Etudes 01b - Bénassy-Quéré Flashcards

1
Q

Persson et Tabellini, 1990

A

Un parti politique incertain de sa réélection va être fortement incité à surinvestir dans le domaine qu’il privilégie, et à freiner les dépenses de son successeur en lui léguant une dette publique élevée.

Plus le pays est divisé et l’alternance fréquente, plus élevée sera la dette publique.

L’endettement public est positivement corrélé au degré d’instabilité politique.

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2
Q

Bertrand (duopole de), 1883

A

I. A. Modèle supposant la présence de deux entreprises, les « duopoleurs », qui proposent un prix pour le bien qu’elles produisent à des consommateurs qui se comportent en « preneurs de prix ».

B. Si les entreprises annoncent des prix plutôt que des quantités (offres de biens) alors, à l’équilibre sur ce marché, le prix unitaire est égal au coût marginal :

Les entreprises font un profit égal à celui de la concurrence parfaite.

Il suffirait donc que deux entreprises se livrent à une « guerre de prix » pour que le résultat « concurrentiel » s’impose. Ce qui va à l’encontre du discours usuel selon lequel ce résultat n’est atteint que s’il y a « beaucoup » d’entreprises, chacune étant « petite » (« atomistique »).

II. A. Il en ressort également un paradoxe : les deux entreprises, qui ont un pouvoir de marché important, se retrouvent néanmoins dans une situation équivalente à la situation concurrentielle dans laquelle elles n’ont aucun pouvoir de marché et les profits sont nuls.

B. Ce résultat extrême ne semble pas permettre d’expliquer la réalité : la plupart des industries duopolistiques sont caractérisés par des profits substantiels. C’est néanmoins une bonne référence théorique et conceptuelle, et un résultat d’autant plus intéressant à comprendre qu’il n’est pas validé par l’examen des faits.

III. En effet, c’est précisément parce que l’équilibre du duopole est si mauvais pour les entreprises que celles-ci font tout pour y « échapper », ce qui explique les stratégies mises en place pour réduire les incitations à baisser les prix, et ainsi se sortir de l’environnement qui caractérise cette situation. Par exemple :

  • différenciation des produits : plus les produits sont différenciés, plus l’élasticité de la demande diminue, et donc la tentation de baisser les prix pour être moins cher que le concurrent.
  • collusion : si les deux entreprises maximisent leur profit joint, elle n’ont plus de raison de baisser leur prix pour être moins cher que le concurrent ;
  • contraintes de capacité : si les entreprises ont des contraintes de capacité, elles n’ont plus de raison de faire baisser leur prix une fois leur capacité maximale de production atteinte, puisqu’elles sont de toute façon incapables de servir la demande supplémentaire générée par la baisse du prix.
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3
Q

Hotelling, 1929

A

I. A. Modèle — apparemment simple — où la différenciation des produits est caractérisée par la distance qui sépare les acheteurs des vendeurs : il s’agit d’un continuum de biens substituables.

B. L’auteur imagine une plage sur laquelle sont répartis uniformément des baigneurs ; ceux-ci sont disposés à acheter un cornet de glace à l’un des deux vendeurs qui se trouvent en deux points différents de la plage (cf. schéma).

C. Une discontinuité peut apparaître chez les acheteurs. Ainsi, de la demande qui s’adresse à A : si B diminue progressivement son prix, ou si A augmente le sien, alors tous les baigneurs qui s’adressaient à A se tournent vers B (tel est le cas, notamment, pour ceux qui se trouvent à l’extrémité gauche de la plage ; ce sont eux qui sont à l’origine de la discontinuité).

II. A. La seconde étape du modèle consiste à étudier ce qui se passe lorsque les marchands se déplacent (le degré de substitution des biens varie). Pour cela, on calcule leurs profits aux prix ; ces profits ne dépendent que des distances ; ils augmentent lorsqu’on fait croître celles-ci à partir de 0, car les vendeurs tirent alors parti du fait qu’ils ont une clientèle « relativement » captive.

B. Toutefois, au fur et à mesure que les marchands se rapprochent, ils accentuent la « guerre des prix », dans le but de conquérir le plus de clientèle possible. A la limite, s’ils se trouvent tous deux à la même place, ils ne peuvent que proposer le même prix, et pour que celui-ci soit d’équilibre, il faut qu’il soit égal à son coût unitaire — comme dans le duopole de Bertrand.

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4
Q

Duncan Black, 1948

A

Modèle de l’électeur médian :

Si, pour des élections, il n’y a que deux partis, un de gauche et un de droite, chaque parti emportera toujours le vote des électeurs les plus extrémistes situés de son côté.

Le gagnant est donc celui qui s’aligne sur les préférences de l’électeur médian.

Les deux partis sont incités à faire tendre leurs programmes vers le centre.

→ Selon le théorème de l’électeur-médian : le gagnant est indéterminé, puisque les deux partis ont adopté le même programme politique.

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5
Q

Arrow, 1951, Social Choice and Individual Values

A

Théorème d’impossibilité d’Arrow

I. _Confirmation mathématique du *paradoxe de Condorcet* (1785), relatif à la non-transitivité de l’expression des préférences collectives_ :

Pour exprimer une préférence par vote, en présence d’au moins trois critères de choix (c’est-à-dire la nécessité de choisir entre A, B ou C), il n’existe pas de mécanisme de vote permettant de déterminer un ordre indépendamment de la façon dont il a été présenté aux électeurs (un seul vote sur les trois simultanément par exemple, ou bien les deux meilleurs, puis le meilleur, etc.) ;

2° Là où Condorcet considérait qu’il n’existe pas de système simple pour parvenir à un choix exprimant la préférence sociale de ceux qui participent à ce vote, il est ici démontré qu’il n’y en a pas du tout, à l’exception de la dictature.

II. ⚠️ Rapproché du second théorème du bien-être (dont Arrow est également l’auteur), il indique les limites de l’hypothèse de rationalité standard : elle n’est pas adaptée à la production d’un choix social, quel que soit le mécanisme dans lequel on l’applique (cf. Lengaigne et Postel, 2004).

https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2004-2-page-388.htm

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6
Q

Maskin et Tirole, 2004, The Politician and the Judge : Accountability in government

A

I. Le recours à la solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision.

II. La décision technocratique se justifie lorsque :

1° La matière est très technique ;

2° Les préférences sociales sont stables ;

3° Les critères de performance bien définis ;

4° Les décisions n’impliquent pas d’arbitrer entre des objectifs antagonistes.

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7
Q

Alesina et Tabellini, 2007

A

I. La solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision – notamment en cas de problèmes de crédibilité et d’incohérence temporelle.

II. A. Pour autant, si ces problèmes touchent la politique étrangère, personne n’imagine la confier à une agence. Ceci s’explique par la fréquence des changements de situations dans cette matière et, par conséquent, la fréquence des décisions à adopter, qu’un gouvernement démocratiquement responsable est seul légitime à prendre.

B. → Dans un tel cadre, les préférences sociales ne sont pas stables et les critères de performance pas définis du tout.

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8
Q

Persson, 1998

A

I. Modélisation de l’interaction entre mécanisme de vote et décision publique en fonction des régimes politiques.

II. A. Mise en évidence du processus d’adoption d’un budget auprès d’une assemblée dans un régime parlementaire. Si un parlementaire a la maîtrise de l’ordre du jour, il va proposer :

des dépenses élevées pour sa circonscription ;

des dépenses modérées en faveur du reste de la coalition nécessaire pour adopter le projet de budget ;

des dépenses nulles pour les autres.

III. ⚠️ Le modèle est cependant limité : il est (trop) simple et ne tient pas compte des préférences des acteurs.

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9
Q

Shleifer et Vishny, 1993, “Corruption”

A

1° La structure des institutions politiques est un déterminant important de la corruption des décideurs politiques ;

2° L’illégalité et le secret qui entourent la corruption la rendent plus coûteuse que la taxation.

→ Ces propositions expliquent pourquoi dans des pays moins avancés, la corruption est si élevée et coûteuse pour le développement.

⚠️ Selon les auteurs du manuel Politique économique :

  • le fait que l’existence de la corruption soit un indicateur de la mauvaise gouvernance ;
  • son lien avec un impact négatif sur le développement ;

→ sont généralement reconnus et assez facilement théorisés. Mais ils sont cependant rarement vérifiés à l’aide des données empiriques, malgré la reconnaissance par tous que la corruption est répandue dans le monde.

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10
Q

Haldane, 2012

A

En matière de régulation financière :

- les règles sont souvent stables dans le temps et lient les mains des décideurs ;

  • Par conséquent, elles peuvent conduire à des réactions inadaptées dans des états de la nature qui n’ont pas été prévus.

D’après l’auteur, « Les réglementations du passé cherchaient à refléter le risque. Les réglementations du futur devront chercher à refléter l’incertitude ».

⚠️ Il n’en va pas de même en macroéconomie (cf. Kydland et Prescott, 1977) et en matière de politique monétaire (cf. Barro et Gordon, 1983).

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11
Q

Hoekman, 2015

A

La stabilisation (voire la décrue) relative (en pourcentage du PIB) du commerce international, à partir du milieu des années 2000, peut être attribuée :

  • en partie à des facteurs cycliques ;
  • mais aussi à des aspects structurels, notamment la fin de la fragmentation des chaînes de valeur mondiales.

⚠️ Pour autant, l’ouverture internationale reste élevée.

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12
Q

FMI, Perspectives de l’économie mondiale, 2013

A

Entre 1977 et 2012, une hausse d’impôts de 1 % du PIB aux États-Unis entraînait, sur trois ans :

  • Une contraction de la production aux États-Unis d’environ 2,5 % ;
  • Une baisse de la production dans les pays d’Amérique latine d’environ 1,75 %.
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13
Q

McCallum, 1995

A

Démonstration de l’effet frontière

I. Le commerce entre deux provinces canadiennes était en moyenne 22 fois supérieur à celui entre une province canadienne et une province américaine voisine.

II. L’auteur estime que l’entrée en vigueur au 1er janvier 1994 du traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (Accord de libre-échange nord-américain, ALENA) n’y changerait pas grand chose.

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14
Q

Mayer et Zignano, 2005

A

Démonstration de l’*effet frontière*

Dans l’Union européenne :

  • Où les droits de douane internes ont été entièrement éliminés ;
  • Où les obstacles administratifs au commerce sont proscrits ;

→ Les villes et les régions commercent 10 fois plus entre elles quand elles appartiennent à un même État membre.

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15
Q

Chaney, 2014, “The Network Structure of International Trade”

A

I. Éliminer tous les droits de douane et barrières réglementaires ne suffit pas à rendre un territoire parfaitement intégré.

II. En effet, des frictions subsistent :

  • Des barrières légales et informationnelles qui constituent des obstacles résiduels, invisibles, mais puissants ;
  • Le fait que les entreprises, qui ne peuvent exporter que sur les marchés où elles disposent d’un contact, ne cherchent pas toujours ce contact directement, mais s’adressent à leur réseau déjà existant de contacts.
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16
Q

Cœurdacier et Rey, 2008

A

Illustration du *biais national*

L’année de publication de cette étude :

  • 77 % des portefeuilles américains étaient investis en titres américains ;
  • Alors que l’ensemble des titres américains ne représentaient que 33 % des titres mondiaux.
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17
Q

Gollier et Tirole, 2015

A

Pour traiter les problèmes environnementaux au travers de négociations :

  • L’approche fondée sur les engagements volontaires ne permet que des déclarations communes et des promesses, ne conduisant qu’à davantage prolonger l’attente ;
  • Il faut en revenir aux fondamentaux et fixer le juste prix du carbone.
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18
Q

Bhagwati, 2010, A new approach to tackling climate change, Financial Times

A

Les pays en développement font valoir :

  • que le stock de gaz à effet de serre présent dans l’atmosphère a été accumulé principalement par les pays développés. L’auteur relève que sur les 36 pays riches qui ont signé l’annexe 1 du Protocole de Kyoto en 1997, presque aucun n’avait rempli ses objectifs ;
  • qu’on ne peut, par conséquent, demander aux pays en développement d’atténuer leurs émissions au stade actuel de leur développement économique. Au contraire, les pays riches, qui ont une obligation de réparer les dommages causés par l’environnement aux pays pauvres, devraient financer des transferts de technologie à destination des pays en développement pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre.
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19
Q

Albert Tucker, 1950, “A two-person dilemma”

A

Origine de la métaphore du prisonnier pour le dilemme inventé la même année par Dresher et Flood à la Rand Corporation.

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20
Q

Axelrod, 1984

A

Formalisation de la stratégie « Coopération-réciprocité-pardon »

I. Dans une situation de dilemme du prisonnier, l’équilibre coopératif peut être atteint de manière stable dans des jeux répétés à l’infini, à condition qu’une simple règle de rétorsion soit mise en œuvre :

si l’un des joueurs triche, l’autre répond au tour suivant par l’absence de coopération.

II. ⚠️ Dans un environnement concurrentiel, c’est le joueur qui adopte la stratégie tit-for-tat (« donnant-donnant ») qui emporte la compétition.

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21
Q

Frankel et Rockett, 1988

A

I. En matière de relations économiques internationales, si des décideurs se coordonnent alors qu’ils ne partagent pas la même représentation philosophique des mécanismes économiques (“they do not agree on the correct macroeconomic model”), l’ampleur des gains attendus de la coordination internationale est alors réduite, voire négative.

II. A. Les différences sur la représentation philosophique de l’économie peuvent compliquer la coordination et des accords éloigner les parties des objectifs qu’elles recherchent.

B. Il est préférable de ne pas se coordonner lorsqu’on ne connaît pas avec certitude les mécanismes économiques.

⚠️ Pourtant, les gouvernements peuvent se coordonner malgré des désaccords, lorsqu’ils sont convaincus que le bien-être de leur pays en sera amélioré.

22
Q

Martin Feldstein, 1988

A

I. Il vaut mieux ne pas coordonner de bonnes politiques que coordonner de mauvaises politiques.

II. En effet, la coordination peut être considérée comme une forme de collusion qui entrave une concurrence salutaire entre politiques économiques :

1° La coordination peut se limiter à la stabilisation des taux de change alors que l’équilibre économique mondial nécessiterait plutôt des modifications de parité ;

Les problèmes de coordinations peuvent constituer des alibis permettant aux gouvernements de rejeter leurs mauvais résultats sur leurs partenaires : comment, par exemple, demander à Bonn ou Tokyo de prendre des décisions permettant de réduire le déficit américain ?

Des obstacles constitutionnels peuvent s’opposer à la possibilité de participer à des accords de coopération.

23
Q

Obstfeld et Rogoff, 2002

A

Modèle canonique de la nouvelle macroéconomie keynésienne sur la faiblesse de l’utilité de la coordination des politiques monétaires, notamment en raison de l’amélioration des institutions de politique monétaire au niveau intérieur.

Même dans un monde de forte interdépendance économique, le manque de coordination n’est pas toujours un problème, en raison de l’amélioration continuelle des institutions de politiques monétaires au niveau intérieur. Cette évolution peut rendre les mécanismes de coordination partielle superflus, voire contre-productifs.

⚠️ Des travaux ultérieurs ont cependant pu remettre en cause ce premier résultat, qui reste discuté.

24
Q

Jacquet, Pisani-Ferry et Tubiana, 2002, Gouvernance mondiale, rapport du CAE

A

Les institutions financières et commerciales internationales seraient mieux acceptées par l’opinion des pays avancés, si des organisations spécialisées en charge de l’environnement, de la santé et du travail disposaient de compétences et de moyens à la hauteur des problèmes posés par le réchauffement de la planète, les grandes pandémies ou les migrations internationales.

25
Q

Olson, 1969

A

Règle de l’équivalence budgétaire (ou financière)

I. A. La fourniture d’un bien public par un niveau de gouvernement le plus proche possible des utilisateurs permet un gain d’efficacité.

B. C’est pourquoi le niveau d’administration et de financement d’une politique publique devrait coïncider avec son aire d’incidence géographique.

II. En d’autres termes (dixit Pisani-Ferry) la bonne répartition des compétences devrait être telle que soient éliminées aussi bien les externalités que les « internalités » (cas où l’aire d’incidence est plus étroite que la circonscription d’administration et de financement), parce que les unes comme les autres réduisent le bien-être.

III. ⚠️ Cette règle ne comporte en elle-même aucun biais centralisateur ou décentralisateur.

26
Q

Oates, 1972, Fiscal federalism

A

I. Théorème de décentralisation :

En l’absence d’externalités et d’économies d’échelle, la décentralisation est toujours préférable ou au moins équivalente à la centralisation, parce que la décision locale satisfait mieux les préférences des contribuables locaux.

II. En effet :

1° Les décideurs locaux ou régionaux détiennent une information de meilleure qualité sur la demande locale en bien public et sa capacité contributive ;

2° Ce qui augmente l’adéquation entre la demande, l’offre de service public et son financement.

27
Q

Alesina, Angeloni, Etro, 2005

A

Théorie des unions internationales

I. La participation à une union économique internationale résulte d’un compromis entre hétérogénéité des préférences et externalités positives.

II. La production d’un bien public international peut faire ou non l’objet d’une coopération.

A. Si chaque pays détermine indépendamment le niveau de production du sien, il néglige les bénéfices qu’en tirent ses partenaires et choisit un niveau de production sous-optimal.

B. En cas de coordination, tout dépend du mode de scrutin de la décision :

1° Si la décision est prise à la majorité simple, cf. théorie de l’électeur médian ;

2° Si la décision est prise à l’unanimité, c’est la préférence du pays moins favorable au bien public qui l’emporte : exemple du Royaume-Uni qui s’est toujours opposé à l’extension de droits sociaux ou à une durée hebdomadaire maximale du travail.

28
Q

Egger et al., 2016

A

I. Observation de données permettant de mettre en perspective la coopération fiscale en Europe.

II. A. Entre 1994 (période à partir de laquelle le commerce international connaît un développement particulier, avec la création de l’OMC) et 2007 (avant la crise de 2008), les salariés des classes moyennes ont vu leurs taux moyens d’imposition effectifs augmenter en moyenne de 1.5 % dans les pays de l’OCDE, alors que les revenus les plus élevés (top 1 %) ont connu une baisse de 1,5 %.

B. L’ouverture internationale serait donc une variable explicative, sur la période récente, de l’augmentation de la part des prélèvements supportés par les salariés – IR et cotisations sociales.

III. ⚠️ En raison de la mobilité de la main-d’œuvre qualifiée et des capitaux, une trop grande décentralisation de la fixation des taux d’imposition (ou absence de coopération fiscale) conduit à reporter la charge fiscale sur le travail non qualifié moins mobile.

29
Q

Weingast, 1995

A

Le dilemme politique fondamental d’un système économique est le suivant :

Un gouvernement suffisamment fort pour protéger le droit de propriété et le respect des contrats l’est aussi pour confisquer les richesses des citoyens.

A cet égard, la décentralisation est une garantie contre le pouvoir confiscatoire de l’Etat.

30
Q

Emmerson et al., 2016

A

L’appartenance à un marché unique contribue de façon significative à l’augmentation de la productivité, du PIB et du revenu, y compris par rapport à une zone de libre échange.

31
Q

Padoa-Schioppa, 1987

A

La justification économique du projet d’union monétaire est qu’on ne peut avoir en même temps :

  • un grand marché où biens et capitaux circuleraient sans entraves ;
  • une stabilité des changes ;
  • des politiques monétaires distinctes.
32
Q

McDougall (rapport), 1977

A

Un projet d’union monétaire devrait être accompagné de la mise en place d’un budget à hauteur de 5-7 % du PIB, et de 7,5 à 10 % si la défense était inclue.

Comme le risque de chocs asymétriques affectant un pays ne peut être exclu, une coordination peut devenir contre-productive et un certain degré de fédéralisme budgétaire doit être conservé pour offrir la flexibilité nécessaire.

33
Q

Alesina et Wacziarg, 1999

A

I. Évaluation de politiques publiques européennes en s’appuyant sur un modèle, utilisé comme benchmark, dans lequel sont comparés :

- les externalités positives pour des pays voisins de la production d’un bien public ;

- et les coûts qu’engendre l’imposition d’une politique homogène à des groupes hétérogènes.

II. Les résultats sont les suivants :

La centralisation en Europe peut se justifier dans certains domaines (comme la centralisation de la politique de pêche) ;

Elle va trop loin dans beaucoup d’autres qui devraient rester des prérogatives nationales, n’étant pas justifiées par des problèmes d’externalités négatives et de passagers clandestins : par exemple, ce n’est pas parce que la Suède déciderait d’augmenter son aide humanitaire aux pays en développement que la France adopterait une position de passager clandestin pour diminuer la sienne ;

Elle ne va pas assez loin en matière de politiques garantissant le libre fonctionnement des marchés à l’intérieur ou au-delà de ses frontières.

34
Q

Van Rompuy et al., 2012

A

L’intégration des politiques économiques devrait être approfondie pour permettre un meilleur fonctionnement de l’Union économique et monétaire.

35
Q

Habermas, 2015, The Lure of Democracy

A

I. L’Union européenne s’est construite par l’effort des politiques, tandis que la population lui restait indifférente, en escomptant simplement un intérêt économique. Elle a tiré sa légitimité de ses résultats, non d’un mandat politique conféré par les citoyens.

II. Mais désormais, l’Union devrait se doter d’une gouvernance plus démocratique et responsable avant de pouvoir continuer l’approfondissement de son intégration économique.

36
Q

Gali, 1994

A

I. Les pays à forte intervention publique tendent à bénéficier de stabilisateurs automatiques plus puissants.

II. Plus la taille de l’État dans la société et l’économie est importante, moins la croissance varie.

37
Q

Rodrik, 2008

A

Les pays faisant face à davantage de risques de fluctuations agrégées (du fait de leur spécialisation géographique ou sectorielle par exemple) tendent à préférer une intervention publique relativement importante (pour une action contracyclique).

38
Q

Romer et Romer, 2010

A

I. A. Méthode dite narrative s’appuyant, pour estimer le solde structurel, sur le recensement des décisions discrétionnaires durant une année.

B. Elle repose sur les mesures décidées et non sur une reconstitution ex post. Elle implique donc de bien savoir évaluer le coût des décisions budgétaires (par exemple l’impact budgétaire d’une baisse d’impôts).

⚠️ Ces estimations peuvent donner lieu à des erreurs, voire à des sur- ou sous-estimations dans l’information préalable délivrée au Parlement par le gouvernement.

II. Cette approche a notamment été utilisée par le FMI (par exemple, Devries et al., 2011).

39
Q

FMI, Devries et al., 2011

A

I. Recours, pour consolider les politiques fiscales de 17 économies de l’OCDE, à la méthode narrative de Romer et Romer (2010), en distinguant au sein des décisions de réduction des déficits publics :

1° celles qui sont motivées par la recherche de la soutenabilité de la dette ;

2° et celles qui visent à stabiliser l’économie.

II. ⚠️ Alternative à la méthode statistique, qui présente plusieurs défauts, notamment celui de ne pas toujours bien rendre compte de l’interaction :

  • entre décision politique : discrétionnaire ou non ;
  • et fluctuation économique : exogène ou non ;

→ en inversant parfois la causalité de leur relation.

40
Q

Carnot et de Castro, 2015

A

I. Approche partiellement narrative :

  • plutôt que d’analyser le solde structurel, qui mesure un résultat ;
  • les auteurs se concentrent sur l’effort budgétaire discrétionnaire, qui cherche à traduire la part des décisions prises pour réduire le déficit structurel.

II. Mise en évidence du fait que les politiques fiscales dans la dernière décennie ont généralement été conduites de manière plus pro-cyclique que ne permet de le constater l’approche statistique traditionnelle :

Les mesures d’assainissement adoptées par un pays ont pu produire des effets d’entraînement négatifs substantiels sur la croissance d’autres pays, en particulier lorsque la conjoncture était le plus défavorable.

41
Q

Romer et Romer, 1989, Does Monetary Policy Matter?

A

Une désinflation entraîne toujours une récession.

42
Q

Blanchard, 2019

A

I. Si le taux d’intérêt réel est durablement inférieur au taux de croissance, les normes d’endettement usuelles perdent leur raison d’être.

II. Par conséquent :

Lorsque le taux d’intérêt sur la dette est plus faible que la croissance nominale du PIB

la dette publique peut être absorbée spontanément, sans besoin de réaliser une consolidation budgétaire.

43
Q

Eichengreen, Hausmann et Panizza, 2002

A

Concept de « péché originel »*

I. Situation d’un pays émergent ou en développement qui se finance en monnaie étrangère, ajoutant un risque de change à la question de la soutenabilité.

II. Par conséquent, ses limites d’endettement raisonnables sont plus basses que celles des pays qui empruntent dans leur propre monnaie.

* Article intitulé « Le péché originel : le calvaire, le mystère et le chemin de la rédemption ».

44
Q

Paul Samuelson, 1953, L’Economique

A

I. La notion de politique budgétaire renvoie surtout à la fonction de stabilisation.

II. Il s’agit de jouer sur les impôts et les dépenses publiques afin :

1° D’amortir les oscillations du cycle économique ;

2° De maintenir un niveau d’emploi élevé ;

3° De contrer les poussées d’inflation ou de déflation.

⚠️ Comprise de cette façon, la politique budgétaire est une création du XXe siècle.

45
Q

Bayoumi, 2000

A

I. Le Japon a recouru de façon répétée à la politique budgétaire comme outil de politique monétaire de 1992 à 1995 et de 1998 à 2000.

II. Les résultats ont été décevants, en raison de l’échec du gouvernement à nettoyer le secteur bancaire, les banques zombies s’avérant incapables de prêter pour relancer l’investissement privé.

46
Q

Cruces et Trebesch, 2013

A

I. La durée de la « mémoire » du marché après un défaut de dette souveraine d’un État fait encore débat dans la littérature empirique.

A. Selon les auteurs, après avoir empiriquement constaté que les gouvernements ayant fait défaut retrouvaient un accès au marché du crédit une année ou deux après avoir cet événement, la littérature économique des années 1980 en a un peu trop vite conclu que les marchés « pardonnaient et oubliaient », et tendaient à ne pas punir la renégociation ou la restructuration des dettes publiques.

B. Les auteurs observent qu’en réalité, les futurs écarts de taux sont corrélés, en taille comme en durée, à l’ampleur de la restructuration. Néanmoins, ces restructurations sont préférables à l’inaction.

II. L’Argentine, au moment de son défaut, fin décembre 2001, a vu sa prime de risque brutalement augmenter. Cette prime est restée à des niveaux très élevés jusqu’à l’accord de restructuration en juin 2005, par lequel ses principaux créanciers privés acceptaient une décote (haircut) de 76,8 %, pour un montant de 60 Md$.

⚠️ Il s’agit de la deuxième plus grande restructuration de l’histoire de la dette publique, puisqu’elle a depuis été dépassée par la restructuration de la dette grecque de 2012, avec une décote de 64,6 % pour un montant de 261 Md$).

47
Q

Reinhart et Trebesch, 2016

A

Les allégements de dette significatifs ont un effet positif sur la croissance :

  • particulièrement lorsqu’elles prennent la forme d’une décote nominale (réduction dans la valeur faciale de la dette) ;
  • plutôt que des formes plus légères de restructuration (par exemple, un simple allègement de sa valeur actualisée nette, en diminuant le taux d’intérêt auquel la dette a été contractée).

Valeur actuelle nette : Encours nominal de la dette moins la somme des obligations futures au titre du service de la dette existante (intérêts et principal)

48
Q

Darvas, Pisani-Ferry, Sapir, 2011

A

I. Historiquement, les pays de l’OCDE n’ont pas durablement enregistré d’excédents primaires supérieurs à six points de PIB.

II. Lorsque les calculs ont montré que la Grèce devrait enregistrer des excédents bien supérieurs pour réduire son endettement, les investisseurs en ont conclu qu’elle était hors d’état de rembourser ses dettes.

49
Q

FMI, 2015, Public debt sustainability analysis

A

La dette grecque n’était pas soutenable à moins d’un excédent primaire de 3,5 % du PIB, ce qui était considéré comme politiquement irréaliste.

⚠️ En 2016, les pays de la zone euro ont accepté un rééchelonnement de la dette, mais seulement à la fin du programme d’ajustement, en 2018, et à condition que celui-ci soit respecté.

50
Q

Reinhart et Rogoff, 2010

A

Étude empirique de la dette publique portant sur 44 pays et deux siècles.

I. Dans les pays développés, il n’y a aucune relation systématique entre l’endettement et l’inflation.

II. Mise en évidence, par une observation de données en longue période (deux siècles), qu’il n’y a aucun lien évident entre endettement et croissance jusqu’à un taux d’endettement de 90 % mais qu’au-delà, la croissance moyenne diminuerait. Il faudrait alors promouvoir des politiques de rigueur, c’est-à-dire de réduction de l’endettement.

⚠️ Cette étude est discutée, notamment en raison du fait que la période de dépassement de 90 % de dette/PIB par les États-Unis correspond à leur engagement dans la seconde guerre mondiale, pour les limites statistiques dans l’exploitation de leurs données par les auteurs.