Listeria monocytogenes Flashcards
Listeria monocytogenes : habitat et niches écologiques ?
→ Bactéries ubiquiste, tellurique, très largement répandue dans l’environnement, et résistante dans le milieu extérieur
- dans l’environnement (sol, eau, égouts, débris végétaux dont les ensilages 10% = réservoir naturel,
- chez les animaux : mammifères domestiqués (mammites chez les ovins, bovins, caprins) ou non, oiseaux, poissons, coquillages.
→ contaminant fréquent de certains aliments, notamment les produits carnés et laitiers, les légumes
Listeria monocytogenes : caractères microbiologqiues
Caractères généraux → Morphologiques - petits bacilles à Gram positif - régulièrement colorés, - non sporulés - non capsulés - immobiles à 37°C mais mobiles à 20°C (ciliature péritriche). - regroupement : isolé ou en chaînettes
→ Culturaux - aérobie-anaérobie facultatif - peu exigeante: gélose nutritive - croissance favorisée sur • gélose au sang avec une colonie translucide entourée d’une ß-hémolyse + zone étroite d'hémolyse complète majorée par S. aureus = camp test NB :Le Camp-test contribue à l'identification des Streptococcus agalactiae (B) et des Listeria • gélose à l'acide nalidixique • milieux biliés ou hypersalés - croissance possible de 4 à 42°C : bactérie psychrophile (« bactérie des frigos »), - catalase + faiblement - oxydase - - hydrolyse rapide de l’esculine. - fermente de nombreux glucides sans production de gaz - toujours D-xylose négative - β hémolytique - L-rhamnose +
→ Particularités :
- grande capacité de survie et de croissance y compris dans les conditions extrêmes de l’environnement : sécheresse, pH 4,5-9, 0-45°C (multiplication y compris aux basses températures et inefficacité de la chaîne du froid), congélations-décongélations successives, hautes concentrations en sels (10 -20%, saumures, bactéries halophiles).
- Ne résiste pas à la pasteurisation, ce qui confirme que le mode de prévention le plus efficace est la cuisson des aliments à risque.
Pouvoir pathogène de Listeria monocytogenes
-Capacité d’envahir et de se multiplier dans les cellules eucaryotes (cellules épithéliales et phagocytaires).
-Principaux facteurs de virulence impliqués dans parasitisme intracellulaire facultatif:
→ internalines (responsable de l’adhésion et de la pénétration dans les cellules),
→ listériolysine O (LLO, hémolysine responsable de la β-hémolyse sur gélose au sang et de la lyse de la vacuole de phagocytose dans la cellule- hôte, permettant la multiplication intracellulaire
Physiopathologie de Listeria monocytogenes
• Transmission
- ingestion d’aliments contaminés à partir des matières premières (végétaux, lait cru, etc.), au cours des différents maillons de la production agroalimentaire ou lors du stockage dans les réfrigérateurs ménagers.
- transmission verticale in utero de la mère à son fœtus par voie transplacentaire suite à une bactériémie maternelle.
• Période d’incubation :
- de quelques jours à plusieurs semaines.
- après ingestion d’aliments contaminés, la bactérie peut franchir plusieurs barrières biologiques (intestinale, hémato-encéphalique et fœto- placentaire), échapper à la phagocytose et se multiplier dans le cytoplasme des cellules eucaryote
↪ survie dans l’organisme
↪ diffusion par voie lymphatique puis sanguine pour atteindre ses organes cibles :
(1) système nerveux central
(2) unité fœto-placentaire en cas de grossesse.
Présentations cliniques de Listeria monocytogenes?
• Chez l’adulte, hors contexte materno-fœtal (nouveau-nés < 28 jours, femmes enceintes):
↪ survient presque toujours dans un contexte d’immunodépression
→ bactériémie (sans signes neurologiques ni présence dans LCR),
→ ou une infection du système nerveux central : méningite, méningo-encéphalite, ou rhomboencéphalite
(signes neurologiques + et/ou LCR +, hémocultures +ou-).
→ autres formes, rares (signes neurologiques -, LCR -, hémocultures +ou-) : péritonites, infections ostéo-articulaires, endocardites, infections cutanéo-muqueuses, etc.
→ gastro-entérites à Listeria monocytogenes
• Infections materno-fœtales
- Chez la femme enceinte, l’infection est en général sans conséquence pour la femme et passe le plus souvent inaperçue.
⚠ devant toute fièvre inexpliquée durant la grossesse ou durant le travail
- Les signes cliniques éventuels se réduisent à un pic fébrile ou un épisode pseudo-grippal non spécifique et de résolution spontanée.
☞ La listériose maternelle peut avoir chez le fœtus ou le nouveau-né, des conséquences différentes en fonction du terme de la grossesse : fausse couche, mort fœtale in utero, accouchement prématuré et infection néonatale parmi lesquelles:
→ formes précoces sévères, d’emblée généralisée, pouvant associer sepsis et atteintes multiviscérales avec foyers granulomateux multiples (granulomatosis infantiseptica)
☞ évolution d’autant plus fatale que l’infection survient tôt dans la grossesse.
→ forme tardive : contamination de l’enfant tardivement, souvent en per-partum ; le nouveau-né naît sain et présente une méningite quelques jours plus tard (généralement > 5j), de pronostic plus favorable.
Epidémiologie de Listeria monocytogenes
- La listériose est une maladie rare en France (incidence entre 3 et 7 cas par millions d’habitants soit environ 300 cas par an)
- mais associée à un fort taux de mortalité (20 à 30%) et de séquelles ; largement supérieur aux autres pathogènes transmis par voie alimentaire.
- évolue sous forme de cas sporadiques, de cas groupés, voire d’épidémies.
- Dans les pays industrialisés, la listériose touche principalement des groupes de populations à risque comme
→ les femmes enceintes et les nouveau-nés (3ème étiologie d’infection néonatale bactérienne après Streptococcus agalactiae et les entérobactéries)
→ les personnes âgées (≥ 60 ans)
→ les personnes dont les défenses immunitaires sont perturbées, à la suite d’un traitement (corticothérapie, chimiothérapie, immunosuppresseur) ou d’une maladie sous-jacente (hémopathie, pathologie chronique, éthylisme, cancer, diabète, cirrhose, …).
Diagnostic microbiologique de Listeria monocytogenes ?
→ Prélèvements
- femme enceinte : hémoculture
- après accouchement d’un enfant infecté ou après avortement : prélèvement vaginal ou lochies (pertes de sang et de caillots survenant dans les jours qui suivent l’accouchement)
- nouveau-né : placenta, liquide gastrique, oreille, hémoculture, LCR, méconium (premières selles)
- adulte : hémoculture, LCR (aspect panaché du liquide avec polynucléaires et lymphocytes, pus)
→ Principaux éléments d’orientation diagnostique
- petits bacilles à Gram positif
- régulièrement colorés,
- non sporulés
- non capsulés
- immobiles à 37°C mais mobiles à 20°C (ciliature péritriche).
- regroupement : isolés ou associés en palissades.
CULTURE - aérobie-anaérobie facultatif - peu exigeante: gélose nutritive - croissance favorisée sur • gélose au sang avec une colonie translucide entourée d’une ß-hémolyse + zone étroite d'hémolyse complète majorée par S. aureus = camp test • gélose à l'acide nalidixique • milieux biliés ou hypersalés - croissance possible de 4 à 42°C : bactérie psychrophile (« bactérie des frigos »), - catalase + - hydrolyse rapide de l’esculine.
→ Particularités :
- grande capacité de survie et de croissance y compris dans les conditions extrêmes de l’environnement : sécheresse, pH 4,5-9, 0-45°C (multiplication y compris aux basses températures et inefficacité de la chaîne du froid), congélations-décongélations successives, hautes concentrations en sels (10 -20%, saumures, bactéries halophiles).
- Ne résiste pas à la pasteurisation, ce qui confirme que le mode de prévention le plus efficace est la cuisson des aliments à risque.
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
- Identification rapide par les nouveaux systèmes de MALDI-TOF couplé à la spectrométrie de masse.
→ Test complémentaires :
☞ Pas de sérodiagnostic fiable
- Dépistage moléculaire éventuel par PCR (utile dans les cas d’une antibiothérapie préalable, de faibles inoculums).
- Sensibilité aux antibiotiques, résistances naturelles et acquises
La listériose humaine est une maladie à déclaration obligatoire ⚠
Résistance aux antibiotiques des Listeria monocytogenes ?
⚠ Sensibilité à de nombreux antibiotiques dont amino-pénicillines et aminosides.
⚠ Résistances naturelles notables aux céphalosporines de 3ème génération, aux quinolones, à la fosfomycine.
☞ Aucune résistance n’a été décrite pour des antibiotiques d’intérêt clinique.
Traitement / Listeria monocytogenes
Lm est très sensible aux antibiotiques : pénicillines, aminosides, tétracyclines et triméthoprime-sulfaméthoxazole
– Si suspicion de listériose (femme enceinte y compris): amoxicilline 3 g/j pendant 15 à 21 jours (macrolide ou pristinamycine si allergie)
– Si listériose déclarée :
☞ Traitement de référence : aminopénicilline + aminoside.
↪ Association d’un aminoside pour obtenir un effet bactéricide dans les formes sévères et bactériémiques.
→ Pour les formes neuro-méningées de l’adulte :
amoxicilline à doses méningées pendant 21 jours + gentamicine pendant 5 à 7 jours
→ Pour les formes bactériémiques sans atteinte neuroméningée et sans immunodépression:
amoxicilline + gentamicine pendant 15 jours
→ Pour les cas de listériose néonatale : amoxicilline + gentamicine pendant 15 jours
→ Pour les listérioses de la femme enceinte (hors méningite) :
amoxicilline pendant 2 à 3 semaines + aminosides 3 à 5 jours en cas de forme sévère.
Possibilité de poursuivre l’amoxicilline seule jusqu’au terme si celui-ci est proche.
☞ Principale alternative en cas d’allergie aux β -lactamines:
cotrimoxazole mais la rifampicine et la vancomycine peuvent être également envisagées.
Prévention / Listeria monocytogenes ?
⚠ La listériose humaine est une maladie à déclaration obligatoire
- Pas de vaccination, ni d’indication à une antibioprophylaxie des personnes à risque.
- La prévention est basée sur la sensibilisation des personnes à risque sur la consommation des aliments à risque à éviter et le respect de règles hygiéno-diététiques simples, comme la cuisson des aliments (femmes enceintes +++).
☞ La surveillance épidémiologique est basée sur la déclaration obligatoire (DO) de tous cas de listériose et envoi centralisé des souches au Centre National de Référence pour leur caractérisation et typage.
- Cette surveillance, associée à un renforcement de la réglementation en vigueur pour les industriels de l’agro-alimentaire (contrôles sanitaires, normes (absence de L. monocytogenes dans 25g d’aliment si l’aliment permet le développement des Listeria, taux <100/g si l’aliment ne permet pas sa multiplication), et sanctions), a permis de réduire sensiblement l’incidence de la listériose entre le début des années 90 et aujourd’hui.