06 - Politique économique - Bénassy-Quéré - Etudes 04 Flashcards
(100 cards)
Il n’est pas souhaitable de conserver durablement des contrôles de capitaux :
1° Les taxes type Tobin ou les obligations de mise en réserve à la chilienne ne sont pas suffisantes pour décourager les sorties de capitaux lorsque les anticipations de dépréciation de la monnaie nationale deviennent fortes ;
2° Les taxes et les contrôles administratifs peuvent être contournés grâce aux innovations financières et à l’existence de paradis fiscaux ;
3° Il est très difficile de distinguer les « bons » des « mauvais » flux de capitaux a priori : tous seront pareillement pénalisés.
Garber et Taylor, 1995
La mobilité du travail joue un rôle important dans l’ajustement aux chocs asymétriques aux États-Unis, et beaucoup moins en Europe.
Blanchard et Katz, 1992
L’euro est associé à une augmentation du commerce au sein de la zone euro de l’ordre de 5 à 10 %.
Baldwin, 2006
Depuis l’introduction de l’euro, les échanges intra-zone n’ont pas significativement augmentés. Cependant, le volume des échanges peut-être un indicateur trompeur : d’autres paramètres comme la réglementation, le cadre juridique, les impôts ou la barrière de la langue peuvent influer sur ce volume.
L’euro a probablement joué un rôle positif en la matière en ce qu’il a contribué à maintenir des prix plus bas et moins volatiles, et spécialement dans la zone euro.
Fontagné et al., 2009
Effet pro-concurrentiel de l’euro ayant abouti à une convergence des prix du commerce intra-zone de biens et services.
Avant la mise en place de la monnaie unique, les prix à l’exportation des entreprises françaises dans la zone euro étaient de 15 % plus élevés que dans le reste de l’Union européenne ; après 1999, l’écart passe à 8,1 %.
Néanmoins, moins important qu’aux États-Unis.
Martin et Méjean, 2010
Un grand pays a une probabilité plus faible de choisir un régime de change fixe qu’un petit pays.
Conformément à ce que le triangle d’incompatibilité suggère, les contrôles de capitaux accroissent la probabilité de choisir un régime de change fixe.
Pour les pays en développement, la probabilité d’un régime de change fixe augmente positivement avec le PIB par habitant, les réserves officielles en pourcentage des importations et l’endettement extérieur rapporté au PIB.
Pour les économies avancées, une forte concentration des exportations est associée à un régime de change fixe.
Ghosh, 2014
En septembre 2000, confrontée à des pressions à la baisse contre l’euro, la Banque centrale européenne a cherché à intervenir sur les marchés dans une action coordonnée avec les autorités monétaires des Etats-Unis, du Japon, du Canada et du Royaume-Uni, pour un montant de 6 Md€. Un mois plus tard, la baisse du taux de change de l’euro reprenait.
Pour les auteurs, ces interventions n’ont eu d’effet qu’à court terme sur les dynamiques des taux de change et aucun au delà, ce qui leur permet de conclure à leur inefficacité.
Frenkel et al., 2001
Remise en cause de l’efficacité des interventions de change, au moins lorsque celles-ci sont stérilisées, ce qui est généralement le cas dans les économies avancées. Ces interventions semblent accroître plutôt que réduire l’instabilité des cours.
Sarno et Taylor, 2001, “Official intervention in the foreign exchange market : Is it effective and, if so, how does it work ?”
Outre les deux canaux de transmission des interventions sur le taux de change :
1° le canal monétaire ;
2° l’effet de portefeuille ;
mise en évidence d’un troisième :
3° l’effet de signal : même lorsque la plupart des agents intervenant sur le marché jugent une monnaie désalignée, la présence de chaînes mimétiques ou de chartistes peut retarder le retour vers l’équilibre.
Dominguez et Frankel, 1993
Il y a de la place pour plus d’une monnaie internationale dans le système monétaire international.
Sur la période 1947-2013, les effets de réseau jouent beaucoup moins après 1973, ce qui pourrait être défavorable au dollar à l’avenir, alors que l’inertie se renforce comme déterminant des monnaies de composition des réserves de change.
Chitu, Eichengreen et Mehl, 2014
Les fonctions d’une monnaie internationale sont peu séparables. Avec l’effet de réseau, la monnaie revêt un caractère auto-renforçant ou auto-justifiant, les coûts de transaction devenant plus bas et le degré de convertibilité de la monnaie plus élevé.
Ceci rend la relation entre l’utilisation d’une monnaie et ses déterminants non linéaire, car ces externalités peuvent être à l’origine d’une inertie à court terme qui maintient l’utilisation d’une monnaie au niveau international (dollar), alors même que les autres déterminants ont changé.
Krugman, 1984
Les cinq conditions pour qu’une monnaie devienne internationale :
1° Être émise par un grand pays ou une grande zone monétaire ;
2° Être utilisée pour libeller des actifs échangés sur des marchés profonds et liquides ;
3° Être stable sur les plans interne (inflation) et externe (taux de change stable ou du moins ne se dépréciant pas tendanciellement) ;
4° Bénéficier d’un environnement réglementaire sécurisant et d’une stabilité financière ;
5° Être soutenue par des attributs de pouvoir non économiques (force militaire, place dans les forums internationaux, etc.).
Bénassy-Quéré, 2016
L’inadéquation entre un système monétaire international unipolaire et une économie réelle multipolaire est l’une des causes ayant mené à la crise financière mondiale de 2008.
Ainsi, si les banques européennes ont fortement développé leurs activités internationales, elles l’ont fait en dollar et non en euro, en finançant le commerce et les infrastructures en dollar dans les grands pays émergents.
Cette dépendance au dollar s’est révélée un facteur de fragilité pour la zone euro : à partir de 2007, les financements privés s’étant taris, la BCE a dû prêter aux banques européennes des dollars qu’elle empruntait elle-même à la Fed.
Le système monétaire contribue donc à l’instabilité financière.
Ivashina, Scharfstein et Stein, 2012
L’inadéquation entre un système monétaire international unipolaire et une économie réelle multipolaire est l’une des causes ayant causé un déficit durable de demande agrégée (et donc la croissance) qui a suivi la crise financière mondiale de 2008.
Les très larges excédents accumulés par un petit nombre de pays entre 2000 et 2008, Chine, Arabie Saoudite et Allemagne, ont été principalement réinvestis dans des titres de dette publique, surtout américains mais aussi dans les pays du sud de la zone euro.
La conséquence de ces investissements massifs fut de déprimer les taux d’intérêts réels mondiaux, et de comprimer les spreads de crédit entre l’Allemagne et ses partenaires du Sud de la zone euro.
Gourinchas et Rey, 2016
Pour éviter que les investisseurs internationaux perdent confiance dans la solvabilité des États-Unis ou anticipent une monétisation massive des dettes américaine, les deux comportements pouvant entraîner un crash du dollar :
Il faut développer des sources alternatives de liquidités internationales, à travers :
- soit l’internationalisation d’autres monnaies ;
- soit le développement des DTS.
Mateos y Lago, Duttagupta et Goyal, 2009
En 2018, 140 Md € (13 % de l’impôt collecté) aurait manqué dans la collecte de la TVA au sein de l’UE, avec de fortes disparités (34 % en Roumanie, presque zéro en Suède).
Si une part repose sur les entreprises en difficulté ou en faillite et incapables de rembourser la TVA collectées, une part est due aux fraudes
Commission européenne, 2020
En 2013, plus de 60 % des dépôts en Suisse détenus par des non-résidents « appartenaient » aux îles Vierges, à Jersey et à Panama, conduisant à une perte de recettes fiscales en 2013 de 190 Md$ au niveau mondial et 75 Md pour l’Europe.
20 % des profits américains, soit dix fois plus que dans les années 1980, étaient logés dans les principaux paradis fiscaux, 10 % de la richesse des ménages européens y était placée. En tout, 10 % du PIB mondial y séjournait.
Zucman, 2014
Les pays à bas revenus collectent généralement en imposition entre 10 et 20 %, tandis que la moyenne des pays à forts revenus est supérieure à 40 %.
L’une des raison est que le fractionnement ethnique a un impôt négatif sur les recettes fiscales en proportion du PIB : un faible sentiment d’identité nationale réduit la capacité du gouvernement à lever l’impôt.
Besley et Persson, 2014
Aux Etats-Unis, les droits de douane sont de facto payés par les consommageurs : les fortes hausses de droit de douane sur les importations américaines en 2018-2019 se sont répercutées entièrement sur les prix à l’importation pour les entreprises et les consommateurs américains (à l’exception de l’acier).
Amiti, Redding et Weinstein, 2020
En 1990, les droits de douane sur les importations de jus d’orange étaient de 20 % en équivalent ad valorem.
Les auteurs calculent une perte sociale pour les consommateurs américains de 70 millions de dollars, soit 13 % de la consommation de jus d’orange.
Hufbauer et Elliot, 1994
Les salaires supportent plus de la moitié de la charge fiscale pesant sur les entreprises au titre de l’impôt sur les sociétés.
Dans cette étude empirique portant sur 55 000 entreprises dans neuf pays européens sur la période 1996 à 2003 :
- 54 % d’une augmentation de l’impôt sur les sociétés se traduit par une baisse des salaires ;
- à long terme, cette augmentation peut même dépasser 100 %.
Ceci s’explique par la plus grande rigidité des investissements en capital physique : en cas de hausse de la fiscalité, une entreprise doit réduire son stock de capital, entraînant une diminution de la productivité du travail et donc une réduction des salaires ou, lorsque les salaires sont au plancher du salaire minimum, de l’emploi.
Arulampalam et al., 2012
Une taxe sur l’épargne peut avoir in fine un effet opposé à l’effet anticipé : si une taxe sur le capital augmente le coût du capital relativement à l’emploi, ce qui peut induire des effets de substitution favorables à l’emploi, elle a pour effet de réduire les revenus du travail à long terme.
Feldstein, 2005
Travaux pionniers sur la fiscalité optimale, en matière d’impôt sur le revenu :
L’objectif retenu était une fonction d’utilité sociale définie comme la somme pondérée de niveaux individuels de bien-être, avec des coefficients de pondération inversement proportionnels aux revenus des individus.
La fonction est maximisée sous deux contraintes :
- Une contrainte de revenu de l’État (la recette fiscale à collecter pour financer les biens publics) ;
- Une contrainte dite « d’incitation », qui prend en compte l’effet des taxes sur l’incitation au travail.
→ Il y a un arbitrage à réaliser entre :
- La nécessité de taxer d’autant plus les individus que leur productivité est élevée, dans un objectif de redistribution ;
- Et l’incitation des plus productifs à travailler moins en cas de hausse du taux de l’impôt.
Mirrlees, 1971
1° Il est particulièrement difficile de mesurer l’élasticité de l’offre de travail, ce qui rend difficile de chercher dans la théorie de la fiscalité optimale un profil précis de taux marginaux d’imposition.
Pour autant, les coûts liés à l’inefficacité du système fiscal sont potentiellement élevés.
2° La théorie de la taxation issue des années 1970 ne doit pas seulement prendre en compte le fait que les individus peuvent y résister, mais également que la nature coercitive de la collecte des prélèvements est coûteuse. Le cadre d’analyse considérait jusque là les agents économiques comme bienveillants vis-à-vis de la réglementation fiscale, alors que l’auteur démontre qu’aucune structure fiscale ne peut être mise en place sans dispositif coercitif de collecte fiscale.
Slemrod, 1990
