Etudes 01b - Bénassy-Quéré Flashcards
Persson et Tabellini, 1990
Un parti politique incertain de sa réélection va être fortement incité à surinvestir dans le domaine qu’il privilégie, et à freiner les dépenses de son successeur en lui léguant une dette publique élevée.
Plus le pays est divisé et l’alternance fréquente, plus élevée sera la dette publique.
→ L’endettement public est positivement corrélé au degré d’instabilité politique.
Bertrand (duopole de), 1883
I. A. Modèle supposant la présence de deux entreprises, les « duopoleurs », qui proposent un prix pour le bien qu’elles produisent à des consommateurs qui se comportent en « preneurs de prix ».
B. Si les entreprises annoncent des prix plutôt que des quantités (offres de biens) alors, à l’équilibre sur ce marché, le prix unitaire est égal au coût marginal :
Les entreprises font un profit égal à celui de la concurrence parfaite.
→ Il suffirait donc que deux entreprises se livrent à une « guerre de prix » pour que le résultat « concurrentiel » s’impose. Ce qui va à l’encontre du discours usuel selon lequel ce résultat n’est atteint que s’il y a « beaucoup » d’entreprises, chacune étant « petite » (« atomistique »).
II. A. Il en ressort également un paradoxe : les deux entreprises, qui ont un pouvoir de marché important, se retrouvent néanmoins dans une situation équivalente à la situation concurrentielle dans laquelle elles n’ont aucun pouvoir de marché et les profits sont nuls.
B. Ce résultat extrême ne semble pas permettre d’expliquer la réalité : la plupart des industries duopolistiques sont caractérisés par des profits substantiels. C’est néanmoins une bonne référence théorique et conceptuelle, et un résultat d’autant plus intéressant à comprendre qu’il n’est pas validé par l’examen des faits.
III. En effet, c’est précisément parce que l’équilibre du duopole est si mauvais pour les entreprises que celles-ci font tout pour y « échapper », ce qui explique les stratégies mises en place pour réduire les incitations à baisser les prix, et ainsi se sortir de l’environnement qui caractérise cette situation. Par exemple :
- différenciation des produits : plus les produits sont différenciés, plus l’élasticité de la demande diminue, et donc la tentation de baisser les prix pour être moins cher que le concurrent.
- collusion : si les deux entreprises maximisent leur profit joint, elle n’ont plus de raison de baisser leur prix pour être moins cher que le concurrent ;
- contraintes de capacité : si les entreprises ont des contraintes de capacité, elles n’ont plus de raison de faire baisser leur prix une fois leur capacité maximale de production atteinte, puisqu’elles sont de toute façon incapables de servir la demande supplémentaire générée par la baisse du prix.
Hotelling, 1929
I. A. Modèle — apparemment simple — où la différenciation des produits est caractérisée par la distance qui sépare les acheteurs des vendeurs : il s’agit d’un continuum de biens substituables.
B. L’auteur imagine une plage sur laquelle sont répartis uniformément des baigneurs ; ceux-ci sont disposés à acheter un cornet de glace à l’un des deux vendeurs qui se trouvent en deux points différents de la plage (cf. schéma).
C. Une discontinuité peut apparaître chez les acheteurs. Ainsi, de la demande qui s’adresse à A : si B diminue progressivement son prix, ou si A augmente le sien, alors tous les baigneurs qui s’adressaient à A se tournent vers B (tel est le cas, notamment, pour ceux qui se trouvent à l’extrémité gauche de la plage ; ce sont eux qui sont à l’origine de la discontinuité).
II. A. La seconde étape du modèle consiste à étudier ce qui se passe lorsque les marchands se déplacent (le degré de substitution des biens varie). Pour cela, on calcule leurs profits aux prix ; ces profits ne dépendent que des distances ; ils augmentent lorsqu’on fait croître celles-ci à partir de 0, car les vendeurs tirent alors parti du fait qu’ils ont une clientèle « relativement » captive.
B. Toutefois, au fur et à mesure que les marchands se rapprochent, ils accentuent la « guerre des prix », dans le but de conquérir le plus de clientèle possible. A la limite, s’ils se trouvent tous deux à la même place, ils ne peuvent que proposer le même prix, et pour que celui-ci soit d’équilibre, il faut qu’il soit égal à son coût unitaire — comme dans le duopole de Bertrand.
Duncan Black, 1948
Modèle de l’électeur médian :
Si, pour des élections, il n’y a que deux partis, un de gauche et un de droite, chaque parti emportera toujours le vote des électeurs les plus extrémistes situés de son côté.
Le gagnant est donc celui qui s’aligne sur les préférences de l’électeur médian.
Les deux partis sont incités à faire tendre leurs programmes vers le centre.
→ Selon le théorème de l’électeur-médian : le gagnant est indéterminé, puisque les deux partis ont adopté le même programme politique.
Arrow, 1951, Social Choice and Individual Values
Théorème d’impossibilité d’Arrow
I. _Confirmation mathématique du *paradoxe de Condorcet* (1785), relatif à la non-transitivité de l’expression des préférences collectives_ :
1° Pour exprimer une préférence par vote, en présence d’au moins trois critères de choix (c’est-à-dire la nécessité de choisir entre A, B ou C), il n’existe pas de mécanisme de vote permettant de déterminer un ordre indépendamment de la façon dont il a été présenté aux électeurs (un seul vote sur les trois simultanément par exemple, ou bien les deux meilleurs, puis le meilleur, etc.) ;
2° Là où Condorcet considérait qu’il n’existe pas de système simple pour parvenir à un choix exprimant la préférence sociale de ceux qui participent à ce vote, il est ici démontré qu’il n’y en a pas du tout, à l’exception de la dictature.
II. ⚠️ Rapproché du second théorème du bien-être (dont Arrow est également l’auteur), il indique les limites de l’hypothèse de rationalité standard : elle n’est pas adaptée à la production d’un choix social, quel que soit le mécanisme dans lequel on l’applique (cf. Lengaigne et Postel, 2004).
https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2004-2-page-388.htm
Maskin et Tirole, 2004, The Politician and the Judge : Accountability in government
I. Le recours à la solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision.
II. La décision technocratique se justifie lorsque :
1° La matière est très technique ;
2° Les préférences sociales sont stables ;
3° Les critères de performance bien définis ;
4° Les décisions n’impliquent pas d’arbitrer entre des objectifs antagonistes.
Alesina et Tabellini, 2007
I. La solution technocratique est préférable à la gouvernance politique lorsque l’électorat a une faible probabilité de découvrir quelle était la bonne décision – notamment en cas de problèmes de crédibilité et d’incohérence temporelle.
II. A. Pour autant, si ces problèmes touchent la politique étrangère, personne n’imagine la confier à une agence. Ceci s’explique par la fréquence des changements de situations dans cette matière et, par conséquent, la fréquence des décisions à adopter, qu’un gouvernement démocratiquement responsable est seul légitime à prendre.
B. → Dans un tel cadre, les préférences sociales ne sont pas stables et les critères de performance pas définis du tout.
Persson, 1998
I. Modélisation de l’interaction entre mécanisme de vote et décision publique en fonction des régimes politiques.
II. A. Mise en évidence du processus d’adoption d’un budget auprès d’une assemblée dans un régime parlementaire. Si un parlementaire a la maîtrise de l’ordre du jour, il va proposer :
1° des dépenses élevées pour sa circonscription ;
2° des dépenses modérées en faveur du reste de la coalition nécessaire pour adopter le projet de budget ;
3° des dépenses nulles pour les autres.
III. ⚠️ Le modèle est cependant limité : il est (trop) simple et ne tient pas compte des préférences des acteurs.
Shleifer et Vishny, 1993, “Corruption”
1° La structure des institutions politiques est un déterminant important de la corruption des décideurs politiques ;
2° L’illégalité et le secret qui entourent la corruption la rendent plus coûteuse que la taxation.
→ Ces propositions expliquent pourquoi dans des pays moins avancés, la corruption est si élevée et coûteuse pour le développement.
⚠️ Selon les auteurs du manuel Politique économique :
- le fait que l’existence de la corruption soit un indicateur de la mauvaise gouvernance ;
- son lien avec un impact négatif sur le développement ;
→ sont généralement reconnus et assez facilement théorisés. Mais ils sont cependant rarement vérifiés à l’aide des données empiriques, malgré la reconnaissance par tous que la corruption est répandue dans le monde.
Haldane, 2012
En matière de régulation financière :
- les règles sont souvent stables dans le temps et lient les mains des décideurs ;
- Par conséquent, elles peuvent conduire à des réactions inadaptées dans des états de la nature qui n’ont pas été prévus.
D’après l’auteur, « Les réglementations du passé cherchaient à refléter le risque. Les réglementations du futur devront chercher à refléter l’incertitude ».
⚠️ Il n’en va pas de même en macroéconomie (cf. Kydland et Prescott, 1977) et en matière de politique monétaire (cf. Barro et Gordon, 1983).
Hoekman, 2015
La stabilisation (voire la décrue) relative (en pourcentage du PIB) du commerce international, à partir du milieu des années 2000, peut être attribuée :
- en partie à des facteurs cycliques ;
- mais aussi à des aspects structurels, notamment la fin de la fragmentation des chaînes de valeur mondiales.
⚠️ Pour autant, l’ouverture internationale reste élevée.
FMI, Perspectives de l’économie mondiale, 2013
Entre 1977 et 2012, une hausse d’impôts de 1 % du PIB aux États-Unis entraînait, sur trois ans :
- Une contraction de la production aux États-Unis d’environ 2,5 % ;
- Une baisse de la production dans les pays d’Amérique latine d’environ 1,75 %.
McCallum, 1995
Démonstration de l’effet frontière
I. Le commerce entre deux provinces canadiennes était en moyenne 22 fois supérieur à celui entre une province canadienne et une province américaine voisine.
II. L’auteur estime que l’entrée en vigueur au 1er janvier 1994 du traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis (Accord de libre-échange nord-américain, ALENA) n’y changerait pas grand chose.
Mayer et Zignano, 2005
Démonstration de l’*effet frontière*
Dans l’Union européenne :
- Où les droits de douane internes ont été entièrement éliminés ;
- Où les obstacles administratifs au commerce sont proscrits ;
→ Les villes et les régions commercent 10 fois plus entre elles quand elles appartiennent à un même État membre.
Chaney, 2014, “The Network Structure of International Trade”
I. Éliminer tous les droits de douane et barrières réglementaires ne suffit pas à rendre un territoire parfaitement intégré.
II. En effet, des frictions subsistent :
- Des barrières légales et informationnelles qui constituent des obstacles résiduels, invisibles, mais puissants ;
- Le fait que les entreprises, qui ne peuvent exporter que sur les marchés où elles disposent d’un contact, ne cherchent pas toujours ce contact directement, mais s’adressent à leur réseau déjà existant de contacts.
Cœurdacier et Rey, 2008
Illustration du *biais national*
L’année de publication de cette étude :
- 77 % des portefeuilles américains étaient investis en titres américains ;
- Alors que l’ensemble des titres américains ne représentaient que 33 % des titres mondiaux.
Gollier et Tirole, 2015
Pour traiter les problèmes environnementaux au travers de négociations :
- L’approche fondée sur les engagements volontaires ne permet que des déclarations communes et des promesses, ne conduisant qu’à davantage prolonger l’attente ;
- Il faut en revenir aux fondamentaux et fixer le juste prix du carbone.
Bhagwati, 2010, A new approach to tackling climate change, Financial Times
Les pays en développement font valoir :
- que le stock de gaz à effet de serre présent dans l’atmosphère a été accumulé principalement par les pays développés. L’auteur relève que sur les 36 pays riches qui ont signé l’annexe 1 du Protocole de Kyoto en 1997, presque aucun n’avait rempli ses objectifs ;
- qu’on ne peut, par conséquent, demander aux pays en développement d’atténuer leurs émissions au stade actuel de leur développement économique. Au contraire, les pays riches, qui ont une obligation de réparer les dommages causés par l’environnement aux pays pauvres, devraient financer des transferts de technologie à destination des pays en développement pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre.
Albert Tucker, 1950, “A two-person dilemma”
Origine de la métaphore du prisonnier pour le dilemme inventé la même année par Dresher et Flood à la Rand Corporation.
Axelrod, 1984
Formalisation de la stratégie « Coopération-réciprocité-pardon »
I. Dans une situation de dilemme du prisonnier, l’équilibre coopératif peut être atteint de manière stable dans des jeux répétés à l’infini, à condition qu’une simple règle de rétorsion soit mise en œuvre :
si l’un des joueurs triche, l’autre répond au tour suivant par l’absence de coopération.
II. ⚠️ Dans un environnement concurrentiel, c’est le joueur qui adopte la stratégie tit-for-tat (« donnant-donnant ») qui emporte la compétition.