Etudes 04 - Bénassy-Quéré Flashcards
I. Lors de la crise asiatique de 1997, les sorties nettes de capitaux :
- provenant des cinq pays les plus touchés, en l’occurrence la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et la Corée ;
- ont dépassé en quelques mois les 100 milliards de dollars, soit environ 10 % de leur PIB agrégé.
II. Deux théories s’opposent habituellement sur les causes de cette crise :
1° Les déséquilibres structurels et la faiblesse des politiques macroéconomiques ;
2° Les modifications arbitraires des anticipations du marché.
III. Seule une synthèse de ces deux positions peut expliquer la complexité de la crise. Celle-ci résulte de l’interaction entre une faiblesse structurelle et des marchés internationaux de capitaux volatiles : une supervision insuffisante des secteurs de la banque et de la finance et la transmission rapide de la crise entre des pays liés par le commerce et le crédit à court terme.
IV. Le rôle joué dans la crise conduit à reposer la question de la vitesse optimale du développement financier, étant préférable de développer les outils de supervision financière et bancaire avant de s’ouvrir au commerce extérieur.
Pesenti et Tille, 2000
Les crises de change de troisième génération qui sont survenues à partir de juillet 1997, d’abord en Thaïlande, puis dans d’autres économies d’Asie orientale, ainsi qu’au Brésil et en Russie, ont reposé sur le secteur financier :
1° Ces pays avaient en commun de s’être endettés en dollars, souvent à court terme ;
2° Par conséquent, une dévaluation de la monnaie avait pour effet d’alourdir la charge de la dette libellée en monnaie étrangère ou de stopper net les entrées de capitaux.
Corsetti, 1998
Mise en évidence de la notion de crise jumelle
I. La crise jumelle désigne une crise de change et une crise bancaire conjointes :
- Les craintes sur la solvabilité des emprunteurs peuvent provoquer une sortie de capitaux (et donc une crise de change) ;
- Réciproquement, une crise de change peut provoquer une crise bancaire lorsque les banques se sont endettées en monnaies étrangères sur le marché international de capitaux.
II. La crise jumelle éclate lorsque les investisseurs internationaux perdent confiance dans cet ensemble.
Krugman, 1999
Les variables ayant le plus grand pouvoir prédictif d’une crise de change sont :
- Les réserves de change ;
- Le taux de change réel ;
- Le taux de croissance du crédit ;
- Le niveau du PIB ;
- Le solde courant.
⚠️ Remarque du manuel : néanmoins ce modèle, comme les autres visant à anticiper les crises de change, est assez peu performant pour prévoir les crises : pour une crise prédite (signal), il y a de nombreuses fausses alertes (bruit).
Frankel et Saravelos, 2012
I. Selon la théorie néoclassique, les pays émergents devraient fournir de meilleurs rendements que ceux, décroissants, des pays riches.
II. Pourtant, la plupart des mouvements de capitaux ont plutôt été des flux « Nord–Nord » entre pays riches plutôt que « Nord–Sud ».
III. Remise en question de la contribution de la mobilité des capitaux au développement économique à long terme, notamment dans les études qui ont suivi.
Lucas (Paradoxe de), 1990
Proposition d’instaurer une taxe sur les transactions de change, afin de décourager les fluctuations excessives de flux de capitaux à court terme.
Tobin, 1978
Les contrôles de capitaux font partie de la boîte à outils et leur usage peut s’avérer adéquat sous certaines conditions.
⚠️ Cependant, ils ne doivent pas se substituer aux ajustements macro-économiques nécessaires, comme l’ajustement du taux de change.
FMI, 2012, “The Liberalization and Management of Capital Flows : An Institutional View”
À partir d’une estimation économétrique réalisée sur un panel d’économies émergentes de 1995 à 2008 :
Il est mis en évidence que les contrôles sur les entrées de capitaux, accompagnés de mesures prudentielles visant à limiter les bulles de crédit, sont efficaces pour réduire la vulnérabilité de ces pays aux conséquences éventuelles d’un arrêt brutal des entrées de capitaux.
Ostry et al., 2012
Il n’est pas souhaitable de conserver durablement des contrôles de capitaux :
1° Les taxes type Tobin ou les obligations de mise en réserve à la chilienne (en vigueur au Chili de 1991 à 1998) ne sont pas suffisantes pour décourager les sorties de capitaux lorsque les anticipations de dépréciation de la monnaie nationale deviennent fortes ;
2° Les taxes et les contrôles administratifs peuvent être contournés grâce aux innovations financières et à l’existence de paradis fiscaux ;
3° Il est très difficile de distinguer les « bons » des « mauvais » flux de capitaux a priori : tous seront pareillement pénalisés.
Garber et Taylor, 1995
La mobilité du travail joue un rôle important dans l’ajustement aux chocs asymétriques aux États-Unis, et beaucoup moins en Europe.
Blanchard et Katz, 1992
Mise en évidence d’un effet très positif d’une union monétaire sur le commerce entre les pays qui en sont membres.
⚠️ Cette théorie n’aura pas beaucoup de suite, l’article lui-même étant critiqué pour l’usage biaisé des statistiques sur lesquels il se fonde (certaines étant laissées de côté), les inversions de causalité et les erreurs de spécifications du modèle (Baldwin, 2006).
Rose (effet), 2000
I. Critique des travaux de Rose. Ce dernier confondrait les unions monétaires avec des baguettes magiques : il suffit qu’elles touchent le commerce intra-zone et ce dernier augmente de 5 % à 1 400 %.
II. Étude de l‘effet Rose au sein de plusieurs unions monétaires :
L’euro est associé par l’auteur à une augmentation du commerce au sein de la zone euro, depuis sa mise en place, de l’ordre de 5 à 10 %.
Baldwin, 2006
Depuis l’introduction de l’euro, les échanges intra-zone n’ont pas significativement augmentés.
Cependant, le volume des échanges peut-être un indicateur trompeur : d’autres paramètres comme la réglementation, le cadre juridique, les impôts ou la barrière de la langue peuvent influer sur ce volume.
L’euro a probablement joué un rôle positif en la matière en ce qu’il a contribué à maintenir des prix plus bas et moins volatiles, et spécialement dans la zone euro.
Fontagné et al., 2009
Étude empirique mettant en évidence un effet pro-concurrentiel de l’euro, qui a abouti à une convergence des prix du commerce intra-zone de biens et services :
Avant la mise en place de la monnaie unique, les prix dans la zone euro étaient de 15 % plus élevés que dans le reste de l’Union européenne ; après 1999, l’écart passe à 8,1 %.
⚠️ Néanmoins, cet effet est beaucoup moins important qu’aux États-Unis.
Martin et Méjean, 2010
I. La littérature économique n’a pas été capable d’arrêter une position claire sur la réalité de l’effet Rose, notamment au sein de la zone euro. Ses effets sur le commerce ont été considérés, selon les études, comme allant de nuls à plutôt positifs.
II. Ces résultats non concluants s’expliquent d’abord parce que la recherche n’a pas su écarter les biais endogènes impliqués par la participation à une union monétaire (liens historiques et institutionnels par exemple).
III. Une union monétaire, en diminuant les frais de transaction, sera d’autant plus efficace que le commerce y est déjà développé notamment via des accords de libre-échange. Il y a ici renversement de causalité.
⚠️ Les variables à étudier font donc ici défaut.
Head et Mayer, 2014
I. Un grand pays a une probabilité plus faible de choisir un régime de change fixe qu’un petit pays.
II. Conformément à ce que le triangle d’incompatibilité suggère, les contrôles de capitaux accroissent la probabilité de choisir un régime de change fixe.
III. Pour les pays en développement, la probabilité d’un régime de change fixe augmente positivement avec le PIB par habitant, les réserves officielles en pourcentage des importations et l’endettement extérieur rapporté au PIB.
IV. Pour les économies avancées, une forte concentration des exportations est associée à un régime de change fixe.
Ghosh, 2014
En septembre 2000, confrontée à des pressions à la baisse contre l’euro, la Banque centrale européenne a cherché à intervenir sur les marchés dans une action coordonnée avec les autorités monétaires des Etats-Unis, du Japon, du Canada et du Royaume-Uni, pour un montant de 6 Md€. Un mois plus tard, la baisse du taux de change de l’euro reprenait.
Pour les auteurs, ces interventions n’ont eu d’effet qu’à court terme sur les dynamiques des taux de change et aucun au delà, ce qui leur permet de conclure à leur inefficacité.
Frenkel et al., 2001
Remise en cause de l’efficacité des interventions de change lorsque celles-ci sont stérilisées*, ce qui est généralement le cas dans les économies avancées.
⚠️ Ces interventions semblent accroître plutôt que réduire l’instabilité des cours.
* Une intervention stérilisée est une intervention de la Banque centrale qui n’implique pas de changement dans la base monétaire nationale.
Sarno et Taylor, 2001, “Official intervention in the foreign exchange market : Is it effective and, if so, how does it work ?”
Au moyen d’une étude empirique portant sur des données de la Federal Reserve et de la Bundesbank, les auteurs mettent en évidence un troisième canal de transmission de la politique de change*, l’effet de signal :
1° Même lorsque la plupart des agents qui interviennent sur le marché jugent une monnaie désalignée, la présence de chaînes mimétiques ou de chartistes peut retarder le retour vers l’équilibre ;
2° Par conséquent, même une intervention stérilisée peut avoir un effet significatif sur le taux de change, en jouant sur les anticipations : l’effet de l’intervention de la banque centrale sur le taux de change est renforcé quand il est connu du public.
* Les deux canaux traditionnels de transmission des interventions sur le taux de change sont le canal monétaire et l’effet de portefeuille.
Dominguez et Frankel, 1993
I. En tant que monnaie internationale à l’époque de l’étalon-or, le dollar devait satisfaire deux objectifs inconciliables :
1° La stabilité, car le dollar servait d’étalon de mesure pour les monnaies et les marchandises ;
2° L’abondance, puisqu’il constituait un moyen de règlement international et un instrument de réserve.
II. Les flux sortants de capitaux pour abonder les échanges conduisaient à une appréciation de la monnaie, donc à une hausse du coût des exportations et un déficit chronique de la balance commerciale.
III. La détérioration de la balance commerciale ne pouvait que conduire à une perte de confiance dans la monnaie :
- La monnaie de référence censée être gage de stabilité (« as good as gold »), perdait peu à peu en fiabilité et devenait paradoxalement moins attractive et de moins en moins « de référence » ;
- Une telle dynamique aurait conduit à terme à déclencher de la volatilité et des crises autoréalisatrices qui rend, à terme, le système monétaire international instable.
⚠️ Les États-Unis ne pouvaient équilibrer leur balance commerciale, sous peine de priver les agents de liquidités, de bloquer leurs échanges et de les voir rechercher une autre monnaie de référence.
Triffin (paradoxe de), 1960, Gold and the Dollar Crisis: The Future of Convertibility
I. Les fonctions traditionnelles de monnaie* que remplit une monnaie de réserve internationale sont peu séparables les unes des autres.
II. Mise en évidence d’un effet de réseau de la monnaie :
La monnaie revêt un caractère auto-renforçant ou auto-justifiant, les coûts de transaction devenant plus bas et le degré de convertibilité de la monnaie plus élevé.
→ Ceci rend la relation entre l’utilisation d’une monnaie et ses déterminants non linéaire, car ces externalités peuvent être à l’origine d’une inertie à court terme qui maintient l’utilisation d’une monnaie au niveau international (dollar), alors même que les autres déterminants ont changé.
* « it is a medium of exchange, a unit of account, and a store of value »
Krugman, 1984
I. Par l’étude du remplacement de la livre sterling par le dollar, les auteurs démontrent qu’une monnaie de réserve internationale n’est pas éternelle, et que ce qui s’est déjà produit peut se produire à nouveau. Le glissement intervient lorsque les avantages de la monnaie de réserve en charge n’apparaissent plus incontournables.
Par ailleurs, il y a de la place pour plus d’une monnaie de réserve dans le système monétaire international.
II. Sur la période 1947-2013, les effets de réseau jouent beaucoup moins après 1973, ce qui pourrait être défavorable au dollar à l’avenir, alors que l’inertie se renforce comme déterminant des monnaies de composition des réserves de change.
Chitu, Eichengreen et Mehl, 2014
I. Les cinq conditions pour qu’une monnaie devienne internationale :
1° Être émise par un grand pays ou une grande zone monétaire ;
2° Être utilisée pour libeller des actifs échangés sur des marchés profonds et liquides ;
3° Être stable sur les plans interne (inflation) et externe (taux de change stable ou du moins ne se dépréciant pas tendanciellement) ;
4° Bénéficier d’un environnement réglementaire sécurisant et d’une stabilité financière ;
5° Être soutenue par des attributs de pouvoir non économiques (force militaire, place dans les forums internationaux, etc.).
II. L’euro remplit bien le premier, le troisième (rôle de la BCE) et le quatrième critères, mais pas le deuxième, car son secteur bancaire est trop développé et ses marchés financiers trop fragmentés et surtout pas le dernier, l’influence géopolitique de l’europe en tant que telle faisant défaut, contrairement à celle des États-Unis.
III. L’euro a donc jusqu’à présent échoué à prendre le rôle de monnaie de réserve internationale. La fenêtre de tir pourrait se refermer avec la montée du renminbi.
Bénassy-Quéré, 2015
L’inadéquation entre un système monétaire international unipolaire et une économie réelle multipolaire est l’une des causes ayant mené à la crise financière mondiale de 2008 :
1° Ainsi, si les banques européennes ont fortement développé leurs activités internationales, elles l’ont fait en dollar et non en euro, en finançant le commerce et les infrastructures en dollar dans les grands pays émergents ;
2° Cette dépendance au dollar s’est révélée un facteur de fragilité pour la zone euro : à partir de 2007, les financements privés s’étant taris, la BCE a dû prêter aux banques européennes des dollars qu’elle empruntait elle-même à la Fed.
⚠️ Le système monétaire contribue donc à l’instabilité financière.
Ivashina, Scharfstein et Stein, 2012
La crise financière de 2008 a été suivie d’un déficit durable de demande agrégée.
Gourinchas et Rey, 2016
I. Que les investisseurs internationaux perdent confiance dans la solvabilité des États-Unis, ou qu’ils anticipent une monétisation massive des dettes américaine, ces deux comportements peuvent entraîner un crash du dollar.
II. Pour prévenir ce risque, il faut développer des sources alternatives de liquidités internationales :
- soit par l’internationalisation d’autres monnaies ;
- soit par le développement des DTS pour prendre la place du dollar.
Mateos y Lago, Duttagupta et Goyal, 2009
Filet mondial de sécurité financière (Global Financial Safety Net)
L’ensemble des mécanismes nationaux, bilatéraux, régionaux ou multilatéraux existant pour absorber d’éventuels renversements des flux de capitaux privés.
L’ensemble de mécanismes et d’instruments visant à procurer une assurance pour prévenir ou traiter les crises de balance des paiements en fournissant de la liquidité internationale. Il se compose des réserves de change, des accords de swap entre banques centrales, des ressources du FMI, et des arrangements financiers régionaux.
Il atteignait 10 000 Md de DTS, soit 13 000 Md$ fin 2020
FMI, Perks et al., 2021
I. Les déterminants principaux d’une monnaie internationale sont :
1° L’inertie : la formation d’habitudes, des coûts irrécupérables, des rendements croissants liés aux réseaux ou un manque de solutions alternatives crédibles. Il explique le décalage de 70 ans entre le moment où les États-Unis sont devenus la première économie mondiale et où le dollar a détrôné la livre sterling ;
2° Le poids économique : les monnaies des économies les plus grandes en termes de production et d’échanges internationaux, dont les marchés financiers sont les plus profonds et les plus liquides, tendent à être utilisées internationalement. L’incitation, pour un agent économique, à accepter la monnaie émise par un pays donné dépend de la fréquence de ses échanges commerciaux avec les résidents de ce pays ;
3° La crédibilité : les monnaies stables, d’un point de vue domestique et extérieur, sont attrayantes pour les non-résidents comme réserves de valeur.
II. Un système monétaire multipolaire serait sans doute souhaitable.
A. Le risque parfois avancé d’instabilité d’un système monétaire multipolaire, par des retraits massifs d’agents craignants pour la valeur future de leurs avoirs, serait limité :
- par le degré de substituabilité entre les monnaies de réserve ;
- par les politiques des gestionnaires de réserves officielles, dotés d’une vision de long terme et plus enclins à la recherche de la stabilité ;
- comme l’ont montré la crise financière de 2008 et la crise des dettes souveraines, même lorsque des pays émetteurs de réserves doivent faire face à des chocs de grande ampleur, la capacité de rééquilibrage des portefeuilles de réserves peut rester limitée.
B. Il y a des avantages à la multipolarité :
- elle contribuerait à résorber d’éventuelles pénuries d’actifs sûrs dans la mesure où l’offre de ces actifs pourrait être plus élastique pour répondre aux besoins croissants de l’économie mondiale et à la demande des économies de marché émergentes ;
- elle serait un facteur de discipline plus important pour les politiques des émetteurs de monnaie de réserve, qui devraient s’employer à résoudre rapidement toute détérioration de leurs fondamentaux face aux pressions découlant de l’existence de concurrents.
III. L’évolution vers la multipolarité est de toute façon probable, compte tenu des développements de l’euro et du renminbi.
Cœuré, 2015, Le rôle international de l’euro: théorie, pratique, et perspectives
En 2019, 134 Md€ (13 % de l’impôt collecté) auraient manqué dans la collecte de la TVA au sein de l’Union européenne, avec de fortes disparités (34,9 % en Roumanie, 1 % en Croatie et 1,4 % en Suède).
Ce chiffre est en baisse constante depuis 2013, où il avait atteint 168 Md€.
Une part repose sur les entreprises en difficulté ou en faillite et incapables de rembourser la TVA collectées. Une part reste due aux fraudes.
Commission européenne,VAT Gap Report, 2021
I. En 2013, plus de 60 % des dépôts en Suisse détenus par des non-résidents « appartenaient » aux îles Vierges, à Jersey et à Panama, conduisant à une perte de recettes fiscales en 2013 de 190 Md$ au niveau mondial et 75 Md$ pour l’Europe.
20 % des profits américains, soit dix fois plus que dans les années 1980, étaient logés dans les principaux paradis fiscaux, 10 % de la richesse des ménages européens y était placée. En tout, 10 % du PIB mondial y séjournait.
II. L’auteur préconise :
- La transparence sur le patrimoine détenu, comme dans certains pays scandinaves où l’impôt sur le revenu payé par chaque contribuable est public ;
- Une taxe sur les exportations suisses en France, en Allemagne et en Italie coûterait plus à la Suisse que ce que ses banques gagnent par l’évasion fiscale sur des sommes en provenance de ces trois pays.
Zucman, 2014
I. Les pays à bas revenus collectent généralement en imposition entre 10 et 20 % du PIB, tandis que la moyenne des pays à forts revenus est supérieure à 40 % :
L’une des raisons en est que le fractionnement ethnique a un impôt négatif sur les recettes fiscales en proportion du PIB : un faible sentiment d’identité nationale réduit la capacité du gouvernement à lever l’impôt.
II. Dans les pays les moins avancés, il vaut mieux se concentrer sur le développement que sur l’amélioration du système fiscal.
Besley et Persson, 2014
I. Aux Etats-Unis, les droits de douane sont de facto payés par les consommageurs :
- Les fortes hausses de droit de douane sur les importations américaines en 2018-2019 se sont répercutées entièrement sur les prix à l’importation pour les entreprises et les consommateurs américains ;
- à l’exception de l’acier, dans lequel les entreprises étrangères exportatrices ont considérablement diminué leurs marges.
II. Les résultats sont surprenants, étant donné que la théorie économique enseigne que des droits de douane conduisent normalement les entreprises étrangères à baisser leurs prix.
Amiti, Redding et Weinstein, 2020
📚 Étude empirique fondée sur des hypothèses de concurrence parfaite, avec une approche néoclassique de recherche de la perte de bien-être et des estimations en équilibre partiel.
A. En 1990, les droits de douane sur les importations de jus d’orange étaient de 20 % en équivalent ad valorem.
Les auteurs calculent une perte sociale pour les consommateurs américains de 70 millions de dollars, soit 13 % de la consommation de jus d’orange.
B. Les coûts nets en bien-être pour préserver les emplois aux États-Unis par des politiques commerciales protectionnistes sont extrêmement élevés :
- Ils sont estimés en moyenne à 54 000 dollars par emploi protégé, ce qui est bien supérieur au coût moyen d’un travailleur ;
- En ce qui concerne le coût aux consommateurs seulement, le prix moyen par emploi protégé est estimé au coût exorbitant de 170 000 dollars.
Hufbauer et Elliott, 1994
Il est préférable de taxer là où offre et demande sont peu sensibles aux prix. En effet, la hausse marginale de l’impôt conduit à des effets de substitution, notamment sous la forme de dépenses. Il faut donc privilégier des agents dont l’activité est moins sensible aux prix.
En d’autres termes, le taux d’imposition sur chaque marché doit être inversement proportionnel aux élasticités-prix compensées de l’offre et de la demande.
⚠️ Cet article a été critiqué car son raisonnement conduit à des situations jugées inéquitables, voire à taxer les plus pauvres en faveur des plus riches : à imposer les produits de première nécessité plutôt que les produits de luxe, le travail plutôt que le capital, les dépenses de santé plutôt que celles de loisirs, etc.
Ramsey (règle de), 1927
I. La réforme russe de l’impôt sur le revenu en 2001 a entraîné une forte baisse du taux marginal supérieur de l’impôt (de 30 à 13 %).
En parallèle, il s’est pourtant produit une augmentation de 25 % des recettes fiscales en termes réels.
II. Cependant, la hausse des recettes n’est pas forcément venue d’un effet Laffer car, dans le même temps :
- un contrôle plus strict de cet impôt avait été mis en place ;
- une forte baisse de cotisations sociales avait été instituée.
Ivanova et al., 2005
Les salaires supportent plus de la moitié de la charge fiscale pesant sur les entreprises au titre de l’impôt sur les sociétés.
Dans cette étude empirique portant sur 55 000 entreprises dans neuf pays européens sur la période 1996 à 2003 :
- Une augmentation de l’impôt sur les sociétés de 1 $ se traduisait par une baisse des salaires de 0,49 $ ;
- à long terme, cette augmentation pouvait même dépasser 100 %.
Ceci s’explique par la plus grande rigidité des investissements en capital physique : en cas de hausse de la fiscalité, une entreprise doit réduire son stock de capital, entraînant une diminution de la productivité du travail et donc une réduction des salaires ou, lorsque les salaires sont au plancher du salaire minimum, de l’emploi.
⚠️ Il s’agit uniquement d’effets directs sur la masse salariale, les effets indirects (baisse de l’investissement par exemple) n’ayant volontairement pas été étudiés ici.
Arulampalam et al., 2012
Une taxe sur l’épargne peut avoir in fine un effet opposé à l’effet anticipé :
- une taxe sur le capital augmente le coût du capital relativement à l’emploi, ce qui peut induire des effets de substitution favorables à l’emploi ;
- mais elle a pour effet de réduire les revenus du travail à long terme.
Feldstein, 2005
I. A. Travaux pionniers sur la fiscalité optimale, en matière d’impôt sur le revenu :
L’objectif retenu était une fonction d’utilité sociale définie comme la somme pondérée de niveaux individuels de bien-être, avec des coefficients de pondération inversement proportionnels aux revenus des individus.
B. La fonction est maximisée sous deux contraintes :
- Une contrainte de revenu de l’État (la recette fiscale à collecter pour financer les biens publics) ;
- Une contrainte dite « d’incitation », qui prend en compte l’effet des taxes sur l’incitation au travail.
II. Il y a un arbitrage à réaliser entre :
- La nécessité de taxer d’autant plus les individus que leur productivité est élevée, dans un objectif de redistribution ;
- Et l’incitation des plus productifs à travailler moins en cas de hausse du taux de l’impôt.
III. La structure de l’imposition optimale sur le revenu dépend de la distribution des compétences dans la population et des préférences entre le travail et le loisir.
Mirrlees, 1971
Mise en évidence des systèmes de taxation optimaux
I. Il est particulièrement difficile de mesurer l’élasticité de l’offre de travail, ce qui rend difficile de chercher dans la théorie de la fiscalité optimale un profil précis de taux marginaux d’imposition.
Pour autant, les coûts liés à l’inefficacité du système fiscal sont potentiellement élevés.
II. La théorie de la taxation issue des années 1970 ne doit pas seulement prendre en compte le fait que les individus peuvent y résister, mais également le caractère coûteux de la nature coercitive de la collecte des prélèvements.
Le cadre d’analyse considérait jusque là les agents économiques comme bienveillants vis-à-vis de la réglementation fiscale, alors que l’auteur démontre qu’aucune structure fiscale ne peut être mise en place sans dispositif coercitif de collecte fiscale.
Or, la commodité à lever un impôt devrait être un critère pris en compte pour déterminer une bonne politique fiscale.
Slemrod, 1990
Proposition de taxer les activités présentant des externalités négatives.
Nombreux exemples : par exemple, les émissions des cheminées londoniennes pour lutter contre le smog.
Arthur Pigou, The Economics of Welfare, 1920
(→ taxe pigouvienne)