Problème 3 - Infections nosocomiales (pneumonie, infection urinaire, infection du cathéter/plaie) Flashcards
Qu’est-ce qu’une infection nosocomiale ?
Répond aux critères suivants :
- Absente à l’admission et dans les 72 premières heures de l’hospitalisation.
- Se développe pendant hospitalisation ou dans un délai assez bref après le congé
- généralement 14 jours
- varie selon pathogènes (C. difficile = 28 jours après congé)
- 1 an si bactériémie avec valve
Qu’est-ce qu’une infection associée aux soins de santé ?
Répond à 1 des 5 critères suivants :
- Hospitalisé dans la dernière année
- Vivant en CHSLD
- En dialyse
- Recevant de la chimio anticancéreuse
- Porteur d’un cathéter (veineux, urinaire ou autre) utilisé chroniquement à domicile.
Comment appelle-t-on les infections qui ne sont ni des infections nosocomiales, ni des infections associées aux soins de santé ?
Infections acquises en communauté.
À quelle fréquence est-ce que les patients hospitalisés développent des infections nosocomiales ?
5-10%
Quels sont les réservoirs possibles pour les infections nosocomiales ?
Inanimés : eau du robinet contaminée.
Animés : patients, travailleurs de la santé, visiteurs.
Quels sont les modes fréquents de transmission d’une infection nosocomiale ?
- Infection croisée : transmission indirecte des pathogènes d’un patient à l’autre via personnel (mains, vêtements) et les équipements.
- Auto-inoculation : aspiration de la flore oropharyngée dans les poumons.
- Personne à personne : via gouttelettes (strep. groupe A, virus respiratoires)
Quels sont les facteurs de risques généraux de contracter une infection nosocomiale ?
- Comorbidités et maladies sous-jacentes (immunodéficience ++)
- Interventions médicales qui affectent défenses naturelles (cathéter, intubation, sonde urinaire -> matériel invasif)
- Hospitalisation prolongée
- Antibiotiques
- Soins intensifs
- Chirurgie
- Hémodialyse
Quelles sont les infections nosocomiales les plus fréquentes ?
- Infections urinaires (35-40%)
- Pneumonies (15-20%)
- Infections de plaies (20%)
- Infections de cathéter (15% mais 50% des bactériémies)
Quelles sont les conséquences d’une infection nosocomiale ?
Prolongation de l’hospitalisation, augmentation de la mortalité, augmentation des coûts.
Qu’est-ce qu’une pneumonie nosocomiale ?
- Acquise > 48h après admission.
- 15-20% des infections nosocomiales
- Mortalité élevée (33-50%) -> infection nosocomiale la plus mortelle et morbide.
- Prolonge hospitalisation (en moyenne de > 1 semaine)
- Pneumonie hospitalière précoce < 5 jours ou tardive > 5 jours
- Pneumonies acquises sous ventilateurs (> 48h post-intubation) vs sans ventilateur.
Quelle est la pathogenèse des pneumonies nosocomiales ?
- Aspiration de flore oropharyngée endogène ou acquise à l’hôpital.
- Parfois aspiration de la flore gastrique (plus rare)
Quels sont les facteurs de risques d’avoir une pneumonie nosocomiale ?
- Augmentation de la colonisation oropharyngée avec bactéries : antibiothérapie, contamination du système de ventilation mécanique, équipements contaminés, diminution de l’acidité gastrique.
- Facilitation de l’aspiration du contenu oropharyngé dans voies respiratoires inférieures.
- Intubation endotrachéale (pneumonie associée aux ventilateurs)
* augmente risque de 6 à 21 fois
* risque de 3%/jour pour les 5 premiers jours, 2%/jour pour jours 5-10 et 1%/jour ensuite.
* 70% des patients ventilés pendant > 30 jours vont développer une pneumonie.
* risque d’environ 1-3% par jour
* bypass des mécanismes de protection des voies aériennes
* réduit macroaspirations mais cause obligatoire microaspirations
* cause micro-abrasions dans la trachée, ce qui favorise colonisation.
* permet aux bactéries de former un biofilm protecteur.
- Altération de l’état de conscience (facilite les micro-aspirations) : dysfonction SNC, coma, sédation, nacortiques.
- Tube nasogastrique. - Diminution des mécanismes de défense des poumons :
- Immunosuppression (cortico, immunosuppresseurs, maladie, immunoparalysie post-trauma ou durant sepsis)
- Hyperglycémie
- Extrêmes d’âge (< 2 ans et > 70 ans)
Quels sont les pathogènes impliqués dans une pneumonie nosocomiale ?
Pneumonie à début précoce (< 5 jours d’hospitalisation)
- Mêmes germes que pneumonie acquises en communauté : S. Pneumoniae, H. Influenzae, S. aureus, E. Coli, Klebsiella, Enterobacter, Proteus, Serratia.
Pneumonies à début tardif ou liées aux ventilateurs :
- Entérobactéries (BGN) : Escherichia coli, Klebsiella, Serratia marcescens, Enterobacter.
- Pseudomonas aeruginosa (BGN) : associé à longue durée aux soins intensifs, stéroïdes, ATB (presque toujours), maladie pulmonaire structurelle.
- S. aureus :
- cause 15-40% des pneumonies nosocomiales
- inclus SARM
- associé à coma, trauma crânien, diabète, IR
Quelle est la présentation clinique d’une pneumonie nosocomiale ?
- Fièvre nouvelle ou changement du patron de la fièvre
- Leucocyose avec augmentation PMN et déviation gauche
- Augmentation des sécrétions respiratoires, sécrétions purulentes a/n du tube
- Infiltrat nouveau ou progressif à la radiologie pulmonaire
- Tachycardie, tachypnée
- Augmentation des besoins en O2 et de la ventilation minute
Comment réalise-t-on le diagnostic d’une pneumonie nosocomiale ?
Souvent difficile à faire en milieu hospitalier, car :
- Patients ont souvent déjà des radiographies pulmonaires anormales, de la fièvre et une leucocytose pour une multitude d’autres raisons.
- Colonisation oropharyngée après 3-5 ours d’antibio difficile à distinguer d’infection.
Tests utiles :
- Radio pulmonaire
- Aspiration des sécrétions endotrachéales : culture quantitative, coloration de Gram.
- Fibroscopie bronchique au besoin avec lavage bronchoalvéolaire ou brosse protégée : récolte des spécimens plus distaux et diminue le seuil de colony-forming units pour le diagnostic.
Comment peut-on prévenir les pneumonies nosocomiales ?
- Éviter intubation endotrachéale lorsque possible ou réduire sa durée : utilisation du bi-PAP (ventilation non invasive)
- Réduire transfusions sanguines
- Réduire intensité de sédation
- Asepsie de l’équipement du respirateur : désinfecter toutes les composantes réutilisables, conserver les mêmes tubes tant qu’il n’y a pas de bris.
- Élever la tête de lit de 30-45%
- Personnel le plus stérile possible lors des manipulations
- Surveiller la position du tube d’alimentation
- Contrôler hyperglycémie
- Aspiration fréquente des sécrétions sous-glottiques avec matériel stérile
- Décontamination de l’oropharynx régulièrement avec chlorhexidine
Comment traite-t-on les pneumonies nosocomiales ?
Traitement empirique :
- Si < 5 jours après admission sans facteurs de risque pour pathogènes multi-résistants
- ceftriazone (céphalosporine de 3e génération)
- OU fluoroquinolone respiratoire (morifloxacine, levofloxacine)
- OU ertapénem
- Si > 5 jours après admission OU facteurs de risque pour pathogènes multi-résistants
- Bêta-latamide (ceftazidime ou cefepime ou piperacilline/tazobactam, imipenem ou meropenem)
ET - Fluoroquinolone ou aminoglycodise (tobramycine, gentamycine)
- +/- vancomycine (si patient en choc septique ou facteur de risque pour SARM ++)
Durée de traitement : 8 jours sauf Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus ou légionellose = 14 jours.
Quels sont les facteurs de risque pour pathogènes multi-résistants dans la pneumonie nosocomiale ?
- Antibio dans les 3 mois
- Prévalence élevée de pathogènes multi-résistants dans la communauté
- Hospitalisation > 1 jour dans les 3 mois
- Résidence de personnes âgées ou soins de longue durée
- Dialyse dans les 30 jours
- Membre de la famille avec pathogène multi-résistant
- Immunosuppression
Quels sont les traitements spécifiques pour Pseudomonas aeruginosa ?
Dur à traiter, car développe résistance même en cours de traitement.
- Ceftazidime (céphalosporine de 3e génération avec activation anti-pseudomonas)
- Pip/tazo (synergisme avec aminoglycoside)
- Tobramycine (effet synergique avec B-lactamides)
- Carbapénèmes (sauf ertapenem)
Quels sont les traitements spécifiques pour Staphylococcus aureus ?
- SASM : cloxacilline ou céfazoline.
- SARM : vancomycine.
Quels sont les traitements spécifiques pour les entérobactéries ?
- B-lactamine/inhibiteur de B-lactamses ex: Pip/tazo
- Carbapénèmes (surtout si multirésistantes type BLSE)
- Céphalosporine de 3e ou 4e génération
Quels sont les traitements spécifiques pour legionella ?
Fluoroquinolone, macrolide.
Quelle est l’épidémiologie des infections urinaires communautaires et nosocomiales ?
- Infection nosocomiale la plus fréquente (35-40%) : très associée aux sondes urinaires (risque quotidien de 5-10%)
- Infection acquise en communauté très fréquente : 50-80% des femmes de la population générale a une infection urinaire >/= 1 fois dans sa vie.
- Plus fréquente chez la femme (sauf chez jeunes enfants et les personnes âgées)
- jeunes garçons ont plus d’incidence d’anomalies anatomiques congénitales
- hommes plus âgées ont incidence élevée d’obstruction par HBP
- grand taux de récidive : 20-30% des femmes qui ont eu une infection urinaire ont récidives. Rechutes (< 2 semaines après fin d’antibio) plus fréquent chez hommes. Réinfections (> 2 semaines après fin d’antibio) plus fréquent chez femmes.
Quelle est la pathogenèse des infections urinaires ?
- Infection par voie ascendante (fréquent) :
- introduction du germe par la vessie par voie urétrale : provient généralement de la flore fécale et peut provenir de contamination croisée du cathéter par personnel.
- deux types de dissémination lorsqu’associé à cathéter : dissémination intraluminale (contamination du système de drainage) ou dissémination périurétrale (bactéries remontent autour du cathéter)
- survenue dépend de l’inefficacité des mécanismes de défense.
- Infection hématogène (peu fréquent, < 2%) : bactériémie non urinaire causant ensemencement à distance, peut entraîner abcès rénaux et prostatiques.
Facteurs liés aux bactéries :
- Habileté à adhérer à urothélium (ex: fimbriae ou pili de E. Coli)
- Motilité des bactéries
- Production d’uréase (Proteus mirabilis)
Quels sont les facteurs de risque de contracter une infection urinaire ?
- Obstruction et stase : lithiase, HBP, reflux vésico-urétéral, vessie neurogène, rétention urinaire, cystocèle.
- Corps étrangers : cathéters (bypass de l’urètre - communication directe avec milieu extérieur - et corps étranger facilitant formation de biofilm), instrumentation.
- Facteurs favorisant colonisation de l’introïtus vaginal par bactéries fécales :
- relations sexuelles
- périnée court chez la femme
- perturbation de la flore bactérienne vaginale : utilisation de spermicides, femme ménopausée (carences en œstrogènes = remplacement des lactobacilles habituellement en colonisation gram-négative), utilisation d’antibio.
- Diminution de la résistance aux organismes :
- immunosuppression
- génétique
- Changements des caractéristiques normalement inhibitrices de l’urine : glycosurie favorise croissance bactérienne (diabète, grossesse)