06 - Politique Economique - Bénassy-Quéré - Etudes 01 Flashcards
Mise en évidence du détournement d’échange :
Une libéralisation à l’égard de certains partenaires commerciaux seulement, peut détourner les flux de commerce vers ces pays et conduire à une perte d’efficacité par rapport à une situation de protection douanière uniforme → on remplace les anciens producteurs par d’autres pourtant moins compétitifs.
Dans ce cas l’allocation est mauvaise et l’union est désavantageuse.
_/!_ Cette théorie est toutefois formulée sous les hypothèses restrictives suivantes : approche statique, équilibre partiel, offres d’importation élastiques, petit pays.
Jacob Viner, 1950, “The Customs Union Issue”
A l’époque où le traité de Rome est signé, la théorie vinerienne est dominante.
→ Tant pour la décision de la lancer que pour sa réalisation, l’union douanière, pilier de l’intégration régionale européenne, ne semble avoir pu être guidée en premier lieu par des préoccupations économiques.
Lagadec, 2002
Des accords commerciaux préférentiels peuvent, à terme, améliorer le bien-être, car ils sont souvent une étape vers la libéralisation multilatérale.
Critique ultérieure de cette étude. Les auteurs se fondent sur :
- Une situation de neutralité vis-à-vis du reste du monde ;
- Une concurrence et une information parfaites ;
- Des mécanismes efficaces de compensation équitables, en l’occurrence des transferts de sommes forfaitaires entre pays membres.
→ Ces hypothèses sont donc peu réalistes.
Kemp et Wan, 1976, “An elementary proposition concerning the formation of customs unions”
Dans le cas où le décideur public peut avoir des difficultés à évaluer le coût d’un bien en présence d’asymétrie d’informations avec des opérateurs privés, un bon mécanisme de révélation est une attribution par enchère.
C’est le choix que firent le Royaume-Uni et l’Allemagne en 2000 pour attribuer les licences d’exploitation de la téléphonie mobile de troisième génération. L’auteur relève dans ce cas, pourtant, un fiasco : les prix payés par les entreprises se révélèrent beaucoup trop optimistes.
Klemperer, 2004, Auctions : Theory and Practice
Illustration de la théorie des mécanismes (pour laquelle l’auteur a reçu la même année le prix Nobel) :
Plutôt que de rechercher une solution idéale, le gouvernement doit concevoir des mécanismes qui permettent d’induire l’effet escompté d’une opération malgré le manque d’information dont il dispose, en rendant les incitations compatibles avec une divulgation de cette information.
Ainsi, le recours aux enchères pour attribuer des licences d’exploitation de téléphonie, mécanisme reposant sur les estimations des opérateurs des coûts d’installation, d’exploitation et la demande, qu’ignore le gouvernement, peut être un moyen de maximiser cette vente.
Maskin, 2007, “Mechanism design : How to Implement Social Goals”
Fondation de la théorie des choix publics
Les jugements normatifs doivent être cantonnés au cadre qui définit la politique économique :
La Constitution, et plus largement l’ensemble des règles, des procédures et des institutions dans le cadre desquelles les décisions de politique économique sont prises.
Buchanan et Tullock, 1962
Le chercheur en économie politique, lorsqu’il étudie un processus de décision, ne voit pas en ressortir le résultat d’un problème de maximisation, malgré la présence de ressources rares et le conflit entre objectifs.
Le résultat qu’il observe est plus largement influencé par des variables endogènes : les règles, les procédures, les institutions, les influences politiques, etc.
Ce qu’il étudie, c’est une organisation sociale et ce qui en résulte.
Buchanan, 1975, The Limits of Liberty
La poursuite de n objectifs indépendants de politique publique nécessite que le gouvernement dispose d’au moins autant (≥ n) d’instruments indépendants.
Tinbergen (Règle de), 1952, On the Theory of Economic Policy
Mise en évidence par cet économiste néo-zélandais d’une relation négative entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires nominaux au Royaume-Uni entre 1861 et 1957. Pour un taux de chômage de 5 %, les salaires nominaux sont restés stables sur cette période. Pour un taux de chômage légèrement inférieur à 2,5 %, les salaires se sont accrus d’environ 2 % par an.
→ une réduction du chômage d’un point de pourcentage entraînait une hausse de 0,8 point du taux d’inflation.
_/!_ Le supplément de chômage requis pour abaisser l’inflation de 1 point est appelé ratio de sacrifice.
Phillips (Courbe de), 1958
L’impact négatif d’une réforme structurelle n’est pas contrecarré par une politique monétaire plus expansionniste, quand le pays concerné se trouve dans l’une des situations suivantes :
- Il a adopté un régime de change fixe ;
- Il fait partie d’une union monétaire ;
- Les taux d’intérêt de sa banque centrale sont déjà à zéro et ne peuvent être abaissés.
Eggertsson, Ferrero et Raffo, 2014, “Can Structural Reforms Help Europe ?”
Les effets positifs d’une réforme structurelle dominent à long terme, le bilan étant alors généralement positif. Ainsi, une refonte structurelle des marchés de biens et services et du marché de l’emploi permettrait, à un horizon de 10 ans, un gain de PIB de près de 10 % en moyenne pour les pays de l’OCDE.
A court terme, la question reste controversée.
Bouis et Duval, 2011, Raising potential growth after the crisis
Lorsqu’un gouvernement démocratique fait face à la contrainte d’économie politique que constitue l’institution d’une réforme dont les fruits n’apparaîtront qu’après l’expiration de son mandat, une réponse possible peut consister à trouver un moyen de financer les coûts initiaux des réformes.
Pour réformer, plutôt que de passer en force, il faudrait payer afin de racheter les privilèges qui brident l’activité économique en limitant le jeu du marché. Il s’agit alors d’une forme d’investissement rentable collectivement, car la suppression des privilèges génère un bénéfice largement supérieur du fait de l’élimination des distorsions du marché.
Les taxis sont pris comme exemple.
Jacques Delpla, Charles Wyplosz, 2007, La fin des privilèges, payer pour réformer
Les trois fonctions essentielles de la politique budgétaire, et plus largement de la politique économique, sont :
1° L’allocation des ressources ;
2° La stabilisation macroéconomique face à des chocs exogènes qui éloignent l’économie de l’équilibre ;
3° La redistribution entre agents ou entre régions.
Musgrave et Musgrave, 1989, Public Finance in Theory and Practice
Formulation la plus achevée des conditions de validité de l’équilibre concurrentiel, essentiellement :
- L’homogénéité de degré zéro par rapport aux prix : le fait que si l’on multiplie l’ensemble des prix par un quelconque réel positif, cela ne modifie pas les choix des agents ;
- La loi de Walras : quels que soient les prix, la somme des demandes nettes pondérées par le prix de chacun des biens correspondants est nulle.
→ Les théorèmes de l’économie du bien-être reposeront sur cet ensemble d’hypothèses très exigeant.
_/!_ Ces conditions sont à distinguer des caractéristiques de la concurrence « parfaite » sur un marché (transparence de l’information, atomicité, homogénéité des produits et libre entrée et sortie) avec lesquelles elles sont souvent confondues.
Kenneth Arrow et Gérard Debreu, 1954, Existence of an Equilibrium for a Competitive Economy
Proposition de réformer la protection de l’emploi pour substituer une taxation au contrôle des licenciements par le juge.
Cette taxation prendrait la forme d’un bonus-malus sur les contributions des entreprises à l’assurance chômage, modulées en fonction de leur comportement d’embauches et de licenciements.
Blanchard et Tirole, 2003
Etude de l’anti-sélection dans le cas du marché des véhicules d’occasion :
- Seuls les vendeurs connaissent la qualité des véhicules qu’ils mettent sur le marché ;
- Le prix de vente concurrentiel reflète une qualité moyenne et est trop faible pour vendre un véhicule de bonne qualité ;
- Dès lors, il ne reste sur le marché que des véhicules de mauvaise qualité.
Akerlof, 1970, « The Market for Lemons »
La justification des politiques de stabilisation provient de deux causes :
- des comportements non rationnels (les « esprits animaux ») ;
- les rigidités nominales des salaires et des prix.
Keynes, 1936
Travaux à l’origine de la théorie des cycles économiques réels.
Ils ont depuis donné lieu à une littérature abondante, qui tente d’expliquer les causes des fluctuations économiques :
- en évitant les références aux comportements non rationnels et aux rigidités nominales ;
- en recourant aux chocs de technologies de production et aux réactions rationnelles d’agents optimisateurs.
Kydland et Prescott, 1982
Modèle à facteurs.
Deux facteurs dynamiques expliquent plus de 80 % de la variance de nombreuses variables économiques (taux de chômage, inflation des prix de gros, croissance de la production industrielle, croissance du chômage, etc.) :
- La modélisation DGSE : la première se veut structurelle, au sens où les restrictions imposées par un modèle dynamique et stochastique d’équilibre sous anticipations rationnelles sont utilisées pour identifier, estimer et tester ce modèle au regard des données ;
- La modélisation VAR structurelle : la seconde propose un ensemble de représentations statistiques peu contraintes au regard des données macro-économiques, mais offrant un éventail d’utilisations assez vaste allant de la prévision à l’identification de chocs structurels (par exemple des chocs d’offre et de demande) et de leurs effets et contributions aux fluctuations agrégées.
Sargent et Sims, 1977, Business cycle modelling without pretending to have too much a-priori economic theory
Mise en évidence des « coûts de chaussure » entraînés par l’inflation : la mauvaise allocation des ressources qui découle du fait que les consommateurs cherchent à protéger la valeur de leurs actifs en se rendant plus souvent à la banque pour détenir moins de cash.
Pakko, 1998
En 1994, l’allocation parentale d’éducation réservée aux mères de trois enfants se retirant temporairement du marché du travail pour s’occuper des plus jeunes a été étendue aux mères de deux enfants. Seule cette sous-population a donc vu les conditions de l’arbitrage emploi/inactivité se modifier.
La comparaison entre son taux d’activité et celui de populations voisines (mère de deux enfants non éligibles, mère d’un seul enfant) a permis d’éliminer les effets de facteurs exogènes (situation du marché du travail, par exemple).
L’étude a mis en évidence une réponse forte et rapide des femmes concernées à l’incitation pécuniaire qui leur a été faite de se retirer du marché du travail.
La généralisation de cette constatation est cependant limitée par le fait que l’élasticité de l’offre de travail des mères de deux enfants n’est probablement pas la même que celle d’autres sous-populations.
Piketty, 1998
Les inégalités de revenus se font croissantes dans la plupart des pays avancés et la richesse se concentre davantage au sommet de la pyramide sociale.
Cette étude des plus hauts revenus dans le monde anglo-saxon le démontre.
Atkinson et Piketty, 2007
A partir de 2007, 40 départements ont été autorisés à expérimenter le RSA. Le comité national de l’évaluation a mis en place une procédure d’évaluation, fondée sur la comparaison avec des territoires similaires non concernés par l’expérimentation qui jouaient le rôle de territoires témoins.
Cependant, alors que l’expérimentation était prévue pour trois ans, la loi a généralisé le RSA dès 2009, la mise en place de la réforme ayant pris le pas sur son évaluation.
L’expérimentation a permis aux membres du gouvernement de mettre en avant un effet de scientificité et de décharger le projet de son contenu le plus clivant.
Arrignon, 2019
L’espérance de vie des Noirs américains était inférieure à celle des habitants du Kérala, en Inde, qui présente un IDH assez élevé.
On peut en déduire que le revenu monétaire peut être un mauvais indicateur des conditions de vie.
Amartya Sen, 1999, Development as Freedom
Illustration de ce que les relations entre objectifs poursuivis par les politiques économiques donnent parfois lieu à controverse.
L’inégalité est un déterminant positif du taux de croissance à moyen et long terme.
Toutefois, il ne faut pas négliger les inégalités, non seulement parce qu’elles peuvent être indésirables d’un point de vue éthique, mais parce qu’elles peuvent malgré tout altérer négativement la croissance.
En outre, à un niveau macroéconomique, les études ne semblent pas démontrer qu’une redistribution importante ait un effet négatif direct sur la durée de la croissance. Une redistribution moyenne, associée à une réduction des inégalités, est donc favorable à une croissance plus durable.
FMI, 2014, Redistribution, Inequality and Growth
La plupart des économistes s’accordent pour dire que des déficits budgétaires persistants élèvent finalement les taux d’intérêt à long terme parce qu’ils accroissent l’offre de titres de dette publique et le risque de défaut des Etats.
Pour autant, il a été affirmé péremptoirement que « Reagan a fait la preuve que les déficits ont peu d’importance ».
Dick Cheney, le vice-président de George W. Bush, 2004
Les désaccords sur les politiques économiques internationales proviennent de trois sources :
- Les questions d’agrégation : on ne considère pas les mêmes données agrégées, par exemple l’économie dans son ensemble ou seulement la redistribution ;
- L’horizon temporel : on regarde les effets à cinq ou dix ans en négligeant les effets à court terme, notamment pour les populations les plus fragiles ;
- Le fonctionnement des marchés : on suppose que les marchés sont suffisamment concurrentiels, alors qu’en pratique ils sont imparfaits.
Ravi Kanbur, 2001
Le programme de la recherche économique des quatre dernières décennies peut être lu rétrospectivement comme une tentative systématique, et couronnée de succès, de mettre à bas de son piédestal la statue du dirigeant omniscient, tout-puissant et bienveillant (qui était l’approche traditionnelle de la politique économique), devenu impuissant, voué à des actions inutiles, voire nuisibles, considéré comme manquant de clairvoyance et d’information, et traduisant la pression d’intérêts privés tels que ceux des bureaucrates.
Avinash Dixit, 1996
Les décideurs prennent leurs décisions à partir de prévisions moyennes, généralement sans prendre en compte la distribution des risques.
N.B. : _/!_ Toutefois, des événements comme l’ouragan Katrina en 2005 ou la chute de Lehman Brothers en 2008 les y contraignent dans une certaine mesure.
Christian Gollier, 2008
Distinction entre risque et incertitude :
- Le risque désigne une situation dont les aléas sont quantifiables mathématiquement ;
- Ce risque devient une incertitude quand ces aléas ne sont pas quantifiables → ils ne sont plus assurables.
Une incertitude « knightienne » interdit de recourir au concept d’utilité espérée.
Knight, 1921
Théorie de l’utilité espérée
Proposition par les auteurs de modèles de jeux de coalitions :
Les agents économiques connaissent les probabilités de réalisation des différents « états de la nature » (par exemple, la probabilité d’un succès/échec).
Ils maximisent en conséquence l’espérance mathématique de leur utilité future, c’est-à-dire la somme de l’utilité obtenue dans chaque état de la nature pondérée par la probabilité de réalisation de celui-ci.
_/!_ Les auteurs ne reconnaissent que le comportement rationnel d’individus égoïstes, et ne laissent aucune place à un accord indivisible entre joueurs qui prendrait la forme d’un contrat social.
Von Neumann et Morgenstern, 1944, Theory of Games and Economic Behavior
Le ministère de la santé français a examiné en 2000 un nouveau test de dépistage : le premier concernant la présence du virus VIH et de l’hépatite C dans les lots de sang transfusionnel. Les expertises indiquaient qu’il pouvait conduire à une année de vie gagnée pour 60 M€.
A la même époque, la mise en place d’un dépistage du cancer du sein chez les femmes de plus de 50 ans, aurait pu conduire à un gain d’espérance de vie de 1 an pour 10 000 €.
C’est pourtant le premier qui a été mis en œuvre, l’opinion publique étant mobilisée sur la question de la contamination du sang.
→ Les décideurs politiques ne calculent pas rationnellement les gains et les coûts espérés d’une décision politique.
Christian Gollier, 2008, Le principe de précaution
La variation journalière de l’indice Dow Jones de la bourse de New York a dépassé 7 % à 48 reprises sur la période 1916-2003.
Pourtant, c’est un événement qui se produirait en moyenne tous les 300 000 ans si la distribution de cette variation était normale avec les mêmes moyennes et variance.
Cette observation invalide l’hypothèse standard selon laquelle les rendements suivent une loi normale, alors que de nombreux modèles prévisionnels reposent sur cette hypothèse.
Mandelbrot et Hudson, 2004
La banque centrale peut tolérer des fluctuations raisonnables de l’inflation autour de son objectif de référence.
Elle doit en revanche tout faire pour éviter les situations extrêmes, c’est-à-dire les événements :
- dont la probabilité est faible ;
- mais dont les effets disruptifs sont extrêmement élevés.
Lars Svensson, 2004
Si la décision d’investir est irréversible (les coûts d’installation sont irrécupérables, c’est-à-dire que la valeur de revente du capital installé sera inférieure à sa valeur d’achat) alors que la décision de reporter l’investissement est réversible, le calcul économique impose de comparer :
- La valeur d’un investissement réalisé aujourd’hui ;
- Et la valeur du même investissement réalisé à une date ultérieure.
→ En d’autres termes, l’investisseur attend que la demande dépasse un certain seuil, afin de ne pas suraccumuler son capital.
_/!_ C’est pourquoi le capital n’évolue pas de manière continue, mais par palliers.
Arrow, 1968 (« Optimal Capital Policy with Irreversible Investment »)
L’approche prenant en compte l’irréversibilité est particulièrement pertinente dans l’évaluation des projets qui causent des dommages irréversibles à l’environnement : enfouissement de déchets nucléaires, forage pétrolier dans une réserve naturelle, etc.
_/!_ Critique BQ : se complique lorsque l’inaction engendre aussi un coût, comme dans le cas des émissions de carbone.
Henry, 1974
Dans un rapport remis au gouvernement britannique, la valeur actualisée du coût social de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre était estimée à 1 % du PIB mondial, contre un coût de l’inaction estimé à une réduction permanente annuelle qui s’échelonnait :
- de 5 %, en considérant seulement la production et l’exploitation des ressources ;
- à 14 %, en intégrant les pertes humaines et écologiques ;
- voire à 20 % du PIB mondial, en intégrant le fait que les économies les moins avancées seront ralenties dans leur développement.
_/!_
Ce rapport a été critiqué :
- pour le taux d’actualisation qu’il a employé, qui se fonde sur le principe philosophique selon lequel il n’y a aucune raison d’accorder moins de valeur au bien-être de nos descendants qu’au nôtre ;
- et sa sous-estimation alléguée du potentiel de réduction des coûts futurs du fait des innovations technologiques.
Stern, 2006, The Economics of Climate Change
Publication d’un article sur les anticipations rationnelles :
Les agents économiques font des prévisions ou forment leurs anticipations en utilisant l’information disponible de la manière la plus efficiente. Leur ensemble d’information comprend l’historique de leurs erreurs de prévision et le modèle sous-jacent du fonctionnement de l’économie.
Ils ne peuvent pas être systématiquement trompés, et leurs erreurs éventuelles résultent uniquement des événements nouveaux qui ne sont pas prévisibles.
→ L’action politique, dès lors qu’elle n’est pas purement aléatoire, peut être anticipée.
_/!_ À l’époque, prévalait encore le principe mécaniste selon lequel les agents se fondaient sur l’observation du passé pour leur prise de décision.
John Muth, 1961, “Rational Expectations and the Theory of the Price Movements”
Article fondateur dans lequel il est avancé qu’il n’est pas correct d’utiliser un modèle macroéconométrique pour évaluer les effets des modifications systématiques des règles de politique économique (l’auteur s’oppose ainsi à la tendance scientiste de l’époque).
Tout changement significatif de politique économique va affecter les anticipations et les comportements des agents dont le modèle est une représentation. Ce modèle ne sera donc plus adapté → Comme les agents réagissent, les fonctions des modèles ne sont pas indépendantes des politiques qu’elles sont censées examiner. Leur caractère prédictif est donc remis en cause.
Par exemple, dans un modèle simulant les conséquences du passage d’un taux de change fixe à un taux de change flottant, les changements envisagés vont affecter le comportement des agents du modèle.
Robert Lucas, 1976, “Econometric Policy Evaluation : A Critique”
Modélisation de l’évolution conjointe des variables macroéconomiques sans introduire aucune contrainte théorique :
- conçue comme une manière de répondre à la critique de Lucas ;
- à l’origine du développement d’une approche purement statistique de l’économie (voir les modèles VAR notamment).
Sims, 1980