence le rôle du changement technologique, de la mondialisation, des institutions, mais le facteur le plus important reste l’hypothèse de routinisation développé par Autor, Levy et Murnane (2003).

III. La même tendance fondamentale se généralise dans les seize pays étudiés, en dépit d’importantes différences entre les pays :

  • dans la structure de leurs industries ;
  • dans la réglementation de leurs marchés du travail ;
  • dans leurs niveaux de croissance économique locaux.
A

Goos, Manning et Salomons, 2009

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5
Q

I. Le progrès technologique permet de réduire les emplois. En 1900, le secteur agricole employait 41 % de la main-d’œuvre américaine. En 2000, cette part s’était réduite à 2 %.

Pour autant, les deux derniers siècles d’automatisation, depuis la crise des Luddites, n’ont pas empêché le taux d’activité de croître, avec l’entrée des femmes sur le marché du travail.

II. Au-delà de la part des emplois qui pourraient disparaître du fait de l’automatisation des tâches, le principal problème tient à la polarisation du marché du travail.

Plutôt qu’une déformation générale en faveur du travail qualifié, on observe plutôt une polarisation du marché du travail en défaveur des qualifications intermédiaires :

  • le progrès technique favorise la création d’emplois peu qualifiés (typiquement chauffeurs livreurs et services à la personne) et d’emplois très qualifiés ;
  • au détriment des emplois de qualification intermédiaire (comptables, vendeurs, agents d’assurance).

Déjà observable, cette tendance devrait être amplifiée par les progrès de l’intelligence artificielle.

III. Toutefois, de nouveaux emplois moyennement qualifiés, combinant des compétences moyennes et spécialisées et n’étant pas remplaçables par des machines sans une chute de la qualité du travail rendu, peuvent également se développer dans les années futures : techniciens en radiologie, électriciens, plombiers, chauffagistes, etc.

A

Autor, 2015, “Why are There Still So Many Jobs ? The History and Future of Workplace Automation”

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6
Q

I. Les théories néo-luddites les plus alarmistes, qui tablent sur la disparition d’un emploi sur deux dans les vingt prochaines années, raisonnent en termes de métiers et non de tâches.

Ainsi, l’industrie allemande, qui est une des plus robotisée au monde, emploie 100 000 salariés de plus qu’il y a vingt ans.

II. Le contenu des métiers évolue avec le numérique dans un sens qui les rend paradoxalement moins automatisables.

III. En adoptant une approche par compétences requises, seuls 15 % des emplois français sont susceptibles de faire l’objet d’une automatisation.

A

Le Ru, 2016

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7
Q

En 2014 en France, 60 % des chômeurs au sens du BIT n’avaient pas dépassé le secondaire.

Pour rappel, c’était alors le cas de 23 % des 15-64 ans en France, contre seulement 10 % aux Etats-Unis et 9 % en Pologne.

A

France Stratégie, 2016, « Quels leviers pour l’emploi ? »

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8
Q

I. Depuis 1991, le chômage ne cesse d’augmenter, touchant en 1993 plus de 10 % de la population active. La population active augmente de manière dynamique alors que, au regard de ses partenaires, la France crée moins d’emplois pour un niveau de croissance donné.

II. Le rapport met en évidence d’un problème spécifique au coût du travail au SMIC. Il propose une mesure générale de baisse du coût du travail prenant la forme d’une franchise de cotisations sociales sur les mille premiers francs de salaire mensuel (152 euros).

III. Comme il difficile d’isoler les seules catégories peu qualifiées, suivant les recommandations de ce rapport, seront régulièrement mis en place des allégements de cotisations sociales employeur sur les bas salaires durant les années 1990.

A

Rapport Charpin, Commissariat général au Plan, 1993

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9
Q

I. L’introduction en 2015 d’un salaire minimum fédéral allemand a donné lieu à controverses, mais il ne semble pas qu’elle ait nui à l’emploi agrégé.

II. Cependant, les premières évaluations indiquent qu’elle l’a réduit :

  • dans les Länder de l’Est, où la proportion de salaires inférieurs au nouveau minimum légal était sensiblement plus importante ;
  • ainsi que dans les entreprises faisant face à une concurrence intense.
A

Bossler et Gerner, 2016

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10
Q

I. Étude empirique sur la relation entre chômage et salaire minimum en France.

II. Sur la période 1990-1998, l’élasticité de la demande de travail était à peu près égal à 1,5 : une hausse de 1 % du salaire minimum en France, induisait une augmentation de 1,5 points de la probabilité de perte d’emploi des salariés directement concernés*.

III. L’effet reste toutefois faible sur l’emploi global, les salariés au smic ne représentant qu’entre 3 et 4 % de l’ensemble des personnes en emploi.

* Cet ordre de grandeur été confirmé par des études ultérieures.

A

Kramarz et Philippon, 2000

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11
Q

Recours à l’expérimentation « naturelle », par la méthode des « doubles différences ».

L’augmentation en 1992 du salaire minimum au New Jersey, alors que dans l’État voisin de Pennsylvanie, ce salaire minimum n’augmentait pas, a fait comparativement augmenter l’emploi dans les fast-food.

Des travaux ultérieurs ont généralisé cette analyse aux États-Unis.

A

Card et Krueger, 1994

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12
Q

Une série de constats empiriques contredit les implications du modèle classique du marché du travail, qui suppose que tous les travailleurs sont toujours payés à leur productivité marginale, en présence d’une hausse du salaire minimum :

  • Beaucoup de salariés dont le salaire était inférieur au nouveau niveau du salaire minimum n’ont pas été licenciés après la hausse de ce dernier ;
  • Même des salariés qui ne sont pas rattrapés par le nouveau salaire minimum voient, à la suite de la hausse de ce dernier, leur salaire augmenter.
A

Card et Krueger, 1997, Myth and Measurement : The New Economics of the Minimum Wage

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13
Q

Travaux généralisant l’analyse de Card et Krueger (1994) en exploitant un ensemble d’hétérogénéités entre États et comtés. Les hausses du salaire minimum aux Etats-Unis se sont faites sans dommage pour l’emploi.

⚠️ N.B. : tandis qu’en France, le Smic net est à 60 % du salaire médian, il est à 40 % aux Etats-Unis.

A

Dube, Lester et Reich, 2010

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14
Q

Synthèse de plusieurs études sur le rapport entre salaire minimum et demande de travail :

1° Les résultats trouvés par Card et Krueger (1994) peuvent être nuancés : ils peuvent varier en fonction du groupe de contrôle (en l’espèce, leur étude portait sur les fast-foods) ;

2° Confirmation des résultats de l’étude de Kramarz et Philippon (2000) : en France, une augmentation de 1 % du salaire minimum diminue la probabilité de conserver son emploi de 1,3 % pour les hommes, et de 1 % pour les femmes.

A

Cahuc et Carcillo, 2014

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15
Q

I. A. Selon cette méta-analyse, une hausse du salaire minimum n’a pratiquement aucun effet perceptible sur l’emploi.

B. Passage en revue de 1500 études, dont la presque totalité concluent que l’effet d’une hausse du salaire minimum n’a presque pas d’effet sur l’emploi, les résultats se retrouvant dans une écrasante majorité autour d’une élasticité avoisinant zéro, avec un effet très légèrement négatif toutefois.

C. Ce résultat s’explique parce que le choc que représente une augmentation du salaire minimum ne représente qu’une part modeste de l’ensemble de leurs coûts. L’étude classique se focalise sur l’effet négatif de cette augmentation sur les revenus de l’employeur, mais ce dernier peut recourir à d’autres canaux d’ajustement.

II. Les hausses du salaire minimum ont en revanche un effet positif sensible sur le turnover des salariés, qui représente un autre coût pour les employeurs, en rendant plus facile le recrutement de nouveaux employés, en incitant ceux en poste à rester ou à augmenter leur productivité.

A

John Schmitt, 2013

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16
Q

I. Réplication des études françaises (Kramarz et Philippon, 2000) et américaines (Card et Krueger, 1994) en appliquant la même méthode aux données des deux pays :

Elle consiste à analyser à la fois les effets directs d’un changement du salaire minimum réel et les effets résultant des différents comportements des individus proches les uns des autres dans la distribution des salaires à la suite de ces hausses ou baisses du salaire minimum réel.

II. Elle confirme qu’une hausse du salaire minimum est beaucoup plus défavorable à l’emploi en France qu’aux Etats-Unis.

A

Abowd et al., 2000

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17
Q

I. À partir des études disponibles, les auteurs ont conclu que les allégements de cotisations sociales antérieures à 1997 ont accru l’emploi de 200 000 à 400 000 unités, pour un coût net par emploi de l’ordre de 8000 à 28 000 €.

II. Les allègements de cotisation sociale sur les bas salaires peuvent avoir un effet positif sur l’emploi en raison de deux effets qu’elles peuvent entraîner :

1° Un « effet de substitution et d’assiette » : la baisse du coût relatif du travail par rapport au capital conduit à une nouvelle combinaison des facteurs de production favorable à l’emploi ;

2° Un « effet volume » : la baisse des coûts de production induit une baisse des prix de vente ainsi que des prix de consommation. Cela génère à la fois une hausse de la compétitivité à l’extérieur, une hausse du pouvoir d’achat à l’intérieur, ce qui stimule la demande et donc la création d’emploi.

III. Les effets des allégements de cotisations sociales patronales sur l’évolution des salaires sont a priori ambigus :

  • La baisse du chômage ainsi que le partage du surplus entre salarié et employeur peuvent conduire à une hausse des salaires négociés ;
  • Inversement, la progressivité des taux de cotisation peut limiter la progression des salaires, en rendant plus coûteuse pour l’employeur l’augmentation de salaire avec les gains de productivité.

⚠️ Les études empiriques existantes ne permettent pas de conclure à l’existence d’effets significatifs de « trappe à bas salaires ».

A

Nouveau et Ourliac, 2012

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18
Q

I. Critique des baisses de charges ciblées sur les bas salaires (baisses de charges Juppé, Pacte de responsabilité 2015) qui ont peu aidé la compétitivité du secteur manufacturier exportateur. Ces entreprises emploient en effet moins de travailleurs peu qualifiés à bas salaires et leur compétitivité-coût ne serait donc pas améliorée par ce type de baisses de charges.

II. Des allégements de cotisations sociales sur le travail qualifié devraient être plus favorables à l’emploi que ceux sur le travail non qualifié.

⚠️ Cette thèse est répandue dans les milieux industriels, qui mettent en avant un effet de compétitivité. Ce fut l’argument principal sous-tendant l’extension en avril 2016 du Pacte de responsabilité au-delà de 1,6 SMIC et jusqu’à 3,5 SMIC dont le fondement se trouvait dans le rapport Gallois.

A

Koléda, 2015

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19
Q

I. Rapport rendu sur les modifications possibles de l’assiette des cotisations sociales. Or, en la matière, il n’y a pas d’« assiette miracle » :

  • la masse salariale augmente aussi vite en tendance que la valeur ajoutée ;
  • toute modification des modes de financement de la sécurité sociale ont pour effet de faire payer par le travailleur le coût de la protection sociale.

II. Toute augmentation de salaire, parce qu’elle induit une augmentation du taux de cotisations sociales, est de fait « taxée ». Une trop forte progressivité des cotisations sociales peut conduire à la formation de trappes à bas salaire : elle découragerait les employeurs d’augmenter leurs salariés et ces derniers de se former en rendant plus difficile la valorisation de cet investissement.

⚠️ N.B. : selon les auteurs du BQ, l’existence des trappes à bas salaire n’est pas démontrée empiriquement.

A

Malinvaud, 1998, Les cotisations sociales à la charge des employeurs : analyse économique

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20
Q

Les politiques socio-fiscales d’allégements sur les bas salaires :

  • auraient permis la survie de certaines entreprises à faible productivité et positionnées sur des produits de médiocre qualité ;
  • décourageant ainsi la réallocation des facteurs de production vers les entreprises les plus performantes ;
  • et perpétuant une orientation défavorable de l’appareil productif vers des emplois pour lesquels la France n’a pas d’avantage comparatif.
A

Carbonnier et al., 2015

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21
Q

I. L’arrivée des immigrés cubain en Floride, en avril 1980 (« Exode de Mariel ») a augmenté de 7 % la population active à Miami, et davantage si l’on considère le marché des travailleurs non ou peu qualifiés.

II. En effectuant une comparaison avec des villes « témoins », il est relevé que le taux de chômage des travailleurs en place, aussi bien noirs que blancs, n’a pas été durablement affecté.

Cette hausse a été résorbée en l’espace d’un an du point de vue de l’emploi local, sans effet négatif sur les salaires des travailleurs peu qualifiés, y compris les Cubains arrivés avant l’exode de Mariel.

II. La capacité d’absorption du marché du travail de Miami peut s’expliquer par l’existence de vagues précédentes de migrants, qui ont spécialisé ce marché dans l’emploi peu qualifié.

Par ailleurs, on constate une baisse de migration (en provenance des États-Unis comme de l’étranger) à Miami, qui peut également être un facteur explicatif, avec un déplacement ailleurs qu’à Miami de la destination d’autres populations migrantes.

A

Card, 1990

Cf. Borjas (2015), et Clemens et Hunt (2017)

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22
Q

I. La réforme des retraites de 2010 en France a procédé à un relèvement de 2 ans en seulement 5 ans de l’âge d’ouverture des droits (de 60 à 62 ans).

Elle entraîné une hausse du taux d’activité des personnes de 60 ans (+24 points pour les hommes, +22 points pour les femmes), qui s’est répartie en 2/3 d’emploi et 1/3 de chômage.

Il y a donc eu, à court terme, une hausse simultanée du taux d’emploi et du taux de chômage des seniors.

II. Par ailleurs, les comportements avant 60 ans peuvent aussi avoir été affectés par un effet « horizon » : les personnes adaptent en partie leurs comportements en fonction de la distance à laquelle ils se trouvent de l’âge normal de la retraite. On parle d’effet horizon lorsque le décalage de l’âge d’accès à la retraite entraîne un décalage similaire de l’ensemble des transitions de fin de carrière.

A

Dubois et Koubi, 2016

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23
Q

La réforme « Fornero » de 2011 en Italie a relevé l’âge de retraite des travailleurs sans transition.

Les entreprises les plus touchées par cette mesure ont réduit l’embauche de jeunes, ce qui montre qu’il y a des effets de court terme des mesures de report de l’âge à la retraite. Sur 150 000 emplois perdus chez les 18-24 ans dans les années qui ont suivi la grande récession, 36 000 sont attribuables à cette réforme.

A

Boeri, Garibaldi et Moen, 2016

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24
Q

I. Comparaison dans dix villes françaises, au début des années 2000, du revenu net d’un ménage payé au SMIC et des transferts sociaux dont il bénéficiait s’il ne travaillait pas. Étaient pris en compte :

  • Les transferts locaux (logement, restaurant scolaire, crèche, etc.) ;
  • Les transferts nationaux (revenu minimum d’insertion, allocation sous conditions de ressources).

II. → Dans le cas d’un couple avec deux enfants, le cumul des aides nationales et locales aboutissait au début des années 2000 à un revenu net de 19 200 € par an pour un ménage sans revenus d’activité. Pour obtenir par le travail un revenu identique, ce ménage aurait dû dégager un revenu d’activité d’au moins 15 550 €, soit un cumul à deux de 44,5 heures par semaine au SMIC.

⚠️ L’accès à un emploi à temps complet au smic conduisait donc à une perte de revenu pour tous les ménages ayant au moins un enfant.

A

Anne et L’Horty, 2002

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25
Q

Enquête auprès de 5500 ménages britanniques montrant sans ambiguïté que le passage du chômage à l’emploi améliorait un indice de bien-être, noté sur 36, de 2,6 points, tandis que le passage de l’emploi au chômage le dégradait de 1,7 point.

En comparaison, un mariage améliorait le bien-être de 0,3 point et un divorce le dégradait de 1,5 point.

Enfin, une variation du revenu était sans effet sensible.

A

Clark et Oswald, 2002

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26
Q

Quelle que soit la cause de leur disparition ou de leur création, les activités exposées jouent fortement sur l’évolution de l’emploi local.

En France, on estime ainsi qu’entre 60 et 150 emplois abrités sont créés localement lorsque 100 nouveaux emplois exposés apparaissent sur un territoire. A l’inverse, les bassins d’emploi locaux portent très longtemps la trace des sinistres industriels.

→ L’emploi exposé exerce un effet d’entraînement sur l’emploi abrité, mais la relation opposée n’est pas observée.

A

Malgouyres, 2016

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27
Q

Entre 2006-2007 et 2008-2009 (avant/après la crise) :

  • Le taux de perte d’emploi des CDI est passé de 1,4 % à 2,2 % pour les CDI ;
  • De 12 % à 26 % pour les intérimaires.

⚠️ L’instabilité n’est pas réservée aux seuls salariés en contrats à durée limitée → elle peut aussi toucher des personnes en contrat à durée indéterminée. Sur ce point, l’auteur parle de « déstabilisation des stables ».

A

Flamand, 2016

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28
Q

La plupart des économistes s’accordent sur les effets distributifs de la protection de l’emploi : pour les salariés qui en bénéficient, elle diminue le risque de perte d’emploi, mais l’augmente pour ceux qui n’en bénéficient pas.

A

Beuve, Paris et Schurich-Rey, 2017

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29
Q

Des emplois stables, via notamment des restrictions au licenciement :

  • s’ils réduisent la capacité des entreprises à ajuster leur productivité par la modification de leurs effectifs, favorisent l’acquisition de capital humain spécifique ;
  • Pour les entreprises innovantes, élèvent le coût anticipé de l’échec.

→ Les restrictions à l’emploi incitent à l’innovation au sein des entreprises existantes, plutôt que par des mécanismes schumpétériens de « destruction créatrice ».

A

Scarpetta et Tressel, 2004

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30
Q

I. A. La réforme Hartz IV, qui comportait une réduction significative de l’indemnisation des chômeurs de longue durée, a réduit le taux du chômage structurel de 1,4 point.

B. Les réformes Hartz I à III l’ont abaissé de 1,5 point.

II. Ces réformes ont joué un rôle important dans les bonnes performances du marché du travail durant la Grande récession.

A

Krebs et Scheffel, 2013

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31
Q

I. A. De 1998 à 2005, la croissance allemande stagne à 1,2 % annuel, avec une récession en 2003. Le chômage atteint 11,1 % en 2005.

B. Dans les années qui suivirent, le chômage baissa, n’augmentant presque pas durant la Grande récession. En 2011, la balance commerciale de l’Allemagne atteignait 1 758 Md$.

II. A. L’effet des réformes Hartz est surestimé.

B. Ce sont plutôt les institutions du marché du travail allemand et la réaction endogène du système de négociation collective, d’une grande rapidité et flexibilité face à la crise, qu’il faut créditer du mérite d’avoir favorisé le redressement allemand.

A

Dustmann et al., 2014

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32
Q

I. A. Le système d’indemnisation du chômage en vigueur avant 1992 en France ne comprenait qu’un seul palier : une allocation de base, versée pendant 14 mois, suivie d’une allocation de fin de droits faisant décroître subitement et fortement l’indemnisation.

B. Ce mécanisme incitait très significativement à la reprise d’emploi à l’approche de la date butoir, et ceci d’autant plus que le salaire antérieur était élevé.

II. L’étude d’un échantillon statistique de bénéficiaires d’allocations de chômage permet de constater que le passage à une dégressivité par paliers en 1992 a éliminé cet effet et lissé les sorties du chômage, augmentant les chances d’y rester.

A

Dormont, Fougère et Prieto, 2001

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33
Q

Des expérimentations contrôlées aux États-Unis et d’autres programmes menés en Europe ont conduit aux conclusions suivantes :

1° Les vérifications strictes des droits à l’indemnisation-chômage et le contrôle de l’activité des chômeurs n’ont pas d’effet significatif sur la réduction de la période de chômage, mais permettent seulement de réduire le nombre de demandes indues de droits ;

2° Un accompagnement individualisé des chômeurs, c’est-à-dire des conseils et aides personnalisés et un suivi renforcé permet :

  • de réduire significativement la durée du chômage ;
  • d’offrir à ses bénéficiaires l’accès à des emplois mieux payés (⚠️ ce qui est un indicateur de la qualité de l’appariement) ;
  • Cet accompagnement doit intervenir le plus tôt possible dans la période de chômage pour produire des effets.
A

Fougère, 2000

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34
Q

La Grande Dépression a conduit la Grèce, le Portugal et la Roumanie à substantiellement réduire, entre 2008 et 2014, le recours aux procédures d’extension (généralisation à tous les salariés d’une branche des dispositions d’un accord conventionnel).

Cette évolution est en cohérence avec les recommandations du FMI et de la commission européenne qui privilégient la décentralisation de la négociation collective.

A

Visser, 2016

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35
Q

I. La fixation des salaires en France est régulée par un système institutionnel où coexistent un salaire minimum national fixé par le gouvernement, des accords de branche et des accords d’entreprise.

Les accords de branches ont longtemps été dominants, et ils définissent encore au total 60 000 minima, qui ont valeur légale compte tenu du fait que les accords de branche sont systématiquement « étendus » à toutes les entreprises par le ministère du Travail.

II. Dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne, les entreprises peuvent décider de déroger aux accords de branche.

III. Les minima de branche jouent un rôle important dans les politiques salariales et influencent le smic via l’indexation de celui-ci sur la moitié des gains de pouvoir d’achat du salaire de base.

A

Gautier, 2017

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36
Q

I. La révolution scientifique et les Lumières ont engendré des améliorations en termes de santé et de bien-être largement sous-estimées par les données de revenus.

II. Pour autant, ces progrès se sont accompagnés d’inégalités, car tout le monde n’en a pas bénéficié, ce qui indique la complexité de l’interaction dialectique entre progrès et inégalités :

  • Avant les Lumières, élites aristocratiques et masses laborieuses ne se différenciaient guère en termes d’espérance de vie ;
  • Aujourd’hui, c’est la pauvreté qui reste le facteur premier des inégalités sanitaires.
A

Deaton, 2013

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37
Q

I. Selon le premier auteur, la différence de PIB par habitant entre les États-Unis et l’Europe ne reflète pas une performance économique insuffisante de la zone euro.

Les productivités seraient comparables, mais la différence de PIB s’expliquerait une « préférence pour le loisir » des Européens :

Tandis que les Américains auraient choisi d’allouer leurs gains de productivité à leurs revenus, les Européens les auraient alloué à leurs loisirs, en choisissant de travailler moins longtemps.

⚠️ Cette analyse est contestée par le troisième auteur, appelé à commenter les deux autres :

La productivité européenne peut être surestimée parce qu’une partie importante des personnes faiblement qualifiées, à faible productivité, est exclue du marché du travail.

II. Pour le second auteur, malgré l’existence d’un processus d’intégration économique très avancé et unique au monde, l’Europe demeure encore une collection d’exceptions nationales qui empêchent toute généralisation excessive. À l’idée d’une Europe au marché du travail uniformément rigide, il oppose l’extrême flexibilité du marché britannique ; à celle d’un choix à faire entre protection sociale et compétitivité, il oppose l’ensemble de l’Europe du Nord. Pour lui, l’avancée de l’intégration européenne ne résoudra pas mécaniquement les problèmes de chaque État en l’absence d’arbitrages nationaux.

⚠️ Pour le troisième auteur, le fond de l’affaire réside dans l’absence de choix fait entre deux modèles : celui d’une souveraineté collective appuyée par des moyens incitatifs (budget européen), celui d’un modèle concurrentiel où les plus dynamiques tireraient les autres vers le haut.

A

Blanchard et Wyplosz, Deux thèses hétérodoxes sur l’économie européenne,

Pisani-Ferry, Contrepoint (même publication)

2004

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38
Q

La productivité globale des facteurs désigne l’augmentation de l’efficacité des deux facteurs de production combinés – capital et travail.

Elle correspond donc à la part de la croissance qui, ne s’expliquant pas par l’accumulation de capital ou par l’augmentation des heures travaillées, leur est exogène.

A

Solow (résidu de), 1956

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39
Q

La croissance rapide en Asie de l’Est dans les années 1990 s’expliquerait par une accumulation de capital encouragée par une politique colbertiste (taux d’intérêt très bas, politique industrielle volontariste, etc.).

Tandis que Hong Kong réussit à maintenir une progression rapide de la PGF, grâce à sa politique de laisser-faire, Singapour, par sa politique dirigiste, a vu sa croissance similaire se fonder sur une accumulation de capital productif.

A

Alwyn Young, 1992, « A Tale of Two Cities »

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40
Q

Le « miracle asiatique » est le fruit de la « transpiration », pas de « l’inspiration » :

C’est-à-dire de l’accumulation de capital, de l’augmentation de la participation et de la qualification de la force de travail, plutôt que d’une amélioration de la productivité.

⚠️ Cette critique élude cependant une question cruciale : comment les pays d’Asie ont-ils pu mobiliser autant de ressources productives ?

A

Krugman, 1994

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41
Q

I. Revue du débat économique qui s’est tenu dans les années 1990 sur la croissance asiatique.

II. Les articles de Young (1992) et Krugman (1994) ont été critiqués par d’autres économistes qui ont mis en évidence un taux de croissance plus élevé de la productivité globale des facteurs à Singapour.

A

Iwata, Khan et Murano, 2003

42
Q

De la Préhistoire à la fin du Moyen-Âge, le revenu moyen dans le monde fluctue autour de 450 $ (2007) par habitant et par an.

Il passe à 650 $ annuels entre 1400 et 1800.

Décollant avec la révolution industrielle, il dépasse les 1500 $ à la veille de la première guerre mondiale.

En 2003, il atteint 6 500 $.

D’après les projections de l’auteur, le PIB par habitant moyen atteindrait 11 700 dollars en 2030.

A

Maddison, 2007

43
Q

I. A. Une mutation des croyances a été opérée en Europe entre 1500 et 1700 : les hommes ont pris conscience qu’ils pouvaient utiliser la science pour contrôler leur destin mais aussi la Nature.

B. L’affirmation d’une culture européenne spécifique aurait été le facteur décisif des transformations économiques et sociales relevant de la révolution industrielle, expliquant la « grande divergence » avec la Chine.

II. Des explications culturelles permettent ainsi de relier l’explosion de la croissance aux Lumières en Europe et à leurs deux piliers :

  • la compréhension de la nature (à la base du progrès technique) ;
  • l’idée que le pouvoir et le gouvernement doivent servir la société dans son ensemble.

Les synergies puissantes entre ces deux idées ont déclenché et soutenu l’explosion de la croissance. Le progrès est finalement devenu une valeur en soi.

A

Mokyr, 2017

44
Q

I. Les progrès de productivité ne sont pas constants dans le temps.

La croissance exceptionnelle des années 1870 à 1970 (de 1,8 % de 1870 à 1920 puis 2,8 % de 1920 à 1970) doit être considérée comme une parenthèse de l’histoire humaine.

L’auteur observe une baisse tendancielle et progressive de la productivité globale des facteurs. La société américaine ressemblerait davantage à celle des années 1970 que cette dernière à celle des années 1920.

II. Préconisations diverses :

  • Augmentation de la progressivité de l’impôt pour les revenus les plus élevés ;
  • Augmentation du salaire minimum ;
  • Généralisation de l’éducation d’âge préscolaire ;
  • Maîtrise des coûts de la formation universitaire ;
  • Réduction des peines d’incarcération ;
  • Élargissement de la légalisation de la vente de drogue ;
  • Ouverture de l’immigration.
A

Gordon, The Rise and Fall of American Growth, 2016

45
Q

I. Introduction du concept de stagnation séculaire.

Elle se définit comme la concomitance d’une faible croissance et d’un faible effort de formation brute de capital fixe (ou investissement).

II. Son explication réside dans le ralentissement des opportunités d’investissement au sein de trois variables clés :

  • le progrès technologique et les innovations ;
  • la croissance de la population ;
  • l’exploitation de nouveaux territoires et de nouvelles ressources naturelles.

III. Loin des idées malthusiennes, l’accroissement démographique est un moyen d’influer sur la composition de la production à la fois :

  • via un canal direct (augmentation de la production et de l’investissement) ;
  • via un canal indirect (facilitation de l’innovation technologique).
A

Alvin Hansen, 1939 (“Economic Progress and Declining Population Growth”)

46
Q

I. Reprise du concept de stagnation séculaire.

Le constat est le même que celui d’Alvin Hansen (1939) : la croissance est faible, de même que l’inflation et le niveau d’investissement alors que l’épargne, excessive (qui ne peut donc être absorbée dans sa totalité par l’investissement), tire le taux d’intérêt réel à la baisse.

II. La stagnation séculaire désigne plusieurs points cardinaux sous forme d’objectifs devenus à un moment donné inatteignables pour une économie : une croissance économique garantissant un niveau d’emploi élevé et un niveau des prix maîtrisé, le tout dans un contexte de stabilité financière.

III. Ces facteurs déséquilibrants qui entretiennent la stagnation sont reflétés par une réduction du rôle de la productivité globale des facteurs dans une croissance qui peine donc à repartir, ce qui se répercute négativement sur la croissance potentielle.

IV. Dans ce contexte de baisse des taux d’intérêt nominaux et de difficultés d’ajustement à la baisse des taux d’intérêt réels (trappe à liquidités), le champ des possibles en matière monétaire pour contrer l’insuffisance de la demande agrégée apparait alors nettement restreint, risquant de rendre permanente l’atonie des économies industrialisées.

V. L’auteur défend une réponse par la politique budgétaire afin de pallier la pénurie d’investissement, en favorisant notamment l’investissement public comme soutien de la demande.

A

Larry Summers, 2014

47
Q

L’importance croissante du capital immatériel pourrait aider à comprendre la dynamique potentiellement structurelle derrière la « stagnation séculaire ».

On peut identifier quatre canaux de compréhension de ce phénomène :

1° Les difficultés croissantes à correctement mesurer l’investissement via des actifs intangibles ;

2° La spécificité du capital immatériel a généré plus d’externalités ;

3° Le fait que cette spécificité a également exacerbé l’écart entre les entreprises à la frontière technologique de leur secteur et les autres ;

4° Des externalités décroissantes des actifs intangibles liées possiblement à la difficulté des nouvelles entreprises à s’approprier le capital immatériel ou à la nature de type « recherche de rente » d’une part des actifs intangibles.

A

Haskel et Westlake, 2017

48
Q

Il a fallu longtemps pour que l’invention de l’électricité affecte (positivement) la productivité.

En étudiant l’introduction de l’électricité aux Etats-Unis, l’auteur montre que, pour qu’une usine profite au mieux de l’électricité, elle devait restructurer radicalement sa façon de travailler.

Le gain de productivité n’est apparu que dans les années 1920, soit quarante ans après l’apparition de la première centrale électrique.

A

Paul David, 1990, « The dynamo and the computer »

49
Q

I. Alors qu’une grande incertitude demeurait sur l’incidence de l’informatique sur la productivité depuis les années 1980, il faudra attendre 1995 pour que des gains apparaissent, plus de quarante ans après la première commercialisation d’un ordinateur (UNIVAC en 1951).

II. Entre 1995 et 2000 (avant le krach boursier de 2001-2002) :

  • les investissements dans les TIC ont contribué à 37 % de la croissance de la productivité du travail aux Etats-Unis ;
  • les industries TIC ont contribué à 58 % de la croissance de la PGF.
A

Jorgenson, Ho et Stiroh, 2008

50
Q

I. Les TIC suscitent un type d’innovations qui affectent beaucoup moins la productivité que les précédentes vagues d’innovations :

  • L’emploi global a été beaucoup plus lié au PIB qu’à l’informatisation ;
  • et, à l’exception de la fin des années 1990 où les investissements ont été massifs dans les matériels et équipements, les promesses de gains de productivité liés aux TIC n’ont pas été tenues.

II. L’analyse rejoint celle d’Acemoglu et al. (2014), selon lesquels l’impact des industries ICT (Information, Communication et Technologie) sur la productivité n’est visible que sur les secteurs en question, qui ne représentent qu’une modeste part du PIB, mais non sur le reste de l’économie.

A

Gordon, 2016

51
Q

La productivité globale des facteurs explique les 7/8e du doublement de la productivité du travail aux Etats-Unis de 1909 à 1949, tandis que l’augmentation de l’intensité capitalistique explique le huitième restant.

L’auteur l’appelle aussi « la mesure de notre ignorance ».

A

Solow (résidu de), 1956

52
Q

I. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont profondément modifié les habitudes de travail et les interactions entre les individus. Elles ont fait évoluer les pratiques des entreprises et de l’administration.

II. L’importance accordée à l’innovation est remise en question : comparée au progrès technologique (notamment le développement des semi-conducteurs dans la puissance de calcul informatique), elle n’a joué en fait qu’un rôle relativement modeste, qui ne justifie pas sa place centrale dans les théories modernes de la croissance économique.

III. Les politiques économiques devraient donc mettre l’accent sur la remise en cause de leurs modèles pour tenir compte du progrès technologique.

A

Jorgenson et Vu, 2016

53
Q

Les variables qui exercent un effet significatif sur le PIB par tête de long terme sont :

La qualité du capital humain : niveau d’éducation, espérance de vie ;

Le bon fonctionnement des marchés : degré de concurrence, distorsions introduites par l’intervention de l’État, corruption ;

La stabilité macroéconomique (notamment la stabilité des prix) ;

L’instabilité politique (guerres, coups d’état, ou simplement alternance entre partis politiques).

A

Barro et Sala-ì-Martin, 1995, Economic Growth

54
Q

Au niveau mondial, la redistribution opérée par les impôts et transferts a un impact limité sur les inégalités.

Celles-ci dépendent bien davantage :

  • Des forces motrices de la rémunération du capital et du travail ;
  • De l’impact politique et économique cumulatif de la concentration du revenu ;
  • Du rôle des inégalités de patrimoine.
A

Piketty, 2013, Le capital au XXIe siècle

55
Q

I. Comme d’autres auteurs, mise en évidence que :

  • la baisse des inégalités intra-pays observée entre 1820 et 1990 n’est pas spécifique aux pays d’Europe occidentale ;
  • que les inégalités à l’échelle mondiale, entre pays, ont augmenté au cours de cette même période ;
  • que, depuis la fin du XXe siècle, cette tendance s’est inversée : moins d’inégalités à l’échelle mondiale et plus d’inégalités à l’intérieur des pays, avec des exceptions notables.

II. A. La « déconcentration » du capital et les interventions avant impôts et transferts sont une approche plus prometteuse pour réduire les inégalités que la redistribution, en particulier compte tenu de la difficulté qu’il y a à augmenter la fiscalité des revenus du capital dans un monde globalisé.

B. Il s’agirait notamment de réduire les inégalités de dotations :

  • en matière de détention d’actifs ;
  • dans l’éducation.

C. Dans ces conditions, les inégalités de revenus de marché diminueraient et n’impliqueraient plus qu’une redistribution de nature plus modeste, de nature à satisfaire ceux qui considèrent les taxes trop élevées comme mauvaises pour l’activité.

A

Milanovic, 2016

56
Q

I. Conclusions sur des rendements décroissants qui correspondaient à une expérience très précise de la fin du XVIIIe siècle : celle de la mise en valeur de terres de moins en moins fertiles et de plus en plus difficiles à cultiver, à laquelle s’est justement opposée la contre-expérience de l’innovation et des gains de productivité.

La croissance géométrique de la population s’oppose à la croissance arithmétique de la production.

II. La fécondité est considérée comme le ressort fondamental de la croissance. Le report des mariages compense les chocs négatifs en période de crise et leur avancée permet d’encourager les reprises en accompagnant les chocs technologiques, si bien que le niveau de vie par tête demeure constant sur longue période.

A

Thomas Malthus, 1798, Essai sur le principe de population

57
Q

I. A. Fonction de production à facteurs complémentaires qui adapte la théorie de Keynes au long terme :

1° La première contribution cherche à dynamiser la théorie keynésienne pour en faire un modèle de la croissance de long terme ;

2° Puisqu’à court terme, le seul effet de l’investissement est celui du multiplicateur keynésien de la demande, la seconde montre que l’investissement joue également un rôle sur l’offre.

B. Il s’agit de l’ancêtre des modèles de la théorie de la croissance exogène, notamment du modèle de Solow (1956).

II. Les modèles, qui ne se prétendent pas réalistes, prédisent un déséquilibre croissant entre capital et travail, jusqu’à ce que l’insuffisance de capital bride la croissance.

III. La croissance économique étant instable, cela justifie l’intervention de l’État.

A

Harrod, 1939, et Domar, 1946 (Modèle Harrod-Domar)

⚠️ Il s’agit de deux contributions séparées. Elles ont fourni une justification théorique aux politiques d’aide à la reconstruction de l’immédiat après-guerre (plan Marshall de 1947).

58
Q

I. Modèle constituant toujours aujourd’hui un cadre de référence de l’analyse néoclassique de la croissance.

II. Sur le sentier de croissance :

  • les marchés sont en équilibre ;
  • les facteurs de production sont substituables ;
  • le rendement marginal du capital est décroissant : l’incitation à investir disparaît quand le rendement marginal est égal au coût d’usage du capital.

II. Le modèle s’appuie sur deux courbes majeures : celle de l’augmentation de l’épargne, et donc du capital, et celle de la dépréciation du capital. La dépréciation est représentée par une courbe linéaire, tandis que l’épargne cesse de croître après une certaine quantité dépassée.

En effet, l’incitation à accumuler du capital diminue au fur et à mesure que l’économie croît, et elle disparaît lorsqu’une hausse supplémentaire du stock de capital coûte davantage qu’elle ne rapporte en termes de production.

III. Toute économie atteint à un moment un point où toute augmentation des facteurs de production n’engendrera plus d’augmentation de la production par tête. Ce point correspond à l’état stationnaire, où chaque économie est censée converger à terme.

Cette prédiction étant irréaliste, un facteur supplémentaire doit expliquer la poursuite de la croissance : c’est le progrès technique. Les équations ne permettant pas d’établir son origine, il est exogène au modèle, et ainsi appelé « résidu ».

A

Solow, 1959 et Swan, 1956 (Modèle de)

Modèle constituant toujours aujourd’hui un cadre de référence de l’analyse néoclassique de la croissance.

59
Q

L’objectif social est de maximiser durablement la consommation par tête.

Ce modèle montre qu’il existe bien un taux d’épargne qui maximise la consommation par tête* :

  • ce taux d’épargne optimal est exactement égal au poids du capital dans la fonction de production.

→ Les revenus du capital doivent être réinvestis dans l’économie, tandis que les revenus du travail sont consommés.

* “The rate of saving multiplied by the marginal utility of money should always be equal to the amount by which the total net rate of enjoyment of utility falls short of the maximum possible rate of enjoyment.”

A

Ramsey (Modèle de), 1928, A Mathematical Theory of Saving

60
Q

I. Le modèle de Solow et Swan fournit un cadre théorique cohérent avec la comptabilité de la croissance mais n’est pas réaliste :

Il sous-estime les effets positifs de l’accumulation du capital sur l’accroissement de la population et oublie un facteur de production accumulable, le capital humain.

II. Les dépenses d’éducation doivent donc être traitées comme un investissement et non comme une consommation.

⚠️ Le nouveau modèle proposé est encore imparfait : la croissance à l’équilibre stationnaire ne dépend toujours que de facteurs exogènes, la démographie et le progrès technique.

A

Mankiw, Romer et Weil, 1992

61
Q

Formalisation du learning-by-doing

I. L’action et la pratique permettent de construire empiriquement des savoir-faire et, dans une certaine mesure, des connaissances.

L’entreprise qui investit pour former ses employés à une nouvelle technologie incorporée à une nouvelle génération du capital, rend disponible à d’autres entreprises ce savoir-faire.

II. Cette information est un bien collectif en raison de ses propriétés d’indivisibilité et d’inappropriabilité. Par conséquent, un équilibre concurrentiel peut s’avérer sous-optimal en matière d’invention et de transmission de savoir-faire : le retour sur investissement dans ce domaine est incertain pour une entreprise, d’autant que les salariés sont libres de se faire débaucher (notamment pour un salaire plus élevé), soustrayant ce capital de savoir-faire de l’entreprise qu’ils quittent.

III. L’auteur propose plusieurs solutions dont aucune n’est infaillible :

A

Arrow, 1962 (“The Economic Implications of Learning by Doing”)

62
Q

Les dépenses publiques (éducation, services publics) sont envisagées comme un facteur de production supplémentaire susceptible de bloquer la baisse des rendements marginaux du capital privé.

Néanmoins, la mise à disposition de ce facteur de production introduit une distorsion susceptible d’abaisser le niveau de production.

Le modèle fournit une justification de l’intervention publique en montrant qu’à un certain taux, celle-ci peut conduire la croissance à être positive à long terme, mais il montre aussi que si son coût d’opportunité est trop élevé, il peut être un frein à la croissance.

A

Barro et Sala-ì-Martin (Modèle de), 1995

63
Q

Analyse du processus de destruction créatrice par lequel une innovation majeure conduit à la disparition de la génération précédente de produits ou de procédés.

Les entrepreneurs engagent des ressources pécuniaires et humaines pour trouver et exploiter les technologies nouvelles. Ils risquent à tout instant d’être évincés par une innovation concurrente, mais tant que l’innovation concurrente n’est pas là, l’entreprise innovante fait du profit.

La perspective de ce profit constitue l’incitation à innover, et c’est parce que ce profit est construit sur l’élimination des innovations de la génération précédente que l’auteur parle de destruction créatrice.

A

J. Schumpeter, 1942, Capitalisme, Socialisme et Démocratie

64
Q

I. Les auteurs s’appuient sur le « paradigme schumpeterien », par opposition au modèle de croissance néoclassique :

« La destruction créatrice est ce moteur du capitalisme qui assure le renouvellement permanent et la reproduction, mais qui en même temps génère du risque et des bouleversements qu’il faut savoir réguler et orienter. »

II. Quatre thèses principales :

1° L’innovation est à l’origine de la croissance économique qui elle-même est le socle de l’amélioration du bien-être des sociétés. L’innovation est créatrice de bien-être ;

2° L’innovation produit des effets néfastes sur certains secteurs de la société, ce qui la rend difficile à accepter socialement et politiquement. L’innovation est aussi destructrice de bien-être ;

3° L’État doit produire un contexte institutionnel permettant de favoriser l’innovation tout en protégeant les victimes de l’innovation pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles conditions économiques. L’État est au cœur d’un capitalisme régulé favorisant et rendant acceptable la destruction créatrice. Son rôle est central puisqu’il doit assurer un double équilibre :

  • Il doit assurer un équilibre entre protection des innovateurs par des rentes spécifiques et mise en concurrence des entreprises. Les innovateurs sont encouragés à innover par l’existence de droits de propriété leur octroyant un monopole temporaire (les brevets) et par des investissements spécifiques de l’État (éducation, secteur innovants, etc.). Mais, une fois la juste récompense de l’innovateur reçue, la concurrence doit reprendre ses droits car elle est elle-même favorable à l’innovation lorsque les nouveaux innovateurs cherchent à gagner des parts de marché. La mise en concurrence suppose par ailleurs la lutte contre des rentes illégitimes (non liée à l’innovation) ;
  • L’État doit assurer un équilibre entre l’insécurité endogène au processus d’innovation et la stabilité pour les secteurs qui sont victimes des nouvelles vagues technologiques. L’innovation créé du chômage, de la précarité et des mauvaises conditions de santé, ce qui la rend légitimement contestable à court terme. L’État doit alors protéger les citoyens par des garanties sociales de toutes sortes (assurance chômage, formation professionnelle, système de santé, etc.) ;

4° L’État n’est cependant pas un acteur exempt de défauts, il est capable de collusion avec les intérêts économiques et peut de ce fait protéger des rentes illégitimes au regard de l’efficacité économique. L’enjeu est alors de favoriser une constitution démocratique et, surtout, d’opposer au marché et à l’État un troisième pôle : la société civile. Celle-ci peut par ses choix de consommation, par l’influence dans les entreprises (responsabilité sociale de l’entreprise) ou par des manifestations obliger l’Etat (et le marché) à se réformer dans le sens d’une plus grande prise en compte de l’intérêt général.

III. Dans la conclusion, reprenant la distinction de Daron Acemoglu, James Robinson et Thierry Verdier (Acemoglu et al., 2017), les auteurs contestent l’idée d’avoir à choisir entre un capitalisme féroce (cutthroat capitalism), efficace et féroce pour les individus, et un capitalisme douillet (cuddly capitalism), inefficace économiquement mais protecteur pour les individus. Le capitalisme est le meilleur système économique pour l’intérêt général, mais les forces du marché (innovation et concurrence) doivent être tenues par un État puissant et une société civile jouant son rôle de contrepouvoir.

« Le capitalisme est un cheval fougueux : il peut facilement s’emballer, échappant à tout contrôle. Mais si on lui tient fermement les rênes, alors il va où l’on veut ».

A

Aghion, Antonin, Bunel, 2020, Le pouvoir de la destruction créatrice

65
Q

I. Le taux d’entrée et de sortie (turnover) sur le marché des entreprises aux États-Unis et en Europe sont similaires. Il est plus facile pour des petites entreprises de s’insérer sur un marché, mais la plupart des entreprises en sortent avant d’avoir atteint un niveau de production rentable.

II. Dans les économies développées, un tiers des gains de productivité du travail proviennent du processus de création et destruction, les deux tiers restants se faisant à l’intérieur des entreprises existantes.

III. Les anciennes entreprises contribuent aux gains de productivité en investissant et en substituant du capital au travail, les nouvelles plutôt en augmentant la PGF.

IV. Aux États-Unis, les entreprises naissent petites, mais celles qui survivent font plus que doubler leur effectif en deux ans, tandis qu’en Europe, elles croissent de 10 à 20 % seulement.

A

Bartelsman, Scarpetta et Schivardi, 2003

66
Q

I. Étude empirique menée sur 13 000 entreprises de 1994 à 2004 pour étudier la relation entre la contrainte de crédit et les investissements en recherche et développement (R&D) sur le cycle économique.

II. Les conclusions sont les suivantes :

1° L’investissement en R&D est contre-cyclique en l’absence de contrainte de crédit, mais devient procyclique lorsque les entreprises font face à un durcissement des contraintes de crédits ;

2° Ce résultat est seulement observé pour les entreprises dont les secteurs d’activité reposent davantage sur un financement externe, ou qui se caractérisent par des actifs majoritairement immatériels ;

3° Au sein des entreprises les plus contraintes par le crédit, les chutes d’investissement en R&D durant les récessions n’augmentent pas en proportion durant les phases de reprise.

A

Aghion et al., 2012, Credit Constraints and the Cyclicality of R&D Investment: Evidence from France

67
Q

I. Une concurrence accrue et la menace de nouvelles entrées obligent les entreprises existantes à investir pour faire face à cette pression concurrentielle.

II. Une politique sectorielle ciblant la production peut améliorer la situation si elle est compatible avec le maintien de la concurrence.

A

Aghion et al., 2012, Industrial Policy and Competition

68
Q

Exemple de « dépendance au sentier » (Path Dependency) :

1° Adopté dans les années 1870 par l’un des premiers fabricants de machines à écrire, la société Remington, le clavier QWERTY minimisait le risque d’enchevêtrement des touches quand l’utilisateur frappait rapidement. Il a été repris par tous les concurrents, alors même que les études ont montré qu’il n’était pas optimal ;

2° Le système DSK (Dvorak Simplified Keyboard), breveté en 1932, qui permettait de frapper beaucoup plus vite, n’a pas réussi à le supplanter. Le système QWERTY s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui sur les claviers d’ordinateurs, alors que la raison initiale de son existence a disparu depuis bien longtemps.

A

Paul David, 1985, “Clio and The Economics of QWERTY : The constraints of history”

69
Q

I. Une voiture Honda est faite de 20 à 30 000 éléments produits par des centaines d’entreprises différentes.

L’idée révolutionnaire d’Henry Ford, dont le rêve d’autosuffisance totale dans la production automobile fut réalisé dans son usine située au confluent des fleuves Rouge et Detroit (États-Unis), s’est révélée être à contre-courant de l’histoire de l’économie.

Les décennies passant, l’idée d’intégrer verticalement toutes les étapes de la production s’est montrée inadaptée aux objectifs des entreprises transnationales (ETNs).

II. Les gains de productivité sont devenus de plus en plus dépendants de la division internationale du travail entre entreprises, qui vendent des inputs intermédiaires à d’autres entreprises, générant un réseau complexe de relations commerciales.

A

Bartelme et Gorodnichenko, 2015

70
Q

I. Modèle de croissance développé en 1987 puis amélioré en tenant compte des critiques. Il repose sur quatre idées inspirées de Schumpeter :

1° La croissance de long-terme résulte de l’innovation. Sans innovation, l’économie est stationnaire. L’économie stationnaire prévaut avant le capitalisme et fonctionne à l’image d’une boucle fermée se reproduisant à l’identique ;

2° L’innovation ne tombe pas du ciel et est un processus éminemment social. Elle résulte en effet de décisions d’investissement de la part des entrepreneurs. Contrairement aux classiques et à la vision marxiste, l’entrepreneur de Schumpeter ne se rattache à aucun groupe social particulier. Il est celui qui innove (Schumpeter distingue les inventeurs et les entrepreneurs qui innovent). Il répond aux incitations positives ou négatives données par les institutions et les politiques publiques : ainsi, un pays qui connaît l’hyperinflation ou une protection des droits de propriété insuffisante découragera l’innovation ;

3° Le concept de destruction créatrice : les nouvelles innovations rendent les innovations antérieures obsolètes ;

4° La croissance de la productivité peut être engendrée soit par l’innovation « à la frontière » soit par l’imitation de technologies plus avancées. Plus un pays se développe (c’est-à-dire se rapproche de la frontière technologique), plus c’est l’innovation qui devient le moteur de la croissance et prend le relais de l’accumulation du capital et du rattrapage technologique (de l’imitation).

II. A. Le taux de croissance de la production dépend :

  • de la probabilité qu’une innovation découle de la recherche ;
  • de la taille de cette innovation ;
  • de la taille de l’économie (l’innovation rapporte davantage sur un grand marché) ;
  • de la part des profits dans la valeur ajoutée : une part élevée incite à l’innovation, car la rente correspondante est importante.

B. → L’effort d’innovation est moindre quand :

  • l’innovation est facilement réplicable (absence de système de brevets) ;
  • la concurrence est forte sur le marché des biens (la rente d’innovation diminue).
A

Aghion et Howitt (Modèle de), 1992

71
Q

I. Le commerce, via la réduction des barrières commerciales et les progrès des technologies de la communication, a contribué à mondialiser les chaînes de valeur globales (CGV).

Ce phénomène a renforcé la concurrence et élevé la productivité d’ensemble.

II. Les CGV ont tendance à s’organiser au niveau régional.

A

Baldwin, 2016, The Great Convergence

72
Q

I. La différenciation des produits est une stratégie visant à introduire une distinction entre, d’une part, le produit fabriqué et vendu par l’entreprise et, d’autre part, les produits des concurrents.

Le but est de réduire l’âpreté de la concurrence quand il y a homogénéité des produits proposés par les différentes entreprises, et donc quand il y a substituabilité entre eux. Le producteur qui différencie son produit réussit ainsi à s’approcher des conditions du monopole (production assurée par une seule entreprise), même si celui-ci est limité dans l’espace et dans le temps.

II. Ce comportement reproduit par plusieurs entreprises sur un marché conduit à une situation de concurrence monopolistique.

A

Edward Chamberlin, The theory of monopolistic competition, 1933

73
Q

I. Modèle de concurrence monopolistique, appliquant la théorie de Chamberlin à l’organisation industrielle.

II. Revisité par Krugman dès 1980, il a fondé un important corps de théories économiques sur le commerce international, la croissance et la géographie économique.

Il peut être intégré à d’autres modèles, afin de prendre par exemple en compte la préférence du consommateur pour la diversité.

A

Dixit et Stiglitz, 1977

74
Q

I. Impulsion théorique au développement de la nouvelle économie géographique, qui étudie les différences de taux de croissance selon les régions. Il s’appuie sur le modèle Dixit-Stiglitz (1977) pour lui conférer une dynamique spatiale.

II. Les entreprises se regroupent en fonction de données :

  • Géographiques : accès aux voies de communication, aux ressources naturelles, à l’eau potable ;
  • Culturelles : langue, système politique ;
  • Industrielles : proximité des fournisseurs, accès aux consommateurs, externalités de savoir-faire.

La spécificité de l’économie géographique est l’introduction de coûts de transport, qui permettent de moduler les forces de concentration.

III. L’arbitrage des entreprises se fait entre :

  • Concentrer leurs activités en un seul lieu pour exploiter les économies d’échelle ;
  • Ou diversifier leurs implantations pour réduire les coûts de transport.
A

Krugman, 1991, “Increasing Returns and Economic Geography”

75
Q

I. Hypothèse d’une relation « en cloche » entre le niveau de développement d’un pays et la dispersion de ses revenus individuels :

  • Les inégalités seraient faibles dans les pays pauvres (pays africains) et dans les pays riches (Europe) mais élevées dans les situations intermédiaires (Amérique latine) ;
  • Le développement s’accompagnerait d’une augmentation temporaire des inégalités.

II. Cette hypothèse est importante pour penser les arbitrages que le développement économique peut induire.

A

Kuznets (Courbe de), 1955

76
Q

I. La constitution d’une base de données sur le revenu et la propriété immobilière à travers plusieurs pays ne permet pas de valider la courbe de Kuznets.

II. Les auteurs mettent en évidence une forte relation entre la croissance à long terme et l’inégalité initiale du revenu et de la propriété foncière :

1° L’inégalité réduit la croissance du revenu pour les pauvres mais pas pour les riches. La relation n’est ainsi pas significative dans les pays riches.

⚠️ Les auteurs rejettent la causalité inverse, soit l’hypothèse de Kuznet.

2° Ils concluent que des politiques publiques facilitant l’accès aux actifs des pauvres a pour double effet d’améliorer la croissance et de réduire la pauvreté.

A

Deininger et Squire, 1998, New ways of looking at old issues: inequality and growth

77
Q

I. Le cycle de vie des technologies gouverne à la fois l’importance des capacités individuelles requises et le degré des inégalités de revenus.

Sur le second point, l’innovation technologique explique les inégalités, en ce qu’elle en crée au sein des secteurs, autant qu’entre secteurs, des rentes provisoires inégalement réparties.

II. A contrario, il est nécessaire de laisser se développer initialement les inégalités, sous peine de contrarier le progrès technologique. La recherche institutionnelle de l’égalité doit intervenir lorsque le progrès technologique est dans sa phase de maturité.

A

Galor et Tsiddon, 1997

78
Q

Dans la majorité des pays de l’OCDE, la croissance du PIB depuis le début des années 1980 s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités de revenus. Cet accroissement est dû en grande partie à des changements technologiques favorisant les plus qualifiés.

En effet, le progrès technique, en stimulant l’embauche de travailleurs qualifiés et en détruisant simultanément des emplois dans les secteurs en déclin (progrès technique biaisé), explique en partie cette augmentation des inégalités.

A

Causa et al., 2014

79
Q

I. D’après les enquêtes Gallup menées depuis 2008, 10 % de la population mondiale (soit 700 millions de personnes) souhaiterait émigrer. L’auteur insiste sur l’actualité de cette question des migrations internationales.

II. A. Les migrations internationales entraînent des tensions dans un monde qui à la fois se dit ouvert, qui estime légitime que tout individu cherche à maximiser son revenu, mais qui privilégie toujours le développement économique dans son espace national et par ailleurs estime normal de traiter différemment natifs et étrangers.

B. Les traitements inhumains infligés aux travailleurs étrangers dans les pays du Golfe sont souvent dénoncés (et notamment les saisies de passeport qui en font quasiment des esclaves), mais la critique des traitements qu’ils subissent dans leurs propres pays (Sri Lanka, Népal, Inde, Pakistan) est beaucoup moins audible. Pourtant, les mouvements migratoires vers le Golfe peut laisser penser qu’ils y trouvent de meilleures conditions.

A

Milanovic, 2016, Global Inequality

80
Q

Le progrès technique est un déterminant essentiel d’un nouveau cycle de Kuznetz, probablement durable, d’augmentation des inégalités au sein des pays riches.

Cependant, le pic des inégalités de ce second cycle devrait être moins élevé que le précédent, en raison des institutions en place (stabilisateurs automatiques notamment).

⚠️ Il s’agit d’une conjecture.

A

Milanovic, 2016

81
Q

I. Dans un modèle sous hypothèse de plein-emploi :

Les plus aisés ayant une proportion à l’épargne plus importante, un accroissement des inégalités et de la part dans le revenu national des plus aisés augmente, toutes choses égales par ailleurs, l’épargne et par conséquent l’investissement et la croissance.

Les riches épargnent en effet plus que les pauvres : l’accroissement des inégalités se révèle alors favorable au taux de croissance, à condition que la richesse accumulée par la fraction la plus riche de la population soit investie dans les industries qui dégagent les gains de productivité (« théorie du ruissellement » de la richesse sur l’ensemble de l’économie).

En d’autres termes, il faut :

1° que l’augmentation du revenu des plus aisés ne s’accompagne pas d’une baisse équivalente de leur épargne ;

2° que l’augmentation d’épargne se traduise par une augmentation de l’investissement productif ;

3° et que l’augmentation de l’investissement se traduise par une augmentation de la croissance (et non pas seulement par une croissance plus capitalistique).

A

Kaldor, 1957

82
Q

I. L’augmentation des inégalités est aussi un facteur de risque de stagnation séculaire, par l’excès d’épargne qu’il implique :

  • Le taux d’intérêt naturel, auquel le désir d’épargne et le désir d’investissement sont égaux à la pleine capacité des facteurs de production (plein-emploi, pleine utilisation des équipements), est négatif ;
  • La consommation est trop faible pour permettre l’utilisation complète des facteurs de production.

→ La croissance est donc plus faible que son potentiel.

II. La non-utilisation complète des facteurs de production peut réduire le potentiel de croissance par des effets d’hystérèse.

A

Larry Summers, 2014

83
Q

Les inégalités de salaires, qui proviennent d’inégalités dans les rendements de l’éducation, encouragent l’offre de compétences, et même si ce n’est pas désirable en soi, cela peut augmenter le niveau de vie pour tout le monde.

A

Deaton, 2013

84
Q

Les moins favorisés accroîtraient leur endettement pour soutenir leur consommation lorsque leur revenu stagne. Le gouvernement peut être tenté de réagir à une hausse des inégalités par un assouplissement des conditions de crédit pour les ménages les plus pauvres, ce qui peut finalement conduire à des situations de surendettement.

📚 Empiriquement contesté par (2°).

A

Rajan, 2010

Cournède et Denk (2017)

85
Q

I. La financiarisation peut se définir comme la prise par la finance d’une place de plus en plus grande dans la vie économique. Elle est observable au travers des indicateurs de la comptabilité nationale, par exemple la place de la valeur ajoutée du secteur financier dans le PIB.

II. A. La financiarisation se traduit généralement par une augmentation des inégalités (b. ?) : les ménages les plus aisés profitent le plus des opportunités offertes par le crédit, y ayant un meilleur accès. Par conséquent, à l’opposé de l’hypothèse de (c. ?), il apparaît que l’accumulation du crédit contribue au creusement des inégalités.

B. L’exploitation d’une base de microdonnées en zone euro montre que l’hypothèse de (c. ?) ne s’y confirme pas (a.).

III. Une plus grande place pour les actions cotées dans le financement de l’économie se traduit aussi par davantage d’inégalités de revenu (a.).

A

a. Cournède et Denk, 2017
b. Cournède et Denk, 2015
c. Rajan, 2010

86
Q

L’augmentation des inégalités qui a réduit les revenus des 95 % du bas de la pyramide a commencé autour de 1980. Pour stabiliser son niveau d’endettement, ce groupe aurait dû réduire la proportion de son revenu consacré à la consommation, ce qu’il n’a pas fait jusqu’en 2006, et son endettement a drastiquement augmenté, contrairement au top 5 % des revenus. Durant la Grande récession, la réduction attendue s’est produite, avec la baisse de la consommation du bottom 95 %.

Cette accentuation des inégalités et le niveau de demande qui en découle expliquerait en partie la lenteur de la reprise.

A

Cynamon et Fazzari, 2015

87
Q

I. Proposition d’un modèle théorique avec des citoyens inégalement dotés en capital et où l’imposition finance l’investissement public et la redistribution.

II. Plus les inégalités augmentent, plus le taux d’imposition augmente également et plus la croissance se réduit. Ceci ne vaut seulement que pour des niveaux élevés d’imposition : l’imposition et les dépenses publiques qui sont associées à des niveaux plus faibles d’inégalités augmentent la croissance.

En effet, plus la répartition primaire des revenus est inégalitaire, plus l’électeur médian vote en faveur d’une fiscalité redistributive, jusqu’au point où le taux de prélèvement sur les revenus élevés, qui redistribue la rente vers le facteur travail et la consommation des plus pauvres, devient un frein à l’accumulation de capital et donc à la croissance.

A

Alesina et Rodrik, 1994

88
Q

Proposition d’un modèle théorique dans lequel la dispersion des revenus augmente le risque de conflits entre groupes sociaux à propos de la répartition des profits et crée un « dilemme du prisonnier » dans lequel aucun de ces groupes ne veut contribuer à la création de richesses.

Au fur et à mesure que les inégalités s’accroissent, l’électeur médian est de plus en plus incité à réclamer des redistributions importantes, ce qui décourage les investissements.

A

Bénabou, 1996

89
Q

Étude de l’interaction réciproque entre la montée des débats populistes des années 2010 dans les pays développés et l’affaiblissement du soutien à l’ouverture commerciale, voire aux fondements de l’économie de marché.

Ce contrecoup de la mondialisation était prévisible, mais la forme qu’il a été amené à prendre l’était moins. L’aile gauche et l’aile droite des populismes sont distincts et la première a prospéré en Amérique latine, la seconde en Europe.

Selon l’auteur, « [c]e qui paraît une réaction raciste ou xénophobe peut trouver ses racines dans des angoisses ou des bouleversements de nature économique ».

A

Rodrik, “Populism and the economics of globalization”, 2017

90
Q

Constitution et étude d’une base de données très riche sur le revenu et la propriété immobilière à travers plusieurs pays :

1° La relation entre les inégalités (mesurées par l’indice de Gini de la distribution des revenus) et le taux de croissance dépend du niveau de développement : elle est négative pour un PIB par tête faible ou au contraire élevé, et positive dans les situations intermédiaires ;

2° Ce ne sont pas les inégalités de revenus qui contrarieraient la croissance, mais les inégalités de dotations initiales (notamment la distribution des terres).

A

Deininger et Squire, 1998

91
Q

Les auteurs testent deux canaux : le canal de l’investissement en actifs pour les pauvres et celui de la participation politique.

Ils trouvent que l’inégalité foncière a un effet significatif sur l’investissement en capital humain et par conséquent sur l’investissement et la croissance :

  • L’inégalité et la croissance sont endogènes : les 20 % les plus pauvres bénéficient de la croissance à moyen terme ;
  • L’inégalité initiale est défavorable aux pauvres mais pas aux riches ;
  • L’investissement est associé à plus de croissance pour tous mais bénéficie davantage aux pauvres qu’aux riches ;
  • Une diminution d’un écart-type de l’inégalité initiale de propriété foncière augmente la croissance du revenu du quintile inférieur de 1,05 % par an. Par comparaison, une augmentation d’un écart-type de l’investissement l’augmente de 1,8 %.

→ La conclusion est qu’en termes de lutte contre la pauvreté, il vaut mieux créer de nouveaux actifs plutôt qu’essayer de redistribuer ceux déjà existants.

A

Deininger et Squire, 1998, “New ways of looking at old issues: inequality and growth”

92
Q

I. Une augmentation de 5 points du Gini (différence entre les Etats-Unis et le Gabon en 2005) réduit le taux de croissance moyen annuel d’un demi-point de pourcentage.

Une augmentation de 1 point du Gini réduit de 7 % la durée moyenne anticipée des épisodes de croissance.

II. En revanche, sauf dans les cas extrêmes, les politiques de redistribution n’ont pas d’effet négatif sur la croissance.

A

FMI, Ostry et al., 2014, Redistribution, Inequality and Growth

93
Q

I. L’innovation est positivement associée à une hausse des inégalités tirée par les hauts revenus, mais aussi à une plus forte mobilité sociale. Les barrières à l’entrée diminuent les effets des entrants sur l’innovation et la mobilité sociale.

Cependant, de plus forts taux de marge pour les entreprises en place peuvent conduire à plus d’inégalités sociales et moins d’innovation.

II. Par conséquent, l’innovation et l’existence d’inégalités ne sont pas nécessairement corrélés. En revanche, la mobilité sociale est associée à l’innovation.

A

Aghion et al., 2016

94
Q

Les institutions sont définies comme « les règles du jeu dans la société ou, plus formellement, les contraintes créées par les hommes qui régissent les interactions humaines ».

A la suite de Coase, l’auteur met l’accent sur les coûts de transaction qu’induit un environnement institutionnel de faible qualité et insiste sur l’importance de la sécurité des contrats.

Les institutions ont donc joué un grand rôle pour permettre la Révolution industrielle. Le décollage des futurs pays avancés doit presque tout au développement des brevets, qui ont rendu possibles les innovations.

A

North, 1990

95
Q

Théorie de l’origine juridique :

Les pays comme la France et ses anciennes colonies, s’inscrivant dans une tradition de droit civil héritée du droit romain, souffriraient d’un Etat pesant, voire spoliateur, d’une réglementation faisant obstacle à l’initiative économique – bref d’institutions moins flexibles qui conduisent à un développement moins rapide.

Au contraire, le Royaume-Uni et ses anciennes colonies, qui ont hérité d’une Common Law fondée sur la jurisprudence, bénéficieraient d‘institutions plus flexibles et d’une meilleure protection des droits de propriété.

📚 Legal Origins Theory. Cf. “La Legal Origins Theory : droit, économie, idéologie”, Vandenbulke, 2017/1, RIDE

A

La Porta, Lopez-de-Silanes, Shleifer et Vishny, “The Quality of Government”, 1999

96
Q

I. En se fondant sur la typologie de la Legal Origins Theory (pays de common Law d’une part, pays de civil Law d’autre part, dans laquelle on distingue entre droit scandinave, germanique et français), étude de données de 49 pays pour examiner les différentes protections juridiques des actionnaires et des créanciers offertes ces systèmes juridiques.

II. A. Les pays de common law offrent les meilleurs niveaux de protection des actionnaires, tandis que les pays de droit civil français les plus mauvais. La concentration dans la propriété des actions des plus grandes sociétés publiques est négativement corrélée avec la propriété des investisseurs, ce qui est cohérent avec l’hypothèse selon laquelle la place des petits porteurs d’origines diverses tend à se réduire dans les pays protégeant mal leurs droits.

B. En l’absence de sécurité des contrats, le droit civil rendrait donc nécessaire la finance d’intermédiation, tandis que la common Law accompagnerait mieux le développement de la finance de marché et protégerait mieux les actionnaires minoritaires.

A

La Porta, Lopez‐de‐Silanes, Shleifer and Vishny, “Law and Finance”, 1998

97
Q

I. Il est seulement possible de mesurer le niveau de protection de la propriété en se fondant sur le sentiment de protection exprimé par les propriétaires, mais il n’est pas possible d’en inférer quelles régles, législations ou institutions spécifiques permettent d’obtenir ce résultat.

II. A. Ainsi, en Russie, un investisseur bénéficie en principe de la pleine protection d’un régime de droits de propriété privée, contrôlée par un système judiciaire indépendant.

En Chine, il n’y a aucune protection de ce genre, car la propriété privée n’a pas été (jusqu’à une date très récente) reconnue légalement et les tribunaux n’y sont certainement pas indépendants.

B. Et pourtant, du milieu à la fin des années 1990, les investisseurs ont constamment donné de meilleures notes à la Chine qu’à la Russie en matière d’État de droit.

Ils se sentaient mieux protégés en Chine qu’en Russie.

→ Il y a loin entre la théorie (les institutions et le droit – cf La Porta et al., 1998, 1999) et la réalité. La littérature empirique ne dit pas comment la sécurité des investisseurs est atteinte, mais seulement qu’elle importe.

A

Rodrik, 2004

98
Q

I. Notion de distance à la frontière :

Pour les pays les plus éloignés de la frontière technologique (représentée par l’économie la plus avancée à un instant donné), le progrès technique passe surtout par l’adoption de technologies existantes (l’imitation) et les institutions propices à la croissance sont celles qui favorisent cette adoption.

II. Mais plus on se rapproche de la frontière, plus il est important d’encourager l’innovation et de mettre en place des institutions spécifiques : protection de la propriété intellectuelle, financement de projets, incitation aux investissements risqués, etc. Le cadre institutionnel doit rester flexible.

A

Acemoglu, Aghion et Zilibotti, 2006

99
Q

Un des enseignements des crises financières de 1997-1998 dans les pays émergents est que la libéralisation des mouvements de capitaux ne doit pas être recommandée à tous les pays, comme l’OCDE et le FMI le croyaient avant ces crises, mais seulement à des pays déjà développés et dont les institutions financières sont robustes.

A

Kose et al., 2006

100
Q

Les indicateurs de la base de données de la Banque mondiale pour évaluer la qualité de la gouvernance sont les suivants :

1° La qualité de la démocratie représentative ;

2° La stabilité politique ;

3° L’efficacité de l’administration ;

4° La qualité de la réglementation ;

5° Le respect de l’Etat de droit ;

6° La lutte contre la corruption.

A

Kaufman, Kraay et Mastruzzi, 2008