L'interprétation Flashcards

1
Q

Définition

A

Cependant, au sens propre du mot, interpréter, ce n’est pas mettre en relation un groupe de mots avec un sens, mais jouer sur au moins deux sens. Comme le dit très justement Paul Ricoeur, « l’interprétation est le travail de pensée qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent ». Une des sources de l’interprétation vient de l’herméneutique. Celle-ci est la science des règles de l’exégèse des textes sacrés. L’interprétation de l’Écriture sainte constitue le cœur de cette herméneutique. Ce qui la limite, c’est sa référence à une autorité ecclésiale, en particulier pour ce qui concerne la Bible, et surtout son application à un texte littéraire. L’exégèse est une science scripturaire. Les débats exégétiques ont toutefois permis d’élaborer les notions d’analogie, d’allégorie, de sens symbolique. Interpréter, c’est mettre en lumière, au-delà d’un sens direct, littéral, un sens indirect, un sens «figuré» susceptible d’être saisi à travers le premier.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
2
Q

Interprétation restauratrice et réductrice

A

L’interprétation restauratrice révèle, derrière le sens visible, un sens supérieur. Dans la Bible, le cantique des cantiques a d’abord un sens littéral très évident : ils célèbre la relation entre deux amants. Derrière ce champ d’amour profane, le chrétien voit l’expression de l’amour du Christ pour son église. L’interprétation réductrice vise à démystifier. Elle est le propre des «philosophes du soupçon » : Marx, Nietzsche et Freud, réunis par une commune opposition au sacré. Marx affirme que les rapports économiques sont déterminants. Nietzsche interprète la morale judéo-chrétienne comme l’expression du ressentiment des « vaincus de la vie ». Freud découvre un sens sexuel derrière toutes les conduites humaines.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
3
Q

Qu’est ce que l’interprétation ?

A

Dans le second « traité de l’Organon », intitulé « de l’interprétation », Aristote affirme que tout son émis par la voix et doté d’une signification est interprétation. En ce sens, le nom, le verbe, une proposition qui énonce quelque chose sont des interprétations. Dire quelque chose de quelque chose c’est, en ce sens interpréter. Si l’homme interprète la réalité en disant quelque chose de quelque chose, c’est que ce qui est–qu’il s’agisse de nos états d’âme ou du monde–se dit de plusieurs façons. Tout discours est une médiation entre l’homme et la réalité est a, en ce sens, un caractère symbolique : il est une image des choses, non les choses elles-mêmes.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
4
Q

Toute interprétation est subjective

A

Le propre de toute interprétation et d’être particulière, subjective et pourtant de viser la vérité. Ainsi, tout musicien recrée l’œuvre à laquelle il cherche à être fidèle. Tout traducteur fait oeuvre personnelle même si il cherche à restituer le monde du texte qu’il traduit. La vérité ultime reste inaccessible. D’où l’interprétation sans fin.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
5
Q

Une interprétation appelle le conflit

A

Une interprétation n’a pas la même valeur de vérité qu’une théorie scientifique. Selon Freud, par exemple, le rêve a un sens : il est la réalisation imaginaire des désirs infantiles, souvent sexuels ou agressifs. Mais il ne donne pas la preuve de cette affirmation. Et si la volonté de trouver un sens à ce qui n’en a pas s’expliquait par l’obsession théologique du sens ? Certes, Freud est hostile à la religion,mais cette hostilité apparente ne cache-t-elle pas une dépendance latente ? Freud s’est-il vraiment libéré de tout esprit religieux ? Le rêve tel qu’il apparaît le plus souvent passe continuellement du coq à l’âne. C’est une suite d’images, de lambeaux de phrases, de scènes sans liaison… On pourrait tout aussi bien dire que le rêve n’a pas de sens et n’est, comme le prétendent certains neurophysiologiste, qu’un simple mécanisme cérébral à fonction reprogrammatrice. C’est bien parce qu’une interprétation–même si elle vise la vérité- n’a pas valeur de vérité qui il y a conflit des interprétations. Il peut y avoir sur un même sujet des interprétations différentes voire contradictoires, comme on le voit à propos du rêve.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
6
Q

Tout est il interprétable ? Le monde est contingent sans raison

A

L’étonnement ne trouve pas seulement sa source dans la conscience que l’homme a de la mort, mais aussi dans le fait que le monde est contingent, qu’il aurait très bien pu ne jamais être. Cette absence de nécessité abandonne l’homme à un monde étrange et angoissant. Si encore ce monde était, malgré sa contingence, explicable ! Or il n’en est rien. Toute explication scientifique du monde est, et restera toujours et à jamais, insuffisante. La science permet d’établir des connexions causale entre les phénomènes et de prévoir un ainsi leur modification, mais en quoi nous renseignent elles sur l’essence des phénomènes ? Certes on croit expliquer les choses en disant que c’est l’instinct qui régit
tel comportement animal ou que c’est la force d’attraction qui explique la chute de cette pierre. Mais pourquoi l’instinct ? Pourquoi cette force d’attraction ? Sur la nature ou la véritable raison d’être de cette instinct ou de cette force, on ne peut faire aucune hypothèse.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
7
Q

La référence à une transcendance

A

L’homme serait un être qui souffrirait sans raison si le monde était sans raison. Le mal, la mort de l’homme seraient inutiles. L’impossibilité de répondre à la question « pourquoi le monde existe ? » Rendrait encore plus douloureuse la vision d’une misère qui resterait sans cause ni justification. D’où la croyance en la transcendance, en un au-delà irreprésentable. Partant de là, tout est chiffre et peut être interprété, tout a un double sens : un sens clair et immédiat est un sens obscur qui n’apparaît que moyennant une certaine attitude d’esprit est une interprétation qui reste en partie subjective. L’expérience du monde, de sa propre vie, de la liberté, les mythes, les religions, la philosophie sont autant de chiffres (à déchiffrer) de cette réalité transcendante vers laquelle l’homme tend.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
8
Q

L’impossibilité de déchiffrer

A

Malheureusement, aussi nombreux soient-ils, les chiffres ne nous avancent guère dans la connaissance de la transcendance. En effet, nous ignorons totalement le rapport qu’ils ont avec elle. Aussi peut-on interpréter comme on veut ou même affirmer qu’ils ne disent rien, que le monde est absurde. Mais si l’effort pour atteindre la transcendance à travers les chiffres aboutit à un échec, on peut affirmer, avec Karl Jaspers, que l’échec lui-même est un chiffre, bien plus qu’il est « le chiffre ultime comme espace de résonance pour tous les chiffres » (introduction à la philosophie, 1950). En effet, il nous donne le sentiment de notre finitude et, du même coup, celui d’un au-delà de cette finitude. L’interprétation est sans fin car l’homme restera à jamais dépossédé de cette vérité qu’il recherche.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly