06 - Politique Economique - Bénassy-Quéré - Etudes 03 Flashcards
Les prix des actions sont trop volatils pour résulter d’un comportement rationnel et « reviennent vers leur moyenne », ce qui est incompatible avec l’hypothèse des marchés efficients.
Shiller, 2000
Sous la double hypothèse d’information parfaite et de marchés sans frictions, les choix de structure du capital sont sans influence sur la valeur de l’entreprise et sur le coût moyen de son capital : la valeur de marché de l’entreprise est la valeur actualisée des dividendes et des coupons qu’un actionnaire ou un créancier est en droit de recevoir.
Ces dividendes et coupons proviennent des résultats de l’entreprise, qui dépendent seulement du rendement de ses actifs et non de son passif.
Les auteurs ont été les premiers à reconnaître que leur théorème repose sur des hypothèses irréalistes.
Modigliani et Miller, 1958
Dans tous les pays, les paiements d’intérêts sont au moins partiellement déductible de l’assiette de l’impôt sur le revenu des sociétés, ce qui n’est pas le cas des distributions de dividendes → biais en faveur de la dette.
Langedijk et al., 2015
Article sur l’évaluation de la dette des entreprises, permettant de la relier de manière rigoureuse à leur risque de défaut. Le modèle ne reste cependant pas exempt de faiblesses théoriques : l’hypothèse d’une structure de marché parfait, des dettes faisant défaut à l’échéance, et des difficultés de mise en oeuvre liées à la définition d’une frontière de défaut pertinente.
Il ouvrira la voie à l’évaluation d’instruments financiers complexes avec risque de défaut et à l’analyse de la différence entre les rendements des dettes risquées et sans risque, les écarts (spreads) de crédit.
Merton, 1974
Définition des coûts d’agence :
Le coût qu’il faut consentir pour surveiller les dirigeants de l’entreprise et s’assurer qu’ils poursuivent bien les objectifs assignés par les actionnaires.
Jensen et Meckling, 1976
Passage en revue d’études empiriques, qui font ressortir des autocorrélations significatives (prévisibilité de rentabilités futures à partir des rentabilités passées) à horizon court, mais qu’il est impossible d’exploiter pour établir des règles de spéculation conduisant à des profits anormaux, c’est-à-dire comme stratégies d’investissement profitable fondées sur les régularités empiriques des rendements.
Malkiel, 2003
Modèle dans lequel coexistent deux catégories d’agents : les agents informés qui acquièrent une information coûteuse et les agents non informés qui observent uniquement les prix.
S’il n’y a pas de bruit sur le marché, toute l’information est transmise – plus ou moins rapidement – aux agents non informés par l’intermédiaire des prix. Sur un marché efficient, les prix reflétant toute l’information disponible, chaque agent informé pense qu’il peut arrêter de payer l’information et faire aussi bien qu’un agent non informé qui, lui, ne paie rien et observe l’information au travers des prix. Il s’ensuit un désintérêt à investir dans l’acquisition d’information. Si tous les agents informés font de même, ils vont tenter d’inférer l’information à partir du système de prix qui ne contiendra plus aucune information. Il n’existe donc pas d’équilibre concurrentiel.
→ Paradoxe : Si l’acquisition d’information et coûteuse et si les prix reflètent toutes les informations disponibles, comme le postule l’hypothèse des marchés efficients, alors il n’y a aucune incitation à payer ce coût mais dans ce cas, le prix de marché ne peut révéler l’information disponible.
Grossman et Stiglitz, 1980
Les explications possibles des krachs boursiers
1° L’éclatement d’une bulle : une bulle rationnelle se développe lorsque les investisseurs achètent des titres uniquement sur la base des plus-values attendues, jusqu’à ce que la bulle éclate sans aucun changement des fondamentaux ;
2° La pénurie de liquidités : le marché ne revient pas à l’équilibre après une baisse inattendue des cours, si les investisseurs n’ont pas accumulé suffisamment de coussins de liquidités dans la période favorable pour absorber les pertes ultérieures, si bien que leur capacité d’acheter ou de conserver des actifs est limitée lorsque le prix est bas ;
3° Les équilibres multiples et taches solaires : lorsque l’information sur les fondamentaux est imparfaite, les investisseurs coordonnent leurs anticipations sur un prix arbitraire et un événement extrinsèque peut faire basculer le marché vers un équilibre associé à un autre prix si les investisseurs pensent, même à tort, que cet événement révèle de l’information sur les fondamentaux ;
4° : L’agrégation séquentielle ou « grumeleuse » de l’information : l’information sur les fondamentaux est imparfaite et la publication d’une nouvelle information, qui s’ajoute à la connaissance des prix passé,s déclenche une réévaluation par les investisseurs de la valeur fondamentale. Par exemple, un krach peut se déclencher si chaque participant infère de la vente de titres par d’autres participants que la qualité des fondamentaux est moins bonne que ce qu’il supposait précédemment
Brunnermeier, 2001
The market for lemons :
Sur tout marché, le fait que les vendeurs soient mieux informés que les acheteurs sur la qualité des produits peut créer une décote, voir décourager toute transaction.
Akerlof, 1970
Application du raisonnement d’Akerlof au marché du crédit, où l’information est clairement asymétrique : en l’absence d’information sur la qualité des emprunteurs, la banque applique le même taux d’intérêt à tous, en y incluant une prime de risque pour compenser les pertes sur les emprunteurs qui feront défaut.
En cas de rationnement du crédit, le taux d’intérêt élevé décourage les projets les moins risqués, ceux dont le taux de rendement interne est plus bas. Les investisseurs peuvent alors être tentés de se lancer dans des projets plus risqués, augmentant in fine la probabilité de défaillance.
La banque refuse de financer ceux qui acceptent, les porteurs des projets les plus risqués
Stiglitz et Weiss, 1981
Notion de liquidité interne :
La capacité du système financier à mobiliser et à redistribuer les revenus présents et futurs engendrés dans l’économie, comme par exemple des bénéfices futurs des entreprises, en émettant des obligations et des actions.
Tirole et Holmström, 1998
Modèle canonique de crise de liquidité :
1° Les prêts intermédiaires par les banques sont supérieurs à des prêts et emprunts décentralisés sur les marchés parce que les banques peuvent mutualiser le risque de liquidité des déposants individuels et fournir ainsi une assurance ;
2° Il y a des équilibres multiples parce que la confiance d’un déposant individuel est affectée si les autres déposants retirent leur argent ;
3° L’équilibre où tous les déposants retirent leur argent est une ruée ou panique bancaire qui peut être fatale à la banque si son financement repose trop sur les dépôts.
Diamond et Dybvig, 1983
Pour éviter les paniques financières, il faut prêter libéralement aux banques solvables, contre des garanties solides et à un taux d’intérêt élevé (afin de lutter contre l’aléa moral).
Bagehot (Principe de), 1873
Dans les débats académiques, l’argumentation sur le prêteur en dernier ressort est encore conduite dans les termes de Bagehot.
D’où les controverses sans fin sur les dilemmes entre illiquidité et insolvabilité, entre coûts sociaux de la non-intervention et aléa moral de l’intervention.
Aglietta et Valla, Macroéconomie financière, 2017
Le principe de Bagehot demeure une référence pour les banquiers centraux.
→ Les pouvoirs des banques centrales ne varient guère dans le temps ou en fonction des caractéristiques propres à chaque pays, mais reflètent au contraire leur idiosyncrasie.
Calomiris, Flandreau et Laeven, 2016
La dette est optimale pour le commerce, et le collatéral optimal pour la dette est également la dette. Quand la dette est utilisée comme collatéral pour un contrat portant sur un autre emprunt, elle réduit l’incitation à s’informer sur son remboursement, rendant la dette moins sensible à l’information, c’est-à-dire plus liquide.
Cependant, une information négative rendue publique (choc) sur la valeur de son collatéral peut rendre une dette sensible à l’information.
Dang, Gorton et Holmström, 2012
Mise en évidence de la sensibilité à l’information :
- la monnaie est insensible à l’information en période de stabilité des prix (caractéristique d’une unité de compte) ;
- à l’opposé, les actions sont très sensibles à l’information : leurs valeurs fluctuent en temps réel en fonction des anticipations des investisseurs sur les dividendes futurs.
→ Les comportements des agents peuvent être irrationnels par rapports aux risques portés par leurs contreparties, entraînant des clôtures massives de positions, des augmentations de la volatilité et l’assèchement de la liquidité du marché.
Gorton et Metrick, 2012
La spécificité de la dette, qu’il s’agisse d’un contrat de prêt ou d’un instrument financier négociable comme une obligation, est d’être insensible à l’information, car elle sert des intérêts fixes.
Ceci est vrai à la condition que l’emprunteur ne fasse jamais défaut.
Merton, 1974
Le prêt sur gage (prêt d’argent en échange de la remise d’un gage, qui devient la propriété du prêteur en cas de défaut de l’emprunteur) présente l’avantage pour l’emprunteur en manque de liquidités de pouvoir valoriser le bien (généralement d’occasion) plus efficacement que sur un marché, quant au prêteur, l’application de la décote (le gage vaut davantage que la somme prêtée) lui permet de revenir dans ses frais en cas d’incapacité de l’emprunteur à le rembourser.
Dans cette opération, il n’y a jamais de « découverte du prix » du gage comme il le serait sur un marché.
→ La dette garantie est la forme moderne du prêt sur gage.
→ Pour que la dette soit insensible au risque de défaut de l’émetteur, il faut que le collatéral vaille plus que la somme empruntée (décote).
→ toutes les paniques financières ont donc à voir avec la dette, car lorsque le risque de défaut augmente ou que la valeur du collatéral s’effondre, la dette garantie devient sensible à l’information.
Holmström, 2015
Lorsque le risque de défaut de l’emprunteur est faible, ou lorsque la dette est sur-garantie, les investisseurs ne sont pas incités à s’informer sur sa valeur.
La dette devient alors une sorte de monnaie privée, en partie substituable à la monnaie émise par la banque centrale. C’est pour cette raison que les agrégats monétaires larges utilisés par les banquiers centraux incluent la dette commerciale à court terme.
Brunnermeier et Sanikov, 2017
1° Les marchés monétaires diffèrent fondamentalement des marchés d’action. Les marchés d’action reposent sur la découverte du prix afin d’allouer une valeur au risque. Les marchés monétaires visent à éviter le besoin de découverte du prix en utilisant de la dette collatéralisée pour réduire le coût de l’emprunt.
2° Lorsque le risque de défaut augmente ou lorsque la valeur du collatéral s’effondre, la dette garantie devient soudainement sensible à l’information. Pour l’auteur, toutes les paniques financières ont à voir avec la dette.
→ C’est pourquoi l’auteur en conclut, comme Gorton, que paradoxalement, trop d’information peut créer des risques pour la stabilité financière.
Holmström, 2015
Les contraintes de crédit apparaissent lorsque la capacité d’emprunt des acteurs économiques est limitée par la valeur marchande de titres qu’ils apportent en garantie.
Contraindre la capacité d’endettement des acteurs non financiers pèse sur la demande globale, plus encore lorsque les prix à la consommation baissent et gonflent la valeur réelle de la dette.
Fischer, 1933
Description du cycle du crédit :
baisse du prix des actif
↗ ↘
baisse des profits attendus baisse de la valeur du collatéral
↖ ↙
baisse des investissements et du PIB ← baisse de l’offre de crédit
Kiyotaki et Moore (modèle de), 1997
La capacité à lever de la dette à court terme est limitée par la valeur des actifs, elle-même pénalisée par les ventes au rabais.
Stein, 2010
Une réponse publique possible au problème de la vente au rabais consiste :
- à faire en sorte que les banques intègrent l’externalité…
- …en les forçant préventivement à accumuler des liquidités…
- par le moyen de la taxation de leur dette à court terme.
Perotti et Suarez, 2011
Lorsque les prix des actifs augmentent, les bilans des intermédiaires financiers ont tendance à gonfler. Ceci crée une situation de capital excédentaire, ce qui encourage à son tour à l’augmentation de l’effet de levier.
Adrian et Shin, 2011
Les chefs d’État et de gouvernement du G20 ont lancé un vaste programme de réformes réglementaires en matière de régulation financière et bancaire.
Ce programme a été mis en œuvre par le Conseil de stabilité financière, qui associe banques centrales, régulateurs et ministères des finances des grands pays développés et émergents.
Sommet de Pittsburg, 2009
Il existe deux modèles de surveillance bancaire, dont l’optimalité fait l’objet de débats :
- La surveillance intégrée à la banque centrale : Réserve fédérale aux Etats-Unis (partageant toutefois cette mission avec la Federal Deposit Insurance Corporation et le Contrôleur de la monnaie) ; Prudential Regulation Authority dépendante de la Banque d’Angleterre au Royaume-Uni ; BCE en Europe pour les plus grandes banques (mais en coordination avec des autorités nationales comme l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution en France - ACPR) ;
- La surveillance par des autorités séparées de la banque centrale : c’est le cas au Japon (Japanese financial services authority) et en Allemagne (Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht).
Coeuré, 2013
L’utilisation d’instruments multiples pour faire face aux risques de liquidités et de crédit pesant sur les banques, peut se justifier :
- Par la multiplicité des sources de risque pour les banques ;
- Et par l’incertitude pesant sur l’efficacité de chaque instrument.
Contrairement à ce qu’aurait probablement préconisé Tinbergen, les ratios de capital obligatoire poursuivent plusieurs objectifs et interagissent avec la réglementation de la liquidité : par exemple, les coussins de liquidité présentent le bénéfice auxiliaire de réduire le risque de crédit pesant sur les banques, tandis que des coussins de capital élevés protègent leur liquidité en rassurant les déposants sur leur solvabilité.
Haldane, 2017
Bâle III entraînerait une hausse modeste des taux du prêt et un faible repli de volume, si bien que la croissance du PIB serait plus faible de 0,05 point par année pendant cinq ans.
Avec le recul, ces chiffres semblent trop pessimistes, même si le scénario contrefactuel n’est évidemment pas connu.
BRI, 2010
La mise en œuvre progressive de l’accord de Bâle III dans les années 2010 s’est accompagné d’une forte reprise économique, aux États-Unis et au Royaume-Uni ainsi que, plus tard dans la zone euro, dans un contexte monétaire très accommodant.
Cecchetti, 2014
Les dirigeants des grandes banques sont conscients qu’elles sont aujourd’hui trop importantes pour faire faillite (too big to fail) et peuvent donc se lancer dans des opérations spéculatives car ils savent que les autorités seront obligées – quoi qu’il arrive – de venir à leur secours en cas de problème.
Les exigences de capital devraient représenter encore plus : entre 23,5 % et 38 % des actifs pondérés.
Neel Kashkari (président de la Banque fédérale de réserve de Minneapolis), 2016, Lessons from the Crisis
Approbation des régimes de résolution.
L’ordre d’imputation des pertes doit être le suivant :
1° Les actionnaires de la banque ;
2° Les créancier obligataires juniors (ex : les détenteurs de dettes contractuellement convertibles en actions) ;
3° Les créanciers obligataires seniors ;
4° En dernier viennent les déposants, à l’exclusion des dépôts garantis.
Conseil de stabilité financière (Financial stability forum), 2014
Pour les banques d’importance systémique mondiale, la capacité totale d’absorption des pertes doit atteindre 16 % des actifs pondérés le 1er janvier 2019 et 18 % le 1er janvier 2025.
Conseil de stabilité financière (Financial stability forum), 2015
Elle fixe le montant minimum d’engagements éligibles des banques, ou Minimum Requirements for Own Funds and Eligible Liabilities (MREL)
Entrée en vigueur le 1er janvier 2015.
Directive 2014/59/UE du Parlement europeen et du Conseil du 15 mai 2014 établissant un cadre pour le redressement et la résolution des établissements de crédit et des entreprises d’investissement
Les prêts non performants absorbent le capital et la liquidité des banques sans contribuer à leurs profits.
Ils entravent la transmission de la politique monétaire puisqu’ils rendent une partie des bilans des banques insensible aux conditions financières.
Provisionner ou déprécier des prêts non performants oblige les banques à constater des pertes. Dès lors, la tentation existe de restructurer ses prêts pour retarder la reconnaissance de la perte. Les banques continuent alors à prêter à des entreprises « zombies » au détriment des secteurs productifs de l’économie. Un tel comportement au sortir d’une récession prolonge inutilement celle-ci, comme l’a illustré le Japon des années 1990.
Caballero et al., 2008
La plupart des ménages dans les économies avancées manquent d’instruments financiers pour diversifier leur capital : leur richesse est souvent composée d’un capital humain (leur compétence) et d’un bien immobilier (leur résidence principale), ce qui les rend vulnérables aux chocs, d’autant que les chocs locaux comme la fermeture d’une usine affectent ces deux actifs simultanément.
→ Même les sociétés avancées peuvent souffrir de sous-développement financier.
Shiller, 2003, The New Financial Order
Le réchauffement climatique est un défi majeur qui appelle des solutions financières novatrices : encadrement et développement des green bonds par exemple.
→ Même les sociétés avancées peuvent souffrir de sous-développement financier.
Badré, 2016, Money Honnie. Et si la finance sauvait le monde ?
Le capitalisme et les marchés sont menacés par les financiers depuis le « grand renversement » du milieu du vingtième siècle, c’est-à-dire le développement des marchés financiers dans un espace déréglementé et sans frontières, scellant le passage du régime économique d’après-guerre à l’économie financiarisée contemporaine.
Des mesures juridiques sont prises contre les mauvaises conduites des cadres financiers, et peuvent s’inscrire dans une démarche plus large (par exemple, les règles de leur rémunération) pour éliminer les inefficiences créées par la recherche de rente et les incitations biaisées des intervenants de marché, afin de « sauver le capitalisme des capitalistes ».
Rajan et Zingales, 2005, Save capitalism from capitalists
Les mesures macroprudentielles sont fondamentalement contracycliques, alors qu’en présence d’un risque systémique, le réflexe d’un superviseur sera toujours de demander aux banques d’accroître leur coussin de capital et de liquidités, ce qui peut avoir des conséquences procycliques.
Angeloni, 2014, “La politique macroprudentielle européenne de sa gestation aux premiers balbutiements”