Endocardite infectieuse Flashcards
Définition endocardite infectieuse ?
= infection d’une ou plusieurs valves cardiaques, natives ou prothétiques, le plus souvent par une bactérie, ou plus rarement par un champignon, qui rejoint la circulation générale via une porte d’entrée
Endocardite infectieuse : épidémiologie ?
- Rare = incidence de 35 cas/millions d’habitants/an en France
- Grave = mortalité hospitalière de 20 à 25%
- Plus fréquente > 70 ans
- prédominance masculine
FdR d’endocardite infectieuse ?
- RAA
- toxicomanie IV
- prothèse valvulaire
- sclérose valvulaire dégénérative
- réalisation d’actes invasifs à risque de bactériémie
- implantation de dispositifs intracardiaques
Terrain à risque d’endocardite infectieuse ?
= Secondaire à des turbulences du flux sanguin au niveau valvulaire :
- Valvulopathie (le plus souvent non connue avant l’épisode d’endocardite) : congénitale (bicuspidie) ou acquise (post-rhumatismale, dégénérescence)
- Matériel intracardiaque : prothèse valvulaire, défibrillateur implantable, pacemaker, cathéter veineux
=> Touche plus souvent le cœur gauche (aortique ou mitral dans 90% des cas) que le cœur droit (tricuspide)
=> 40% des endocardites infectieuses surviennent sans notion de valvulopathie préexistante
Groupe A : cardiopathies à très haut risque
- Prothèse valvulaire (mécanique, homogreffe ou biologique)
- Cardiopathie congénitale cyanogène non opérée ou avec shunt résiduel
- Antécédents d’endocardite infectieuse
- Patient transplanté cardiaque
Groupe B : cardiopathie à haut risque
- Valvulopathie (dégénérative, rhumatismale ou congénitale) : IA > IM > RA, prolapsus mitral avec IM et/ou épaississement valvulaire, bicuspidie aortique
- Cardiomyopathie hypertrophique obstructive (avec souffle)
- Stimulateur cardiaque (pacemaker, défibrillateur)
- Cardiopathie congénitale non cyanogène sauf CIA
Physiopathologie de l’infection lors d’une EI ?
= Adhésion et multiplication de bactéries sur l’endocarde lésé lors d’une bactériémie
- Seuls certains agents infectieux en sont capable (facteurs d’adhésion à l’endothélium lésé) : CGP (staphylocoque, streptocoque, entérocoque), et non entérobactérie (exceptionnellement responsable d’EI)
Lésions lors d’une endocardite infectieuse ?
- Végétations
= Lésions proliférantes constituées d’amas de fibrine, de plaquettes et d’agents infectieux
- Susceptible d’emboliser : foyers infectieux à distance (abcès), accidents ischémiques, artérite focale (hémorragie par nécrose de la paroi artérielle, constitution d’un anévrisme mycotique)
- Aortique/mitrale : emboles cérébral, splénique, rénal, hépatique, ostéo-articulaire…
- Tricuspide/pulmonaire : emboles pulmonaires
- Recirculation d’Ag et de complexes immuns : lésions de vascularite à distance - Destruction
= Abcès et perforation valvulaire : risque d’insuffisance cardiaque
Microbiologie des EI : S.aureus ?
- 30% : les plus fréquentes
- Cutanée : furoncle, mal perforant plantaire…
- Matériel endovasculaire : cathéter veineux, pacemaker, cathéter d’hémodialyse…
- Toxicomanie intraveineuse
Microbiologie des EI : staphylocoque à coagulase négative ?
- 10% : incidence en augmentation notamment sur prothèse
- Cutanée : furoncle, mal perforant plantaire…
- Matériel endovasculaire : cathéter veineux,
pacemaker, cathéter d’hémodialyse… - Toxicomanie intraveineuse
Microbiologie des EI : streptocoques oraux (S.viridans) ?
- 20%
- S. sanguis, mitis, salivarius, mutans, Gemella morbillorum
- Bucco-dentaire : soins ou extraction dentaire, détartrage, granulome apical…
- ORL : sinusite…
Microbiologie des EI : streptocoque D ?
- 13%
- Streptococcus gallolyticus : S. bovis, S. equinus
- Digestive : tumeur colique, sigmoïdite…
Microbiologie des EI : bactérie du groupe HACEK ?
- 8%
- Bactéries à croissance lente : Haemophilus spp, Aggregatibacter spp, Cardiobacterium hominis, Eikenella corrodens, Kingella spp
- Culture longue : nécessite une prolongation des hémocultures jusqu’à 28 jours
- Porte d’entrée : bucco-dentaire
Microbiologie des EI : candida sp ?
- porte d’entrée : matériel endovasculaire, toxicomanie IV
Microbiologie des EI : hémocultures négatives ?
- 5-10%
- Bactéries intracellulaires : Coxiella burnetii (fièvre Q), Bartonella spp, Tropheryma whipplei, Chlamydia, Brucella, Legionella, rickettsiose, Mycoplasma pneumoniae…
- Infection décapitée par antibiothérapie
- Streptocoque déficient à culture difficile
Clinique typique d’une endocardite infectieuse ?
=> Toute fièvre inexpliquée chez un patient ayant une valvulopathie est une EI jusqu’à preuve du contraire
=> Toute apparition ou modification d’un souffle dans un contexte fébrile est une EI jusqu’à preuve du contraire
- Signes généraux : fièvre (90%), AEG, splénomégalie (30%)
- Souffle cardiaque (85%) : généralement de régurgitation
- Plus rare : insuffisance cardiaque, péricardite, trouble de conduction (BAV)
- Cutané (10%) : purpura pétéchial, nodosités d’Osler (faux panaris = pathognomonique, fugace (2-3 jours)), placards érythémateux palmo-plantaire de Janeway (plus rare)
- Respiratoire (insuffisance cardiaque ou emboles pulmonaires septiques) : toux, dyspnée
- Oculaire : purpura conjonctival, taches de Roth (nodule cotonneux au FO)
- Articulaire : arthralgie, lombalgie, myalgie, arthrite septique, spondylodiscite
- Neurologique : infarctus, hémorragie cérébrale, hémorragie méningée, abcès cérébral
- Rénale : protéinurie ou hématurie isolée, IR par atteinte glomérulaire, embole septique rénal
Clinique trompeuse d’endocardite infectieuse ?
= fréquente
- Fièvre isolée, aiguë ou prolongée
- Alternance d’épisodes de fièvre et de périodes apyrétiques, spontanée ou après antibiotiques
=> La récidive de la fièvre à l’arrêt de l’antibiothérapie est très évocatrice du diagnostic d’EI
Hémocultures en cas d’endocardite infectieuse ?
= Dès suspicion diagnostique (y compris si absence de fièvre/frissons), avant toute antibiothérapie
- Sensibilité conditionnée par la quantité de sang : volume optimal = 40-60 mL (2-3 hémocultures)
- 3 prélèvements/24h, espacés de > 1h, pour cultures aéro-anaérobies, à partir des ponctions veineuses distinctes, en prévenant le laboratoire (culture prolongée à 3 semaines)
- 3 paires en < 1h si sepsis
- Si négatif à 72h : répéter 2 séries d’hémocultures + avis microbiologiste (culture spécifique…)
=> En cas d’antibiothérapie préalable : interrompre et répéter les hémocultures (3/jour) après 72h d’arrêt d’antibiothérapie, en l’absence de critère nécessitant un traitement urgent (EI aiguë, destruction valvulaire)
Prélèvements en cas de chirurgie valvulaire ou autopsie avec EI ?
= Prélèvements : végétation, abcès, embole, valve…
- Mise en culture microbiologique ± PCR (bactérien et fongique) si culture stérile
- Etude histologique : permet d’affirmer le diagnostic d’endocardite
Echographie cardiaque en cas d’EI ?
- ETT : en 1ère intention, sensibilité de 70%
- ETO si ETT négative : fréquemment indiqué car de meilleure sensibilité > 90%, surtout chez un patient porteur de prothèse, peu échogène ou avec une forte suspicion d’EI
- ETO si ETT positive : systématique (meilleure caractérisation des lésions et du retentissement)
- En cas de forte présomption clinique et de négativité de l’ETO : répéter l’examen à 7-10 jours ou scanner cardiaque, voire PET-scanner ou scintigraphie aux leucocytes si prothèse valvulaire
=> Une échographie cardiaque normale n’élimine pas le diagnostic
Lésions visibles à l’échographie cardiaque en cas d’EI ?
- Végétation : masse mobile, finement vibratile, attenante aux valves, de taille variable
=> Ne distingue pas une végétation active d’une végétation séquellaire (stérile) - Abcès péri-annulaire (30%) : plus souvent aortique que mitrale
- Complication : abcès septal, capotage ou désinsertion de valve, perforation valvulaire, rupture de cordage, anévrisme du sinus de Valsalva
- Retentissement cardiaque : fonction systolique, intensité des fuites valvulaires