06 - Politique économique - Bénassy-Quéré - Etudes 05 Flashcards
La réforme « Fornero » de 2011 en Italie a relevé l’âge de retraite des travailleurs sans transition.
Les entreprises les plus touchées par cette mesure ont réduit l’embauche de jeunes, ce qui montre qu’il y a des effets de court terme des mesures de report de l’âge à la retraite.
Boeri, Garibaldi et Moen, 2016
Comparaison dans dix villes françaises, au début des années 2000, du revenu net d’un ménage payé au SMIC et des transferts sociaux dont il bénéficiait s’il ne travaillait pas. Étaient pris en compte :
- Les transferts locaux (logement, restaurant scolaire, crèche, etc.) ;
- Les transferts nationaux (revenu minimum d’insertion, allocation sous conditions de ressources).
→ Dans le cas d’un couple avec deux enfants, le cumul des aides nationales et locales aboutissait au début des années 2000 à un revenu net de 19 200 € par an pour un ménage sans revenus d’activité. Pour obtenir par le travail un revenu identique, ce ménage aurait dû dégager un revenu d’activité d’au moins 15 550 €, soit 44,5 heures par semaine au SMIC.
Un emploi à temps plein au smic fournissait donc un revenu inférieur aux revenus de transfert au chômage.
Anne et L’Horty, 2002
Enquête auprès de 5500 ménages britanniques montrant sans ambiguïté que le passage du chômage à l’emploi améliorait un indice de bien-être, noté sur 36, de 2,6 points, tandis que le passage de l’emploi au chômage le dégradait de 1,7 point.
En comparaison, un mariage améliorait le bien-être de 0,3 point et un divorce le dégradait de 1,5 point.
Enfin, une variation du revenu était sans effet sensible.
Clark et Oswald, 2002
Quelle que soit la cause de leur disparition ou de leur création, les activités exposées jouent fortement sur l’évolution de l’emploi local.
Les coefficients estimés supposent que chaque emploi détruit dans le secteur manufacturier par les délocalisations en Chine a induit la destruction en France, entre 1995 et 2007, de 1,5 emploi supplémentaire au niveau local. Selon d’autres études, le coefficient varierait de 0,6 à 1,5 en France.
A l’inverse, les bassins d’emploi locaux portent très longtemps la trace des sinistres industriels.
→ L’emploi exposé exerce un effet d’entraînement sur l’emploi abrité, mais la relation opposée n’est pas observée.
Malgouyres, 2016
Entre 2006-2007 et 2008-2009 (avant/après la crise) :
- Le taux de perte d’emploi des CDI est passé de 1,4 % à 2,2 % pour les CDI ;
- De 12 % à 26 % pour les intérimaires.
⚠️ L’instabilité n’est pas réservée aux seuls salariés en contrats à durée limitée → elle peut aussi toucher des personnes en contrat à durée indéterminée. Sur ce point, l’auteur parle de « déstabilisation des stables ».
Flamand, 2016
I. La plupart des économistes s’accordent sur les effets distributifs de la protection de l’emploi : pour les salariés qui en bénéficient, elle diminue le risque de perte d’emploi, mais l’augmente pour ceux qui n’en bénéficient pas.
II. L’affirmation exacte proposée à un panel d’anciens contributeurs aux analyses du CAE était ici :
« La protection élevée contre les licenciements nuit à l’emploi des jeunes en CDI. »
Beuve, Paris et Schurich-Rey, 2017
I. Étude empirique portant sur 18 pays de l’OCDE.
II. A. Une protection élevée de l’emploi, induisant pour les employeurs des coûts particulièrement élevés d’embauches et de licenciements, conduisent à un comportement spécifique des entreprises :
1° Les entreprises chercheront à élever la productivité de leur facteur travail en formant leurs employés plutôt qu’en modifiant leurs effectifs par des licenciements et des embauches ;
2° Cependant, l’efficacité de cette stratégie dépend de la coordination entre les entreprises, notamment en offrant des salaires similaires à compétence égale, sous peine d’introduire un comportement de passager clandestin, où certaines entreprises laisseront les autres dépenser pour la formation d’employés qu’elles recruteront ultérieurement.
B. Cette protection élevée de l’emploi élève le coût anticipé de l’échec pour les entreprises innovantes, qui sont celles qui ont le plus besoin de renouveler leur force de travail après l’introduction d’innovations technologiques.
III. → Les restrictions à l’emploi incitent à l’innovation au sein des entreprises existantes, plutôt que par des mécanismes schumpétériens de « destruction créatrice ».
Scarpetta et Tressel, 2004
I. La réforme Hartz IV, qui comportait une réduction significative de l’indemnisation des chômeurs de longue durée, a réduit le taux du chômage structurel de 1,4 point.
II. Les réformes Hartz I à III l’ont abaissé de 1,5 point.
III. Ces réformes ont joué un rôle important dans les bonnes performances du marché du travail durant la Grande récession.
Krebs et Scheffel, 2013
Selon ces auteurs, l’effet des réformes Hartz est surestimé.
C’est plutôt la réaction endogène du système de négociation collective qu’il faut créditer du mérite d’avoir favorisé le redressement allemand.
Dustmann et al., 2014
Le système d’indemnisation en vigueur avant 1992 en France, qui comprenait un seul palier, faisant décroître fortement l’indemnisation après 14 mois de chômage, incitait très significativement à la reprise d’emploi à l’approche de la date butoir, et ceci d’autant plus que le salaire antérieur était élevé.
Le passage à une dégressivité par paliers a éliminé cet effet et lissé les sorties du chômage, augmentant les chances d’y rester.
Dormont, Fougère et Prieto, 2001
Un accompagnement individualisé permet de réduire significativement la durée du chômage tout en offrant à ses bénéficiaires l’accès à des emplois mieux payés (ce qui est un indicateur de la qualité de l’appariement).
Fougère, 2000
Entre 2008 et 2014, la Grèce, le Portugal et la Roumanie ont substantiellement réduit le recours aux procédures d’extension (généralisation à tous les salariés d’une branche des dispositions d’un accord conventionnel).
Cette évolution est en cohérence avec les recommandations du FMI et de la commission européenne qui privilégient la décentralisation de la négociation collective.
Visser, 2016
Les accords collectifs définissent au total 60 000 minima, qui ont valeur légale compte tenu du fait que les accords de branche sont systématiquement « étendus » à toutes les entreprises par le ministère du Travail.
Dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne, les entreprises peuvent décider de déroger aux accords de branche.
Les minima de branche jouent un rôle important dans les politiques salariales et influencent le smic via l’indexation de celui-ci sur la moitié des gains de pouvoir d’achat du salaire de base.
Gautier, 2017
La révolution scientifique et les Lumières ont engendré des améliorations en termes de santé et de bien-être largement sous-estimées par les données de revenus.
Pour autant, ces progrès se sont accompagnés d’inégalités, car tout le monde n’en a pas bénéficié, ce qui indique la complexité de l’interaction dialectique entre progrès et inégalités.
Deaton, 2013
Selon les auteurs, la différence de PIB par habitant entre les États-Unis et l’Europe ne reflète pas une performance économique insuffisante de la zone euro, mais une « préférence pour le loisir », c’est-à-dire le choix volontaire des Européens de travailler moins longtemps.
Cette analyse est contestée, en ce que la productivité européenne peut être surestimé parce qu’une partie importante des personnes faiblement qualifiées, à faible productivité, est exclue du marché du travail.
Blanchard et Wyplosz, 2004
La productivité globale des facteurs désigne l’augmentation de l’efficacité des deux facteurs de production combinés – capital et travail.
Elle correspond donc à la part de la croissance qui ne s’explique pas par l’accumulation de capital ou par l’augmentation des heures travaillées.
Solow (résidu de), 1956
La croissance rapide en Asie de l’Est dans les années 1990 a été expliquée par l’auteur, économiste au MIT, par une accumulation de capital encouragé par une politique colbertiste (taux d’intérêt très bas, politique industrielle volontariste, etc.).
Tandis que Hong Kong réussit à maintenir une progression rapide de la PGF, grâce à sa politique de laisser-faire, Singapour, par sa politique dirigiste, a vu sa croissance similaire se fonder sur une accumulation de capital productif.
Alwyn Young, 1992, « A Tale of Two Cities »
Le « miracle asiatique » est le fruit de la « transpiration », c’est-à-dire de l’accumulation de travail et de capital, pas de « l’inspiration ».
Cette critique élude cependant une question cruciale : comment les pays d’Asie ont-ils pu mobiliser autant de ressources productives ?
Krugman, 1994
De la Préhistoire à la fin du Moyen-Âge, le revenu moyen dans le monde fluctue autour de 450 $ (2007) par habitant et par an.
Il passe à 650 $ annuels entre 1400 et 1800.
Décollant avec la révolution industrielle, il dépasse les 1500 $ à la veille de la première guerre mondiale.
En 2003, il atteint 6 500 $.
D’après les projections de l’auteur, le PIB par habitant moyen atteindrait 11 700 dollars en 2030.
Maddison, 2007
Des explications culturelles permettent de relier l’explosion de la croissance aux Lumières en Europe et à leurs deux piliers : la compréhension de la nature (à la base du progrès technique) et l’idée que le pouvoir et le gouvernement doivent servir la société dans son ensemble.
Les synergies puissantes entre ces deux idées ont déclenché et soutenu l’explosion de la croissance.
Mokyr, 2017
La croissance exceptionnelle des années 1870 à 1970 doit être considérée comme une parenthèse de l’histoire humaine.
L’auteur observe une baisse tendancielle et progressive de la productivité globale des facteurs.
Gordon, 2016 (“The Rise and Fall of American Growth”)
Introduction du concept de stagnation séculaire.
L’explication réside dans le ralentissement des opportunités d’investissement au sein de trois variables clés :
- le progrès technologique et les innovations ;
- la croissance de la population ;
- l’exploitation de nouveaux territoires et de nouvelles ressources naturelles.
Alvin Hansen, 1939 (“Economic Progress and Declining Population Growth”)
Reprise du concept de stagnation séculaire.
La stagnation séculaire désigne plusieurs points cardinaux sous forme d’objectifs devenus à un moment donné inatteignables pour une économie : une croissance économique garantissant un niveau d’emploi élevé et un niveau des prix maîtrisé, le tout dans un contexte de stabilité financière.
Ces facteurs déséquilibrants qui entretiennent la stagnation sont reflétés par une réduction du rôle de la PGF dans une croissance qui peine donc à repartir, ce qui se répercute négativement sur la croissance potentielle.
Larry Summers, 2014
Il a fallu longtemps pour que l’invention de l’électricité affecte (positivement) la productivité.
En étudiant l’introduction de l’électricité aux Etats-Unis, l’auteur montre que, pour qu’une usine profite au mieux de l’électricité, elle devait restructurer radicalement sa façon de travailler.
Le gain de productivité n’est apparu que quarante ans après l’apparition de la première centrale électrique.
Paul David, 1990, « The dynamo and the computer »
Entre 1995 et 2000 :
- les investissements dans les TIC ont contribué à 37 % de la croissance de la productivité du travail aux Etats-unis ;
- les industries TIC ont contribué à 58 % de la croissance de la PGF.
Jorgenson, Ho et Stiroh, 2008
Les TIC suscitent un type d’innovations qui affectent beaucoup moins la productivité que les précédentes vagues d’innovations :
- L’emploi global a été beaucoup plus lié au PIB qu’à l’informatisation ;
- et, à l’exception de la fin des années 1990 où les investissements ont été massifs dans les matériels et équipements, les promesses de gains de productivité liés aux TIC n’ont pas été tenues.
Gordon, 2016
La PGF explique les 7/8e du doublement de la productivité du travail aux Etats-Unis de 1909 à 1949, tandis que l’augmentation de l’intensité capitalistique explique le huitième restant.
L’auteur l’appelle aussi « la mesure de notre ignorance ».
Solow, 1956
Les auteurs remettent en question l’importance accordée à l’innovation.
Selon eux, elle a joué en fait un rôle relativement modeste, qui ne justifie pas sa place centrale dans les théories modernes de la croissance économique.
Jorgenson et Vu, 2016
Les variables qui exercent un effet significatif sur le PIB par tête de long terme sont :
1° La qualité du capital humain : niveau d’éducation, espérance de vie ;
2° Le bon fonctionnement des marchés : degré de concurrence, distorsions introduite par l’intervention de l’État, corruption ;
3° La stabilité macroéconomique (notamment la stabilité des prix) ;
4° L’instabilité politique (guerres, coups d’état, ou simplement alternance entre partis politiques).
Barro et Sala-ì-Martin, 1995, Economic Growth
Au niveau mondial, la redistribution opérée par les impôts et transferts a un impact limité sur les inégalités.
Celles-ci dépendent bien davantage :
- Des forces motrices de la rémunération du capital et du travail ;
- De l’impact politique et économique cumulatif de la concentration du revenu ;
- Du rôle des inégalités de patrimoine.
Piketty, 2013, Le capital au XXIe siècle
Comme d’autres auteurs, mise en évidence que :
- la baisse des inégalités intra-pays observée entre 1820 et 1990 n’est pas spécifique aux pays d’Europe occidentale ;
- que les inégalités à l’échelle mondiale, entre pays, ont augmenté au cours de cette même période ;
- que, depuis la fin du XXème siècle, cette tendance s’est inversée : moins d’inégalités à l’échelle mondiale et plus d’inégalités à l’intérieur des pays, avec des exceptions notables.
La « déconcentration » du capital et les interventions avant impôts et transferts sont une approche plus prometteuse pour réduire les inégalités que la redistribution, en particulier compte tenu de la difficulté qu’il y a à augmenter la fiscalité des revenus du capital dans un monde globalisé.
Milanovic, 2016
Ouvrage connu pour ses conclusions sur des rendements décroissants qui correspondaient à une expérience très précise de son époque : celle de la mise en valeur de terres de moins en moins fertiles et de plus en plus difficiles à cultiver, à laquelle s’est justement opposée la contre-expérience de l’innovation et des gains de productivité.
La croissance géométrique de la population s’oppose à la croissance arithmétique de la production.
Autre thèse moins connue : la fécondité est considérée comme le ressort fondamental de la croissance. Le report des mariages compense les chocs négatifs en période de crise et leur avancée permet d’encourager les reprises en accompagnant les chocs technologiques, si bien que le niveau de vie par tête demeure constant sur longue période.
Thomas Malthus, 1798, Essai sur le principe de population
Dans deux contributions séparées, les auteurs proposent une fonction de production à facteurs complémentaires. Le modèle, qui ne se prétend pas réaliste, prédit un déséquilibre croissant entre capital et travail, jusqu’à ce que l’insuffisance de capital bride la croissance.
Il a fourni une justification théorique aux politiques d’aide à la reconstruction de l’immédiat après-guerre (plan Marshall de 1947).
(Modèle Harrod-Domar) Harrod, 1939, et Domar, 1946
Modèle constituant toujours aujourd’hui un cadre de référence de l’analyse néoclassique de la croissance.
Sur le sentier de croissance :
- les marchés sont en équilibre ;
- les facteurs de production sont substituables ;
- le rendement marginal du capital est décroissant : l’incitation à investir disparaît quand le rendement marginal est égal au coût d’usage du capital.
→ L’incitation à accumuler du capital diminue au fur et à mesure que l’économie croît, et elle disparaît lorsqu’une hausse supplémentaire du stock de capital coûte davantage qu’elle ne rapporte en termes de production.
Solow et Swan (Modèle de), 1956
Le modèle de Solow et Swan fournit un cadre théorique cohérent avec la comptabilité de la croissance mais n’est pas réaliste : il oublie un facteur de production accumulable, le capital humain.
Les dépenses d’éducation doivent donc être traitées comme un investissement et non comme une consommation.
Le nouveau modèle proposé par les auteurs est encore imparfait (la croissance à l’équilibre stationnaire ne dépend toujours que de facteurs exogènes : démographie et progrès technique).
Mankiw, Romer et Weil, 1992
L’objectif social est de maximiser durablement la consommation par tête.
Ce modèle montre qu’il existe bien un taux d’épargne qui maximise la consommation par tête :
- ce taux d’épargne optimal est exactement égal au poids du capital dans la fonction de production.
→ Les revenus du capital doivent être réinvestis dans l’économie, tandis que les revenus du travail sont consommés.
Ramsey (Modèle de), 1928, A Mathematical Theory of Saving
Formalisation du learning-by-doing :
L’action et la pratique permettent de construire empiriquement des savoir-faire et, dans une certaine mesure, des connaissances.
L’entreprise qui investit pour former ses employés à une nouvelle technologie incorporée à une nouvelle génération du capital, rend disponible à d’autres entreprises ce savoir-faire.
Arrow, 1962 (“The Economic Implications of Learning by Doing”)
Les dépenses publiques (éducation, services publics) sont envisagées comme un facteur de production supplémentaire susceptible de bloquer la baisse des rendements marginaux du capital privé.
Néanmoins, la mise à disposition de ce facteur de production introduit une distorsion susceptible d’abaisser le niveau de production.
Le modèle fournit une justification de l’intervention publique en montrant qu’à un certain taux, celle-ci peut conduire la croissance à être positive à long terme, mais il montre aussi que si son coût d’opportunité est trop élevé, il peut être un frein à la croissance.
Barro et Sala-ì-Martin (Modèle de), 1995
Analyse du processus de destruction créatrice par lequel une innovation majeure conduit à la disparition de la génération précédente de produits ou de procédés.
Les entrepreneurs engagent des ressources pécuniaires et humaines pour trouver et exploiter les technologies nouvelles. Ils risquent à tout instant d’être évincés par une innovation concurrente, mais tant que l’innovation concurrente n’est pas là, l’entreprise innovante fait du profit.
La perspective de ce profit constitue l’incitation à innover, et c’est parce que ce profit est construit sur l’élimination des innovations de la génération précédente que l’auteur parle de destruction créatrice.
J. Schumpeter, 1942, Capitalisme, Socialisme et Démocratie
Aghion, Antonin, Bunel, 2020, Le pouvoir de la destruction créatrice