La liberté Flashcards
La liberté et le libre arbitre
Par libre arbitre, on entend la liberté de la volonté. Celle-ci réside dans son indépendance à l’égard des mobiles sensibles (instincts, passions, désirs). Mais on peut aussi examiner la liberté de la volonté dans son rapport à ce qu’on appelle traditionnellement les « motifs intellectuels », c’est-à-dire les déterminations rationnelles. On se demande alors si la volonté peux être libre de choisir contre ce que la raison lui indique clairement être le meilleur parti : puis-je choisir le mal alors que le bien m’est clairement connu ? Puis-je affirmer le faux alors que le vrai m’est clairement connu ? A priori oui puisque, à proprement parler, le libre arbitre est la possibilité de décider dans une indépendance totale à l’égard de tout mobile sensible et de tout motif intellectuel. Mais une liberté se déterminant sans raison ou contre la raison n’est elle pas une absurdité ? N’est on pas d’autant plus libre qu’on a plus de raison de se déterminer et qu’on choisi le parti de la raison ? Deux voies s’offrent en effet à la volonté : elle peut se détourner des fins spirituelles, de la vérité, du bien et suivre les inclinations sensibles (passions, tendances), affirmant ainsi sa dépendance (hétéronomie) à l’égard de la loi naturelle qui veux que l’on suive l’impulsion comme une rivière suit son cours. Mais la volonté peut aussi choisir d’obéir à la raison et poursuivre le vrai, le bien, affirmant ainsi son indépendance (autonomie) à l’égard de la loi naturelle, et réalisant sa liberté de façon plus complète. Le sage est libre parce qu’il vit selon l’esprit. C’est ce qu’affirme Spinoza : « l’homme libre est celui qui vit suivant les seuls conseils de la raison » (“Éthique”).
Qu’est ce que la liberté ? Liberté de droit et liberté de fait
On distingue la liberté de droit et la liberté de fait. La liberté de droit consiste moins à nous autoriser à faire certains actes qu’à déterminer la limite de notre souveraineté. Et pour ce qu’elle nous accorde, elle ne se préoccupe pas de savoir si nous sommes pauvre ou riche, si nous avons ou non les moyens de faire ce que nous désirons. Par exemple, en droit, tout citoyen peut ouvrir une entreprise mais, en fait, rares sont ceux qui ont les moyens de le faire. La liberté de fait est la puissance de faire ce qu’on veut. Elle présuppose les moyens nécessaires à son actualisation. Elle n’est donc réelle que lorsqu’elle peut se traduire par des actes. Encore faut-il que notre volonté soit libre, autrement dit que nous ne soyons pas esclave de nos passions, de nos désirs.
Liberté naturelle et liberté par la loi
On distingue la liberté de l’homme dans l’état de nature et la liberté de l’homme dans l’état social. En l’absence de loi de l’État, l’homme disposerait d’une liberté naturelle sauvage. L’état de nature pourrait bien être, selon l’expression de Hobbes, un état de guerre de chacun contre tous. D’où la nécessité de la loi et, comme le dit Kant, d’un maître « qui batte en brèche la volonté particulière et la force à obéir à une volonté universellement valable, grâce a laquelle chacun puisse être libre ». Mais alors surgit une aporie car ce maître, choisis dans l’espèce humaine, ne saurait être lui-même qu’un animal « qui a besoin d’un maître »… Et ainsi de suite. S’il faut des lois pour qu’il y ait des hommes justes, il faut aussi des hommes justes pour promulguer des lois auxquelles ils se soumettent. Tout maître trouvé à un moment, qu’il s’agisse d’une « personne unique » ou d’une « élite de personnes triées au sein d’une société », ne peut-il pas devenir un despote ? Rousseau s’écriait : « il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes. » Toujours est-il que la liberté en société ne peut se développer que dans la contrainte. Kant dénonce tout autant l’utopie d’un peuple sans maître (l’absence de lois, c’est le retour à la barbarie et donc la suppression de toutes les libertés) que le despotisme, qu’il prenne la forme de l’arbitraire du pouvoir politique ou de la bienveillance paternelle. Pour que le despotisme s’installe, il suffit que certains hommes s’arrogent une supériorité sur les autres et prétendent veiller sur leurs intérêts, au lieu d’en laisser la charge aux seules lois. L’établissement d’une société civile juste, permettant l’accord de la liberté de chacun avec celle de tous, est une tâche jamais achevée.
L’homme est-il libre ? L’existence est liberté
L’existentialisme sartrien affirme la primauté de l’existence sur l’essence. L’homme n’a pas été conçu afin d’être créé, il n’a pas d’essence préalable. Il n’existe pas de nature humaine. C’est précisément par ce que l’homme n’est d’abord rien qu’il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu’être liberté. La chose qui est ceci ou cela, qui ne que ce qu’elle est, ne saurait être libre. Un arbre ne peut jamais qu’être l’arbre qu’il est. L’homme n’est pas, il n’est pas d’avance ceci ou cela. L’homme est ce qu’il se fait. Et si l’homme n’est d’abord rien et choisi librement son essence, cela signifie qu’il est pure subjectivité, qu’il est projet. L’homme ne choisit pas d’être libre, il l’est, il ne peut que l’être. Il l’est tout entier et toujours. Il ne saurait saurait être tantôt libre, tantôt esclave. Ce que Sartre exprime par cette formule : « l’homme est condamné à être libre. »
L’homme est conditionné, mais il n’est pas déterminé
L’homme est en situation, c’est-à-dire qu’il est « conditionné par sa classe, son salaire, la nature de son travail ». Mais il peut se choisir lui-même dans sa « manière d’être ». « L’important n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous. » La situation est donc ce à partir de quoi commence la liberté. Et la liberté est le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quelque soit l’obstacle ou la situation, à se faire être. Pour Sartre, la conscience de nous choisir et de choisir ne peut que s’accompagner du sentiment de la responsabilité, car l’homme n’engage pas que lui-même. On doit toujours se demander : « qu’arriverait-il si tout le monde en faisait autant ? » En chaque cas, nous devons décider seul et cependant pour tous. Car, pour Sartre, « chacun de nos actes met on jeu le sens du monde et la place de l’homme dans l’univers ». « L’homme est condamné à être libre » signifie bien que l’homme n’est pas mais qu’il se fait, et qu’en se faisant il assume la responsabilité de l’espèce humaine. Cela signifie aussi qu’il n’y a pas de valeur ni de morale qui soient données a priori.
Peut-on prouver la liberté ? On ne peut pas fonder la liberté sur le sentiment que nous en avons
Nous avons tous le sentiment intérieur d’être libre de vouloir ou de ne pas vouloir, d’affirmer ou de nier, de choisir tel parti plutôt que tel autre. Les seuls obstacles à notre liberté nous paraissent extérieur à nous-mêmes. Mais peut-on fonder la liberté sur un tel sentiment ? Comme le souligne Spinoza, la croyance en notre liberté n’est que l’ignorance dans laquelle nous sommes des causes par lesquelles nous sommes déterminés. On ne peut en effet jamais connaître l’homme que comme déterminé. Comme tout phénomène, les choix les actes des hommes peuvent être inséré dans la chaîne de la causalité. Supposons un homme qui a commis un crime. On trouvera toujours des raisons à ce crime : éducation, enfance malheureuse, mauvaises fréquentations, etc. En partant de là, on dira que, compte tenu de ces circonstances empiriques, cet homme ne pouvait que commettre cet acte. On ne peut donc prouver la liberté.
On ne peut pas prouver que l’homme est libre mais on peut le penser
Si on ne peut connaître l’homme que comme déterminé, on peut toujours penser la liberté comme une possibilité. Et, dans la pratique, tout se passe comme si nous considérions l’homme comme libre. Ainsi, on pourra toujours trouver des causes à l’acte d’un criminel,mais il ne sera pas innocenté pour autant. En le déclarant coupable, nous affirmons qu’au moment où il a commis cet acte, il pouvait, malgré son passé, ne pas le commettre. Kant considère la causalité non comme une réalité objective, mais comme un a priori de l’entendement humain. D’où l’idée que la véritable nature de l’homme n’est pas celle que nous connaissons théoriquement et l’affirmation qu’il y a, en l’homme, une volonté libre qui peut se déterminer elle-même indépendamment de l’enchaînement temporel de sa vie. Il est donc capable de commencer une action qui ne soit pas déterminée par des causes antérieures.
La liberté est un fait
Mais comment puis-je savoir que je suis libre ? Kant répond : « par la loi morale ». Autrement dit, la liberté se fonde sur l’impératif catégorique : « je dois, donc je puis », c’est-à-dire je suis libre. La raison ne peut me commander d’obéir à la loi morale que si j’ai la possibilité d’y obéir. Sinon elle se contredirait. Il suffit donc d’invoquer l’accord de la raison avec elle-même pour déduire la liberté du devoir. D’ailleurs, si il est vrai que je peux désobéir à la loi morale, je peux aussi éprouver en moi une possibilité d’agir moralement qui atteste mon indépendance par rapport à tous les déterminismes naturels et sociaux qui m’affecte. La liberté ne peut pas se prouver, mais elle est un fait donné en même temps que la raison.