Le travail et la technique Flashcards
Définition du travail
L’oiseau qui bâtit son nid, l’abeille qui construit une cellule de cire transforment la nature en utilisant leurs organes naturels: ils agissent par instinct. À partir du moment où, chez l’homme, l’outil intervient comme moyen, la production ne peut être que consciente. L’usage des outils, des techniques doit être intellectuellement conçu. Le travail est donc une activité consciente. « Ce qui distingue, dit Marx, dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. » Autrement dit, le résultat auquel le travail abouti préexistent idéalement dans l’imagination du travailleur. L’activité du travailleur est déterminée par un but à atteindre. La subordination constante de la volonté à ce but créer un état de tension. L’œuvre, dit Marx, « exige pendant toute sa durée, outre l’effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d’une tension constante de la volonté ». C’est pourquoi le travail est pénible. Le travail peut donc se définir comme la transformation conscience de la nature par l’intermédiaire d’outils.
La diversification du travail
Avec le développement des techniques, le travail matériel apparaît de plus en plus comme l’application des lois découvertes par l’activité de la pensée. D’autres part, la complication et la division croissante du travail exige une combinaison, une organisation, une direction de plus en plus précise et délicate. Si bien qu’aujourd’hui, la notion de travail ne recouvre pas seulement le travail manuel, mais aussi le travail intellectuel. Seul le travail manuel et productif. Il peut être mesurée économiquement en valeur ajoutée. Le travail d’un avocat, d’un professeur ne produit rien : la modification de la réalité qu’il opère ne fait pas exister un autre être.
Le travail est du domaine de la contrainte
Le mot travail est issu du latin tripalium, qui désigne un instrument de torture. De même, le latin labor, d’où sont issus les mots labeur et labour, évoque à la fois le travail et la peine. Dans la Bible, le travail est présenté comme une punition. Adam, pour avoir pêché, est chassé du jardin d’Eden et Dieu lui dit : « tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » (genèse). Il est vrai que la nécessité pour l’homme de subsister dans une nature qui, livrée à elle-même, est impuissante à satisfaire tous ses besoins, c’est du travail une loi.
Sans travail, pas d’espèce humaine
Cependant, l’idéal d’un monde sans travail et celui d’un monde où, pour reprendre les termes de Kant, tous les talents resteraient à jamais enfouis en germe, dans une existence de bergers d’Arcadie : les hommes, doux comme les anneaux qu’ils font paître, ne donneraient à l’existence guère plus de valeur que n’en a leur troupeau domestique. C’est bien parce que l’homme doit lutter contre la nature pour satisfaire ses besoins qu’il est amené à développer ses potentialités. Le travail a permis à l’homme de développer ses facultés physiques et intellectuelles, et de s’éloigner ainsi que son animalité originaire. Le travail oblige le moi à sortir de lui-même, il rapproche les êtres les uns des autres dans la poursuite d’un but commun. La conscience d’appartenir à une communauté qui le dépasse et de participer à son développement constitue l’être générique de l’homme et le distingue de l’animal. Le travail est soumis au règne de la nécessité et du besoin. Et, comme le dit Aristote, « toute action imposée par la nécessité et naturellement fâcheuse ».
Le travail, par essence, est libérateur
En libérant l’homme du besoin, le travail permet l’accès à la jouissance que procurent l’art, la culture. En transformant la nature, l’homme peut accéder à une certaine reconnaissance de lui-même dans un monde qui porte sa marque. En créant quelque chose de stable en dehors de lui, l’homme peut surmonter son angoisse de la mort. Le travail est donc libérateur, même s’il a revêtu au cours de l’histoire des formes particulières aliénante : esclavage, servage, salariat.
La technique détermine le degré d’évolution du travail
Objet fabriqué, l’outil est une médiation qui introduit une autre dimension dans la production : la technique. Non seulement le travailleur peut se servir des propriétés mécaniques, physiques, chimiques de certaines choses pour les faire agir sur d’autres choses, mais il peut aussi fabriquer des machines, des ateliers, des canaux, des routes… Par exemple, une invention comme celle de la puissance motrice de la vapeur multiplie la richesse dans des proportions inattendues, parce qu’il remplace une somme considérable de travail qui peut dès lors s’appliquer à autre chose. Le facteur technique détermine le degré d’évolution du travail.
La machine-outil réalise le vieux rêve d’aristote
Dans l’Antiquité, le domaine de la production matérielle est réservé aux esclaves. Toutefois, Aristote, dans la « politique » (4e siècle avant J.-C.), formule l’hypothèse d’une humanité libérée de l’esclavage grâce aux progrès de la technique et en particulier, de l’automation : « si […] Les navettes tissaient d’elles-mêmes et les plectres jouaient de la cithare, alors les maîtres d’oeuvre n’auraient nul besoin de manœuvre ni les maîtres, d’esclaves. » Le vieux rêve d’Aristote s’est en un sens réalisé avec le capitalisme, lors de l’apparition de la machine–outil.
Le travail aliéné
Mais la machine-outil n’a pas libéré l’homme du travail. La division primitive entre maître et esclave s’est, d’une certaine manière, prolongée. L’opposition passe désormais entre ceux qui possèdent et ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail au propriétaire. L’aliénation du travailleur se traduit par la coupure entre le savoir technique et l’exercice des conditions d’utilisation. Les ouvriers sont, par ailleurs, restreint à l’exécution mécanique d’une tâche simple, répétitive, monotone. Enfin, l’intensité du travail augmente : le travailleur doit se plier au rythme imposé par la machine. Dans la société capitaliste, le travail est donc aliéné. Vendu a autrui, exploité, il n’est plus pour le travailleur qu’un moyen de gagner sa vie. Non seulement le travailleur n’a aucun droit de propriété sur le produit de son travail, mais surtout il ne se reconnaît plus dans son travail, dans lequel « il ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit ». La vie hors travail est elle aussi aliénée : elle n’est plus que temps de repos. Manger, boire, procréer, dit Marx, sont certes des fonctions authentiquement humaines, mais « séparées abstraitement du reste du champ des activités humaines, et devenues ainsi la fin dernière est unique, elles sont bestiales ».
Seul l’homme travaille
On n’a pas coutume de dire qu’un castor qui construit un barrage travaille au sens propre du terme. Seul l’homme travail. Le travail se présente de prime abord comme un acte qui se passe entre l’homme et la nature. Dans « le capital » (1867), Karl Marx montre comment, dans cet acte, l’homme joue à l’égard de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Par-là, il agit comme tous les êtres vivants. Cette activité purement naturelle ne peut être définie comme un travail. Le travail se caractérise par l’utilisation d’outils. L’outil est un intermédiaire entre l’homme et la nature. À la différence des animaux, les hommes ne sont plus tributaires de leur capacité organique. Dans la production, dit Marx, le travailleur « convertit des objets extérieurs en organes de sa propre activité, organes qu’il ajoute aux siens de manière à prolonger son corps ». L’outil qui existe à l’état rudimentaire chez les animaux devient un caractère distinctif de l’espèce humaine.