Le devoir Flashcards

1
Q

Devoirs du droit et devoirs de vertu

A

Chacun a des droits naturels est inaliénables, chacun a des droits positif reconnus par les lois de son pays ; mais chacun a aussi des devoirs, et envers tous. Les justes garanties individuelles ne peuvent que résulter de l’accomplissement par chacun de ses devoirs. Mais si tout droit s’accompagne de devoirs, il ne suffit pas pour autant de les accomplir pour être en accord avec sa conscience. Parmi les devoirs envers autrui, il n’y a pas seulement des devoirs juridiques, il y a aussi des devoirs de vertu (bienfaisance, reconnaissance).

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2
Q

Les devoirs particuliers et le devoir inconditionnel

A

Il y a des obligations qui sont liées à l’exercice d’une fonction ou d’une activité. Tel ministre évoquera les devoirs de sa charge, quel artiste la responsabilité envers son art. Il y a aussi des devoirs d’amitié ou encore des obligations issues de la participation à une organisation syndicale ou politique. De telles devoirs sont relatifs à une condition qui est toujours particulière. Il se distingue du devoir qui est inconditionnel et s’impose à tout homme en tant qu’il est simplement un homme. Ainsi, c’est un devoir inconditionnel d’honorer ses dettes.

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3
Q

Qu’est ce que le devoir ? Devoir et nécessité

A

On assimile souvent le devoir à l’idée de ce qu’il est nécessaire de faire, par opposition à ce qu’on est libre de faire ou de ne pas faire. Cependant, l’obligation qui caractérise le devoir est distincte de la nécessité. L’obligation–terme d’origine juridique–désigne à la fois l’état dans lequel on se trouve par le fait d’être lié, et l’acte par lequel on consent à entrer dans ce lien. En latin, obliger (obligare) se réfère au droit d’un créancier à exiger du débiteur le remboursement de sa dette (obliger à), et être obligé (obligatus) désigne le devoir du débiteur de s’acquitter de cette dette conformément à l’engagement pris. Dans « tout homme doit mourir », le verbe devoir exprime une loi naturelle à laquelle nul ne peut se soustraire. Dans « je dois être bienveillant à l’égard d’autrui », en revanche, le verbe devoir exprime une obligation à laquelle je peux refuser de me soumettre. En ce sens, le je dois faire implique que je puisse ne pas le faire.

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4
Q

Que signifie « Faire son devoir » ?

Impératif hypothétique et impératif catégorique

A

Kant opère la distinction entre des impératifs « hypothétiques » et des impératifs « catégoriques ». Soit une action est bonne comme un moyen obligé pour obtenir quelque chose, et l’impératif la commandant est hypothétique ; exemple : « si tu veux la santé, fait du sport ! » Soit l’action est bonne « en soi », elle est nécessaire par elle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l’impératif la commandant est catégorique; exemple : « respecte la parole donnée ! » L’impératif de la moralité ne peut qu’être catégorique, c’est-à-dire en inconditionnel et absolu. Autrement dit, il vaut pour tous les hommes, quelles que soient l’époque la société. Il ne dit pas ce qu’il faut faire ou ne pas faire en telle circonstance, mais ce qu’il convient de faire en toutes circonstances.

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5
Q

Savoir où est son devoir est à la portée de tous

A

Tout homme doué du sens commun sait où est son devoir, sans avoir besoin de recourir à une quelconque doctrine philosophique. Il lui suffit de se demander s’il peut vouloir que le principe subjectif de son action (autrement dit la maxime de son action), devienne une loi universelle (c’est-à-dire une loi aussi bien pour lui-même que pour tous les autres hommes). D’où la formule kantienne du devoir : « agit uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » (Kant, fondements de la métaphysique des mœurs, 1785.) Cette formule permet de reconnaître dans tous les cas et sans hésitation où est son devoir. Une promesse trompeuse est-elle conforme au devoir ? Non, car je ne peux accepter « avec satisfaction que ma maxime (de me tirer d’embarras par une fausse promesse) [doive] valoir comme une loi universelle […]. Je m’aperçois bientôt ainsi que, si je peux bien vouloir le mensonge, je ne peux en aucune manière vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir. » La raison en est que, si tout le monde mentait, on ne croirait plus aux promesses de personne. Par conséquent, la maxime qui me pousse à faire une fausse promesse, « du moment qu’elle sera qu’elle serait érigée en loi universelle de détruirait nécessairement elle-même ».

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6
Q

En quoi consiste alors la moralité d’une action ?

A

Pour Kant, l’action qui a une valeur morale est celle qui est accomplie par devoir, par pur respect de la loi morale. Sont ainsi éliminées toutes les actions contraires au devoir (le vol, le mensonge…) et toutes celles qui, bien que conformes au devoir, sont accomplies, soit par intérêt personnel, soit par inclination pour le devoir. Supposons un commerçant qui fasse payer le juste prix à un enfant, mais qui le fait par peur de perdre sa clientèle : extérieurement, son action est certes conforme au devoir mais elle n’a aucune valeur morale car elle est accomplie par intérêt. Supposons maintenant un homme joyeux, porté naturellement à répandre le bien autour de lui : son action et légalement bonne, mais elle n’a aucune valeur morale car elle est accomplie par inclination. En revanche, si ce même homme, un jour qu’il est assombri par le chagrin, continue néanmoins à faire le bien, son action aura peut-être une véritable valeur morale. La simple conformité extérieure au devoir (ou légalité) ne suffit donc pas. L’acte moral est un acte conforme au devoir et accompli par devoir.

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7
Q

Bienfaisance ou devoir ? Morale du devoir et morale conséquentialiste

A

La raison, dit Kant, exige que, toujours et dans toutes les conditions, on juge de la moralité d’une maxime d’action, non selon ce qui arrivera si je le suis, mais selon ce qui arriverait si tout le monde la suivait. Pourquoi la raison ne peut-elle pas nous commander le contraire : déterminer notre devoir en nous référant à la façon dont autrui va probablement utiliser nos actions à ses propres fins qui sont peut-être immorales ? Supposons que des assassins me demandent si mon ami, qu’ils poursuivent, n’est pas réfugié dans ma maison et que je ne puisse éviter de répondre par oui ou par non. Dois-je me soumettre inconditionnellement au devoir de véracité ? Ce cas semble ruiner toute prétention à propos à poser des principes supposés valoir toujours et partout. Au rigorisme kantien s’opposerait l’impossibilité d’ériger le devoir de véracité en principe inconditionnel, sous peine de favoriser les assassins. N’avons-nous pas, en pareil cas, le devoir de mentir ? Ne faut-il donc pas admettre qui il n’y a pas une seule et unique source de valeurs morales, mais plusieurs ? On peut distinguer deux positions morales : une position déontologique (du grec déontos, « ce qui doit être » par opposition à ontos, « ce qui est »), pour qui seule est morale l’action faite par devoir, au nom des principes fermes, universels et intemporels, sans considération des conséquences. Une position téléologique (du grec télos, « but, finalité, fin »), selon laquelle, devant la décision à prendre, l’homme doit envisager les conséquences prévisibles de ses actes. Une telle morale peut être appelée « conséquentialiste ». Elle nous invite à une évaluation, au cas par cas, du bien attendu ou du mal évité, à considérer un moindre mal comme un bien, au nom du principe de bienfaisance.

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8
Q

Un droit naturel de mentir par humanité ?

A

Kant répond que l’homme qui ment fait en sorte qu’aucune déclaration n’ait de crédits. Ainsi il porte atteinte à la finalité interne de communicabilité et fait perdre a tous les droits, fondés sur des contrats, leur force. Même si le mensonge ne nuit pas un homme en particulier, il nuit à l’humanité en général. À quoi il ajoute qu’on ne peut jamais prévoir les conséquences de ses actes. Supposons, par exemple, que mon ami, voyant les assassins diriger leurs pas vers ma maison, décide de s’enfuir à mon insu. En affirmant qu’il est sorti alors que je le crois à l’intérieur, j’exprime le contraire de ce que je pense, mais je dis la vérité. Mon mensonge « bienveillant » peut ainsi mettre les assassins sur les traces de mon ami et être cause de sa mort. Certes, en m’en tenant au devoir de vérité, je peux aussi être la cause de sa mort. Mais je suis vraiment responsable ? Le meurtre de cet homme n’est-il pas la faute des meurtriers ? Le conséquentialiste objectera qu’il y a des circonstances où nous sommes certains que le respect d’une exigence déontologique aurait de graves conséquences. On peut admettre qu’en pareil cas nous pouvons être forcés à agir autrement que mus par le devoir. Mais faut-il pour autant accorder une valeur morale à un tel acte ? Si je tue un homme pour en sauver 10, puis-je pour autant affirmer que le meurtre peut avoir une valeur morale ? N’aurais-je pas, en pareil cas, conscience d’avoir transgressé la loi morale ? En me demandant, par exemple, si je n’aurais pas pu éviter un tel acte ? Au bout du compte, ne faut-il pas reconnaître, avec Kant, que toute morale qui prétend justifier les moyens au nom des fins, en vient à anéantir ce qui, dans ces fins, peut justifier les moyens ?

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9
Q

La morale exige une sagesse pratique

A

Si une morale du devoir est nécessaire, c’est en raison de la violence, présente partout. Comme le souligne Paul Ricoeur, la morale intransigeante du devoir est « la figure que revêt la sollicitude face a la violence et à la menace de la violence ». Mais une telle morale conduit parfois à des conflits et il n’est alors pas d’autre issue qu’une sagesse pratique attentive à la singularité des situations. Par exemple, dans le cas d’un diagnostic grave, tout médecin se trouve confronté à cette contradiction : le principe de bienfaisance peut conduire à ne pas dire immédiatement toute la vérité, laquelle risquerait d’affaiblir le patient. Au contraire, la morale du devoir interdit au nom du respect de la dignité et de la liberté de la personne que le médecin mente en cachant une partie de la vérité. Pour faire face a une telle situation, une sagesse pratique est requise, liée au jugement moral en situation et pour laquelle la conviction est plus décisive que toute règle. C’est la conciliation impossible, mais nécessaire, de la morale du devoir et de la morale de la responsabilité qui est la tâche de la conscience morale.

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